Chapitre 29 : La mauvaise fortune

Bonjour ! Comment allez-vous ?

J'ai enfin repris les cours et god ça fait du bien d'avoir un rythme classique (oui oui vous avez bien lu, je suis contente de retourner en cours) !

Merci pour vos retours du chapitre précédent, vous êtes les meilleurs <3 Je vous laisse avec cette suite et j'espère qu'elle va vous plaire ! 

Bonne lecture !

Chapitre 29 : La mauvaise fortune

Si Minerva était toujours aussi occupée par le travail, le Quidditch lui avait apportée une amélioration singulière au moral grâce à leur victoire contre les Serdaigle. Grace s'était bien tenue et par un miracle digne des meilleures prédictions de centaures, Audric était parvenu à arracher le Vif des mains de son adversaire. L'absence de Zimmerman et de sa bande avait dû beaucoup jouer dans le comportement de la batteuse qui n'avait pas bronché du match et s'en était tenue à sa collaboration avec un Fabio soulagé.

Minerva avait l'impression d'avoir passé un accord tacite avec la jeune fille. En échange de son bon comportement, la capitaine se devait de remplir son rôle de Préfète en cheffe avec sérieux. Même si elle ne considérait pas lui devoir quelque chose, Grace avait eu raison lorsqu'elle l'avait accusée de fermer les yeux sur la vie étudiante. Il ne suffisait pas de porter son badge pour obtenir la reconnaissance de ses supérieurs. En revanche, c'était à travers ses actes qu'elle honorerait la décision du directeur de l'avoir choisie. Si elle ne pouvait pas faire grand-chose contre Zimmerman à part reporter ses agissements -et encore, le Cognard de Grace constituait une barrière à cela- il y avait bien une personne qui méritait qu'elle se bouge un peu dans son investissement de Préfète en cheffe, et cette personne était Filius.

Encore une fois, il était hors de question qu'elle interfère directement au risque de blesser son ami. Mais une idée lui était venue lorsqu'elle l'avait observé écouter attentivement les remarques d'Alastor Maugrey, et plus encore lorsqu'elle l'avait combattu en duel. Non seulement il était doué, mais les sortilèges étaient si innés et ancrés en lui qu'il pouvait tenir lors d'un duel sans trop d'effort. Elle se souvenait de Fleamont Potter qui avait provoqué en duel tous ceux qui se moquaient de son prénom. A force de s'entraîner sur les autres étudiants, il était lui-même devenu un as des combats et plus personne ne lui avait cherché des noises.

C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée dans le bureau de Dippet, à proposer un concours de duels à Poudlard. Le directeur avait eu l'air de grommeler pour la bonne cause, mais il semblait réellement intéressé. Apparemment, les sarcasmes des autres directeurs des écoles de magie, lors de leur réunion annuelle, avaient eu raison de sa fierté, et il donnait l'impression de vouloir augmenter le niveau des étudiants (ou ramasser les miettes d'orgueil qu'il lui restait). Minerva n'avait même pas eu besoin de tant argumenter que cela et elle était ressortie un peu abasourdie d'avoir réussi aussi facilement. Dippet prévoyait de mettre ce concours de duels en place après Noël, afin de laisser champ libre au spectacle de théâtre.

Fière d'avoir trouvé une solution et d'enfin avoir l'impression de faire face à ses responsabilités, elle en avait parlé à Lewis qui pourtant, n'avait qu'une réaction qu'elle avait trouvée mitigée.

- C'est bien, lui avait-il simplement dit.

Surprenant sa retenue, Minerva l'avait questionné. Lewis avait refusé pendant un moment de lui répondre, arguant que tout allait bien, qu'il était juste fatigué entre ses cours et le Quidditch. Puis il avait fini par lâcher d'un ton piquant :

- Et puis, mes recherches sur Jedusor m'accaparent également. Maintenant que je suis tout seul...

Cela avait eu l'effet d'un électrochoc sur Minerva. Elle avait presque eu le culot de nier en bloc et d'assurer qu'elle était toujours avec lui, mais cela aurait été un mensonge si gros que même une personne calme comme Lewis aurait pu s'énerver. Elle avait balbutié et pour la première fois depuis un long moment, n'avait pas su quoi répondre et s'était retrouvée au pied du mur. Lewis avait simplement soupiré et avait préféré s'éloigner. Toujours dans sa poche, comme une punition qu'elle s'infligeait, le papier qu'elle avait trouvé chez Jimmy, brûlait encore.

