Chapitre 12: Connection

Bonjour !

Je suis désolée, je poste très rapidement, c'est la course aujourd'hui ! J'espère que la suite va vous plaire, bisous !!

Chapitre 12 : Connection

- Bougez-vous ! Vous avez des cognards accrochés aux balais ou quoi ? Vous croyez qu'on va gagner la coupe comme ça ?

Minerva dégagea une mèche trempée de son front et attrapa le Souafle que lui lançait Etna. Elle savait qu'elle était dure envers son équipe pour la séance du jour, mais la pluie ne devait pas les empêcher de jouer à leur niveau. Et surtout, ils ne devaient pas se relâcher à l'approche de la première rencontre Gryffondor contre Serdaigle qui avait lieu ce week-end. Fabio en était si angoissé qu'un cognard avait failli le percuter alors qu'il essayait de frapper dedans. Elle avait essayé de ne pas être trop sévère avec lui, car elle avait elle-même eu des difficultés à son tout premier match. Ce qu'il fallait, c'était le mettre en confiance. Elle le félicita d'ailleurs pour son renvoi précis qui l'aurait envoyée à terre si elle n'avait pas été concentrée sur le jeu du jeune batteur.

À la fin de l'entraînement, ils étaient tous dégoulinants de boue et d'eau et Charlie grelottait de froid.

- C'est bien tout le monde, les complimenta-t-elle une fois à l'abri, vous allez voir, on va écraser les Serdaigle samedi.

Elle vit Fabio hocher frénétiquement la tête, l'air plus angoissé que jamais.

- Tu vas y arriver Fabio, le rassura-t-elle, ne t'en fais pas pour ça. Vous pouvez aller aux vestiaires, c'est fini pour aujourd'hui, rendez-vous demain pour le dernier entraînement avant le match.

Quand elle se fut entièrement lavée, séchée et réchauffée, Minerva fit un signe d'au revoir à ses coéquipières et repartit vers la tour de Gryffondor.

Il n'était pas vraiment tard, mais la mauvaise météo avait assombri le ciel et Minerva devait faire attention où elle mettait les pieds sur le chemin.

Elle poussa les lourdes portes et croisa le regard mauvais de la concierge, Mme Esmelda. Minerva préféra essuyer du mieux que possible ses pieds avant de raser les murs jusqu'au Grand Escalier.

Tous les élèves étaient déjà dans leur salle commune aussi, lorsqu'elle entendit des bruits étouffés de pas, Minerva s'arrêta, l'oreille tendue. La personne semblait marcher vite. Minerva se tapit instinctivement contre la rambarde et zyeuta entre les barreaux de pierre. Un garçon apparut à l'angle du couloir du premier étage et grimpa au deuxième sans remarquer Minerva un peu plus bas. Celle-ci eut le temps d'apercevoir une tignasse blonde avant de se décider à la suivre à pas feutrés. La silhouette bifurqua dans un autre couloir et Minerva emprunta ses pas avec curiosité.

Elle reconnut le couloir en même temps qu'elle identifia l'élève qui filait en douce en dehors de son dortoir. Elle laissa échapper une exclamation de surprise. Non seulement elle se trouvait au niveau des toilettes des filles mais en plus le garçon en question était Lewis Rollin.

Lewis s'arrêta brutalement et se retourna alors que Minerva se cachait derrière une armure dans un renfoncement de pierre. Cela lui rappela étrangement le jour où elle avait surpris la conversation entre Dippet et Dumbledore. Lewis apparut, les sourcils froncés, sa baguette illuminée tendue devant lui. Minerva s'aplatit contre le mur, le cœur battant. Quoiqu'il fût en train de faire, elle était certaine qu'il ne souhaitait vraiment pas être surpris. Il finit par partir, le regard suspicieux et plus méfiant que jamais.

Minerva laissa passer de longues minutes avant de sortir de sa cachette. Elle jeta un coup d'œil par où s'était dirigé le Serpentard mais ne le vit pas. Elle avança à travers les couloirs mais elle dut bien vite se rendre à l'évidence : il avait disparu.

Elle décida de retourner à sa salle commune, l'esprit songeur. Que faisait Lewis à traîner dans les couloirs, et surtout encore une fois, à proximité des toilettes des filles ? Cela ne pouvait plus être une simple coïncidence.

Alan l'attendait dans la salle commune, une tasse de chocolat chaud et un sandwich à la main pour elle. Elle le remercia et s'affala à ses côtés.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il. L'entraînement s'est mal déroulé ?

Minerva lui raconta ce qu'elle venait de voir et combien ça l'intriguait. Alan sauta sur ses pieds et faillit faire tomber la tasse de Minerva.

