3 - Leila

La sonnerie retentit.

Tout le monde se lève et se précipite vers la porte de sortie. Le professeure crie tant bien que mal que dès demain, les devoirs reprendront. Je suis la première à quitter ma classe et à me retrouver dans le couloir.

Je réfléchis. Je crois que les deux zigotos avaient espagnol, je vais les attendre à la sortie du couloir de langue.

Je les vois enfin arriver, leurs silhouettes  familières au milieu de la foule. Dès que ma meilleure amie me voit, son pas accélère. Elle court vers moi en criant :

– Aloors cette journée ?

Je lui réponds en rigolant et en criant aussi :

– Bien et vous ? Et pourquoi tu cries ?!

– Ça passe ! Parce qu'on est en Term !!

Je ne peux m'empêcher de rigoler plus fort.

Elle arrive près de moi toute essoufflé. Voilà pourquoi c'est ma meilleure pote, y'en a pas deux comme elle et tant mieux quelque part.

Mao ne tarde pas à nous rejoindre, on marche en bande dans les couloirs. On fait quelques sourires par ci, par là, lorsqu'on croise un élève qui à été avec l'un de nous en première.

Plus tard, on se retrouve dehors. Le vent pousse en arrière nos cheveux et nous ramène l'horrible fumée des fumeurs, desquels on s'était éloignés volontairement. Au loin, un bus vert apparaît dans notre champs de vue. Mao s'écrie :

– Enfin ! Lui ne changera jamais...

On rigole et les deux s'éloignent.

Je les regarde partir puis me tourne dans la direction opposée, enfonce mes écouteurs et lance ma playlist qui commence par "Dans le Game" de Laucarré. Du coin de l'œil, je vois Alexandre marcher devant mieux. Qu'il reste loin de moi, celui-là. La musique dans les oreilles, je marche dans la rue pour rejoindre ma maison. Mais ma maladresse ne tarde pas à refaire surface : je trébuche sur un pavé mal mis sur le trottoir.

Je tombe comme une crêpe. Rouge de honte, je me relève. Malheureusement, ma petite chute n'a pas échappé au yeux de mon pire ennemi, Alexandre. Ce dernier rigole fort, trop fort pour que ce soit gentil.

Les passants se retournent alors sur leur passage. Le jette à Alexandre un regard noir et presse le pas jusqu'à ne plus entendre son méchant rire.

Une fois arrivée au portillon qui mène à mon jardin, je regarde discrètement derrière moi. Sur le trottoir face au mien, Alexandre ouvre son portail électrique tout en faisant signe à une petite fille sur son balcon. C'est sa sœur, Louane.

Je pousse alors le portillon en bois. Traverse le petit chemin de cailloux entouré de verdure non coupée. Je pousse la porte qui n'a pas changé depuis ma naissance et entre chez moi. Je me déchausse et me dirige dans la cuisine. Je vois mon père attablé. Il me dit, le sourire aux lèvres :

– T'as passé une bonne journée ? Ta rentrée ? Elle est bien ta classe ? Comment est ton prof' principal ?

– Ouuh laa attends...

J'attrape une gaufre au chocolat et commence mon récit.

Plus tard, un cri coupe court à ma séance de sport. Je coupe la musique. Je sors de ma chambre et crie à mon tour :

–  Qu'est-ce qui se passe ?

La réponse n'est pas longue à venir :

– A taaaaable !

Je souffle et me dirige vers le salon. Mon frère et mon père sont déjà assis et ma mère approche de la table avec plat fumant. Je me rajoute à eux. Tout en commençant à parler, ma mère prend les différentes assiettes et sert la ratatouille qu'elle a préparée. Puis elle me demande :

– Alors cette rentrée de Terminale, ma puce ?

–  Bah bien.

–  C'est tout ? Tu n'as rien d'autre à dire ? C'est tout de même ta dernière année au lycée !

Puis mon frère renchérit :

– T'as mis quoi dans la fiche navette ?

Je lève les yeux au ciel. Je sais très bien que ma réponse ne va pas leur plaire. Je sais aussi que ça va engager un débat violent, presque méchant entre moi et mon père. Mais je ne peux m'empêcher de répondre avec le sourire au lèvre :

– Militaire !

Ma mère me lance un regard noir qui aurait pu me tuer si elle l'avait voulu. Mon père, quant à lui, répond avec lassitude :

–  Mais tu sais très bien que c'est un métier qui n'est pas fait pour les femmes !

Remontée, je réponds aussitôt :

– Bien sûr que si ! Il y a des femmes militaires, comme des policières ou des femmes pompiers !

–  Mais tout ça, ce ne sont que des sottises, elles n'ont rien à faire dans ces corps de métiers !

Je me retiens de tout faire valser et de sortir de table pour m'enfuir dans ma chambre. Je reprends mon souffle et dis :

–  Pourquoi les femmes ne pourraient-elle pas faire ces métiers ?

–  Pourquoi, elle a dit pourquoi !

Mon père rigole, j'ai envie de lui mettre une tarte !

Il reprend :

– Parce qu'elles n'ont pas assez de force, pas assez de courage pour assumer des places si importantes dans notre société.

Comment peut-il penser ça ?! Il a une femme et une fille, et il pense que nous n'avons aucune force !

Je me lève, les larmes au bord des yeux. Je me tourne et cours m'enfermer dans ma chambre. J'entends ma mère me crier de revenir et de ne pas m'inquiéter, qu'il y a plein d'autres métiers que peut faire une femme. Je l'ignore.

Je m'adosse à ma porte, anéantie. J'entends un faible "toc, toc, toc". Je réponds d'une voix méchante :

–  Noooon !

–  Leila... c'est Baptiste. Tu dois m'en vouloir, mais je voulais que tu saches que je suis avec toi. Je crois en toi sur le fait que tu peux devenir militaire. Abandonne pas, comme ça tu cloueras le bec de papa. Bonne nuit...

Entre mes larmes, je souris faiblement. Merci Baptiste.

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