Ce fut au tour de Minerva d'expirer lentement alors qu'elle remontait le chemin qui menait au château, son entraînement de Quidditch venant de s'achever. Audric était parvenu à l'impressionner en osant plus dans ses mouvements. Elle secoua la tête. Elle avait beau essayer de penser à autre chose, elle ne parvenait pas à sortir de son esprit la réaction de Lewis. Si auparavant il laissait couler face au déni de la jeune fille, sa patience semblait avoir atteint un seuil ou en tout cas, avait gravi un autre échelon. A vrai dire, Minerva n'avait plus le cœur ni le courage de fouiller dans le passé sombre de Jedusor. Elle n'avait même pas de preuves tangibles sur son hypothétique lien avec la mort de Jimmy. En outre, elle craignait de s'enfoncer dans les tréfonds de cette quête et perdre de vue sa propre vie. De ce qu'elle voyait, elle avait encore un futur, un travail à trouver, sa pierre à apporter à l'édifice. L'idée d'intégrer le département de la Justice Magique en tant que conseillère de Justice décisionnelle commençait à miroiter dans son esprit. Pour cela, Elphinston Urquart l'avait prévenue : il allait falloir travailler dur, et même si Minerva avait d'excellents résultats, elle savait que Jedusor parviendrait à troubler son esprit comme il l'avait fait par le passé. Elle ne pouvait pas laisser un possible mort la tirailler ainsi. Tout comme Cora voulait mener sa propre vie et même s'il y avait une touche d'égoïsme en cela, Minerva trouvait légitime qu'elle suive le même exemple et décide de se concentrer sur sa propre route au lieu de ressasser les chemins tortueux d'un homme étrange et dangereux.

Lâcheté ou sagesse, la frontière était très mince. Et malheureusement, Minerva et Lewis avait chacun pris parti différent. Elle se rendait tout de même compte qu'elle ne le traitait guère bien. Elle avait fini par s'habituer aux rares marques d'affection qu'il lui offrait et détournait les yeux quand lui en demandait. Elle culpabilisait alors qu'il restait silencieux et acceptait sans rechigner le rôle qu'elle lui avait donné. Si son statut avait changé, si elle était désormais petite amie d'un garçon, son comportement ne différait que très peu. C'était comme si elle s'évitait l'épreuve d'être en couple. Comme si sa peur de s'ouvrir aussi crûment à quelqu'un la figeait et la paralysait. Avec toujours cette éternelle question qui tourbillonnait dans sa tête, « pourquoi moi ? ». De toutes ces jolies filles ou de toutes ces autres filles intéressantes, pourquoi elle ? Qu'avait-elle fait pour cela, était-elle légitime ? Elle ne s'était jamais considérée comme jolie durant son adolescence. Elle était anguleuse. Si Holly était un joli vif d'or, Minerva elle, représentait le balai. Jamais on ne lui avait dit qu'elle était belle, qu'elle avait du charme. Le Quidditch, son caractère froid et fier lui permettait de se raccrocher à une personnalité caractérielle, qui marquait les esprits. Elle se faisait passer pour quelqu'un qui ne souffrait pas du regard des autres, qui n'avait cure de leurs pensées. Après tout, la personnalité n'était-elle pas plus importante que l'apparence physique ? Peut-être que Lewis avait effectivement été attiré par cela. Mais au fond, s'acceptait-elle comment elle était ? Sûrement que non. Alors, pouvait-elle consciemment laisser un garçon s'approcher sachant qu'elle était incapable de s'assumer ?

C'était là des paroles attristantes pour elle, une preuve qu'elle n'était pas en accord avec ses valeurs.

