Chapitre 1: Isobel Ross
Bonjour tout le monde !
Après beaucoup d'hésitations et d'attente, j'ai décidé de poster cette fanfiction sur Wattpad, c'est ma deuxième sur le fandom Harry Potter mais la première que je mets sur ce site; certains ont peut-être en revanche déjà lu ma mini-fanfiction du fandom Percy Jackson, ce serait avec plaisir de les retrouver ici !
Je remercie infiniment mes amies @annabethfan @Cazolie et @Perripuce qui m'ont inlassablement encouragée et poussée à poster (je n'ai pas été contrainte attention !!), donc c'est grâce à elles si je suis là. Remerciement bonus à Annabethfan qui m'a fait cette magnifique couverture, son talent n'est plus à prouver !
L'univers et les personnages (exceptés plusieurs OC) appartiennent évidemment à JK Rowling et non pas à moi !
Je vous laisse sans attendre avec le premier chapitre de cette fanfiction, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! ;) On se retrouve samedi prochain pour la suite !
Bonne lecture !
Chapitre 1 : Isobel Ross
- Bienvenue à la maison !
Isobel posa sa petite valise à ses pieds avec une légère appréhension. La demeure qui s'étendait devant elle lui était étrangère. Le village entier d'ailleurs. Isobel tourna la tête vers les villageois qui arpentaient les rues en leur jetant des coups d'œil curieux.
Son père, Leopold Ross était déjà rentré et inspectait la maison avec des yeux critiques. Isobel pouvait à peine distinguer ses cheveux roux en brosse dans l'obscurité de la demeure. Anthéa Ross, sa mère, s'empressa d'aller ouvrir les volets, ses jupons bruissant derrière elle. Isobel tira les manches de sa propre robe avec gêne. Elle voyait bien que les filles de son âge ne s'habillaient pas de la même manière. Son vêtement faisait plus ancien, plus XIXème siècle. Mais c'était la mode sorcière, et la mode sorcière avait un train de retard avec le monde moldu.
- Isobel ? l'appela sa mère dans la maison. Venez donc à l'intérieur.
Celle-ci s'empressa d'obéir alors que deux jeunes filles l'observaient, interloquées par le vouvoiement de sa mère et par sa tenue.
Isobel referma la porte dans son dos et étudia les lieux. L'entrée donnait sur une vaste salle-à-manger. Les meubles avaient déjà été installés. Anthéa s'affairait dans la cuisine, ouvrant tous les placards.
- Leopold ? fit-elle. Avez-vous trouvé la bouilloire ?
- Ici, répondit une autre voix dans le salon tandis qu'Isobel s'engageait dans le vestibule.
Anthéa émergea de la cuisine et faillit percuter sa fille.
- Isobel ! s'exclama-t-elle. Libérez le passage, par Merlin ! Montez donc dans votre chambre.
Isobel ne dit rien et se pencha pour prendre sa valise. Puis, elle grimpa l'escalier en bois ciré avec précaution, tenant d'une main les volants de sa robe.
Il y avait en haut plusieurs portes qu'Isobel entreprit d'ouvrir. Elle tomba sur une salle d'eau spacieuse et sur une grande chambre parentale. Elle s'empressa de refermer le battant. Elle n'avait pas le droit de se rendre dans la chambre de son père et sa mère. Finalement, elle découvrit une pièce qui sembla être sa chambre. Elle entra, referma la porte et posa sa valise sur l'édredon bleu pâle de son lit. Elle s'assit dessus et regarda autour d'elle.
Les murs étaient blanc cassé, quelques cadres vides y étaient accrochés et les meubles de son ancienne maison étaient déjà en place. Tout avait été fait pour qu'elle se sente comme chez elle. Sauf qu'elle n'arrivait pas à considérer cette maison et ce village comme son nouveau « chez-soi ». Le seul endroit où elle se savait chez elle, c'était Poudlard. Une chance qu'elle y retournait dans quelques jours, après les fêtes. Elle remarqua du coin de l'œil des piles de bouquins sur sa commode de vêtements. Des manuels de sortilèges, de métamorphoses, de potions ... C'étaient des livres en plus, ceux-ci ne faisaient pas partie des manuels demandés par l'école. Seulement, ses parents lui en avaient ajoutés afin de la préparer réellement pour les ASPICS qui l'attendaient à la fin de sa septième année.
