Bonus #2 Photos et souvenirs

Bonjour à tous!

Un très très joyeux Noël, un excellent réveillon à tout le monde! Profitez bien!!

Alors non, toujours pas de données récupérées, c'est pourquoi je vous poste cet OS, encore une fois que j'avais écrit depuis longtemps... Avec les examens je n'ai pas eu le temps d'écrire un nouvel OS, et j'ai préféré concentrer le temps que je consacrais à l'écriture pour Minerva, histoire de continuer à écrire malgré la perte de données... Quand je retournerai sur Lyon, si jamais je n'ai toujours pas de nouvelles, je reprendrai les chapitres perdus et les réécrirai en espérant me souvenir des scènes et des détails... Cela commence à faire une très longue attente. Petite note positive, j'ai pu écrire plusieurs chapitres récemment dans la suite des chapitres perdus!

En attendant, voilà ce petit OS sans prétention, mais j'espère qu'il vous plaira tout de même! Il raconte le simple procédé de Hagrid pour créer l'album photos de Lily et James pour Harry, à la fin du tome 1.

Passez de très bonnes fêtes avec vos proches !

Photos et souvenirs :


- Bien sûr que la permission vous est accordée, mon cher Hagrid.

Hagrid eut un immense sourire et s'inclina devant le professeur Dumbledore avec reconnaissance.

- Merci professeur Dumbledore, monsieur.

Hagrid sortit du bureau et ne perdit pas de temps dans son entreprise. Il se dirigea en tout premier lieu vers sa cabane à grands pas. Il croisa le jeune Harry accompagné de Ron et Hermione.

- Bonjour Hagrid ! salua joyeusement Hermione avec un sourire.

- Bonjour les enfants, répondit-il, vous n'avez pas cours ?

- Si, avec le professeur Quirrel !

- Alors allez-y ! sourit Hagrid en les poussant gentiment dans les couloirs.

-A bientôt Hagrid ! fit Harry.

Le demi-géant les regarda s'éloigner avant de reprendre sa route.

Arrivé, il farfouilla dans son immense malle où il déposait toutes sortes d'objets et de souvenirs. Au fond, se trouvait une pile de photos animées, retenues par un vieil élastique. Il la prit, et chercha les personnes qu'il souhaitait trouver. Elles étaient les unes après les autres. Ce fut la chevelure rousse qui attira son regard. Lily était sublime dessus. Elle souriait, âgée de dix-sept ans, une tasse de thé à la main. Quant à James, sur la photo suivante, il regardait au loin, les doigts dans les cheveux.

Hagrid soupira d'un souffle tremblant et passa ses doigts sur leurs visages. C'était il y a tellement longtemps...

Il secoua la tête et se releva brutalement. Il n'avait pas le temps de s'attrister. Il rangea les deux photos dans sa poche et ressortit à l'air libre. Il retourna au château et se planta devant le bureau du professeur McGonagall. Celle-ci apparut une heure après, et sembla surprise en le voyant.

- Hagrid ? Que faites-vous ici ?

- Il faut que je vous parle, professeur.

Elle lui fit signe d'entrer et s'installa derrière son bureau. Après avoir croisé les mains sous son menton, elle lui demanda :

- Que puis-je pour vous ?

Hagrid se balança d'un pied à l'autre et, devant le regard insistant du professeur, il finit par dire :

- J'avais eu l'idée d'offrir au jeune Harry Potter un cahier rempli de photos de ses parents. Vous savez, puisqu'il ne connaît les visages de Lily et James, j'ai pensé...

Il se tut.

- Oh, Hagrid...

Minerva avait baissé la tête, aussi, ne parvenait-il pas à s'apercevoir de son visage.

- Professeur ?

Elle releva la tête. Hagrid fut surpris de voir ses yeux verts briller de larmes contenues.

- Oh Hagrid, répéta-t-elle. Vous avez... vraiment un cœur généreux.

Hagrid rosit et reprit :

- Je me demandais... Si vous n'auriez pas par hasard des photos d'eux ?

Minerva se leva et se dirigea vers une commode en bois verni.

- Je dois forcément en avoir quelque part, dit-elle, je garde toujours des photos de mes anciens étudiants. Tenez, les voilà... Par Merlin, cela faisait si longtemps...

Elle porta une main à sa bouche, émue. Hagrid s'approcha et regarda la photo. Elle représentait James et Lily dans leur uniforme de remise de diplôme. James avait la cravate et la toque de travers tandis que Lily était impeccable, droite, son diplôme sous le bras.

- Je me souviens de ce jour, murmura le professeur McGonagall. James Potter avait tenté de se faire passer pour Sirius Black lors de la remise des diplômes.

