Chapitre 3: Confusion
Encore une fois, mon cœur bat à tout rompre et rien ne peut l'apaiser. Je suis un monstre, oui, voilà ce que je suis. J'ai beau répéter que cette souffrance est intenable, personne ne veut m'écouter, tout le monde continue à m'ignorer. J'ai l'impression que ce vide en moi continue de grandir, qu'il me dévore de l'intérieur. Mes mots n'ont plus aucune logique et voilà que je sombre de nouveau dans ce sommeil obscur, sans répit pour m'éveiller quelques heures plus tard dans un état de panique absolu.
Le grand jour était arrivé pour Pein et il allait enfin pouvoir se lancer dans sa nouvelle activité. Non pas qu'il était impatient de retourner au travail mais il allait enfin pouvoir mener une existence stable et correctement payée.
Il prit le temps de se préparer convenablement, faisant le choix de délaisser ses piercings et d'opter pour un style parfaitement sobre comme semblait l'exiger sa nouvelle entreprise. Les gens qu'il avait croisés étaient tous vêtus impeccablement et aucun ne laissait apparaître la moindre singularité.
Arrivant à l'heure à son rendez-vous, il salua la même assistante qu'une semaine plus tôt et indiqua qu'il entamait sa première journée de travail et avait rendez-vous avec Haruno Sakura du service Ressources Humaines.
La jeune femme, vêtu de bleu pastel cette fois-ci, attrapa délicatement le combiné et composa le numéro de la personne demandée.
« Oui, salut ma belle, j'ai un certain Ikari Pein qui dit commencer aujourd'hui et avoir rendez-vous avec toi... Hum... D'accord... Okay, super ! Oui, on se retrouve au café, il paraît que ta chef a apporté des gâteaux ce matin ! Ha ha ha ! Parfait ! A tout à l'heure ! Piailla-t-elle en raccrochant. Ahem ! Elle va venir vous récupérer dans un instant... »
Pein eut l'impression de sentir son énergie absorbée par cette courte conversation stérile et ennuyeuse. Il réalisa que ce duo était certainement fan de tous les ragots qu'il pouvait se dire dans cette entreprise. Méfiance donc, jugea le rouquin.
Une jeune femme descendit les escaliers, tout sourire et s'approcha de l'accueil. Ses cheveux étaient... Rose ? Cependant, ni ses grands yeux émeraude ni sa frange ne semblaient cacher la taille de son front. En dehors de cela, elle était plutôt jolie, vêtue d'une jupe crayon bordeaux et d'un chemisier blanc. Elle devait probablement avoir moins de trente ans.
« Bonjour, vous êtes Ikari Pein ? Je suis Haruno Sakura, enchantée de vous rencontrer !
— Enchanté, Haruno-san, merci de prendre le temps de m'accueillir aujourd'hui.
— Suivez-moi, nous allons nous installer dans une salle pour prendre le temps de discuter. Ma responsable va bientôt nous rejoindre. Voulez-vous un thé ou un café ?
— Non merci, ça ira, répondit poliment Pein.
— D'accord. Tout d'abord, je vous remets le livret d'accueil de l'entreprise : il contient quelques informations clé sur notre activité, notre chiffre d'affaires mais aussi les règles de sécurité, un plan détaillé des bâtiments pour vous aider à vous y retrouver, quelques numéros utiles et plein d'autres petites choses. Ah et dans le sac, il y a aussi quelques petits goodies en cadeau de bienvenue. Oh Senju-san, vous voilà ! S'exclama la rose en voyant une blonde d'une cinquantaine d'années entrer dans la salle. Voici Ikari Pein, notre nouveau technicien de laboratoire ! »
La nouvelle arrivante était une femme blonde d'une cinquantaine d'années, les cheveux noués en queue de cheval et surtout, surtout... La poitrine la plus immense que le rouquin ait pu croiser dans son existence. Elle portait un chemisier blanc, très décolleté et dont le dernier bouton semblait sur le point de céder, tendu au maximum au sommet de ses atouts. Même pour une personne froide comme Pein il était difficile de ne pas poser les yeux sur de tels attributs, Jiraya serait fier de lui ou bien... serait tout bonnement en train de saigner du nez face à elle.
