Chapitre 13: Explications
Bonjour !
Je poste très rapidement, je dois préparer mon déménagement pour Lyon et c'est un peu la course !
Très bonne lecture à tous !
Chapitre 13 : Explications
C'était la deuxième fois que Minerva se rendait au Ministère en compagnie d'Albus Dumbledore. Les sorciers marchaient de manière tout aussi affairée, le regard fixe et concentré, les hiboux transportant des messages et volant au-dessus de la tête des gens et l'air bourdonnant de discussions énergiques. Dumbledore l'entraîna vers l'ascenseur et un sorcier se plia en quatre pour les faire passer avant les autres. Le professeur eut un petit sourire amusé devant le regard ébahi de son élève.
- Je dois reconnaître que ma célébrité a ses avantages des fois.
Ils sortirent à l'étage traitant des créatures magiques et se rendirent au bureau des Animagus, tenu par la même Himelda Connor que la dernière fois. Jouant avec sa baguette, elle s'amusait à faire voler un oiseau de papier, totalement inconsciente de leur présence. Affalée contre sa chaise, elle avait l'air de s'ennuyer plus que jamais.
- Mme Connor ? appela Dumbledore poliment.
- Oh Merlin tout puissant, souffla Himelda en se redressant alors que l'oiseau partait en fumée. Je... réalisais une expérience.
Minerva cacha un sourire alors que Dumbledore haussait les sourcils et que Himelda s'éclaircissait la gorge avec gêne.
- J'espère qu'elle a été fructueuse alors, dit-il. Nous sommes venus il y a quelques années pour enregistrer un début de processus Animagus.
Himelda Connor évalua les deux du regard.
- Ah oui, je me souviens, vous n'êtes pas nombreux à venir ici. C'est pour la petite, c'est ça ?
Minerva prit un air indigné mais n'eut pas le temps de répliquer que Dumbledore prenait à nouveau la parole.
- Pour miss McGonagall, effectivement. Nous sommes venus pour l'inscrire dans le registre.
Himelda s'immobilisa.
-Pour l'inscrire ? Vous voulez dire ... qu'elle peut se transformer ?
- Oui je peux, affirma Minerva d'une voix sèche, appréciant peu que la dame l'ignore.
Sans doute pensait-elle qu'ils venaient pour annuler la procédure. Himelda cligna trois fois des yeux et considéra Minerva d'un œil inquisiteur, puis Dumbledore, comme pour demander confirmation (ce qui agaça encore plus la jeune fille). Le professeur acquiesça et Mme Connor se mit sur ses pieds, les yeux brillant d'excitation. Elle n'avait sûrement jamais connu autant d'événements depuis le début de son contrat.
- Suivez-moi, il faut remplir quelques formalités pour vous inscrire.
Elle leur fit signe de passer de l'autre côté de son bureau et Dumbledore poussa légèrement Minerva, l'intimant d'avancer. La Gryffondor obéit et passa une porte qui s'ouvrait sur une grande salle remplie de box de travail où les employés s'affairaient à écrire, analyser, recopier des documents. De hauts lustres étincelants étaient suspendus au plafond et illuminaient les dorures qui serpentaient sur les boiseries des murs. Minerva emboîta le pas à Mme Connor qui ne ralentissait pas l'allure, toute excitée à sa tâche.
- Eh bah alors Himelda, fit une voix amusée venant d'un box, tu t'es perdue ?
Himelda redressa les épaules et jeta un regard hautain à un homme aux cheveux poivre et sel qui portait une tasse de café à la bouche.
- J'ai du travail Peggins, un client figure-toi.
Le fameux Peggins s'étouffa dans sa gorgée et regarda bizarrement Minerva. Puis Dumbledore apparut et il poussa un cri étranglé.
Himelda s'éloigna en trottinant alors que les deux la suivaient derrière.
- Entrez, dit-elle en désigant une porte sombre toute simple.
Minerva pénétra dans la pièce, avec un simple bureau tout à fait normal à l'intérieur. Mme Connor s'installa sur la chaise et ouvrit un tiroir pour en sortir un carnet vert émeraude qu'elle ouvrit.
