🇫🇷 ⊹. CHAPITRE 4. | Rien de commun.


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Tout va bien,
je n'arrive pas à choisir, ce n'est rien.

Sur les trottoirs blancs,
je respire.

Entre les deux j'me balance,
devant l'absence d'évidence.

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Deux semaines s'écoulèrent. Ou peut-être trois. Federico ne le savait pas avec précision, après avoir perdu le compte des jours qui l'avaient porté à la moitié du mois de Novembre.

Le froid s'était peu à peu insinué autour de lui, au point qu'il ne pouvait pas s'empêcher de sortir sans porter un manteau au dessus de plusieurs épaisseurs.

La situation de se lèvres constamment craquelées empirait lors de ces mois particulièrement froids, et l'italien refusait catégoriquement de mettre du baume ou n'importe quel remède qui puisse aider la peau délicate de ses lèvres à se ressouder.

Il avait encore plus de difficultés à se lever le matin et sortir de ses draps chauds, au point qu'il avait décidé de sacrifier son petit déjeuner et paramétrer son réveil à 6 heures, pour avoir ainsi une demi-heure de plus pour dormir.

Évidemment, il ne pouvait pas faire de même avec ses études. Car une fois passés les mois les plus froids, vers fin Février, il aurait dû passer un examen universitaire pour pouvoir continuer ses études jusqu'à Juin et décider ensuite si s'arrêter ou continuer encore 2 ans.

À l'exception de cette petite modification de sa routine, tout le reste de la vie de Federico restait identique, pour pas qu'il ne perde les quelques repaires qu'il s'était créé à lui tout seul.

Il traînait toujours dans son université ou aux alentours, plus particulièrement dans la bibliothèque près de l'établissement, qui permettait aux étudiants d'avoir des espaces où pouvoir étudier en toute tranquillité.

L'italien appréciait écouter de la musique quand il étudiait, mais il y avait des fois où il n'était pas contre un peu de repos pour ses oreilles et son esprit, qui parfois se vidait de toute chose superficielle lorsqu'il arrivait à se concentrer sur ce qu'il lisait.

Federico était proprement ce qu'on pouvait appeler un asocial. Introverti, il ne parlait avec presque personne, même pas avec les étudiants qui fréquentaient les mêmes cours universitaires que lui.

Une partie de lui avait devait avoir développé un vrai refus pour le monde extérieur, par peur de s'attacher à quelqu'un qui aurait fini par partir d'une manière ou d'une autre.

Il réussissait à se fondre entièrement dans la masse comme un de ses personnages non jouant, appelés NPC, dans les différents jeux vidéos qu'il adorait lorsqu'il était encore un gamin.

À part de sa famille et certains de ses amis d'enfance qui habitaient encore à Gênes, personne ne semblait savoir qui il était, et ça lui convenait parfaitement, puisque lui-même ne faisait pas d'efforts pour se souvenir des prénoms ou des visages de ceux qu'il croisait.

Il s'agissait de quelque chose qui allait totalement en contraste avec ses rêves d'enfants, son souhait de devenir un footballeur renommé et connu au niveau européen et mondiale.

La seule chose qui le liait encore à une pseudo-célébrité était son nom de famille, « Chiesa ». Une église si on voyait la signification littéraire en italien, et une grande star du foot si on voyait un peu au delà.

À chaque fois qu'il devait se présenter, contre son propre gré, les présents murmuraient entre eux, surpris de se trouver à contact avec celui qui aurait pû être l'héritier du grand Enrico Chiesa, qui avait eut la possibilité de débuter une grande carrière.

Le brun avait toujours pensé que, si un passage temporel lui avait permis de parler avec le lui du passé, le petit Federico qui rêvait encore de devenir footballeur, celui-ci n'aurait pas cru à ce qu'il était devenu.

La seule chose qu'il avait hérité de son père à présent, au delà du nom de famille et de la couleur de ses cheveux, était la forme de ses yeux. De la même couleur, et avec le même regard doux avec une pointe d'innocence.

Le brun se maudissait pour ça, car il avait souvent vu sa mère être émue lorsqu'elle le regardait dans les yeux, avec le souvenir de son mari défunt visible à travers les yeux couleur chocolat de son fils aîné.

Ce même fils qui avait décidé de quitter sa ville natale pour entreprendre une vie loin de tous ceux qu'il aimait, à cause d'un passé qui semblait le tourmenter sans relâche.


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Tout va bien,
je n'arrive pas à dormir, ce n'est rien.

Je laisse aller et venir,
un jour sur deux et j'm'en balance.

Toujours plus vite à contre sens,
c'est sans importance.

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Chez lui, Federico était en quelques sortes plus libre, même si son attitude ne changeait pas de manière abyssale par rapport à lorsqu'il était en contact avec le monde extérieur.

