Chapitre 25 : La boucle finale de l'enfance

Bonjour ! Comment allez-vous ?

Bon, chapitre plus court que d'habitude, mais nom de Zeus ce qu'il m'a fait galérer celui-là ^^' Pardon pour le chapitre précédent qui n'était vraiment pas fun ; vous avez été au rendez-vous pour y réagir et ça m'a fait sincèrement plaisir, d'autant plus que c'était un chapitre très personnel.

Le chapitre qui suit est un peu introductif à la 7ème année de Minerva. J'annonce directement ici que je prévois de faire cette année scolaire finale plus rapide (enfin, sur le papier, on verra dans les faits haha) parce que cette fanfic va être extrêmement longue sinon XD En tout cas, elle sera plus courte que la 6ème année qui était elle particulièrement longue.

Merci encore pour votre soutien, et bienvenue aux nouveaux car j'ai remarqué pas mal de nouveaux lecteurs récemment ^^ 

Bonne lecture !

Chapitre 25 : La boucle finale de l'enfance

Elle était de retour à Poudlard. Tout semblait identique ; elle retrouvait le même château qu'elle avait quitté et en cela, elle en fut soulagée après la dernière semaine d'été qui avait été morose et minée par la tristesse. Pomona et Filius avaient accouru immédiatement en la voyant, leur regard incertain quant au comportement qu'ils devaient emprunter. De peur que l'atmosphère ne s'alourdisse, Minerva plongea la main dans sa poche et leur montra le badge rouge pimpant qu'elle avait reçu quelques jours auparavant. Les yeux de Filius s'arrondirent.

- Préfète-en-cheffe ? s'exclama-t-il. Incroyable !

Minerva ne retint pas son sourire orgueilleux alors que Pomona la félicitait et qu'Alan roulait des yeux pour au moins la vingtième fois depuis qu'ils avaient quitté le quai 9 ¾.

- Préfète-en-cheffe alors que ça arrache les feuilles de Mandragore, traîne dans la Forêt Interdite... Le favoritisme de Dumbledore te monte à la tête. Je suis certain qu'il a forcé Dippet à te nommer.

- Tu es juste jaloux, intervint Filius, moi je pense qu'elle sera parfaite !

Minerva ricana et Alan fusilla le Serdaigle du regard.

- Combien elle t'a payé ?

Minerva eut un bref rire avant de descendre du train, suivie de ses amis, et de rejoindre les calèches qui les mèneraient au château.

- Apparemment Poudlard a prévu une nouveauté cette année, fit Alan en se calant dans le coin de la banquette de velours. Une sorte d'événement dans l'école.

- Comme si on n'avait pas assez avec nos ASPICS et BUSES, râla Minerva en s'adossant. Qui t'a dit ça ?

- Cora entend pas mal de rumeurs au Chaudron Baveur. Elle n'en sait rien de plus.

Pomona s'enfonça sur son banc et se tourna vers le jeune homme.

- Où est Cora d'ailleurs ? s'enquit-elle.

Alan grimaça.

- Rendez-vous médical à Sainte-Mangouste. Rien de grave, juste un contrôle de routine.

- J'espère que tout ira bien alors, souhaita Pomona.

- Ou pas, marmonna Alan. Si les médecins détectent une rechute, peut-être qu'elle va arrêter de jouer à l'imbécile.

- Tu n'y penses pas, réprimanda Filius en fronçant les sourcils et Alan grogna pour la forme.

- Travailler comme elle fait au Chaudron Baveur est inconscient.

Et la discussion fut close dès cet instant et jusqu'à leur arrivée à Poudlard. Minerva ressentit un petit frisson habituel en apercevant les douves et les hautes tours qui perçaient les lourds nuages d'Ecosse. Un frisson d'ailleurs exacerbé en songeant que c'était la dernière fois qu'elle réalisait ce trajet dans ce sens. C'était en fait l'année des dernières fois, en y pensant un peu plus. Elle n'avait même pas pu pleinement profiter de son dernier voyage avec ses amis car elle avait été appelée en sa qualité de Préfète-en-cheffe afin de définir les missions qui lui incomberaient durant l'année ainsi qu'au Préfets. Dès le soir même, elle aurait à surveiller les Préfets mener les nouveaux Premières années jusqu'au dortoir des Gryffondor.

