Chapitre 23 : Sous l'œil brillant de la Lune
Hello !
J'espère que vous allez bien ! Merci à tous pour vos commentaires, remarques et avis, et bienvenue aux nouveaux ! ;)
Je m'étais bien amusée à écrire ce chapitre donc j'espère qu'il vous plaira aussi; désolée on est encore dans l'été mais ça me paraissait essentiel de travailler sur Minerva dans un autre univers que celui de Poudlard !
Bonne lecture !
Chapitre 23 : Sous l'œil brillant de la lune
- Recommence !
- Mais cela fait plus d'une heure que je fais la même chose !
- Je veux que ça soit mécanique, naturel. Recommence.
Grace souffla mais présenta sa batte et Minerva lança la balle de baseball. Grace frappa si fort qu'elle survola la maison. Minerva siffla.
- Joli tir. Bon, si tu veux être une bonne batteuse, il faut aussi savoir viser. Je vais te lancer la balle et tu devras me tirer dessus. Je serai sur mon balai.
- Tu es sûre de toi ? hésita Grace.
Pour toute réponse, Minerva grimpa sur son balai sous le regard envieux de sa camarade qui était restée clouée au sol tout l'après-midi.
- Prête ?
Grace raffermit sa prise sur la batte et son visage se fit concentré. Minerva fut surprise de voir qu'au bout de quelques tirs, son amie était capable de la viser parfaitement, même quand elle bougea. Bien sûr, elle n'était pas en situation de match, mais Grace progressait rapidement. Si rapidement, que Minerva put lui proposer de monter sur son balai.
Enjouée, Grace déchanta très vite lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ne pouvait pas tenir son balai et frapper avec sa batte. Elle n'aurait pas la force dans un seul bras, du moins pas sans élan.
- Je veux que tu apprennes à jouer de la plus difficile des manières, dit Minerva. Tu auras parfois l'occasion de te tenir au manche du balai, mais tu auras d'autres moments où tu devras le lâcher, te mettant ainsi en position précaire. Je veux que tu puisses maîtriser cette situation. C'est ce qui te démarquera des autres lors des sélections.
Grace hocha la tête et lâcha d'une main tremblante son balai.
- Si tu ne te sens pas de lâcher tout de suite, n'hésite pas à t'agripper au balai. Je ne veux pas que tu tombes non plus.
En bonne Gryffondor à la tête dure, Grace décida qu'elle allait commencer sans tenir le balai. Dès qu'elle frappa la balle, elle bascula et dut se rattraper de justesse.
- Il faut que tu sois gainée, rappela Minerva. Tu devras travailler les abdominaux cet été.
Grace grimaça et les deux filles continuèrent. A la fin, elles parvenaient à jouer tout en volant, ce qui était une grande avancée. Grace se rattrapait régulièrement à son balai, mais elle ne manqua aucune balle. Même Minerva était transpirante à force d'avoir volé dans tous les sens et avec la chaleur du mois de juillet.
- La prochaine fois, on jouera avec les Cognards.
Grace eut un frisson que Minerva jugea d'excitation et d'angoisse cumulées.
- Tout se passera bien, s'amusa-t-elle. Envoie-moi un hibou pour me donner tes disponibilités. Je ne peux pas venir ce week-end, j'ai un mariage.
Encore une fois, Grace lui fit faire le tour de la maison, mais quand Minerva jeta un coup d'œil par la fenêtre, elle aperçut Carwood qui les observait de derrière la vitre. Il disparut aussitôt mais Minerva fut contente de savoir que le père s'intéressait à sa fille, même s'il ne le montrait plus depuis quelques temps.
Elle transplana et dès qu'elle arriva à la maison, se félicita d'être apparue loin de l'entrée, car ils semblaient avoir des visiteurs. Repoussant une mèche trempée de sueur de son front, son balai sur l'épaule, elle s'avança, la porte d'entrée du presbytère se révélant grande ouverte, des éclats de rire parvenant de l'intérieur. Intriguée, Minerva s'approcha, ne songeant même pas à cacher son balai. Si elle n'avait pas entendu la bonne humeur de son père, elle aurait imaginé que Lewis était de retour -et à cette pensée, son cœur s'emballa. Mais ce n'était pas du tout lui qui était là, dans son salon, un verre de citronnade à la main. Les trois hommes se levèrent de concert en la voyant débarquer et Robert sourit.
- Ah, Minerva, tu tombes bien ! Voici Hamish McGregor, il vient de racheter la ferme juste en face. Tu reconnais Dougal, ton grand-père m'a dit que vous vous étiez déjà rencontrés... ?
Minerva déglutit devant le sourire malicieux du jeune Dougal.
- Comme on se retrouve, la salua-t-il, ses yeux chocolat pétillant de bonne humeur.
- Heu... Bonjour.
Elle ne se sentait étrangement pas à sa place, devant ces trois hommes, elle, transpirante et vêtue de sa tunique de sport, un coffret rempli de balles enchantées dans une main et un balai dans l'autre. Balai que les McGregor ne manquèrent pas de remarquer avec une curiosité mal placée. Isobel apparut soudainement de la cuisine et comprit immédiatement le malaise.
- Minerva ! Tu as pu nettoyer le perron de Mme Deverney ? Cette pauvre dame vient de se coincer le dos, ajouta-t-elle avec un sourire navré à l'encontre des McGregor.
Robert se tendit en entendant le mensonge mais ne souffla mot. Minerva fusilla aussi discrètement que possible sa mère du regard, estimant qu'elle aurait pu trouver mieux comme excuse.
- Nous allons bientôt passer à table, signala Isobel, les McGregor restent pour dîner. Tu veux bien aller te laver avant chérie ? Ce grand nettoyage t'a donné chaud.
Minerva rougit brutalement et sembla gonfler intérieurement. Dougal plissa les yeux d'amusement tandis qu'Hamish était retourné à sa discussion avec Robert.
- Ah, et range le balai dans la remise je te prie, termina Isobel en retournant dans la cuisine.
Son balai ? Dans la remise ? Minerva n'en revenait pas des mots honteux que sa mère, pourtant amoureuse de Quidditch, était capable de dire pour sauver des situations pareilles. Elle prit une douche rapide, songeant à la bonne tranche de rigolade que devait se payer le Dougal.
- Il aurait pu faire semblant de ne pas écouter au lieu d'assister à mon humiliation, marmonna-t-elle en s'essuyant furieusement les pieds dans sa serviette.
Elle enfila une blouse blanche et un pantalon acheté récemment -le style vestimentaire de Grace l'avait inspirée- puis descendit, son balai bel et bien rangé dans sa chambre.
En bas, Dougal, qui apportait un plat de petit-four donné par Isobel, s'arrêta à sa hauteur. Instinctivement, Minerva recula.
- Elle est là-haut votre remise ? fit-il remarquer avec un léger sourire.
Non mais quel culot ! Minerva redressa le menton et l'ignora, rejoignant sa mère dans la cuisine.
- Le perron de Mme Deverney ? s'indigna-t-elle dès qu'elle franchit la porte. C'est qui elle d'ailleurs ?
- C'est personne, j'ai inventé, chuchota Isobel. Oh là là, j'avais espéré que tu arrives avant eux...
- Tu n'avais pas besoin de trouver des excuses, au pire ils se posaient des questions. Aucune chance qu'ils se doutent qu'on soit sorcières, littéralement aucune !
- J'ai paniqué, répliqua Isobel. Et ton père, tu as vu sa réaction quand j'ai menti ? Ces mensonges me reviennent beaucoup trop facilement...