- Bien, maintenant que nous y sommes, dit-elle en s'emparant d'une plume. J'ai besoin que vous vous transformiez. Ensuite, nous nous occuperons des papiers administratifs.
La bouche de Minerva eut un tic nerveux.
- Vous voulez que je me transforme ?
Himelda leva les yeux.
- C'est bien ce que je vous ai demandé.
Minerva jeta un regard angoissé à son professeur. Et si elle n'y arrivait pas ? Après tout, elle n'avait réussi la transformation qu'une seule fois. Dumbledore eut un sourire encourageant.
- Ne vous en faites pas, dit-il, la transformation est intégrée désormais, il suffit juste de vous concentrer.
Minerva hocha la tête. Il était hors de question d'échouer devant Himelda Connor. Elle ferma les yeux et fit le vide dans son esprit, ne se focalisant que sur son Animagus. Très vite, le chat apparut, ses yeux vert émeraude cerclés de fourrure noire. Minerva sentit ses membres se raccourcir et sa vision s'altérer. Le monde devînt plus grand et le bureau bien trop haut, même s'il était très facilement atteignable avec une simple détente.
- Ah, hum, fit la voix de Connor cachée derrière le bureau, je ne vous vois plus.
Eh bien décale-toi, songea Minerva qui n'allait certainement pas bouger. Dumbledore, qui l'avait bien compris, se pencha et, avant qu'elle puisse se carapater, la prit dans ses mains aux doigts fins et la porta jusqu'au bureau. Minerva poussa un miaulement plaintif, entre l'humiliation et la gêne de se faire transporter par son professeur.
- Excusez-moi miss McGonagall, dit Dumbledore qui semblait grandement s'amuser.
Himelda se pencha, ses yeux marron étudiant avec attention le félin.
- Mmh, donc un chat, très bien, très, très bien.
Elle ouvrit le carnet et trempa sa plume dans l'encrier juste à côté.
- Race : chat de gouttière. Fourrure tigrée, pupilles vertes... signe distinctif...
Himelda releva les yeux et scruta attentivement le chat.
- Je pencherais pour les lunettes, intervînt Dumbledore.
- Ah oui, bien sûr. Cercles noirs autour des yeux... Permettez que je vous mesure.
Elle fit apparaître un mètre de sa baguette et commença à évaluer la taille du chat.
- Ving-six centimètres au garrot, quarante-huit de longueur –grand chat, dis donc.
Les moustaches de Minerva frémirent d'agacement. Elle avait du sang écossais par Merlin, forcément qu'elle était grande. Himelda fit apparaître une balance et lui demanda de se tenir dessus.
- Quatre kilos et deux cents grammes, parfait. Vous pouvez reprendre forme humaine.
Minerva descendit du bureau avec, ce qu'elle espérait, de la grâce et se concentra sur son corps humain. Elle accueillit avec soulagement le nouveau panel de couleurs qui s'offrait à elle alors qu'elle grandissait au fur et à mesure. Dumbledore lui présenta un sourire approbateur et Himelda reprit la parole et lui montra le carnet dans lequel elle avait écrit une présentation de son Animagus.
- À quoi sert le signe distinctif ? demanda Minerva.
- Au cas où vous deveniez une criminelle, répondit Himelda avec légèreté. Vos cercles noirs sont des signes présents chez aucun autre chat et qui permettront de vous identifier facilement.
Minerva préféra ne rien dire, passant outre le fait qu'elle pouvait être considérée comme une criminelle. Himelda lui fit signe de s'asseoir et trempa à nouveau sa plume dans l'encrier.
- Bien, nom complet je vous prie.
- Minerva Isobel McGonagall.
- Date et lieu de naissance ?
- 4 octobre 1935, à Caithness en Écosse.
Himelda continuait d'écrire tout en marmonnant :
- Début de procédure : 28 novembre 1950, fin de procédure : 2 décembre 1952. Parfait, je vais vous demander une signature en bas de votre dossier.
Minerva prit la plume que lui tendait Mme Connor et jeta un coup d'œil à ce qu'avait écrit l'employée. Tous ses détails avaient été inscrits à côté de la description de son Animagus. Au-dessus, se trouvait une liste des autres Animagus existants, mais peu avait été écrit à leur propos.
