Chapitre 22 : L'entrée en Grace

Hello !

Bon je suis actuellement à un mariage d'une amie alors j'ai préparé cette mise en page en avance pour vous le poster le bon jour (si j'ai bien compris le système de post en différé), c'est une des têtes de l'hydre qui a publié pour moi (serait-ce Cazo ? Perri ou Anna ? A l'heure où j'écris je ne sais pas encore, qui va se dévouer le suspense est à son cooomble bref). Merci à elle en tout cas !

Je viens de capter que j'ai toujours pas trouvé de titres pour les prochains chapitres, du coup je me creuse la cervelle pour en dégotter un. On continue dans ce chapitre avec ce merveilleux été, le retour à Poudlard, c'est pas pour tout de suite !

Un grand merci à tous pour vos commentaires, comme d'habitude c'est un vrai bonheur !  *-*

Bonne lecture !

NOTE DE ANNA : Mouhahah si vous croyez que je vais pas mettre mon grain de sel alors que c'est moi qui suis chargée de poster, vous avez tort ! Bon en vrai j'ai pas lu le chapitre, mais je ne doute pas de sa qualité. Déjà, le titre est trop stylé, on note le jeu de mot ! Et ensuite... hum est-ce que j'ai une anecdote sur Clem ? Ouais! Elle imite super bien le pigeon, vous verriez ça c'est incroyable ! Elle roucoule comme personne ^^ Et elle pleure au mariage !  Allez c'est tout pour moi ! Enjoy ! 

Chapitre 22 : L'entrée en Grace

- ... choses étranges oui oui, depuis longtemps. Toutes ces lumières, beaucoup étaient rouges.

- Pourquoi avoir décidé de témoigner seulement aujourd'hui alors ? Cela fait déjà plus de trois ans que votre voisin M. Thomas est décédé dans des circonstances mystérieuses...

Le son de la conversation à la télévision parvenait aux oreilles de Minerva qui était assise à la table de la cuisine des Vendrars. Elle se leva d'un bond et se rendit dans le salon, où le poste de télévision crachotait une interview de la BBC qu'Alan avait abandonné quand sa mère l'avait forcé à ranger sa chambre « sans aide de ton amie qui n'est pas là pour ça ! ».

En reconnaissant la femme qui parlait d'une voix empressée, Minerva s'arrêta net comme frappée par la foudre. Elle avait reconnu sans peine la voisine de Jimmy, Polly Gardner, son regard inquiet qui s'était posé sur elle lorsqu'elle s'était rendue chez son ami et qui désormais virevoltait partout autour d'elle, agité.

- Le jeune Jimmy n'était qu'un cas isolé. Ce qu'il s'est passé, tous ces morts en février dernier... C'est exactement pareil !

- L'enquête a été claire pourtant, répondit le journaliste alors que Minerva s'affalait sur le canapé, les jambes coupées. Ce sont des fuites de gaz qui ont été à l'origine de ces malheureux décès, or vous nous parlez de lumières rouges et de toutes les couleurs... C'eût été la période nous aurions pu croire à des décorations de Noël !

Minerva vit très clairement le regard de Mme Gardner vriller. Elle serra ses petits poings et le fixa d'un air furieux.

- Vous croyez que je suis folle, mais je sais ce que j'ai vu ! Des éclairs dans tous les sens et soudainement l'obscurité. Et trois ans plus tard, de nouvelles morts en masse et personne n'explique rien ! Mais que fait M. Churchill ?

Le journaliste ne répondit pas et se pencha sur ses notes.

- Il est noté ici que vous prenez des calmants. En avez-vous pris récemment ?

Polly Gardner parut prise de cours. Elle cligna des yeux et bredouilla :

- Je... Oui... Enfin, pas aujourd'hui. Mais lorsque j'en prends c'est parce que je ne parviens pas à dormir, avec tout ce qui se passe, c'est tout.

- Mais vous en preniez déjà lorsque votre voisin M. Thomas est décédé ?

Gardner se recroquevilla sur sa chaise.

- J'avais perdu mon mari deux mois auparavant, le médecin m'a prescrit des calmants pour m'aider à mieux dormir...

- Mes condoléances. Pensez-vous que ces médicaments aient pu altérer votre perception des évènements ?

- Non !

Le cri véhément de Gardner surprit le journaliste qui, après un léger sursaut, griffonna quelque chose sur son carnet.

- Qu'avez-vous écrit ? demanda la femme d'une voix inquiète.

Le journaliste ne répondit pas et Polly gigota de frustration.

- Monsieur, je ne suis pas folle. Je sais ce que j'ai vu. Je vous le jure, il se passe des choses étranges dans le pays. Monsieur, qu'avez-vous écrit ?

L'homme releva les yeux avec un sourire empli de pitié.

- Vous avez bien dit que vous n'aviez pas pris vos calmants aujourd'hui ?

