1 - Leila

Je suis derrière une carcasse de voiture brûlée et à moitié détruite par les bombes qui tombent du ciel. Je recharge mon arme avant de repartir au front, la guerre n'est pas simple.

Je balaye l'endroit du regard. Des arbres déracinés, des villages entiers rasés. Des trous partout, creusés par les bombes qui tombent comme des gouttes de pluies. Un cri strident m'arrache à mes pensées. Je me tourne tout en faisant attention au moindre mouvement autour de moi. Je ne vois rien. Le talkie-walkie à ma ceinture grésille. Je me concentre pour mieux écouter. Je perçois quelques notes, on dirait une mélodie. Oui... Comme une mélodie de téléphone. Puis elle devient de plus en plus forte. J'essaye par tous les moyens de faire taire ce talkie. Je vais me faire repérer, ce n'est pas le meilleure moyen pour survivre. La mélodie devient de plus en plus forte, je vais vraiment mourir à cause d'une mélodie insupportable ! Puis une lumière m'aveugle.

J'ouvre les yeux, énervée de ne pas pouvoir terminer ce rêve. J'attrape mon téléphone et éteins l'alarme. Tout en me levant, je regarde les notifications que j'ai eu toute la soirée. Internet ne dort jamais. Je les fais défiler quand une retient mon attention. C'est un message d'Elena, ma meilleure amie. Je l'ouvre et lis :

« Promis, j'éviterai d'arriver en retard pour la rentrée ;) »

Ah oui, la rentrée. Notre dernière en tant que lycéennes. Ah mais attend, il est quelle heure ? Je reviens sur l'écran d'accueil qui affiche sept heure cinquante. En d'autres termes, je suis méga en retard !

J'enfile un sweat à capuche à motif militaire avec un jeans noir troué. J'attrape une brosse, coiffe mes cheveux en deux temps, trois mouvements, puis les attache en une queue de cheval haute. Je sors de ma chambre et cours vers la cuisine. Là-bas, ma mère lance ironiquement :

– En avance pour ta rentrée de terminale, bravo ma fille !

Je lui tire la langue, attrape une banane et sors en claquant la porte. Je stoppe ma course effrénée, car j'ai comme l'impression que j'oublie quelque chose. Je réfléchis deux secondes... Mon sac ! J'ai oublié mon sac !

Je fais demi-tour illico-presto et cours dans ma chambre. J'attrape mon sac et ressors tout en marchant rapidement et en avalant ma banane. Sur le trajet, je remercie silencieusement ma mère pour m'avoir obligée à préparer mon sac la veille.

Une fois arrivée au portail, je jette la peau de banane dans un jardin voisin et prends un chewing gum en guise de lavage des dents. Je regarde mon portable, il ne me reste que deux minutes pour trouver mes potes, prendre de leurs nouvelles, trouver ma classe et ma salle. Ça va être short. J'envoie un vocal à Elena qui dit :

« Salut, bravo à toi si tu as réussi à venir à l'heure, ce qui n'est pas mon cas comme tu l'as vu. Où vous êtes ? Que je revoie vos têtes avant de monter en cours ! »

La réponse n'est pas longue à arriver, la voix énergique et joyeuse d'Elena sort de mon téléphone :

« Heyyooo, On est à l'entrée de la cour. Je crois que t'es en terminale 6, et nous en 8. »

Ah, je suis seule. Je sens que l'année risque d'être longue.

Je me précipite avant que la sonnerie nous rappelle les cours. Je vois une blonde avec deux tresse me faire des grands signes, c'est Elena. Elle porte un top blanc avec un jeans bleu troué. Ses yeux verts me fixent avec un air rieur. A côté d'elle se trouve un jeune homme d'origine japonaise, c'est Mao, mon autre meilleur ami. Aujourd'hui, il porte un tee-shirt ample avec un jean noir, ses cheveux bruns sont en bataille comme à leur habitude. Ses yeux noisette se posent alors sur moi et il esquisse un sourire. Je m'approche d'eux tout en souriant, ils m'avaient manqué. J'arrive à peine à leur hauteur qu'Elena m'enlace. Elle se défait de l'étreinte et dit :

– J'ai bien vérifié, t'es en terminale six et nous en huit.

– Tant pis... je réponds en hochant la tête, fataliste.

– Mais la pire nouvelle, c'est que tu te retrouve avec Alexandre et une partie de sa bande... ajoute Mao.

– Non ! C'est une blague !

– Pas vraiment, répond Elena.

– L'année va être longue, dit Mao en me tapant l'épaule.

La sonnerie retentit dans les enceintes qui entourent la cour. Je souris tristement à mes amis et me dirige vers l'affiche de la classe « terminale 6 ». En en tête d'affiche se trouve ma salle écrite en gros et en gras. Je lis salle « D118 ». Je sais où elle situe, j'avais français là l'année dernière. Je prie intérieurement pour ne pas avoir la même prof. Faites qu'elle soit partie, faites qu'elle soit partie...

Je presse le pas pour y arriver avant la seconde sonnerie qui indique le début des cours. J'arrive enfin à la porte et je vois la classe entière installée sans qu'il n'y ait de professeur. Je m'assois seule à la table la plus proche de moi et attends.

Après quelques minutes, une petite femme brune arrive dans la salle, ça doit être la professeure. Nous nous levons et elle dit :

– Mettez vous au fond, tous.

Toute la classe l'interroge du regard, alors elle continue :

– Je vais vous placez par ordre alphabétique.

Je souffle et m'exécute, le plan où j'étais seule me convenait mieux. Elle attrape une feuille qui doit être l'appel et se met à énumérer les noms et à indiquer des tables du doigt. Certains sont chanceux et se retrouvent à côté de personnes qu'ils apprécient, voire qu'ils aiment bien, et d'autres beaucoup moins, comme moi par exemple. La prof appelle mon nom :

– Dasra Leila, ici.

La classe entière tourne le regard vers moi et la prof indique une table double, ce qui signifie que je vais avoir un voisin ou une voisine. Cette fameuse table est à la troisième colonne et au second rang. Mais le pire est à suivre puisque mon voisin est Alexandre Delisle !

Sans se rendre compte de l'horreur de la situation dans laquelle elle m'a mise, la professeure continue son chemin sans rien vouloir entendre. J'essaye de demander de changer mais rien n'y fait. Je vais passer des heures de cours à côté de mon pire ennemi.

La prof' revient alors au centre de la classe et reprend :

– Bonjour à tous, je suis votre professeure principale pour cette dernière année au lycée, mais aussi votre professeure de français. Je suis Madame Labrousse. Comme vous le savez tous, c'est une année très importante car c'est l'année de votre baccalauréat. Vous aurez bientôt tous dix-huit ans, donc je compte sur vous pour être matures et bosseurs...

Je prie intérieurement pour que la sonnerie ne mette pas trop longtemps à retentir. On est le premier jour et je déteste déjà mon année.

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