- Je te l'avais dit ! s'écria-t-il. Il cache quelque chose.

- Mais quoi ?

Alan se rassit, l'air plus perplexe.

- Qu'est-ce qu'il y a au deuxième étage ?

- Le bureau de Dippet, répondit immédiatement Minerva. Et les toilettes de Mimi Geignarde entre autres.

- Tu crois qu'il sait pour Mimi et Jedusor ?

Minerva fronça les sourcils et secoua la tête.

- Comment le pourrait-il ? Non, il doit y avoir une autre raison...

Mais laquelle ?

***

- Peut-être que tu ne te concentres pas assez ?

Ils étaient dans un recoin de la bibliothèque à l'abri des regards. Minerva jeta un regard agacé à Alan qui avait eu le malheur de suggérer une telle hypothèse alors qu'elle tentait depuis une heure de reprendre contact avec son Animagus.

- Ou peut-être que si, rectifia rapidement Alan en déglutissant. Mais justement, tu ne devrais pas plutôt laisser les choses se faire au lieu de forcer ton Animagus ?

Minerva faillit répliquer que lui n'avait pas essayé la moindre étape de la transformation aussi elle ne voyait pas comment il pouvait donner de conseils. Elle se ravisa et tenta quand même sa proposition. Elle ferma les yeux et fit le vide autour d'elle. Même la respiration de son ami disparut et le silence se fit. Elle attendait à l'affût de la moindre émotion extérieure à elle, à la moindre présence dans sa tête. Et soudain, le frémissement tant attendu survînt. Une forme floue se forma dans l'esprit de Minerva et elle sut immédiatement que c'était son Animagus. Elle l'appela avec espoir et le chat sembla regarder dans sa direction. Ils s'observèrent ainsi pendant quelques secondes. Puis le chat disparut dans un nuage.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Alan avait le menton appuyé dans sa main, l'air de s'ennuyer ferme. Il se redressa vivement en croisant son regard.

- Alors ? Ça a marché ? T'es restée immobile pendant presque une demi-heure !

Minerva tiqua. Tant de temps ?

- Désolée, je ne m'en suis pas rendue compte. Mais oui, ça a marché. Du moins, j'ai pu voir la forme de mon Animagus, c'était la première fois qu'il se montrait depuis que je l'avais perdu. C'est bon signe.

Alan ne lui servit pas son regard du « Je te l'avais bien dit » et Minerva lui en fut reconnaissante. Elle le remercia et se leva de sa chaise.

- J'ai décidé que j'allais interroger Mimi Geignarde à propos de Lewis. Peut-être qu'elle sait quelque chose. Tu viens avec moi ?

Alan accepta avec joie et la suivit jusque dans les toilettes des filles. Le fantôme n'y était pas. Minerva fit quelques pas au milieu de la pièce inondée, balayant l'endroit du regard.

- Elle doit traîner dans les tuyaux de canalisation, supposa Alan en s'approchant des lavabos.

Minerva grimaça, refoulant l'image d'une Mimi gigotant dans l'eau sale des toilettes.

- Eh, ce robinet ne fonctionne pas ?

Minerva se retourna sur Alan qui tournait le robinet d'eau que Minerva avait déjà tenté d'activer lorsqu'elle avait voulu se nettoyer le visage.

- Selon Mimi, il n'est plus en état depuis un bout de temps, expliqua-t-elle.

- Bizarre.

Minerva haussa les épaules.

- C'est des toilettes abandonnées, pourquoi s'embêter à les réparer ?

Elle croisa le regard d'Alan dans le miroir et ce faisant, tomba sur l'apparence fantomatique de Mimi Geignarde qui les observait, sourcils froncés.

- Vous vous connaissez tous les deux ?

Minerva et Alan s'entre-regardèrent avant d'acquiescer.

- C'est elle qui t'as envoyé la dernière fois ? accusa-t-elle en pointant Minerva du doigt.

- Heu non, mentit Alan, il se trouve qu'on a seulement les mêmes, hum, centres d'intérêt.

- Et nous nous demandions, continua Minerva pour éviter que Mimi ne pose trop de questions, si Lewis Rollin, un Serpentard blond, passait de temps en temps par ici ?

Mimi fit mine de réfléchir, évaluant plutôt si elle pouvait se permettre de révéler certaines choses au duo.

- C'est possible..., finit-elle par répondre. Pourquoi ?

- Nous voulions savoir s'il cherchait également à connaître les raisons de ta mort.

Le visage de Mimi devînt plus opaque, signe qu'elle rougissait de colère.

- C'est ce qu'il fait, mais avec plus de tact que toi !

Alan s'avança les mains levées dans un geste apaisant.