Hagrid rit. Il s'en souvenait également. Ils restèrent longuement plongés dans leurs souvenirs. Citer Sirius Black n'avait fait que raviver de douloureuses pensées. Finalement, Minerva souffla :

- Certains mystères resteront incompris...

Hagrid hocha la tête. Tous deux avaient suivi le même chemin dans leurs pensées. McGonagall reprit ses esprits et tendit la photo au demi-géant.

- Tenez. Prenez-en soin. Et merci pour ce que vous faites.

***

Hagrid enfourcha sa moto -ou plutôt, celle de Black-, et décolla dans le ciel qui se colorait de feu au coucher du soleil. Il savait où il devait aller pour la suite.

Il atterrit en plein Londres, dans une ruelle déserte afin d'éviter d'attirer l'attention. Il longea la rue principale avant de déboucher sur une autre plus calme. Au fond, une vieille maison se tenait fièrement, des massifs de fleurs sur le devant de la façade. Les lumières étaient allumées. Hagrid grimpa les quelques marches du perron et frappa à la porte. Aussitôt, celle-ci s'ouvrit sur une vieille dame à l'air revêche. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise en le voyant.

- Hagrid ? dit-elle. Que faites-vous là ?

- Bonsoir madame Londubat. Ce serait pour un service.

Augusta Londubat le détailla rapidement avant de s'effacer pour le laisser entrer. Hagrid marmonna un remerciement et pénétra dans le salon.

- Attention à mon service à thé, grogna-t-elle en poussant les tasses de porcelaine de la table basse que Hagrid s'apprêtait à percuter avec son mollet.

- Pardon.

Augusta se redressa, chercha du regard un canapé assez solide pour accueillir Hagrid, et n'en trouva pas, demanda simplement :

- Que me vaut le plaisir de votre visite, Hagrid ? Mon petit-fils a-t-il encore fait des siennes ?

Hagrid ouvrit des yeux ronds.

- Neville ? Non, non, pas du tout ! Il est très gentil.

Augusta grogna.

- Être gentil ne fera pas de lui un bon sorcier. Mais soit, reprit-elle plus fort, mieux vaut qu'il le soit, n'est-ce pas ? S'il devient comme ce sale gamin pourri gâté de Malefoy, je jure que je lui tire les oreilles ! Il va m'entendre !

Hagrid ne répondit pas et préféra prier pour le pauvre Neville qui ferait mieux de se tenir à carreaux à Poudlard.

- Sa dernière escapade dans les couloirs après le couvre-feu était inadmissible !

Hagrid se retint d'appuyer sur le fait que tout le monde avait compris sa colère grâce à la Beuglante qu'elle avait envoyée en plein repas. Neville ne s'en était pas remis.

- Enfin bref, fit Augusta. Vous vouliez ?

Hagrid se racla la gorge et expliqua son projet avec de grands gestes. Augusta ne montrait aucune réaction. Quand il eut fini, elle ne dit rien et se dirigea silencieusement à l'étage. Hagrid resta en bas, indécis sur ce qu'il devait faire. Il s'apprêtait à l'appeler lorsqu'elle redescendit, une photo à la main.

- Elle date de leur mariage, dit-elle en la lui tendant, le 29 septembre 1979. Merlin, j'ai souvent pensé qu'ils étaient trop jeunes pour se marier...

Hagrid observa les photos en silence. James tenait Lily par les épaules. Ils riaient. C'était vrai qu'ils étaient jeunes, Hagrid y avait pensé également, mais il avait souvent songé que leur amour était trop fort pour qu'un jour il regrettent leur acte.

- J'ai cru qu'ils s'étaient mariés parce que c'était la guerre et qu'ils avaient peur du futur, reprit Agusta.

Hagrid lui jeta un coup d'œil. Tandis qu'elle regardait la photo, elle ajouta :

- J'avais tort.

***

- Iris et Fabien Castel ?

Les deux moldus observèrent Hagrid avec un mélange de peur et d'incrédulité.

- C'est bien cela, monsieur... ? répondit la femme blonde qui se tenait à l'avant.

- Hagrid, Rubeus Hagrid. Je suis un ami de Lily Evans.

A ces mots, la femme perdit son attitude défensive et sa bouche souffla un « oh » silencieux. Le mari fronça les sourcils, semblant se souvenir vaguement de la personne.

- J'ai cru entendre, reprit Hagrid d'un ton doux, que vous étiez son amie étant enfants.

- Meilleures amies, s'empressa de rectifier Iris. Nous étions inséparables en primaire. Mais je vous en prie, entrez.