Avec ceci, elle n'avait que très peu eu le temps d'effectuer des recherches parmi les livres que le professeur Rupert lui avait fournis. Mais les quelques données qu'elle avait pu tirer lui avait donné des sueurs froides. Elle se souvenait des mots de Rupert qui la prévenaient de faire attention aux écrits, trop récents pour être officiellement considérés comme aboutis. Si les théories de Léo Kanner avaient été plus ou moins instructifs concernant l'autisme, puisque c'était le sujet principal des différents livres, il avait couché sur papier les mots de « mères réfrigérateurs ». Sans vraiment comprendre de quoi il s'agissait, Minerva s'était retrouvée bouleversée en lisant la théorie cette fois d'un certain Bruno Bettelheim, promoteur de l'expression. Parce qu'en lisant de quoi retournait l'autisme, Minerva était persuadée que le comportement de Robert Jr s'en rapprochait. Les causes de l'autisme, elles, lui apparaissaient comme terrifiantes, et Minerva avait des difficultés à croire à ce qu'elle lisait. Bettelheim comparait le comportement autistique à l'expérience dans les camps de concentration moldus, à savoir le repli sur soi-même. La « mère réfrigérateur » serait en fait une mère n'ayant pas assez donné d'amour à son enfant dans sa plus tendre enfance et en réaction, l'enfant en aurait déduit qu'il n'était pas désiré. Avec horreur, Minerva avait lu que les parents étaient « tout juste suffisamment décongelés pour créer un enfant ». Choquée, Minerva avait changé d'auteur pour finalement tomber sur une explication encore plus terrible de la mère réfrigérateur, qui serait responsable indirectement de l'autisme chez l'enfant.

Ce qui terrifiait le plus Minerva, c'était que malgré le caractère outrageant de la théorie, elle pouvait noter quelques similitudes entre les exemples donnés et le comportement d'Isobel. De peur que le village ne découvre leur magie, elle avait été forcée de surveiller et brider ses enfants. Peut-être Robert Jr avait perçu cela comme un contrôle sur la honte qu'il portait dans son sang de sorcier. Minerva et Malcolm ayant réussi à maîtriser très rapidement leur magie, Isobel avait été plus facilement détendue en leur présence malgré leur jeunesse. Mais cela n'avait pas été le cas du benjamin, qui avait eu de grandes difficultés à ne pas faire gonfler le chat, ou faire voler les vases à travers les pièces. Et si, effectivement, cela l'avait conduit à croire qu'il n'était pas désiré et que le monde se porterait mieux sans lui ? Était-ce pour cela qu'il était plus affectueux envers sa sœur ? Parce que celle-ci avait été plus douce que la mère, plus maternelle ? Était-ce pour cela qu'il pleurait à chaque fois que Minerva partait pour Poudlard ? Avait-il peur de se retrouver tout seul en présence d'une mère dont il croyait l'amour absent, et le ressentiment prégnant ?

Minerva s'était mise à pousser sa pensée plus loin, et elle avait fini par songer à sa propre relation avec sa mère. Elle doutait être autiste, mais elle réalisait que peut-être ses difficultés à montrer ses émotions étaient également dues à son éducation, où peu de câlins avaient été donnés, peu de gestes affectifs esquissés. Isobel avait passé l'enfance de Minerva à la cacher, à surveiller la moindre once de magie qui paraîtrait. A trop l'encadrer ainsi, elle en était venue à passer outre son éducation maternelle. Minerva avait été de la magie à dissimuler même à son père, une angoisse constante pour sa mère. En face, Robert Sr avait passé des après-midis à jouer aux échecs avec elle, à lui faire découvrir la cornemuse. Isobel, malheureuse dans son secret, avait certes donné le lait à sa fille, mais n'avait pu donner le miel. Son chagrin avait inconsciemment assombri l'amour qu'elle portait à son premier-né.

Minerva n'avait pu continuer. La gorge enserrée dans un étau, les yeux brûlants de peine envers sa mère, elle avait refermé les livres et les avait rendus sans un mot au professeur Rupert. Elle ne savait si elle devait faire confiance aux propos honteux qu'elle avait lus. Il lui était insupportable que sa mère soit accusée ainsi. Isobel en serait détruite d'apprendre toutes ces théories, alors Minerva refusait de lui infliger cela.

D'ici quelques jours, elle serait rentrée chez ses parents pour les vacances de Noël, et jamais Minerva ne prononcerait les mots de « mères réfrigérateurs ».