- Minerva ne veut pas paraître impolie. Si elle pose tant de questions concernant ta mort et Jedusor, c'est parce qu'un être qui lui était cher est décédé il y a quelques années et elle soupçonne ce Tom.

Minerva souffla d'agacement alors qu'il révélait tout à un fantôme susceptible qui ne l'appréciait pas. Mais contrairement à ce qu'elle pensait, Mimi se détendit et prit un air intéressé.

- Vraiment ? Eh bien, je peux dire que ce Rollin -très charmant d'ailleurs- me parlait bien de ma mort et de Tom Jedusor.

- Et qu'est-ce que tu lui as dit ? demanda Alan.

- La même chose qu'à toi. Ce qu'il y avait d'effrayant à son propos, à quel point il était étrange.

Alan jeta un coup d'œil interrogateur à Minerva pour savoir si elle voulait connaître autre chose mais elle secoua la tête. Ils remercièrent le fantôme et sortirent des toilettes.

- Bon, on aura au moins appris que Rollin fouine du même côté que nous, dit Alan. Mais pourquoi ?

Minerva n'avait pas la réponse à cette question.

***

- Bienvenue à ce tout premier match de la saison qui verra s'affronter Serdaigle contre Gryffondor !

Minerva entendait la voix diffuse du présentateur, un Serpentard de septième année, à travers les portes qui les séparaient du stade. Elle pouvait ressentir l'anxiété de l'équipe, mais surtout d'Alex et Fabio. Elle se tourna vers ses coéquipiers.

- Ok tout le monde, fit-elle, c'est le premier match, mais faut se donner à fond. On n'a pas le droit à l'erreur. Nous nous sommes entraînés durs malgré le peu de temps qui s'offrait à nous et nous sommes capable de battre les joueurs d'en face. Vous connaissez votre job, jouez votre Quidditch à vous et tout se passera pour le mieux. Appliquez ce que l'on a testé aux entraînements, tentez des choses. Ce n'est pas grave si vous échouez, ne rien faire ne fera pas avancer le match en notre faveur.

Elle adressa particulièrement cette dernière phrase aux deux nouveaux qui pourraient être moins confiants dans leurs actions. Minerva savait ce que cela faisait, son premier match avait été un bon exemple, et elle ne souhaitait pas que cela arrive aux autres.

La porte dans son dos s'ouvrit et les acclamations des élèves retentirent.

- C'est désormais à l'équipe de Gryffondor menée par Minerva McGonagall d'entrer sur le stade ! Seulement deux changements chez elle, comment Gibson et Solomon vont-ils se débrouiller pour leur premier match ? Ah, voilà l'équipe de Serdaigle qui conserve tous ses joueurs, une chance ! Malheureusement, plus de la moitié part en fin d'année, et la reconstitution risque d'être difficile. L'arbitre s'avance désormais avec le coffret. Les deux capitaines se serrent la main avec fair-play... ou parce qu'elles sont obligées, qui sait.

Minerva et Andrea Berlin, la capitaine de Serdaigle eurent un léger sourire. Il n'y avait pas d'animosité entre elles, juste un fort esprit de compétition, autrement il leur arrivait même de discuter au détour d'un couloir.

- On se revoit à ta défaite McGonagall, sourit Andrea. J'ai calculé l'intensité des vents, et mon petit doigt me dit que toi non. Ne tombe pas de ton balai.

Minerva ricana avant de se détourner pour rejoindre son équipe. Le cerveau de Serdaigle de son adversaire n'était pas particulièrement un plus dans les victoires des bleu et bronze.

Tous les joueurs se mirent en place et Minerva se plaça entre Etna et Alex, le regard concentré. Puis, le coup de sifflet retentit et Minerva oublia tout son entourage, les acclamations de la foule, les encouragements, et se rua en avant afin d'attraper le Souaffle avant les Serdaigle. Etna réussit à le prendre sous le nez d'Andrea et fila vers les cercles adverses. Un batteur lui envoya un cognard et elle fut forcée de lâcher la balle en faisant un tonneau. Minerva tenta de le récupérer mais Binnes, un poursuiveur adverse, fit mouche avant elle et partit de l'autre côté du terrain. Alors qu'elle allait taper dans la balle, Binnes fit la passe à Andrea. Alex se retrouva sur le chemin entre les cercles et son adversaire. Minerva la vit raffermir son emprise sur le balai avant de s'élancer. Elle fit une queue de poisson à Andrea qui freina brusquement et Fabio en profita pour lancer un cognard dans sa direction. Un coéquipier avertit Andrea et elle lâcha le Souaffle en virant pour éviter la balle noire. Alex récupéra le Souaffle et accéléra vers les cercles sous les acclamations des élèves. Etna arriva à ses côtés pour l'épauler et Minerva se plaça en dessous, au cas où elle lâcherait la balle. Finalement, Alex tira et marqua ainsi les premiers points des rouges et or.