- Ne mentionne pas ce moment et peut-être qu'il n'en parlera pas, suggéra Minerva. Où sont Malcolm et Robert Jr ?
Isobel soupira.
- Malcolm est chez Beth, Robert... il faut l'appeler. Par Merlin, et s'il fait de la magie ?
Elle gémit et plongea sa tête dans ses mains.
- Je vais faire attention, promit Minerva. Détends-toi, je vais le chercher et lui expliquer avant d'accord ?
Isobel hocha la tête et lui tendit un plateau.
- T'en profiteras pour apporter ça sur la table ?
- Humpf.
Minerva empoigna et à la sortie de la cuisine, faillit percuter Dougal qui revenait. Il la laissa passer avec un geste de main exagéré. Elle continua son chemin, roulant des yeux en entendant le jeune homme s'enquérir :
- Besoin d'aide, madame McGonagall ?
- Oh appelle-moi Isobel, voyons !
Minerva posa le plateau sur la table et fila chercher son frère. Celui-ci était plongé dans un livre d'images, silencieux comme d'habitude. S'il ne descendait pas manger, Minerva aurait pu croire qu'elle n'avait pas de petit frère hormis Malcolm. Elle s'assit sur le bord du lit et attendit qu'il lui prête de l'attention. Voyant qu'il ne réagissait pas, elle tapota du doigt son livre.
- Robert ? Il y a des gens en bas qui viennent dîner. Il faut descendre.
Elle remarqua un éclair de panique dans les yeux de son frère.
- Ne t'en fais pas, ils sont gentils. Ce sont les nouveaux voisins, et tu sais bien que jamais nos voisins ne peuvent être méchants.
Robert était le seul pour qui elle pouvait prendre une voix aussi douce. Même Malcolm n'avait pas eu droit à ce côté de sa personnalité. Il avait été plus perturbateur et avait donc plutôt eu besoin de se faire réprimander dans sa jeunesse. Robert Jr, lui, était tellement silencieux et angoissé du monde qu'il ne connaissait pas, qu'il inquiétait sa sœur.
- Tu veux bien me regarder ? demanda-t-elle.
Robert leva ses yeux noisette -le seul enfant à avoir hérité de ceux de leur mère- mais ne la regarda pas directement.
- Tu vois comment papa est différent de maman, Malcolm, toi et moi ?
Robert hocha la tête. Il était discret, mais généralement il compensait avec un sens de l'observation aigu.
- Eh bien les gens en bas, ils sont comme papa. Ils ne savent pas ce que nous pouvons faire et ils ne doivent pas savoir.
Minerva hésita longuement dans son choix de mots. Elle ne devait pas brusquer son frère et ne devait surtout pas l'angoisser.
- Alors maman, toi et moi, on va tous se concentrer très très fort, et ne pas utiliser nos pouvoirs. D'accord ?
Robert fronça les sourcils.
- C'est un jeu ? demanda-t-il. J'aime bien les jeux, je suis fort aux jeux.
- Exactement ! Et celui qui n'utilise pas sa magie a gagné. Mais c'est un jeu entre maman, toi et moi, alors il faut en parler à personne d'autres.
Elle se pencha à l'oreille de son frère et rajouta en chuchotant :
- Ce sera notre secret à tous les trois, d'accord ?
Robert hocha vivement la tête et se leva du lit.
- Moi, je suis sûre que tu peux gagner, affirma Minerva en posant une main apaisante sur le haut du dos de son frère.
Étrangement, elle était une des rares à pouvoir espérer le toucher. Isobel y parvenait de temps en temps mais elle évitait car il lui était visiblement douloureux de voir son propre fils se rétracter à son contact par moments.
- Je sais, murmura Robert en sortant de sa chambre. Mais chut maintenant !
Minerva posa le doigt sur les lèvres et ils descendirent tous les deux. Bien sûr, il y avait toujours le sortilège pour leur effacer la mémoire, mais Minerva doutait qu'Isobel sache encore le lancer. Quant à elle, elle doutait d'en être capable. Sans parler du choc que cela aurait sur son père. Elle ne savait si leur famille supporterait un tel coup.
- Ah, voilà le petit dernier, je présume ? dit Hamish en se levant avec un grand sourire. Bonsoir petit !
Robert Jr se figea, ses petits bras crispés sous les doigts de sa sœur.
- C'est lui, intervint Isobel avec un sourire crispé. Excusez-nous, il n'est pas à l'aise avec les étrangers... Mais cela va s'arranger !
- Il va très bien, maman, répliqua Minerva d'un ton sec.
- Je... Je ne suis pas petit ! On est tous grands ici, ajouta Robert avec des yeux virevoltant tout autour de lui.
- Ce n'est pas ce qu'il voulait dire, expliqua Minerva en jetant un bref coup d'œil critique envers sa mère.
Elle ne supportait pas quand sa mère parlait ainsi de son petit frère comme s'il n'était pas là. Il observait, il écoutait et il comprenait ce que l'on disait sur lui. Lui parler de ses peurs ne ferait que les empirer. Minerva ne fit pas attention au regard curieux mais sérieux que lui lançait Dougal, et le petit monde s'installa à table. Isobel retint sa fille par le bras et murmura :
- Un pantalon, alors que nous avons des invités ? Minerva, tu aurais pu faire un effort.
Minerva se dégagea et s'assit à côté de son frère. Il serait rassuré de la savoir tout proche et elle aussi l'était, même si cela signifiait être également à la gauche de Dougal McGregor.
- Alors cette chambre, ça donne quoi ?
Minerva se tourna vers son voisin.
- Pardon ?
- La chambre, chez ton grand-père. Celle que vous avez peinte en rouge, précisa Dougal en levant les sourcils.
- Ah. Bien, très bien.
- J'ai vu ton grand-père récemment d'ailleurs. Tu lui manques.
Minerva serra les dents. Elle ne savait pas ce qui l'agaçait le plus. Qu'il se mêle d'affaires qui n'étaient pas les siennes, ou que ce soit lui qui lui dise qu'elle manquait à son grand-père. Peut-être la deuxième, parce qu'elle sentait le reproche sous les mots : elle n'avait pas donné de nouvelle depuis un long moment et c'était un inconnu qui soulevait cet aspect-là.
- Je me rends à Halkirk demain matin pour récupérer des derniers cartons. Je peux t'y emmener si tu le souhaites.
Minerva se mordit la lèvre afin de s'empêcher de refuser vertement. Elle détestait que ce garçon tente de se faire passer pour un chevalier servant. Elle était bien capable d'aller chez son grand-père par elle-même. Alors tu attends quoi ? lui souffla une voix dans son esprit. De toute manière, elle se devait d'aller à Halkirk. Elle avait trop souvent reporté cette visite. Elle aurait préféré transplaner mais refuser l'offre de Dougal aurait soulevé trop de questions. Alors, elle se racla la gorge dignement, redressa le dos et marmonna aussi distinctement possible mais pas trop non plus :
- Très bien, je viendrai.
Dougal l'observa un moment. Puis il eut un sourire en coin :
- Ça t'a fait mal d'accepter, n'est-ce pas ?
Il n'attendit pas sa réponse et retourna à la conversation du groupe d'adulte, son sourire toujours aux lèvres. Robert Jr, qui était resté muet comme une carpe hormis quelques marmonnements dans son tri de nourriture, se pencha vers sa sœur :
- Pour l'instant, on gagne tous au jeu, chuchota-t-il.
