Chapitre 3
- Je marche en aspirant l'air pollué de la ville par les voitures. Cette odeur du réel, de la vie tout simplement. Je regarde dans ma poche, il ne me reste assez d'argent pour trouver un hôtel pour quelques nuits au moins.
Alors moi, je déambule dans les rues a la recherche d'un quelconque moyen d'hébergement.
Je passe devant une sorte de restaurant délaissé avant de sentir un craquement derrière moi. Je me retourne sur le coup mais ne vois rien derrière moi. La rue vide et silencieuse me fait fasse, l'air menaçante.
Je continue de marcher, mon sac sur le dos et mon téléphone entre les mains pour chercher un hôtel pas trop cher. J'en trouve un à deux pâtés de maisons d'ici alors j'accélère le mouvement pour éviter d'arriver avant la fermeture.
Ça y est, je l'aperçois au bout de la rue dans laquelle je m'étais engagée. Je cours en direction des portes pour payer une chambre avant la présumée fermeture à 21h. J'arrive enfin au guichet et paye une chambre pour trois semaines comme je le pensais.
Ma chambre est petite, sombre, miteuse, mais pas chère et c'est le principal. Je me dirige vers la salle de bain pour prendre une douche mais je me rends compte que l'eau est froide en permanence et coupe quand mes rares voisins utilisent de l'eau.
Après maintes et maintes tentatives pour me doucher, je finis par abandonner et m'allonger sur mon lit. J'enfile un vieux sweat long dans lequel j'enroule mon corps pour essayer de trouver quelques heures de sommeil.
Tout mon parcours défilent dans ma tête pendant que je fixe une fois de plus le plafond déprimant d'une nouvelle chambre.
Je n'ai pas mangé de la journée mais mon ventre se torture de remords plutôt que de faim. Avais-je fait le bon choix en partant à l'autre bout du pays ? En laissant ma ville natale, cette petite campagne perdue au fin fond de la cambrousse ? En abandonnant mes parents, les gens qui m'avaient mis au monde pour me faire vivre "une belle vie" comme il le disait. Plutôt un enfer de mon point de vue mais après ce n'est pas mon jugement qui va affecter ma décision. Maintenant c'était fait et on ne pouvait pas revenir en arrière.
Tant de questions qui se battent dans ma tête pour avoir de l'attention, que je me porte sur l'une d'entre elle.
J'ai du mal à dormir dans cette ville bruyante alors je décide de prendre mon téléphone et de faire un plan pour la suite. Être fixé sur certaines choses.
- Trouver du travail
- Acheter de la nourriture
- Essayer de se renseigner sur les établissements scolaires de la région
Des missions qui paraissent si simples mais qui sont compliqués en réalité.
Je regarde qui je pourrais appeler pour essayer d'avoir un contact auditif avec autrui. Ma mère ? Certainement pas, bloqué. Mon père ? Alors là même pas en rêve, bloqué. Jisung, mon meilleur et mon seul ami qui doit se demander où je suis ?
Il me dirait que je suis folle et je n'ai pas besoin de ça.
Je reste alors seule sur mes draps miteux en fixant le plafond encore et toujours pour mon plus grand désarroi. J'attrape mes écouteurs et lance la première chanson que je trouve qui serait susceptible de m'aider à accueillir Morphée dans mes bras. Alors je reste là dans ma propre bulle de solitude où je n'étais pas encore assez à l'aise pour la percer.
Alors je reste là, en faisant défiler le film de ma vie devant mes yeux. Un film triste et dramatique que même moi qui ai des goûts fameux je n'irai pas voir encore une fois.
Je vais changer. Je ne suis plus la petite fille persécuté par n'importe qui. Je suis une personne triste et faible qui ne cherche qu'à renaitre de ses cendres qui lui consument l'intérieur depuis trop longtemps maintenant. Moi, je me promets de changer. De changer pour la vie que j'ai envie de mener. Vivre comme je l'entends et pas suivre un chemin tracé à l'avance. Un chemin qui m'emmène là où je me perds rapidement. Je veux quelqu'un pour me remettre sur la bonne voie à suivre pour poursuivre mon voyage qu'est la vie. Un main qui se pose sur mon épaule en me rédigeant vers la lumière. Une personne qui me sorte du chemin plein de ronces sur lequel je me suis engagée accidentellement.
Juste une main, juste un sourire, juste avec moi. Près à me suivre au bout du monde, à travers les ronces comme dans la lumière.
Quelqu'un qui n'existe certainement pas. La personne idyllique dont je rêve n'est pas réel car elle semble trop parfaite. J'ai envie de juste parler à quelqu'un. Juste parler.
Vider mon sac et enfin me libérer de tous les buissons plein d'épine que mes géniteurs m'ont encrés dans la tête. Toutes ses idées et ses préjugés sur moi même qui ne cessent de grandir. Je veux juste quelqu'un pour dire : "Non". Ce fichu mot que je n'ai pas prononcé depuis si longtemps face à la pression parentale. Je rêve de rire au nez de mes parents, des filles du collège qui doivent rigoler à l'annonce de ma fugue, de lui et elle qui ne m'ont jamais cru.
Jamais ils n'ont poser les yeux sur moi par gentillesse. J'étais juste une fille avec un visage banale et un corps banale avec des goûts étranges.
Mais c'est fini maintenant.
Il faut rembobiner et remettre le film à zéro pour que je puisse comprendre comment ça a mal tourné. En vérité, je le sais très bien, mais je veux me convaincre que ce n'était pas de ma faute.
Je vais revivre enfin. Je suis Yujin et j'avance. Vos épines peuvent m'atteindre mais je vais m'en méfier à l'avenir.
Dites bonjour à la nouvelle moi.