Elle soupira, ignora les livres et ouvrit sa valise. Celle-ci contenait quelques objets qu'elle avait tenu à apporter avec elle, des photos avec ses amis, son écharpe qu'elle tira puis suspendit au chambranle de son lit à baldaquin, et son uniforme de Poudlard : une chemise blanche toute simple, une jupe gris ardoise, des chaussettes montantes de la même couleur, ainsi qu'une cravate bleue et bronze aux couleurs de Serdaigle, sa maison. Son cardigan, pull, et autres chemises et jupes étaient déjà rangés. Il semblerait que ses parents aient tout fait pour faciliter le déménagement. Isobel rangea ses affaires, puis sa valise dans un placard. En ouvrant celui-ci, elle eut la surprise d'y découvrir son balai de Quidditch. Elle le sortit avec un fin sourire aux lèvres. Elle n'avait pas pu l'emporter avec elle et c'était avec regret qu'elle l'avait vu partir avec les sorciers qui les aidaient à déménager. Elle avait eu peur qu'ils ne l'abîment. Cependant, il semblait en bon état. Elle faisait partie de l'équipe de Quidditch de Serdaigle depuis sa deuxième année en tant que gardienne.
Des éclats de rire la firent sursauter. Elle se rendit à sa fenêtre qui donnait dans la rue principale. Un groupe d'adultes tentait d'installer quelques décorations de noël sur les façades. L'un d'entre eux s'était pris les pieds dans des fils et s'était affalé au sol sous les rires de ses camarades. Soudain, un jeune homme pointa la maison d'Isobel du doigt et celle-ci se cacha dans les rideaux. Toutefois, ce n'était pas sa fenêtre qu'il désignait mais tout simplement la porte d'entrée, vers laquelle il se dirigea. Elle l'entendit frapper contre le battant. Leopold maugréa dans sa barbe et ouvrit au jeune homme.
Isobel ouvrit sa fenêtre afin de mieux entendre les paroles échangées.
- Bonjour monsieur ! fit la voix joyeuse du jeune homme. Je vois que vous êtes nouveau dans le village, bienvenue !
Il y eut un silence et Isobel jugea que le garçon attendait une réponse de la part de son père. Qui ne vînt pas. Sans se laisser démonter, le jeune homme continua :
- Nous installons des décorations pour les fêtes, cela vous dérangerait que nous mettions une guirlande sur votre maison ? Une petite, rien de bien méchant, histoire d'égayer la rue ...
- Non ! aboya Leopold. Laissez-nous, j'ai du travail à faire !
Et il referma violemment la porte.
En se penchant un peu, Isobel pouvait voir l'air interloqué et vexé du jeune homme. Il passa une main dans ses cheveux bruns bien coiffés puis haussa les épaules. Il leva les yeux et croisa le regard d'Isobel. Il eut un mouvement de surprise tandis qu'Isobel rougissait jusqu'à la racine des cheveux. Elle remarqua que ses yeux verts perçant s'étaient mis à briller d'amusement. Il lui sourit puis retourna rejoindre ses amis.
Isobel resta à la fenêtre un moment jusqu'à ce que sa mère surgisse dans sa chambre. Anthéa remarqua immédiatement l'écharpe bleue et bronze. Elle pinça les lèvres une fraction de seconde. Isobel savait bien que sa mère et son père avaient été foncièrement déçus de la savoir à Serdaigle et non à Serpentard comme eux. Ils avaient fini par l'accepter même s'il était préférable d'éviter le sujet. Anthéa remarqua sa fille devant la fenêtre, le visage rose. Elle fronça les sourcils et alla refermer la fenêtre en reprochant :
- On est en plein mois de décembre, Isobel ! Vous allez attraper froid !
Elle sembla voir le groupe dehors et s'empressa de fermer sèchement les rideaux sombres.
- Ce sont des Moldus, Isobel, dit-elle, vous n'avez rien à faire avec eux.
Isobel se retint de dire qu'un de ses amis de Poudlard était un né-moldu. Cela ne ferait qu'empirer sa situation.
- Descendez, ajouta Anthéa en ressortant, votre grand-mère est arrivée par Portoloin à l'instant.
Isobel resta un moment immobile. Il avait été décidé que sa grand-mère vienne habiter avec eux. Selon Leopold, son fils, elle était trop vieille pour vivre seule en plein Londres.
Isobel replaça quelques mèches brunes dans sa tresse et descendit. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vue sa grand-mère et elle ne savait pas trop comment se comporter avec elle.
La vieille dame était assise, tasse de thé en main, châle autour des épaules, un chignon lâche de cheveux blancs dans le cou. Quand elle l'aperçue, elle sourit, les rides creusant son visage :
- Isobel ! Comme ça faisait longtemps ! Viens par ici !
Anthéa retroussa le nez en entendant cette familiarité. Sa belle-mère sembla le remarquer et répliqua :
- Oh voyons Anthéa ! C'est ma petite-fille ! Et c'est votre fille, vous devriez en faire de même.