Les étudiants étaient tous dans la Grande Salle. Au grand regret de Minerva, le spectacle de théâtre avait été maintenu et tout le monde était convié, sans exception aucune. Elle avait retardé son arrivée autant que possible en traînant dans les vestiaires, mais n'avait guère pu faire plus. Il n'y avait pas un seul sorcier aux alentours, à l'exception de deux étudiants au détour d'un couloir, semblant se disputer. Minerva reconnu le garçon qui jouait un des rôles principaux, Sir Sanchance. Celle qui lui postillonnait dessus était une des actrices, le rôle de Dame Ata. Ou était-ce Amata, Minerva ne se souvenait plus trop. Elle ne s'attarda pas, car la fille semblait réellement au bord des nerfs.

Soupirant, elle rejoint Alan qui regarda ostensiblement sa montre pour lui signaler son retard.

- Tu n'aurais pas manqué la participation de Dumbledore tout de même, fit-il remarquer.

Comme le professeur lui avait dit, il avait été chargé des décors qui se limitaient à une fontaine enchantée et une colline sur laquelle les acteurs devaient marcher. Si Minerva avait bien compris, la colline était en fait une simple brume verte qui tourbillonnait autour des chevilles des personnages et ceux-ci allaient devoir marcher en sur-place dessus. Le professeur Brûlopot avait été chargé de rapporter un ver géant pour une des scènes. Minerva se demandait bien comment celui-ci allait réagir en présence d'étudiants.

Plus loin, elle remarqua Lewis qui observait la scène la mine sombre. Il semblait mentalement absent de la salle. Lui aussi s'était installé dans les derniers rangs.

Herbert Beery fit son entrée, affublé d'un costume violet trop court pour lui, ses maigres chevilles apparaissant alors qu'il levait les bras pour les accueillir.

- Bienvenue ! Bienvenue à tous à ce merveilleux spectacle de Noël ! Vous êtes nombreux à être venus nous voir, cela nous fait très plaisir.

Minerva grogna. Ils avaient été contraints de venir.

- Ce soir, nous vous présenterons le conte de Beedle le Barde intitulé La Fontaine de la Bonne Fortune, une histoire qui symbolise l'alliance entre sorciers et moldus.

Certains marmonnèrent dans leur barbe et Minerva se tendit. Ce conte avait toujours été controversé et faisait l'objet de plusieurs demandes de retrait du recueil pour enfants.

- Allons, allons, calma Beery. Je suis sûre que vous allez l'apprécier autant que nous.

Et il disparut se mettre au premier rang, tout sourire alors que de derrière le rideau, provenaient moult chuchotements furieux accompagnés d'un sifflement non identifiable.

La salle se fit silence et obscurité, et le rideau se leva. Apparurent trois jeunes étudiantes, dont deux au visage rouge écrevisse. L'une d'elles était celle qui se disputait avec l'autre acteur dans le couloir. Côté jardin, dans le coin du fond de la scène à gauche, était disposée une magnifique fontaine d'ivoire gravée de spirales argentées, une eau cristalline éclaboussant délicatement et sans bruit son bassin. Minerva devait bien admettre qu'elle était réussie. La pièce commençait alors que les trois sorcières étaient choisies pour entrer dans le jardin enchanté, et qu'Amata, une blonde bouclée attirait avec elle l'étudiant qui jouait Sir Sanchance.

- Pourquoi avoir fait cela ? s'écria l'étudiante au rôle d'Asha. Seule l'une d'entre nous pourra se baigner dans la fontaine et se débarrasser de ses malheurs ! Nous n'avons que faire d'une autre personne !

- Crois-moi, je l'aurais bien laissé en bas ! répliqua Amata.

Minerva dressa les sourcils. Elle n'était pas une adepte de contes, mais elle était presque certaine qu'Amata n'était pas censée prononcer ses mots. Elle remarqua Beery leur fait signe de poursuivre tandis que la dernière étudiante, Altheda soupirait discrètement. Sir Sanchance bredouilla :

- Je vous laisse la fontaine ! Permettez-moi de descendre du jardin, que vous puissiez reprendre votre chemin.

Il fit mine de les quitter, et Amata l'agrippa par la ceinture :

- Espèce de lâche. Ne me tournez pas le dos et sortez votre épée, chevalier !

Alan se pencha légèrement vers Minerva.

- J'ai la vague impression qu'elle ne parle pas de la pièce, là...