Le silence de son interlocutrice répondit à sa place et l'interview s'acheva. Minerva éteint la télévision. Les auditeurs avaient sûrement décidé que Polly Gardner était une femme addictive aux médicaments depuis la mort de son mari -la pauvre femme- et qu'elle délirait complètement. Les autres, comme Minerva, qui connaissaient le monde magique, savaient pertinemment qu'elle avait découvert un univers parallèle, sans pouvoir cependant mettre le doigt dessus. Pas d'inquiétude en revanche sur le Secret Magique : Minerva savait qu'il y avait une équipe qui analysait heure après heure tous les journaux et désormais les émissions de télévisions à la recherche de la moindre faille magique chez les moldus. Des Oubliators allaient sûrement sonner chez Mme Gardner et lui effacer la mémoire dans la plus grande discrétion.

Alan descendait les escaliers, surveillant les environs.

- Elle est où ma mère ?

- Dans le potager. T'as fini de ranger ta chambre ? demanda Minerva avec un sourire narquois.

Alan lui fit la grimace.

- Il y avait trop de choses, j'en ai caché sous le lit.

- Et utiliser la magie ça ne t'est pas venu à l'esprit ?

Alan jura.

- Rappelle-moi que la majorité c'est plus tôt chez les sorciers, du moins en Angleterre. Et rappelle-moi que je suis sorcier aussi, même dans ma maison. Bon ça en est où tes recherches de robe pour le mariage de Fleamont ?

- Ne m'en parle pas, soupira Minerva, j'ai dû l'annoncer à mes parents et ma mère me harcèle depuis pour que l'on aille faire les magasins ensemble.

- Elle sera ravie de t'offrir une robe à volants et nœuds, ricana Alan et la rejoignant sur le canapé. Pousse-toi un peu, tu prends toute la place.

Minerva obéit après lui avoir donné un coup de coude.

- Dis, Cora n'aurait pas une robe à me prêter par hasard ?

- Cora ? Une robe ? s'esclaffa Alan. Elle a vendu les rares dont elle disposait. A un prix exorbitant si tu veux tout savoir.

- Tu parles, des vêtements venant tout droit de la demeure Greengrass ... Ça l'arrange bien d'être de la famille pour le coup, hein ?

Alan haussa les épaules.

- Bien sûr. Elle n'allait pas revendre ces robes au premier venu juste parce qu'elle s'éloigne de sa famille. Si elle peut profiter de la notoriété de ses ancêtres pour empocher le gros lot, elle ne se gênera pas, crois-moi. Et puis, elle a besoin de cet argent.

- Elle a réussi à conclure un marché avec ses parents, d'ailleurs ?

Le refus de Cora d'être la marraine de son neveu avait provoqué la colère chez son frère aîné Wilbert et sa femme. Celle-ci, qui n'avait apparemment jamais apprécié sa belle-sœur, avait insisté pour que Cora quitte définitivement la maison. Cela n'aurait pas dérangé la Serpentard si elle n'avait pas eu autant besoin d'argent. Ses médicaments contre sa maladie représentaient un gros budget qu'elle était incapable de rassembler par elle-même. Ses parents, quant à eux, se refusaient à provoquer un scandale, eux qui avaient tant réussi à sauver les apparences jusqu'à lors. Cora était incontrôlable et ils le savaient. Elle n'hésiterait pas à abattre un à un les membres de sa famille en les accusant devant toute la communauté sorcière de l'avoir condamnée à subir sa maladie après avoir espéré sa mort à un âge très bas. Alan, comme Minerva, doutaient qu'elle en fut réellement capable. Elle n'appréciait pas sa famille, mais même ce désamour n'oserait pas jeter dans l'opprobre son premier neveu. Cora, c'était un bloc d'argile sèche : solide en apparence, mais friable dès que l'on grattait la surface.

- Cora a interdiction de retourner dans sa maison, répondit Alan. J'ai bien essayé de lui faire comprendre qu'elle était la bienvenue ici, mais elle refusé net. Elle a promis de ne pas répandre des horreurs sur sa famille et en échange, ses parents lui paient son traitement. Elle n'a pas le choix, mais elle déteste cette situation, avoua-t-il. Dépendre de sa famille pour sa santé...

Minerva pouvait bien imaginer combien cela devait la mettre en rogne.

- Elle vit où actuellement ?

Alan ne répondit pas tout de suite, et son amie put apercevoir l'ombre d'un agacement passer sur son visage.

- Elle a été embauchée au Chaudron Baveur. Elle y travaille cet été en échange d'une chambre et d'une pension alimentaire.

- Dans son état... ? s'étonna Minerva en se rappelant de la fois où la Serpentard s'était à moitié effondrée sur elle dans le couloir qui menait à l'infirmerie.

- Exactement ! s'exclama Alan en frappant un coussin du poing. J'ai essayé de lui dire mais elle n'a rien voulu entendre. Nous nous sommes disputés la dernière fois que nous nous sommes vus.

- Ne t'en fais pas, tenta de le rassurer Minerva même si elle était également inquiète, elle n'est pas stupide, si elle sent qu'elle ne va pas bien elle s'arrêtera.

Alan leva un regard sceptique.

- Elle n'est pas stupide, mais elle est butée. Si jamais son patron venait à apprendre qu'elle a des problèmes de santé, il la renverrait, et ça, Cora se le refuse.

