Chapitre 18: La fine ligne rouge
Hello !! Non, vous ne rêvez pas c'est moi, d'entre les morts ! La réécriture a été très compliquée (surtout pour se lancer à vrai dire) mais je suis enfin remise sur les rails ! Comme promis, un résumé de ce qu'il s'est passé dernièrement (sur mon profil j'avais dit que je ferais à la majorité, ce qui aurait pas été cool si jamais ceux qui voulaient un résumé étaient minoritaires, du coup j'ai pas compté, lisez le résumé si vous avez besoin, il est pas bien long (je crois)). Le chapitre suivra juste en-dessous !
Petite info: j'ai mis à jour un extrait dans le chapitre 15, avec la scène juste après le cours de Botanique avec Beery et les Tentaculas Vénéneuses, cela concerne principalement la découverte de la directrice de Castelobruxo, Benedita Dourado. Si vous voulez jeter un coup d'œil, feel free
Je continue à poster les samedis toutes les deux semaines, en alterné avec Perripuce. Je sais que c'est pas drôle pour vous parce que l'attente est longue, mais mes études/stages/jobs/asso/vie privée seraient trop compliqués à gérer avec l'écriture. Ou du moins, l'écriture serait trop compliquée à gérer avec tout ce que j'ai à faire si je poste toutes les semaines. J'espère que vous comprenez :)
Cœur sur vous et bonne lecture ! <3
Si vous saviez comment je suis en galère pour me remémorer ce qu'il s'est passé, sans vous spoiler des infos d'intrigue que vous avez pas encore eues, j'imagine même pas pour vous.
Info, pour pas que j'oublie ! Vous vous rappelez le village de Lacock ? Non ? Le village où habite le grand père Eugene ? Bon. Eh bah j'ai changé de nom de village pour des questions de logistiques de transport (Lacock est 1) en Angleterre ce qui ne COLLE PAS avec la famille écossaise oups, 2) beaucoup trop loin de là où habite Minerva). DONC, c'est le village de Halkirk désormais, l'heureux élu de ma recherche sur google map.
BON. Que s'est-il passé dernièrement. On va prendre l'intrigue Jedudu. Minerva fait face à un dilemme : avec Lewis, ils soupçonnent Jedusor et ils décident d'enquêter et de faire équipe. MAIS, Minerva flippe un peu, parce que si c'est vraiment Jedusor le coupable bah, elle saura pas trop quoi faire (non, ce n'est pas dans mes plans de la lancer dans une quête à travers l'Angleterre à surveiller Jedusor sous sa forme de chat). Elle est pas sereine à l'idée d'agir face à Jedusor, pas sereine non plus d'en parler. Face à ce comportement, elle a un peu honte de ne pas réussir à faire preuve de plus de courage. Lewis propose de retourner chez Jimmy pour fouiller à nouveau la maison, au cas où quelque chose aurait échappé à Minerva et Fleamont la première fois. Minerva parvient à négocier pour y aller seule, en avouant sa condition d'Animagus.
Donc la revoilà en cours, après des vacances de Noël où sa famille a tout avoué sur la magie à papy Eugene (qui accepte relativement bien tout ce bazar, aidé par un bonne dose de whisky (l'alcoolestdangereuxpourlasantéàconsommeravecmodération). Petit cours de botanique après duquel elle croise la directrice de l'école brésilienne (j'ai REECRIT cette scène allez jeter un œil si ça vous dit, c'est au début du chapitre 15 !). Pomona est une grande fan, elle adorerait faire un échange avec cette école qui est très qualifiée en botanique et bizarrement, elle se verrait bien prof. Alan lui, vise les laboratoires et plus tard Minerva soupçonnera que son choix se porte en partie à cause de la maladie de Cora. Minerva, c'est la PLS niveau projet pro (hahahaha comme moi, c'est drôle) donc elle décide de voir Dumbledore pour l'aiguiller. Gros débat sur l'injustice des lois sorcières (notamment sur le rôle des Gobelins qui semblent conventionnellement destinés à travailler à Gringotts. Quid de Filius qui est rejeté tant par les humains que par les Gobelins ?). Bref, Minerva se dit qu'elle serait bien dans le département de la justice magique, histoire de secouer le cocotier du Ministère et apporter un vent de modernité. Dumbledore lui souffle que pour changer les choses, il faudrait « s'attaquer à la racine » (et je parle pas des racines du cocotier obviously).
Minerva et Alan rendent visite à Hagrid (ENFIN) pour lui poser des questions sur Jedusor (rah les ingrats). Hagrid doute que Jedusor soit coupable du meurtre de Mimi, tout simplement parce qu'il risquait d'être renvoyé de Poudlard, à savoir sa seule maison.
Petite parenthèse Quidditch : chez les Serpentard, Turner l'attrapeur a abandonné l'équipe car il arrive pas à gérer Quidditch et ASPICS. Du coup les verts sont un peu dans la mouise et Minerva en est ra-vie. Elle tente de trouver de nouveaux coéquipiers pour l'année d'après (qui sera sa septième année) parce que la moitié de son équipe s'en va bientôt. Charlie Benett, la gardienne, propose sa petite sœur Olga, et Etna est désignée comme prochaine successeur de Minerva en tant que capitaine, une fois qu'elle sera partie.
J'ai mentionné Cora plus haut, et sa maladie : well, Alan et elle se sont pas mal rapprochés depuis quelques temps et lors d'un aprèm à Pré-au-Lard, Cora se retrouve à se disputer avec un homme qui s'avère être son frère. Alan la tire de là et Cora décide d'avouer son secret à Minerva (Alan savait déjà tout) : Cora a une maladie qui semble héréditaire ou du moins de sang, comme une malédiction qui touche sa famille. Elle est assez pessimiste à ce sujet en disant que personne ne survit bien longtemps, ce à quoi Alan répond avec véhémence qu'elle ne devrait pas penser ainsi et qu'un antidote serait trouvé, pourquoi pas par lui avec ses qualités en potions. Les parents de Cora ne s'attendaient pas à ce qu'elle dépasse les quelques années de survie tellement elle était faible et maigre. Sa mère ne l'apprécie guère, elle a fait une fausse-couche d'un garçon avant Cora, et là elle se retrouve avec une fille malade. Surprise, Cora a survécu et les parents ont bien dû la montrer au monde extérieur ; sauf qu'elle est apparue d'un seul coup, comme si elle n'avait jamais existé avant. Pour tenter de camoufler cette erreur, ils essaient de « l'intégrer » à la famille en la faisant devenir marraine du 1er fils de son frère (marraine de son neveu donc). Cora refuse net, d'où les tensions avec sa famille.
