Chapitre 9: Acide
Ce regard, il se fixe sur moi jusqu'à ce que cette gêne ne devienne insupportable. Je ne sais pas ce qu'il se passe, je suis perdu. Mais je refuse de mêler quiconque à mes histoires. J'ai pris l'habitude d'être seul et de gérer moi-même mes problèmes. Pourtant, la peur ne me quitte pas.
Suite à son repas, Pein rejoignit le laboratoire avec un léger retard. Konan ne fit aucun commentaire puis sortit les échantillons de test. Tout était parfaitement étiqueté de sa fine écriture arrondie et elle avait même imprimé le mode opératoire de la machine afin que son nouveau collègue puisse apprendre à se familiariser avec le matériel. Avec calme, elle prit le temps d'expliquer le fonctionnement de l'appareil ainsi que le but de l'essai, le tout de manière très pédagogue qui surprit le rouquin lorsqu'il songea avec quelle froideur elle l'avait d'abord accueilli.
« Le but de ce test, c'est de vérifier l'élongation des différentes matières proposées et de définir celle se rapprochant le plus de l'exigence du client que tu retrouves dans l'intitulé de la demande. C'est clair ?
— Oui, oui, tu expliques très bien... avoua l'Ikari.
— Ah... Euh... Merci ! Bref, je te laisse t'occuper de cette partie des tests et moi je vais sur la seconde machine pour faire l'autre moitié des échantillons. Ah oui et il manque des éprouvettes pour la matière du lot numéro cinq, si tu peux m'en préparer dix. Hidan, tu peux lui expliquer s'il te plaît ?
— OK ! Mais maintenant, j'ai une réunion dans cinq minutes là... »
Face à ce calme dans l'équipe, Pein se sentit plus détendu bien qu'il ne redoutait une nouvelle intervention de son chef. Ce dernier finit cependant par se montrer à nouveau mais ne fit aucun commentaire.
« Konan-san, j'ai besoin de t'emprunter Ikari deux minutes. J'ai besoin de voir les résultats du test dans l'acide sulfurique qui a été lancé l'autre jour. Tu peux venir un moment ? »
Après un bref regard vers la bleue, le rouquin finit par rejoindre son responsable dans une pièce adjacente vers la sorbonne dans laquelle l'essai se terminait. Madara attendit à côté de la paillasse le temps que son technicien ne sorte l'échantillon bien qu'il sembla assez agité.
Encore une fois, il paraissait assez pressé si bien que le stress du jeune homme s'accentua à nouveau. Face à l'agacement de son supérieur, il oublia d'enfiler des gants de protection et s'empressa d'attraper une longue pince pour en sortir la pièce du liquide avant de la poser sur du papier absorbant. Madara s'approcha afin de regarder l'échantillon tandis que Pein grimaça face à cet empressement sachant qu'il n'avait pas terminé, d'autant plus que la substance en question était hautement corrosive.
« Attention ! » s'exclama Pein en tentant de se reculer.
Mais ce qui devait arriver arriva et l'Uchiha renversa la solution d'un coup de coude qui fut projetée à la fois sur la blouse que sur les mains non protégées du rouquin... Poussant un cri de douleur, il sentit que la solution concentrée commençait déjà à lui brûler sévèrement la peau et plusieurs trous se formèrent dans sa blouse imbibée ainsi que sa veste. Précipitamment, il s'empressa d'aller rincer abondamment ses mains sous l'eau.
Sa plainte avait alerté ses collègues qui s'empressèrent de le rejoindre. Konan, qui était formée aux premiers secours, lui expliqua aussitôt comment bien rincer la plaie sans l'aggraver davantage. Pendant ce temps, elle demanda à Hidan d'appeler les secours car il était urgent qu'il soit soigné par des personnes habilitées.
« Je lui avais pourtant dit de faire attention avec sa solution, il n'a même pas mis de gants et se renverse bêtement de l'acide sur les mains. » lâcha Madara avec agacement.
Deidara avait également fait retirer la blouse et la veste de son collègue afin d'éviter que de nouvelles blessures n'apparaissent sur son torse. Il remarqua que le rouquin était devenu livide si bien qu'il lui suggéra de s'asseoir le temps que les secours n'arrivent tout en continuant à rincer ses mains.
Pourquoi Madara avait-il menti ? Avait-il volontairement renversé ce bécher sur lui ? Pourquoi ensuite l'accusait-il ? Toutes ces questions ne cessaient de se répéter dans son esprit. Il le contempla remplir des papiers pour déclarer son accident de travail, l'ignorant tout simplement.
Lorsque les secours arrivèrent sur place, le rouquin venait de se débarrasser de son t-shirt sur lequel des trous commençaient également à se former, dernier rempart avant d'atteindre sa peau. Konan avait pris soin d'éviter de poser les yeux sur lui, intimidée par ce qu'elle avait pu entrevoir. Ce type était bizarre mais son corps était taillé à la perfection, elle devait le reconnaître. Avant son départ, cependant, Hidan lui laissa un de ses pulls de la société afin qu'il n'attrape pas froid.