- Le vouvoiement est une marque de respect, se défendit Anthéa. C'est le propre à toute famille de Sang-Pur, vous devriez le savoir, Minerva.
Minerva, la grand-mère, leva les yeux au ciel mais ne répondit pas. Elle tendit la main à Isobel qui se hâta de la prendre. Elle était chaude, rêche, mais étrangement rassurante.
De plus près, Isobel pouvait mieux observer sa grand-mère. Elle faisait très vieille mais ses yeux noisette scintillaient de jeunesse. Isobel remarqua que son père et elle-même avaient les mêmes.
Minerva lui offrit un clin d'œil et Isobel sentit son cœur se réchauffer. Les vacances n'allaient sûrement pas être mornes avec elle.
***
Noël arriva rapidement. Les rues étaient décorées, les enfants surexcités couraient partout. Isobel n'était jamais sortie, ses parents étant très réticents à la laisser dehors avec des moldus. Isobel était certaine que des sorciers étaient présents dans ce village mais elle n'en avait encore jamais vus.
Finalement, le 24 décembre 1932 arriva, quelques flocons de neige l'accompagnant.
Isobel tentait de convaincre ses parents de l'autoriser à sortir.
- Avec tous ces moldus dehors ? s'exclama Anthéa outrée.
- Et seule, de surcroît ? ajouta Leopold, les yeux sortant de la tête.
- Elle ne sera pas seule, fit une voix malicieuse. Je serais avec elle.
Les trois se retournèrent vers Minerva qui s'approchait dans son fauteuil roulant. Elle se tourna vers Isobel et dit :
- Va te préparer ma belle, je t'attends ici.
Isobel jeta un regard hésitant vers ses parents, puis, voyant que c'était sa seule chance de pouvoir enfin sortir, elle trottina vers les escaliers, cachant sa joie. Dans sa chambre, elle choisit une robe bleu nuit, simple. Elle enfila des bas, grimaça de la matière rêche et grossière, et attacha ses cheveux avec un nœud de la même couleur que sa robe. Elle attrapa sa cape et la jeta sur ses épaules tout en se chaussant.
Lorsqu'elle descendit, sa mère et son père s'affairaient à leurs tâches habituelles, les épaules crispées. Minerva attendait tranquillement dans l'entrée, une couverture sur elle. Son visage s'illumina en voyant sa petite-fille. Elle éleva la voix à l'attention des deux adultes :
- Nous ne rentrerons pas tard !
Isobel ouvrit la porte et poussa le fauteuil de sa grand-mère dans la rue.
Alors qu'elles avançaient en direction du centre, Isobel murmura :
- Merci, grand-mère.
Minerva rit :
- J'avais la folle envie de sortir également, c'était l'occasion inespérée ! Allez ma belle, allons voir ce que ces moldus nous ont préparé !
Les fêtes avaient lieu à l'intérieur d'une grande salle mais plusieurs personnes discutaient dehors, une boisson chaude dans la main.
Isobel poussa le fauteuil roulant dans la salle. La grande pièce était lumineuse et des décorations clignotaient de partout. Un buffet se trouvait sur un côté du mur et au centre, des personnes dansaient, leur talons claquant sur le parquet. Il y en avait de tout âge. Des vieux, des adultes, des jeunes, des petits de moins de dix ans qui se poursuivaient dans les jambes des plus grands.
- Tiens mets-moi ici, fit Minerva en pointant un coin libre du doigt. Tu serais gentille si tu allais me chercher une boisson chaude !
Isobel s'éloigna en slalomant entre les personnes et s'approcha du buffet. Elle ne reconnaissait aucune boisson. Bien sûr, il n'y avait pas de Bièraubeurre ni de Whisky Pur-Feu. Elle attrapa un verre pré-rempli au hasard et repartit rejoindre sa grand-mère. En se retournant, elle faillit percuter un jeune homme. Celui-ci s'excusa en la retenant de tituber. Isobel se sentit rosir lorsqu'elle croisa le regard vert du garçon qui était venu frapper à leur porte quelques jours plus tôt. Il sembla la reconnaître aussi car il sourit. Il baissa les yeux sur le verre qu'elle tenait et haussa les sourcils.
- Tu n'es pas trop jeune pour boire de l'alcool ?
Il avait un fort accent écossais, encore plus fort que le sien.
- Ce ... Ce n'est pas pour moi, balbutia-t-elle.
Il y eut un bref silence. Puis, le garçon tendit une main et se présenta :
- Je m'appelle Robert McGonagall.
Isobel regarda la main et la serra avec hésitation.
- Isobel Ross.
- Heureux de te rencontrer !
Il embraya :
- Désolé pour l'autre soir, je ne voulais pas déranger ton père.