- Ces Animagus ont été enregistrés post-mortem, expliqua Himelda en la voyant regarder les noms. Le registre n'existait pas encore à leur époque.
Elle pointa le premier nom, Falco Aesalon.
- Cet homme est considéré comme le premier Animagus au monde. Il nous vient de la Grèce Antique et avait la capacité de se transformer en faucon.
Son doigt descendit légèrement sur la page.
- Ensuite, nous vient Cliodna, une druidesse de l'Irlande du Xème siècle. La mouette était son Animagus. Puis évidemment, la Fée Morgane, dont on ne connaît pas la race de l'oiseau dans lequel elle prenait forme. Sa provenance et ses dates sont également assez floues, bien qu'on la situe en Grande-Bretagne dans les années 1100.
Deux autres noms s'affichaient plus bas. Lisette de Lapin, une sorcière française née en 1417 et capable de se transformer en lapin. Et enfin, en 1472, une certain Morrigan, une irlandaise dont l'Animagus était un corbeau.
- Pourquoi y a-t-il si peu d'Animagus en Grande-Bretagne ? demanda Minerva.
Himelda croisa ses mains.
- Un processus dangereux, long, fastidieux. L'intérêt pour beaucoup dans le fait d'être Animagus tient du hors-la-loi. Le suivi par le Ministère et la condamnation pour Azkaban en cas de fraude en découragent certain qui ne voient plus la peine de se donner tant de mal alors qu'ils peuvent prendre l'apparence d'un animal d'un simple coup de baguette. De plus, le faible nombre d'Animagus empêche l'enseignement pour en devenir un. Il est extrêmement difficile d'entreprendre le processus tout seul, si ce n'est impossible à votre âge. Vous avez eu la chance d'avoir été l'élève d'Albus Dumbledore.
Minerva hocha la tête, bien consciente de l'opportunité qui s'était offerte à elle. Dumbledore se racla la gorge alors qu'elle signait rapidement le registre.
- Je crois qu'il est temps pour nous de rentrer à Poudlard.
Himelda sembla déçue, elle qui avait enfin une activité dans son travail. Minerva se leva et Mme Connor reprit la tête du trio.
Lorsqu'ils reprirent l'ascenseur, Dumbledore baissa les yeux sur son élève.
- Vous voici donc officiellement une Animagus. Félicitations.
Minerva eut un petit sourire, mais une question lui trottait dans la tête et elle en fit part à son mentor.
- Professeur, Mme Connor a parlé des sorciers qui ne voyaient pas l'intérêt d'être Animagus puisqu'on pouvait se transformer d'un coup de baguette. Qu'est-ce qui nous différencie d'eux alors ? Pourquoi chercher compliqué quand on peut faire simple ?
Dumbledore prit quelques secondes pour répondre. L'ascenseur s'arrêta et ils sortirent dans le hall principal.
- Miss McGonagall, si je vous proposais un bonbon au citron et un bonbon aux arômes de citron, lequel choisiriez-vous ?
- Celui au citron...
- Pourtant les deux sont au citron. Pourquoi celui-là ?
- Ils sont peut-être au citron, mais ils sont différents, se défendit Minerva. L'un est naturel, l'autre artificiel.
Dumbledore eut un sourire.
- C'est exactement la même chose avec les Animagus et la transformation en animal. Ce dernier est temporaire et demande une grande maîtrise pour garder ne serait-ce qu'une griffe réaliste. La grande majorité ne se contentera que de prendre une forme assez crédible pour tromper le commun des sorciers mais un œil averti ne se laissera pas avoir. Le sorcier ne gagnera pas les capacités de l'animal : ni agilité, ni odorat, ni vision. Pour en revenir à notre métaphore des bonbons, ce type de transformation n'est qu'un arôme de ce qu'un Animagus acquiert : une mutation naturelle entre l'homme et son Animagus, les aptitudes de l'animal tout en gardant un cerveau humain, la possibilité de rester un temps indéfini sous la forme Animagus –même si je vous le déconseille, certaines études tendent à penser que les instincts animals peuvent déteindre sur le sorcier. Sans oublier la prouesse technique évidemment, un peu d'orgueil ne fait jamais de mal ! Prenez mon bras, miss.