Pein fut installé sur un brancard à l'intérieur de l'ambulance tandis que ses collègues le regardaient partir. Derrière eux se tenait Madara qui le fixait silencieusement. Cette simple vision glaça le sang du jeune homme qui sentit un frisson désagréable lui parcourir l'échine. Finalement, son chef lui esquissa un bref sourire puis se retira. Un sourire qui n'avait rien d'amical ou de compatissant...
Le jeune homme fut transporté à l'hôpital où furent rapidement traitées ses brûlures qui apparurent moins graves qu'à première vue. Ses mains furent soigneusement nettoyées et bandées. L'infirmière lui expliqua qu'une ordonnance lui serait remise pour qu'un remplacement régulier de ses pansements soit effectué par une personne compétente. Elle lui indiqua également qu'un arrêt travail lui serait également prescrit en plus de quelques médicaments pour atténuer la douleur.
« Je vous laisse encore patienter un petit moment, nous attendons encore les résultats de l'analyse et ensuite, vous pourrez sortir. Connaissez-vous quelqu'un qui puisse venir vous chercher ?
— Non, je vais rentrer en train, répondit simplement Pein.
— Il aurait été préférable que quelqu'un vous emmène, suggéra la jeune femme. Il vous faut à tout prix éviter au maximum d'utiliser vos mains le temps que cela cicatrise...
— Ça ira, je serai prudent. Et puis je n'ai pas le choix.
— Comment ça tu n'as pas le choix ? Tonna une voix dans le couloir.
— Uh ?
— Tu as de la chance que j'étais dans les environs ! Aboya Sasori qui apparut soudain dans l'encadrement. C'est moi qui vais te ramener et tu resteras chez moi pendant toute ta convalescence !
— Sasori ? S'étonna Pein. Comment as-tu su ?
— C'est Deidara qui m'a prévenu alors j'ai accouru au plus vite et je vois que j'ai eu raison ! Imbécile ! C'est bon, Madame, je me charge de lui !
— Parfait, merci Monsieur. »
L'infirmière se retira après avoir expliqué que les résultats seraient disponibles sous une heure maximum. Sasori s'approcha avec inquiétude du lit de son ami et grimaça en constatant ses mains enveloppées.
« Maintenant, tu vas m'expliquer ce qu'il s'est réellement passé.
— Je n'ai pas fait attention, mon coude a tapé dans le bécher d'acide et il s'est renversé, c'est tout... C'est juste une maladresse !
— Pein, ne me prends pas pour un con, tu veux ? Reprit Sasori avec colère. Je connais ta chimiophobie et je sais que jamais tu ne ferais une telle erreur. Tu as toujours maintenu une distance avec les produits chimiques et porté les protections adéquates quand tu étais obligé d'en manipuler. Alors explique-moi.
— Je t'assure que c'est un simple accident ! Tenta Pein en esquissant un sourire gêné.
— Deidara m'a dit que tu avais des soucis avec ton responsable, est-ce que c'est à cause de la pression qu'il te met que tu n'arrives plus à travailler correctement ?
— P... Pardon ? S'étonna le rouquin.
— D'a... D'accord... Oui, effectivement, ça ne se passe pas très bien... »
Pein prit le temps de lui expliquer plus ou moins ce qu'il s'était passé, en évitant de mentionner certains détails comme le fait que son responsable connaissait des détails plutôt dérangeants de sa vie privée. Sasori l'écoutait avec attention, affichant une mine furieuse à l'encontre de ce type qui semblait avoir pris son ami en grippe.
« Peut-être qu'au fond, il a raison, je ne suis peut-être pas fait pour ce job... Un mec qui a peur des produits chimiques et qui en manipule au quotidien, ça n'a pas de sens. Uchiha m'observait, j'avais la pression et en plus, je devais tout faire pour ne pas qu'il découvre ma phobie. Jusqu'à présent, je n'avais pas manipulé de produits dangereux. Pour l'acide, l'essai avait été fait par Deidara, on avait fait cette demande ensemble. Je suis vraiment nul... Je comprends sa déception...
— Tu sais que ce qu'il te fait, c'est du harcèlement moral ? Tu pourrais porter plainte contre lui pour cela...
— Non, non, inutile d'en arriver là ! Ce n'est rien ! Et puis, peut-être qu'il veut me tester pour voir à quel point il peut compter sur moi...
— Je t'en prie, ne va pas me faire croire que tu es aussi naïf ! Lâcha Sasori.
— Il a dit qu'il souhaitait que j'évolue rapidement, ça n'a pas de sens. Je devrais m'accrocher encore, ça m'apportera peut-être du positif s'il voit que je suis plus compétent que je n'en ai l'air !
— Ce sont les paroles les plus stupides que j'aie pu entendre sortir de ta stupide bouche ! Coassa son ami fâché.
— Mais pourquoi ?
— Ce type te fait subir un harcèlement, ce n'est pas anodin. Tu dois trouver un autre travail et le plus rapidement possible. Profite de ta convalescence pour chercher quelques pistes. »
Pein avait prospecté pendant si longtemps avant de décrocher ce poste, il ne pouvait pas partir aussi vite alors qu'il ne faisait que débuter. Et comment pourrait-il justifier un départ aussi précipité à un potentiel futur employeur ?