Isobel haussa les épaules, gênée.
- C'est rien, il était ... un peu sur les nerfs.
C'était faux, mais elle ne pouvait pas dire que son père méprisait les moldus.
- C'est plutôt à nous de nous excuser.
Robert fit un geste de la main, signifiant que l'histoire était oubliée. Isobel tourna la tête vers sa grand-mère qui attendait, les mains sur ses genoux. Minerva croisa son regard et eut un petit sourire pétillant en la voyant en compagnie d'un garçon. Isobel rougit furieusement et bredouilla en désignant sa grand-mère :
- Je dois y aller ... Ma grand-mère m'attend.
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et s'éloigna à petits pas rapides vers sa grand-mère. Celle-ci la taquina :
- Tu ne perds pas de temps on dirait !
Isobel lui tendit son verre sans un mot puis croisa les bras. Elle pouvait encore voir Robert près du buffet. Il discutait avec un homme plus âgé.
- Ça a l'air répugnant. Qu'est-ce que tu m'as donné ? s'enquit Minerva en humant son breuvage.
- Aucune idée.
Minerva releva la tête et la vit observer Robert. Elle sourit.
- Il est plutôt beau garçon, concéda-t-elle.
Isobel ne répondit pas.
- Quoique un peu trop âgé pour toi.
- Grand-mère !
Minerva tourna un visage innocent vers elle.
Isobel risqua un autre coup d'œil vers Robert et le vit avec terreur approcher, deux verres à la main.
Elle empoigna fermement le fauteuil de sa grand-mère pour sortir. Elle ne savait pas pourquoi elle agissait comme ça. Peut-être la gêne ?
- Eeeeeeh ! s'écria Minerva. Mais qu'est-ce que tu fais ?
Elle vit Robert s'approcher et brandit une main en la secouant :
- Bonsoir ! brailla-t-elle.
- Grand-mère ! gémit Isobel.
Forcée de s'immobiliser, elle se tourna vers Robert. Celui-ci lui tendit un verre.
- C'est du chocolat chaud.
Isobel accepta le verre et le remercia timidement. Bon sang qu'est-ce qui lui prenait ? Elle n'avait jamais côtoyé de moldus en dehors de Poudlard, mais de là à réagir ainsi, ça en devenait ridicule ! Robert se présenta à Minerva qui gloussa comme une adolescente. Elle lança un clin d'œil tout sauf discret à Isobel qui se retint de rire. Robert vit le verre que tenait la vieille femme.
- Si vous voulez échanger avec ce chocolat...
Minerva accepta et lui tendit son verre d'alcool.
- Vous avez l'âge de boire de l'alcool jeune homme ? demanda-t-elle.
Isobel savait très bien pourquoi elle demandait cela. Elle voulait juste savoir l'âge exact de Robert, afin de déterminer s'il était trop vieux pour sa petite fille. Celle-ci se retint de se cacher derrière ses mains.
- J'ai dix-huit ans, répondit Robert.
Minerva regarda sa petite-fille en haussant les sourcils.
- Ça va, trancha-t-elle.
Robert fronça un instant les sourcils avant de comprendre. Isobel évita son regard en examinant avec une fausse attention les environs. Ce fut un silence gênant. Du moins, pour Isobel et Robert, car Minerva semblait bien s'amuser. Elle fredonnait au rythme de la musique en dodelinant de la tête. Finalement, Robert se tourna vers elle et lui indiqua la piste de danse.
- Tu veux danser ?
Isobel déglutit, jeta un regard affolé à Minerva qui sembla se réveiller. Celle-ci dit :
- Bien sûr qu'elle veut danser !
Robert sourit mais interrogea Isobel des yeux. La jeune fille hésita un moment puis posa son verre et lui prit la main. Il l'entraîna sur la piste et elle le prévint :
- Je ne sais pas danser.
Ce n'était pas réellement vrai. Elle savait danser, mais seulement les danses de Poudlard et de sorciers. Celles moldues lui étaient inconnues.
- Ce n'est pas grave, assura Robert, il y en a pleins qui ne savent pas.
Ce ne fut pas très compliqué de suivre les pas du jeune homme et Isobel découvrit avec surprise qu'elle ne se débrouillait pas trop mal à la fin. Elle lui avait marché plusieurs fois sur les pieds mais il ne s'était jamais plaint. Ils n'avaient pas beaucoup discuté mais Robert semblait vouloir rattraper cela en la tirant dans un coin de la salle plus tranquille. Ils observèrent les danseurs. Isobel s'aperçut avec amusement que sa grand-mère avait trouvé un jeune enfant pour la pousser dans la pièce au rythme de la musique. Robert engagea la conversation :
- Tes parents ne sont pas venus ?