Le match continua dans cette même dynamique : Alex et Fabio avait vaincu leur stress et se débrouillaient très bien. Minerva pouvait par moments entendre le présentateur louer la symbiose entre les poursuiveurs de Gryffondor et elle se félicitait du travail qu'ils avaient accomplis tous ensemble aux entraînements.

Charlie bloqua un énième tir sous les vivats hystériques des Gryffondor. Enfin, alors qu'ils menaient 180 à 80, Holly ne laissa aucune chance à son adversaire dans la chasse au Vif d'Or. Elle se jeta en avant et prit des risques que Minerva aurait trouvés dangereux si ce n'avait pas été Holly. Osée, rapide et précise, elle filait dans le vent alors que tout le stade retenait son souffle. Puis, après une course affolante, Holly se redressa le poing en l'air.

Les Gryffondor explosèrent de joie et Minerva et ses coéquipiers se rejoignirent pour célébrer leur victoire. Fabio rougit sous les frappes amicales d'Alfie tandis qu'Alex s'enorgueillissait de son succès.

Cette année, Gryffrondor gagnera la coupe de Quidditch, pensa Minerva, c'était certain.

Après s'être changée dans les vestiaires, elle ne perdit pas de temps et rentra immédiatement dans sa salle commune où une fête se déroulait en l'honneur de leur victoire. Elle avait souvent essayé d'éviter ces effusions de joie où l'alcool proliférait, mais elle avait remarqué que plus elle repoussait sa venue, plus les élèves étaient agités et l'accusaient en riant de se faire attendre. Là, elle avait une chance de s'éclipser plus rapidement après avoir échangé quelques paroles pour faire bonne mesure. Elle comprenait leur besoin de s'amuser, mais cette habitude ne correspondait pas à sa personnalité et elle n'arrivait pas à se sentir à l'aise au milieu de cet environnement. Alan essayait souvent de la jeter dans la cage aux lions, mais elle arrivait la plupart du temps à lui échapper, au grand dépit de son ami.

Soudain, alors qu'elle grimpait quatre à quatre les marches des escaliers, elle sentit une main l'entraîner dans un recoin. Elle se débattit et tenta de dégager son bras en frappant son agresseur.

- Arrête Minerva ! C'est moi, Lewis !

Minerva s'immobilisa et plissa les yeux afin de distinguer les traits fins du Serpentard.

- Lewis ? Mais qu'est-ce qui te prend ?

Il n'avait toujours pas lâché son emprise sur son bras et Minerva se raidit, sa main prête à plonger dans sa poche où se trouvait sa baguette.

- Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-elle avec méfiance.

- Jedusor, murmura-t-il immédiatement et Minerva sentit son souffle se bloquer dans sa gorge, que sais-tu de lui ?

Comme savait-il qu'elle s'intéressait à Jedusor ? Comment était-il remonté à elle ? La main sur son bras se fit pressante.

- Je sais que t'as interrogé Mimi sur lui, tu connais des choses à son propos, tu dois me le dire, continua-t-il avec une voix fiévreuse.

Elle songea à Jimmy, mort parce qu'il s'était approché de trop près de Jedusor, parce qu'il avait découvert des choses qu'il n'aurait pas dû découvrir. Elle pensa à sa propre enquête, à Alan qu'elle avait mêlé à tout cela. Elle se rappela du regard méfiant et suspicieux de Lewis la nuit où elle l'avait découvert dans les couloirs de Poudlard, toutes ces fois où elle et lui s'étaient croisés devant les toilettes des filles. Elle baissa les yeux sur la main qui enserrait son bras. Alors elle nia.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, dit-elle froidement, je ne connais pas ce Jedusor.

- Arrête ça, répliqua Lewis en fronçant les sourcils, je ne vais rien te faire, mais j'ai besoin que tu me donnes les informations dont tu disposes.

- Lâche-moi, Rollin, où je te jure que tu recevras un sort dont tu te rappelleras toute ta vie.

Lewis sembla comprendre qu'elle était mortellement sérieuse car sa main se desserra et Minerva en profita pour se dégager brusquement. Elle s'éloigna à reculons, les doigts tremblants, avant de partir à grands pas en direction de sa salle commune.

Elle ne fit pas attention aux appels de son équipe lorsqu'elle débarqua dans la pièce et monta directement dans son dortoir. Elle s'assit sur son lit et ramena ses genoux contre sa poitrine, ses pensées tourbillonnant dans sa tête.