Elle prit le temps de l'examiner longuement de son regard noisette perçant avant de prendre la parole.
« Tu portes des piercings en temps normal, non ?
— Effectivement, mais je ne savais pas s'ils seraient tolérés ici alors je me suis abstenu de les mettre, répondit Pein simplement.
— Hum. Ikari, je vois, lâcha Tsunade. Fais comme bon te semble avec tes piercings, on ne va pas t'exposer en vitrine ici alors peu importe que tu viennes avec des piercings ou un tutu rose, personne ne te remarquera.
— D'accord... Merci pour le renseignement, poursuivit-il un peu surpris.
— Ne sois pas aussi hésitant, ça m'agace les gens qui s'écrasent juste parce que je suis responsable RH. J'impressionne tant que ça ? Sakura-san ?
— Mais non, voyons ! N'oubliez pas qu'il arrive seulement alors il est normal qu'il soit plutôt réservé... répondit son assistante un peu gênée en levant ses deux mains.
— Tu as sûrement raison. Tu es plutôt beau gosse, continua la blonde sans la moindre émotion ni le moindre regard, j'espère que tu ne feras pas de sales histoires autour de toi. Je n'aime pas les ragots.
— Non, ne vous inquiétez pas, je ne suis pas ici pour draguer mais pour travailler. Je pense que le travail et la vie privée doivent rester séparés, expliqua calmement Pein.
— Ah et il est célibataire en plus...
— Eh ? S'étonna le rouquin mal à l'aise.
— C'est marqué sur ton CV... fit-elle en lui montrant le document qu'elle lisait. Tu ne sais déjà plus ce que tu écris, ça promet pour la suite... Bref, j'étais juste passée pour te souhaiter la bienvenue et bon courage pour la suite. Sakura-san, je te laisse prendre le relais, j'ai une autre réunion qui suit.
— Bien, Senju-san. »
Pein ne savait dire ce qui l'avait le plus embarrassé : les allusions de cette femme ou bien son décolleté frôlant l'indécence. Avait-elle voulu le déstabiliser ?
« Ne soyez pas mal à l'aise, dit soudain Sakura un peu mal à l'aise. Je sais qu'elle peut paraître un peu intimidante comme ça mais c'est une femme exceptionnelle, aussi bien dans son travail que d'un point de vue personnel. Cela fait quatre ans que je travaille à ses côtés et j'ai vraiment énormément appris à ses côtés. Elle fait partie des personnes les plus importantes dans cette société, le patron a une confiance sans faille envers elle.
— Je vois, souffla l'Ikari. Mais je ne suis pas du genre à me faire une image des gens sans les connaître réellement. Je suis nouveau ici, elle aura certainement voulu me tester.
— Bien, et si on reprenait là où nous nous étions arrêtés ? » suggéra la rose.
S'en suivit une longue visite des locaux où le jeune homme eut l'occasion de rencontrer bon nombre de nouvelles personnes dont il ne mémorisa aucun nom ni visage. Ainsi, il put voir les lignes de productions de toutes ces pièces plastiques ou métalliques, différentes selon la demande. L'entreprise travaillait pour de nombreux secteurs passant par l'industrie, l'automobile, le naval et même le médical, fabriquant des connecteurs de toutes sortes et pour tous les usages en passant du simple connecteur électrique au connecteur de tuyau d'arrosage. Ils avaient même une petite activité de thermoformage qu'ils avaient conservée dans le secteur alimentaire pour de l'emballage pour un client local.
L'odeur du plastique fondu, les fumées s'échappant des machines incommodèrent légèrement le nouveau technicien qui réprima une grimace. Le bruit était insoutenable si bien qu'ils durent s'équiper de bouchons d'oreille avant de pénétrer en production.
Finalement, il quittèrent l'immense bâtiment entièrement dédié à la fabrication puis rejoignirent un autre local, plus petit cette fois, contenant tout le développement ainsi que le fameux laboratoire dans lequel il allait travailler.
Une fois sur place, Sakura se détourna en esquissant un large sourire tandis qu'un visage un peu familier se dessina dans son dos.