Isobel secoua la tête et inventa :
- Ils avaient encore des choses à régler avec le déménagement.
- Le jour de Noël ? C'est triste...
Isobel acquiesça et lui retourna la question.
- Moi ? Ils doivent être dehors en train de livrer quelques caisses de pâtisseries.
Il précisa que Monsieur McGonagall était le boulanger du coin.
- Tu fais des études loin d'ici ?
- En Écosse, mentit Isobel. Je suis ... en internat là-bas, je rentre pour les vacances.
Elle apprit que Robert aidait son père à la boulangerie de temps en temps mais offrait des services aux habitants du village sur plusieurs domaines : changer des ampoules chez des personnes peu familières avec l'électricité, faire les courses pour les plus âgés ... Disons qu'il était plutôt multitâches. Il lui demanda ce qu'elle voulait faire après ses études. À vrai dire, elle n'y avait pas vraiment réfléchi. Vu ses résultats, elle pouvait prétendre à beaucoup, mais elle n'avait même pas encore passé ses ASPICS donc son choix de métier lui semblait lointain.
Au fur et à mesure qu'ils discutaient, Isobel découvrit un garçon qui avait envie de partir, de vivre une vie dans les Highlands d'Ecosse, d'où son père venait avant d'être enrôlé par l'armée britannique pour la guerre mondiale de 1914. Il aimait ce village, mais il n'arrivait plus à supporter le fait d'y être coincé toute sa vie.
- J'aime mes parents, disait-il, mais mon rêve n'est pas de reprendre sa boulangerie quand ils ne seront plus capables de la faire tourner.
Ils discutèrent encore un moment jusqu'à ce que Minerva arrive, les cheveux décoiffés à force d'avoir été baladée dans la pièce.
- Quel charmant garçon ce petit Donald ! disait-elle. Je me suis rarement autant amusée !
Isobel la regarda s'approcher avec un sourire affectueux.
- Isobel ! On va y aller, j'ai promis à tes parents qu'on ne rentrerait pas trop tard, il est presque minuit ! Je t'attends dehors.
Elle s'éloigna en poussant les roues avec ses mains.
- C'est fou ce que le temps passe vite quand on s'amuse ... ! marmonna-t-elle.
Isobel se tourna vers Robert et sourit. Sa timidité lui était passée alors qu'ils discutaient. Robert l'avait mise à l'aise et elle était déçue de partir maintenant.
- Je ferais mieux d'aller la rejoindre, fit-elle. Elle serait capable d'aller se trouver un autre jeune à capturer pour la balader.
Robert rit et lui prit la main. Il y déposa ses lèvres dans une inclination exagérée.
- Joyeux Noël alors, Isobel.
Isobel sourit et partit, sa main la picotant.
***
- Vous vous êtes bien amusées ?
- Oh oui ! répondit Minerva. Isobel a trouvé cela très intéressant en tout cas.
Isobel sourit de manière crispée et poussa sa grand-mère vers sa chambre. Minerva papillonna des yeux devant son regard furieux. Isobel s'adoucit aussitôt, incapable d'en vouloir à sa grand-mère.
Elle lui planta un baiser sur le front en lui murmurant un Joyeux Noël et monta ensuite dans sa chambre, l'esprit rêveur.
***
Le reste des vacances passa à une vitesse affolante. Isobel reçut l'autorisation de ses parents d'aller faire les courses plusieurs fois. Cela lui permettait de voir Robert quand celui-ci passait dans les parages.
Puis le jour de retourner à Poudlard arriva et Isobel ne savait plus si elle devait en être heureuse ou pas. Curieusement, Robert allait réellement lui manquer. Elle enfila son uniforme avec soulagement. Voilà des vêtements qu'elle pouvait porter tous les jours sans se sentir mal à l'aise. Elle toucha avec fierté l'aigle de bronze sur sa cape. Puis elle rangea le matériel à balais qu'elle avait reçu à Noël dans sa malle. Ses parents étaient peut-être froids avec elle, mais ils savaient parfaitement ce qui lui plaisait. Une petite voix insidieuse lui souffla qu'ils agissaient ainsi parce qu'elle était leur seule héritière mais elle la refoula à l'arrière de ses pensées. Elle boucla sa malle et descendit, prête à se rendre à la gare qui la mènerait tout droit chez elle.
***
Elle revit Robert aux vacances de printemps et d'été. Durant ces deux mois, ils apprirent à se connaître. Ils devinrent très vite complices malgré les deux années qui les séparaient.
Elle n'avait pas dit à ses parents qu'elle fréquentait Robert, évidemment. Seule sa grand-mère était au courant et la protégeait quand il fallait lui trouver un alibi. Encore une fois, celle-ci était une parfaite alliée. Une alliée taquine, certes, mais précieuse.