Elle aurait dû être plus discrète. Elle aurait dû arrêter de fouiner dans cette sombre histoire. Était-il possible que Lewis connaisse Jedusor et travaille pour lui ? Après tout, Tom pourrait très bien avoir encore quelques taches à accomplir à Poudlard. Pourquoi sinon rechercher un poste de professeur au château ? Minerva frissonna en songeant au pétrin dans lequel elle s'était mise. Peut-être valait-il mieux mettre son enquête sous silence pendant un moment et faire profil bas. Et dire qu'elle avait entraîné Alan dans tout cela. Il avait eu raison, Lewis manigançait sûrement quelque chose.

***

Depuis l'incident de l'après-match, Minerva ne s'approchait plus du tout de Lewis qui semblait à chaque fois la chercher du regard. Alan avait fini par remarquer son manège ainsi que son angoisse constante et l'avait forcée à révéler ses inquiétudes. Aussitôt, il avait bondi sur ses pieds et s'était écrié qu'il fallait aller voir le professeur Dippet. Mais Minerva avait refusé net.

- Nous n'avons aucune preuve, avait-elle expliqué, nous ne savons même pas si ce Jedusor est coupable de quoi que ce soit.

- Tu as toi-même dit que Dumbledore se méfiait de lui ! Ça doit bien valoir quelque chose non ? avait rétorqué Alan. Jedusor est coupable et une fois qu'on l'aura prouvé, on pourrait inculper Rollin également et peut-être même le faire exclure.

- Tu vas trop vite Alan. Si ça se trouve, Rollin est complètement innocent. Et puis, imagine qu'il ne l'est pas et que Dippet le renvoie ? Il se retrouvera en liberté et pourra même rejoindre Jedusor dans ses sombres desseins.

Et alors elle serait encore plus en danger, ainsi qu'Alan. Suite à ces paroles, Alan n'avait pas argumenté et s'était rassis sur le canapé, songeur. Minerva s'en voulait de le mêler à toute cette histoire.

Les cours, le Quidditch ainsi que ses tentatives pour renouer avec son Animagus lui permirent cependant d'occuper son esprit autrement. Lewis n'insistait pas pour la voir et rien d'étrange n'était survenu depuis leur confrontation. Alors qu'Alan souhaitait toujours découvrir les raisons des actes de Lewis, Minerva elle, tentait d'oublier ce qu'il s'était passé. Savoir qu'elle risquait d'être en danger à plus fouiner avait suffi à tempérer ses ardeurs. Elle avait vu ce qui était arrivé à Jimmy. Sitôt qu'il était sorti de Poudlard, il avait été assassiné.

Elle décida de se concentrer momentanément sur son Animagus dont elle s'occupait que de temps en temps quand elle avait des instants de liberté. Aussi, elle s'autorisa des pauses dans son travail et tous les soirs, elle essayait de reconnecter avec lui. Elle commençait à percevoir chaque évolution : son Animagus restait plus longtemps, semblait plus intéressé par ses propos et paraissait plus enclin à communiquer. Jusqu'au soir où, au bout de deux semaines de dur labeur, elle se retrouva dans un recoin de la librairie et le chat refit son apparition, son poil tigré pour la première fois visible aux yeux de Minerva. Ses yeux verts fixèrent les siens, ou du moins rentrèrent en contact avec ses pensées, et Minerva ressentit instantanément la connexion se faire. C'était comme une corde qui se tendait au fur et à mesure et les tiraient l'un vers l'autre. Minerva tendit la main, comme essayant de toucher le chat. Dès le premier contact, elle sentit ses cheveux de la nuque se hérisser, des frissons parcoururent ses bras et son cœur s'accéléra. Elle ressentit des picotements désagréables sur tout son corps et ses membres rapetissèrent douloureusement jusqu'à ce que la table lui paraisse trop haute pour elle. Surprise, elle faillit tomber de sa chaise mais réussit inexplicablement à se rétablir de manière souple. Elle baissa les yeux et se retrouva le nez collé à sa poitrine... tigrée ? Elle tendit les bras devant elle et soudainement, se mit à tomber en avant. C'est en observant son environnement, de couleurs pastel, clairs et flous, qu'elle réalisa qu'elle avait réussi sa transformation.

- Incroyable, murmura-t-elle.

Ou du moins, tenta. À la place, ce fut un miaulement qui sortit de sa bouche. Un élève qui passait par là, la remarqua et ouvrit de grands yeux.

- Mais qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il. Où est ton maître ?

Minerva le trouva stupide de parler à un chat en espérant qu'elle lui réponde. Puis, l'élève commença à s'approcher et instinctivement, elle alla se cacher sous la table. Ce qui était ridicule, songea-t-elle, puisqu'elle savait qu'il n'allait pas lui faire de mal. Cependant, son instinct de chat semblait prendre le dessus et quand il tendit la main pour la caresser, elle feula et le griffa. Le garçon poussa un cri de douleur et recula en pestant :

- Que se passe-t-il ici ?