Minerva obéit et ils transplanèrent, réapparaissant devant les grilles de Poudlard.
- Vous comprenez ce que je veux dire ? fit Dumbledore en pénétrant dans l'enceinte.
Minerva hocha la tête.
- Je crois professeur, et je pense pouvoir vous dire que mon choix se porterait toujours sur les bonbons au citron.
- C'est bien ce que j'espérais ! sourit Dumbledore
***
- Je ne pensais pas que le professeur Dumbledore ferait autant preuve de favoritisme envers ses élèves.
Minerva leva les yeux au ciel, sachant très bien qu'Alan aimait la taquiner sur le professeur de métamorphoses et son affection pour elle.
- Je pourrais dire la même chose avec Slughorn et toi, répoliqua-t-elle. Il est même pire.
Le professeur de potions avait pris l'habitude d'avantager ses étudiants préférés en leur donnant quelques indices sur les potions. Alan en faisait partie, et bien qu'il ne le dise pas, il en devenait légèrement ennuyé. Il disait ne pas avoir besoin de Slughorn pour terminer correctement sa potion et qu'à l'examen, il ne serait pas derrière à lui indiquer quoi faire.
- Tu crois qu'on peut animer n'importe quel objet avec la magie ? demanda-t-elle en songeant au dernier cours de métamorphoses qu'ils avaient eu.
Alan haussa les épaules.
- Je ne sais pas, pourquoi ?
- Par intérêt, répondit-elle tout en louchant sur les statues de chevaliers de pierre qui surplombaient le hall d'entrée.
Alan suivit son regard et il eut un rire incrédule.
- Attends, à quoi tu penses avec ces statues ?
- Cela pourrait être intéressant de les actionner. Seraient-elles animées d'une vie propre ou obéiraient-elles aux ordres du conjureur du sort ?
- Je n'en ai aucune idée, dit Alan en secouant la tête, mais ce que je sais c'est que ça m'a l'air bien compliqué pour de simples étudiants. Et puis, pourquoi t'aurais besoin de faire ça ?
Minerva n'eut pas le temps de répondre qu'une main se posa sur son épaule. Elle se retourna et sentit un frisson remonter sa colonne vertébrale en reconnaissant Lewis Rollin.
- Je t'en prie, il faut qu'on parle, dit celui-ci avec un air sérieux.
- Et pourquoi on devrait ? répliqua Alan en plissant les yeux. La dernière fois que tu as vu Minerva c'était pour l'agresser.
Un éclair d'étonnement passa dans les yeux de Lewis avant qu'il ne rougisse d'embarras. Il se tourna vers Minerva avec une expression heurtée.
- C'est vraiment ce que tu penses ?
Minerva croisa les bras et releva le menton. Bien qu'il soit un an plus jeune qu'elle, il arrivait presque à atteindre sa taille, ce qui était un sacré exploit étant donné ses gênes écossais.
- Qu'est-ce que tu veux, Rollin ?
Lewis jeta un coup d'œil à Alan, peu certain de pouvoir parler devant lui.
- Je ne pars pas, fit sèchement celui-ci et Minerva acquiesça.
Lewis soupira puis jeta un coup d'œil autour de lui.
- Très bien, mais pas ici alors, allons dans un endroit calme.
Alan ricana.
- Ouais, dans un recoin sombre pour cacher nos corps.
Lewis cligna des yeux avant de reprendre ses esprits.
- Pas besoin d'un recoin sombre pour cacher ton petit corps de maigrichon.
Alan protesta mais Lewis prenait déjà la direction des cachots. Minerva réfléchit durant de brèves secondes avant de souffler à son ami :
- On est à Poudlard et nous sommes deux...
- Y a peut-être une embuscade pas loin. Dis, tu me trouves vraiment maigrichon ?
- Ouais, répondit franchement Minerva, mais entre maigrichons, on peut bien battre un Serpentard plus jeune, non ?