Fabien et Iris s'enfoncèrent dans le couloir qui menait au cœur de l'appartement tandis que Hagrid refermait la porte derrière lui. Il les suivit, un peu déboussolé du décor moldu.

- Vous prendrez bien une tasse de thé ? proposa Iris.

- Volontiers, madame !

- Appelez-moi Iris. Ce n'est pas tous les jours que je croise un ami de Lily. Elle n'en parlait jamais...

Iris s'immobilisa, gênée.

- J'imagine qu'elle avait ses raisons...

Fabien leur fit signe qu'il allait les laisser tranquille et monta à l'étage. Aussitôt que le thé fut servi dans des tasses, les deux s'installèrent dans le salon. Le canapé craqua sous le poids de Hagrid, mais tint bon.

- Alors, amorça Iris, vous connaissiez Lily ?

Hagrid acquiesça.

- Je l'ai vue la première fois lorsqu'elle avait onze ans.

- Dans son internat ? coupa-t-elle.

- Exact. J'y ai étudié également et y travaille comme... gérant de l'enceinte. Lily et moi sommes devenus amis très rapidement. Elle venait prendre le thé chez moi, c'était à côté de son établissement.

Iris sourit d'un air nostalgique.

- Après son départ dans votre école, dit-elle, je ne l'ai vue que très rarement. Elle faisait des efforts, amis quelque chose nous a éloignées. Comme si un monde nous séparait. Pas de dispute, non. Juste... le temps.

Silence. Puis Iris reprit, après une gorgée de thé :

- J'ai tout de même été invitée à son mariage. Quelle belle fête ça a été... Maintenant que j'y pense, vous y étiez également ?

Hagrid hocha la tête. Les yeux marrons d'Iris s'étaient perdus dans le vague lorsqu'elle ajouta :

- C'est d'ailleurs la seule fois que j'ai vu son mari... James Potter. Un gars plutôt amusant, quoique différent de Lily sur le plan...

Elle jeta un léger coup d'œil à Hagrid qui termina :

- Pour attirer l'attention ?

Iris acquiesça avec un petit sourire.

- Exactement. Lily m'a dit qu'elle avait mis du temps à l'apprécier.

Hagrid éclata de rire.

- Oh oui ! Six ans !

- Je me souviens quand nous nous sommes retrouvées...

Il y avait beaucoup de monde. La plupart se connaissait et comparait leurs vêtements en se moquant de l'autre. Ce qu'Iris avait trouvé étrange puisqu'ils étaient habillés normalement. Du moins, pour un mariage. Elle avait aperçu M. et Mme Evans plus loin et elle s'était empressée d'aller les rejoindre. La cérémonie s'était déroulée d'une façon que personne ne pouvait qualifier d'imparfaite. Iris n'aurait jamais imaginé qu'un mariage puisse être aussi heureux, que les gens pleurent autant... Comme s'ils étaient assoiffés de bonheur. Mais tout cela lui était vite passé au-dessus lorsqu'il avait fallu féliciter les mariés et que le regard vert de Lily avait croisé le sien. Cela avait été comme si toutes les dernières années d'éloignement avaient soudainement disparu.

Lily avait soulevé sa robe sous le regard surpris de son mari et s'était jetée dans les bras d'Iris en pleurant.

- Oh mon dieu, Iris... Cela fait tellement, tellement longtemps !

Iris l'avait serrée dans ses bras, le cœur gros, la gorge nouée et les larmes aux yeux. Ce jour-là, Iris n'avait pas seulement passé un merveilleux mariage. Elle avait retrouvé sa meilleure amie, et cela lui avait fait du bien.

- Et puis je l'ai perdue deux ans plus tard..., souffla-t-elle.

Hagrid serra les dents pour s'empêcher de pleurer.

- J'étais tellement bouleversée... Oh mon dieu, c'est si injuste, gémit-elle en plongeant son visage dans une main.

Hagrid baissa la tête un moment, respectant son silence. Puis il annonça :

- C'est pour cela que je suis ici. Pour son fils, Harry.

Iris releva la tête.

- Je ne l'ai jamais vu... Peu après sa naissance, je n'ai plus eu aucune nouvelle, ni de Lily, ni de James, ni de Harry. Il va bien ?

- Il a onze ans aujourd'hui et étudie dans la même école que ses parents. Le pauvre garçon ne connaît pas leur visage. C'est pourquoi je rends visite à tous ceux qui étaient proches de Lily et James pour créer un album photo pour leur fils.

Iris posa brutalement sa tasse et se leva.

- C'est une excellente idée. Je vais voir si j'ai quelque chose, je reviens dans un instant.