- Oui, mais rappelle-toi : silence.
Minerva lui lança un regard entendu et essaya d'écouter les paroles des autres convives. Robert Sr expliquait le principe de sa paroisse et Hamish écoutait religieusement. Isobel, sûrement par habitude, participait à la conversation comme si elle avait toujours fait partie intégrante de la paroisse. Minerva jeta un coup d'œil à Dougal qui semblait prêter vaguement attention aux détails. Il nota son regard et s'adossa à sa chaise, murmurant :
- Excuse-moi, je n'ai pas entendu ce que ton père a dit sur les activités caritatives... tu m'aides ?
Minerva lui lança un regard noir, bien consciente qu'il savait qu'elle n'écoutait pas. Son énième sourire malicieux lui donna envie de lui jeter un sort de Furonculose qui lui effacerait en un rien de temps cette petite fossette sur la joue gauche.
- Minerva, tu veux bien ramasser les assiettes et rapporter le dessert ? demanda sa mère empêchant sa fille de mettre en œuvre sa vengeance.
La jeune fille s'obligea bien volontiers et fusa dans la cuisine. Elle déposa les assiettes dans l'évier avec fracas quand une voix la fit sursauter :
- Ils vous ont entendues jusqu'à Inverness, toi et tes assiettes.
Dougal, évidemment.
- Qu'est-ce que tu fais là ? siffla Minerva à son encontre. Je peux me débrouiller toute seule.
- Ta mère a dit qu'on mangeait un Cranachan* pour le dessert. Tu auras besoin de mon aide pour transporter tous les plats.
Minerva gonfla des narines mais dut admettre qu'il avait raison. Chaque invité devait constituer son propre Cranachan avec les différents ingrédients disposés sur la table. Quand elle ouvrit le frigo, les relents de flocons d'avoines macérés dans le whisky la firent froncer le nez, et elle sortit le saladier coupable avec grimace.
- Wow, tes parents n'ont pas eu la main morte avec le whisky, souffla Dougal en reniflant les céréales. Tu crois qu'on va finir soûls à la fin du dîner ? ajouta-t-il en plaisantant.
Les lèvres de Minerva tremblotèrent dans un semblant de sourire qu'elle cacha immédiatement. Pas question qu'il pense qu'elle l'avait trouvé amusant.
- Toi peut-être, répliqua-t-elle, avec ton corps de gringalet.
Il n'était absolument pas gringalet, bien sûr. Mais elle le dépassait en taille de quelques courts centimètres, et cela lui suffisait. Dougal eut un petit rire.
- C'est de bonne guerre. Je vais essayer de ne pas m'évanouir à cause des odeurs en l'apportant alors, dit-il en s'apprêtant à quitter la cuisine.
- Attends un peu, l'arrêta Minerva. Tu as deux mains, non ? Alors prends le miel avec toi.
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et lui fourra le pot dans la main. Quant à elle, elle attrapa les framboises, la crème ainsi que des couverts et les rejoignit alors qu'Hamish humait avec délice le saladier.
- Je vois ici la patte de votre père. En voilà un vrai Cranachan !
Ils se servirent tous un à un dans les plats, chacun leur tour comme le voulait la tradition. Minerva surveilla la quantité de flocons que prenait son frère, bien trop jeune pour de l'alcool même macéré.
- Un bon verre de whisky se doit d'accompagner tout Cranachan, intervint Robert en se levant. Combien ?
- Ah j'en prendrais bien deux ! plaisanta Hamish faisant rire Robert et rouler des yeux Dougal.
Celui-ci accepta un verre et Robert se tourna vers sa fille :
- Minerva ?
Dougal la regarda, les sourcils levés. Elle n'aimait pas particulièrement le whisky, trop fort pour elle mais elle vit dans les prunelles de son voisin, un défi qu'elle se devait de relever. Pas question de s'écraser et de terminer le repas sans whisky. Alors elle forma un joli sourire et accepta l'offre, à la grande surprise de ses parents. Isobel cacha un sourire et reprit sa discussion avec Hamish.
- Alors comme ça tu aimes le whisky ? la testa Dougal en croisant les bras sur son torse.
- Une grande buveuse, affirma Minerva avant de réaliser ses mots. Enfin non, je ne suis pas alcoolique ! Je sais me gérer.
Dougal hocha la tête avec une expression qui signifiait qu'il ne la croyait pas pour deux sous concernant sa connaissance de l'alcool. Robert revint avec des verres, ces maudits verres copita que son père ne sortait que pour son whisky.
- Dieu merci, vous ne faites pas comme ces Américains avec leur verre plats à picots.
- Voyons, Hamish, gronda Robert, je suis Ecossais.
Minerva retint la grimace qui lui monta aux lèvres, en partie parce que Dougal la surveillait.
- Sláinte !
- Sláinte, marmonna Minerva, la bile lui montant dans la gorge.
Elle faillit recracher sa première gorgée, âcre, et Dougal cligna des yeux dans sa direction.
- Ah ouais, tu le bois pur, toi ?
- Il faut, non ? croassa Minerva les yeux larmoyants.
- Pas forcément, s'esclaffa Dougal. Tu peux rajouter de l'eau fraîche, ça fera ressortir les arômes.
- Mais c'est pas bon..., gémit Minerva en abandonnant toute tentative de professionnalisme de whisky.
- Tu bois et puis c'est tout, intervint Robert Jr en la pointant du doigt. Moi j'ai dû manger mon fenouil la dernière fois.
Dougal éclata d'un rire franc tandis que Minerva jetait un regard outré à son frère. Il était encore secoué de spasmes de rire quand il la servit en eau. Minerva goûta à nouveau mais secoua la tête.
- Non, pas bon, éructa-t-elle en secouant la tête.
- Ça t'apprendra à faire ta dure, ricana Dougal en lui enlevant le verre des mains. Une grande buveuse, hein ?
Minerva souffla mais ne répondit pas. Effectivement, cela lui apprendra.
Le dîner s'acheva -Dougal avait terminé leur deux verres- et Minerva vit Hamish et son fils les quitter avec soulagement. Puis elle grimaça songeant qu'elle allait devoir aller jusqu'à Halkirk avec lui, dans la même voiture.
Robert Jr vint lui tirer la manche.
- Du coup, on a tous gagné le jeu ?
- Ouais, Robert, soupira Minerva, on a tous gagné.
Robert fit la moue et partit se coucher, sa sœur l'imitant après avoir essuyé la montagne de vaisselle que ses parents nettoyaient.
Le lendemain, Dougal vint la chercher à onze heures tapantes.
- Tu as un sandwich ? On mangera sur la route, lui informa-t-il alors que Minerva se ruait dans le frigo pour composer un repas décent.
Malcolm, qui était rentré après le dîner la veille, décrocha son regard de la télévision et fit un signe de main à Dougal qui attendait dans l'entrée. Les parents, après avoir donné leur accord à leur fille pour prendre la voiture avec le voisin, étaient partis au marché du village.
- Qu'est-ce que tu regardes encore ? demanda Minerva en emballant son repas.
Malcolm haussa les épaules.
- Je sais pas, j'allais éteindre.
Il se leva pour tourner le bouton lorsque Minerva reconnut la maison qui apparaissait à l'écran.
- Attends.
Elle se rapprocha, ignorant Dougal qui l'attendait toujours. La maisonnette, avec son bout de jardin bien entretenu à l'avant, était sans conteste celle de Polly Gardner.