« Eh bien, Ikari-san, j'ai été ravie de te rencontrer ! Ton manager est là donc je vais le laisser prendre le relais et te présenter ton nouveau lieu de travail ainsi que ton équipe ! N'hésite pas à m'appeler si tu as la moindre question ! Bonne journée et à bientôt ! »
Pourquoi le tutoyait-elle soudainement, comme ça, sans prévenir ? Pein fut choqué par ce revirement de situation mais resta silencieux. Il n'aimait pas trop être aussi rapidement tutoyé alors que son interlocutrice le connaissait à peine...
La jeune femme salua le nouveau venu puis après avoir échangé quelques mots, s'inclina légèrement et se retira. Ce fut alors l'Uchiha qui continua la visite avec sa nouvelle recrue. Ils pénétrèrent dans le laboratoire qui, tout comme le bâtiment de l'administration, était dans les tons blanc, rouge et gris. Une large bâche recouvrait un pan de mur derrière lequel des ouvriers travaillaient, certainement en vue de l'agrandissement du local. De nombreuses paillasses sur lesquelles étaient disposé un bon nombre d'appareils de mesure étaient dispatchés dans la salle déjà immense.
Plusieurs individus travaillaient consciencieusement, si bien que personne ne remarqua l'arrivée du duo dans la salle.
« Hey, Deidei ! File-moi la bouteille d'acide chlorhydrique, j'en ai besoin pour mes essais ! Lâcha un homme d'environ le même âge que Pein mais dont les cheveux étaient argentés.
— Hey pourquoi tu lèves pas tes fesses pour le récupérer toi-même ? J'suis pas ton assistant aux dernières nouvelles ! Répondit le prénommé Deidei.
— Un assistant, ça serait sympa... Boh pour ça, on a qu'à demander un stagiaire à Madara-san, comme ça il pourra faire le sale boulot ha ha ha ! Ricana l'homme.
— Tu plaisantes ? Un stagiaire ? Ca coûte cher ! Ah non, je ne suis pas d'accord ! Tu crois pas que cette extension et tout ton matériel nous coûtent pas déjà assez cher ? bougonna un autre un peu en retrait.
— Hey, du calme, tout le monde ! Tonna soudain leur manager en s'avançant. Venez tous par ici, je vous en ai parlé semaine dernière, j'ai recruté un nouveau technicien pour vous décharger un peu de votre travail. Je sais qu'en ce moment, la charge de travail explose et ça vous sera bénéfique de pouvoir compter sur des bras supplémentaires. Je vous présente donc Ikari Pein, votre nouveau collègue.
— Merci de m'accueillir dans votre équipe, dit le rouquin en s'inclinant légèrement tout en conservant son air froid habituel.
— Ici, le blond à la queue de cheval, c'est Nikaru Deidara, c'est un peu notre expert chimiste ici. Le grand là, avec les cheveux gris, c'est Rioji Hidan, c'est lui qui planifie les essais notamment, tu auras souvent à faire à lui. Là, le brun qui ne quitte pas sa calculette des yeux, c'est Kechi Kakuzu, hum... Notre... Intendant, je dirais ?
— Nan ! Je suis en charge des mesures dimensionnelles ici et je m'occupe aussi de l'étalonnage de tous les appareils du site... grogna le concerné.
— Et il est radin au possible, s'exclama le dénommé Hidan en riant.
— Bref, et voici Fubiwa Konan, probablement la plus sérieuse du groupe, sa spécialité, ce sont les essais mécaniques !
— Wow Konan, tu lui as fait quoi au chef aujourd'hui ? Que de compliments !
— Hé mais arrête donc un peu ! S'exclama la jeune femme aux cheveux mauve. Quelle image tu donnes de nous face à notre nouveau collègue ! »
Pein était... Totalement déconcerté par la scène qui se déroulait face à lui. Ses collègues se tutoyaient tous et pire encore, ils s'appelaient par leurs prénoms... Tout cela lui semblait inconcevable et jamais il n'avait toléré de telles familiarités entre collègues. Les gens étaient-ils tous aussi étranges dans cette entreprise ?