Alertée par le bruit, Mme Pince était apparue comme par magie et les toisait d'un air sévère jusqu'à ce que son regard se fige d'horreur en voyant Minerva.

- Un chat ! tenta-t-elle de hurler tout en chuchotant. Un chat dans ma bibliothèque ? Febbin, sortez-le de là !

- Mais ce n'est pas le mien, protesta-t-il en se tenant la main griffée.

Mme Pince lui jeta un air tellement furibond qu'il finit par obéir tout en déglutissant.

Hors de question que Minerva se fasse éjecter de la bibliothèque ainsi. Tant pis pour ses affaires de cours, elle les récupérerait plus tard.

Elle détala hors de portée des mains de l'élève et, peu habituée par sa nouvelle condition, dérapa et percuta les jambes de Mme Pince. Etourdie, elle réussit à échapper à son coup de pied en titubant et reprit sa course en direction de la sortie. Tout lui semblait plus grand, plus trouble, plus effrayant, mais un millier d'odeurs lui parvenait aux narines au point de lui faire tourner la tête : le bois, le parchemin, la transpiration ou le parfum des élèves, l'eau et la boue collée aux chaussures, le shampoing à la cannelle d'une fille de Serpentard, l'odeur de l'encre, la cire des bougies, le vernis des tableaux, une bombabouse cachée dans le sac d'un Gryffondor... un chat. Mais ce n'était pas son odeur, plus celle d'un concurrent, un adversaire à chasser du terri... Concentre-toi Minerva ! Elle n'était pas un chat, mais une humaine. Elle entendit un feulement derrière elle et Minerva vit le chat de la concierge la regarder furieusement. Elle ne mit pas longtemps à comprendre qu'elle n'avait que quelques secondes pour s'enfuir avant qu'il ne la réduise en charpie. Elle pouvait tout aussi bien se transformer à nouveau mais elle ne savait pas comment faire.

Alors elle tourna les talons (les coussinets ?) et s'enfuit dans la direction opposée, l'autre chat poussant des miaulements peu engageants.

Elle slaloma entre les étudiants qui poussaient des cris de surprise en voyant débouler deux félins en pleine course poursuite.

Outre son agacement envers l'autre chat, Minerva pouvait pleinement ressentir les effets de sa transformation : ses foulées étaient longues et souples, ses pattes semblaient voler au-dessus du sol, ses sens étaient accrus au maximum et elle ne pouvait s'empêcher de trouver les humains lourds, patauds et ridiculement maladroits.

Soudain, une odeur qu'elle reconnaissait lui parvînt aux narines : Alan. Elle se tordit le cou et l'aperçut en train de discuter avec une fille de Poufsouffle. Sans aucun remord, elle interrompit leur conversation en fonçant dans les jambes de son ami et en miaulant comme une possédée. Alan poussa un glapissement dont Minerva se promit de lui rappeler plus tard et recula contre le mur. Minerva se faufila au niveau de ses chevilles et leva un regard suppliant vers son ami.

- D'où tu sors toi ? demanda-t-il.

Arrêtez de me parler, jamais je ne vous répondrai ! Elle feula à l'attention du chat de la concierge et lança un regard insistant à Alan. Celui-ci fit de grands gestes menaçants et le chat finit par s'enfuir.

La fille de Poufsouffle se pencha avec un air attendri.

- Regarde-moi cet adorable chat, minauda-t-elle, ce qui fit cracher Minerva. Ouh, pas très aimable !

Bizarrement, ce fut ces mots qui semblèrent faire réaliser à Alan qui elle était.

- Oh mon dieu, dit-il d'un air éberlué.

- Quoi ? s'enquit la fille.

Le visage d'Alan se troubla alors qu'il essayait de trouver une excuse. Minerva lui lança un regard d'avertissement mais Alan l'ignora joyeusement.

- C'est le chat errant d'une amie. Malpoli, insupportable, ingrat et en plus il a des puces.

La fille recula vivement la main et se redressa.

- Oh, eh bien, je te laisse avec ce... chat, alors. A un de ces jours, Alan !

Elle partit, faisant virevolter sa jupe d'uniforme, et Alan s'accroupit face à Minerva qui lui lança un regard furieux, révoltée par ses paroles.

- C'est bien toi Minerva ? demanda-t-il.

Celle-ci hocha la tête et Alan faillit tomber sur les fesses.

- Incroyable... Alors, tu as réussi... Heu, pourquoi ne pas te transformer à nouveau ?

Minerva essaya de hausser un sourcil, dans le sens « A ton avis ? ».

