17 - Leila

La voiture s'arrête sur une place en face de l'entrée du Carrefour. Je fais un bisou sur la joue d'Abriel et je sors de la voiture excitée de cet après-midi.

Au loin, j'aperçois mes deux meilleurs amis qui m'attendent à la porte. Une fois arrivée à leur hauteur, Elena saute partout comme une enfant de cinq ans et dit :

– Alors, qui est chaud pour le shopping entre potes ?

– Moi, sinon j'serais pas là ! répond Mao en rigolant.

– Pff, réplique Elena.

– Bon, on y va ou quoi ? demandé-je.

– Oui go ! crie Elena en même temps qu'elle entre dans le centre commercial.

Avec Mao, on rigole et on entre à sa suite. Une fois dans le hall central qui relie toutes les petites boutiques, on se regarde : on sait pas où aller. Une mélodie envahit l'espace, une mélodie qu'on connaît bien, et Elena encore plus. Cette dernière se met à danser et à chanter en plein milieu de la foule quand Can't Hold Us passe dans les enceintes du Carrefour. Mao et moi rigolons à pleurer tandis qu'Elena nous offre son meilleur concert en plein milieu d'une foule dans un centre commercial. Puis elle nous entraîne avec elle et nous voilà à trois à danser au milieu des boutiques. Les gens nous jugent du regard mais nous on se tape nos meilleurs fous rires.

La chanson finie, on décide de faire ce pourquoi on est venu, c'est-à-dire dépenser notre argent. On enchaîne les boutiques dans la bonne humeur et avec des défis du style : fais la plus moche des tenues, pour combien t'achètes tel vêtement...

Épuisés de crapahuter entre magasins et cabines d'essayages, on décide de faire une pause au Starbucks pour prendre à boire. On se pose à une table pour parler :

– Les gars, faut que je vous dise un truc, commencé-je.

– Hé respecte j'suis une meuf ! répond Elena.

– Roh tais toi, la coupe Mao.

Elena grimace, je souris et continue :

– Euh... Comment dire, je suis partie de chez mes parents.

Les deux me regardent étonnés, puis Mao reprend ses esprits le plus vite et répond :

– Et tu vis où ?

– Chez mon frère...

– Pourquoi ? demande Elena.

– A cause de mon père...

– Chaud, dit Mao.

– Et ça va ? poursuit Elena.

– Pour l'instant oui... Je voulais juste vous le dire mais aujourd'hui j'ai juste envie de me changer les idées.

– Pas de soucis, répond-elle.

Puis elle prend ma main et fait signe à Mao de nous suivre. On entre tous les trois dans une boutique. Elle se retourne et nous dit :

– Tu nous fais confiance, hein...

– Euh ouais mais plus trop là, réponds-je en souriant.

Elle sourit et reprend :

– OK, alors avec Mao on va refaire ton style.

– Quoi ? m'exclamé-je, surprise.

Mao, quant à lui, se retient de rire. Elle lui fait signe puis disparaît derrière les rayons. Je m'assois sur une chaise en face d'un miroir et souris, elle n'est vraiment pas croyable Elena. Ils reviennent tout sourire face à moi et Mao dit :

– C'est parti pour l'essayage !

Elena m'attrape et me traîne jusqu'aux cabines avant de me pousser dans l'une d'elles. Ils me font passer par dessus une veste blazer grise, un haut à col roulé blanc et un pantalon taille haute noir. J'entends par la suite :

– Essaie ça !

Cette tenue me change de d'habitude mais j'aime bien. J'ouvre le rideau pour leur montrer. Ces derniers sourient en me voyant et Mao dit :

– C'est quand même mieux que les gros pulls et les leggings.

Elena hoche la tête et ajoute :

– Je confirme.

Ils se font un check qui me fait rire.

– Vous êtes pas possible, répliqué-je.

– Bref c'est pas fini, on a encore un truc pour toi, annonce Elena.

Je l'interroge du regard et cette dernière me tend une robe moulante noire aux manches bouffantes.

– Non non, ça c'est mort.

– Pff, essaye avant de cracher ton venin, vipère, dit-elle en me poussant dans la cabine.

Je soupire et enfile la robe. Je me regarde dans le miroir, je sais pas si ça me va. Je n'ai pas l'habitude de me voir habillée comme ça. Je sors à nouveau de la cabine. Ils me regardent puis Elena crie :

– Mais bordel meuf t'es une bombe en fait !

Tout le monde nous regarde suite au cri, je la fusille du regard. Mao lui se met à rire. Je lève les yeux au ciel et soupire. Elena riposte :

– Mao, dis-lui, que la robe lui va trop bien !

Ce dernier sourit et dit :

– C'est vrai que faut que tu la prenne, elle te va plutôt bien.

– C'est bon, vous avez gagné, je prends les tenues, conclus-je.

On sort de la boutique en rigolant puis je lance :

– Ça vous dit une glace ?

– Grave, je commençais à avoir faim, déclare Elena.

