Disparue
Zélie tirait quasiment Lily par le bras. Elle ne voulait pas avancer, préférant faire un tour au rayon des jouets. Elle adorait jouer avec ses poupées représentant les princesses Disney. Zélie les avait d'ailleurs laissées dans la voiture, car elle savait que Lily allait l'oublier dans le magasin et ce serait la crise en rentrant à la maison sans, ce qu'elle voulait éviter à tout prix.
- Nan, je veux une poupée !
- Lily, Papa nous attend à la maison et les invités vont bientôt arriver, il faut qu'on achète du pain.
Foutu travail. Seb avait parié un repas sur l'humeur de son patron le matin même, et avait perdu. Le cabinet d'avocat où il travaillait ne lui laissait pas de temps libre, et il fallait encore qu'il invite ses collègues le soir. Il l'avait appelé en catastrophe une heure avant, et elle avait dû se débrouiller pour faire quelque chose de la nourriture qu'ils avaient à la maison. Sauf que bien sûr, le paquet de pain avait été fini le matin même, et que d'après Seb, il faut toujours du pain à table.
- Mais je veux Raiponce !
- Chérie, on en a discuté et tu l'auras à ton anniversaire dans peu de temps...
- Mais je veux pas attendre !
- Lily, arrête tes caprices !
Zélie cria sur la petite tout en avançant plus vite, mais elle cherchait à retourner sur ses pas.
La mère la lâcha pour la prendre dans ses bras et ainsi aller plus vite, mais elle se mit à courir pour rejoindre les jouets qui la faisaient rêver.
- Lily ! Soupirais-je.
- Je veux voir Raiponce !
Elle la laissa courir sans chercher à faire un scandale encore plus bruyant. Le centre commercial était bondé, Zélie était fatiguée et la dernière chose qu'elle voulait faire était de disputer la petite fille qui devait être fatiguée elle aussi, du haut de ses quatre petites années.
Lily se jeta sur une boîte pour la serrer contre elle, et Zélie l'attrapa enfin.
- Bon, on prend la poupée mais on ira la remettre en repartant, d'accord ?
- Mmmmhh.
- C'est juste le temps de faire les courses.
Elle put enfin prendre l'enfant dans ses bras pour aller chercher du pain à l'autre bout, pour rentrer plus tard que ce qu'elle pensait. Dire qu'elle avait été en avance pour une fois en rentrant du travail. Elle posa Lily à terre avec sa boîte renfermant une poupée aux longs cheveux blonds, et avança pour chercher deux pains et deux baguettes. Elle les prit, puis appela Lily pour qu'elle revienne près d'elle. La petite ne daigna pas répondre, et Zélie se fraya un chemin dans la foule qui avait hâte de rentrer chez elle, la fillette sur ses talons. Lily voulait sûrement faire la tête car elle n'avait pas gagné sa poupée, pour une fois.
Elle arriva à la caisse, dans une file d'attente dont on voyait à peine le bout, et se rappela qu'elle avait dit qu'elle ne prendrait pas la poupée, il faudrait encore faire ce foutu détour par le rayon jouets.
- Lily, on va remettre ta poupée, d'accord ?
La mère, les articles sous le bras, tendis la main dans le vide pour que la petite s'y accroche, ce qu'elle ne fit pas.
- Allez Lily, donne la main. Il y a beaucoup de monde, je ne veux pas que tu te perdes.
Elle baissa les yeux pour ramener Lily contre elle, et remarqua son absence. Refusant de paniquer comme toutes les autres personnes et surtout aussi rapidement, elle balaya les alentours des yeux. La fillette devait déjà être en route pour obéir à sa maman. Elle était intelligente, et devait se souvenir du chemin mieux que Zélie elle-même. Elle se mit à avancer plus vite, en parcourant de plus en plus rapidement le magasin et ses grandes allées. Elles allaient être en retard, elle aurait dû laisser Lily chez la voisine qui adorait la garder, comme d'habitude. Elle arriva dans le rayon des jouets, cherchant sa fille des yeux, mais ne la trouva toujours pas. Son pouls commençait à s'accélérer, se demandant où elle pouvait être. Inconsciemment, elle se repassait dans sa tête toutes les allées que la mère et la fille avait emprunté. Elle fit le tour du magasin, retournant sur ses pas, près de la boulangerie, sans succès. Une dame se rendit compte de son inquiétude, et proposa de l'aider avec bienveillance. Elle accepta, en continuant de parcourir le magasin, de plus en plus apeurée. Elle voyait bien que des gens la regardaient, et qu'ils se passaient le message. Une petite fille blonde aux yeux noisette avait disparu. Elle avait quatre ans, un manteau rose, et elle avait avec elle une poupée Raiponce. Mais aucune trace d'elle. Lily avait disparu, s'était volatilisée.
Zélie se réveilla trempée de sueur, en criant. Seb fût réveillé par l'agitation de sa compagne, et vit son visage strié de larmes. Elle lui expliqua son cauchemar, et il la réconforta, câlina, cajola comme il pouvait pour la rassurer. Elle se rendormit quelques heures plus tard, appuya son dos contre son torse. Elle préférait se nicher contre lui, mais son ventre arrondi par la grossesse le lui empêchait à son grand désarrois.
La plus grande peur de Zélie face au futur se manifestait même dans ses cauchemars.
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