Chapitre 14: Une Nouvelle Amitié ?

Que faire si ce n'est que me battre ? Mon ami a raison, je ne dois pas me laisser aller. Peu importe ce qui m'attend au bout du tunnel, je me dois de penser que j'aurai tout fait pour atteindre mon objectif. Je ne peux pas perdre mon emploi car il m'est vital, je n'ai rien pour me retourner dans une telle situation. J'ai bien mentionné "mon ami"? Voilà qui est une sensation étrange, cela faisait si longtemps que je n'avais pas tissé de lien... Etrangement, cela me laisse un sentiment plutôt agréable, finalement...

Lorsque le soleil se leva sur la capitale française et que le réveil se mit à sonner, Kisame poussa un grognement sourd, signe d'une mauvaise nuit de sommeil. Pein se frotta les yeux et se détourna dans sa direction d'un air interrogatif. Il voulut lui demander ce qui n'allait pas lorsqu'il constata sa mine renfrognée. Ses cheveux habituellement soigneusement coiffés en pics sur sa tête étaient à la fois écrasés et en bataille.

« Tu me fais le moindre commentaire sur ma tête et je te fais avaler ton smartphone, menaça le squale irrité sans le moindre regard.

— J'en déduis que non, tu as mal dormi, soupira Pein en s'étirant. En dehors de ça, tu as toujours la même tronche flippante que d'habitude.

— Et toi alors ? Tu crois que t'es aussi classe que la Belle au bois dormant à son réveil ? Tu es tellement livide qu'on croirait qu'on vient tout juste de te déterrer !

— Hey ! T'es vraiment détestable au réveil ! S'exclama le rouquin ennuyé en lui jetant son oreiller. Je te rappelle que sans moi, tu dormirais sous un pont là !

— Attends, tu m'attaques direct au réveil à me dire que je suis moche !

— Mais non, tu es beau, tu es magnifique. Maintenant, va prendre ta douche.

— Ferme-la, Ikari ! Bordel et ce fichu lit ! Il est trop petit pour moi ! Les Français ne mesurent pas plus d'un mètre quatre-vingt ou quoi ? J'ai l'impression d'être dans une boîte... Non, rien. Je vais me doucher.

— Une boîte de sardines ? » Ironisa son camarade en affichant un sourire narquois.

Étonnamment, Pein se sentait vraiment à l'aise avec Kisame. Il n'était pas habitué à plaisanter ainsi avec les gens en temps normal mais ce type respirait la sincérité et était vraiment sympathique bien que ronchon. Finalement, ce séjour en France commençait bien et le jeune homme se sentait parfaitement détendu contrastant avec son appréhension de la veille.

Lorsqu'ils rejoignirent Madara dans la salle à manger, ce dernier les scruta attentivement avant de les saluer. Non pas qu'il avait le moindre reproche à leur faire mais l'Uchiha était coutumier du fait, préférant dévisager les gens plutôt que de leur demander comment ils se portaient.

« Tu as une tête épouvantable, Kisame, lâcha l'homme en sirotant son café tout en lisant un journal. Évite d'afficher cet air renfrogné à nos fournisseurs aujourd'hui, tu risques de leur faire peur. Ça pourrait nous apporter une réduction de leurs tarifs mais ce n'est pas ma manière de négocier avec eux.

— Je ne suis pas renfrogné, j'ai juste mal dormi... marmonna Hoshigaki en attrapant la cafetière.

— Bois plutôt du jus d'orange, ça te donnera des forces. Ils en ont du fraîchement pressé, suggéra Madara sans poser les yeux sur lui.

— Je préfère le café.

— Tu es bien assez désagréable, j'espère que ça n'envenimera pas les choses. Ikari, bien dormi ? Tu as meilleure mine que ton collègue.

— Oui, très bien, répondit Pein en attrapant du jus d'orange.

— Voilà une réponse qui me convient mieux. Prends en de la graine, Kisame. Tu es beaucoup plus aimable habituellement.

— J'ai juste besoin de me réveiller, ça va passer... soupira le concerné avec une once d'agacement dans la voix.