Peu après, Minerva reçoit un faire-part de mariage de Fleamont, qui se marie en juillet. Alan prévoit d'y accompagner son amie. Peu après, il tombe sur un article d'un journal moldu qui annonce la mort de plusieurs dizaines de personnes, les fuites de gaz étant probablement la cause selon l'enquête menée. Evidemment, Minerva et Alan pensent à une attaque anti-moldus. Ils tentent de dresser un lien entre la mort de Mimi, la Chambre des Secrets et l'attaque : toutes les victimes n'avaient pas de marques, aussi Alan pense que le monstre serait responsable. Il s'agace que la Gazette n'en parle pas, tandis que Minerva rétorque que c'est pour ne pas affoler les populations qui aurait peur d'un possible retour de Grindelwald. Alan est outré : si sa famille avait été tuée, il n'aurait eu aucune info de la part d'un Ministère qui ne semble guère se soucier de la communauté d'origine moldue.
La tension entre les deux ne diminue pas, et Pomona tente d'apaiser les esprits en forçant Minerva à mettre les choses à plat. Minerva ressent une certaine jalousie de voir Cora et Alan si proches, comme si elle-même ne lui manquait pas. Lewis débarque (comme d'hab, de nulle part), et tente de la réconforter (à sa manière, en titillant sa fierté). Inévitablement, leur conversation part sur Jedusor et l'attaque apprise ce matin. Lewis dit que son frère n'avait également eu aucune marque sur son corps lors de son décès, et avance la possibilité du sortilège de la mort. Dans la foulée, elle assiste à un cours qui justement parle de ce sortilège, avec toutes les caractéristiques qui lui sont spécifiques. Face à ça, Alan et elle ont la même déduction, qu'un groupe de sorciers pourrait être responsable de l'attaque, ce qui les effraie encore plus. Cela leur permet en revanche de se réconcilier (déjà que dans l'histoire ça allait vite, alors en résumé, c'est pire).
Entre temps, Minerva est assignée d'une mission secondaire par deux préfets, faire intégrer à Poudlard une Gryffondor de quatrième année, Grace Mallony, harcelée par les étudiants de sa promo.
Et voilà, je crois que vous avez tout ce qui est nécessaire pour comprendre la suite, enfin j'espère... ! Si jamais y a des imprécisions, laissez un commentaire ou un MP, je vous répondrai rapidement ! Il y a bien sûr d'autres infos importantes (je n'ai pas mentionné Dougal par exemple (hop là c'est fait), sachez juste qu'ils se sont déjà croisés 2 fois dans leur vie).
Chapitre18 : La fine ligne rouge
C'était un énième entraînement qui s'achevait sous la pluie pour Minerva et son équipe. Les mèches lui tombant sur son haut front, la capitaine atterrit sur le sol boueux dans une éclaboussure de terre détrempée. Ses coéquipiers suivirent, tous plus grognons les uns que les autres. Seul Fabio semblait vouloir faire bonne figure malgré la pluie battante et sa bosse qui commençait à émerger de son front. Il avait essayé d'éviter le Souafle et sa tentative s'était résulté à se cogner la tête contre son propre balai. Alfie avait éclaté de rire en remarquant qu'il arrivait à suivre les cognards des yeux mais pas un Souafle.
- Tu sais que tu as le droit d'être de mauvaise humeur après un entraînement ? lui fit remarquer Holly en shootant dans une flaque d'eau.
- Pourquoi montrer aux spectateurs ce comportement ? demanda Fabio en penchant la tête.
- Quels spectateurs ? maugréa Alexandra en balayant du regard les gradins.
Minerva l'imita et fut forcée de constater que les Gryffondor ne s'étaient pas bousculés pour venir assister à la séance. Pourtant, ils approchaient de la demi-finale, et les dernières semaines de compétition étaient les plus intenses pour les étudiants. Avec les examens approchant, la plupart avait besoin de se changer les idées en regardant du Quidditch, et de relâcher la pression.
Il y avait bien une personne assise tout en haut, le long d'un pilier. Sans son sweat bleu marine, Minerva l'aurait à peine remarquée tellement elle était collée au bois de la tourelle des professeurs.
- Serdaigle ? demanda-t-elle en désignant du menton la silhouette qui ne bougeait toujours pas malgré la fin de l'entraînement.
- Non, Gryffondor, répondit Charlie. Grace Mallony, une troisième année. Tu ne l'avais jamais remarquée ? Elle est toujours présente à nos entraînements.
Minerva haussa les sourcils.
- Peut-être parce que je regarde ce qu'il se passe sur le terrain.
Charlie rougit.
- J'ai le temps de faire pousser des citrouilles pendant que vous vous amusez à faire des passes, rappela-t-elle, alors je m'occupe comme je peux.
- Et donc... Grace c'est ça ?
Etna et Alexandra se joignirent à la conversation.
- Elle reste très longtemps sur les gradins, continua Charlie. Déjà là quand nous arrivons, toujours là quand nous partons.
- Dis donc, taquina Alexandra, tu t'ennuies aux entraînements toi.
- Le gardien c'est un poste très intense d'un seul coup, se défendit Charlie. Et puis, avec ce que je vois et ce que j'observe, je peux te dire ce qui ne va pas dans le jeu de chacun d'entre vous. Alex, tu regardes toujours à l'opposé de l'endroit où tu vas tirer.
- Ce n'est pas vrai !
- Si, un peu, souffla Etna, récoltant un regard furibond de sa camarade.
- Elle a raison, nota Minerva. Charlie, je vais te mettre à contribution plus souvent, c'est promis. J'ai besoin de tes yeux.
