Chapitre 5: De Grands Projets
Ces yeux sont-ils posés sur moi ? J'aimerais disparaître. J'ai la gorge nouée et ma respiration devient difficile à nouveau. Chaque jour se ressemble et s'assemble tout en laissant mes peurs intactes.
« Tout ce que je me souviens, c'est qu'il n'était pas aussi canon à l'époque. La puberté a bien fait son travail chez lui, on dirait... Il est arrivé en cours d'année et était hyper discret voire carrément insociable dans mes souvenirs. Ah oui ! Je me rappelle maintenant ! Du jour au lendemain, il n'est plus venu à l'école et personne n'a jamais su pourquoi. Mais quelque chose comme deux ou trois mois plus tard, il est revenu et là, changement radical de personne, raconta Ino en réfléchissant.
— Tu es sûre qu'on parle du même type là ? Demanda Ayumi.
— Aucun doute, son visage, je m'en rappelle parfaitement maintenant.
— Mais qu'est-ce que tu veux dire par changement radical ? Demanda Sakura intriguée.
— Craintif, agressif, parano... Le peu d'amis qu'il avait l'ont laissé tomber parce qu'il a commencé à chercher des histoires à tout le monde. Si par malheur on venait à croiser son regard, il nous tombait dessus ensuite.
— Un vrai connard, en somme... commenta Ayumi.
— Non, peut-être un traumatisme ? Suggéra Sakura. C'est pas anodin de disparaître comme ça pour une si longue durée, surtout pour un ado...
— Et si vous arrêtiez de parler de ce type et mangiez, pour changer ? Tonna Tsunade furieuse. Ne commencez pas à lancer des rumeurs à tout va alors qu'au final, vous ne savez rien de lui. Ce n'est absolument pas professionnel et vous me décevez beaucoup. »
La dernière réplique de leur manager finit par faire taire le nouveau fanclub d'Ikari et chacune poursuivit son repas dans un silence pesant. Bien entendu, personne n'était en mesure de confirmer ou contredire l'histoire de ce garçon mais au fond d'elles, les jeunes femmes restaient intriguées par ce nouveau venu...
« Ikari, tu pourras passer me voir à mon bureau à la fin de ta journée ? Demanda Madara. J'ai encore deux ou trois détails à voir avec toi.
— Oui, bien sûr, répondit ce dernier en se levant pour aller déposer son plateau.
— Excusez-moi ! L'interpella une jeune femme un peu plus loin. Je vous ai vu rapidement ce matin, je m'appelle Uzumaki Karin, je suis assistante dans votre bâtiment !
— Bonjour... Répondit Pein surpris.
— Dites-moi, ça vous dirait de venir boire un verre avec moi en sortant ce soir ? Vous savez, histoire de faire connaissance et tout...
— Je suis désolé mais je ne suis pas intéressé, répondit le rouquin en tentant de ne pas se montrer trop froid.
— Ah... Alors peut-être à la pause si vous êtes trop occupé ? Continua Karin.
— Non, lâcha Pein sèchement cette fois. Je pense avoir été clair, je ne suis pas intéressé. Maintenant, je vous prie de m'excuser, mon équipe m'attend. »
Non loin de là, Sakura et Ayumi n'avaient pas manqué une miette de la scène et se regardaient désormais estomaquées par le comportement de leur nouvelle recrue. Fini le mignon rouquin ultra timide, cette fois, la connard hautain faisait irruption dans la salle... Quel désenchantement en comparaison avec son physique avantageux...
« Enfin il nous montre son vrai visage, je me demandais combien de temps il allait encore jouer son gros timide, déclara Tsunade en regardant l'Ikari s'éloigner. Maintenant, vous savez à quoi vous attendre si vous tentez la moindre approche... Qui s'y frotte s'y pique, apparemment... J'imagine qu'il reste poli et courtois tant que personne ne tente de se rapprocher de lui. Un asocial, quoi.