- Vous vous rappelez sans doute la tragédie qui a eu lieu entre les murs de la maison voisine, fit le journaliste sur place alors que la caméra faisait un va et vient sur l'ancienne maison de Jimmy et celle de Gardner. Aujourd'hui, c'est avec regret que nous apprenons la mort de Polly Gardner, que nous avions interviewée il y a quelques jours.
Le sang de Minerva sembla se glacer dans ses veines et elle se rendit à peine compte que Dougal l'avait rejointe.
- Ah j'ai entendu parler de ce jeune homme, dit-il à voix basse. Quelle horreur...
- Minerva le connaissait, annonça nonchalamment Malcolm à la grande horreur de sa sœur.
Moins Dougal en savait sur leur monde, mieux ils se porteraient tous. Elle répondit vaguement au regard interrogateur du jeune homme.
- On était à l'école ensemble, dit-elle avec un pincement au cœur.
Elle devait tellement plus à Jimmy que de le présenter comme simple camarade d'école.
- Mince alors, je suis désolé...
Minerva ne dit rien et écouta le journaliste.
- Il semblerait que Mme Gardner ait été addict aux médicaments, racontait celui-ci avec un air navré, ce qui l'aurait tuée. Les enquêteurs ont en effet découvert, dans un tiroir de sa table de chevet, un nombre incalculable de pilules calmantes. Une boîte entière a été trouvée vide à côté du corps, indiquant probablement une mort par surdose.
Minerva déglutit. Elle se demanda si un passant avait par hasard vu un éclair de lumière verte à travers les rideaux de la chambre. Elle secoua la tête et fit signe à Dougal qu'elle était prête à partir.
C'était la première fois qu'elle montait dans une voiture. Son père ne se déplaçait qu'en bicyclette et même s'il lui avait déjà expliqué le fonctionnement, elle resta perdue sur la démarche à suivre. Galant, Dougal lui ouvrit la portière, lui évitant ainsi une première déconvenue. Elle l'observa s'attacher avec la ceinture -si elle se souvenait bien du nom- avant de l'imiter. Devait-elle faire autre chose ? Dougal n'avait pas l'air d'attendre quoique ce soit, aussi elle se détendit.
Il démarra la voiture et Minerva tenta tant bien que mal de ne pas sursauter et d'agir comme si tout était normal et naturel. Dougal sembla prendre son silence pour de la peine car il lui demanda d'une voix sans une once de son sarcasme habituel :
- Tu le connaissais bien, ce Jimmy ?
Minerva se raidit. C'était ce qu'elle avait craint pour ce trajet : des questions personnelles. Elle n'avait encore jamais dû jongler entre deux mondes à part avec son grand-père pendant un certain moment. Elle avait du mal à comprendre comment sa mère avait pu vivre ainsi pendant plusieurs années. Elle préféra lui dire qu'elle avait discuté quelques fois avec lui mais que n'ayant pas été du même âge, ils n'avaient pu créer de vrais liens. Cela lui fit mal au cœur de mentir ainsi sur son ami, mais elle ne se voyait pas remplacer le Quidditch par un autre sport. Elle serait incapable de discuter de sports moldus si jamais Dougal cherchait à lui poser des questions.
- Tu étudies toujours ? lui demanda-t-il, curieux.
Minerva acquiesça.
- Je rentre en dernière année. Je suis dans le même pensionnat que celui où était ma mère. Et toi ?
Dougal lui apprit qu'il avait 19 ans, qu'il avait fini le lycée et ne prévoyait pas de continuer.
- Mon père a acheté cette terre pour que je la reprenne après sa mort. C'est un joyeux luron mon père, ajouta-t-il avec un rire. Le magasin ne fonctionnait plus à Halkirk. Pour l'instant on vit ensemble, mais quand j'aurai une famille on agrandira l'espace avec une annexe.
- Wow, déjà des projets de famille, fit remarquer Minerva en plissant le nez.
- Pas toi ?
Pas vraiment non. A la place elle haussa une épaule.
- Je n'y ai jamais vraiment pensé. Je voudrais une situation stable, j'imagine.
- Parce que cultiver une terre ce n'est pas stable ?
Minerva rougit furieusement.
- Non, ce n'est pas..., balbutia-t-elle, ce n'est pas ce que...
- Détends-toi, je te taquine.
Dougal avait son éternel sourire vissé aux lèvres, son regard concentré sur la route.
- Mais j'aurais pensé que tu voudrais rester auprès de ta famille, expliqua-t-il, elle a l'air d'être importante à tes yeux.
- Tu veux me faire comprendre que j'ai été ingrate envers mon grand-père, c'est ça ?
Dougal parut surpris.
- Pas du tout, se défendit-il. Au contraire. Ton grand-père m'a fait comprendre que c'était toi qui avais repris contact avec lui.
Minerva ne dit rien. Elle ne savait pas ce que Dougal connaissait de son histoire familiale, de la fuite d'Isobel avec son futur mari, du scandale des Ross. Mieux valait ne pas creuser dans le sujet au risque de s'embourber dans des explications et mensonges.
Le trajet fut heureusement coupé par le repas où Minerva ne se sentit pas obligée de discuter, et ce fut avec soulagement que Minerva aperçut au bout d'une heure et demie le clocher de l'église de Halkirk. Dougal arrêta la voiture en bas de l'allée qui menait chez le grand-père de Minerva.
- Je ne peux pas y engager la voiture, la ruelle est trop étroite, indiqua-t-il. On se retrouve ici à seize heures ?
Minerva acquiesça et se tourna vers la portière avant de réaliser qu'elle n'avait aucune idée de comment l'ouvrir. Dougal se pencha au-dessus de l'embrayage et actionna la poignée avec un sourire mi-amusé, mi-intrigué. Minerva eut un rire nerveux et s'empressa de sortir avec un « à tout à l'heure » furtif. Elle épousseta les miettes de son repas et remonta la ruelle, toujours aussi inchangée depuis la dernière fois. En arrivant devant la maison, elle remarqua que la bicyclette de son grand-père n'était plus appuyée contre le mur. La terre avait séché et les fleurs qui avaient été plantées ne semblaient pas avoir été arrosées depuis un moment. Minerva fronça les sourcils. Son grand-père avait toujours aimé prendre soin de ses plantes depuis qu'il avait retrouvé sa famille. Inquiète, elle frappa à la porte. Des pas résonnèrent à l'intérieur, mais ce ne fut pas Eugene McGonagall qui lui ouvrit. Une femme a l'air revêche, âgée probablement d'une quarantaine d'années, la détailla des pieds à la tête. Elle était vêtue d'une blouse blanche d'infirmière avec un logo doré d'un caducée sur la poitrine.
- C'est pour quoi ? demanda-t-elle sèchement.
- Heu, est-ce que M. Eugene McGonagall est là ? Je suis sa petite-fille.
L'infirmière ne dit rien pendant un moment avant de s'effacer pour la laisser entrer. Elle la suivit bien attentivement jusqu'à ce qu'Eugene, assis sur un fauteuil, apparaisse.
- Minerva ! s'écria-t-il avec un sourire éclatant. Comme je suis content de te voir ! Tu aurais dû me prévenir, j'aurais préparé des biscuits au gingembre.
Minerva ne bougea pas. Figée, elle fixa son grand-père qui semblait avoir pris vingt ans depuis janvier dernier. Sa voix était plus faible, et il n'était pas vêtu de son ensemble habituel mais d'une simple chemise qu'il n'avait même pas rentré dans son pantalon. Ses cheveux avaient également nettement blanchi. Minerva sentit les larmes lui monter aux yeux. Était-ce elle la responsable de son état ?