- Et de ma logique apparemment, répliqua celle-ci. Si cette Mallony est là, ce n'est pas pour rien. Il y a trois postes qui se libèrent en fin d'année, deux si jamais tu prends ma sœur. Tu as une fille qui vient nous observer à chaque entraînement peu importe l'heure ou la météo, ça mérite que tu t'y penches.
- C'est drôle, je ne l'avais jamais remarquée, fit Alexandra en portant son balai à l'épaule, et Etna l'approuva.
Minerva resta silencieuse un instant, songeuse. Charlie avait raison, il fallait qu'elle aille la rencontrer, mais peut-être pas pour les mêmes raisons avancées par sa coéquipière. Neil et Adam lui avaient parlée de cette Grace Mallony dans les couloirs qui menaient à la salle de défense contre les forces du mal. C'était elle aussi qui avait été la victime des moqueries de ses camarades récemment.
- Ne m'attendez pas, dit-elle finalement, je vais la voir.
- Tu ne perds pas de temps, sourit Charlie avant de la saluer de la main.
Minerva acquiesça mais ne répondit pas et bifurqua en direction de l'escalier qui la mènerait aux gradins. Grace n'avait pas bougé mais en s'approchant, elle aperçut des mèches blondes et raides s'échapper de sa capuche qu'elle avait rabaissée sur son crâne. Les mains dans les poches, elle était trempée jusqu'aux os, son parapluie de moldu ne la couvrant pas assez efficacement.
En la sentant approcher, Grace sursauta et tira sur sa capuche, les yeux plissés. Elle avait des cheveux courts, dressés en épis et qui encadraient un visage carré et des joues qui gardaient encore les rondeurs de l'enfance. Etrangement, elle arborait dans ses yeux sombres un air de défi que Minerva ne comprit pas.
- Je peux t'aider ? fit la plus jeune d'un ton rempli de retenue.
Minerva s'empêcha de grimacer devant son accent américain prononcé et avisa son parapluie.
- Pourquoi tu ne fais pas un charme de protection ? Ce sera plus efficace.
- Ah, parce que notre technologie n'est pas développée par rapport aux sorciers, c'est ça ?
Minerva cligna des yeux devant l'agressivité de sa voix. Elle se souvint que les deux préfets lui avaient dit que Grace était née-moldue, et elle nota immédiatement l'usage du « nous ».
- Ce n'est pas ce que j'ai dit, mais tu reconnaîtras bien que ton parapluie ne fait pas l'affaire. Je cherche juste à t'aider, tu sais.
- Ah ouais ? C'est soudain, non ? Tu sais que je vous regarde à chaque entraînement depuis que je suis arrivée dans cette école ? Personne ne m'a jamais remarquée. Pourquoi tu viens maintenant ?
Minerva se sentit mal à l'aise de savoir que Grace avait toujours été là à les observer sans que personne n'y fasse attention, mais elle balaya ses scrupules.
- Je ne veux pas à t'embêter. C'est juste que je... Enfin, Neil et Adam ont...
Grace poussa une exclamation exaspérée et se leva d'un bond. Elle serra les poings contre son corps de petite taille et trapu.
- Encore eux ! Mais laissez-moi tranquille ! Tu es la troisième personne qu'ils m'envoient. Lâchez-moi, je n'ai pas besoin de vous.
Elle dépassa Minerva d'un pas furibond et pour une fois, ne fut pas la dernière à quitter le terrain tandis que la capitaine restait plantée sous la pluie, l'esprit plein d'interrogations. Finalement, elle retourna aux vestiaires où ses coéquipières lui jetèrent un regard interrogateur auquel Minerva répondit par un haussement d'épaule. Holly resta à l'attendre, allongée sur un banc pendant que Minerva restait debout sous l'eau brûlante.
- Tu voulais quelque chose ? demanda-t-elle en crachotant de l'eau en même temps.
- Je n'ai pas le droit de rester avec ma super amie ?
Minerva ne répondit pas mais sentit Holly se redresser en position assise.
- Ok, tu as raison. Je vais envoyer mon dossier de candidature aux Harpies de Holyhead en espérant qu'ils me convoquent pour des essais. J'aimerais bien avoir un soutien, et je me suis dit que tu pourrais peut-être m'écrire une lettre de recommandation ?
Minerva sortit en s'enveloppant dans une serviette.
- Ce ne serait pas à Dumbledore de te faire ça plutôt ?
Holly lui lança un coup d'œil dubitatif.
- Dumbledore ? Sur du Quidditch ?
- Ouais, tu as sûrement raison. C'est d'accord, je la ferai avec plaisir. Il te la faut pour quand ?
Holly lui fit un grand sourire.
- Je dois postuler avant la mi-mai, ça ira ?
- J'ai le choix ?
Holly lui fit la grimace et se rallongea sur le banc pendant que Minerva s'habillait.
- Tu as une solution de secours ? Au cas où tu n'es pas sélectionnée chez les Harpies.
- Pourquoi en aurais-je besoin ? Tu vas me faire une lettre géniale qui va m'ouvrir en grand les portes de leur stade ! fit Holly d'une voix taquine.
Minerva haussa un sourcil.
- Je ne plaisante pas. Qu'est-ce que tu vas faire si elles ne te prennent pas ?
A nouveau assise, son amie prit un air sérieux, se titillant un ongle.
- Je ne sais pas. Ma mère pense aussi que je devrais postuler autre part. Mais la vérité, c'est que je ne vois pas où. Il n'y a que les Harpies qui me plaisent vraiment. Si je ne suis pas prise, je trouverais un travail pour vivre et je postulerai à nouveau l'année d'après.
- Tu as le goût du risque, commenta Minerva en enfilant ses chaussettes.
- Et toi alors ? demanda Holly en la regardant. L'heure du choix approche, ta dernière année va vite passer. Entre tes examens, le Quidditch, entraîner Etna au capitanat... Bon choix d'ailleurs.
- Tu trouves ? J'ai l'impression d'avoir pris une décision par défaut, les autres n'auraient pas pu prendre le poste. Fabio n'a pas la fibre de leader et Alexandra est trop frondeuse.