La Grande Salle n'avait absolument pas changé et c'était quelque peu rassurant de voir que Poudlard restait le même alors que Minerva devait de son côté choisir tant de changements et s'adapter à d'autres univers. Elle ne pouvait guère demander conseil à sa mère puisque celle-ci s'était enfuie avec son futur mari et était tombée enceinte peu après. S'il y avait bien une voie qu'elle ne souhaitait pas prendre, c'était celle-là.

Elle s'installa en face d'Alan qui, arrivé à sa dernière année, attendait patiemment la fin de la Répartition au lieu de se plaindre qu'il était affamé. Le Choixpeau chanta son air habituel sous les bouilles surprises des futurs Premières années. Tout ce rituel allait très certainement lui manquer plus tard.

Gryffondor récupéra neuf nouveaux élèves avant que Dippet ne se lève pour son annonce de l'année. Il s'éclaircit la gorge et Minerva l'observa avec un air circonspect. Le directeur paraissait constamment perdu en présence de ses élèves et elle se demandait parfois ce qui lui avait pris de prendre ce poste. Il lança quelques mots de bienvenue, creux comme d'habitude avant de reprendre après une gorgée de jus de citrouille :

 - Comme vous le savez pour certains d'entre vous, notre très cher professeur Beery dispose de certains talents dans le théâtre. Afin d'animer les périodes de Noël, il a eu l'excellente idée de mettre en scène un tout nouveau spectacle.

Minerva gémit et enfouit son visage dans ses mains. Il ne manquait plus que ça. A quoi pourrait bien servir un tel spectacle, elle se le demandait. Au loin, elle aperçut Lewis qui ricanait à son encontre et elle le fusilla du regard.

 - Il va sans dire qu'un tel événement coûte cher, c'est pourquoi nous portons un très grand espoir en la qualité de ce spectacle.

Dippet ponctua ses mots avec une longue oeillade au professeur de botanique, qui semblait être le seul membre du corps enseignant à se réjouir d'une telle annonce. Beery appréciait tout particulièrement les spectacles et être remarqué, aussi n'était-il pas étonnant qu'il ait forcé Dippet à l'introduire.

 - Toutes les graines d'artistes sont invitées à se présenter à lui pour intégrer la troupe, continua d'une voix encore moins enjouée le directeur. Cette participation sera bien évidemment prise en compte dans votre dossier scolaire.

 - C'est quoi encore cette histoire ? marmonna Alan en se frottant la nuque. La dernière fois qu'il a organisé quelque chose j'ai failli me faire tuer par cette fichue plante.

Beery se leva pour vanter son projet (« l'expérience d'une vie ») et Dippet fut obligé de le couper afin que les élèves qui s'agrippaient à leur ventre affamé puissent commencer le festin. Alan continua à râler tout le long du repas contre les idées rocambolesques du professeur de botanique, Cora et son inconscience et son couteau qui ne coupait pas. Minerva l'observa un instant, se demandant comment il parvenait à supporter cette inquiétude perpétuelle qui grignotait son cœur, mais aussi comment Cora pouvait lui infliger cela. Elle soupira et enfourna une bouchée de purée avant de dire quelque chose qu'elle regretterait.

***

Avec le succès de l'équipe de Gryffondor de l'année précédente, les étudiants souhaitant remplacer Alfie, Holly et Charlie s'étaient rués sur la fiche d'inscription, et offraient une joyeuse bande d'aspirants au Quidditch plus ou moins doués. Olga était présente, frêle 3ème année encore plus silencieuse que sa sœur.

En observant ce groupe bruyant et disparate, Minerva se sentit un instant découragée. Elle aurait souhaité se tourner vers Holly pour l'aider à tous les rassembler, mais Holly avait rejoint les Harpies de Holyhead et volait désormais dans un autre domaine que celui de Poudlard. Fabio semblait particulièrement angoissé de savoir qui serait son nouveau binôme. Lui qui avait eu besoin de s'adapter à Alfie et y était parvenu à force de travail, craignait de voir son travail réduit à néant avec l'arrivée d'une nouvelle recrue. Alexandra, jamais trop inquiète, mâchonnait nonchalamment la corde de son sweat-shirt, les bras croisés.