L'Ikari fut rapidement sorti de ses songes lorsque l'infirmière revint dans la chambre et annonça aux deux camarades que tout était en ordre et qu'ils pouvaient quitter l'hôpital. Ils durent ensuite se rendre à l'accueil afin d'effectuer le règlement et récupérer les différentes ordonnances en vue de ses soins.
Les deux amis quittèrent ensuite l'établissement, passèrent par une pharmacie pour récupérer les médicaments du rouquin puis se dirigèrent vers son appartement afin de préparer ses bagages pour les deux prochaines semaines à venir, soit la durée totale de sa convalescence.
Lorsqu'ils arrivèrent chez Sasori, le rouquin se rappela que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mis les pieds chez lui car la décoration y avait bien changé. Les murs étaient peints dans un ton beige chaud, son mobilier était bien souvent composé de bois exotique et de nombreuses plantes ornaient ses étagères ainsi que ses rebords de fenêtre. Sasori avait une passion pour la sculpture du bois et les marionnettes si bien que sa décoration était essentiellement composée de ses propres créations.
« Tu t'assieds là et tu attends que je t'apporte ton dîner, compris ? Et que je ne te surprenne pas à utiliser tes mains d'ici là !
— Oui, maman...
— Parlant de ta mère, tu veux peut-être l'appeler pour la prévenir, non ?
— C'est pas nécessaire, elle s'en fiche. Je la laisse faire sa vie avec son petit mari, le moins je suis en contact avec eux et le mieux je me porte.
— Tu as au moins la chance d'avoir une mère aimante, soupira son camarade. Tu devrais prendre un peu plus soin d'elle car un jour, tu regretteras de l'avoir délaissée, crois-moi... »
Cette discussion revenait souvent entre les deux amis. Pein n'osait pas trop répliquer car il savait que Sasori avait perdu ses parents dans un accident de la route alors qu'il était enfant. Suite à cela, il avait été confié à sa grand-mère jusqu'à ce qu'il soit en âge de vivre de ses propres ailes. Il lui avait toujours été infiniment reconnaissant d'avoir pris soin de lui et de ne pas l'avoir abandonné dans un moment aussi difficile de sa vie, l'aidant à remonter la pente.
De son côté, l'Ikari ne connaissait pas son père, bien qu'il ne portât son nom de famille. Le sujet avait toujours été tabou entre sa mère et lui si bien qu'il avait développé une certaine rancœur envers elle, l'accusant d'être responsable de cette situation. Puis, elle s'était remariée avec cette homme abject, le délaissant pour profiter de son mariage. Leur seul lien une fois Pein adulte était les chèques qu'elle lui envoyait chaque mois pour l'aider à vivre. Mais le dialogue était quasiment rompu entre eux.
Plongé dans ses pensées, le rouquin sursauta lorsque le téléphone de Sasori se mit à sonner, une musique de heavy metal puissante. Esquissant un large sourire, le jeune homme décrocha sous le regard exorbité de son camarade.
« Oh Deidara ! Oui, merci, j'ai bien eu ton message ! Oui, oui ! J'ai pu le récupérer à temps avant sa sortie car ce crétin était sur le point de rentrer chez lui en train... Ben écoute, ses blessures sont moins profondes qu'elles n'y paraissent et il est en arrêt pour deux semaines... En attendant, il reste chez moi. Ah oui... Samedi... Eh bien, écoute, on fera comme ça dans ce cas ! Bonne soirée !
— Depuis quand Nikaru et toi êtes si proches ? Demanda Pein interloqué.
— Ha ! Ha ! Ha ! Eh bien... On s'est revus la semaine où tu étais en déplacement et il semblerait que ça colle plutôt bien entre nous !
— J'ai l'impression de voir des petites fleurs derrière toi, j'ai envie de vomir...
— Hé ! Pourquoi réagir de cette façon, Jiraya et toi ?
— Ah... Désolé... Mais tu sais, moi, la romance... Mais je suis content pour toi. Nikaru semble être un type bien. Tu le mérites ! Vous sortez samedi ?
— Euh... Oui... Est-ce que c'est problématique si je te laisse ce week-end ? Je te ferai quelques plats pour que tu n'aies pas à utiliser tes mains et...
— Ne t'inquiète pas, tout ira bien ! Tu as le droit de profiter de la vie aussi !
— Merci ! J'ai vraiment hâte d'y être... J'espère que toi aussi un jour tu trouveras quelqu'un qui te correspond et avec qui tu feras ta vie !
— Quelqu'un... Hum... Je t'avoue que je n'y ai jamais songé... »
Une personne qui prendrait soin de lui ? Pourtant, du haut de trente-cinq ans, il savait que sa situation n'était pas « normale ». Mais jusqu'à présent, il ne s'y était jamais intéressé, préférant poursuivre son existence de reclus de la société...
Sa situation allait-elle évoluer un jour en sa faveur ?
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