- Alexandra est comme moi, approuva Holly. Elle veut être dans le feu de l'action mais ne pas s'embarrasser à prendre des décisions. Etna... -Holly hésita un instant- Il y aura du travail, je l'admets, mais vous y arriverez. Elle sera bien pour l'équipe, mais ce sera une bonne chose pour elle aussi. Cela lui donnera une meilleure conscience de ses capacités.
- J'espère...
Holly lui lança un coup de pied dans le tibia.
- Et sinon, ton projet professionnel ? Tu croyais pouvoir t'échapper ? Je connais tes talents pour éluder les questions dérangeantes.
Minerva fit la moue et se rencogna contre le mur.
- Peut-être que j'attends l'illumination divine qui me montrera le chemin à prendre ? répondit-elle, sarcastique. Je n'en sais rien, soupira-t-elle après avoir croisé le regard de son amie, j'en ai parlé avec Dumbledore. Selon lui, je peux postuler à peu près partout. Nous avons parlé du Département de la Justice Magique, au Ministère, mais imagine que je me rende compte que ça ne me plaît pas ?
- Tu es en train de discuter avec la fille qui mise tout sur une seule candidature, fit remarquer Holly. Ce n'est pas grave si tu te trompes. On est jeunes, profites-en pour gagner en expérience, te chercher, trouver ce que tu veux vraiment faire de ta vie. Tant pis si tu changes de profession, ce n'est pas un échec, au contraire. Et comme tu le dis, tu as des résultats parfaits, tu es capitaine d'équipe... Les départements du Ministère vont s'arracher pour t'avoir !
- Ne dis pas de bêtise, sourit Minerva. Allez, viens, on rentre au château, je dois passer à la volière après.
Avec le mois d'avril, étaient revenus par intermittence les beaux jours, et un soleil radieux brillait encore dans le ciel alors qu'elles cheminaient sur le sentier gorgé de la pluie de la veille.
- Ça s'est mal passé avec Mallony, n'est-ce pas ? devina Holly en la regardant du coin de l'œil.
Minerva frappa un caillou du bout de sa chaussure.
- Elle s'est braquée.
- Pourquoi cela ? s'étonna Holly.
Minerva lui expliqua la mission qu'Adam et Neil lui avaient confiée et Holly enfouit son visage dans ses mains.
- Franchement Minerva, un jour je vais t'apprendre comment faire preuve de tact. Tu ne pouvais pas seulement lui parler de Quidditch ?
- Je n'en ai pas eu l'occasion, se défendit Minerva.
Holly roula des yeux mais ne dit rien et s'engagea dans les escaliers. Elles se séparèrent à mi-chemin lorsque Holly dut passer à la bibliothèque, et Minerva continua seule jusqu'à la tour des Gryffondor où un groupe d'étudiants s'était rassemblé devant le tableau d'annonces. Minerva s'approcha d'Alan qui, par son air sombre, lui fit comprendre qu'il n'avait pas pu gagner sa place parmi tous les autres.
- Un jour je serai grand et c'est moi qui aurais l'annonce en premier.
- On s'en fiche tant qu'on a l'information non ? répliqua Minerva en prenant place sur le canapé. Il se passe quoi alors ?
- Des cours de Transplanage, avec une session pour passer le permis, seulement pour les majeurs.
- Parfait, se réjouit-elle, fini ce maudit Magicobus ! Eh, s'exclama-t-elle à l'intention d'un septième année qui sortait du groupe, ça commence quand ?
- La semaine prochaine, répondit-il, il faut s'inscrire avant dimanche. C'est 12 gallions les leçons.
Alan siffla.
- 12 gallions ? Par Merlin...
- C'est plus cher quand tu passes directement par le bureau au Ministère, autant faire avec Poudlard.
Alan grommela et ouvrit un livre de potions, une édition spéciale et riche que Minerva lui avait trouvé pour ses 18 ans en mars dernier. De son côté, elle sortit une lettre qu'elle destinait à son grand-père, ainsi qu'une photo, qui la représentait en train de glisser de la neige dans le col d'Alan. Elle la lui montra.
- Ça te va si j'envoie ça à mon grand-père ? Je lui avais promis une photo de moi et il voulait savoir à quoi tu ressemblais.
Alan fit une tête indignée.
- Pourquoi il faut toujours que je sois humilié en ta présence ? Bah, envoie-lui, il saura ce que je supporte à longueur de journée, ajouta-t-il d'un ton dramatique.
Minerva ricana et se leva, lettre en main.
- Je vais à la volière, on se retrouve pour dîner ?
Alan grogna son assentiment, plongé dans son livre, et son amie parvint à lire le chapitre qui retenait tant son attention : « Malédictions et damnations, la liste noire de la Magie ». Peinée, Minerva resta un instant derrière lui à regarder son air concentré. Il semblait vouloir mettre toute son énergie dans un combat que Cora avait lâché. Ou peut-être ne s'en souciait-elle guère et Alan avait récupéré toute la force dont il avait besoin pour détruire ce qui faisait souffrir la jeune fille. Au risque de lui-même se détruire. Cela, Minerva ne le permettrait pas.
Elle fila à la volière, les rayons du soleil accrochant cette fois-ci la cime des arbres. Minerva resserra sa cape autour d'elle, frissonnante. Le chemin de graviers qui menait à la volière n'était pas à l'abri de la forêt et offrait aux vents un terrain de jeu glacial.
Lorsqu'elle parvint en haut des escaliers, elle fut surprise de découvrir son frère Malcolm, perché sur le rebord d'une fenêtre. Il tourna son regard vers elle.
- C'est quoi cet air mélodrame que tu tires ? fit Minerva en s'approchant d'une chouette qui dormait à moitié.
- Je n'ai pas d'air mélodrame, riposta Malcolm. Pourquoi tu n'utilises pas ta chouette ?
- Elle n'est pas encore revenue de chez les parents. Cette goinfre est sûrement en train de se rouler dans le Miamhibou que maman lui offre à chaque fois.
La chouette de l'école ne fut absolument pas ravie d'être réveillée de sa sieste et tendit avec réluctance sa patte, les yeux accusateurs.