- Approche, fit Eugene en tendant la main, je ne vais pas te manger.
Minerva le rejoignit et l'embrassa sur le front, tendrement.
- Tu viens de rencontrer ma chère infirmière, dit Eugene en regardant la femme, Arleta Agrepine.
Il se pencha vers sa petite-fille et chuchota :
- Mais elle veut qu'on l'appelle Mme Agrepine. N'est-ce pas Arleta ? ajouta-t-il à l'encontre de l'infirmière qui roula des yeux.
- Je vais vous laisser, fit celle-ci en prenant ses affaires. Reposez-vous, ne vous ménagez pas. Je reviens dans deux jours.
Eugene lui fit un signe de la main puis, une fois qu'elle fut partie, se tourna vers sa petite-fille avec un clin d'œil.
- Je crois bien qu'elle est comme toi cette femme.
- Comment ça ?
Eugene fit un vague geste de la main.
- Mais tu sais, avec votre bâton magique. J'ai vu le sien la dernière fois, dans sa mallette. Elle pense que je ne sais rien, ah !
Minerva fit les yeux ronds.
- C'est une sorcière ? Mais qu'est-ce qu'elle ferait ici ?
Eugene se leva avec un grognement et s'appuya sur sa petite-fille.
- Viens sur le canapé avec moi, tu ne vas pas rester debout penchée sur ma tête tout ce temps. Quant à sa présence ici... Eh bien, elle vient régulièrement depuis ma jambe cassée. Soi-disant elle fait partie d'une association qui ne veut faire aucune distinction entre communautés. Eh bien, dans quelle communauté je suis moi ? Les éclopés ou les vieux ?
- Tu n'es pas vieux, grand-père, soupira Minerva en s'asseyant à côté de lui. C'est quoi le nom cette association ?
- La Mangoustine, je crois bien. « Main dans la main, nous sommes tous humains », qu'elle m'a dit la première fois.
La Mangoustine ? Peut-être que son grand-père n'avait pas totalement tort et que Mme Agrepine était bel et bien une sorcière. Mais que venait faire une sorcière infirmière dans la maison d'un moldu et qui plus est, à le soigner ? Pas que cela dérangeait particulièrement Minerva, mais elle ne pouvait nier que cela l'intriguait.
- Comment vas-tu, ma petite-fille préférée ?
- Je suis ta seule petite-fille, répliqua Minerva avec un fin sourire et récoltant une pichenette sur le nez. Aïe ! Toi, comment vas-tu ? Et ton vélo ? Et tes fleurs ?
- Ah le vélo... Arleta m'interdit d'en faire, apparemment c'est devenu dangereux pour moi. Elle a même caché mon tabac ! Si tu le trouves, préviens-moi. Quant aux fleurs... Mon dos refuse de se courber. Que veux-tu, je suis un vieux bonhomme maintenant !
Eugene McGonagall n'avait que soixante ans, mais il paraissait en faire tellement plus. Elle enroula ses bas autour du sien et posa sa tête contre son épaule.
- Pardon de ne pas être venue plus tôt.
- Heureusement que tu n'es pas venue plus tôt ! Je m'inquiéterais de savoir que tu n'as pas d'autres activités que de venir voir ton grand-père.
Minerva resta silencieuse, le cœur en berne. Elle ne supportait pas de voir son grand-père dans un tel état.
- Tu n'as pas de bagages, releva Eugene en balayant la pièce du regard, tu restes dormir quand même ?
Minerva secoua la tête, désolée.
- Je ne peux pas, c'est Dougal McGregor qui me ramène en voiture.
- Dougal McGregor ? répéta son grand-père. Le petit gars du magasin de bricolage ?
- Lui-même. Enfin, maintenant il se destine dans les champs. C'est notre voisin, précisa Minerva. Il doit récupérer quelques cartons dans sa maison et il revient me chercher vers seize heures.
Eugene regarda sa montre tout en marmonnant.
- Alors il n'y a pas de temps à perdre, raconte-moi les dernières nouvelles. Je ne te promets pas de tout comprendre sur ton école mais je vais faire un effort.
Minerva cacha son sourire dans le creux de son épaule. Elle avait été tellement soulagée que son grand-père ne la repousse pas en apprenant sa condition. Le voir aussi prêt à discuter de son monde lui mettait du baume au cœur. Il était la seule personne à éprouver autant de curiosité sur la magie et Minerva était ravie de pouvoir partager son univers, rire de ses réactions (notamment lorsqu'il avait appris qu'elle passait à travers un mur tous les 1er septembre). C'était pesant de toujours devoir marcher sur des œufs avec son père. Elle remarqua du coin de l'œil la photo d'elle et d'Alan qu'elle lui avait envoyée quelques mois auparavant, dans un cadre posé à côté du fauteuil fétiche de son grand-père. Celui-ci suivit son regard et sourit :
- Ah, cette photo. Elle m'accompagne tous les jours, tu sais. Je suis surpris que Mme Agrepine n'ait jamais fait de réflexions.
- Peut-être qu'elle l'a vue, et qu'elle pense que tu es un sorcier et bien gonflé de te faire passer pour quelqu'un sans magie ayant besoin de son association.
Eugene rit de bon cœur et se leva.
- Allez, séance biscuits au gingembre !
Eugene semblait avoir retrouvé une nouvelle vigueur, comme si la venue de sa petite-fille avait réglé tous ses problèmes de santé. Son visage, marqué par les rides, était plus lumineux et ses yeux brillaient d'un entrain qu'ils n'avaient pas quand Minerva était arrivée.
Lorsque seize heures sonnèrent après de longues discussions et une avalanche de biscuits (dont elle ramenait la moitié), elle eut du mal à quitter son grand-père dont elle réalisait enfin la fragilité.
- Je reviens très vite, je te le promets, chuchota-t-elle, ses bras enlacés autour du cou d'Eugene.
Celui-ci l'embrassa et passa une main dans ses cheveux, avant de la conduire jusqu'à la porte.
- Embrasse ta famille pour moi, dit-il et Minerva trouva sa voix rauque.
Après un dernier signe de main, elle rejoignit la voiture de Dougal qui attendait déjà patiemment.
- Ça s'est bien passé ? s'enquit-il en allumant le contact.
Minerva ne parvint qu'à hocher la tête. Elle ne souhaitait pas particulièrement se confier sur l'état de santé de son grand-père à Dougal, ni sur ce qu'elle ressentait depuis qu'elle l'avait vu assis dans ce fauteuil aussi usé que lui.
- Merci de m'avoir amenée, dit-elle tout de même, car c'était grâce à lui qu'elle avait arrêté sa malheureuse procrastination qui aurait pu mal finir.
Cette fois-ci le trajet se déroula dans un silence reposant hormis quelques conversations éparses de temps en temps, Minerva tenant contre elle le sachet emballé de biscuits au gingembre, les biscuits de son grand-père.
***
Elle s'observa avec appréhension dans le miroir. Les retouches qu'avait apportées sa mère étaient impeccables : la jupe affleurait à ses légères bottines sur lesquelles Isobel avait jeté un sort pour éviter à sa fille d'avoir trop chaud. En bas des escaliers, sa mère l'attendait, un accessoire doré à la main. Elle s'approcha et dit avec un sourire fier :
- Cette broche m'appartenait quand j'étais plus jeune. Elle te revient désormais.
