Mike avait appelé ses parents pour leur annoncer qu'il partait en voyage scolaire et qu'il s'occupait des frais avec Mathew Collins, le soi-disant père de Gabriel. Elles n'avaient pas trop posé de questions, pour le plus grand bonheur du brun. Mais au fond, il n'avait pas trop envie de quitter le Minnesota. Même s'il était né au Paradis, le Minnesota restait pour lui sa terre natale. Quitter tous ses proches sans leur dire la vérité lui faisait mal. Il n'avait même pas eu le temps de saluer Chuck. Combien de temps lui prendrait sa mission ? Et s'il mourrait, tué par son frère ? Il ne reverrait plus ses parents, ni Cassandre. Il avait envie de la voir. Mais les autres anges ne seraient pas de son avis, à part peut-être Gabriel. Le brun soupira.

-Est-ce que ça va ? demanda Gabriel, toujours attentif.

-Tout ça m'effraie Gab. J'ai peur de pas y arriver...

-Je suis avec toi.

-Je sais. Mais qui veillera sur mes parents ? Sur mes amis ? Les démons pourraient leur faire du mal !

Metatron posa une main sur l'épaule du brun et dit :

-Haniel ! Rémiel ! Vous allez rester ici ! Infiltrez-vous dans le lycée du p'tit sans éveiller les soupçons. Et que quelqu'un surveille la maison lorsque les parents du p'tit reviendront !

Haniel et Rémiel hochèrent la tête et Mike remercia le grand brun.

-Bien ! Rendons-nous maintenant au cœur du Wyoming ! Allons-y avec nos ailes ! C'est plus rapide !

Mike se mordit la lèvre, soudainement embarrassé. Gabriel vint vers Metatron et dit :

-Mike a peur du vide.

-Quoi ??

Metatron en resta bouche bée. Un ange, peur du vide ? C'était ridicule.

-Je sais voler, ajouta Mike pour se rattraper. Mais voler très haut me fait peur...

-Si on vole bas, répondit Metatron, les humains nous verraient.

-Prenons ma voiture, dit Uriel qui n'avait pas beaucoup parlé.

-Tu sais conduire toi ?

-Evidemment !

Quelques minutes plus tard, Mike se retrouvait sur le siège arrière à côté de Gabriel, dans la voiture d'Uriel. Il salua Haniel et Rémiel d'un bref mouvement de la main puis le paysage se mit à défiler très vite par la fenêtre. Le brun regardait le soleil se coucher. Ils avaient du chemin à faire. Croisant les bras autour de la poitrine, il posa sa tête contre l'épaule de son ange gardien et ferma les yeux.

*

Chuck commençait à connaître par cœur le petit bois qui se trouvait près du lycée. Il avait dépassé le lac et cherchait des yeux une vieille maison. Il tenait le portable d'Arwen dans la main. Il n'avait même pas jeté un œil sur sa boîte mail ou autre. Une fois arrivé, il s'apprêta à frapper contre la porte lorsqu'il entendit un hurlement à l'intérieur de la maison.

-Arwen ?

« Lâche-moi !! Mais arrête !! »

Le brun sentit son sang bouillir. D'un coup de pied, il défonça la porte et pénétra dans la maison. Il aperçut l'homme en peignoir de l'autre fois et la jeune brune assise par terre, recroquevillée contre le mur du fond. Son visage était couvert de larmes, celles-ci se mélangeaient à son mascara. Sa chemise à carreaux, de couleur noir et rouge, était ouverte, ou presque déchirée, laissant voir sa poitrine, à moitié révélée par son soutien-gorge qui avait été presque arraché. La voir ainsi terrifiée créa une vague de rage et de colère en Chuck.

-Mais qui êtes-vous ? demanda son père.

