Chapitre 2

Le Professeur McGonagall prit le Choixpeau et le tabouret et les emmena dans la pièce qui jouxtait la Grande Salle. La Répartition de 1997 venait de s'achever, accueillant une quinzaine de nouveaux élèves dont seulement deux Gryffondors. Le professeur savait ce que cela signifiait : cette école n'était plus synonyme de paix, d'apprentissage serein, de sécurité. Un des derniers bastions des rebelles tombait. L'école avait résisté pendant la première guerre, les élèves venaient toujours. Mais, de toute évidence, deux guerres étaient deux de trop.

De plus, les nés-Moldus n'étaient plus acceptés au château. Par un Décret d'éducation parfaitement impopulaire mais parfaitement légal, car les Mangemorts faisaient la loi, les enfants qui n'avaient pas de parents Sorciers ne pouvaient intégrer ou réintégrer leur place à l'école. Tous les autres, qu'ils aient ou non commencé leur scolarité au château, devaient y venir dès la rentrée.

Elle retourna dans la Grande Salle, alors que Rogue continuait son discours. Alors qu'il présentait les Carrow, qui souriaient d'un air malveillant, le professeur de Métamorphose observa les élèves de sa Maison. Elle vit Neville Londubat, assis à côté de Ginny Weasley, la poursuiveuse exceptionnelle de son équipe l'an dernier, mais ne vit nulle part Potter, Granger et Weasley.

Elle s'en étonna. Elle savait bien sûr ce qui s'était passé fin juillet, le mariage chez les Weasley qui avait tourné au drame, le jour de la mort de l'ancien Ministre de la Magie. Elle détailla à nouveau tous les visages, cherchant des cheveux bruns ébouriffés, roux, mais elle ne trouva personne. Elle pensa d'abord au trou béant que laissaient les deux garçons dans l'équipe de Quidditch : plus de capitaine, d'attrapeur, de gardien... Puis se rendit compte de leur absence dans toute son ampleur : Harry Potter et ses amis étaient partis.

Mais le Professeur McGonagall n'était pas d'une nature pessimiste. Elle se dit qu'ils avaient simplement trouvé une situation problématique dans laquelle se fourrer, et qu'elle les verrait tout à l'heure dans la salle commune pour un petit discours exceptionnel de bienvenue.

En effet, pendant tout ce temps où elle cherchait quelques-uns de ses élèves favoris, elle écoutait d'une oreille le laïus de Rogue, et cette oreille n'en revenait pas : il faisait l'apologie du discours de Voldemort.

Chacun des Carrow avait pris la parole pour présenter sa matière. Alecto, la sœur, allait enseigner la nouvelle Étude des Moldus. Minerva avait eu une pensée pour Charity Burbage, qui enseignait cette option jusqu'à cet été, où elle avait disparu sans laisser de traces. Alecto avait précisé que sa matière, obligatoire de la première à la septième année, avait pour but d'informer les élèves sur le danger des Moldus, ainsi que pourquoi ils étaient inférieurs aux sorciers.

A ce moment-là, il y eut une vague de protestations chez les Gryffondors majoritairement, ainsi que quelques Poufsouffles et Serdaigles révoltés : mais Amycus, le frère d'Alecto, se leva, cria "SILENCE !" et lança un sort de Mutisme sur les élèves. Le sang de Minerva ne fit qu'un tour et elle leva immédiatement le sort. Amycus lui lança un regard furieux mais Rogue s'interposa, et l'incita à présenter à son tour sa matière, "l'art de la magie noire", qui remplaçait la Défense contre les Forces du Mal. Amycus ne dit que quelques mots, dont l'idée principale était que sa matière, le respect du règlement et la discipline était étroitement liés.

Et le règlement avait bien changé, en un été : interdiction de certains journaux, de certains clubs, couvre-feu avancé, même le Parc avait des zones réservées aux "élèves exemplaires". Le règlement devait être appliqué par les élèves sous la surveillance des professeurs et du "corps disciplinaire", une sorte de variante de la Brigade Inquisitoriale d'Ombrage en son temps. Elle était composée des Préfets, triés sur le volet, de quelques septièmes années volontaires (étrangement, presque que des Serpentards), et de certains professeurs.