- C'est pour grand-père ? s'enquit Malcolm en avisant la lettre.
Minerva hocha la tête et lui jeta un coup d'œil. Elle connaissait assez son frère pour remarquer son visage morose, et sociable comme il était (un trait qu'elle ne partageait pas avec lui), il n'était pas habituel pour lui de s'exiler dans une tour frappée de courants d'air, éloignée du château et dont le sol était recouvert de défections d'oiseaux mal lunés. Elle laissa partir la chouette et le rejoignit sur le rebord de fenêtre, face à lui. Un vent frais la cueillit et elle se blottit dans sa cape. Le soleil commençait à rougeoyer derrière les arbres et n'apportait plus aucune chaleur.
- Alors, c'est quoi ton problème ?
Malcolm soupira mais Minerva savait qu'il parlerait. En cela ils étaient assez similaires : même s'ils souhaitaient discuter de quelque chose, ils ne diraient rien par eux-mêmes. En revanche, il suffisait d'insister un peu et leur parole serait libérée.
- Tu vas trouver cela ridicule...
- Mais non, rassura Minerva, je suis ta sœur.
- Bah, justement.
Minerva lui donna un coup de pied.
- Allez, ne te fais pas désirer.
Malcolm leva les yeux au ciel et posa son menton dans les mains.
- C'est à propos d'une fille.
- Ah.
Minerva ne s'y attendait pas, et pour être honnête, elle aurait préféré que le problème se trouve autre part.
- Tu vois, tu trouves ça ridicule.
- Non, non, démentit la jeune fille, c'est juste que... je ne sais pas si je te serai utile sur ce sujet. Je ne m'y connais pas vraiment.
- C'est toi qui as demandé à savoir je te rappelle. Et puis, rajouta Malcolm avec un sourire en coin, les rumeurs disent le contraire.
Minerva vira au rouge.
- Quoi ? Quelles rumeurs ? Sur qui ?
Malcolm haussa les épaules.
- Je ne connais pas son nom. Mais les gens parlent de toi avec un Serpentard.
- Lewis ? Enfin, rectifia précipitamment Minerva en notant le sourcil dressé de son frère, tu parles de Rollin ? Il n'y a rien entre nous. On... discute. C'est tout.
Le Serdaigle leva les mains en l'air, ne semblant pas convaincu pour un sou.
- Je ne fais que transmettre les rumeurs.
- Justement, elles sont ce qu'elles sont : des rumeurs. Bon, nous parlions de toi. C'est qui cette fille ?
Malcolm eut l'air rêveur, et sa sœur fit la moue.
- Bethany Thompson. Mais elle préfère Beth. C'est ma coéquipière en potions, qu'est-ce qu'elle est douée ! C'est une Poufsouffle et ses cheveux sont de la même couleur que son blason de Maison.
- ... brune ou blonde, du coup ?
- Blonde. Elle est si drôle, elle imite Slughorn à la perfection. Et si je valide la potion cette année, c'est grâce à elle seulement.
- Ok, donc pour l'instant je ne vois pas trop quel est le problème de cette Beth à part qu'elle t'a totalement retourné le cerveau. Tu n'as plus qu'à aller la voir et déclarer ta flamme.
Malcolm se rembrunit d'un seul coup.
- Elle est en couple.
Minerva fit un « ah » silencieux.
- Merci, tu m'aides beaucoup, fit Malcolm d'un ton sarcastique.
- Tu veux que je fasse quoi, répliqua Minerva, casser les dents de son copain ? Ça ne serait pas très éthique.
- Mais tellement beau à voir, soupira son frère. Non, mais tu dois le connaître, il joue dans l'équipe de Poufsouffle. Eli Deux Pommes.
- Je crois que tu veux dire Dawson, corrigea avec amusement Minerva.
- C'est pareil.
Minerva plissa les yeux, mais retint la moquerie qui lui montait aux lèvres. S'il s'ouvrait à sa sœur, cela voulait dire qu'il n'en n'avait pas discuté avec ses amis, donc elle se devait d'être à la hauteur des maigres conseils qu'elle pourrait lui donner.
- Mais oui je le connais, reprit-elle, c'est l'un des batteurs.
- Une personne abjecte, n'est-ce pas ?
- Mmmh, non, pas vraiment, sourit Minerva. Je ne le connais pas, mais c'est un très bon joueur. C'est sur lui que je base ma stratégie pour sélectionner mes propres batteurs. Il sera sûrement là pour les quatre prochaines années et il ne pourra que s'améliorer.
- S'il te plaît, choisis bien l'année prochaine, marmonna Malcolm en se renfrognant.
Ils ne dirent rien pendant un moment et Minerva l'observa avec compassion.
- Tu sais, les couples ça ne dure pas, dit-elle pour tenter de le rassurer. Un jour, elle verra bien qu'elle ferait mieux de quitter Dawson pour toi.
- Je le hais, grogna-t-il.
- Ecoute Malcolm, reprit Minerva d'un ton plus sévère. Beth intéressait à la fois Dawson et toi. Dawson a simplement eu le courage d'agir avant, pendant que tu l'observais avec tes yeux de merlan frits.
- C'est pas cool, se plaignit Malcolm.
- Je suis ta sœur, je ne suis pas là pour être cool mais pour te dire de te bouger.
Il soupira lourdement et porta son regard vers l'extérieur. Minerva se déplaça et se mit à côté de lui, épaule contre épaule.
- Ce n'est pas facile, admit-elle d'une voix plus douce, mais qui sait ? Peut-être que dans un mois, tout sera fini entre eux ?
- Tu crois ?
Minerva en doutait, mais en voyant l'air peiné de son frère elle dit :
- Pourquoi pas ?
Rester vague, c'était aussi la solution pour ne pas mentir. Elle se pencha sur sa besace et en sortit la boîte en fer que son grand-père lui avait offert à Noël. Elle l'ouvrit et la tendit à son frère.
- Un biscuit ?
- Quoi ?
- Prends un biscuit, insista-t-elle en lui mettant la boîte sous le nez.
Malcolm obéit et croqua du bout de ses dents.