Chuck ne répondit pas et fonça droit vers l'homme. D'un coup de poing au visage, Chuck lui brisa le nez. Le vieil homme posa ses mains sur celui-ci, hurlant de douleur. Le sang se mettait à couler mais le brun n'en avait rien à faire. Il se mit à le refrapper plusieurs fois, l'étalant par terre puis il attrapa Arwen et la recouvrit de son manteau. Il lui prit ensuite la main et l'entraîna loin de la maison. La brune sanglotait. Le brun ne disait rien. Ils finirent par s'arrêter devant le lac. Chuck lui lâcha la main et l'observa d'un air triste. Il ne savait pas vraiment quoi dire pour la rassurer. Mais il devait faire le premier pas.

-Tu viendras chez moi maintenant. Que tu le veuilles ou non. Je ne veux pas que tu remettes les pieds chez cet enfoiré !

Elle le regarda sans rien dire. Elle avait sans doute besoin de temps pour s'en remettre. Ils marchèrent un peu ensemble, traversant un ponton en bois qui traversait le lac.

-Mon père abuse de moi, finit-elle par dire après avoir essuyé ses larmes du revers de la main.

-C'est horrible. Ça me donne envie de le tuer !

-Tu aurais dû le faire.

-Il t'arrivera plus rien !

Arwen releva la tête, posant son regard bleu azur sur celui du brun. C'était bien la première fois que quelqu'un se souciait d'elle. Au Canada, on ne s'intéressait pas vraiment à elle. On la trouvait trop froide, trop distante. Avec ses problèmes, il était évident qu'elle se renfermait sur elle-même. Elle avait bâti un mur de glace autour d'elle. Et ce garçon était apparu soudainement pour la sauver. Elle avait toujours attendu l'aide de quelqu'un.

-Merci, dit-elle d'une voix cassée.

Chuck se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras, surprenant la brune. Mais cette étreinte la rassurait. C'était comme si elle se sentait enfin en sécurité, protégée de tout danger. Elle se blottit un peu plus contre Chuck, faisant rougir celui-ci. Cette fille lui plaisait, c'était sûr maintenant.

-Viens. Ne restons pas ici, on ne sait jamais. Je pense que ma tante acceptera que tu viennes loger à la maison.

-Et tes parents ? demanda la brune.

-Ils ne vivent plus ici. Ils ont divorcé il y'a quelques années. Ma mère ne s'est pas remise de cette séparation et elle s'est tuée. Quant à mon père, va savoir ! Je le déteste ! Je ne l'ai jamais pardonné. Pour moi, c'est de sa faute ce qui est arrivé à ma mère !

Arwen resta sans rien dire, observant chaque détail de son visage. Lui aussi souffrait. Le soleil s'était couché et ils arrivèrent dans un petit quartier résidentiel. La maison de Chuck n'était plus très loin. Arwen se sentait un peu gênée de passer quelques jours ou peut-être plus chez le brun. Mais elle préférait ça plutôt que de retourner chez elle. Pour une fois qu'elle avait enfin la force de s'enfuir. Et cette force, c'était Chuck qui la lui avait donnée. Devant la porte d'une grande maison, Chuck hésita à sortir ses clés. Il se retourna, plongeant son regard dans celui de la brune. Ils restèrent là à s'observer pendant plusieurs secondes puis, comme entraînés par une soudaine et même pulsion, leurs lèvres vinrent se rencontrer, d'abord timidement, puis avec une passion ennivrante. Ils s'embrassèrent sans s'arrêter, oubliant tout d'un coup tout ce qui les entourait. Arwen avait juste envie de rester avec le grand brun, et Chuck avait la même envie.

**

Après avoir fait les courses, Cassandre entra chez elle. La maison était vide. Ses parents étaient partis fêter leur 20ème anniversaire de mariage et la jeune brune avait préféré rester chez elle pour étudier. Posant son sac de course sur la table, elle se mit à soupirer en regardant son portable. Elle n'avait pas de nouveau message.

-Mike...

Elle rangea son téléphone, se retourna et sursauta en trouvant en face d'elle un homme vêtu entièrement de noir. Mais le plus terrifiant était qu'il n'avait ni yeux, ni bouche, ni nez et oreilles. Etait-ce seulement humain ? Cassandre se mit à reculer mais son dos rencontra un mur. La créature angoissante s'avançait vers elle.-Ne m'approche pas !