Elle n'attendit pas la réponse de son ami et emboîta le pas de Lewis, la baguette à portée de main. Derrière elle, elle entendit Alan la suivre en maugréant dans sa barbe. Il arrêta dès qu'il vit Lewis les regarder s'approcher, immobile. Minerva vit son ami jeter un coup d'œil en arrière et Rollin renifla d'agacement. Elle se posta à distance respectueuse et demanda :
- Pourquoi ici ? J'aurais préféré un endroit neutre pour discuter, pas une zone serpentarde.
- C'est le seul lieu au château où tu ne trouveras pas de portraits pour écouter, expliqua Lewis en la regardant droit dans les yeux.
Minerva ne broncha pas et le fixa en retour jusqu'à ce qu'Alan demande la raison de leur venue.
Lewis détourna le regard au grand plaisir de Minerva, plaisir qui s'effrita lorsqu'elle entendit la réponse, même si elle n'avait jamais eu de doutes à propos de la conversation qu'ils allaient entretenir.
- Je dois parler de Jedusor avec McGonagall, je n'ai pas envie de tout t'expliquer à son sujet alors...
- Mais je suis au courant de tout, coupa Alan avec un petit sourire. Je t'en prie, on attend.
Lewis jeta un regard incrédule à Minerva.
- Tu lui as dit ?
- C'est mon ami et son aide m'est précieuse. Tu devrais essayer un jour d'ailleurs.
Lewis haussa un sourcil.
- Peu importe. Tu m'as affirmé l'autre jour que tu ne savais rien de lui. Ton ami Vendrars vient d'insinuer le contraire.
Alan murmura un « désolé » mais Minerva ne lui en tînt pas rigueur. Elle voulait savoir pourquoi Rollin s'intéressait autant à Jedusor et cette discussion allait enfin répondre à ses questions.
- J'ai besoin que tu me dises ce que tu... vous savez à propos de ce Jedusor.
- Et pourquoi tu ne nous dirais pas toi, ce que tu sais à son sujet ? répliqua Minerva.
- Parce que vous être deux et que logiquement vous avez dû grappiller plus d'informations que moi. Ou alors, vous n'êtes tout simplement pas doués.
Minerva sentit Alan se gonfler d'indignation et elle preféra parler avant qu'il ne décide d'avouer toutes les infos dont ils disposaient.
- Et pourquoi on te ferait confiance ? Tu travailles peut-être pour Jedusor.
Lewis plissa les yeux et Minerva sut qu'elle avait touché une corde sensible.
- Travailler pour cet infâme... ? Jamais.
Ah. Donc une vendetta personnelle, songea Minerva en analysant le visage de Lewis.
- Il semblerait qu'aucun de nous ne dise quoi que ce soit dans ce cas, dit Minerva. De toute façon, Alan et moi avons ce dont nous avons besoin à propos de Jedusor, alors...
Elle sentit Alan tiquer à ses côtés mais à son grand soulagement, il ne réagit pas.
- Viens Alan, rien ne peut nous être utile dans cette discussion, mentit-elle en tournant le dos à Lewis.
Alan l'imita, toujours incertain de la conduite à tenir. Ils eurent le temps de faire quelques pas avant que la voix de Lewis ne leur parvienne à nouveau :
- Attendez.
Minerva cacha un sourire et se retourna en dressant un sourcil.
Lewis avait les mains plongées dans ses poches et évitait leur regard.
- Je vais vous dire pourquoi je fais ces recherches. Mais en échange, vous devez me promettre de tout me révéler également.
Minerva fit mine de réfléchir, histoire de bien lui faire comprendre qui détenait le pouvoir dans leur négociation.
- Ça marche, finit-elle par dire.
Lewis soupira, semblant chercher ses mots longuement. Minerva finit par lui demander :
- Comment as-tu entendu parler de Jedusor ?
- Comme toi j'imagine, répondit-il de manière raide, le bouche à oreille chez les Serpentard...
- Pas de mensonges, Rollin, coupa-t-elle les bras croisés. Tu es bien trop impliqué dans cette histoire pour t'y intéresser par simple bouche à oreille. Et je te rappelle que tu es celui qui a besoin de réponses, alors si tu continues de nous mentir comme ça, nous partons.