Et elle revint effectivement très vite, une photo dans sa main.

- C'était au carnaval du village. Lily s'était déguisée en sorcière. Tenez.

Hagrid prit la photo et eut un léger rire. Lily souriait de toutes ses dents, malgré le trou au milieu. Elle tenait une fausse baguette magique à la main et un chapeau ornait ses cheveux roux et épais.

- Nous avions sept ans, informa Iris avec un sourire attendri.

- Merci beaucoup, fit Hagrid, Harry en sera très heureux.

Il se leva et Iris attrapa son bras, son sourire se dissipant.

- C'est moi qui vous remercie. Pour ce que vous faites pour Harry. Je ne cesse de penser à Lily mais au moins ai-je eu la chance de la connaître pendant plus de quinze ans.

Au pas de la porte, Iris sembla hésiter puis demanda :

- A qui ressemble-t-il ?

Hagrid sourit.

- Il le portrait craché de son père.

Iris hocha la tête.

- Mais il a les yeux de sa mère, de Lily.

C'était incroyable, songea Hagrid en voyant Iris sourire à travers les larmes dégringolant de ses joues, comment de simples mots pouvaient faire revenir tant de souvenirs à la fois.

***

- Oh Hagrid ! s'écria Emmeline Vance. Rentre donc, qu'est-ce qui t'amènes ici ?

- C'est à propos des Potter.

Emmeline, qui s'affairait dans la cuisine, se figea un instant. Elle revint avec deux tasses de thé à la main.

- Les Potter ?

Hagrid lui expliqua son projet et Emmeline hochait la tête au fur et à mesure avant de dire :

- Je dois en avoir une effectivement. Je vais regarder.

Elle se dirigea vers une commode et reproduisit les mêmes gestes que les personnes précédentes.

- Tiens, je me disais bien que j'avais toujours celle-ci. Je pensais que James l'avait brûlée ! dit-elle en riant.

Hagrid s'esclaffa en voyant la tête de James. Il venait de se réveiller et sa cuillère de porridge se dirigeait sur sa joue alors qu'il apercevait Emmeline prenant la photo. A côté, Lily éclatait de rire en le pointant du doigt.

- Ils sont en bas ?

- Dans la cuisine, oui, acquiesça Fabian Prewett. Tu verrais les cheveux de James quand il se réveille. C'est pire que d'habitude !

Il ricana dans sa barbe tandis qu'Emmeline descendait silencieusement les escaliers du QG de l'Ordre. Chaque membre avait droit à sa photo dossier. Sirius avait été pris en photo alors qu'il se grattait la tête comme un chien. Il l'avait fait sans s'en rendre compte et la ressemblance avec le canidé avait été tellement frappante que Gideon, le frère de Fabian, s'était jeté sur l'appareil pour immortaliser la scène.

Emmeline avançait donc doucement, en chaussettes, appareil armé. Des voix lui parvenaient. C'était James et Lily. Derrière elle, Fabian, Benjy Fenwick et Marlène McKinnon riaient silencieusement. Et d'un seul coup, Emmeline surgit dans la cuisine en actionnant l'appareil photo.

James tourna la tête en même temps qu'il enfournait sa cuillère de porridge dans la joue. Il se redressa d'un bond en hurlant :

- Ehh ! On avait dit PAS LE MATIN !

Lily éclata de rire en pointant le porridge qui dégoulinait sur sa joue, le cou et le pyjama de James.

- Sympa le pyjama, Potter ! ricana Benjy.

Tous éclatèrent de rire et Emmeline stoppa la photo tandis que James prenait un air boudeur -en vain, puisque chacun savait qu'il s'amusait lui-même de la situation.

- Dommage que le son ne passe pas dans les photos, regretta Emmeline, il nous avait fait un de ses cirques...

Emmeline resta à observer la photo avant de dire :

- Elle va me manquer, mais j'imagine qu'elle sera mieux dans un album que dans le fond de mon tiroir. En tout cas, heureusement que James et Sirius étaient là pour amuser la galerie. L'Ordre aurait été moins drôle sinon...

***

Hagrid soupira. Il ne restait qu'une personne, mais la plus importante. Aussi la plus compliquée à retrouver. Hagrid arpentait les rues, une photo de son sorcier à la main. Personne ne parvenait à lui indiquer le chemin, ce qui n'étonnait pas le demi-géant. L'homme recherché était connu pour sa discrétion. Mais un jour, quelqu'un lui dit :

- Ah oui, je crois qu'il vit dans un trou perdu de l'Angleterre. Lacock, je crois bien. Allez jeter un œil, il y sera peut-être.