- C'est la recette de grand-père ?
- De grand-mère Moyra tu veux dire, rectifia Minerva, mais oui.
Ils grignotèrent un moment en silence, le vent soufflant dans leurs mèches brunes tant similaires.
- J'avais essayé de lui voler la recette la dernière fois, fit Malcolm avec un sourire.
- Pauvre fou.
- J'ai cru que grand-père allait me bannir de la maison, plaisanta-t-il.
Il se tut et fixa du regard la Forêt Interdite qui s'étendait devant eux.
- T'y es déjà allée ? demanda-t-il en la désignant du menton.
- Une fois, oui, répondit Minerva en se remémorant sa rencontre avec Magorian.
Malcolm ouvrit de grands yeux.
- Alors ? C'était comment ?
Sa sœur haussa les épaules d'un air négligeant.
- Je ne suis pas allée loin, mentit-elle. Ce sont juste des arbres, des racines énormes... Rien de transcendant tant que tu ne t'y enfonces pas.
Elle doutait que son frère ait un esprit assez aventureux pour traîner dans la forêt, mais elle préférait prendre ses précautions. Elle n'était pas interdite pour rien et sa propre visite aurait pu très mal tourner si elle était tombée sur un autre centaure que le jeune Magorian. Peut-être, était-ce le seul centaure de son troupeau à n'avoir jamais été rebuté entièrement par la magie. Elle se demanda ce qu'il était devenu depuis ses presque trois dernières années. A la fin de leur rencontre, il avait émis le souhait de la revoir, et elle l'avait complètement oublié. Elle se sentit légèrement honteuse. Peut-être, voudrait-il voir ce qu'elle avait réussi à accomplir grâce à son aide ?
Elle refusait que son frère y aille car c'était dangereux pour les humains, mais elle-même n'était pas nécessairement humaine lorsqu'elle le souhaitait. Elle épousseta les miettes sur sa cape et se leva.
- Il faut que j'y aille, je dois voir un ami. Je peux te laisser ?
Malcolm sembla surpris mais hocha la tête.
- Vas-y, je vais rester encore un peu, répondit-il alors que sa sœur s'éloignait. Et Minerva ?
Celle-ci se retourna et fit face au sourire timide du jeune homme.
- Merci, dit-il simplement.
- Pas de problème, petit frère.
Elle descendit les escaliers et se transforma en bas des marches afin d'éviter que son frère ne la voie fureter vers la forêt. La transition d'humaine à chat était de plus en plus simple et elle devenait moins étourdie face à l'afflux soudain de parfums, de sons. Également, elle parvenait à contrôler l'instinct de chat qui faisait surface de temps en temps. Elle huma avec délice l'odeur d'herbe fraîche et trottina en direction de la forêt, ses pattes foulant silencieusement le sol meuble. Elle ignorait comment elle retrouverait Magorian -elle n'allait certainement pas chercher son troupeau- mais elle espérait qu'il était toujours le centaure aventureux qu'elle avait rencontré la dernière fois. Elle décida de se rendre là où il l'avait emmenée pour récupérer sa rosée.
Le lieu n'avait pas changé : le lac attendait toujours paisiblement, habillé de nénuphars et roseaux et sa surface bleutée assombrie par l'obscurité de la forêt. Minerva était plus apaisée dans cet environnement sous la couverture du chat qui, bien qu'attentif au moindre son, semblait percevoir ou non la présence de danger. Si elle avait été humaine, elle aurait sursauté à chaque mouvement. Là, elle laissa passer sans broncher deux oiseaux, une créature marine non-identifiée dans le lac et une biche venue s'hydrater. Minerva l'observa approcher son museau et laper la surface, troublant l'eau autour. Tournant le dos à la forêt, sa nuque ainsi offerte, elle représentait une proie facile pour une quelconque créature affamée. Celle-ci semblait en avoir conscience, car son pelage frissonnait régulièrement et ses oreilles virevoltaient à l'affût d'un prédateur menaçant. Soudain, la biche se redressa brusquement, ses yeux noirs figés un instant. Minerva se fit attentive : elle aussi avait entendu ce son diffus de sabots sur la mousse et les feuilles. La biche fit volte-face et galopa le long du lac, s'éloignant. Minerva se ramassa sur elle-même, prête à bondir dans un arbre si la créature qui approchait n'était pas celle qu'elle recherchait.
La silhouette qui apparut était bien celle d'un centaure. Mais ce ne pouvait pas être Magorian, qui était bien plus petit. Et pourtant, lorsque le centaure fut plus proche, c'était bien la robe brune, la peau foncée et les boucles chocolat de Magorian qui l'identifièrent. Ses yeux marrons scannèrent les environs et ses mains maintenaient avec méfiance un arc avec une flèche encochée. Minerva mit du temps à réagir, abasourdie par la vitesse à laquelle il avait grandi. Cette fois-ci, c'était elle qui était plus petite. Elle se montra, minuscule chaton devant la créature imposante qui lui faisait face et qui baissait désormais les yeux, les sourcils froncés. Minerva reprit forme humaine... et se retrouva nez à nez avec la pointe d'une flèche. Elle fit un bond en arrière, les mains en l'air.
- Ne tire pas ! C'est moi, Minerva.
Elle pensait qu'en la reconnaissant, il abaisserait son arme, mais ce ne fut pas le cas. Au lieu de ça, il continua à la fixer, la bouche plissée dans un rictus, la corde de son arc toujours aussi tendue. Pendant un bref instant, Minerva se demanda s'il allait tirer. Puis, il finit par baisser sa flèche mais ne la rangea pas.
- Que fais-tu ici ? demanda-t-il d'un ton sec.
Pour une fois, Minerva eut du mal à trouver ses mots, intimidée.
- Je voulais te voir, dit-elle d'une voix qu'elle trouva faible.
- Pourquoi ?
Elle cligna des yeux.
- Cela faisait longtemps, commença-t-elle en louchant sur la flèche, et... Merlin, est-ce que tu m'en veux de ne pas être revenue plus tôt ? C'est pour ça que tu me visais ?
Magorian piétina le sol de ses sabots.