Lewis eut un soupir de dépit.
- Très bien. Mon frère aîné était un ami de Jedusor.
Minerva sentit Alan tiquer à ses côtés et elle-même dut se forcer à rester impassible.
- Proche ami ?
- Tout dépend de ta définition du mot ami. Jedusor en avait une conception assez... particulière.
- Particulière comment ? continua de demander Minerva.
Lewis se passa une main dans les cheveux.
- Dans le sens où Jedusor prenait, prenait sans jamais donner. De ce que j'ai compris d'après les dires de mon frère, c'était une relation empoisonnée. Tant que tu as quelque chose à lui offrir, tu restes dans ses grâces, mais une fois que c'est terminé... tu ne sers plus à grand-chose et il te lâche.
Sans aucune surprise, le tableau que lui brossait Lewis n'étonnait guère Minerva et ne rajoutait qu'à l'horreur du personnage. À ses côtés, Alan écoutait en silence mais elle était certaine que son cerveau tournait lui aussi à plein régime, essayant de distinguer le lien qui unissait Lewis à Jedusor. Certes, le frère agissait comme pont entre les deux, mais rien n'expliquait le soudain intérêt du cadet pour le mystérieux Serpentard.
- Et ensuite ? s'enquit Alan.
- Le reste est peu flou pour moi, avoua Lewis. Durant sa dernière année d'étude, mon frère est devenu agité, plus secret et plus renfermé.
Il se tut un bref moment, une lueur blessée traversant brièvement son regard.
- Nous... nous avons toujours été proches et d'un seul coup, il s'est mis à m'éviter. C'était forcément à cause de ce Jedusor. À la fin de ses études, il a abandonné la magie, il est parti et a dit qu'il ne pouvait plus rester en Angleterre, que ça valait mieux pour tout le monde.
- Où est-il maintenant ?
Le visage de Lewis s'assombrit encore plus.
- En Angleterre.
Alan cligna des yeux.
- Je croyais...
- Son corps a été rapatrié.
Minerva ouvrit de grands yeux pendant que son meilleur ami pâlissait.
- Comment est-ce arrivé ? demanda-t-elle prudemment.
Lewis serra la mâchoire et darda un regard incrédule sur elle.
- Pas besoin d'être Merlin pour deviner. Il est mort par le sortilège Impardonnable. Il s'est exilé en Albanie, Merlin sait pourquoi là-bas et il y a deux ans, on nous a ramené son corps.
Ce frère avait dû être vraiment terrifié pour s'exiler dans un pays aussi reclu de l'Europe, songea Minerva.
- Jedusor est forcément lié à son assasssinat, conclut Lewis.
Minerva ne dit rien. S'il disait vrai, alors Tom était bien plus qu'un simple meurtrier. Assassiner une née-moldue, un jeune homme qui enquêtait sur lui et un autre qui s'était exilé par peur n'étaient pas de simples victimes collatérales mais faisaient sûrement partie d'un plan plus large et méticuleusement préparé. Minerva frissonna de malaise et de crainte mêlée.
- Il reste quelque chose que je ne comprends pas, dit-elle tout de même. Pourquoi est-ce que tu nous suivais ?
Lewis la regarda d'un air interloqué.
- Je ne vous suivais pas.
- Pourtant tu traînais tout le temps vers les toilettes des filles, répliqua Alan.
- Trois fois, précisa Minerva.
Lewis fronça les sourcils.
- Deux fois, tu veux dire. Je ne vous ai croisés que deux fois.
- Certes, admit Minerva, mais je t'ai vu y retourner un soir, tu étais seul.
La lumière sembla se faire dans l'esprit de Rollin alors qu'il plissait les yeux dans sa direction.
- C'était toi qui était là, n'est-ce-pas ?
- Et tu n'avais pas l'air serein d'être suivi, acquiesça Minerva avec un sourcil dressé.
- Evidemment, quand tu enquêtes sur Tom Jedusor, il faut bien être méfiant continuellement. Toi-même tu es bien placée pour le savoir, étant donné que tu me prenais pour un agresseur.