- Tu peux pas, c'est ça ? OK, alors heu... j'imagine qu'il faudrait aller voir Dumbledore c'est ça ?

Bien joué Alan, pensa-t-elle ironiquement. Elle emprunta le chemin et son ami la suivit derrière, légèrement perturbé par la situation.

- Et ça fait combien de temps que tu traînes sous cette forme de chat ? s'enquit-il avant de rectifier après avoir reçu un regard de travers : d'accord, donc je parle et tu écoutes ? Pas de souci, les gens vont penser que je suis fou.

Minerva ne le montrait pas, mais elle était inquiète des conséquences de sa mutation. Et si elle n'arrivait pas à reprendre forme humaine ? Bien sûr, Dumbledore serait de bons conseils, mais elle avait eu tellement de mal pour regagner la confiance du chat qu'elle avait peur d'échouer dans sa transformation.

- Imagine un peu ce que tu pourras faire avec ton Animagus, s'émerveillait Alan. Espionner les gens, sortir des dortoirs la nuit, passer inaperçue...

Minerva leva les yeux au ciel et ne réagit pas jusqu'à ce qu'ils arrivent au bureau du professeur de métamorphoses. Celui-ci leur indiqua d'entrer et Minerva sentit ses yeux bleus perçants se poser avec inquisition sur Alan puis sur elle. Alan eut un regard embarrassé et Minerva s'avança au centre de la pièce. For heureusement, Dumbledore comprit immédiatement de quoi il retournait et Minerva remercia sa rapidité d'esprit.

- Miss McGonagall ?

Dumbledore se leva de son fauteuil et s'accroupit afin de mieux l'observer. Minerva se tortilla, gênée d'être le centre d'attention sous sa forme de chat.

- C'est tout simplement prodigieux, murmura-t-il. Puis il s'adressa à Alan : Vous étiez présent lors de la transformation ?

Alan secoua la tête.

- Je l'ai croisée dans un couloir et nous sommes venus directement. Elle n'arrive pas à reprendre sa forme humaine, ou du moins, elle ne sait pas vraiment comment faire.

Dumbledore se redressa et caressa longuement sa barbe auburn d'un air pensif avant de déclarer :

- Je suis désolé Mr Vendrars, mais il va falloir que votre amie se concentre pour redevenir telle qu'elle était, aussi, je vous prierais de bien vouloir sortir de mon bureau. Mais d'abord, j'aimerais que vous récupériez les affaires de Miss McGonagall. Où étiez-vous miss ? Dans la salle commune ?

Minerva secoua la tête.

- Ah monsieur, sourit Alan, vous ne semblez pas la connaître aussi bien que moi. Elle devait sûrement être à la bibliothèque.

Même si cela lui faisait mal de l'admettre, Minerva acquiesça de manière récalcitrante et Alan ne retînt pas son ricanement. Il ne s'attarda pas et sortit du bureau en quête du sac de son amie.

- Bien, à nous deux Miss McGonagall, fit Dumbledore en se rasseyant derrière son bureau. Quand Mr Vendrars reviendra avec votre baguette nous pourrons nous atteler à votre transformation. C'est tout simplement un processus inverse à celui que vous venez de réaliser. Il faudra visualiser votre corps humain et souhaiter reprendre cette forme. À force d'exercices, vous n'aurez plus besoin de votre baguette.

Minerva acquiesça avec soulagement. Elle ne se voyait pas se trimballer sa baguette dans sa gueule pendant ses balades (ou ses filatures, pour faire plaisir à Alan). Cela ne réglait cependant pas son problème de comment reprendre forme humaine. Dumbledore dut le sentir car il sourit :

- Ne vous en faites pas, vous avez fait le plus compliqué. Je dois dire que je suis très impressionné par votre réussite Miss McGonagall. Redevenir humaine devrait être une facilité pour vous.

Si vous le dites, songea Minerva.

- Je vous enverrai un hibou quand il faudra nous rendre au Ministère pour vous enregistrer, continua le professeur. Il faudra faire vite cependant, car vous êtes désormais dans l'illégalité et si jamais quelque chose arrive et que vous êtes d'une quelconque façon inculpée, vous risquez beaucoup.

Ce n'était pas dans les projets de Minerva de chercher les problèmes, mais elle nota une lueur dans le regard de Dumbledore, comme s'il savait qu'elle avait longuement enquêté sur Jedusor, et qu'elle n'aurait pas dû. Ce qu'il ne savait pas en revanche, c'était qu'elle avait décidé de prendre une pause dans toute cette histoire. Les évènements prenaient une tournure inquiétante.