- Ils se disputaient tout à l'heure, raconta Minerva en chuchotant. A mon avis, Sir Sanchance et Amata ne s'entendent pas très bien...

- Qu'est-ce que tu racontes, ils sont en couple.

- Ah. C'est problématique alors.

Elle jeta un coup d'œil à Beery qui semblait être dans ses petits souliers, ses doigts tapotant frénétiquement son genou.

Le quatuor commença son ascension de la colline enchantée par Dumbledore, les filles tendues, et la lumière les suivit un moment avant de se déporter jusqu'à la fontaine, où le gigantesque ver de Brûlopot attendait.

- Waouh, il est énorme, commenta Minerva.

Alan se redressa sur sa chaise, le visage interloqué.

- Ce n'est pas un ver ça...

- Tu trouves ? Remarque tu me diras, ça pond des œufs un ver ?

Minerva désigna les œufs qu'elle venait de remarquer alors que le ver gigotait. Alan sembla perdre au moins trois tons de couleurs et il recula brusquement sur sa chaise.

- Ce n'est pas un ver ! répéta-t-il. C'est...

Et puis tout se déroula très vite. Altheda jeta des pierres au pied du ver, Asha fit mine de lui jeter un sort, et Amata en jeta tout bonnement un sur sa camarade. Sciemment ou pas, Amata fit un « oups » et Asha se retourna avec fureur et leva sa baguette.

Elle ne put rien prononcer comme incantation car tout à coup, le ver se ramassa sur lui-même et explosa dans une pluie de mèches enflammées et de poussières. Le décor valdingua à travers la Grande Salle sous les hurlements des étudiants. Tout le monde se mit à terre exceptées Asha et Amata qui s'étaient engagées dans un duel de plus féroces et qui aurait même impressionné Alastor Maugrey.

- Espèce de garce ! hurlait Amata. Voleuse !

Les œufs juste en-dessous du ver (ou du non-ver selon Alan) prirent feu et commencèrent à dévorer le bois de l'estrade, montant sur les poutres de décor. Minerva, au sol, aperçut Beery tenter de s'interposer entre les deux étudiantes. Courageux ou inconscient peu importait, car il fut pris entre deux feux et reçut un sortilège d'Engorgement. Sa tête tripla de volume et il s'effondra au sol, rampant pour échapper aux tirs. Minerva en aurait hurlé de rire si elle n'avait pas entendu des étudiants gémir de douleur, la peau brûlée ou écorchée.

Dippet tenta de prendre la parole au milieu du chaos, mais sa voix ne portait pas, alors Dumbledore accompagnée de la professeure d'Astronomie prirent en charge l'évacuation de la Grande Salle. Avant de sortir, Minerva jeta un coup d'œil dans son dos : les œufs explosés et dorénavant devenus un foyer d'incendie, rongeaient le lambris et le bois de la pièce. Asha et Amata avaient été séparées et éjectées dehors et les professeurs s'attelaient à l'extinction de l'incendie.

A l'extérieur, dans la froide nuit de décembre, les étudiants parlaient frénésie, les yeux exorbités devant l'ampleur des dégâts. L'infirmière Pomfresh accourra, essoufflée, et demanda aux blessés de l'accompagner jusqu'à l'infirmerie. Trois dizaines d'étudiants, principalement ceux qui étaient sur les premières rangées et les acteurs, la suivirent, boîtant, gémissant, parfois pleurant pour les plus jeunes.

- Tu n'es pas blessée ? s'enquit Alan en rejoignant Minerva avec Cora.

Minerva secoua la tête et désigna la Grande Salle.

- C'était quoi ce truc ? demanda-t-elle.

- Un Serpencendre, répondit Alan en grimaçant. Je ne l'avais pas reconnu au début parce qu'il était bien trop gros pour en être un. Mais il a dû subir un sortilège d'Engorgement pour être gonflé ainsi. Quoiqu'il en soit, Brûlopot va passer un sale quart d'heure pour l'avoir fait pénétrer dans l'enceinte de l'école, qui plus est, dans une salle entièrement faite de bois et de lambris.

- Je me méfierai la prochaine fois que Beery organisera quelque chose, grogna Cora en repoussant une mèche trempée de sueur et de poussières. Il se passe toujours des catastrophes avec lui.