- Alors quoi ? Marcher jusqu'à en crever, c'est ça qu'elle veut ?

- Il y a une chose qu'il faut comprendre chez Cora, répondit Alan d'une voix meurtrie. Elle se dit condamnée de toute manière. Alors marcher jusqu'à en crever lui semble une meilleure solution qu'attendre patiemment la fin.

Minerva comprit qu'il n'y avait là pas lieu de débattre. Elle-même en y réfléchissant bien, doutait d'être capable de rester inactive jusqu'à ce que mort s'ensuive. Ce qu'elle comprenait moins en revanche, c'était que Cora ne parvienne pas à appréhender la douleur d'Alan, voire même à la remarquer. Sa propre vie ne comptait peut-être pas pour elle, mais elle comptait pour d'autres.

Très vite, elle comprit que son ami n'avait plus le cœur à discuter, aussi elle le laissa après une dernière pression de sa main sur l'épaule, puis rentra chez elle.

Sa mère l'attendait dans le salon, le sourire aux lèvres. Elle désigna d'une main gracieuse un long paquet qui ne pouvait contenir qu'une seule chose : la robe maudite. Minerva n'osa pas se plaindre devant l'enthousiasme de sa mère, mais sa pire crainte, celle qu'Isobel fasse son achat sans elle, s'était réalisée. Merlin seul savait quelle immondice se cachait sous ce papier.

- J'ai trouvé ta robe, annonça inutilement Isobel. Je n'arrive pas à croire comment j'ai pu l'oublier, c'était l'évidence même !

Malheureusement, ce qui était évident pour sa mère ne l'était généralement pas pour sa fille. Elle eut le vif souvenir de la robe cintrée bleu ciel, sur laquelle Isobel avait dressé des louanges qui n'étaient selon Minerva, pas méritées. Elle se força à sourire et s'approcha du paquet qui l'attendait sagement. Elle aurait aimé le déballer seule dans sa chambre, car elle n'était pas sûre de pouvoir simuler de la joie devant sa mère, trop perspicace pour noter quand quelque chose n'allait pas. Prenant son courage à deux mains, elle souleva le couvercle et... resta sans voix. La première chose qu'elle remarqua, ce fut que la robe n'était pas bleue. La seconde, que ce n'était absolument pas le style vestimentaire de sa mère.

- Par Morgane, mais où as-tu trouvé ça ?

- Elle te plaît ? demanda plutôt Isobel, ravie de son effet.

Minerva n'avait jamais pu imaginer apprécier de regarder une robe, et pourtant, c'était ce qu'elle faisait. Après examen, elle constata que l'habit était en fait une longue jupe accompagnée de sa veste au long col noir et aux attaches dorées. Minerva aimait tout particulièrement le motif de l'ensemble : un tartan rouge et noir, aux fines rayures d'or.

- La chemise est juste en-dessous, fit remarquer sa mère.

Elle tira une chemise d'un blanc immaculé dont le col rond remontait à mi-cou, au grand soulagement de Minerva.

- Elle était dans la remise, dit Isobel en répondant enfin à la question de sa fille.

- Dans la remise ?

Sa mère eut un doux sourire.

- Cela appartenait à ton arrière-grand-mère. C'est d'elle que tu tiens ton prénom. Elle m'avait donnée cette robe mais je ne l'ai jamais portée. Cela n'a jamais été de mon goût, ajouta-t-elle d'un ton un peu triste. Tu veux bien l'essayer ? Je ferai quelques retouches s'il le faut.

De bonne grâce, et parce qu'elle devait bien avouer qu'elle trouvait la robe magnifique, elle monta dans sa chambre et entreprit un habillage plus ardu que celui des uniformes de Poudlard. Le tissu était rêche et rigide, mais cela n'étonnait pas Minerva : l'âme du tartan se couplait au piquant du chardon. Elle descendit avec précaution les escaliers, essayant de ne pas se prendre les pieds dans le lourd tissu. Incroyable mais vrai, son arrière-grand-mère semblait avoir été plus grande qu'elle à son âge.

Son père était de retour à la maison et lorsqu'il se tourna vers elle, ses sourcils filèrent si haut sur son front qu'ils semblèrent disparaître.

- Par tous les Saints..., murmura-t-il, en voilà une belle écossaise.

Isobel battit des mains, les yeux brillants.

- C'est parfait ! se réjouit-elle. Il faudrait raccourcir le bas et recoudre plus fermement les attaches, mais cette tenue te va à ravir !

- Je vais avoir chaud là-dessous, non ? s'inquiéta tout même Minerva qui sentait déjà la chape de plomb s'abattre sur sa peau.

- Vous ne pouvez pas régler cela avec votre, heu, magie ?

Les deux femmes se retournèrent vers Robert, la personne la moins susceptible de proposer l'usage de la magie sous son toit. Isobel finit par répondre alors que Minerva souriait à son père, heureuse qu'il fasse l'effort de s'ouvrir à leur monde :

- Si, si, bien sûr, il y a toujours un sort pour tout. Je te ferai la couture à la main, chérie, tu me laisses le vêtement je te prie ?

