Chapitre 9
Le Professeur McGonnagall accourut en hurlant vers les deux élèves qui s'insultaient au milieu de leurs camarades devant la Grande Salle. Les deux concernés, un Serpentard et une Poufsouffle, illustraient parfaitement la rivalité qui opposaient les deux Maisons à quelques heures du match. Le Professeur franchit la foule, sépara les deux élèves - qui paraissent à deux doigts d'en venir aux mains -, retira quelques points, administra quelques retenues, et dispersa tout le monde. Elle put enfin accéder à la Grande Salle et s'y installer pour prendre son petit-déjeuner.
la salle était, comme tous les jours de match, séparée en deux camps : il s'agissait aujourd'hui des Poufsouffles et des Serpentards. La plupart des Serdaigles soutenaient ces derniers, pour des raisons d'alliances stratégiques. Quant aux Gryffondors, ils lançaient souvent des hostilités contre les Serpents et leurs soutiens, ce qui se terminait si les professeurs avaient l'occasion d'intervenir, en retenues séparées.
Le Professeur McGonnagall avait rarement vu des matches se passer "normalement", sans haine passionnée des deux côtés ; mais de là à devenir violent, il y avait un pas - franchi allègrement par les élèves de Poudlard cette année. C'est pourquoi elle avait hâte que ce match se déroule, prenne fin, que les joueurs soient célébrés durant toute la nuit, et que les journées reprennent leur cours habituel.
Cependant c'était trop demander aux supporters. Leur envie d'en découdre avait encore grandi durant la matinée, et quand l'heure de se rendre sur le terrain sonna, ils montraient les dents. Le match commença. Poufsouffle marqua le premier point, galvanisant les foules. Mais Serpentard se rattrapa rapidement et dès le premier quart d'heure, les deux scores se talonnaient.
Suite à un Cognard particulièrement vicieux de la part d'un batteur vêtu de jaune, un des poursuiveurs de Serpentard fut évacué, laissant un court battement de cinq minutes. Les supporters des vert et argent éructaient de rage. Mais comme leurs adversaires le répétaient, le Quidditch était un sport violent, et il était courant que les joueurs en voient de toutes les couleurs. Une fois le remplaçant et ses coéquipiers en place, le match reprit de plus belle. Chaque offensive était rendue, avec encore plus de hargne et de vigueur, si c'était possible - chaque élève se comportait comme si sa vie en dépendait.
Une bagarre éclata dans les gradins, interrompant encore le match. Après que les fautifs aient été séparés (et envoyés, pour quelques-uns d'entre eux, à l'infirmerie), la tension augmenta encore. L'air était électrique. Les Professeurs croyaient venue l'heure de la bagarre générale. Toute occupée à surveiller les gradins, Minerva manqua une sublime chute en piqué de l'attrapeur de Serpentard, qui se ramassa magistralement, serrant dans son poing la petite balle dorée. Alors qu'un sourire édenté mais victorieux naissait sur son visage, les spectateurs hurlèrent de tous leurs poumons leur joie ou leur haine. Immédiatement, le Professeur McGonnagall lança des charmes du Bouclier entre les côtés jaunes et les côtés verts ; bien lui en prit, car les élèves qui se trouvaient à proximité de l'autre camp se jetèrent sur leurs adversaires et s'écrasèrent sur des murs invisibles.
La fin de l'après-midi se résuma pour la Professeur McGonnagall à courir à travers le château pour empêcher les conflits de dégénérer. Elle avait rarement autant mis de retenues que ce jour-là, même lors d'une des innombrables fêtes nocturnes organisées par divers élèves. Lorsque vint le soir, elle passa le relai aux Préfets, plus enclins à reprendre leurs fonctions maintenant que l'euphorie s'était un peu calmée.
Le lendemain, les élèves avaient peu dormis, et la plupart étaient encore contrariés de la veille - certains d'avoir perdu, d'autres de n'avoir pu célébrer convenablement leur victoire. Le Professeur McGonnagall eut à faire à des élèves de mauvais poil, encore plus que lors d'un lundi matin habituel. Les septièmes années de sa Maison avaient cours en dernière heure, et elle espérait qu'ils seraient plus coopératifs, mais c'était comme demander à un mouton de danser sur la table. Ils avaient tous grise mine, et elle avait pourtant veillé à ce qu'ils ne fassent aucune fête la veille.
Elle chercha donc ses dernières ressources d'énergie, de patience et de bienveillance au plus profond de son âme de professeur, et fit rentrer les adolescents. Elle commença en leur rendant leurs devoirs, qui pâtissaient pour quelques-uns du manque de travail de leur rédacteur, qui était trop occupé à profiter des plaisirs du parc du château en cette saison plutôt que de préparer ses ASPICs de Métamorphose ; ce que McGonnagall ne manqua pas de leur reprocher. Elle s'attendait à des protestations, qu'elle récolta, mais d'une nature différente de ce qu'elle avait cru ; en effet, Neville Londubat soupira :
- Mais Professeur, à quoi bon ?
Interloquée, McGonnagall rejoignit son bureau et interrogea le garçon :
- A quoi bon quoi, Londubat ?
- Eh bien, passer nos ASPICs, ou nos BUSEs, ou... même rester en cours !
- Vous vous entendez, Londubat ? Qu'est-ce qui vous prend !? fit McGonnagall, étonnée de ce que disait l'adolescent.
- Professeur, je suis majeur. Je pourrais me battre contre les Mangemorts, aider, dehors, mais là... Je suis coincé dans des salles de cours, à apprendre à... (il jeta un coup d'œil à sa copie) ...à métamorphoser des porcs en balai-jouet ou que sais-je encore !