Hagrid suivit son conseil et, après quelques heures de moto, arriva au village désigné, silencieux depuis la tombée de la nuit. Il continua sa recherche à pieds jusqu'à ce qu'un vendeur du coin, qui rangeait ses cagettes de légumes dans son échoppe, lui dise :

- Il vient ici pour ses achats. Il habite dans une maison à l'écart. Empruntez la rue derrière mon magasin et continuez jusqu'à un embranchement. Prenez la route à gauche et vous croiserez sa maison au bout. C'est une vieille bicoque délabrée, vous ne la raterez pas.

La gorge nouée, Hagrid le remercia et sortit alors que le vendeur marmonnait :

- Pauvre homme, à tout juste trente ans...

Hagrid suivit le chemin donné et longea ladite route qui menait à la « bicoque ». Déjà, le pavé devenait chaotique, avec des nids-de-poule, les maisons se faisaient rares et Hagrid aperçut très bientôt la maison. Elle était effectivement en mauvais état. Cela lui serra le cœur. Comment un ancien jeune étudiant brillant comme lui pouvait finir ainsi ? Après tout ce qu'il avait vécu, toute la douleur qu'il avait dû endurer, ne méritait-il pas un peu de plus de considération ? Plus de justice ?

Hagrid frappa doucement à la porte et attendit. Finalement, des pas hésitants se firent entendre, et la porte s'entrouvrit. Des yeux éteints couleur miel apparurent dans l'interstice.

- Hagrid ?

- Bonsoir Remus, murmura Hagrid la voix brisée.

La porte s'ouvrit plus largement, laissant apparaître un homme âgé de trente et un ans, mais qui paraissait en avoir dix de plus. Remus Lupin avait toujours ses cheveux châtains, aujourd'hui et comme tous les autres jours depuis dix ans, ternes. Ses yeux observaient avec une nouvelle lueur de surprise Hagrid dans l'encadrement de la porte.

Il y eut un moment de silence. Remus était étonné de sa visite et Hagrid se sentait coupable. Il aurait dû venir plus tôt, s'assurer de l'état de l'ancien Maraudeur qui visiblement, n'allait pas bien. Finalement, celui-ci dit :

- Entre, je vais te préparer du thé.

En pénétrant dans l'entrée, Hagrid remarque que même si l'extérieur laissait à désirer, l'intérieur était à l'image même de Remus : aussi propre que possible. Remus dut remarquer son regard car il dit :

- Le ménage est une des rares activités que je puisse faire. Cela occupe le temps.

Hagrid déglutit et continua son observation. La décoration était spartiate, de rares meubles occupaient l'espace vide et seul un feu de cheminée ronflait dans l'âtre.

Remus revint avec une tasse brûlante et tendit un saladier à Hagrid qui sourit. Le jeune Maraudeur n'avait pas oublié la taille des tasses chez lui à Poudlard. Ils s'installèrent à côté du feu en silence. Hagrid observa Remus du coin de l'œil. Celui-ci avait d'immenses cernes sous les yeux et ses pupilles renvoyaient l'image d'un homme qui avait souffert et qui en était fatigué.

- Pitoyable, n'est-ce pas ? murmura-t-il.

- Je suis désolée...

Remus balaya ses paroles d'une main.

- Ce n'est pas ta faute.

- J'aurais dû venir plus tôt, voir comment tu te portais.

- Et qu'aurais-tu fait à cela ? Il n'existe pas de remède contre le deuil. Je le saurais sinon.

Hagrid se tut. Lui avait été renvoyé de l'école en troisième année mais avait réussi à avoir un emploi, à être logé, nourri, blanchi. Et Remus, qu'avait-il. Brillantes études, d'une gentillesse irréprochable. Il méritait une vie meilleure. Mais derrière tout ça, se cachaient sa lycanthropie, la guerre, la perte de proches, la trahison.

Aucun homme ne méritait cela, et encore moins Remus Lupin.

- Alors, reprit Remus avec un sourire, tu as décidé de rendre visite à un vieil ami ? Ça faisait longtemps, comment vas-tu ?

- Je suis venu pour te demander quelque chose, répondit Hagrid et il se sentit encore plus coupable.

La seule fois où il venait en dix ans, c'était pour lui soutirer un bien. Mais Remus ne s'en formalisa pas et posa sa tasse.

- Dis-moi.

- Voilà, commença Hagrid, c'est pour Harry.

Le visage de Remus s'illumina.

- Comment va-t-il ?

- Il est heureux d'être à Poudlard, c'est sa première année. Il s'est fait des amis, Ronald Weasley et Hermione Granger, une née-moldue.

- C'est Lily qui aurait été contente, sourit Remus.