— Parfait. On se retrouve dans trente minutes dans le hall. »

Sur ces paroles, le ténébreux se leva, lorgna un instant ses deux techniciens puis se retira sans mot dire. Pein soupira lorsqu'il fut éloigné puis se tourna vers Kisame qui était en train d'examiner un morceau de fromage qui lui était inconnu.

« C'est un morceau de roquefort... Tu ne connais pas ?

— Hum non. En vérité, je n'aime pas trop le fromage mais ils n'ont pas de poisson... Je devrais tester le fameux petit-déjeuner sucré à la française, du coup... dit Kisame en reposant le fromage dans son assiette.

— C'est très bon, leurs viennoiseries sont excellentes. Et ils ont aussi des confitures, de la pâte à tartiner...

— Je vais manger du chocolat, c'est ce que je préfère, décida son collègue en attrapant plusieurs dosettes. Mais leurs portions sont ridiculement petites...

— Au fait, fais gaffe... Ça a commencé comme ça pour moi avec le chef. Quelques remarques par-ci, par-là et ça a empiré ensuite... souffla le rouquin en posant un regard inquiet sur son voisin qui restait stoïque.

— Ce que tu n'as pas encore compris, Ikari-san, c'est que nous sommes tous les deux aux antipodes. Ce qu'il t'arrive aujourd'hui ne risque pas de m'arriver car je ne laisserai jamais les événements me dépasser. Ouvre les yeux et ne te laisse pas marcher sur les pieds. Je ne te dis pas de manquer de respect à tes supérieurs mais tu dois t'imposer comme une ressource utile voire nécessaire. Et ça, c'est ce qu'il te manque cruellement aujourd'hui. Pourtant, je suis sûr qu'au fond de toi, tu as un charisme de chef.

— Tu as l'air d'en savoir bien plus que tu ne veux bien le reconnaître. Je dirais même que ton savoir est à la hauteur de ton appétit vorace, ajouta-t-il en observant la baguette de pain et les viennoiseries que son camarade était en train d'engloutir. Mais rassure-toi, les choses vont changer.

— Je te crois, répondit Kisame entre deux bouchées. Dans le cas contraire, je ne t'aurais jamais adressé la parole. »

Plus tard, les deux techniciens retrouvèrent leur chef dans le hall d'entrée de l'hôtel avant de se diriger vers la station de métro la plus proche de leur position. Madara resta silencieux et se contenta de pianoter sur le clavier de son ordinateur sans mot dire tandis que les deux compères discutaient avec animation.

« Je t'assure, ce restaurant est le meilleur qui soit ! Leurs sushis sont une pure merveille ! Les meilleurs de tout Tokyo ! Je t'y emmènerai à notre retour !

— Mais... Tu ne manges que du poisson ? S'étonna Pein. Je vais vraiment finir par croire ces rumeurs qui disent que tu as été croisé avec un requin...

— Je ne mange juste que très peu de viande. Il faut vraiment qu'elle soit bien cuisinée, avec une sauce. Et toi alors ? Ça t'arrive de manger sainement ? Tu ne manges que des ramens au boulot ! Comment est-ce que tu fais pour ne pas avoir une once de graisse avec un régime alimentaire aussi épouvantable ?

— C'est dans mes gènes, il paraît.

— Il paraît ?

— Il semblerait que je tiens ça de mon père mais comme je ne le connais pas, je ne peux pas te le confirmer.

— Ah.

— Et toi ? Le petit côté requin, tu tiens ça plutôt du côté de ton père ou de ta mère ? Ironisa le rouquin en esquissant un sourire narquois.

— J'en sais rien, je ne me rappelle pas d'eux vu qu'ils sont morts quand j'avais deux ans.

— Ah... Je suis désolé...

— Y'a pas de quoi, tu ne pouvais pas savoir. Ta situation n'est pas cool non plus, tu sais. Ah, chef, c'est pas notre arrêt, ça ?

— Si. »

Madara avait levé les yeux de son écran lorsque les deux collègues avaient commencé à brièvement évoquer leur passé mais encore une fois, il n'avait rien dit. Cependant, lorsqu'ils arrivèrent chez leur fournisseur potentiel, il enfila de nouveau son masque de fausse amabilité qui passait si bien auprès de ceux qui ne le connaissaient pas personnellement.