— Oh Senju-san, s'exclama Sakura. vous êtes vraiment douée pour analyser la personnalité des gens comme ça ! Vous pourriez m'apprendre ?
— Ca ne s'apprend pas, c'est comme ça, c 'est tout. Ce type est un trou du cul fini et il vous a fallu tout ce temps pour vous en rendre compte, je suis déçue...
— Mais Senju-san !! »
Pein regagna le laboratoire avec ses collègues et forcément, un désaccord apparut immédiatement entre Konan et Deidara. La bleue souhaitait que son nouvel équipier s'occupe des essais de traction tandis que le blondinet pestait qu'ils avaient des essais chimiques à terminer en priorité.
« Ma demande est pour aujourd'hui ! S'emporta Konan. Je t'avais dit que j'avais besoin de lui après manger ! Tes essais, tu n'as qu'à les faire toi-même ! T'es toujours en retard !
— C'est une blague ? Pesta Deidara. Regarde le retard que tu cumules ces derniers temps alors que même Hidan-san t'a filé un coup de main ! Moi j'ai toujours bossé seul alors Ikari reste encore avec moi cette après-midi !
— Hé, je suis pas une « chose » ! J'existe aussi ! Bougonna Pein en s'accoudant contre un plan de travail.
— Toi, t'as pas ton mot à dire le nouveau ! Enragea Konan. Hidan-san ! Il faut que tu tranches sinon je vais vraiment lui faire avaler ses dents à ce bouffon !
— Hey ! On se calme ici ! Je sais que les délais sont tendus en ce moment mais arrêtez de vous disputer ! Konan-san, c'est moi qui vais t'aider aujourd'hui, mes rapports attendront demain, c'est pas grave. Ikari continuera d'aider encore Deidei pour aujourd'hui. Ce qu'on commence, on le termine ici. »
Une équipe sympathique ? Ils étaient à la limite de s'étriper à la moindre confrontation, à la moindre frustration ! C'était tellement plus plaisant de travailler seul, pourquoi le confrontait-on à cette équipe incapable de fonctionner en harmonie ? Pein était sérieusement ennuyé et ne put réprimer un soupir en s'installant à sa paillasse sous le regard étonné de Deidara qui préféra éviter tout commentaire.
En fin de journée, lorsqu'il eut terminé ses tâches pour Nikaru, le jeune homme indiqua qu'il devait se rendre au bureau de leur chef et rangea ses affaires.
« J'ai l'impression que la patience de ce mec est plus que limitée... avoua Deidara. Le changement entre ce matin et cette après-midi était flagrant. Il a été sérieusement agacé par notre petite altercation, je l'ai bien senti.
— Je m'en fiche, tant qu'il fait son boulot ! S'exclama Konan.
— T'inquiète, je l'ai à l'œil et en cas de problème, c'est moi qui me chargerai de lui mais effectivement, il a l'air d'être sous pression permanente et sur le point d'exploser à la moindre contrariété. Il s'est contenu par politesse mais je pense que ça ne va pas durer... »
Hidan avait donné des indications pour trouver le bureau de leur responsable mais elles ne semblaient pas vraiment précises si bien que Pein atterrit dans l'espace détente... Une jeune femme élancée, aux longs cheveux rouges et portant des lunettes lui esquissa un large sourire. Encore elle...
« Hé bien ! On dirait que tu as changé d'avis ? Lança-t-elle ravie.
— Non, du tout... Je me suis juste trompé de direction. Je cherche le bureau d'Uchiha-san, tu saurais me dire où le trouver s'il te plaît ?
— Lequel d'Uchiha ? Grommela-t-elle déçue.
— Comment ça lequel ? S'étonna le rouquin.
— Il y a deux Uchiha ici : Uchiha Madara et Uchiha Itachi, l'oncle et le neveu quoi...
— Ah, je ne savais pas...
— Tu cherches Madara-san, j'imagine. Son bureau est au fond à droite. Tu peux pas le rater, son nom est écrit sur la porte.