Quant aux retenues, elles s'effectuaient toutes avec les Carrow, et les punitions n'avaient pas été précisées. Rusard avait été renvoyé, sans que personne ne donne de raison, mais tout le monde savait son "statut de sang" : il était un Cracmol. Mais pour les Carrow, il était un moldu comme un autre, voire pire encore.

A la fin du discours, les élèves et les professeurs entamèrent le traditionnel banquet de début d'année. Mais personne n'était très joyeux, et nul ne tenait particulièrement à se faire remarquer. Lorsque tout le monde fut rassasié, les Préfets conduisirent leurs camarades dans leurs Maisons respectives, et le Professeur McGonagall se dirigea elle aussi vers la tour de Gryffondor.

Lorsqu'elle arriva, tous les élèves se trouvaient dans la salle commune, agglomérés autour de Ginny Weasley, Neville Londubat et Luna Lovegood, qui avait pour l'occasion déserté sa propre salle commune. Les trois élèves galvanisaient la foule. Ils parlaient de rébellion, d'un combat à mener, de renaissance, d'organisation, de secret, de justice... Soudain, alors que Weasley hurlait "YEAAAAAH !" et que la foule reprenait autour d'elle avec enthousiasme, Londubat se retourna et aperçut la Directrice de la Maison, les bras croisés, à quelques pas de l'ouverture du portrait.

En voyant son expression, les autres élèves suivirent le regard du jeune homme, et ils descendirent des tables sur lesquelles ils étaient juchés, retirèrent leurs cravates de leurs cheveux, et tentèrent maladroitement de cacher les quelques Bièraubeurres rescapées. Le trio de tête s'avança, Weasley tentant de s'expliquer :

"- Professeur, on... Enfin, c'est moi qui...

- Non, c'est nous, rectifia la Serdaigle, nous avons...

- Ce qu'elles veulent dire, Professeur, coupa à son tour Neville, c'est que...

- Merci, vous trois, de reconnaître votre part de responsabilité. Bien sûr, amener des bouteilles de Bièraubeurre dans l'enceinte de cette salle est formellement interdit, mais je suis prête à être un peu indulgente, car c'est la rentrée. Mais ne vous avisez pas de recommencer !

- Euh... Professeur... commença Ginny. Vous... vous n'avez pas entendu de quoi on parlait ?

- Mais quand ça, Miss Weasley ? fit le professeur en fronçant les sourcils.

- Là, à l'instant ! On était tous en train de hurler que...

- M'enfin Ginny ! s'exclama Neville, le visage illuminé, la coupant de nouveau. Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler ! Nous discutions tous les trois calmement de... Quidditch, lorsque le Professeur McGonagall est arrivée.

Celle-ci remercia Merlin pour la perspicacité dont avait fait preuve le jeune homme, saisissant que Minerva ne voulait pas s'impliquer dans leurs affaires d'une manière ou d'une autre. Elle feignait de ne rien savoir de leurs agissements (ou leurs plans pour agir), de telle sorte qu'elle ne pourrait pas les sanctionner. Elle savait qu'elle ne pourrait pas les décourager, et elle n'en avait pas envie de toute façon.

- Bien, mesdemoiselles, monsieur, rejoignez vos camarades, je vais prononcer un petit discours. Miss Lovegood, vous pouvez rentrer dans votre Maison, votre petite escapade vers la tour d'Astronomie (elle haussa les sourcils pour lui faire comprendre la supercherie) a assez duré. La Préfète, Miss Cheshire, va vous raccompagner.

Alors que les deux filles s'éloignaient, Minerva fit quelques pas dans la salle pour se placer au centre. Elle ne vit pas Potter, Granger et Weasley, et s'inquiéta sérieusement ; mais elle dut reléguer ce problème dans un coin de son esprit, et parler aux jeunes gens qui la regardaient, intrigués (et, il faut bien le dire, apeurés). Elle demanda aux élèves qui étaient montés dans leurs dortoirs de bien vouloir descendre, et elle commença.