Minerva s'apprêtait à appeler Etna lorsque celle-ci surgit brusquement à ses côtés, le regard sévère.

 - Peut-être qu'on devrait déjà virer ceux qui n'ont pas de balai, suggéra-t-elle en roulant des yeux.

 - Ils ont cru que c'était fourni ? grogna la capitaine avec agacement avant de faire partir les concernés.

Elle indiqua à tous les postulants de se répartir en fonction du poste visé. Celui d'attrapeur remportait le plus de succès et Minerva espérait dégoter quelqu'un d'assez talentueux pour assurer la transition avec Holly. Chez les gardiens, il n'y avait que trois étudiants, sûrement parce que ce poste était selon certains, réservé pour les plus masochistes. Olga et sa minuscule stature donnaient l'impression de s'être trompées de groupe. Enfin, les batteurs offraient un panel des moins diverses avec, à première vue, une seule fille qui rentrait la tête dans les épaules. Puis, en périphérie du groupe, une personne encapuchonnée attendait le regard vissé sur la pelouse et les mains dans les poches, le balai coincé sous le bras. Minerva n'eut aucun mal à reconnaître les mèches blondes hérissées qui sortaient de la capuche.

 - Tu as pu travailler avec Mallony cet été ? s'enquit Etna, curieuse en suivant son regard.

Minerva acquiesça.

 - Je ne suis pas inquiète pour le prochain batteur, ni pour le gardien. Olga est une bonne opportunité, nous verrons s'il y a meilleur qu'elle ou pas. J'espère juste que nous aurons de bons joueurs chez les attrapeurs.

 - Il faudrait absolument miser sur l'agilité, non ? fit Etna. Je veux dire, plus que la normale, ajouta-t-elle et Minerva hocha la tête, ravie qu'Etna ait bien étudié la question.

 - On doit miser sur ça effectivement, plus que sur la rapidité. L'attrapeuse la plus rapide, en dehors d'Holly, c'était Tchekovla mais elle a quitté Poudlard. Les autres attrapeurs sont bons mais les plus gros dangers seront les batteurs. Notre attrapeur sera continuellement visé donc il ou elle devra être capable d'éviter les Cognards à tout prix.

 - Dawson est redoutable, remarqua Etna, on aura qu'à se baser sur lui pour faire notre choix.

Eli Dawson était même devenu le capitaine de l'équipe de Poufsouffle alors qu'il n'était qu'en 4ème année. Malcolm en avait poussé un cri de frustration lorsque Beth le lui avait appris au détour d'une lettre à la fin de l'été.

Minerva voulut commencer par les attrapeurs le temps que Fabio et Alexandra se chauffent les muscles avant d'être envoyés dans les airs. Etna et Minerva resteraient statiques quelques temps avant d'effectuer des tirs face aux gardiens. Elle fut très surprise de remarquer une certaine qualité dans le vol des étudiants. Elle en élimina deux qui avaient des mouvements moins fluides que les autres tout en leur enjoignant de continuer à s'entraîner pour de possibles prochaines sélections.

Elle en sélectionna deux qui étaient particulièrement intéressants et Etna approuva vivement.

 - Je connais celui-là, dit-elle en désignant un des postulants aux cheveux roux, Audric Pimberton, il est de mon année.

Minerva grimaça. Il ne resterait donc que deux ans avant que le ou la capitaine après Etna ne doive le remplacer. En comparaison, l'autre étudiant était tout aussi doué et en 4ème année, donc plus rentable. Elle soupira.

 - Faisons-les jouer avec les batteurs qui seront pré-sélectionnés, proposa-t-elle, l'un des deux se démarquera peut-être.

Etna acquiesça et fit signe aux batteurs de s'avancer. Minerva leur imposa des exercices de vols et de frappes. Puis Grace s'avança, retira sa capuche et enfourcha son balai.

 - Oh Mallony ! s'écria une voix masculine. Ca alors, tu es là !

C'était l'un des deux attrapeurs, Zimmerman, auquel Grace ne répondit pas.

 - Un ami ? suggéra Etna. Cela peut être bien pour la cohésion du groupe.