– Côte à combien tu paye pour tout le monde Elena ?

– 6 ! répond cette dernière.

– Ok...1, 2, 3...

– 4, dit-elle.

– 6, dit-il.

– Reverse !

– OK, compte à 3, alors.

– 1, 2, 3...

– 2, s'écrient-ils en même temps.

– Ah tu dois payer les glaces à tout le monde Mao ! m'écrié-je.

Ce dernier souffle et on se dirige vers le glacier. Chacun commande et Mao paye.

– Merci Mao, ajoutons-nous en même temps avec Elena.

Nous finissons nos glaces et on décide de sortir prendre l'air. Peu de temps après être sorti, Elena s'écrie :

– Y'a des trottinettes en libre service !

– Sérieux ? demande Mao en se rapprochant.

– Venez, on fait une course autour du centre ! proposé-je.

Et nous voilà à se poursuivre sur des trottinettes autour du Carrefour. Au bout de deux, trois tours on est essoufflé et on se pose avec nos trottinettes sur un côté du parking.

– Venez, on immortalise le moment, déclare Mao.

Elena et moi l'interrogeons du regard. Mais au lieu de nous répondre, il pose son téléphone sur le sol et s'écarte.

– Photos, bande de nouilles.

On rigole et on se met en position, on en prend plusieurs avant d'être tous satisfait de nos têtes.

Pendant que Mao poste la photo sur Instagram, je regarde autour de nous et vois Alexandre et Sasha faire du skate sur le côté du parking banalisé pour des travaux. Je mets un coup de coude à Elena pour lui montrer, cette dernière me sourit. Alors je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'elle a une très mauvaise idée en tête. Avant que je puisse faire quoi que ce soit, elle se met à courir vers eux. Je crie :

– Non Elena, reviens tout de suite !

Mais cette dernière, têtue, continue vers eux. Je souffle et essaye d'aller la rattraper, mais quand je pars, elle est déjà arrivée à leur hauteur et leur parle. Elle me met vraiment hors de moi, cette gosse. J'arrive à mon tour à leur hauteur avec Mao sur les talons.

Alexandre et Sasha me regardent, je comprends pas pourquoi, qu'est-ce qu'elle a encore dit ? Elena annonce :

– J'ai dit aux garçons que tu les défiais en skate.

Et merde.

Je savais bien que c'était une mauvaise idée.

J'ouvre la bouche mais Alexandre me devance, un petit sourire insupportable collé aux lèvres :

– Pas besoin de t'inventer des excuses, on sait déjà que t'es nulle puisque t'es une femme.

Sasha pouffe de rire mais ne fait pas de commentaire. On dirait qu'il a compris qu'Alexandre vient de signer son arrêt de mort.

– Pardon ? Alors figure-toi que c'est toi qui vas perdre. J'allais te souhaiter bonne chance car tu en auras besoin pour récupérer ton égo.

J'attrape la planche de Sasha, qui reste là à nous regarder, un petit sourire aux lèvres, dans le caddie et me mets à rouler. Je lance à Alexandre :

– Alors je t'attends, à moins que tu n'abandonnes car tu as trop peur ?

Ce dernier me répond d'un sourire tout à fait hypocrite et vient me rejoindre sur sa planche. Je continue dans mon élan d'insolence :

– Alors à toi l'honneur, montre-moi ce que tu sais faire.

– Prépare toi à perdre, lance-t-il d'un air supérieur.

Puis il fait des tours autour de moi avant de faire un kick flip. Je décide de rejoindre le groupe en enchaînant plusieurs revers. J'ai un niveau beaucoup plus bas que celui d'Alexandre, c'est évident... Je faisais la maline tout à l'heure mais là je m'aperçois que je suis bien dans la merde. Je hais Elena actuellement.

Alexandre accélère, me rattrape et saute sur sa planche quand il est à ma hauteur. Un cri d'Elena coupe l'ambiance tendue :

– Y'a les flics !

Je lève les yeux, intriguée par une voiture au gyrophare bleu et blanc qui vient de se garer face à la bande qui délimite la partie du parking interdite. Exactement où on se trouve. Vu le regard qu'un des policiers jette aux garçons, ce n'est pas la première fois qu'ils se croisent. Alexandre et moi sautons des planches, les prenons sous le bras et tous les cinq, on se met à courir aussi vite que possible.

Une fois éloignés du parking, du centre commercial et des policiers, on s'arrête reprendre notre souffle puis on se regarde tour à tour et on se met à rire.

Après notre fou rire, je remets la planche à Sasha et entends la voix d'Alexandre dans mon dos répliquer :

– On remet ça une prochaine fois. Profites-en pour t'entraîner, miss.

Je me retourne pour répondre mais cette fois-ci, il ne me laisse pas le temps. Il ponctue sa phrase d'un sourire narquois et tourne les talons pour s'éloigner avec à ses côtés son meilleur ami, Sasha. Je souris, à moitié excédée et amusée par la situation en les regardant partir.

C'était une chouette après-midi.

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