Minerva observa le joyau. Il était bleu marine, presque noir et autour, s'entrelaçaient de fins serpents d'or. La broche habillait joliment le haut de sa poitrine. Habillée ainsi, elle avait l'impression de porter avec elle les femmes de sa famille maternelle. Il ne manquait plus qu'Anthéa Ross, mais Minerva ne savait si elle avait le désir de la rencontrer. Minerva regarda sa mère et, prise d'une rare pulsion affective envers elle, la serra dans ses bras. Si elle était surprise, celle-ci ne le montra pas et se décida la première à s'écarter pour la pousser vers l'entrée.
- C'est Lewis qui vient te chercher ?
- Il a insisté, bougonna Minerva. J'avais proposé que l'on se retrouve là-bas mais ça a paru le surprendre.
- Minerva !
- Quoi ?
Isobel avait l'air tout bonnement outrée et affligée.
- Ma fille, un jour tu comprendras qu'un duo qui se rend à un mariage, c'est un couple du début à la fin.
Minerva rougit.
- On n'est pas un couple, bredouilla-t-elle en ouvrant la porte d'entrée. La vache !
Dougal McGregor se tenait sur le seuil, le poing levé comme s'il allait frapper sur le battant.
- Minerva, ton langage, reprocha Isobel.
Dougal cligna des yeux devant les vêtements de Minerva puis eut un sourire sarcastique et s'inclina ironiquement devant elle.
- Madame la comtesse, fit-il avec un ton prétentieux.
- Très drôle, répondit Minerva en le dépassant.
Elle savait qu'il venait voir son père concernant un détail sur la paroisse, chose dont Minerva n'avait cure. Alors qu'elle descendait les marches de l'entrée, le tumulte du Magicobus, par lequel devait arriver Lewis, la figea au sol. Dougal ouvrit la bouche puis la referma, si bien que Minerva se demandait ce qu'il pouvait voir. Le bus violet pimpant et fumant, attendait patiemment que Lewis fasse le tour et vienne récupérer la jeune fille. Le Serpentard apparut et s'arrêta net en voyant Dougal. Il sembla rapidement comprendre la situation mais ce fut Isobel qui tira le moldu dans la maison avec force sourires. Dougal se laissa faire, sûrement parce qu'il ne comprenait guère ce qu'il se passait. Minerva attrapa vivement Lewis par la main et le ramena dare-dare dans le bus.
- Encore vous ? rit le contrôleur. Eh bien, j'imagine que vous n'allez pas vous entraîner cette fois, vu vos vêtements ?
Minerva paya sa course, donna la destination et continua de traîner le Serpentard au fond du bus.
- Je peux marcher tout seul, tu sais ? plaisanta celui-ci.
Elle rosit et lui lâcha la main.
- C'était un moldu devant chez toi ? demanda Lewis, intrigué.
Minerva hocha la tête.
- Le nouveau voisin.
Elle se rendit compte qu'elle n'avait pas pris le temps d'observer son cavalier (les mots de sa mère) et fut surprise de voir son camarade vêtu autrement que d'un uniforme ou du classique chemise et pantalon. Cette fois, il avait choisi la chemise blanche aux manches retroussées, un gilet de costume gris perle et d'un pantalon de la même couleur. Il avait également osé les bretelles noires et le béret anthracite, ce qui lui donnait un côté moldu qui lui allait à merveille selon Minerva. Une chose était sûre, il avait une certaine classe.
- Cela te va bien, cet ensemble, dit Lewis en la désignant. Tu voulais faire passer un message politique ?
Minerva pouffa et secoua la tête. Le Serpentard s'affala à côté d'elle.
- Ça craint d'aller à un mariage en Magicobus, non ? grimaça-t-il.
Un peu. Ils auraient pu s'y rendre en Transplanant si Minerva était déjà allée chez Fleamont, ce qui n'était pas le cas.
- C'est bien Potter qui faisait des recherches sur Jedusor ? continua Lewis.
- Ne parle pas de ça ici, siffla Minerva en surveillant autour d'elle.
Lewis l'imita et tourna un regard blasé dans sa direction.
- Tu es un peu paranoïaque, non ?
- Peu importe. C'est son mariage, il aura autre chose en tête. Quelque chose de plus joyeux, tu vois ?
Lewis leva les mains.
- C'était juste pour savoir, je n'allais pas lui demander.
Il s'adossa avec un soupir et enleva son béret de la tête pour le triturer des mains.
- Tu ne t'es pas coiffé ? remarqua Minerva en jetant un œil critique sur les mèches d'habitude domptées à la perfection.
Lewis arrêta son geste.
- Ça ne va pas ? Je savais que j'aurais dû, râla-t-il, c'est un mariage.
- Non, coupa Minerva en rougissant, ça heu... ça te va bien.
A partir de ce moment-là, Minerva décida de rester coite tout le reste du trajet, jusqu'à leur arrivée à Godric's Hollow, dans le sud-ouest de l'Angleterre.
- Apparemment Euphemia s'est battue avec le ministère pour pouvoir célébrer le mariage dans leur toute nouvelle maison, dit-elle alors qu'ils venaient de descendre du Magicobus. Toute une délégation est venue pour sécuriser le lieu et déposer un sortilège de camouflage anti-moldu tout autour de la propriété.
Lewis siffla d'admiration et pointa du doigt un chapiteau plus loin.
- Laisse-moi deviner, c'est juste là ?
- On a qu'à suivre les cris, proposa Minerva.
En effet, sachant que les moldus ne risquaient pas de les découvrir, les sorciers ne faisaient aucun effort pour se faire discret. Un couple, habillé de robes de sorciers colorées et de chapeaux pointus, gloussait et se chatouillait niaisement dans la rue.
- Qu'ils sortent leur baguette, marmonna Lewis, comme ça on les remarquera encore plus. Ridicules.
- Quoi, tu ne veux pas que je te chatouille ? plaisanta Minerva avant de réaliser ce qu'elle venait de dire et de reculer violemment. Enfin, non !
Lewis mit un moment à réagir mais il éclata de rire alors qu'elle continuait à avancer, la tête rentrée dans les épaules.
La maison du futur couple Potter était immense et sur deux niveaux, avec un magnifique jardin entouré d'une haie bien taillée, précieuse pour se cacher du regard des moldus. Le portillon de fer était déjà ouvert, appelant les invités à entrer. Lewis essuyait encore des larmes de rire quand il la rejoint.
- Bon, ça va, bougonna-t-elle, tu peux te calmer.
Lewis effaça son rire, mais ses yeux brillaient toujours d'amusement contenu. Il lui attrapa le bras et Minerva rougit du contact, tout en se maudissant de réagir ainsi dès qu'il la touchait.
- Puisque je suis ton cavalier et toi la mienne, autant arriver comme un couple, tu ne crois pas ?
Minerva répondit de manière inintelligible et pressa le pas.
La majorité des invités était déjà présente, discutant joyeusement avant la cérémonie qui devait avoir lieu dans le jardin même. Des chaises avaient été installées en rang d'oignons devant un autel immaculé et derrière, une arche de fleurs avait été tressée et tenait sûrement par magie. Sous le chapiteau que Lewis avait remarqué plus tôt, étaient entreposées de longues tables recouvertes de nappes colorées et de flûtes de champagne disposées en pyramide. Minerva localisa rapidement l'endroit à éviter à tout prix, à savoir la piste de danse. Si elle pouvait rester à table toute la soirée, elle le ferait : le buffet avant tout.
- Minerva !
La jeune fille se retourna au son de la voix du futur marié, un Fleamont Potter au sourire étincelant, les cheveux incroyablement bien coiffés et une rose blanche sur son veston noir.