- Non.
- Pourquoi alors ?
- Tu n'as pas le droit d'être ici, humaine, cracha-t-il, et tu le sais. Qui crois-tu être pour te permettre de rentrer chez nous ?
Minerva ne sut que répondre, frappée par l'appellation. Elle se souvint du jeune centaure qui parlait en lune et planètes, ses yeux ronds enfantins et son aide innocente. Elle ne parvint pas à le retrouver aujourd'hui dans ses mots haineux, ses pupilles coléreuses et son corps braqué contre elle.
- Je ne pensais pas à mal, tenta-t-elle d'expliquer, je suis désolée. Tu m'as aidée il y a quelques années et j'aurais dû revenir plus tôt pour...
- Non. Tu ne comprends pas ? Les humains et leur magie n'ont pas l'autorisation de pénétrer dans la forêt. Les miens ont raison, vous ne pensez qu'à vous, à vos droits : vous vous croyez légitimes, puissants. Mais comme nous tous, vous êtes éphémères. Nous nous protégeons contre votre caractère envahisseur. Tu es majeure, humaine, continua Magorian en fouettant l'air de son sabot, tu n'es plus une enfant et tu aurais dû le savoir.
- Que t'ont-ils fait ? murmura Minerva qui ne parvenait pas à comprendre comment le jeune centaure avait pu changer aussi radicalement.
- Que t'ont-ils fait, toi ? répliqua-t-il avec colère. Toi qui cherches à maîtriser une créature que tu n'es pas. Vous êtes tous pareils, vous les sorciers, des arrogants assoiffés de pouvoir.
Minerva ne répondit pas. La vérité était qu'elle ne savait pas si elle était capable de parler sans que sa voix ne flanche.
- Au nom de notre passé, humaine, fit Magorian en se tenant droit, je te laisse la vie sauve. Pars.
Les membres de Minerva semblaient piégés dans des blocs de béton et le sang qui afflua soudainement à son cerveau, l'étourdit quelques secondes.
- Alors c'est un adieu ?
Magorian la regarda. Ses yeux, chargés de colère, autorisèrent un brin de paix les traverser, reconnaissance de leur première rencontre. Puis il s'éloigna, et la forêt sembla aspirer son corps entier, avant de disparaître.
Les jambes de Minerva retrouvèrent leur motricité et celle-ci se transforma maladroitement en son Animagus. Un chat avait des émotions moins fortes à supporter.
A l'orée de la forêt, les mots de Magorian lui revinrent en tête : « Toi qui cherches à maîtriser une créature que tu n'es pas ». Elle n'était pas devenue Animagus pour le pouvoir ou pour transgresser les règles. C'était juste pour l'acte magique, et pourtant ce fut comme si c'étaient les pupilles accusatrices de Magorian qui la forcèrent à reprendre forme humaine.
- Minerva ?
Elle sursauta violemment et se figea en voyant Hagrid, à quelques mètres d'elle près de sa cabane, l'observant d'un air ébahi. Ce n'était pas quelque chose qu'elle cherchait à cacher puisqu'un article entier avait parlé d'elle, mais Minerva fut embarrassée d'avoir été découverte ainsi. Elle attendit que les questions que le garde-chasse devait forcément avoir fusent, mais au lieu de cela, il ouvrit sa porte d'entrée et dit :
- T'as pas l'air dans ton assiette. Entre, j'ai des biscuits et du thé.
Minerva savait qu'elle allait manger des cookies aussi durs que de la pâte à sel, mais elle avait bien besoin de se changer les idées actuellement. Et tout le monde avait beau critiquer les rochers de chez Hagrid, tout le monde revenait parce que c'était justement Hagrid qui les faisait. Et discuter avec lui, c'était comme boire un bon bol de chocolat chaud : cela avait le goût du réconfort et de la maison.
Elle le suivit chez lui et se figea en voyant que quelqu'un d'autre était déjà assis. Quelqu'un d'autre qui, sans surprise, avait également sûrement besoin de compagnie. Grace Mallony rougit en l'apercevant mais ne fit aucun commentaire par respect pour son hôte.
- Vous devez déjà vous connaître ? fit Hagrid d'une voix enjouée sans se douter du malaise présent dans la pièce.
Minerva s'ébroua et s'avança en tendant une main.
- Très peu, en fait. Je suis Minerva.
Grace serra la main du bout des doigts et marmonna son nom, les lèvres plongées dans sa tasse.
- Minerva est la capitaine de l'équipe de Gryffondor, ajouta Hagrid avant de rosir. Oh désolé, Grace, tu dois forcément le savoir.
Il se tourna vers Minerva.
- Elle assiste à tous vos entraînements ! Oh... ça aussi tu dois le savoir...
Minerva sourit et s'assit en face de Grace.
- Depuis très peu. Désolée, je ne fais guère attention à ce qu'il se passe autour de moi quand je joue.
Grace haussa les épaules, ce que Minerva prit pour des excuses acceptées. Elle s'était sentie un peu coupable de lui être tombée dessus ainsi, elle la fidèle supportrice qui n'attirait le regard de personne.
Crockmou, allongé sur un large fauteuil d'un orange douteux, observait Minerva du coin de l'œil. Sûrement devait-il sentir son odeur de chat mais n'en reconnaissait pas le corps et devait en être perplexe. Son maître déposa un plat de biscuits que ni Grace, ni Minerva ne touchèrent, ce qui fit comprendre à la capitaine que ce n'était pas la première fois que Mallony rendait visite au demi-géant. Elle songea que si personne ne lui disait que ses biscuits étaient trop cuits, les autres générations d'élèves allaient forcément les subir également. Mais Minerva ne serait certainement pas celle qui ferait de la peine à Hagrid, alors peut-être valait-il mieux que cette cabane ne serve que des biscuits rocailleux.
- Alors, tu aimes le Quidditch ? demanda Minerva afin de briser la glace entre elles.
Nouveau haussement d'épaule.
- Elle adore ! répondit Hagrid à sa place en s'installant. Hein, Grace ?
Grace mâchonna sa lèvre.
- Ça va.