Hagrid approuva et continua :

- Il s'est fait des ennemis aussi. Le jeune Drago Malefoy. Il a également quelques soucis avec le professeur Rogue.

Remus eut une grimace, mi-résignée, mi-amusée.

- Sur ce coup-là, dit-il, c'est James qui aurait approuvé. Pour Rogue, cela ne m'étonne pas.

- Il est comme son père, ajouta Hagrid, son jumeau.

- Mais avec les yeux de sa maman, termina Remus avec un sourire nostalgique.

Bref silence durant lequel Remus semblait se remémorer les visages de ses meilleurs amis. Puis Hagrid dit :

- Je rends visite à tous les proches de Lily et James. Tous ceux qui les ont connus. Je remplis un album photos pour Harry.

Remus sourit et regarda Hagrid.

- Tu as toujours eu le cœur généreux. Bien sûr que j'ai des photos ? Harry sera content, j'en suis certain.

Remus se leva et se dirigea vers une armoire qu'il ouvrit. Il prit une boîte à chaussure et l'apporta. Il souleva le couvercle et Hagrid écarquilla les yeux devant le nombre de photos.

- Je peux voir les photos que tu as récupérées ? demanda Remus.

Hagrid les sortit et les prit délicatement dans ses mains. Toutes les images semblaient lui rappeler des souvenirs, toutes le ramenaient peu à peu à la vie. La remise de diplôme, le mariage, James et le porridge. Il eut une exclamation faussement indignée en voyant Lily déguisée en sorcière.

- Quelle insulte pour nous ! plaisanta-t-il en rendant les photos à Hagrid et en prenant les siennes.

Il mit de côté celles qui représentaient les Maraudeurs au complet. Hagrid parvint à en voir une qui le marqua profondément. Remus et Peter, sur les côtés, regardaient Sirius ébouriffer les cheveux de James qui tentait de le repousser en riant. Hagrid eut l'impression de remonter dans le temps. Alors que les quatre étaient encore en vie, à Poudlard, jeunes, innocents, rieurs et plaisantins. Alors que Sirius et James étaient comme des frères. Ils avaient été l'âme de Poudlard durant sept ans.

Puis la photo fut recouverte pas une autre et Hagrid sortit de ses pensées. Il retrouva face à lui un homme brisé par la douleur vécue, seul, avec derniers meilleurs amis des photos d'eux, des souvenirs, des échos de rires.

- Tiens, regarde celle-ci, fit Remus en tendant une photo. Prends-la.

Lily et James dansaient devant une fontaine en souriant juste après que James avait réussi à voler un baiser à sa femme.

- C'était la veille de leur mariage, informa Remus. J'ai pris moi-même la photo.

Hagrid sentit son cœur gonfler dans sa poitrine. Voir les deux aussi heureux, à l'aube d'un des plus heureux jours de leur vie, c'était à la fois...

- Beau et douloureux, termina doucement Remus. Je sais.

Il tendit une autre photo à Hagrid qui représentait James et Lily en robes de sorcier. Harry, âgé d'un an, était dans les bras de son père et Lily prenait sa main pour faire coucou à la caméra.

- C'était à l'anniversaire de Harry, précisa Remus.

- James, tiens-le correctement !

Lily éclata de rire en voyant son fil en vrac dans les bras de son père. Elle le récupéra en lui murmurant :

- Quel mauvais père tu as ! J'espère que tu seras plus responsable que lui plus tard !

- Eh, protesta James en rajustant sa robe. C'est lui qui n'arrête pas de gigoter !

Remus les observait se chamailler avec bon cœur, appareil photo en main. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vécu un moment pareil. Ses relations avec les Maraudeurs s'étaient faites plus distantes. Mais pour l'anniversaire de Harry, il avait bien évidemment été invité. Ils étaient dans un parc que tous avaient pris soin de protéger avec un dôme repousse-moldu ainsi que des alertes anti-intrusions. Sirius et Peter jouaient à une partie de bataille explosive mais arrêtèrent bien vite en voyant James et Lily se taquiner.

- Ce n'est pas possible intervint Sirius, vous êtes vraiment des gamins.

Remus observa son ami approcher avec presque timidité. Il sentait qu'il était plus distant avec lui qu'avec les autres. Il le soupçonnait de croire qu'il était le traître que dont tout l'Ordre se méfiait. Remus en était blessé mais ne montrait rien. Il tentait tant bien que mal de prouver que personne n'avait rien à craindre de lui.

- C'est lui le gamin, se défendit puérilement Lily, il ne sait même pas s'occuper de son fils correctement !

Sirius s'approcha et prit son filleul dans les bras.

