Chapitre 1
J'entretiens avec Taylor Alison Swift une relation que l'on peut comme considérer à 50% de l'admiration et 50% de la haine. Pourquoi, me direz-vous ?
Elle me rappelle constamment ce que je n'ai pas à travers ses chansons où elle parle d'amour et de revanche, à travers ses albums où sa voix m'envoute pendant des heures.
Mes ex ne se nomment ni John, ni Taylor, ni Harry, encore moins Calvin ou Tom.
Les miens se nomment Eugène, Baptiste, Mattia, Raphaël et Hugo. Et l'un d'entre eux est mon plus grand regret.
- Lucien ! Ne met pas la queue du chat dans ton nez !
En trente-quatre ans de vie, je ne pensais pas dire ça un jour. Pourtant, je m'étonne tous les jours, comme quoi, les enfants peuvent être inventifs dans leurs bêtises.
- J'ai mon nez qui me gratte, se plaint le petit garçon.
- Et bien tu vas chercher un mouchoir dans la salle de bains et tu te mouches.
Pauvre Ramsès, il en voit de toutes les couleurs depuis la naissance des deux terreurs. Mes meilleurs amis m'ont donné deux magnifiques filleuls dont j'ai la garde depuis plusieurs jours car ils ont décidé de partir en week-end prolongé à la mer sans les enfants.
- Pas de poil, dit Léane tout en pointant le chat.
- Oui, chérie. Il n'a pas de poil Ramsès.
- Ma's, s'exclame-t-elle.
- Mars a des poils et Junon aussi.
Ce sont les deux goldens retriever de mes voisins de quartiers qui sont aussi les parents de ces garnements.
- Marraaaiiiine !
Je soupire intérieurement, vivement qu'ils partent. Je les adore mais là c'est trop pour moi. Je veux retrouver ma tranquillité et je pense que mon chat aussi. Cependant, il est plus patient que moi.
- Je trouve pas les mouchoirs, il hurle à travers la maison.
- Mouchoir, répète sa petite sœur.
Je prends cette dernière dans mes bras pour ne pas la laisser sans surveillance et vais dans la salle de bains retrouver l'ainée perturbateur de la fratrie. Ma maison est en bordel depuis plus de soixante-douze heures et c'est trop pour moi. Des jouets trainent dans le salon et le sol de la cuisine n'est pas serpillé. Au loin, j'entends plusieurs notifications sur mon portable arriver.
- Si je les trouve, gare à toi, Lucien.
J'entre dans la salle de bains et regarde dans la petite étagère à côté du lavabo. La boîte de mouchoirs n'est pas à sa place. Je regarde partout et semble avoir disparu. A moins qu'elle soit vide et que je n'ai pas mis de nouvelle boîte. Je sors donc une nouvelle boite et tire un mouchoir pour le donner au petit garçon qui s'essuie le nez avec avant de le poser sur le lavabo et de partir en courant. Je prends sur moi pour ne rien dire et jette le mouchoir à la poubelle.
De retour dans le salon, je continue l'activité pâte à modeler avec les enfants tout en répétant, tel un perroquet, à Léane que ça ne se mange pas. Ils ont la mémoire courte à cet âge-là. Quoique je n'ai rien à dire car je ne suis pas un modèle sur ce point.
En effet, je me suis remise avec un de mes ex toxique tout ça parce que je ne connaissais personne en Italie lors de mon année Erasmus. A moi aussi on aurait dû me répéter à plusieurs reprises de ne pas faire cette erreur afin que je puisse retenir la leçon.
On s'amuse à faire des animaux aux formes non identifiés avec des couleurs fluos. Les notifications sur mon téléphone s'affolent et je décide de jeter un coup d'œil vite fait. Raphaël est en train de me harceler pour un dossier. Je décide donc de l'appeler rapidement. Une tonalité se fait entendre avant qu'il décroche.
- Je suis en congés, je te rappelle.
- Je sais et je suis désolé. Je voulais savoir si tu avais pu faire les calculs de TVA pour Monsieur Train ? Il a appelé tout à l'heure et il débarque dans dix minutes pour faire le point sur son dossier.
- J'ai fait le point avec Cassandra mercredi et elle allait s'en occuper, vois avec elle.
- Elle est en arrêt depuis ce matin, elle a chuté hier.
Au ton de sa voix, je sens qu'il commence à paniquer. J'entends qu'il secoue une boite de bonbon à la menthe.
- La situation n'est pas la meilleure mais au pire tu lui dis que nous n'avons pas fini de peaufiner les derniers calculs et je bosserais le dossier à mon retour.
Je malaxe la pâte à modeler que me tend Léane et coince mon téléphone entre mon épaule et mon oreille. Je forme des petites boules comme demandé.
- Je suis heureux que nous nous soyons associés car je ne sais pas si j'aurai réussi tout seul.
- Ne dis pas ça, tu te débrouille très bien !
- Tu sais que les relations humaines ne sont pas mon fort. Et en plus, Monsieur Train est assez autoritaire.
- C'est un client, il est normal qu'il soit exigeant envers nous car il nous fait confiance pour son entreprise. Cependant, s'il dépasse les bornes, n'hésite pas à me le dire et j'aurais une petite conversation avec lui.