- Quelle prestance, s'exclama-t-il en s'approchant à grands pas.
- Bonjour Fleamont, sourit-elle en le serrant dans ses bras.
Fleamont se tourna vers Lewis en haussant les sourcils. Celui-ci lui tendit la main en se présentant.
- J'aurais pensé que tu viendrais avec Vendrars, dit Potter en serrant néanmoins la main du Serpentard. Gibbins, hurla-t-il soudainement à l'encontre d'un sorcier rondelet qui traînait près des tables de buffet, ne touche pas aux coupes par Merlin !
Et Fleamont se rua vers ledit Gibbins.
Lewis et elle restèrent silencieux, se tenant droits au milieu de tout le petit monde joyeux.
- Ce ne serait pas ton attrapeuse, là-bas ? fit-il soudainement.
Le cœur de Minerva fit un bond en reconnaissant la chevelure blonde de Holly, sa taille menue enserrée dans une robe bronze. Elle fut ravie de pouvoir la rejoindre et de s'échapper de cette situation embarrassante où Lewis et elle agissaient en plantes vertes au milieu du jardin.
Holly ouvrit de grands yeux en la remarquant et, après l'avoir embrassée, ne manqua pas de lui jeter un regard malicieux lorsqu'elle aperçut qui l'accompagnait.
- Eh bien, ce ne serait pas notre adversaire de Quidditch que je vois là ?
Lewis eut à peine le temps de la saluer que Holly entraînait déjà son amie plus loin, abandonnant le Serpentard au milieu d'une nuée d'invités.
- Euh, je ne devrais peut-être pas le laisser..., commença Minerva en jetant un regard en arrière vers son cavalier.
- C'est un grand garçon, coupa Holly en balayant l'air d'un geste de la main. Alors comme ça, avec Rollin ?
Minerva rougit.
- Nous ne sommes pas ensemble, si tu veux savoir.
Holly haussa les épaules.
- Si tu le dis. Je suis venue avec un camarade de Quidditch de mon quartier.
Elle désigna un jeune homme de petite taille qui était en train de glisser un pétard dans le sac à main d'une sorcière. Holly s'éclaircit la gorge et embraya sur sa carrière de Quidditch pendant que Minerva ricanait. La jeune attrapeuse s'entraînait très dur au sein de la réserve, mais elle était enchantée d'avoir sa place au sein de l'équipe. Elle avait même pu obtenir un autographe de Gwendolyn Morgan la capitaine de l'équipe.
Elle fut interrompue par l'arrivée du responsable de cérémonie qui invita tous les convives à s'asseoir sur leur chaise respective. En dehors de la famille qui se plaçait à l'avant, les autres sorciers pouvaient prendre place où ils le souhaitaient. Minerva chercha du regard son partenaire et eut un sourire en le voyant la rejoindre.
- Déjà assisté à un mariage sorcier ? demanda-t-il en rajustant son gilet lorsqu'il s'assit.
Minerva secoua la tête.
- Mais mon père est pasteur, informa-t-elle, et peut-être que ce n'est pas si différent des mariages moldus.
Fleamont rejoignit le responsable de cérémonie, soudain beaucoup moins loquace que tout à l'heure. Son témoin était un jeune homme que Minerva ne connaissait pas. Elle se demanda si Jimmy aurait eu cet honneur s'il avait encore été vivant. Elle devina très rapidement que la mariée arrivait en entendant les soupirs. Minerva roula des yeux et se tourna. Euphemia était effectivement resplendissante, mais il ne fallait pas non plus exagérer et se fendre en murmures émouvants. La future Potter était vêtue d'une robe blanche évasée vers le bas et arrivant jusqu'à mi-mollets. De la fine dentelle ornait son col croisé sur l'avant et son bouquet de fleurs sauvages apportait une touche de lumière vive sur la pureté de son ensemble.
Le maître de cérémonie porta sa baguette à sa gorge et amplifia le son de sa voix. Puis, après quelques mots de bienvenue, il s'adressa à la première rangée des invités :
- Madame Alphina Potter ? Je vous en prie.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? chuchota Minerva en voyant la mère de Fleamont se lever, un ruban rouge à la main.
Devant le silence interrogateur de Lewis, Holly leur répondit :
- C'est le déroulé de la cérémonie. Treize membres de la famille et proches doivent nouer un ruban de couleur autour de leurs poignets avant de prononcer les vœux.
- Un ruban ?
Holly lui fit signe de prêter attention à la cérémonie et Minerva obéit, intriguée.
- Le rouge de la passion, déclama le maître tandis qu'Alphina finissait le premier nœud, puissiez-vous la vivre éternellement.
- Argh, commenta Minerva provoquant un rire étouffé de la part de Lewis.
Puis ce fut au tour de Madame Prewett de se lever et d'attacher un ruban jaune.
- La confiance, continuait le maître, puissiez-vous en savourer chaque moment.
Les rubans s'enchaînèrent un à un, le vert -la prospérité-, le bleu de la sincérité, l'argent des valeurs, le gris de l'apaisement, le blanc de la paix ou encore le noir du succès et de la sagesse. A la fin, Minerva avait l'impression que tous ces rubans leur coupaient la circulation du sang. Apparemment non, puisqu'ils souriaient tous les deux tout aussi niaisement. Le maître de cérémonie prononça des mots de recueillement, durant lequel un long silence plana, Fleamont et Euphemia se regardant les yeux dans les yeux. Minerva s'empêcha de se tortiller sur sa chaise, consciente que ce moment leur était précieux. Enfin le maître reprit la parole et l'esprit de Minerva se mit à gambader autour d'elle. Tous les convives écoutaient dans un silence religieux, certains la larme à l'œil, tandis que les deux élus s'échangeaient leurs vœux. Elle songea à Dougal qui semblait vouloir prendre le même chemin que son ami, et se marier pour fonder une famille. Elle retint une grimace à cette pensée. Il était à peine plus âgé et souhaitait déjà s'engager, ou plutôt selon Minerva, s'enchaîner -mais cela, c'était une autre histoire. Après le mariage, suivaient les enfants, et cela, la jeune fille en avait des frissons. Accoucher, ou subir le regard de la société. Quitte à lui faire face, Minerva préférait ne pas se marier du tout. La solitude lui allait plutôt bien. Il était tellement plus facile de refouler ses sentiments plutôt que de les délivrer à quelqu'un sur un plateau d'argent. Se mettre à nu n'était pas chose aisée, et Minerva se sentait plus en sécurité à protéger ses états d'âme enfermés à double tour.
- A quoi tu penses ? murmura Lewis à son oreille.
- A la meilleure stratégie pour exploser les Serpentard l'année prochaine, répondit aussitôt Minerva.
Lewis pouffa.
- Cela te ressemblerait bien, mais je ne te crois pas.
Il n'insista pas et de toute façon n'aurait pas pu car les convives se mirent à sortir leur baguette et jeter des sortilèges de toutes les couleurs lorsque les Potter s'embrassèrent. Minerva sortit la sienne et émit une nuée rouge dans le ciel.
***
La nuit était tombée. Le repas achevé. La musique lancée.
Minerva frissonna : elle avait eu beau supplier dans sa tête tous les invités à ne pas aller sur la piste de danse, rien n'y avait fait. Fleamont et Euphemia s'étaient élancés, magnifique couple amoureux qu'ils formaient, et d'autres avaient suivi. Lewis, qui partageait sa table avec elle et d'autres convives, ne semblait pas prêt à lui proposer une danse -ou alors il était assez galant pour ne pas le faire. Bref, Minerva ne bougeait pas d'un pouce dans l'espoir de se fondre dans le paysage. Elle entendit les raclements de la chaise de Lewis alors qu'il se rapprochait d'elle, une tartelette au citron à la main.