Minerva savait que sa mère avait développé une passion pour la couture moldue. Elle s'asseyait dans son fauteuil usé, chaussait une paire de lunettes et pouvait passer sa journée entière le nez dans son travail.

- Alan a trouvé sa tenue, lui ? demanda Robert en rangeant les légumes du champ dans le frigo.

- Alan ?

Robert et Isobel relevèrent la tête.

- C'est bien avec Alan que tu y vas, non ? fit sa mère en haussant un sourcil.

Minerva se sentit devenir aussi rouge que son tartan.

- Minerva devenue muette, j'aurais apprécié le moment s'il n'était pas question d'un garçon..., dit Robert en s'approchant, l'air sévère. C'est qui ce jeune homme ?

- Oh papa, je t'en prie, râla Minerva alors qu'elle commençait à avoir extraordinairement chaud sous sa jupe. On peut en parler plus tard ? Quand je me serai changée par exemple ?

- Sûrement pas jeune demoiselle, l'arrêta Robert. Alors ? On le connaît ? C'est Dougal ?

- Dougal ? s'exclamèrent Minerva et Isobel d'une même voix.

Cette dernière ajouta :

- C'est qui ce Dougal ?

- C'est personne, répliqua Minerva avant de se tourner vers son père. D'où il sort, lui ?

Robert leva les mains devant lui.

- Tu n'as pas vu ? Il vient d'aménager dans le village, son père et lui ont racheté le champ voisin. Bon, étant donné que ce n'est pas Dougal, qui est-ce ?

Minerva s'abstient de dire que cela aurait été complètement stupide d'amener un moldu à un mariage sorcier et elle croisa les bras, l'air bougonne.

- C'est quelqu'un de l'école. On y va en ami, c'est tout.

Robert renifla d'un air sceptique.

- On peut avoir un nom ?

- Tu veux aussi la profession des parents ? ironisa Minerva avant de capituler sous le regard flamboyant de son père : il s'appelle Lewis. Je peux y aller maintenant ?

- Il est respectable ce garçon ?

- Si tu as peur qu'il lui fasse du mal, intervint Isobel avec un sourire amusé, je pense que tu te poses la mauvaise question. Est-ce qu'il a ce qu'il faut pour tenir tête à Minerva, là on peut se le demander. Crois-moi, à la moindre erreur, ta fille n'en fera qu'une bouchée.

Robert plissa les yeux à l'encontre de Minerva, l'air de réfléchir si oui ou non elle en aurait les tripes. Décidant sûrement que oui, il la pointa du doigt et annonça d'une voix ferme :

- Je veux voir ce jeune homme avant que vous alliez au mariage.

Minerva ne chercha même pas à lui faire comprendre qu'ils n'étaient pas ensemble. Ce qu'elle devait déjà savoir, c'était si Lewis l'accompagnait ou non au mariage. Après leur dispute, elle en doutait légèrement. Elle monta se changer, remettant avec soulagement des vêtements plus légers lorsque soudain, un hibou surgit de sa fenêtre ouverte et atterrit sur son bureau. La chouette encre de Minerva hulula de mécontentement et s'avança de manière menaçante. Sa maîtresse la laissait souvent hors de sa cage parce qu'elle avait généralement un bon comportement, mais elle supportait rarement ses congénères quand elle ne les connaissait pas.

- Bonnie, arrête, réprimanda Minerva.

Elle se rappelait que lorsqu'elle avait choisi ce nom en hommage au Bonnie prince Charlie, Alan avait roulé des yeux et soupiré devant son chauvinisme régional. Minerva prit la lettre et offrit à manger au jeune hibou. La lettre venait de Grace Mallony qui se demandait si les cours particuliers de Quidditch étaient toujours valables pour cet été. Elle lui proposait de venir dès maintenant si elle était libre, aussi Minerva écrivit une courte missive pour lui annoncer sa venue et se changea à nouveau pour des vêtements plus confortables. Faire du Quidditch lui éclaircirait les idées quant à ce qu'elle devait faire avec Lewis.

Sa mère lui demanda de rentrer pour le dîner et Minerva sortit, son balai en main et un coffre de balles de Quidditch dans l'autre. A quelques centaines de mètres, leurs nouveaux voisins s'affairaient à leur déménagement. Elle reconnut sans peine malgré la distance la haute stature de Dougal McGregor. Celui-ci se redressa et lui fit un signe de main auquel elle répondit par un étrange mouvement de bras avec son balai. Elle grogna et longea la maison jusqu'à atteindre la route, à l'abri des regards. Là elle sortit sa baguette et appela le Magicobus qui surgit en un instant dans un concert de klaxons et de crissements de pneus. Heureusement que les moldus étaient incapables de le voir ni de l'entendre...

- C'est pour aller où ? demanda le contrôleur.

- Heu, Beacon Hill, High Hauxley, lut Minerva en déchiffrant l'écriture serrée de Grace.

Le contrôleur siffla.

- Ça fait une trotte ça !

- Quand on habite autant au nord de l'Ecosse, tout est loin de toute façon, répliqua le chauffeur.