J'ai rencontré Raphaël alors que j'étais à la fac. Nous avons fait nos études ensemble. On a été engagé dans la même boite d'expert-comptable et nous nous sommes associés le jour où notre patron est parti à la retraite, il y a cinq ans. D'un commun accord, nous avons décidé que je supporterai la relation clientèle car il a plus de mal au contact des clients.
- D'accord, je vais faire ça.
- Parfait alors ! Bon, je vais te laisser, Raphaël. Je suis en plein atelier créatif là.
Il rigole doucement et me remercie de l'avoir appelé avant de raccrocher. Je forme les pattes de mon dinosaure tout en posant mon téléphone à mes côtés sur la table.
- Raphaël, c'est ton amoureux ?
- C'était, je réponds.
- Pourquoi, demande ma filleule.
- Parce qu'il n'aimait pas Marraine, rétorque son grand frère avec aplomb.
- Lucien, je le reprends. Et non, c'est plus compliqué que ça. C'est une histoire de grand.
- Quand je serais grande, j'aurais moi aussi un amoureux comme papa et maman ?
- Si tu le veux oui, je dis doucement en lui remettant une mèche derrière son oreille.
- En tout cas, papa et maman n'aime pas ton nouveau amoureux.
- Lucien ! Ça suffit ! Si tu continues avec ce ton, tu n'auras pas de goûter.
Le petit garçon aux cheveux bruns commence à bouder. Je le laisse pour lui faire comprendre le ton dédaigneux qu'il venait d'employer n'était pas correct. Il quitte donc la table du salon pour aller s'assoir sur le canapé à côté de mon chat roulé en boule sur le plaid.
- Il n'est pas bien ton nouveau amoureux, demande Léane avec son innocence d'enfant.
- Ce n'est pas mon amoureux, chérie.
- C'est qui alors ?
- Un ami.
Je ne vais pas dire à ma filleule de deux ans que l'homme que je fréquente, à juste un intérêt sur le plan sexuel et pour les grandes occasions pour éviter que l'on me pose la fameuse question du pourquoi je suis encore célibataire à mon âge.
La cadette de mes meilleurs amis décide de ne plus vouloir jouer avec la pâte à modeler et veut désormais jouer à la dinette. Elle coure dans ma chambre d'amis et sort ses petites tasses en plastiques qu'elle pose sur la table basse encombrée de pâte à modeler. J'essaie tant bien que mal de ramasser la pâte dans les célèbres pots jaune, mais c'est sans compter sur ma filleule qui commence à pleurer car je ne veux pas prendre la petite tasse verte.
Finalement les heures de l'après-midi passent plus vite que prévues et le carillon de la porte d'entrée retenti. Je me lève pour ouvrir et trouve derrière la porte un jeune couple souriant. En voyant ma tête fatiguée et mes vêtements, l'homme rigole tandis que la femme lui tape le bras avant de s'enquérir de mes nouvelles.
- Ils ont été très gentils, ne vous inquiétez pas mais quatre jours c'était trop pour moi.
Je les invite à entrer à la maison et Maeva écarquille les yeux quand elle découvre l'état de ma maison. On se connait depuis notre plus jeune âge et sait que j'ai un côté maniaque très poussé.
- Ne t'inquiète pas, ce sont des enfants.
Siméon part récupérer les enfants et leurs affaires dans la chambre d'amis.
- Alors ce week-end ?
- Parfait ! On en avait bien besoin et puis ça nous a permis de nous retrouver. Avec les enfants ce n'est pas facile tous les jours. On a pu se déconnecter un peu et se recentrer sur nous.
- Tant mieux alors.
- Concernant le mariage, tu es libre samedi prochain ?
- Je ne sais pas, je vais regarder demain, pourquoi ?
- J'ai pris rendez-vous pour les essayages de la robe.
- Je saurais me rendre disponible, alors, je fais accompagné d'un clin d'œil.
Avec Maeva nous avons composé un duo très longtemps. Nous sommes devenus un trio au lycée. Siméon est très vite devenu indispensable à nos vies et puis il est tombé sous le charme de notre brune. Depuis, ils ne sont jamais quittés. Ils ont eu Lucien, acheté une maison en même temps que moi afin que nous puissions être voisins, puis Léane est arrivé. Cette année, ils vont se marier et ils se sont pris la tête pour savoir qui allait me demander d'être son témoin.
Alors qu'ils vivent un premier amour infini, moi, je vis d'amour hasardeux. Je teste, je tâtonne, je sais ce que je veux et ce que je ne veux pas.
Enfin, je pensais le savoir car cette année, une personne va décider de remettre tous mes plans en question, alors que jusqu'à présent, ma vie était plutôt stable sur le plan sentimental. Avec Hugo on ne se prend pas la tête. Nous avons une relation arrangeante pour tous les deux. Cependant, ce n'est pas lui qui sera mon plus un pour le mariage de mes meilleurs amis.
Ce sera le rôle de Raphaël, mon associé et ami proche. Le fait que nous ayons eu une relation de quatre ans ne change rien à nos relations professionnels et personnels. En plus il s'entend très bien avec Siméon et Maeva. Le problème est que ces derniers me cachent quelque chose. Je ne le sais pas encore mais le passé risque de me rattraper.
Et comme le dirais Taylor Alison Swift, « Are you ready for it ? »
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