Minerva ne dit rien mais plissa les yeux à l'encontre du jeune homme. Elle se souvenait très bien avoir entendu Grace dire ne pas avoir d'amis. Dans des mots qu'elle n'entendit pas, Zimmerman s'adressa à Audric en désignant Grace sur son balai, et ce dernier se trémoussa, l'air mal à l'aise. Minerva se détourna pour observer Grace effectuer les exercices imposés. Elle semblait s'être entraînée de son côté car la capitaine remarquait une mécanique dans ses mouvements qui ne pouvait être dû qu'à force de répétitions. Elle fut d'une précision admirable lorsqu'elle fut ordonnée de viser Pimberton et Zimmerman.

 - Elle frappe drôlement fort, s'étonna Etna alors que Grace envoyait un boulet de canon en direction de Zimmerman qui y échappa au dernier moment.

Minerva ne répondit pas et fronça les sourcils. Il était vrai que la jeune fille ne se ménageait pas mais Minerva pouvait presque sentir une frustration dans ses gestes envers Zimmerman, une frustration qu'elle n'avait pas pour Pimberton. S'ils n'étaient pas amis, ils se connaissaient forcément. Zimmerman l'avait apostrophée et Grace n'avait pas daigné lui répondre. Elle avait toujours eu des relations conflictuelles avec les camarades de sa promotion, et Zimmerman en faisait probablement partie. Désormais, elle lui répondait à coup de Cognards bien placés. Si Zimmerman n'avait pas été aussi doué, peut-être aurait-il pu être blessé. Minerva décida de couper court à l'exercice avant que cela ne tourne mal.

 - Mallony est la plus douée, dit Etna, mais...

 - Mais elle est très émotive, termina Minerva. Je crois qu'elle s'entend très mal avec Zimmerman.

Comme pour appuyer ses mots, elle captura le regard lourd de reproches que Grace envoyait à son camarade alors qu'elle atterrissait.

 - On ne peut pas les prendre tous les deux, remarqua Etna d'une voix basse alors qu'elles se rapprochaient des gardiens pour les envoyer devant leurs cercles.

Minerva eut une mine songeuse en grimpant sur son balai. Etna avait raison, il était hors de question de sélectionner deux joueurs qui ne se supportaient pas. C'était même pire que cela : Grace le détestait mais la réciproque n'était pas forcément vraie. Zimmerman possédait une sorte d'ascendance sur la jeune fille qui ne parvenait à se défendre que sur le terrain, à moitié caché par le jeu. Zimmerman était doué et avait l'avantage d'être plus jeune que Pimberton. Mais s'il faisait partie des harceleurs de Grace... Minerva se refusait de le sélectionner, d'autant plus qu'elle avait Pimberton sous la main.

Elle eut tout le temps d'y penser en tirant sur les gardiens et lorsqu'elle redescendit, son choix était fait. Etna l'écouta attentivement et le reste de l'équipe fut appelé.

 - Je vous propose des noms, faites-moi signe s'il y a des objections, commença Minerva. Olga comme gardienne. Elle s'est améliorée par rapport à l'année dernière et son petit gabarit lui permet d'être plus imprévisible.

Le reste acquiesça silencieusement. Le sort d'Olga avait été scellé assez rapidement : petite sœur de Charlie, elle avait été rapidement adoptée comme successeure et son talent la légitimait.

Lorsque Grace et Pimberton furent annoncés, Alexandra tiqua légèrement. Minerva lui expliqua sa crainte dans les relations avec Zimmerman.

 - Tant que Mallony convient à Fabio, je vous suis, dit Alexandra en se tournant vers le jeune batteur.

Celui-ci rosit sous les regards mais hocha lentement la tête.

 - Je pense... Je pense que ça ira.

 - T'en fais pas, rassura Minerva, Grace apprend vite, elle s'adaptera à toi.

A l'annonce des choix, Olga fut gentiment applaudie par les autres gardiens qui avaient été leurrés par ce petit bout de Gryffondor et impressionnés par ses capacités.

 - Au poste de batteur, Grace Mallony, annonça Minerva d'une voix neutre, et Audric Pimberton en attrapeur. Félicitations à vous trois, les autres, merci d'être venus, vous avez fait du très bon travail.

