🇫🇷 ⊹. CHAPITRE 14. | Sweather Weather.

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And all I am is a man,
I want the world in my hands.

I hate the beach but I stand
in California with my toes in the sand.

Use the sleeves of my sweater,
let's have an adventure.

Head in the clouds but my gravity centered,
touch my neck and I'll touch yours.

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Ils avaient décidé de passer le réveillon de Noël ensemble. Juste tous les deux, chez Dušan, pour profiter malgré tout de cette fête durant laquelle ils auraient dû sinon rester chacun confiné chez soi.

Federico avait accepté sans hésitation lorsque le serbe le lui avait proposé alors qu'ils rentraient en bus après avoir vu le ciel s'assombrir entièrement au dessus des toits de la ville de Turin, depuis l'église de « Santa Maria al Monte ».

Ce soir-là, ils avaient fait un morceau de la route ensemble avant que l'italien de descende à l'arrêt près de chez lui, après qu'ils se soient échangés une briève accolade au moment de se séparer.

Le brun était convaincu que cette soirée allait rester imprimée dans sa mémoire pour l'éternité. Il ne s'était rien passé de plus, ils avaient juste profité de l'apaisant silence de ce point de la ville pour regarder le paysage, cette œuvre d'art face à leurs yeux.

Les pensées incessantes de Federico s'étaient tues, sans venir l'envahir alors qu'il profitait de ce moment échangé en toute simplicité avec le plus grand, qui avec sa présence avait le pouvoir d'apaiser l'italien.

Celui-ci avait toujours bien évidemment cette angoisse omniprésente et la peur de faire quelque chose qui puisse faire fuir le plus grand, mais ce dernier ne le quittait jamais, et sa présence dans sa vie était devenue une valeur sûre.

Quelque chose à quoi s'accrocher, comme l'avaient été ses études et sa routine monotone. La seule différence était que avec Dušan, il se sentait bien. Le serbe n'hésitait pas à lui écrire en premier ou à lui proposer des choses à faire ensemble.

Le plus petit s'était questionné concernant cela, car comme à chaque fois il n'était jamais capable de faire le premier pas, et il craignait que le serbe puisse peut-être croire qu'il s'était lassé de sa compagnie.

Cependant, il était convaincu que Dušan savait que ce n'était pas le cas, car le sourire qui prenait place sur le visage de Federico quand ils étaient ensemble n'avait aucun égal.

Le cœur de l'italien continuait cependant à abriter un sentiment différent, quelque chose de plus, qui n'aurait pas tardé un jour ou l'autre à faire son apparition sans avertir, en risquant de tout ruiner. Et il aurait tout fait pour que cela n'arrive pas.

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Oh, she knows what I think about,
and what I think about.

One love, two mouths,
one love, one house.

No shirt, no blouse,
just us, you find out.

Nothing that I wouldn't wanna
tell you about, no.

'Cause it's too cold,
for you here.

And now, so let me hold,
both your hands in the holes of my sweater.

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Il faisait déjà nuit, et Federico attendait devant le bâtiment dans la rue que lui avait indiqué Dušan en lui envoyant l'adresse sur Instagram, il y a quelques heures.

Le ciel sombre au dessus de sa tête lui rappelait constamment combien la pénombre pouvait être apaisante pour lui, avec ces quelques étoiles qui brillaient comme pour lui donner une raison de rester dehors dans le froid.

Le 24 Décembre était un jour où toutes les familles se réunississaient ensemble autour de la même table, pour manger et s'échanger des cadeaux lors de ce jour spécial qu'était le réveillon.

L'italien l'aurait sans aucun doute fêté tout seul si il n'avait pas reçu l'invitation du serbe, ces quelques jours à l'avance, et qui lui avait permis d'utiliser l'argent qu'il de côté pour acheter un cadeau pour celui qui l'avait invité chez lui.

Le brun portait d'ailleurs un sac en papier rouge confectionné avec un petit ruban, avec dedans ce qu'il avait acheté pour y offrir à son ami, dans l'espoir que malgré sa simplicité, cela puisse lui plaire.

Federico était départagé entre l'excitation à l'idée de passer cette fête, pour la première fois depuis des années, avec un ami, et la légère angoisse de réussir d'une manière ou d'une autre à tout gâcher.