- Là. Regarde et apprends, Cornedrue !

Lily siffla.

- Je ne pensais pas que tu maîtriserais aussi bien.

Sirius prit un air hautain.

- Je suis son parrain, j'ai des responsabilités.

- Et moi son père, se manifesta James, rends-le-moi sale cabot !

- Ne t'inquiète pas James, plaisanta Remus, Sirius s'est longuement entraîné avec son oreiller pour arriver à porter Harry.

James haussa les sourcils et ricana devant les joues roses de Sirius qui riposta :

- Ce n'est même pas vrai d'abord.

Remus éclata de rire et fut soulagé de voir Sirius le rejoindre après avoir rendu Harry à son père.

- Allez James, prépare-toi pour la photo, dit Remus en levant l'appareil.

- Attends, l'arrêta James, Harry glisse ! Harry, arrête de bouger, ce n'est qu'une photo.

Harry éclata de rire et Remus le soupçonna d'être conscient d'embêter son père et de le faire exprès. Finalement, James parvint à maintenir son fils dans une position douteuse : le pull de Harry remontait tandis que son père le portait sous les bras. Les pieds de Harry battaient les cuisses de son père qui se plaignit :

- Harry ! Arrête, tu ne fais pas ça à ta mère !

- Parce que sa mère sait comment porter un enfant, mon chéri, répliqua Lily en embrassant James qui se tut immédiatement.

- Prends la photo, Remus ! s'écria Sirius en sautillant derrière lui.

- Enlève tes mains de mes épaules, abruti, rit Remus, tu me fais bouger ! Peter, décale-toi, t'es sur le cadre.

Peter trottina derrière lui en se mettant sur la pointe des pieds pour assister au déroulement.

- Souriez... ! Et... je lance l début de la photo !

Lily prit la main de Harry, l'embrassa et, tout en souriant avec bonheur, la secoua pour faire coucou aux trois garçons d'en face.

- Un peu d'entrain, Harry, fit James en regardant brièvement son fils, tu en mets assez pur me taper alors souris !

Harry sembla comprendre car il éclata gloussa en gigotant avec ses jambes. Remus stoppa la photo animée avec un grand sourire.

-Finis !
- Montre, montre ! s'excita James en trottinant vers lui, Harry ballotant dans ses bras.

Lily s'approcha plus sagement et tous regardèrent la photo qui s'animait sous leurs yeux.

- Regarde-le, s'exclama James en pointant les jambes de Harry, je suis certain qu'il fait exprès de me taper.

- C'est parce qu'il estime que je t'ai suffisamment frappé au visage, donc il s'occupe de tes jambes, répondit avec sagesse Lily.

James lui tira la langue et lui rendit Harry en marmonnant :

- De toute façon, je suis sûr que c'est un coup monté.

Remus sourit avec affection. James s'était peut-être marié, avait peut-être eu un enfant, cela ne l'avait pas rendu plus adulte pour autant. Et Remus en était content. La guerre l'avait rendu plus responsable, certes, mais il restait lui-même.

Remus secoua la tête, sortant de ses pensées et dit en farfouillant dans sa boîte :

- J'en ai d'autres si tu veux.

- Non Remus, refusa Hagrid, je ne veux pas te priver de toutes ces photos. Elles t'appartiennent.

Remus s'immobilisa.

- Elles sont à Harry, corrigea-t-il, il en aura plus besoin que moi. J'espère qu'il arrivera au moins à voir à travers ces photos à quel point ses parents étaient des gens formidables.

Hagrid, la gorge nouée, approuva. Une larme roula sur sa joue et disparut dans sa barbe. Remus lui serra l'épaule avec compassion. Lui, les pleurait tous les jours. La douleur cicatriserait mais ne disparaîtra jamais. La morsure de la trahison non plus. Il avait perdu en l'espace de deux jours, ce qui lui était le plus cher au monde : l'amitié, son bonheur, Harry, sa lumière.

Sur le pas de la porte, Hagrid se tourna vers Remus.

- Merci infiniment pour ton accueil, les photos, le thé... Tout ça.

- C'est normal Hagrid, sourit Remus. Cela m'a vraiment fait du bien de te revoir. J'espère que la prochaine fois ne sera pas dans dix ans, ajouta-t-il avec un clin d'œil.

Il tendit ses bras et Hagrid le serra contre lui avec bon cœur. Il essuya discrètement une larme en se détachant et il nota que Remus faisait de même. Après quelques pas dehors, il se retourna :

- Remus.

Celui-ci leva la tête.

- Ne reste pas comme ça, implora Hagrid. Ne sombre pas. S'il te plaît.