- Cela évite que des Anglais comme vous viennent fouiner dans nos affaires, protesta Minerva qui était ravie de son petit coin de campagne écossaise.

- Touché, fit le contrôleur. Mais monte et arrête de râler sinon on te laisse ici. Ça fera onze Mornilles je te prie. A moins que tu veuilles une brosse à dents en plus ? Tu choisis la couleur. Ça te ferait quinze Mornilles.

- Ça va aller, merci.

Elle grimpa dans le bus et s'empressa de s'asseoir avant qu'elle ne soit projetée à travers le couloir. Le trajet prit une heure, et lorsqu'elle descendit, elle fut surprise de la bouffée d'odeur iodée qui lui parvint aux narines. Elle ne pouvait pas voir la mer au loin, mais elle était persuadée que si elle continuait à pied, elle atteindrait le bord de la falaise, les flots tout en bas.

- Je croyais que le Magicobus était rapide.

Minerva pivota sur elle-même pour trouver Grace en tenue de sport, perchée sur une rambarde qui délimitait le champ dans son dos de la route. Plus loin derrière elle, se tenait une ferme, sûrement celle de sa famille.

- J'habite tout au nord de l'Ecosse, expliqua Minerva.

Grace était vêtue d'un ample T-shirt de son ancienne école d'Atlanta qu'elle avait rentré dans un short.

- Viens, lui fit Grace en descendant de la palissade côté champ, on sera à l'abri des regards derrière la maison.

Minerva lui tendit ses affaires avant d'escalader la barrière. Grace lui rendit le balai mais garda de bonne grâce le coffre. Elle s'éclaircit la gorge.

- Merci d'être venue, au fait.

Minerva haussa les épaules, balayant ses mots. L'entraînement lui permettait de se vider la tête, de ne pas penser à Lewis ni à la possible conversation avec son père le concernant.

- Mon père n'est pas à la maison, signala Grace alors qu'elles s'approchaient du perron, mais ne t'en fais pas quand il rentrera, il a l'habitude de me voir voler sur mon balai.

- Et les moldus dans tout ça ?

- Les plus proches voisins habitent au bord de la falaise et un bois nous cache des autres. Après toi.

Minerva entra dans la maison et fut frappée par l'étagère dans l'entrée remplie de coupes et de médailles.

- C'est mon père, expliqua Grace avec une pointe de fierté dans la voix en voyant le regard surpris de sa camarade. Il jouait dans l'équipe de baseball d'Atlanta à l'université d'État. Lui et son équipe ont remporté plein de championnats. C'est lui qui m'a entraînée, il espérait que j'aille moi aussi là-bas.

Avant que sa femme ne décède, termina Minerva dans sa tête. Elle n'osait imaginer combien il avait dû être difficile pour cette famille amputée de s'arracher de ses racines pour s'implanter de l'autre côté d'un océan. Minerva faillit rentrer dans Grace quand celle-ci s'arrêta brusquement dans le salon.

- Tu es déjà rentré ?

Minerva s'écarta pour voir à qui elle s'adressait. Il y avait un homme, avachi sur le canapé, une main dans un sachet de chips, une autre tenant une canette de bière. Une barbe de plusieurs jours lui mangeait une mâchoire qui semblait avoir été par le passé solide, mais qui désormais s'affaissait. Sa stature indiquait qu'il passait plus de temps assis à grignoter qu'à s'activer. Pourtant, Minerva n'eut aucun mal à deviner que c'était le père de Grace qui se tenait devant elle, ou plutôt l'ombre de son père. Celui-ci détourna ses yeux vitreux de la télévision et regarda les deux jeunes filles. Grace paraissait proprement honteuse.

- Je croyais que tu allais faire les courses ? continua-t-elle d'un ton de reproche.

- Excuse-moi ma chérie, j'ai oublié...

Il articulait normalement, montrant ainsi qu'il n'avait pas abusé de l'alcool. Il semblait juste s'être abandonné.

- Je vais y aller.

Le père amorça un geste pour se lever mais Grace le coupa :

- Laisse tomber, j'irai demain.

Et elle s'éloigna à pas furieux mais non sans que Minerva note son visage blessé. Elle mit quelques secondes à se rendre compte qu'elle était seule avec le père de Grace qui la regardait d'un air curieux. Il avisa son balai du menton.

- Vous venez jouer au Quidditch, c'est ça ?

Minerva hocha la tête.

- Je vais l'entraîner, pour qu'elle intègre l'équipe à la rentrée.

- Ah, c'est vous la capitaine ? C'est gentil à vous de venir. Carwood Mallony, se présenta-t-il, le père de Grace.

Minerva lui serra la main qu'il lui tendait. Sa poignée était ferme, signe qu'il restait des cendres de l'homme qu'il avait été par le passé.

- Minerva McGonagall. Elle est douée apparemment, comme vous.