Pendant ce temps, Sasori referma une valise dans sa chambre chez lui tandis que Deidara l'attendait avec impatience à l'entrée de sa chambre.

« Je suis tellement content de pouvoir venir à cette exposition avec toi ! J'ai tellement hâte d'y être ! S'exclama le blond avec enthousiasme.

— Oh tu sais, ce n'est rien de grandiose mais je suis heureux de pouvoir y aller en ta compagnie. Ces événements sont bien souvent stressants pour moi alors ta présence va m'enlever bien de l'anxiété... Je suis juste inquiet pour Pein, tu penses que tout ira bien pour lui ?

— Pourquoi ça n'irait pas ? Kisame est avec lui en ce moment même à l'autre bout du monde et à son retour, il ne lui restera qu'à prendre le train pour nous rejoindre. C'est cool que l'entreprise lui ait accordé des jours de congés alors qu'il n'est là que depuis peu... Allez, ne te fais pas de soucis, il a dit qu'il nous prévenait à son retour, ce n'est plus un enfant !

— Mais c'est un pro pour s'empêtrer dans les pires ennuis... soupira Sasori en posant sa valise sur le sol.

— Tout ira bien, je t'assure ! Le rassura Deidara en lui esquissant un large sourire.

— Disons que je te crois...

— Alors, allons-y ! »

A l'autre bout du globe, les discussions avec les fournisseurs se passaient bien car Madara avait su négocier de bons prix pour son matériel et avait pu constater que ses dépenses seraient en deçà du budget qui lui avait été accordé. Du coup, son humeur s'était drastiquement améliorée et il avait même recommencé à discuter avec ses deux employés. Malgré tout, Pein avait pu sentir que Kisame restait sur ses gardes avec lui bien qu'il ne se montre très respectueux envers lui, sans pour autant fayotter. Quelque chose lui fit réaliser qu'il en savait probablement davantage que ce qu'il voulait bien laisser paraître mais quoi ? Connaissait-il Madara personnellement ? Il profita donc de leur dernière nuit à l'hôtel pour essayer d'en savoir davantage sur le sujet...

« Comment est-ce que tu as eu vent de cette place dans l'entreprise ? Demanda le rouquin en s'asseyant sur son lit le dernier soir.

— Comme je te l'ai expliqué, je suis un ami de Hidan et Kakuzu, ce sont eux qui m'ont suggéré de postuler. Ce n'était finalement pas une si mauvaise chose. Regarde ça, je pars déjà en déplacement en France peu de temps après mon arrivée ! Et puis l'équipe est jeune et dynamique, c'est motivant.

— Tu connaissais Madara avant de venir travailler ici ?

— Non, uniquement de réputation, expliqua Hoshigaki en haussant les épaules. Hidan m'avait expliqué que c'était un vrai con et qu'il fallait du tempérament pour tenir le coup. Il m'avait parlé de ton cas, notamment.

— A croire que les gens ne me connaissent pour être le bouc-émissaire de cet enfoiré...

— Tu ne brilles pas par tes exploits, faut le reconnaître, se moqua le squale. Par contre, tu t'es construit un vrai fan-club, qu'est-ce que ça piaille sur ton passage...

— Ça ne m'intéresse pas... soupira Pein en s'installant confortablement dans son lit.

— Mec, tu travailles un style de beau gosse et tu vas me faire croire que tu ne le fais pas pour les faire tomber ?

— Bah... Nan ?

— T'es vraiment bizarre comme mec. Définitivement bizarre. »

Sur ces paroles, Kisame attrapa un sachet qui traînait à côté de son lit et en sortit de nombreux chocolats de toutes sortes puis en proposa à son collègue qui refusa poliment avant de le scruter d'un air narquois en le voyant grignoter avec avidité.

« Et c'est toi qui me critiques à cause de mes mauvaises habitudes alimentaires ?

— Je fais attention à tout mais je ne résiste pas au chocolat. C'est plus fort que moi. Un ami m'avait dit que le chocolat français était plutôt bon alors j'ai voulu essayer. Mais ça ne vaut pas le chocolat suisse. Je suis un peu déçu...