- Tu étais toujours comme par hasard dans les parages quand nous enquêtions, se défendit Minerva, j'avais mes raisons. Pourquoi les toilettes des filles, Rollin ?
Lewis haussa les épaules.
- Pour les mêmes raisons que vous, j'imagine.
Minerva ne fit pas mine de vouloir continuer à sa place. Ils avaient passé un accord, il allait le respecter et raconter tout ce qu'il savait. Lewis sembla le lire dans son regard car il continua, un soupir au bord des lèvres.
- Mimi Geignarde. Quand j'ai voulu l'interroger, vous sortiez tout juste de ses toilettes, et ça m'a intrigué. J'ai pensé à une coïncidence, mais je vous ai revus une seconde fois dans les parages. J'ai commencé à poser des questions au fantôme, mais elle a trouvé ça louche d'être interrogée sur le même sujet à un si proche intervalle. Elle a dit que vous lui aviez parlé de Jedusor, de sa mort. Elle n'a rien voulu me dire plus.
- Et la fois où tu étais seul alors ? demanda Minerva.
- J'y retournais, en espérant que cette fois, elle répondrait à mes questions. Je n'ai pas pu en retirer grand-chose. Elle n'accuse pas Jedusor évidemment, mais je suis certain qu'il est mêlé à tout ça, tout comme il est mêlé à la mort de mon frère.
- Tu te rends compte que tout cela est basé sur des soupçons, releva Minerva.
Elle avait des raisons d'approuver ses paroles, mais elle-même doutait de pouvoir un jour trouver des preuves contre le Serpentard.
- C'est mon problème, répliqua Lewis. En attendant, vous devez respecter notre accord.
Minerva jeta un coup d'œil à Alan. Elle ne souhaitait pas parler de Jimmy. Elle n'avait encore aucun lien tangible entre la mort de Mimi Geignarde et celle de son ami.
- Mimi Geignarde est morte dans les toilettes des filles, juste après avoir croisé des yeux jaunes. Un garçon parlait dans une langue étrange également, mais elle n'a pas été capable de reconnaître la voix. Elle avait peur de Jedusor et ne se sentait pas en sécurité avec lui dans les parages.
Minerva se tut et Lewis haussa lentement les sourcils.
- C'est tout ?
- C'est tout ce qui est intéressant dans l'histoire. Je n'ai moi aussi que des soupçons, pas de preuves.
Lewis resta silencieux un long moment et Alan se trémoussa, mal à l'aise. Minerva non plus n'en menait pas large, après tout, il avait plus donné qu'elle.
- Tu m'as embobiné, n'est-ce pas ? finit-il par dire.
Minerva le regarda avec un faux air d'incompréhension.
- Toi aussi tu étais en manque d'informations.
- Peut-être, répondit Minerva avec un air indéchiffrable.
Lewis la considéra un moment, mais au lieu de se sentir floué et de s'agacer, il eut un petit sourire en coin.
- T'aurais fait une Serpentarde pas trop mauvaise.
Il les dépassa et partit sans un mot hors des cachots. Minerva et Alan le suivirent du regard avant que celui-ci dise :
- C'était censé être un compliment ?
Minerva haussa les épaules.
- Les Serpentards sont rusés et malins, je le prends effectivement comme un compliment.
- La ruse, la ruse, fit Alan, c'était limite réglo ton affaire quand même.
- Peut-être, mais on a obtenu ce qu'on voulait non ? Pas beaucoup d'informations, mais on sait maintenant que Rollin ne représente pas une menace. Qu'il se concentre sur sa vendetta personnelle, nous on va chercher plus loin.
Alan la regarda longuement.
- T'es vraiment sûre que tu n'es pas également en train de te venger, Minerva ? T'es sûre de ne pas faire ça pour Jimmy ?
- Bien sûr que non, répliqua-t-elle en pinçant les lèvres. Je te parle de stopper un possible criminel, ou de le dénoncer avant qu'il ne continue. Je te rappelle que Dumbledore aussi s'en méfie.
- Donc si je comprends bien, si Jimmy était encore vivant, tu enquêtrais quand même ?