— Merci pour ton aide ! »
Il pouvait être désagréable mais également poli, il n'avait peut-être pas si mauvais fond au final... Et puis, dans sa hâte, elle avait dû le brusquer. Mais après avoir entendu ces garces de Sakura et Ino l'avoir dans leur viseur, elle avait tenté le tout pour le tout et s'était cassé les dents. Visiblement, ses deux rivales en feraient certainement de même mais elle risquaient d'élaborer un plan bien plus élaboré, n'ayant pas raté une mienne du spectacle qu'elle avait donné au réfectoire...
Pein frappa à la porte puis entra lorsqu'il en eut l'autorisation. Il vit alors son supérieur installé à son bureau, portant une paire de lunettes à la monture épaisse noire sur le nez. D'un geste de la main, il lui indiqua de s'asseoir le temps qu'il finisse son e-mail en cours. L'homme continua à taper de manière assez fluide sur son clavier sans faire attention au rouquin qui attendait patiemment.
Le bureau était accolé à bien d'autres entièrement vitrés sur des demi-murs. La séparation visuelle se faisait avec des stores et ceux de Madara étaient quasiment tous fermés. Les murs étaient beige et affichait une modernité absente comparés à l'environnement de l'administration. La décoration était très pauvre : un grand calendrier cartonné d'un côté, les règles de sécurité en cas d'évacuation et une liste des numéros qu'il utilisait régulièrement un peu plus loin. Une partie du mur semblait servir uniquement à accrocher d'illisibles post-it tant son écriture s'apparentait à des pattes de mouche...
Finalement, l'Uchiha referma un dossier violet puis le plaça sur une pile d'autres dossiers existants : un gris, un jaune et un marron. Puis il attrapa un autre dossier séparé, de couleur orange et l'ouvrit face à Pein.
« J'ai reçu ton contrat, il va falloir que tu le signes.
— D'accord, est-ce que ce sera à moi d'aller le remettre à Haruno-san ou bien est-ce que c'est vous qui vous en chargez ?
— Fais-moi le plaisir de me tutoyer, j'ai l'impression d'être un vieux croulant quand tu me parles. Tu tutoies tes collègues alors fais-en de même pour moi, veux-tu ? Pour ton dossier, c'est moi qui vais le ramener, je dois passer les voir demain de toute manière. Comment s'est passé cette première journée ?
— Bien, je dirais. Les collègues semblent un peu sous l'eau et ça créé parfois de légères tensions mais j'imagine que ce sera passager.
— J'ai de grands projets pour toi, Ikari.
— Pardon ?
— Oui mais il est un peu tôt pour en discuter. Fais ton job correctement pour le moment et nous en rediscuterons à l'occasion.
— D'accord mais...
— Oh Rioji ! S'exclama l'homme en faisant signe à Hidan derrière la porte d'entrer. Vas-y entre, je t'en prie ! Bon, Ikari, j'ai mon point quotidien avec ton collègue alors je dois te demander de partir. On aura d'autres occasions de discuter. Bonne soirée ! »
De grands projets ? Alors qu'il venait à peine d'arriver ? C'était peut-être un peu tôt pour évaluer ses compétences, non ? Ce type était vraiment étrange par moments. Jamais un manager ne se basait ainsi sur son feeling pour faire grader ou non les gens ! C'était quoi cette philosophie ?
Tandis qu'il réfléchissait, son téléphone vibra dans sa poche : Sasori qui lui demandait de le rejoindre dans leur point de rencontre habituel. Visiblement, Pein n'aurait aucun répit ce soir-là.
Lorsqu'il passa devant le laboratoire, il vit Deidara et Konan sortir et discuter allègrement tout en riant. Visiblement, ces deux-là étaient proches et lui allait arriver dans comme un cheveu sur la soupe, gâchant probablement leur belle ambiance de travail. Bien qu'elle ne semblait pas si formidable aux premiers abords...