Il y eu des remous chez les candidats. Tout connaisseur au Quidditch aurait remarqué que Zimmerman et Pimberton étaient au coude à coude et que le dernier partait avec un handicap à cause de son âge. Les raisons du choix final étant personnelles, Minerva ne pouvait guère expliquer pourquoi Pimberton avait été sélectionné. En voyant un éclair de soulagement traverser les yeux de Grace, Minerva sentit qu'elle avait pris la bonne décision.

Finalement, les étudiants s'éparpillèrent et Etna partit rejoindre Audric et Olga tandis que Minerva retenait Grace.

 - C'était qui ce Zimmerman? demanda-t-elle sans préambule.

Grace haussa les épaules.

 - Il est de mon année.

 - Mais encore ?

Grace resta silencieuse.

 - Écoute, reprit Minerva, tu crois que je n'ai pas remarqué ton comportement sur le terrain ? J'ai compris que tu ne l'appréciais pas et c'est bien pour ça que je l'ai recalé. J'espère avoir eu raison et je veux m'assurer que ta perte de sang-froid ne concernait que lui et ne deviendra pas une habitude. Tu aurais pu le blesser.

Grace baissa la tête et enfonça les mains dans ses poches.

 - Désolée. Cela ne se reproduira plus. C'est spécifique à Zimmerman, je n'ai aucun problème avec les autres joueurs.

Minerva hocha la tête. Elle ne souhaitait pas qu'il y ait de griefs au sein de son équipe, mais elle se promit de surveiller sa jeune recrue durant les premières semaines. Elle continua à la suivre suspicieusement du regard avant de se tourner vers Etna qui finissait d'expliquer les consignes d'équipe aux deux autres nouveaux. Grace les avait rejoints et observait un silence de circonstance, tout en semblant tendue après sa discussion avec sa capitaine. Minerva attendit un moment avant de filer aux vestiaires. Elle avait rendez-vous avec Lewis et après plusieurs jours de croisement sans fin et furtifs, elle se devait d'honorer quelques heures en sa présence. Elle avait également besoin de se changer les idées depuis la rentrée. Son grand-père hantait son esprit régulièrement, à n'importe quelle heure de la journée, comme un revers perpétuel de sa disparition. Une bulle de nostalgie commença à gonfler dans son cœur et elle se ferma ses émotions. Songer à Lewis lui permettait d'avoir la tête ailleurs, mais les pensées qu'elle avait en sa présence la troublaient. Si ses quelques gestes d'affection l'embarrassaient toujours, d'une manière ou d'une autre, leurs conversations les menaient irrémédiablement vers cette ombre nauséabonde que représentait Jedusor. Ou alors était-ce le cerveau de Minerva qui faisait des raccourcis avec le sujet. Quoi qu'il en soit, une boule au ventre naissait régulièrement au creux de son estomac et ne se dénouait qu'au lendemain, après avoir tourné la page.

Elle retrouva donc Lewis dans le parc, profitant des dernières lueurs mordorées du soleil de septembre, les jambes étirées devant lui. Elle s'assit avec un soupir, encore tendue par les sélections de Quidditch.

- Tu n'as jamais le temps en ce moment, remarqua le Serpentard avec un sourire amusé. Je sors avec la ministre ?

Minerva eut une moue gênée. Il était vrai qu'ils ne se croisaient pas souvent récemment. Ils parvenaient à se saluer dans les couloirs, à discuter à la fin d'un cours si les professeurs leur laissaient une pause au milieu de l'amas de travail qu'ils leur donnaient. Mais c'était la première fois qu'ils prenaient un instant pour s'asseoir et discuter sans avoir une activité à faire derrière. Minerva sentait le poids des ASPICS, de son rôle de Préfète-en-cheffe et de capitaine peser de plus en plus lourd sur ses épaules. Pas qu'elle se plaignait, car elle appréciait occuper son esprit, mais elle ne trouvait guère le temps pour caser Lewis entre un entraînement et une formation de Préfets. En outre, l'obtention de son diplôme approchait et elle sentait les professeurs insinuer régulièrement que le monde du travail les attendait à la sortie du château, et cela angoissait la jeune fille. Le Serpentard aussi semblait courir avec sa propre équipe de Quidditch : Miller ne digérait pas leur troisième place de l'année précédente, et souhaitait à tout prix rétablir la place des verts en haut du podium, même s'il fallait pour ça pousser à bout ses joueurs.