Lorsque ses cours universitaires se terminaient plus tôt, il rentrait en fin d'après-midi et en profitait pour passer faire les courses dans son supermarché habituel, où il se procurait de quoi pouvoir survivre au moins une semaine.

Il étudiait dans son coin sur son bureau tout près de son lit, dans sa petite chambre qui avait toujours le même décor simple et presque minimaliste depuis qu'il y avait emménagé, il y a 3 ans.

Son petit appartement était son cocon, accueillant et bâti exprès pour lui lorsque parfois il avait besoin de se renfermer encore plus sur lui-même, en s'éloignant de tout.

C'était tout ce dont il avait besoin, quelque chose de simple avec quelques repères qui lui empêchaient ainsi de sombrer totalement dans le néant, dans une ville qu'il avait appris à connaître avec le temps.

Malgré ses journées entièrement occupées par ses cours, Federico avait eut de nombreuses occasions de visiter la ville où il habitait depuis quelques années, une des plus belles et développées du nord de l'Italie.

La capitale de la région du Piémont, nichée aux pieds des Alpes, était élégante d'une manière que l'italien appréciait particulièrement, un mélange entre antiquité et modernité.

Sa destination n'avait pas été choisie au hasard. Au delà de l'avantage d'avoir l'université pour ses études de psychologie, Federico avait la chance d'habiter à présent dans une métropole qui le reflétait parfaitement.

Turin était une ville ordonnée, avec ses larges avenues et les arbres longilignes qui décoraient les bordures des places monumentales, en plus des arcades élégantes et des témoignages de son passé royal.

En dehors de la fenêtre de son appartement, l'italien pouvait apercevoir la Mole Antonelliana, la structure emblématique de la ville, et il avait eut la chance de trouver du temps pour visiter tous les nombreux musées de la ville.

Se balader dans les allées silencieuses et parfois assez peuplées des galeries d'art permettait à Federico de se relaxer, même si il n'arrivait jamais à lire toutes les didascalies des œuvres qui y étaient conservées.

Son cerveau n'arrivait jamais à se vider totalement comme il le souhaitait. Malgré la musique, malgré le silence, malgré sa concentration, une partie de ses pensées restait toujours focalisée sur ce qu'il avait laissé derrière lui.

Et depuis quelques semaines, un autre élément avait rejoint les nombreuses traces de son passé qu'il cherchait encore et toujours à masquer dans sa tête.

Car à chaque fois qu'il levait la tête vers la voûte céleste sombre, lors de son moment favori de la journée, Federico ne pouvait pas s'empêcher de repenser à cet inconnu croisé sur le bus.

Il ne l'avait pas revu depuis. Ni le jour d'après, ni ceux qui avaient suivi, ni à présent. Il s'était retrouvé à chaque fois seul dans le bus, ce qui était la normalité avant que celui-ci fasse son apparition, ce soir du 25 Octobre.

Son anniversaire avait été marqué par cette rencontre soudaine, avec un échange de quelques phrases presque sans intérêt, mais qui avaient profondément marqué Federico, qui n'arrivait pas à se défaire de ce souvenir.

Il ne l'avait pas réalisé immédiatement, mais cette rencontre aurait probablement pû faire part des nombreux regrets qu'il pouvait compter dans sa vie. Car ce jeune homme a l'attitude initialement aigrie avait été le seul qui était resté imprimé dans son esprit.

Et cela n'arrivait jamais. Car Federico s'enfermait tellement dans sa bulle qu'il en oubliait presque les visages et les noms de gens qu'il croisait presque tous les jours à l'université.

Il ne se souvenait pas de l'identité de cette fille qui lui avait adressé la parole à la bibliothèque, en lui disant qu'elle le trouvait particulièrement mignon, et à laquelle il avait parlé par message pendant quelques jours avant de disparaître.

Il ne se souvenait pas de la tête de ce vieil homme qui avait voulu passer devant lui dans la queue au supermarché, et qui lui avait crié dessus lorsque Federico lui avait poliment fait remarquer qu'il lui était passé devant.

Il ne se souvenait pas du nom de ce professeur universitaire particulièrement gentil qui l'avait aidé à trouver sa classe lorsque de nouveaux cours avaient été ajoutés au début de l'année.

Pourtant, il se souvenait de chaque détail de ce jour, et de chaque trait de ce jeune homme serbe à qui il avait donné son nom, et qu'il n'allait sûrement plus jamais revoir.

Car la vie avait décidé de lui accorder cette malédiction, celle de garder imprimés dans sa tête que les moments qui lui auraient permis d'avoir des regrets.


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Quoi ? Je voudrais juste vivre ma vie,
sans avoir à penser au lendemain.

Ne plus jouer la comédie,
peut être n'avons-nous rien de commun.

Quoi ? Vivre ma vie,
selon l'humeur selon l'heure et le temps.

Selon l'envie,
ne pas me rendre là où l'on m'attend.

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