S'efforçant de paraître aimable, il esquissa un sourire forcé et salua ses collègues en leur souhaitant une bonne soirée. Deidara l'imita tandis que Konan se contenta de lui jeter un regard condescendant. OK, il n'était donc vraiment pas le bienvenu dans leur fine équipe, le message était clair au moins.
« Tu crois qu'il va tenir combien de temps ? Demanda Konan en regardant le rouquin s'éloigner.
— Je ne sais pas, les nouvelles recrues ne font jamais long feu depuis que Madara est notre chef... Et on ne sait jamais pourquoi elles finissent par partir ! Mais le courant a l'air de bien passer entre ces deux-là, peut-être que finalement, il résistera. » Répondit Deidara songeur.
Après avoir pris le train pour regagner son quartier, Pein emprunta ce chemin qu'il connaissait par cœur jusqu'au pub de Jiraya. Son propriétaire n'avait jamais souhaité se creuser la tête pour lui trouver un nom et l'avait tout simplement appelé « le pub de Jiraya ». Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
Le gérant salua chaleureusement son vieil ami et lui indiqua de s'installer au bar, lui ayant déjà versé sa bière préférée. Sasori lui adressa un large sourire et attendit patiemment que son ami prenne place avant de l'assommer de questions. Comme tout jour de semaine, le bar était très peu rempli alors Jiraya prit le temps de venir rejoindre ses amis et se versa également un verre, attendant le récit de cette première journée de son insociable préféré.
« Bon. Raconte-nous. C'était comment ?
— Je ne sais pas par quoi commencer... Les meufs pas discrètes des ressources humaines qui m'ont stalké au réfectoire tout en bavant dans leur assiette, le chef bizarre qui me parle de promotion le jour de mon arrivée ou l'équipe carrément bizarre qui peut déjà pas m'encadrer sans même que je n'aie eu à ouvrir le bec ?
— Whah, une journée bien chargée, à priori... commenta Jiraya. Et pas une seule de ces minettes ne t'a tapé dans l'œil ? Et tu n'avais pas dit qu'il y avait une fille dans ton équipe ?
— Oh Fubiwa. Une connasse désagréable à souhait, probablement la plus détestable de cette équipe, expliqua l'Ikari ennuyé.
— Oh dire que notre petit Pein ne tombera jamais amoureux de sa vie ! Je vais vraiment finir par croire que tu es bel et bien aromantique ! Ca me brise le cœur quand je vois à côté de tout ce que tu vas passer...
— Ou il va se rendre compte qu'il préfère les mecs, corrigea Sasori.
— On n'est pas tous dans ton cas, mec, répondit le rouquin irrité.
— Et la connasse, elle est mignonne ?
— Bof. Elle est tellement détestable que je n'arrive même pas à la trouver jolie. Ah oui et je me suis fait draguer par un mec qui m'expliquait des essais.
— Le pauvre, j'imagine que tu l'as expédié au moins aussi violemment que les autres nanas ha ha ha ! »
Pein poursuivit son récit de sa journée, récoltant quelques remarques de ses deux amis. Il avait vraiment besoin de s'ouvrir davantage afin de tisser davantage de liens. Sasori était l'un des rares à le supporter depuis l'enfance, étant voisins à l'époque. Peu importaient les épreuves que son ami avait pu traverser, il avait toujours été là pour lui, contrairement à sa mère qui l'avait clairement délaissé après avoir rencontré son nouveau mari.
« Pein, sérieusement, je sais que tu as subi un traumatisme, on ne va pas revenir là-dessus mais mec, tu as trente-cinq ans et tu as besoin de te stabiliser, de t'entourer. Je suis inquiet pour toi, tu n'as jamais rien surmonté bien que tu prétendes le contraire. Ça me rassurerait de savoir quelqu'un à tes côtés. Pense à ton avenir, ça ne peut plus continuer comme ça... »
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