Remus hocha la tête avec un léger sourire et le promit. Puis il referma la porte et Hagrid reprit sa route jusqu'à sa moto.

***

De retour à Poudlard, il se dirigea vers le bureau du professeur Dumbledore et y entra après avoir frappé.

- Je suis allé voir Remus Lupin, professeur Dumbledore, monsieur, fit Hagrid sans préambule.

Le directeur perdit de son sourire et demanda :

- Comment va-t-il ?

- Mal. Sa lycanthropie l'empêche d'avoir un emploi. Il vit dans une minuscule maison délabrée et s'occupe comme il peut. Vous ne pouvez pas faire quelque chose ? Lui offrir une place dans Poudlard ?

Dumbledore croisa les mains.

- Il n'y a pas de place libre, Hagrid...

- Et celui de professeur de défense contre les Forces du Mal ?

Hagrid reprit plus bas :

- Vous savez bien que la malédiction...

- Je connais la malédiction Hagrid, sourit Dumbledore. Et quand bien même la place se libérerait, j'ai déjà une demande d'emploi. Il semblerait que cet homme connaisse également le sort qui frappe chaque professeur à ce poste...

Hagrid soupira lourdement et Dumbledore ajoura :

- Je suis certain que Remus Lupin ferait un excellent professeur. Si le prochain ne tient pas après l'année prochaine, alors je ferai appel à lui.

Hagrid eut un immense sourire et le remercia profondément avant de partir.

***

Hagrid s'appliquait comme jamais il ne l'avait fait à coller des photos dans l'album. Il mit els siennes en premier. A côté de chaque photo, il écrivait le plus lisiblement possible la date à laquelle elle avait été prise.

Soudain, alors qu'il collait celle de Lily déguisée, quelqu'un frappa à sa porte. Hagrid se leva et alla ouvrir. Il n'y avait personne. Il baissa les yeux et tomba sur une enveloppe, posée au pas de la porte. Il la prit et retourna à l'intérieur. Il y avait une photo. C'était Lily qui soufflait des bougies pour son dixième anniversaire. Les flammes illuminaient ses yeux verts d'une leur éclatante. Qui avait bien pu la mettre là ? Forcément quelqu'un de Poudlard. Et la seule personne qui avait pu aller au dixième anniversaire de Lily était...

- Rogue... ?

***

- Rogue, un espion au service de Vous-Savez-Qui ? Tu délires Harry !

- Mais quand je l'ai vu, il était blessé à la jambe ! Il a essayé de passer devant Touffu et a échoué !

- De plus, affirma Hermione, c'était lui qui jetait un maléfice au balai de Harry afin qu'il tombe !

Ron approuva vivement de la tête. Hagrid lui, soupira.

- Rogue est du côté de Dumbledore.

- Comment être sûr ? insista Harry.

« Parce que jamais Rogue ne ferait du mal au fils de Lily Evans », pensa immédiatement Hagrid en songeant à la photo.

- Dumbledore lui fait confiance, affirma-t-il plutôt à la pace, et je fais confiance à Dumbledore. Alors Rogue est pour moi de notre côté.

***

- J'ai cru que tu ne me dirais pas au revoir !

Harry sourit d'un air gêné et Hagrid le serra dans ses bras, ému de devoir quitter ce garçon pour deux mois.

En se séparant, il fouilla dans sa poche et sortit l'album photos. Il le tendit à Harry.

- Tiens, c'est pour toi.

Harry ouvrit l'album tandis que Hagrid expliquait :

- J'ai contacté les amis de tes parents et tous ont immédiatement accepté de donner des photos qu'ils avaient pour toi.

Harry avait le regard plongé sur les photos, avides. Il ne disait rien. Hagrid s'inquiéta :

- Ça te plaît ?

Harry releva la tête avec un sourire tremblant, les larmes scintillant dans ses yeux. Il ne prononça pas un mot, comme s'il en était incapable, mais Hagrid comprit que son sourire disait tout. Harry le serra dans ses bras avec émotion et dût rejoindre le train qui sifflait le départ imminent.

Hagrid leva la main et salua la locomotive rouge, les élèves, Harry qui se penchait à la fenêtre... Il les reverrait dans deux mois, se dit-il alors que le jeune Potter agitait sa main de la même façon que sa mère avait fait sur la photo.

Harry ne le savait pas, mais ces photos étaient chargées de souvenirs, heureux, malheureux, transportant des émotions d'amis, de famille presque. Il n'avait pas besoin de connaître quand quelles situations elles avaient été prises.

Il avait juste besoin de savoir à quel point ses parents « étaient des gens formidables ».

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