Elle n'osa pas ajouter « auparavant », mais le regard de M. Mallony se vida encore plus et alla errer sur la console de la télévision où Minerva remarqua une photo représentant un couple souriant. L'homme était sans hésitation le père de Grace dans sa jeunesse. Des yeux brillants, des muscles saillants et une posture confiante. Des détails que Minerva ne put s'empêcher de comparer à ceux d'aujourd'hui. A côté de Carwood Mallony, se tenait une femme, qui portait une ressemblance flagrante avec Grace. Sa mère, devina Minerva, Alma Mallony. Ce qui l'a surpris, ce furent les vêtements sportifs ainsi que la batte de baseball qu'elle tenait à la main. Le père n'avait donc pas été le seul à avoir été joueur de baseball. Avec un malaise grandissant, Minerva laissa Carwood se perdre dans les souvenirs de la photo, et sortit rejoindre sa camarade. Grace était en train de fouetter l'air avec sa batte de baseball. Elle se retourna en entendant Minerva approcher. Avec ses cheveux blonds hérissés dans tous les sens, sa petite taille et sa batte en main, celle-ci ne put s'empêcher de faire un parallèle avec Mme Mallony.

- Il n'est pas alcoolique.

Minerva cligna des yeux et sortit de ses pensées pour s'attarder sur les mots de Grace.

- Pardon ?

- Il n'est pas alcoolique, répéta la jeune fille sur un ton défensif. Il ne sait juste pas quoi faire.

Minerva leva les mains.

- Je ne le pensais pas. Pose ta batte, on va commencer sans.

- C'était un grand joueur, continua Grace néanmoins en déposant sa batte comme ordonné, il s'est laissé aller mais il va se reprendre en main.

- D'accord, répondit laconiquement Minerva bien qu'elle songeât que cela faisait sûrement trois ans qu'il était dans cet état-là, trois ans depuis la mort de sa femme.

Grace sembla se détendre face à la simplicité des mots de la capitaine. Peut-être, avait-elle eu peur qu'elle ne critique son père, ou ne lui fasse remarquer qu'il détruisait sa vie. Mais Minerva ne considérait pas cela comme étant ses affaires, et Grace devait déjà être au courant de la gravité de la situation. Après tout, elle vivait avec lui. Minerva n'avait aucune leçon à donner.

- Echauffe-toi, surtout les bras et le dos. Tu n'aurais pas des balles classiques pour commencer ?

- Va regarder là-bas, répondit Grace en désignant un coffre le long du mur de la maison, choisis les balles que tu veux utiliser.

Minerva y reconnut un ballon de football, ainsi que des balles de tennis et, mêlées à celles-ci, des balles de baseball. Elle en attrapa quelques-unes, regrettant tout de même ne pas avoir trouvé de balles plus grosses, mais moins que celle du football. Elle prit ce dernier et les ramena face à une Grace qui s'étirait.

- Si tu te sens assez échauffée, va faire quelques tours sur ton balai, je veux voir comment tu te débrouilles.

Elle savait déjà que Grace était douée sur un balai, mais également dans les tirs de batteuse. Le problème résidait dans la coordination des mouvements. Les minutes qu'elle passa dans les airs lui confirma qu'elle était relativement à l'aise ; il y avait plus symbiotique, mais cela suffisait. Elle la fit descendre pour ensuite lui lancer les balles de baseball qu'elle avait enchantées afin qu'elles reviennent à ses pieds par elles-mêmes. Encore une fois, Grace n'avait aucune difficulté, elle semblait même s'ennuyer.

Puis, Minerva décida de lui envoyer le ballon de foot avec le pied tandis que sa main, elle, lançait une autre balle. Le regard de Grace fit l'aller-retour entre les deux balles avant de présenter son pied puis sa batte devant elle. Son pied renvoya le ballon sur la droite et sa batte oublia de frapper la balle.

- Je n'étais pas prête, se plaignit Grace.

- Si je t'avais prévenue, aurais-tu réussi à renvoyer les deux balles ?

Le silence de sa camarade répondit à sa place.

- Tu le sais déjà et tu me l'as dit, ton problème c'est la coordination. Je comprends, on en a besoin en tant que poursuiveurs aussi et je sais que c'est compliqué. Mais ça se travaille.

Minerva sourit légèrement à la jeune fille et sortit sa baguette pour faire apparaître un parcours de plots et de barres.

- Le but est simple, expliqua Minerva. Tu dois sauter par-dessus les barres à pieds joints, et tu dois rattraper puis me renvoyer les balles que je te lance. Commence d'abord par sauter simplement au-dessus des obstacles, on rajoutera la balle après.

Grace lui jeta un regard ironique.

- Tu veux que j'apprenne à sauter, donc ?

- C'est ça.

Grace ricana et s'apprêtait à commencer l'exercice lorsque Minerva la stoppa :

- Bien évidemment, il faut que tu regardes en face de toi, et non pas tes pieds.

- Mais je vais tomber !

- Tu crois sincèrement que si tu es batteuse dans l'équipe, tu devras te soucier si oui ou non il y a un obstacle devant toi ? Ton job, c'est les Cognards et c'est tout. Tu ne les lâches pas des yeux, tout comme aujourd'hui tu ne me lâches pas des yeux durant tes sauts.