Ainsi, la dernière vraie conversation qu'ils avaient eue tous les deux remontait à l'été, lorsque Mme Rollin avait découvert la photo de son fils décédé Albert dans les mains de Minerva. L'esclandre qui avait suivie avait jeté un froid entre elle et son fils et Minerva ne savait dans quel état d'esprit ces deux-là s'étaient séparés avant Poudlard. Elle s'en voulait un peu de ne pas avoir pris de ses nouvelles, mais la mort de son grand-père avait accaparé son esprit et son cœur pendant trop longtemps. Aujourd'hui encore, quand elle pensait au dernier sourire qu'il lui avait offert, son cœur se contractait dans sa poitrine et sa gorge se serrait douloureusement. Ce n'était pas son absence qui lui faisait plus mal, car elle avait l'habitude de le voir que très peu. C'était savoir qu'elle ne le reverrait plus, que tout ce qu'elle ne lui avait jamais dit resterait dans le silence pour toujours. Ils auraient pu avoir tellement plus de temps. Et pourtant, la première chose qu'Eugene lui aurait dit à cette pensée, c'était qu'ils auraient pu tout aussi bien n'avoir rien du tout. Parfois, quand son fantôme se faisait plus présent dans son absence, Minerva se disait que ne pas l'avoir connu aurait rendu sa disparition éphémère et impassible. Puis elle se morigénait de penser ainsi. Et tout ceci, sans compter le malaise qu'elle éprouvait face à son copain, avec Jedusor au-dessus de leur tête.

- Ça va ta famille ? demanda Lewis comme s'il avait suivi le fil de ses pensées sur son grand-père.

Minerva haussa une épaule.

- Y a pas le choix. Mon père est le plus touché mais il se console en disant qu'il est aux côtés de ma grand-mère. Robert Jr est peut-être un peu jeune pour réaliser pleinement ce qu'il s'est passé.

Elle sentit que la prochaine question que lui poserait le Serpentard la concernerait, alors elle coupa court en changeant de sujet :

- Ta mère va mieux ?

Lewis grimaça et passa une main sur son crâne.

- Elle a tout raconté à mon père et il a semblé d'accord avec elle. Plus mesuré dans ses propos, mais d'accord. Ils ont refusé d'en parler plus longuement, qu'il fallait que je tourne la page.

Il se tourna vers elle, le regard torturé.

- Tu te rends compte ? Tourner la page ? Comment ils voudraient que je fasse ça ? Comment peuvent-ils faire cela ? Je ne comprends pas. C'était leur fils. Mon frère, ajouta-t-il d'une voix plus éteinte.

Minerva posa une main gênée sur son épaule. Elle ne savait trop que dire. Elle comprenait son désir de trouver des réponses. Mais en même temps, sa frénésie lui faisait peur, car elle n'arrivait pas à le suivre et elle craignait qu'il n'aille trop loin. Alors elle se retrouvait entre deux feux, à le soutenir tout autant qu'à le retenir. Elle doutait que cela fût une position tenable dans le temps, et un jour, il lui faudrait certainement choisir.

Elle ôta sa main et la reposa sur ses genoux. Elle n'avait jamais été à l'aise avec les contacts physiques et c'était encore pire avec Lewis. Pour un observateur extérieur, il lui aurait été difficile de préciser la nature exacte de leur relation : s'ils apparaissaient proches, ils ne partageaient que très peu d'activités ensemble. Alan et Cora trouvaient toujours un moyen de déjeuner rien que tous les deux, de se promener autour du lac. Minerva et Lewis étaient pris par leurs propres devoirs, et c'était d'autant plus le cas pour la jeune fille qui donnait presque l'impression de fuir tout contact intime avec le Serpentard. Elle répugnait à embrasser en public ou à se montrer affectueuse. C'était peut-être stupide d'y avoir pensé, mais ce contrat de couple ne s'arrêtait pas à l'officialisation avec le baiser. Il y commençait plutôt et nécessitait un travail continuel que Minerva doutait pouvoir réaliser. Et sûrement parce qu'elle était trop lâche pour y poser des mots, elle agissait presque comme si rien ne s'était passé entre eux. Elle adorait discuter avec lui et être en sa présence et elle devait bien admettre que quand il lui avait manifesté de l'intérêt, elle s'était sentie flattée. Il était toujours plaisant d'être appréciée et de réaliser qu'elle, elle la fille trop sérieuse et froide au corps osseux et sec, pouvait plaire.