« Tu verras, y'a une bonne ambiance ici, lâcha Deidara en tapotant l'épaule de Pein. Tu ne vois pas d'inconvénient à ce que l'on te tutoie ? On est tous très proches et on a pris l'habitude de se tutoyer, histoire de nous rapprocher un peu. On utilise aussi nos prénoms généralement... A moins que tout cela ne te pose problème ?
— Pour être honnête, oui, répondit Pein sans le moindre tact. Passe encore pour le tutoiement mais je n'aime pas que l'on utilise mon prénom. Si cela ne pose pas de problème, bien entendu.
— Ah euh... OK ! On peut comprendre que ça puisse te perturber mais bon... Enfin...
— Deidei, laisse-le respirer, tu le mets mal à l'aise ! Excuse-le, Ikari-san, c'est Deidei... Et on ne le changera pas... commenta Hidan.
— Pas de soucis.
— Bien, hum, souhaites-tu boire quelque chose avant de continuer ? Suggéra Madara.
— Euh où sont les toilettes ? Demanda soudain sa nouvelle recrue en ressentant une sorte de sueur froide et un malaise s'emparer de lui.
— Tu es pâle, tu es sûr que tout va bien ? S'inquiéta son chef.
— Oui, ça ira, s'il y a des distributeurs, je prendrai plutôt quelque chose à grignoter, je pense que mon petit-déjeuner était un peu trop léger ce matin... répondit Pein l'esprit embué.
— Bien, lorsque tu sors d'ici, va au fond du couloir sur la gauche puis ce sera sur ta gauche, tu ne peux pas les rater. »
Pein s'inclina légèrement puis s'éloigna pour s'isoler un moment, suivant les indications de son nouveau manager.
« Je suppose que je vais lui prendre quelque chose au distributeur... lâcha l'Uchiha un peu surpris.
— Ce mec m'a l'air hyper coincé... commenta Hidan quelque peu ennuyé.
— Coincé ? Je dirais même qu'il a un balai dans le... commença Deidara.
— Deidei ! Je t'en prie, nous venons à peine de le rencontrer ! S'indigna Konan. Laissez-lui le temps de s'habituer à son nouveau travail ! Je suis sûre qu'il finira bien par s'ouvrir avec le temps !
— Ho ! Ho ! Serais-tu en train de tomber sous le charme du beau gosse rouquin ? Ricana Deidara.
— Deidei, ferme-la, j'arrive pas à me concentrer, merci ! » gronda Kakuzu agacé.
Non loin de là, l'Ikari trouva facilement les sanitaires comme indiqué par Madara. Il s'empressa de s'enfermer dans l'une des cabines et s'assit sur la lunette tout en plaquant ses mains contre son visage. Ca recommençait, encore. Pourquoi ce malaise s'emparait-il soudain de lui alors qu'il était persuadé de l'avoir surmonté jusqu'à ce jour ?
Sa tête se mit à tourner, son cœur s'emballer et son esprit devint confus. Existait-il une solution à tous ses problèmes ? Pourquoi cette souffrance s'acharnait-elle encore contre lui ? Les battements semblaient résonner dans tout son être et ses mains se mirent à trembler. Il se sentait fébrile, fragile, dénué de tout en cet instant. Avec difficultés, il extirpa une bouteille d'eau de son sac à dos et en but une bonne rasade avant de la remettre en place. Encore un petit instant et il se sentit de nouveau sur pieds, prêt de nouveau à affronter sa journée, malgré ce teint livide qui refusait de s'estomper...
Bien entendu, tout ceci était dû à ce maudit traitement, auquel il peinait à s'habituer, pour pouvoir faire face à ses soucis. Dans quelques jours, il allait enfin pouvoir le stopper, à son plus grand soulagement. En attendant, ces imbéciles devaient sûrement penser qu'il avait été pris d'une diarrhée fulgurante... Rien que d'y penser, le jeune homme soupira d'ennui. Il avait beau essayer de faire des efforts, rien n'y changeait, il détestait toujours autant les gens et à première vue, son équipe ne ferait pas exception. Mais au vu de sa situation actuelle, il n'avait guère le choix que de se montrer un minimum complaisant...
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