Alan approuva vivement et porta une main à son cou. Puis son regard se déporta derrière Minerva et il forma un « o » avec sa bouche. Celle-ci se retourna et aperçut Lewis qui approchait, le visage impassible. Minerva se rendit compte qu'elle n'avait pas pensé à lui ni n'avait cherché à savoir s'il faisait partie des blessés. Elle se sentit coupable.

- Comment tu vas ? bredouilla-t-elle en se mordant la lèvre.

- Je peux te parler de quelque chose ? répondit à la place Lewis.

Minerva sentit le sang refluer de son visage et ses bras se firent lourd. Elle sentit derrière elle qu'Alan et Cora s'éloignaient discrètement. Elle se retrouva seule avec Lewis et dans un accord silencieux, ils s'éloignèrent un peu de la foule bruyante d'étudiants.

- Folle soirée hein ? fit Minerva dans une tentative de détendre l'atmosphère. Apparemment c'était un Serpencendre, pas un ver. Brûlopot va avoir de sacrés ennuis...

Elle se tut lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ne faisait que répéter les mêmes mots qu'Alan.

- Il vaut mieux que l'on s'arrête là.

Minerva stoppa sa marche et chercha du regard un banc que Lewis semblait avoir trouvé, mais quelque chose dans le ton de sa voix la fit tiquer. Elle se retourna vers lui, incertaine.

- Comment ça... ?

Lewis soupira faiblement.

- J'avais espéré que ce serait toi qui me le dises. Cela fait moins mal à la fierté de rejeter plutôt que de se faire rejeter.

- Tu veux dire que... ?

Lewis hocha la tête.

- Il vaut mieux mettre un terme à notre relation. Je pense qu'elle ne t'apporte rien, sois honnête. Je ne t'apporte rien.

- Oh, tu vas me dire que c'est pas de ma faute, mais que c'est à cause de toi ? ironisa Minerva même si elle sentit que sa voix tremblotait sur le moment.

Lewis se passa une main dans ses cheveux.

- Je t'en prie, Minerva. Non, ce n'est pas ça. Mais soyons honnêtes. Cela a trop manqué dans cette relation. De la part de nous deux. Je ne te parle pas de marques d'affection, si c'est ce que tu te demandes. Jamais je ne te quitterais parce que tu n'es pas tactile ou expressive.

Minerva resta silencieuse, le cœur battant. Tout comme le soir où elle l'avait embrassé pour la première fois, elle avait l'impression d'observer la scène de l'extérieur. Elle n'arrivait pas à croire qu'il état en train de rompre avec elle. C'était ironique que la pleine lune brillât tout aussi fort que lors de la cérémonie du mariage de Fleamont.

- Je veux être honnête, Minerva, continua Lewis. Je suis réellement tombé amoureux de toi. Pour ton intelligence, ta perspicacité, Merlin ton sarcasme. Parce que tu fais ta dure mais au fond tu lâcherais tout pour tes amis. Parce que tu es déterminée et fière. Talentueuse en Quidditch, et oui, meilleure que moi.

Il eut un petit rire amer.

- Je t'aimais pour tes insécurités. Et parce que je voulais sincèrement t'aider à les vaincre. Alors même si je suis en train de rompre avec toi... oui Minerva, tu es belle, même si je sais que tu ne le penses pas. Tes yeux m'ont rendu complètement fou.

Minerva ferma les paupières automatiquement. Il lui faisait peur : lui qui connaissait toutes ses craintes sur elle-même, était en train de la quitter. Elle ne savait toujours pas pourquoi, mais dorénavant, comment ferait-elle pour se protéger si la personne qui la connaissait le mieux quittait son cercle de confort ?

- Mais à vrai dire, je m'en fichais de ton apparence, reprit Lewis. Je suis tombé amoureux parce que tu ne te laissais pas faire. Tu t'es alliée à moi pour traquer Jedusor.

Minerva frissonna. Lewis fit une longue pause. Minerva pouvait à peine entendre le bourdonnement des étudiants plus loin, les professeurs qui parvenaient peu à peu à éteindre l'incendie.

- Mais c'est aussi à cause de Jedusor que je te quitte. C'est lui, la vraie raison.