***
Le jour où elle reçut sa liste de fournitures, elle eut la surprise de sentir un objet dur dans l'enveloppe. Le cœur battant, elle renversa la lettre et un badge tomba sur la table en tintant. Isobel le prit entre ses doigts. C'était un badge bleu avec écrit « capitaine » dessus en argenté. Une lettre était jointe, lui apprenant qu'elle avait été choisie pour être le leader de l'équipe de Quidditch de Serdaigle.
***
Un an après leur première rencontre, en décembre 1933, sa grand-mère Minerva la prit à part.
- Isobel... commença-t-elle. Je dois te parler de Robert.
- Que se passe-t-il ? s'inquiéta-t-elle.
Minerva l'entraîna dans sa chambre.
- Est-ce qu'il sait que tu es une sorcière ? demanda-t-elle de but en blanc.
Il était rare de voir Minerva aussi sérieuse et Isobel eut un instant d'hésitation avant de répondre :
- Non, bien sûr que non ... La loi interdit de mettre les Moldus dans la confidence.
Minerva acquiesça.
- Je veux que tu sois consciente de ce que tu es en train de faire. Jamais Robert ne doit connaître ta nature réelle. Sais-tu ce que cela veut dire ?
Isobel fronça légèrement les sourcils et secoua la tête. Minerva soupira.
- Cela m'ennuie d'être celle qui doit te le dire mais mieux vaut moi que tes parents.
Intriguée, Isobel s'assit et l'écouta.
- Devoir cacher ta part de magie, expliqua Minerva, c'est cacher qui tu es vraiment. Si un jour, vous en venez à vivre ensemble, tu vas être obligée de dissimuler ta véritable identité.
Isobel la fixa, incertaine de ses paroles.
- Tu veux dire ...
- Tu devras renoncer à la magie, Isobel.
***
Ils étaient aux abords du village, sur un petit mur de pierres. Isobel enfouit son nez dans son écharpe.
- Comment se passe ta dernière année ?
- Plutôt pas mal. C'est assez chargé mais je tiens la route. Les examens vont approcher, je ne sais pas si je vais rentrer pour les vacances de printemps. Je travaillerais sûrement à la bibliothèque.
Robert se redressa.
- Tu ne rentreras pas ? Tu veux dire que c'est la dernière fois qu'on se voit avant l'été prochain ?
Isobel acquiesça doucement. Elle s'apprêtait à reprendre la parole quand Robert la devança :
- Partons ensemble.
Isobel le regarda, surprise.
- Pardon ?
- Mon rêve est de partir au loin, de vivre une vie que j'aurais choisie. Tu souhaites vivre loin de tes parents.
- Ce n'est pas ça ...
- Ils nous empêcheront d'être ensemble, Isobel. Tu le sais.
Isobel acquiesça et attendit la suite.
- Partons ensemble en Écosse après tes études. J'ai de l'argent grâce à mes différents travaux. C'est le seul moyen.
Isobel le regarda. Il avait déjà tout prévu. Il attendait simplement son accord. Mais elle hésitait. Bien sûr qu'elle voulait vivre avec lui, mais laisser sa grand-mère ? Et surtout, après ce que celle-ci lui avait dit ? Était-elle capable de renoncer à la magie, son essence même ? C'était comme couper les ailes à un oiseau...
- Je ne sais pas trop, dit-elle. Laisse-moi le temps de réfléchir, d'accord ? Je t'enverrais une lettre d'ici cet été pour te dire ce que j'en pense.
***
- Qu'est-ce qui te tracasse ma belle ?
Isobel leva les yeux de son livre. Minerva l'observait par-dessus son tricot.
- Rien grand-mère.
- Parle-moi ma chérie. C'est à cause de Robert ?
Isobel resta silencieuse un moment.
- Il veut que je parte avec lui après Poudlard.
Minerva se pencha en avant.
- Ah. Et toi ? Tu en as envie ?
Isobel pinça les lèvres.
- Oui évidemment que tu en as envie, continua sa grand-mère à sa place. Alors quel est le problème ?
- Je ne veux pas te laisser !
Minerva éclata de rire.
- On dirait que tu me laisses à Azkaban !
Elle reprit d'un ton plus sérieux :
- Il faut bien que tu partes faire ta vie un jour. Tu ne resteras pas indéfiniment chez tes parents. On s'en moque de moi, j'ai eu ma vie, j'ai grandi. Vis la tienne maintenant.
Isobel resta silencieuse et Minerva comprit quel était sa seconde inquiétude.
- Tu te demandes si tu te sens prête à laisser la magie de côté.