- Ils ont un comportement lâche par moment, reprit Lewis la sortant de ses pensées coupables. Je ne les comprends pas parfois.

- Mets-toi à leur place, fit Minerva, j'ose à peine imaginer ce qu'ils ont dû ressentir en voyant le corps de ton frère...

Lewis arracha des touffes d'herbes dans de gestes rageux.

- Je n'arrive pas à croire qu'ils l'aient enterré sans moi. Poudlard m'aurait autorisé à sortir à la minute où ils auraient prévenu.

Il tourna sa tête vers elle :

- Soi-disant qu'ils ne voulaient pas m'infliger cette douleur. N'est-on pas censés la partager entre nous ? Tu ne voudrais pas ça toi, si c'était un de tes frères ?

Minerva frissonna violemment.

- Arrête, ne fais pas ça, réprimanda-t-elle.

Lewis courba la tête et s'excusa.

- J'ai longuement pensé à notre fouille chez ton ami Jimmy, lança-t-il à nouveau. Quelque chose nous a forcément échappé. Jedusor n'a pu effacer tous les indices compromettants...

Minerva songea au papier qu'elle avait découvert sous la radio et se trémoussa.

- J'ai entendu dire que la voisine de Jimmy était décédée cet été, continua Lewis avec un regard appuyé.

Minerva se demanda un instant comme il était au courant lui qui venait d'une famille de sorciers qui ne disposait pas de la télévision. Mais Lewis avait un certain intérêt pour le monde moldu, peut-être avait-il vu la nouvelle dans un journal. Il haussa un sourcil face à son silence.

- Tu n'as pas l'air surprise.

Minerva tordit sa bouche, embarrassée.

- J'ai vu l'information passer effectivement.

- Et tu ne t'es pas dit que je pouvais être mis au courant ? Je suis tombé par hasard sur un article plus d'un mois et demi après son décès ! Peu après que l'on soit passés chez ton ami... C'est étrange, non ?

Elle rougit. Elle songea à l'entretien entre Polly Gardner et le journaliste, la mention de Jimmy et sa mort suspicieuse quelques jours plus tard.

- Cela ne peut pas être une coïncidence, continua Lewis pour lui-même, pas encore. Il se passe tellement de choses étranges sans que je parvienne à les assembler.

Minerva nota l'usage du pronom. Qu'il ne l'ait pas inclue dans ses recherches en disait long sur son propre comportement : inconsciemment, il comprenait qu'elle s'échappait peu à peu de l'enquête. Elle n'avait même pas songé à l'informer pour Gardner et taisait une nouvelle fois le contenu de l'entretien dans lequel elle parlait à demi-mots de sortilèges, de son hypothèse sur la mort de Jimmy qui ne serait que la première avant la tuerie de février dernier. Bien sûr, il y avait cette histoire de calmants qui auraient pu altérer sa vision, mais Minerva sentait que si elle la mentionnait, elle se ferait encore plus honte à elle-même qu'elle ne se le faisait déjà.

Lewis soupira et se frotta les yeux. Il la regarda.

- Ne me cache plus ce genre de chose, c'est d'accord ?

Minerva l'observa. Dans ses yeux bleus elle retrouva ceux terrifiés de sa mère Faye, ceux colériques qu'il avait eus après sa dispute avec celle-ci, et ceux morts d'Albert. Elle frissonna. De manière hasardeuse, Lewis ne disposait d'aucun indice ou information ; c'était toujours Minerva qui en découvrait, qui les cachait. D'une certaine manière, le Serpentard était dépendant du bon-vouloir de la jeune fille. Taire serait le protéger de lui-même mais aussi trahir. Parler serait l'aider mais risquer qu'il aille trop loin. Minerva réalisa qu'elle était le tison qui rallumait constamment les flammes de la cendre vengeresse qui habitait Lewis.

Alors, pour un instant, au lieu de tout révéler, elle préféra étouffer les fumées naissantes et souffla :

- C'est d'accord.

Ouais, alors cette histoire de spectacle de Noël de Beery : ça peut paraître wtf mais juré, c'est du canon XD A dans 2 semaines !

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