- C'était quoi ce sport que tu faisais aux Etats-Unis ? Le basebulle ?
- Baseball, corrigea presque machinalement Grace.
- Tu viens des Etats-Unis ? s'enquit Minerva alors qu'elle avait déjà deviné grâce à l'accent.
Grace hocha la tête et tira sur son sweat-shirt où une écriture argentée s'illuminait sur le fond bleu marine.
- D'Atlanta. Je suis arrivée en Angleterre pour mes débuts à Poudlard.
- C'était bien là-bas ?
Peut-être n'aurait-elle dû pas demander car Grace se rembrunit.
- C'était mieux.
Hagrid eut un sourire gêné et Minerva se tortilla sur sa chaise. L'autre continent devait forcément être plus paisible étant donné le harcèlement qu'elle subissait à Poudlard.
- Voyons, Grace, fit Hagrid d'une voix douce, il y a plein de personnes dans l'école avec qui tu t'entends bien, non ? Il y a Minerva par exemple. Et tous ceux de ton année, il y a qui déjà ? Theodore, Rosemary...
Minerva haussa les sourcils. Elle n'était pas certaine, mais il lui semblait que c'étaient justement les étudiants de l'année de Grace qui la harcelait. Hagrid ne semblait pas au courant.
- Et aux Etats-Unis j'en avais plein d'autres aussi, répliqua Grace dans un grognement. Ici, tout est différent.
Minerva doutait qu'elle parlait du pays. De ce qu'elle avait compris, Grace était née-moldue, une des raisons pour lesquelles elle était harcelée, en plus de son apparence. Quand elle lui avait proposé un sort au lieu d'un parapluie après l'entraînement, la jeune fille s'était braquée, prenant une posture défensive. Elle apprit également que sa mère, Alma Mallony était décédée trois ans plus tôt, la laissant seule avec son père. Ce mal être, Hagrid paraissait le connaître car il posa une main rugueuse sur la petite de la jeune fille.
- Tu sais, c'est pas si mal le monde des sorciers aussi. Cela ne veut pas dire que tu dois abandonner celui moldu.
Grace sembla vouloir objecter mais elle se retint et tripota la hanse de sa tasse du bout des doigts. Finalement, elle se leva et dit d'un ton abrupt :
- Faut que j'y aille. Merci Hagrid pour le thé... et les biscuits.
Minerva l'imita et Grace parut hésitante à faire le chemin vers le château en sa compagnie.
- Attendez, je vous en emballe, fit Hagrid en prenant le plateau.
Aucune des deux Gryffondor n'eurent le cœur à refuser et c'est avec un petit sac de cookies chacune qu'elles sortirent de la cabane et commencèrent leur retour.
- T'y vas souvent chez Hagrid ? demanda Minerva pour meubler la conversation.
Grace haussa une énième fois les épaules.
- Régulièrement. Je savais pas que t'étais amie avec lui.
- Je ne vais pas le voir aussi souvent que toi.
Grace plissa les yeux.
- C'est censé vouloir dire quoi ça ?
Minerva leva une main qu'elle voulait apaisante.
- Je voulais juste dire qu'en tant qu'amie, je devrais plus lui rendre visite. Il doit être bien seul.
- Ouais..., marmonna Grace en shootant dans un caillou. J'imagine que ça nous fait du bien à tous les deux.
Elles restèrent silencieuses un instant et Minerva l'observa du coin de l'œil.
- Si tu n'aimes pas le monde sorcier, fit-elle, pourquoi passer autant de temps à regarder le Quidditch ?
Grace croisa son regard et dressa un sourcil.
- C'est du sport. Peut-être une des seules choses au monde que toutes les communautés font avec un objectif similaire. Et puis, ça me rappelle le baseball par moments. J'étais frappeuse aux Etats-Unis.
- Frappeuse ?
- Je tapais avec ma batte dans des balles, grossièrement expliqué.
Minerva ne put s'en empêcher, mais son cerveau se mit automatiquement à penser au poste de batteur qui se libérait à la fin de l'année. Charlie avait raison : les spectateurs pouvaient être promesses de bons joueurs. Elles arrivaient dans le Hall du château, et Minerva ne pouvait pas se permettre de laisser passer une occasion en or de lui parler Quidditch.
- Tu sais que notre batteur libère son poste en juin ? dit-elle innocemment. On aurait bien besoin de quelqu'un pour le remplacer, si jamais tu veux passer les essais.
- Et pourquoi je ferais ça ? répliqua Grace en croisant les bras.
- Parce que tu ne resterais pas autant de temps dans les gradins si tu ne souhaitais pas intégrer l'équipe. J'étais pareil en première année. J'observais beaucoup, jusqu'à être en âge de postuler. Et peut-être que tu trouverais en tes coéquipiers des personnes sur lesquelles compter. Qui te sortiraient de ta bulle.
Elle savait que Grace allait se hérisser à ces mots et cela ne loupa pas.
- Tu crois que j'ai besoin de gens comme vous ? Je suis très bien seule.
- Je ne dis pas le contraire, assura Minerva. Et tu sais, je t'ai dit que tu pouvais postuler, pas que tu serais acceptée. Tu n'as qu'à candidater et voir ce que ça donne.
Grace renifla d'un air presque dédaigneux.
- Non, merci.
Elle partit d'un pas ferme, et Minerva resta longuement à observer le couloir dans lequel elle avait disparu. Elle était persuadée qu'intégrer l'équipe la sortirait de sa spirale infernale de solitude. Elle ne doutait pas que Grace était une personne solitaire et elle ne voulait en aucun cas lui enlever cela. Si elle ne venait pas autant aux entraînements et montré ainsi son intérêt pour le Quidditch, jamais elle n'aurait proposé sa candidature. En lui parlant des essais et du poste de batteur, elle avait planté l'idée dans sa tête et elle était certaine que Grace y songerait réellement désormais, au point de considérer la possibilité de postuler.
Minerva ressentit un léger malaise. Quand elleagissait ainsi, elle savait qu'elle dansait sur la fine ligne rouge entrestratégie et manipulation. Elle n'était pas certaine de savoir dans quel campelle se trouvait actuellement.
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