Isobel leva les yeux sur sa grand-mère et lui fit un petit sourire triste.
- Ne suis-je pas égoïste ? dit-elle.
Minerva lui prit la main et la serra. Sa peau rêche lui apporta réconfort et sûreté.
- Ne pense jamais cela ma belle. Tu fais face à un problème que peu de personnes sauraient démêler. C'est ton choix désormais.
Isobel baissa la tête. Elle ne savait que penser, que choisir. La main de sa grand-mère se posa sur sa joue.
- Quoique tu choisisses, je serais toujours fière de toi, ne l'oublie pas.
Isobel ne lui dit pas, mais elle ne lui facilitait pas la tâche. En plus du renoncement à la magie, Isobel ne se voyait l'abandonner. Minerva lui avait été d'un indicible réconfort et une alliée précieuse durant les vacances. Elle avait pu lui confier sa relation avec Robert, chose qu'elle ne pouvait pas faire avec ses parents. Elle avait toujours été éloignée de ceux-ci, comme dans toute famille de Sang-Pur. Les relations parents/enfants étaient froides et formelles, ce qu'Isobel déplorait. Il lui avait manqué une vraie présence maternelle à ses côtés, et Minerva avait rempli un rôle qui s'en rapprochait.
Isobel ne se voyait pas la quitter.
***
12 mars 1934,
Ma chère fille,
C'est avec regret que votre père et moi-même vous informons que votre grand-mère, Minerva Ross, nous a quittés la nuit dernière. Ce fut très soudain, et nous pensons à une attaque du cœur.
Les funérailles auront lieu ce mercredi 14 mars 1934. Vous serez exemptée de cours, tout est réglé.
En vous attendant à la maison ce jour,
Votre mère, Anthéa Isabella Elizabeth Ross.
***
Il pleuvait. Une partie du village s'était rassemblée dans le cimeterre de Halkirk, tête basse. À l'avant, la famille Ross, et juste derrière Isobel, se tenait Robert, prêt à soutenir sa bien-aimée si elle flanchait. Mais elle resta droite, le cœur gros de chagrin. Anthéa et Leopold, le visage de marbre, ne daignant pas montrer ne serait-ce qu'une impression de tristesse, restaient à l'avant, ignorant leur fille. À croire que c'était une journée comme une autre pour eux. Isobel sentit son cœur se révolter à cette idée.
Elle murmura un dernier adieu en lâchant une poignée de terre humide dans le trou béant qui contenait le tombeau :
- J'espère que tu seras fière de moi.
***
- Plus rien ne me retient ici.
Robert lui prit la main, attristé. Isobel gardait la tête baissée. La cérémonie venait de se finir et le monde s'était éparpillé, après les paroles de condoléances. Robert et Isobel s'étaient rejoints, à l'abri des regards.
- Tu es sûre ?
- Certaine, affirma Isobel. Je ne manquerais pas à mes parents.
Elle tenta de ne pas penser au déshonneur qui allait s'abattre sur Anthéa et Leopold. Elle ferma les yeux sur ce choix qui lui ferait perdre sa magie, et ajouta :
- La seule personne qui me faisait hésiter est partie aujourd'hui. J'ai pris ma décision. Je partirai avec toi.
Robert la prit doucement dans ses bras et elle s'accrocha à lui, espérant de tout cœur avoir eu raison.
***
Plusieurs mois étaient passés, et le chagrin avec. Le dernier match de Quidditch avait eu lieu, Serdaigle contre Serpentard. Les bleus avaient gagnés après une bataille serrée. Isobel s'était fait mal au coude et c'était avec un bras en écharpe (littéralement, le bras était enveloppé dans une écharpe de Serdaigle lancée sur le terrain et accrochée au cou) qu'elle avait soulevé la première la coupe. La capitaine avait été applaudie à tout rompre. Isobel avait rarement connu plus belle ambiance.
Mais la joie avait vite laissé place au stress des examens finaux. Les ASPICS se déroulaient une semaine plus tard et chaque septième de Serdaigle s'en prenaient verbalement aux élèves qui faisaient trop de bruit dans la salle commune.
Isobel n'était pas trop inquiète. Elle avait bien travaillé tout au long de l'année. Elle pouvait même se targuer d'avoir des facilités en cours, surtout en sortilèges. Au lieu de réviser comme les autres, elle profitait des derniers instants de sa vie à Poudlard pour ancrer dans sa mémoire chaque détails du château, à commencer par sa salle commune. Les murs bleus Prusse, la statue de Rowena Serdaigle avec son diadème mythique sur la tête, les lourds tapis couleur outremer, les parchemins égarés ou déposés aux pieds des élèves qui n'avaient plus de place pour les mettre sur les tables ... Les deux alcôves. La première avec un ciel étoilé et un télescope, la seconde remplie de livres en tout genre que les élèves laissaient là pour l'aide d'autrui. Cette pièce allait vraiment lui manquer.