~{•}~
Ma nuit était assez mouvementée ; entre mes réflexions sur mes choix de vie et mes voisins de palier qui débarquent toutes les cinq minutes pour me dire de baisser la musique alors que j'avais des écouteurs. J'étais épuisée mentalement et physiquement mais je devais quand même fouiller les petites annonces pour espérer trouver du travail.
J'allume mon téléphone et commence à chercher partout sur des sites improbables, limites introuvables. Pendant plus d'une heure, je fais défiler les caissière, serveuse, assistante, babysitter ect... Je ne trouve rien qui soit acceptable, dans mes cordes et bien payé pour couronner le tout.
Quand soudain, un miracle ; je trouve d'assistante à temps partiel. Les compétences requises étaient les suivantes ; dessin, argumentation, créativité. Je repense à ce qui c'est passé dans le train et je me souviens de la petite fleur que j'avais fait en quelques secondes. Je repasse les nombreux dessins que je faisais car je m'ennuyais chez moi et aux multiples portrait de Jisung que j'avais réalisé car il aimait s'admirer lui même.
Je clique sur l'annonce en dépose un CV fait en deux minutes, un peu flou mais qui fera l'affaire pour cette fois. Sans réfléchir, je sors de chez moi pour aller acheter du papier et des crayons histoire de m'entraîner un peu. Je passe devant une petite boutique d'ordinateur et je me dis que ça m'aiderai beaucoup si j'ai le poste. Mais bon ce genre d'engins ne poussent pas sur les arbres malheureusement et ils coûtent plus que ce j'ai sur moi.
Une fois mes achats effectués, je me dis que j'ai besoin d'un support visuel alors je décide d'aller dans un parc histoire de dessiner au calme dans un endroit inspirant.
~{•}~
Je rentre à l'hôtel toute fière des croquis que j'ai dessiné. J'ai commencé par un oiseau puis j'ai gribouillé une petite fille qui jouait avec son frère. Elle était venue me voir avec son papa et avait trouvé le dessin très joli. Son papa me l'avait même acheter pour deux billets de dix. Je repartis en les saluant et mon argent en main. J'étais plutôt contente d'avoir fait sourire cette petite fille et je réfléchis beaucoup par rapport à ça.
Je m'entraînais à dessiner du maquillage quand une notif sur mon téléphone émit un petit bruit qui me fit sortir de ma rêverie. Mon coeur s'arrêta lorsque je vis un mail de l'agence qui m'avait l'air assez important pour ne pas l'ignorer.
" Chère Mlle.So,
Nous avons bien reçu votre candidature qui a l'air fort intéressante par rapport au profil que nous recherchons. Nous avons décidé de vous laissez une chance et nous vous avons programmé un entretien après demain à dix-sept heures dans les locaux de l'agence. Vous serez évalué sur votre modèle de présentation et nous rendrons notre verdict.
Bien sûr le fait que vous soyez mineur nous contraint à minimiser vos heures en raison de votre programme scolaire que nous aimerions acquérir pour programmer votre emploi du temps à l'agence dessus.
En raison des problèmes d'identité, si vous êtes prise il faudra qu'à chaque fois que les caméras sont à l'agence vous portiez un masque pour cacher votre visage. Ce n'est en aucun cas obligatoire car si vous n'en portez pas, on mettra du flou sur votre visage.
Nous espérons vous voir à l'entretien et être épaté. Bonne matinée. À bientôt.
Cordialement, ..."
Sur modèle de présentation ? Cela voulait dire que je dois présenter un projet design pour une chanson par exemple. Le problème était là : je n'avais pas d'ordinateur pour travailler. Je tape vite sur internet un endroit où on peut réserver des ordis et un seul endroit sort ; la nouvelle bibliothèque.
Sans attendre je cours à travers les rues pour me rendre dans ce fameux endroit qui a été refait. J'arrive enfin avec ma clé USB devant ce maudit ordinateur et l'insère dedans.
~{•}~
Je travaille d'arrache-pied depuis une heure maintenant et je ne trouve même pas comment finir cette étape.
Comme chanson, j'ai choisis des vieilles chansons qui remontent pas mal en tendance en ce moment malgrès le fait qu'elles ne soient plus d'actualité.
Un sujet blanc et beige rempli de couleur qui éclate quand on évoque des émotions. Une chose assez facile à décrire quand on le vit, ce qui n'est pas mon cas.
J'étudie chaque mouvement et modifications de mon projet pour être sûr qu'il soit parfait et au bout de quelques heures d'acharnement je finis. Morte, j'étais morte sur cette chaise de bibliothèque. Mon âme était rentrée dans cette ordinateur pour créé mon projet. Le projet que j'allais présenter aux responsables de l'entreprise. Mais au bon dieu comment avais-je fais ça ?
~{•}~
Je rentre à l'hôtel en saluant mes voisins désagréables de manière nonchalante au passage et m'allonge sur mon lit en soupirant de soulagement.
- J'ai finis, Dieu merci...
Je n'avais pas remarqué que je n'avais même pas pensé à manger aujourd'hui. Je n'ai pas faim de toute façon. Je prends un verre d'eau amer du robinet pour me caler et je me glisse sous mes draps secs pour rejoindre le pays des rêves jusqu'à demain midi minimum.
J'allais revivre, renaître avec un nouveau travail. De nouvelles opportunités s'ouvrent à moi si j'ai la place plus loin que loin encore.
Maintenant il faut que je me repose et demain j'irai trouver une tenue pour l'entretien. Toute une journée de travail qui allait payer et pour quoi ? Un espoir.
Un espoir de survie dans cette arène cruelle qu'est la vie. J'entre en jeux avec un boulot à la clé, un travail qui me permettrai de vivre et manger.
Enfin, c'est ce que je croyais.
1907 mots.
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