C'est pour cela qu'il attendait dans le froid, depuis dix bonnes minutes, devant la liste des résidents dans le bâtiment avec à côté le bouton pour cliquer sur l'interphone.

Son regard était rivé sur un nom de famille en particulier, parmi une dizaines d'italiens. « Vlahović ». Il n'avait jamais réfléchi à combien ces trois syllabes pouvaient être agréables à entendre, surtout si associées au prénom de Dušan.

Federico, vêtu bien évidemment de sa veste accompagnée de l'écharpe blanche que lui avait offert sa mère, resta encore quelques instants à fixer l'interphone près de la porte, avant de finalement se décider à cliquer près du nom de famille du serbe.

Il était 20 heures du soir, le vent froid soufflait fort comme si il cherchait à s'insinuer dans chaque espace vide, mais le cœur de l'italien ne tarda pas à se réchauffer à peine il entendit la voix du plus grand à travers de l'interphone lorsqu'il demanda de qui s'agissait-il.

« C'est Fede. » Fit l'italien en s'approchant légèrement de la porte, à temps pour voir celle-ci se débloquer avec un clic, signe que Dušan n'avait pas attendu un instant pour lui ouvrir.

Le brun avança pour rentrer dans le bâtiment, et il referma la grande porte derrière lui, avec un bruit sourd qui le fit sursauter. Il commença ensuite à monter les escaliers, en posant un pied après l'autre sur les larges marches.

Ses pas le guidèrent jusqu'au deuxième étage que lui avait indiqué Dušan dans son message, et il n'eut pas besoin de se souvenir du numéro de la porte car le serbe l'attendait déjà sur le pied de celle-ci, vêtu d'un simple survêtement noir avec un haut de la même couleur avec des pantoufles blanches.

Federico vit ses yeux s'illuminer à peine leurs regards se croisèrent, signe qu'il était heureux de le voir.

« Joyeux réveillon Fede ! » Fit le plus grand avec un large sourire à peine le plus petit le rejoignit devant l'entrée de son appartement, tout en ouvrant à peine les bras pour l'accueillir.

« Joyeux réveillon Dušan. » Lui répondit le brun en lui rendant son sourire et en s'approchant pour laisser le serbe le prendre dans ses bras le temps d'un instant, pour se saluer, avant qu'ils ne se séparent.

« Fais comme si tu étais chez toi. » Fit Dušan en se décalant pour le laisser passer, alors qu'avec un signe du bras il l'invitait à entrer dans son appartement.

Federico s'empressa d'avancer pour laisser Dušan refermer la porte derrière lui, alors qu'il contemplait avec un œil curieux le lieux où son ami habitait, qu'il voyait pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient.

La décoration de l'appartement du serbe reflétait parfaitement sa personnalité et son être en général. Ce n'était ni minimaliste, ni trop décoré, avec des couleurs qui tendaient vers le noir et les nuances sombres, sans pourtant apparaître trop sobre.

Les meubles étaient d'un bois très foncé, mais les murs blancs créaient un joli contraste mis en évidence également par les portes plus sombres, et quelques détails qui rendaient la décoration unique.

Il y avait quelques photos de familles sur le meuble de la télé, auxquelles Federico se promit d'aller jeter discrètement un coup d'œil plus tard, et les murs étaient décorés avec des cadres, dont certains évidemment représentant la Juventus.

L'italien laissa son regard s'attarder un instant sur ceux-ci, avant de détourner la tête pour se concentrer sur les quelques motifs définis autour des deux grandes fenêtres qui donnaient sur les rues de Turin, dans le salon.

« Tu veux me donner ton manteau ? J'ai mit le chauffage, donc il devrait faire plus chaud qu'à l'extérieur. Ou du moins, j'espère ! » Fit Dušan avec un petit sourire, en tirant le plus petit hors de ses pensées.

« Oh, oui. Désolé. J'aime trop comment il est décoré, ton appartement. » Commenta Federico en se dépêchant denlever son manteau et son écharpe pour les donner au serbe, en dévoilant son pull couleur crème avec un col roulé.

« Tu dis ? Merci beaucoup en tout cas, je suis content que ça te plaise. » Répondit le plus grand en accrochant le manteau de Federico près des siens, avant de se décaler à peine pour se diriger vers la cuisine.