Quelqu'un frappa à la porte et Alan entra, le sac de Minerva à la main. Il tendit le tout à Dumbledore qui s'accroupit et plaça la baguette au sol.

- Je vous prie de bien vouloir poser la patte sur la baguette miss, comme si vous essayiez de la prendre.

Minerva obéit maladroitement et attendit la suite.

- Maintenant, songez à votre forme humaine, pensez que votre fourrure se rétracte et que vos membres s'agrandissent. Imaginez votre corps dans votre esprit en souhaitant redevenir humaine.

Minerva se détendit du mieux que possible et imposa à son esprit son corps. L'image de son menton pointu, de ses traits effilés et de son nez autoritaire la firent grimacer mais elle continua. L'esprit du chat commença à s'effacer, acceptant de se mettre à l'écart et de disparaître jusqu'à nouvel ordre. Alors, Minerva sentit ses jambes la picoter et se peau frémir. La transformation était étrangement moins douloureuse dans ce sens, étant donné qu'elle pouvait considérer cela comme un écartèlement, et rapidement, elle gagna en hauteur, sa vision se brouilla et sa seule pensée fut pour ses vêtements et l'espoir que ceux-ci l'aient suivie.

Elle tituba et Alan lui prit le bras afin de la stabiliser. Elle tenait dans la main sa baguette et –Merlin, merci- son uniforme paraissait n'avoir subi aucun changement durant le processus.

Elle jeta un coup d'œil à son ami qui l'observait d'un air éberlué.

- Il te reste une moustache, dit-il.

- Quoi ? s'affola Minerva en portant la main à son visage –qui évidemment, n'avait rien d'anormal.

Alan éclata de rire et Minerva se dégagea en levant les yeux au ciel. Elle se tourna vers Dumbledore et reçut un coup au cœur lorsqu'elle vit son regard briller de fierté. Elle rosit de plaisir et se tortilla sur place, gênée.

- Félicitations Minerva, congratula-t-il –et elle nota l'usage de son prénom-, vous avez réalisé une magnifique performance que peu de monde, si ce n'est personne, ne peut se targuer d'avoir réussi. Ne vous inquiétez pas, plus vous vous entraînerez, plus la transformation sera facile et naturelle. Vous en viendrez à ne plus vous rendre compte des changements opérés.

Minerva soupira de soulagement. Elle ne souhaitait pas passer autant de temps à réfléchir à quelle apparence prendre avant de se transformer.

- Je pense que vous feriez mieux d'aller déposer vos affaires dans votre salle commune et d'aller dîner ensuite, sourit Dumbledore, le buffet est déjà servi.

Les deux amis s'empressèrent d'obéir mais Minerva s'immobilisa, la main sur la poignée. Son père la rabrouerait sévèrement s'il avait été là. Elle se retourna et présenta à son professeur un sourire mi-reconnaissant mi-embarrassé d'avoir presque oublié.

- Merci professeur, dit-elle sincèrement, merci pour tout. Merci de m'avoir offert cette opportunité et de m'avoir fait confiance. Je n'aurais jamais réussi sans vous.

- Je pense que si, répliqua gentiment Dumbledore.

Minerva fit un léger salut de la tête et rejoignit Alan qui l'attendait dans le couloir.

- J'imagine que je te dois des félicitations, fit-il en haussant un sourcil.

Minerva ne répondit rien et Alan reprit son sérieux.

- Vraiment, c'est super ce que tu as fait, et je suis content que tu n'aies pas abandonné.

- Parce que je vais pouvoir espionner tout le monde pour toi, c'est ça ? ironisa Minerva.

Alan ouvrit de grands yeux innocents.

- Eh bien, maintenant que tu proposes si élégamment...

***

Ils avaient fini de dîner depuis un moment déjà, et Minerva s'était attelé à quelques révisions, assise dans un sofa de la salle commune. Alan et elle avaient annoncé la nouvelle à Pomona et Filius qui s'étaient retenus d'exploser de joie en pleine Grande Salle.

Désormais, Alan se morfondait devant la cheminée, jouant avec les fils de son pull.

- Tu ne veux pas prendre une pause ? gémit-il. Tu la mérites pourtant.

- Non, Alan, répéta-t-elle pour la cinquième fois, le temps consacré à ma transformation m'a empêchée de travailler correctement, je dois rattraper mon retard.

Alan soupira mais ne répondit rien. Il y eut un bref silence, seulement entrecoupé par les crépitements des flammes dans l'âtre. Soudain, Minerva redressa la tête et sentit l'air sous le regard interloqué d'Alan.

- Il va y avoir un orage, annonça-t-elle de but-en-blanc.

- Heu... comment tu sais ça ? s'enquit Alan.

Elle rosit.

- J'ai une furieuse envie de faire ma toilette.

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