— Il faut dire que tu as acheté ça dans un supermarché... Tu aurais dû voir pour trouver un vrai chocolatier, non ?

— Peut-être bien. D'ailleurs, je ne sais pas comment ils font les Français pour vivre sans kombinis. L'autre nuit, j'ai voulu trouver quelque chose à grignoter parce que j'avais faim mais il n'y avait rien d'ouvert ! Du coup, j'ai dû attendre l'heure du lever pour pouvoir calmer mon estomac.

— J'avoue, je ne pourrais pas vivre ici mais j'ai bien aimé notre balade vers la Tour Eiffel.

— C'est touristique, c'est tout. Bien pour les vacances. Mais c'est trop différent de chez nous, je ne pourrais pas m'y faire sur du long terme. Tu vas faire quoi à notre retour au Japon ?

— Je dois rejoindre un ami qui va faire une exposition ce week-end. Je prends le train dès notre arrivée... Et toi ?

— Oh je vois ! Eh bien, je ne sais pas trop. J'ai un ami qui doit venir récupérer quelques affaires chez moi donc je ne vais pas pouvoir sortir, je pense.

— Tu avais un colocataire ?

— Oui et non, on devait faire de la colocation mais finalement, ça ne s'est pas fait. Un peu compliqué, on dira. Bon, et si on dormait ? Le voyage va être long demain... »

Le lendemain, lorsqu'ils retrouvèrent Madara pour le petit-déjeuner, celui-ci semblait déjà bien occupé à travailler son ordinateur. Il était tellement concentré qu'il ne vit pas ses deux techniciens arriver.

« Faisons-le point, proposa-t-il. Les négociations se sont bien déroulées mais franchement, j'ai eu l'impression de promener des petits toutous. Vous n'êtes pas là pour faire du tourisme mais pour travailler. Je suis passablement déçu. Ikari, en vue des missions que je compte te donner plus tard, je m'attends à beaucoup plus de ta part.

— Il me semble que l'objectif de ce voyage était avant tout de nous apprendre à gérer ce genre de négociations en observant, répliqua Pein.

— Observer mais ne pas rester passif, corrigea le ténébreux en faisant claquer sa langue. Le message a du mal à passer chez toi, il va falloir que l'on travaille ça.

— Pour ma part, je ne suis ici qu'en remplacement de Kakuzu, je suis dans l'entreprise depuis moins d'un mois, j'ai pris toutes les notes nécessaires pour lui faire un rapport et t'ai assisté quand cela était possible mais ne me demande pas le même niveau de compétences que Kakuzu en si peu de temps, déclara Kisame.

— J'en suis conscient, dit l'Uchiha. Mais il s'agit surtout d'Ikari. Il va falloir qu'on refasse un point à notre retour avant de te laisser partir en week-end. J'ai accepté de te laisser des congés mais en contrepartie, tu dois faire ton travail en priorité. Quant à toi Kisame, tu seras libre de retourner chez toi dès notre arrivée, j'ai bien reçu ton rapport. »

Après une dernière visite en début de journée et un créneau libre pour faire quelques achats, le trio reprit le chemin de l'aéroport pour prendre leur avion les ramenant jusqu'à Tokyo. Tous semblaient fatigués de cette semaine et avaient hâte de retourner chez eux.

Fin de matinée, Pein reçut un appel privé et s'isola un moment à quelques pas de leur position. Il avait eu l'opportunité de passer un entretien dans une autre entreprise peu de temps avant son départ sous recommandation de Sasori et à son plus grand soulagement, il venait de recevoir une réponse positive ! Il ne lui restait plus qu'à donner sa démission et il serait enfin libre et débarrassé de ce fardeau qu'il supportait au quotidien. Soulagé et heureux, il s'empressa d'envoyer un message à son ami pour l'en informer mais jugea bon d'attendre de retourner au bureau avant d'annoncer la nouvelle à sa hiérarchie. En attendant, il devrait se comporter au mieux et cacher sa joie qu'il peinait à contenir.

Non loin de là, Madara le scrutait avec attention puis fronça brièvement les sourcils : il était désormais temps de passer à la prochaine phase de son plan...

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