- Sauf que Jimmy est mort, Alan ! Ça n'a pas entièrement à voir avec lui.
Minerva s'éloigna, les épaules tendues. Tendues, parce qu'au fond, elle ne savait pas si Alan avait raison ou pas.
***
Minerva se dirigeait vers son dernier cours avant les vacances, l'arithmancie. Alan était parti en divination, matière qu'elle avait abandonnée très rapidement pour des raisons évidentes.
Elle ne cessait de songer aux propos de son ami ainsi qu'à la discussion avec Lewis, quelques jours plus tôt. Jimmy était-il la seule raison pour laquelle elle se lançait dans une enquête sur Jedusor ? En tout cas, il était bien l'une des principales pistes, avec Mimi Geignarde. Mais les deux étaient des fils que Minerva ne parvenait pas à connecter, il manquait un bon nombre de pièces du puzzle et cela la menait à croire avec frustration que la mort de Jimmy n'avait rien à voir avec Jedusor.
Un fracas la sortit de ses pensées et elle vit une fille un peu plus loin se tenir la tête avec fatigue. Ses affaires étaient éparpillées au sol mais elle ne faisait pas mine de les récupérer, une main sur le front, l'autre contre le mur. Minerva reconnut les cheveux noirs de Cora Greengrass, et elle s'approcha pour l'aider. La Serpentarde l'aperçut et grogna tout en se penchant sur ses manuels.
- Ça va, c'est bon, je n'ai pas besoin de ton aide.
Elle ramassa rapidement ses affaires d'une main que Minerva ne manqua pas de trouver tremblante et se redressa. Minerva s'apprêtait à la laisser tranquille quand soudain, après deux pas, Cora poussa un faible gémissement et s'adossa lourdement au mur, le teint pâle.
- Greengrass, appela Minerva, ça ne va pas ?
Pas de réponse, et Minerva remarqua une fine goutte de sueur glisser sur sa tempe et sur sa peau blême. Les quelques tâches de rousseurs sur le nez en trompette de la Serpentard semblaient même ressortir encore plus que la normale.
- J'ai l'air en pleine forme selon toi ? maugréa Cora en fermant les yeux.
- Je t'emmène à l'infirmerie, décréta Minerva en voyant son état.
Elle la prit par la taille mais Cora la repoussa aussi férocement que possible, autant dire faiblement.
- Je peux me débrouiller seule, merci bien.
Elle tituba sur quelques mètres avant que ses jambes ne se mettent à trahir sa faiblesse. Minerva décida de la rejoindre et de la guider en dépit de ses protestations.
Quand elles arrivèrent à l'infirmerie, Cora avait arrêté de gesticuler et s'appuyait volontiers sur l'épaule de Minerva, le front brillant de sueur, les lèvres blanches et les yeux hébétés et luisant de fièvre.
Madame Pomfresh, leur nouvelle infirmière depuis la rentrée, leva la tête à leur approche. Etrangement, elle sembla immédiatement comprendre de quoi il retournait car elle arracha la Serpentard des bras de Minerva et l'allongea dans un lit. Puis elle alla prendre quelques potions dans sa réserve tandis que Minerva tentait de lui expliquer ce qu'il s'était passé.
- Je sais miss McGonagall, vous avez bien fait de l'amener ici.
Cora était désormais dans un sommeil agité et une potion entreprit de la calmer un peu, mais à l'air navré de l'infirmière, Minerva déduisit qu'elle ne pouvait rien faire de plus.
- Qu'est-ce qu'elle a, madame Pomfresh ? s'enquit-elle avec inquiétude.
L'infirmière lui jeta un regard bleu perçant derrière ses lunettes à monture épaisses et ne répondit rien. Minerva comprit que ce n'était pas ses affaires et qu'elle devait se rendre à son cours et la laisser travailler en paix.
Durant toute l'heure, elle songea à Cora, clairement malade mais qui avait refusé son aide par deux fois, ainsi qu'à Madame Pomfresh, avec qui elle semblait partager un secret sûrement médical. Elle espérait que ce n'était pas trop grave, mais le visage blême et les prunelles vides de la Serpentard ne cessaient de danser devant ses yeux, comme morts.
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