- Chers élèves. Bonsoir. Vous savez comme moi que le corps professoral a subi quelques modifications depuis l'an dernier. Les nouveaux professeurs, le nouveau règlement, le corps disciplinaires, tous ces gens vous ont dans leur ligne de mire. Parce que vous êtes à Gryffondor, ennemi héréditaire de Serpentard, parce que vous portez en vous cet héritage de bravoure et d'honneur, ils vous stigmatiseront à un moment ou à un autre. C'est pourquoi je vous demande, en sachant bien la difficulté de la tâche pour certains d'entre vous (son regard se posa sur Ginny Weasley), de ne pas vous faire remarquer cette année. Respectez le règlement, ne mettez pas un mot plus haut que l'autre, ne répondez pas, et tout ira dans une certaine mesure pour le mieux.

- Mais... commença Londubat.

Elle leva la main pour le faire taire.

- Je sais, Londubat. Il faut être résilients. Je sais combien cela vous coûtera, mais il en va de votre sécurité.

Elle laissa passer un court silence, seulement interrompu par la Préfète qui revenait de la tour de Serdaigle.

- Cependant, vous êtes des adolescents impulsifs et rebelles, qui ont une certaine tendance à ne pas tenir compte du règlement.

Un air réjoui se peint sur les visages des plus âgés ; leurs cadets semblaient ébranlés par ses paroles précédentes.

- Ecoutez, je me doute que vous allez vouloir vous manifester. Montrer votre désaccord. Mais s'ils vous attrapent, ce ne sera pas simplement une vingtaine de points en moins récupérables au Quidditch. Vous voyez ce que je veux dire ? Si vous tenez vraiment à choisir cette voie - dangereuse, incertaine, périlleuse -, il faut s'y préparer, ne pas improviser une petite réplique insolente.

Ceux qui souriaient tout à l'heure déchantaient un peu. Le futur qu'ils entrevoyaient n'était pas rose, loin de là. Le Professeur McGonagall conclut :

- Pensez-y. Rien ne vous oblige à vous engager. Ce n'est même pas un engagement, qui plus est. Pensez-y. Bonne nuit ! Demain, les cours commencent à huit heures. Pas un de vous ne doit être en retard.

Quelques élèves sourirent faiblement. Même en ces temps troublés, le Professeur McGonagall restait fidèle à elle-même.

- Le nouveau capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor est Ginny Weasley.

La rousse leva la tête, les yeux ronds. Elle ne savait pas ! Elle n'avait reçu aucune lettre, aucun mot !

- Voici votre insigne, il... s'est perdu lors du transport. Félicitations.

Ginny l'épingla à sa poitrine, encore sous le choc.

- Capitaine, il nous manque un attrapeur et un gardien. Cette année encore, sachez rapporter la Coupe dans mon bureau. Je compte sur vous.

- Vous pouvez, Professeur ! fit Ginny en souriant.

Elle ne paraissait pas inquiète outre mesure de l'absence de son frère et de ses amis. Effaçant les trois élèves de ses pensées, le Professeur McGonagall conclut définitivement cette fois :

- Bonne nuit, chers élèves. Et bon courage.

Une salve d'applaudissements retentit dans la salle et le Professeur disparut dans le couloir sous les hourras. Elle rejoignit son bureau, et saisit les listes des élèves de septième année de Gryffondor. Elle raya "Granger, Hermione, Jean", "Potter, Harry, James", "Weasley, Ronald, Billius", avec un pincement au coeur. Postée à la fenêtre de son bureau, elle se demandait ce qu'ils faisaient, et pourquoi ils n'étaient pas à leur place au château.

- Merlin vous protège, murmura-t-elle en fermant quittant l'air frais de la nuit.

***
Hey ! Voici la suite, et je vais encore publier d'autres chapitres aujourd'hui. Ce départ sur les chapeaux de roues est dû à ma participation au concours de @Lupin_Rose, mais je crains de ne pas pouvoir tenir ce rythme à l'avenir !
N'hésitez pas à voter et commenter !

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