- Tu m'as l'air à l'aise, dis-moi, se moqua-t-il en engloutissant la pâtisserie.
- Très drôle, je...
- Eh Minerva !
Fleamont approchait, tout sourire. Apparemment il était parvenu à lâcher sa femme, à laquelle il était restée engluée toute la soirée.
- Tes yeux ne se sont pas noyés dans ceux d'Euphemia ? ironisa Minerva en portant sa coupe de jus de groseille aux lèvres.
- Tu le ferais si tu étais moi, soupira rêveusement Fleamont.
- J'ai de la chance de ne pas l'être, alors. Le monde fait bien les choses, non ?
Lewis ricana et l'ancien Gryffondor roula des yeux.
- Cela suffit maintenant, tu me dois une danse.
- Ah bon ?
Minerva se redressa, se sentant prise au piège. Fleamont lui attrapa la main.
- Mais oui, pour avoir été une plaie durant tout mon capitanat avec toi en joueuse, certifia-t-il. (Il s'adressa à Lewis) Je te la rends juste après !
- Non, non je t'en prie Fleamont, paniqua Minerva en se faisant traîner vers son enfer personnel. Lewis ! appela-t-elle.
Par Merlin, si Fleamont n'avait pas été le marié de la soirée, elle l'aurait frappé sans hésitation. Soudain, quelqu'un attrapa son autre main libre : c'était Lewis. Il avait l'air gêné, mais ce fut avec un sourire qu'il s'adressa à Fleamont :
- Désolé, c'est ma cavalière et nous n'avons pas encore eu de première danse... Tu permets ?
Fleamont eut un grognement de dépit, sûrement déçu de ne pas faire subir à son amie ce qu'elle détestait le plus au monde, et lui lança un regard d'avertissement :
- Tu ne t'en sortiras pas comme ça !
Et il abandonna Minerva, main dans la main avec Lewis, au milieu de la piste de danse.
- Lewis, tu sais...
- Ouais, coupa le Serpentard avec un sourire, je sais. Fleamont ne regarde pas, on s'enfuit ?
Minerva fut la première à faire un pas, loin, très loin de tous ces gens qui remuaient leur corps dans tous les sens. Lewis tentait de ne pas rire de son malaise, et Minerva se rendit à peine compte qu'ils se tenaient toujours la main. Alors qu'ils s'éloignaient de la tente, l'ambiance était moins étouffante, plus calme et apaisante. La pleine lune éclairait leur pas et ils se dirigèrent d'un commun accord vers le fond du jardin.
- Ce n'était pas si différent d'un mariage moldu, finalement, nota Lewis en s'asseyant dans l'herbe.
Leur main s'étaient lâchées, mais leurs épaules se frôlaient. Gênée par le soudain silence qui s'installait entre eux, Minerva rajusta sa jupe sur ses jambes, attirant le regard du Serpentard.
- Elle te va bien, fit-il remarquer.
- Ouais... tu l'as déjà dit.
- Je n'ai pas le droit de te complimenter une deuxième fois ? s'amusa Lewis en plissant les yeux, chose qu'il faisait souvent dès que Minerva agissait de manière maladroite.
- Si, enfin... merci, éructa difficilement Minerva, les joues rouges d'embarras.
Pourquoi ne pouvait-elle pas se contrôler, par Merlin ?
- Tu te rappelles la fois où tu m'as conseillé de me faire des amis au lieu de tout garder pour moi ? reprit Lewis d'une voix douce.
Minerva acquiesça. C'était quand il leur avait avoué, à elle et Alan, les raisons de ses recherches sur Jedusor, qu'il accusait d'avoir tué son frère. Une période durant laquelle elle se méfiait encore de lui, où elle ne préférait pas lui partager tout ce qu'elle savait sur Jedusor. Amusant comment après tant de mois, elle agissait de manière identique mais pour des motifs différents.
- Tu avais raison, ça fait du bien aussi de ne pas travailler seul.
- Lewis, soupira Minerva, on avait dit qu'on ne parlerait pas de lui...
Elle était franchement de moins en moins à l'aise à aborder ce sujet, surtout depuis leur visite chez Jimmy. Lewis leva une main apaisante.
- Je le sais. Je voulais juste...
Il s'interrompit et sembla chercher ses mots. En le regardant, Minerva se rendit compte qu'il avait sur son visage une expression troublée.
- Ces moments qu'on a passé ensemble... pas ceux où nous enquêtions, les autres.
Minerva songea au Lewis qui était venu chez elle, qui avait bu de la citronnade à ses côtés, et elle sentit son estomac faire des loopings.
- J'ai apprécié ces moments, reprit Lewis d'un ton plus bas, et... j'aimerais beaucoup que nous passions plus de temps ensemble, si tu en as envie.
Minerva le regarda. Plus de temps ? Il voulait la voir plus souvent ? Cela lui allait, elle en serait même ravie. Elle plongea ses prunelles dans celles de Lewis. A moins que...
- Tu veux dire..., fit Minerva d'une voix qui ne semblait pas lui appartenir. Plus que partenaires ? Que camarades ? Enfin, bredouilla-t-elle en secouant la tête pour s'éclaircir les idées, autre que amis ? Parce que...
- Et si je t'embrassais ? coupa Lewis avec des yeux attentifs à la moindre réaction de la jeune fille.
Minerva s'empêcha d'ouvrir la bouche : elle risquait de s'humilier encore plus en gargouillant des stupidités. Elle vit le visage de Lewis se rapprocher tout doucement, comme pour lui laisser le temps de s'écarter si elle refusait. Son cerveau tournait à plein régime. Ils allaient vraiment s'embrasser ? Et après que se passerait-il ? Ils seraient... en couple ? Et comment cela fonctionnait-il ? Il faudrait se voir régulièrement ? Serait-elle gênée par leur changement de relation ?
Fichu cerveau, arrête de penser ! Dans un élan de courage, elle approcha son visage et déposa ses lèvres sur celles du Serpentard. Aussitôt qu'elle lâcha le contrôle sur sa raison, ce fut comme si elle n'était plus elle-même et qu'une autre Minerva avait pris les rênes de son corps.
Les lèvres de Lewis étaient douces, à la fois patientes et pressantes. Ce n'était pas comme ce que s'était imaginé Minerva. Pas désagréable, pas agréable. Juste différent. Elle n'était pas habituée à ce que ses lèvres soient touchées ainsi par quelqu'un d'autre et cela lui procurait une sensation étrange. La main de Lewis vint agripper le haut de sa mâchoire pour approfondir le baiser et Minerva sentit ses papillons au ventre s'affoler.
Quand ils rompirent le baiser, Minerva cligna des yeux et sa raison reprit le dessus sur ses sentiments. Elle rougit furieusement en baissant les yeux.
- Je ne te l'ai pas dit jusque-là mais je trouve cela extrêmement amusant de te voir réagir ainsi.
Elle le frappa d'un coup de poing sur l'épaule.
- Ferme-la, Rollin, maugréa-t-elle alors qu'il éclatait de rire.
Et Minerva se surprit à sourire avec lui.
* Cranachan : un dessert écossais composé de crène fouettée, de miel, de framboises et de flocon d'avoine grillés trempés dans du whisky !
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