23 - Leila
Mao nous a demandé d'attendre à notre café habituel en terrasse, il a précisé également qu'il nous rejoindrait avec une surprise. Mais nous n'avons pas eu plus de précisions, c'était hier. C'est aujourd'hui, à seize heures le rendez-vous. Tellement excitée de connaître le fameux mystère de Mao que je suis en terrasse avec un quart d'heure d'avance.
Elena, tout excitée, me rejoint quelques minutes plus tard. Comme à son habitude, elle s'assoit à la table en parlant si fort que les gens se tournent vers nous, nous fusillant du regard au passage. Cette dernière n'en a rien à faire, mais genre royalement, ce qui me fait sourire. Elle m'interroge du regard, je la rassure dans un sourire puis elle reprend ses mésaventures.
Il est enfin seize heures, on scrute les rues. Puis, au loin, Mao apparaît mais pas seul. Elena s'écrie immédiatement :
– Il est pas seul ! Mais... Oh mon dieu ! Il est en couple !
Je ne sais pas pourquoi, je ne peux m'empêcher de sourire. Mao est en couple. C'était ça la surprise. La meilleure de toutes, je suis tellement contente pour lui. De plus, la fille à côté de lui est juste magnifique. Ses cheveux roux tombent en cascade sur ses épaules. Elle a seulement libéré son visage en les attachant en une demi-queue de cheval tenue par un foulard blanc à motifs fleuris.
Elle est habillée tout aussi simplement, avec un simple t-shirt blanc à manches longues. L'une de ses épaules est dénudée. Elle est très belle.
Ils nous rejoignent tous les deux, se tenant la main en souriant. Je les trouve tellement mignons et sans prétention. Ça correspond bien à Mao. Quand ils sont à notre hauteur, Elena leur saute dans les bras en répétant :
– J'suis trop fière de toi, Mao !
Je souris en les regardant. Je tends ma main vers la fameuse copine de mon meilleur ami :
– Leila, ravie de te connaître.
Elle sourit en retour et répond d'une voix toute douce :
– Maëlis, contente également.
On se sert la main en souriant, puis Elena la tend également en annonçant :
– Elena, la folle du groupe.
Maëlis lui prend la main en rigolant.
– Mao m'avait prévenu, mais contente aussi de te rencontrer.
D'un signe, je les invite à s'asseoir à notre table. Quelques minutes plus tard, un serveur arrive et nous lance d'une voix monotone :
– Vous avez choisi ?
J'interroge du regard toutes les personne attablées, puis je commence :
– Un coca, s'il vous plaît.
Chacun à son tour, ils commandent leurs boissons. Elena brise ensuite la glace :
– Alors, comment vous vous êtes rencontrés ?
Mao prend la parole :
– C'était à la bibliothèque, dit-il en attrapant furtivement la main de Maëlis. Je demandais de réserver un livre. Malheureusement, je ne pouvais pas parce qu'il était déjà emprunté. Mais la personne qui avait emprunté ce fameux livre se trouvait juste derrière moi et m'a proposé de me le prêter. On a fini par discuter du livre avant de décider de se revoir puis se re-re-voir et voilà.
– Oh mais c'est digne d'un roman des plus romantiques, rétorque Elena.
Cette remarque nous fait tous rire puis j'ajoute :
– Et sinon, t'habites vers quel quartier de Lyon ?
– J'habite pas à Lyon...
– Oooh, mince mais...
Puis Elena est coupée par Maëlis qui précise :
– Je vis à Toulouse, mais je viens certains weekends chez Mao.
– C'est cool, j'suis trop contente pour vous, dis-je dans un sourire.
Puis Elena propose :
– Ça vous dit on fait visiter la ville à Maëlis ?
– Bonne idée, sourit Mao.
Maëlis et moi acquiesçons d'un mouvement de tête. Nous finissons notre verre puis nous nous levons pour finalement nous diriger vers la station de Métro Parilly. Maëlis demande doucement :
– Alors on va où ?
– Dans le Vieux Lyon ! répond Elena d'un ton enjoué.
Maëlis affiche un sourire ravi.
Après la demi-heure de transport en commun, nous arrivons enfin à destination. C'est une partie de la ville que j'adore. Les bâtiments sont anciens mais pas si délabrés, les rues pavées et puis il y a l'interminable montée du Garillan.
On commence à marcher, tout en parlant dans les vieilles ruelles. En passant devant un salon de thé, j'entends deux vieilles dames qui parlent de la météo et l'une des deux lance sur le ton de la confidence :
– Je crois qu'il va pleuvoir d'ici peu de temps.
Au moment où sa compère acquiesce, une averse s'abat sur la ville. Nous accélérons le pas, surpris et amusés à la fois. On finit par se réfugier sous le porche de l'entrée de la Basilique Notre Dame de Fourvière, tout en se tapant notre meilleur fou rire.
À bout de souffle, je lance :
– T'a vu, il fait aussi beau que dans le sud.
Notre fou rire repart de plus belle. Tandis que l'on essaye chacun de sécher nos cheveux ou vêtements, le prêtre de la Basilique nous ouvre et lance :
– Venez à l'intérieur vous serez mieux, en attendant la fin de l'averse.
Nous entrons à sa suite, nos yeux s'émerveillent face à l'immensité et la beauté de ce lieu. Personne d'entre nous n'ose parler. Je ne suis jamais rentrée dans un lieu de culte catholique avant. Je me rappelle que je porte mon voile, d'un coup je baisse instinctivement les yeux. Le prêtre lance :
– Ne t'en fais pas. Tu es libre ici, pas de problème, je respecte ta religion et tes choix.
Je le remercie du regard. Nous continuons la visite, il nous explique les différentes statues et peintures.
Alors que je pensais qu'Elena me suivait dans la Basilique, un courant d'air froid caressant mon dos m'indique que je suis seule. Je balaye alors l'endroit du regard et finit par voir Elena assise sur l'un des bancs de bois qui fait face à l'hôtel et à l'homme sur une croix. Si je me rappelle bien, c'est le christ, Jésus.
Je la rejoins et m'assois à côté d'elle. Elle a les yeux fermés, la tête baissée et la bouche fermée. C'est l'une des premières fois que je ne vois pas Elena courir, sauter, s'extasier ou crier. Elle est très calme et ne bouge pas, j'entends seulement sa respiration calme et posée. Je reste assise à côté d'elle pendant un petit moment.
Pendant ce temps, j'observe autour de nous. Si je ne me trompe pas, sur le mur du côté droit qui touche notre banc, il y a la représentation du chemin de croix dans plusieurs petits dessins. Puis Elena relève la tête et brise le silence :
– Leila ?
Je recule surprise, puis je souris :
– Tu faisais quoi si calme ? C'est pas normal chez toi.
– J'ai prié, dit-elle simplement.
– Faut-il donc aller dans une église pour te voir calme ? répliqué-je dans un sourire.
Elle rigole puis me répond :
– Peut-être bien...
On se met à nouveau à rigoler, notre fou rire nous vaut le regard fusillant du prêtre et l'attention de toutes les personnes présentes dans l'église.
Au bout d'un moment, je fais signe à Elena de regarder dans la direction des deux tourtereaux. Maëlis a la tête posée sur l'épaule de notre cher Mao et les deux se chuchotent des mots doux. D'un regard, avec Elena, on se comprend et on marche vers eux. Arrivée leur hauteur, Elena leurs lance :
– C'est pas vraiment l'endroit pour se chauffer...
Mao nous jette un regard malicieux avant de renchérir :
– C'est vrai chez moi ça sera mieux pour se réchauffer.
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