McGonnagall soupira. Elle l'avait craint, et ses peurs s'étaient vérifiées : les élèves n'avaient plus foi. La guerre était déjà trop longue, et on n'était qu'en novembre ! Elle prit une grande inspiration, et se lança dans une tirade engagée digne des meilleurs dramaturges d'opposition. Elle se savait en droit de parler devant les élèves, qui n'iraient pas la dénoncer aux Carrows, pour l'excellente raison qu'ils seraient punis aussi.
- Les enfants.
- On n'est plus des enfants ! C'est bien là le problème ! interrompit Neville.
Elle lui lança un regard noir.
- Ne m'interrompez pas, s'il vous plaît !
Elle se reprit, s'éclaircissant la gorge.
- Votre scolarité n'est pas terminée. Vous habitez dans ce château, vous suivez vos études loin des combats - autant que possible. Cette école doit rester un lieu de paix, dans le futur, autant qu'elle l'était dans le passé ; et ce, afin de permettre aux plus jeunes membres de notre société de rester, comme vous, loin des conflits.
- Mais les conflits sont dans le château ! M'enfin Professeur, s'indigna Neville, vos supérieurs sont des Mangemorts !
- Je sais, merci ! Mais ce que vous devez comprendre, tout majeur que vous êtes, c'est que cette guerre ne durera pas éternellement et qu'en faisant vos études, vous vous préparez pour cet après.
- Mais cet après comme vous dites ne pourra arriver que si on se bat ! Les batailles ne se mènent pas toutes seules !
Le Professeur McGonnagall sentaient bien que les paroles de Neville faisaient mouche auprès de ses camarades. Elle était en train de faillir dans son devoir d'apaisement, et de protection ; elle tenta une autre stratégie.
- Bon. Très bien. Partez. Allez vous battre, jetez-vous à corps perdu dans la bataille ; regardez les soldats tomber, les maléfices pleuvoir, les ruines fumer. Regardez les orphelins, les parents dont le fils, la fille, le bébé est mort ; regardez toutes les horreurs que fait l'homme, dans sa bêtise. Tentez ne serait-ce que d'atteindre votre prochain anniversaire, dans cet Enfer.
"Super", se dit-elle, "je les déprime encore plus".
- Ce que je vous demande n'est pas de vous enfermer dans un idéal vierge de toute lucidité, à l'abri de l'actualité de la guerre et des évolutions des combats. Ce que je vous demande, c'est de reconnaître qu'à votre niveau, vous êtes impuissants. Parce que vous êtes trop jeunes, trop peu familiers à ce monde, trop...
Elle soupira. Elle était en train de leur demander de rester enfermés ici, alors que leurs frères, leurs sœurs, leurs parents se battaient pour leur vie.
- Ce que je vous demande, c'est de comprendre que la guerre n'est pas la solution. On n'a pas besoin de gens qui se battent éternellement dans cette sanglante période ; on a besoin de sorciers expérimentés, qui sauront reconstruire un monde quant la guerre sera finie. Laissez la guerre à vos aînés, préparez vos rêves et espérances pour demain.
Neville avait levé vers elle des yeux brillants. Il s'était redressé sur sa chaise, de même que tous ses autres camarades. Tous leurs visages étaient tournés vers elle, et non vers leurs feuilles comme lors d'un cours de Métamorphose. Les choses étaient différentes ce jour-là.
- J'espère, mes enfants, j'espère sincèrement que vous n'aurez jamais à vous battre. Que vous vivrez dans un monde en paix, toujours.
- C'est mal parti, commenta une jeune fille, faisant sourire ses amis.
- Mais ça ira. On va la gagner, cette guerre, répondit McGonnagall en levant le poing avec conviction. Et je sais que si jamais on s'en prend à vous, vous ne vous laisserez pas faire.
- Ah ça ! Ils vont voir de quel bois je me chauffe, tiens ! s'exclama Neville sur un ton belliqueux.
Chacun y alla de son cri de guerre, de ses revendications, de sa protestation, et le Professeur McGonnagall laissa ce joyeux bazar en ébullition jusqu'à ce qu'elle en eût assez des "Mort aux Mangemorts !" et autres "Aux armes !" Elle frappa ses mains, parvint à ramener le calme, et inscrit au tableau un numéro de page du manuel, avant de refaire face à la classe, revigorée.
Le soir même, un nouveau message vint rassurer les foules, telle Minerva pour les Gyrffondors. Mais apparemment, cela ne plut pas le moins du monde aux Carrows, qui punirent sévèrement quelques suspects. Cela terrifia les plus jeunes, et leurs aînés : plusieurs groupes d'élèves manquaient à l'appel, dont des premières années, ainsi que Dean Thomas. Le Préfet, ciblé par des enquêtes de Mangemorts en rapport avec son statut de sang, avait disparu un soir avant le dîner. Ses amis ne l'avaient pas revu depuis.
***
Bonsoir ! D'abord, pardon. Mea culpa. Oui, j'avais dit un chapitre par semaine, et même que j'avais dit que j'en mettrai un lundi, mais j'ai pas réussi. Pas d'inspi, pas le temps... Mais Errare humanum est ! Maintenant je suis de retour, et ceci est le chapitre de la semaine dernière. Je publierai ce soir ou demain le chapitre de cette semaine, et le weekend prochain tout sera rentrée dans l'ordre !
Merci pour tous les reviews, com's et autres votes ! Merci mille fois ! Surtout continuez si (ça) vous plaît <3
A bientôt !!
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