Minerva leva un regard troublé. Il y avait une raison à laquelle son cerveau ne s'attendait pas, c'était bien celle-là. Son cœur, lui, se mit à accélérer son battement.

- Tu étais pugnace contre Jedusor, tu voulais rendre justice à Jimmy et en cela, je pouvais m'y retrouver. Et moi qui t'aimais, j'étais aveugle à tes hésitations, ton recul, voire tes mensonges, tes secrets.

- Je ne...

- Si tu parles, Minerva, prévint Lewis, c'est pour dire la vérité. Combien de fois m'as-tu menti ? Je sais bien que tu as arrêté toute recherche sur Jedusor. A raison ou pas, je n'en sais rien. Mais notre relation est en train de pourrir. Nous avons laissé entrer Jedusor et si toi tu veux t'en débarrasser et le laisser filer, ce n'est pas mon cas. Ce ne sera jamais mon cas. Alors, Minerva, pour la dernière fois : y-a-t-il quelque chose sur Jedusor que tu dois m'avouer ?

Minerva sentit une sueur froide longer sa colonne vertébrale. Elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas lui dire. Oh Merlin, ce papier qui dénonçait un « J.T. » comme dangereux, elle aurait dû le brûler. Le brûler pour mieux l'oublier. Le brûler pour qu'il cesse de pincer sa peau à travers le tissu de son uniforme, qu'il cesse de la hanter, qu'il cesse de peser si lourd dans sa poche, si lourd dans sa honte.

Elle allait mentir. Encore et toujours alors même qu'il lui avait demandé de l'honnêteté. Alors même qu'il lui avait ouvert son cœur, lui faisait confiance, était passé outre ses secrets. Jamais il n'abandonnerait sa quête contre Jedusor, seule la mort serait capable de le stopper.

Les larmes de honte lui montèrent aux yeux. Elle le regarda en face, déglutit. Puis elle secoua la tête, un sanglot coincé dans sa gorge. Lewis resta un long moment à la fixer, si long que Minerva ne put supporter ses yeux bleus. Des yeux qui n'étaient pas furieux, mais des yeux dans lesquels la déception prenait toute la place, noyait son regard jusqu'à même submerger la jeune fille. Il n'eut même pas besoin de préciser plus les raisons de la rupture. Outre sa malhonnêteté, Minerva agissait par lâcheté, une lâcheté qui lui crevait la peau. Elle avait tourné le dos à ses valeurs, par crainte, par peur. Elle avait renié son éducation, renié ses idéaux, sa morale ; elle s'était reniée malgré cette dernière main tendue par Lewis. Et la déception qui ruisselait dans ses yeux était la pire des dagues. Minerva aurait préféré qu'il se mette en colère. La colère était éphémère et s'émiettait avec le temps ; sa déception, elle, était comme un brouillard opaque et toxique qui l'enveloppait et l'étouffait dans ses bras accusateurs.

- Alors au revoir, Minerva. J'espère qu'un jour, tu parviendras à devenir celle que tu es réellement au fond de toi.

Lewis tourna les talons une dernière fois et Minerva se recroquevilla, les larmes s'échappant de ses yeux. Au bord du hurlement, elle sortit avec fureur contre elle-même, ce papier qui la faisait tant souffrir. De ses doigts tremblants, elle le déchira et de sa baguette, y mit le feu. De ses yeux brouillés de larmes, elle regarda les coins du papier se corner et brunir, se recroqueviller comme elle venait de le faire, avant qu'il ne soit réduit en poussières.

Une note concernant les recherches sur l'autisme : les mots "suffisamment décongelés pour procréer" ont bel et bien été écrit par Kanner, des propos qui m'ont assez perturbée donc j'ai décidé de les écrire ici. La théorie de "mères réfrigérateurs" est REELLE. En revanche elle a été prouvée FAUSSE. Cela n'a eu que pour résultat de rendre des mères désespérées et détruites en pensant qu'elles étaient coupables de quoique ce soit. L'autisme n'est PAS dû au comportement maternel, mais cette théorie a été malheureusement très développée dans les années 50/60.

Si vous remarquez des erreurs sur ce que j'ai écrit sur l'autisme -ce qui est possible, même en faisant des recherches- n'hésitez pas à me les indiquer afin que je puisse corriger.

Voilà, merci à vous ! :)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top