Grace resta muette et entreprit de lui obéir. En revanche, au grand amusement de Minerva, elle préféra regarder le mur de la maison derrière plutôt que la capitaine. La première fois, elle eut l'air d'un enfant qui apprenait à sauter : les jambes fléchies, puis un minuscule saut imprécis et enfin, le soulagement d'être passée. La deuxième fois, elle chuta en percutant de ses orteils une barre. La troisième fois également. Au bout de la sixième chute, Grace commençait à s'agacer de voir tant d'échecs à la première étape d'entraînement.

- Concentre-toi...

- Mais je suis concentrée !

- Non tu ne l'es pas, répliqua Minerva sévèrement, sinon tu ne t'énerverais pas. Tu as peur de tomber, c'est normal, même si tu sais que la chute ne sera pas douloureuse.

- Parle pour toi, grogna Grace en se frottant la cuisse.

- Les barres ne sont pas hautes et à même distance les unes des autres. Respire un bon coup, concentre-toi et recommence.

Grace roula des épaules et se positionna devant les cinq misérables barres qui parvenaient à l'arrêter. Cette fois, elle fixa Minerva droit dans les yeux et sauta au-dessus du premier obstacle. Cela restait maladroit, mais elle réussit néanmoins à tout traverser.

- C'est mieux. Recommence.

Et sans protester, Grace recommença. Une fois, deux fois... une dizaine de fois, jusqu'à ce qu'elle puisse enchaîner même les yeux fermés.

Pour la suite de l'exercice, Minerva rajouta la balle et Grace sembla perdre tout ce qu'elle venait d'apprendre. Elle sauta, s'arrêta, renvoya la balle, puis sauta à nouveau.

- Tu fais trop de pause, je veux que ce soit fluide. Recommence.

Grace ne toucha pas le balai durant cet entraînement mais cela ne semblait pas l'avoir dérangée car elle s'était un peu améliorée dans sa coordination.

- Tu es libre cette semaine ? demanda Minerva. Si tu veux toujours que je continue l'entraînement, je viens quand tu peux.

Grace lui offrit un sourire.

- Vendredi ?

Minerva acquiesça, récupéra ses affaires et Grace la raccompagna devant la maison. Elle nota que la jeune fille ne la faisait pas passer par l'intérieur cette fois, mais elle put voir à travers la fenêtre que Carwood Mallony était encore ancré dans son canapé.

- Merci, Minerva. Pour ce que tu fais.

Minerva eut un sourire en coin.

- Un plaisir. Tu as du potentiel tu sais. Comme ton père et ta mère.

Grace eut un mouvement de recul.

- Comment tu sais...

- Que ta mère jouait au baseball ? termina Minerva. J'ai vu une photo dans le salon. Tu lui ressembles beaucoup.

Grace shoota dans une motte de terre.

- Elle était bien meilleure en baseball, meilleure que moi et aussi douée que mon père. La moitié des coupes dans l'étagère vient de son équipe. Elle était capitaine.

- Tu lui feras honneur, assura Minerva en posant une main sur son épaule.

Grace grimaça et sembla hésiter.

- Rentre bien Minerva, finit-elle par marmonner avant de repartir vers sa maison.

Minerva fronça les sourcils, puis haussa les épaules. Après tout, Grace était souvent d'humeur changeante. Elle escalada la rambarde et après un dernier coup d'œil autour d'elle pour s'assurer que personne ne la voyait, transplana.

En arrivant chez elle, elle eut l'impression d'halluciner. Son père était à la porte, discutant avec un jeune homme qu'elle reconnut sans peine. Celui-ci se retourna.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle un peu brusquement.

- Salut, Minerva, répondit nonchalamment Lewis.

La jeune fille ricana presque en percevant tout de même la note nerveuse dans la voix du Serpentard. La rencontre avec son père n'avait pas dû être de tout repos.

- Je te laisse avec ce... Lewis Rollin, dit Robert avec un sourire faussement aimable. Ne tarde pas trop Minerva, le dîner est presque prêt.

Minerva s'empêcha de rouler des yeux. Elle était certaine que son père trouverait une fenêtre dans la maison pour les espionner. Il y eut un moment de silence avant que Lewis ne désigne le balai et le coffret de balles.

- Tu as joué au Quidditch ?

- J'ai entraîné une fille de ma Maison pour les sélections de l'année prochaine. Grace Ma...

Minerva se couvrit la bouche tandis que Lewis ricanait.

- Grace Mallony, c'est ça ? J'imagine qu'elle a de belles capacités si tu acceptes de l'entraîner.

Il mit sa main au menton, faisant semblant de réfléchir.

- Ta gardienne part, ainsi qu'un batteur et ton attrapeuse. Je crois savoir que la sœur de Benett est bien placée pour prendre la relève et tu ne perdrais pas ton temps sur une autre joueuse alors que tu en as déjà une que tu choisiras sûrement. Mallony est trapue, elle ferait une mauvaise attrapeuse donc cela veut dire... qu'elle sera très probablement la nouvelle batteuse des Gryffondor, si elle passe les sélections. Mais avec ton entraînement, cela devrait être le cas, non ?

Minerva jura à voix basse.

- Tu es trop malin par moments.