***
C'était fini. La pression, l'anxiété, les crises de nerfs. Alea jacta est, comme disait souvent Robert.
Isobel avait bien travaillé. Mais il n'empêchait en rien qu'elle était affreusement stressée. Elle avait longtemps espéré trouver un emploi au ministère de la Magie, mais son choix de vivre avec Robert avait balayé ses ambitions.
***
- Meilleure de sa promotion, effectivement. Oui, une grande fierté ! Votre fils avait eu d'excellentes notes également, je me trompe ?
Isobel leva discrètement les yeux au ciel tout en rajustant son couvre-chef de diplômée. Son père tentait vraisemblablement de la présenter à des hommes afin de pouvoir la marier très vite. Si possible avec un Sang-Pur.
Dommage pour lui.
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Ses affaires étaient prêtes. Elle avait écrit une lettre d'explications à ses parents. C'était peut-être ingrat, mais elle n'était pas une Gryffondor, et leur avouer en face ses intentions était au-delà de ses forces.
Elle fit voler sa malle et tous ses biens. Elle laissait derrière elle une chambre vide. Vide d'effets personnels. Vide de sentiments chaleureux.
Elle descendit doucement les escaliers, enjamba la marche qui grinçait et avec précaution, ouvrit la porte d'un simple sort.
Dehors, elle se sentit frissonner. Elle ne savait pas si c'était à cause du froid, de l'appréhension ou de l'excitation. Elle était heureuse de partir avec Robert, mais elle ressentit un léger pincement au cœur en quittant cette famille qu'elle n'appréciait certes, pas beaucoup, mais avec qui elle avait vécu dix-sept ans. Et que penser de cette baguette qu'elle tenait en ce moment même, et qu'elle aurait à cacher à jamais ?
***
Durant un an, le couple coula des jours heureux. Isobel et Robert s'étaient mariés dans une église du coin. Il y avait eu peu de monde, mais aucun n'en avait été dérangé.
Isobel avait bien reçu des lettres de ses parents lui sommant de revenir et d'abandonner Robert, mais après plusieurs réponses définitives de la jeune fille, ils avaient laissé tomber. Robert avait également déniché une belle petite maison à l'écart de la civilisation mais en plein cœur des Highlands, dans un comté nommé Caithness, où il se sentait chez lui. Il était devenu révérend du village dont ils dépendaient. Isobel, qui avait grandi en plein Édimbourg avant Halkirk, devait bien admettre que les grandes plaines verdoyantes avaient un effet reposant sur elle. L'air y était pur, et une fois par an, se rassemblaient les familles du coin pour commercer, discuter, participer à des activités. Isobel avait appris par Robert que c'était une tradition écossaise vieille de plusieurs siècles, appelée le « gathering ». À l'époque, le chef d'un large territoire, appelé le laird, rassemblait les familles qui y habitaient pour être payé. Les habitants lui devait une sorte de loyer mais qui se comptait principalement avec du bétail.
Robert avait acheté une cornemuse et en jouait longtemps dans les collines quand du temps lui était accordé. La musique était emportée par le vent, mais Isobel pouvait entendre le son diffus atteindre la maisonnette. Leurs revenus étant faibles, ils avaient décidé pour le moment de cultiver leurs propres terres en complément. Isobel ne cessait de songer à cette place au Ministère qu'elle aurait facilement pu avoir et qui ne resterait qu'un rêve irréalisable.
Très vite, elle se rendit compte qu'elle attendait un enfant. Un enfant dont elle pourrait s'occuper et qui peut-être, pourrait lui ôter les regrets qu'elle ne pouvait s'empêcher de ressentir.
Elle caressa son ventre d'un air rêveur, son esprit bercé par le doux son de la cornemuse de son mari.
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Le 4 octobre 1935, le bébé fut déposé dans les bras d'Isobel, épuisée mais heureuse. À ses côtés, se tenait Robert, fou de joie. Il caressa la tempe de la minuscule fillette avec émerveillement. Des fins cheveux noirs recouvraient déjà son crâne. Au toucher de son père, l'enfant ouvrit lentement les yeux et planta ses pupilles encore bleues dans ceux de ses parents. Ce fut très fugace, car elle referma les paupières juste après.
- J'ai déjà un nom, murmura Isobel avec attendrissement.
Robert décrocha son regard de son enfant et le fixa sur sa femme, interrogateur.
- Minerva, dit-elle dans un souffle, Minerva Isobel McGonagall.
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