Lewis rit et inclina la tête avec grâce. Minerva fut soulagée de voir qu'il ne la prenait pas à la gorge dès son arrivée. Puis elle se rappela qu'elle n'était pas nécessairement en tort et que donc elle ne mériterait de tout manière pas un tel traitement. Elle le dirigea à l'arrière de la maison où ils s'assirent sur la terrasse en bois. La porte dans leur dos s'ouvrit sur Isobel, qui portait un plateau avec deux verres de citronnade dessus.

- Il fait trop chaud pour rester ainsi sans rien boire, dit-elle avec un grand sourire.

Elle déposa le plateau et tendit une main gracile à Lewis.

- Je suis Isobel, la maman de Minerva. C'est vous qui accompagnez ma fille au mariage de Fleamont et Euphemia ?

- Maman..., gémit Minerva en pressant ses doigts sur ses paupières.

Elle était persuadée que sa mère n'était sortie que pour pouvoir rencontrer Lewis, le sacro-saint Lewis, premier garçon amené par Minerva dans la maison. Et qui d'ailleurs, s'était amené tout seul. Le Serpentard se leva en hâte et serra doucement la main d'Isobel.

- Lewis, Lewis Rollin, dit-il avec un charmant sourire. Et oui, c'est bien moi, normalement. Si elle veut toujours de moi.

Isobel eut des yeux interrogateurs pendant que Minerva les abaissait. Personne ne répondant à sa question muette, Isobel demanda :

- Vous êtes à Gryffondor vous aussi ?

- Oh là, non ! Serpentard, madame. Je suis batteur de l'équipe.

- Ah, formidable ! J'étais moi-même gardienne de l'équipe de Serdaigle.

- Alors vous avez peut-être joué contre ma mère, Faye Bridgeburn ?

- Ça alors, vous êtes le fils de Bridgeburn ? s'exclama Isobel en ouvrant grand les yeux.

Minerva prit son verre de citronnade dans la main et le sirota.

- Et comment va-t-elle ? Une très bonne Poursuiveuse, je dois dire. J'étais en dernière année quand elle est entrée dans l'équipe.

Minerva commença à gratter la terre sous son talon pendant que Lewis blablatait avec sa mère « oui oui, elle va très bien, elle travaille au Ministère dans le département des Sports Magiques », « tu lui passeras le bonjour » ajoutait sa mère en abandonnant le vouvoiement. Enfin, elle se décida à les quitter et Lewis se rassit. Minerva pencha la tête dans sa direction.

- Tu ne veux pas rentrer avec elle ? ironisa Minerva.

Lewis attrapa sa citronnade et sourit.

- Désolé. Elle est gentille, ta mère.

- Pas mon père ?

Lewis fit la grimace.

- Disons qu'il a été très méfiant à mon égard. Qu'est-ce que tu lui as dit sur moi ?

- Absolument rien, tu es juste le garçon qui m'accompagne à un mariage. Cela lui suffit.

Silence.

- Donc... c'est toujours d'accord pour ce mariage ? fit Lewis d'un ton hésitant.

Minerva pinça les lèvres.

- Je pensais que tu venais pour annuler, à vrai dire, avoua-t-elle. Je l'aurais compris, vu comment nous nous sommes séparés la dernière fois.

- Ouais... On ferait mieux d'oublier ça, tu ne crois pas ? Tu as raison de protéger ta famille, d'être prudente. Moi j'ai des parents sorciers. Toi ton père est moldu et tes frères plus jeunes, dont un qui n'a jamais touché à une baguette. A la limite ta mère...

- Cela fait longtemps qu'elle n'a pas envoyé des sorts autres que pour des activités ménagères, et encore... Mais je comprends aussi que tu veuilles trouver des réponses, ajouta-t-elle en partie parce qu'elle savait que cela avait dû coûter au jeune Serpentard d'admettre ses torts. Alors... on fait la paix ?

Elle tendit sa main et Lewis l'accepta en souriant. Sa paume était chaude et douce, et Minerva se surprit à rester immobile au lieu de la retirer comme elle l'aurait dû normalement.

La porte s'ouvrit à nouveau sur Robert et leurs mains s'écartèrent vivement.

- Elle est bonne cette citronnade ? demanda celui-ci sur un ton beaucoup trop agressif.

- Excellente, couina sa fille.

Lewis camoufla un sourire et se leva. Il tendit la main à Robert qui la serra d'un air soupçonneux.

- Je vais vous laisser, je crois bien que le dîner est prêt. Cela sent drôlement bon, par ailleurs.

Petit génie, songea Minerva. Elle était certaine qu'il avait remarqué le tablier que portait Robert. Flatter sa cuisine, c'était flatter son ego.

- Vous passerez le bonsoir à votre femme, monsieur le révérend !

Lewis se retourna vers sa camarade et fit un clin d'œil :

- On se revoit au mariage.

Puis il s'éloigna d'un pas confiant. Minerva ne doutait pas qu'une fois rentré chez lui, il se liquéfierait à même le sol. Elle sourit avec amusement et son père lui fit les gros yeux.

- A table, jeune fille.

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