Federico remarqua pas son départ initialement, puisqu'il se pencha immédiatement pour enlever ses chaussures, mais il s'en rendit compte uniquement lorsque Dušan revint avec un petit paquet emballé dans du papier doré.

« Cadeau ! » Fit le plus grand avec un petit sourire tout en tendant le paquet à l'italien, qui se releva et déplaça son regard de l'objet à son ami avec un regard sincèrement surpris.

« Dušan ! Merci... mais tu ne devais pas dépenser ton argent pour moi. Tu l'as déjà fait une fois, c'est trop. » Chercha de protester Federico, avant de se retrouver avec le paquet dans les mains sans pouvoir refuser.

« C'est mon argent, je fais ce que je veux. » Lui répondit Dušan avec un air désinvolte mélangé à de l'amusement, tout en croisant les bras comme pour vouloir défier l'italien à contre-attaquer.

« Et bien si c'est comme ça... moi aussi j'ai un truc pour toi. » Fit ce dernier en se penchant un instant pour récupérer le petit sac qu'il avait un instant posé au sol, pour ensuite le tendre à son ami.

Ce dernier laissa les coins de sa bouche s'étirer à peine en un sourire, avec un air pouvant être rapproché à celui d'un gamin presque impatient de savoir ce qui se cache dans son cadeau.

« Oh, je suis gâté ! Merci Fede. Si le Père Noël te ressemble, alors je veux bien te laisser manger tous les biscuits que j'ai dans ma cuisine. » S'exclama le serbe en prenant le petit sac entre ses mains, avec un air curieux.

Federico esquissa un sourire, alors qu'il gardait le paquet que lui avait donné Dušan serré dans ses mains, sans donner signe de vouloir le lâcher un instant. Rien que le faite que ce soit de sa part rendait instantanément son contenu magique.

« En parlant de cuisine... j'ai préparé à manger. Mais je veux d'abord ouvrir le cadeau. Viens ! » Fit le plus grand en lui adressant un énième sourire avant de se diriger vers le canapé où il s'assit avec le petit sac dans les mains.

Federico prit place près de Dušan, en regardant celui-ci commencer à lentement ouvrir le paquet, en enlevant les agrafes jusqu'à dévoiler la petite boîte blanche qui y était contenue.

Le serbe la tint un instant dans ses mains avant de défaire le ruban et de l'ouvrir à l'aide de deux doigts pour dévoiler ce qui était à l'intérieur. Il s'agissait d'un collier d'une teinte argentée brillante, avec une chaîne assez épaisse et un pendentif en forme de « D ».

« J'espère qu'il te plaît. Je ne savais pas si tu étais le genre de gars à aimer les bijoux comme ça, mais quand je l'ai vu je me suis dit qu'il t'irait bien... » Commença Federico d'une voix hésitante, en cherchant à analyser tant bien que mal l'expression sur le visage de son ami.

« Fede ! Il est magnifique, je l'adore. Merci infiniment. » Fit ce dernier avec un large sourire alors qu'il sortait le collier pour se le passer autour du cou, en laissant le pendentif retomber sur sa poitrine, au niveau de son cœur.

« Je suis content si il te plaît. » Répondit timidement l'italien en affichant à son tour un petit sourire, alors que Dušan resdressait sa tête vers lui pour lui adresser le même regard que quand il lui avait donné le paquet.

« À ton tour maintenant. » Fit-il en pointant d'un signe du menton ce que Federico tenait encore dans les mains, avec le papier doré renvoyant le reflet de la lumière chaude du salon.

L'italien retourna un instant le paquet dans ses mains, avant de commencer à délicatement ôter le papier cadeau pour ne pas le déchirer et ensuite pouvoir le conserver avec un tas de petites autres choses qu'il gardait grâce aux souvenirs qui y étaient liés.

Une fois ôté le papier cadeau, il se retrouva avec dans les mains une petite boîte longiligne, qu'il sempressa d'ouvrir pour dévoiler un magnifique stylo à plume conservé sur un petit coussin couleur bordeaux.

Federico ouvrit à peine la bouche, ébahi, en prenant délicatement le stylo pour le retourner entre ses doigts. Il était d'un noir ébène brillant avec quelques motifs dorés en forme de feuilles.

« J'ai pensé que comme ça je pourrais être avec toi même à l'université, quand tu prends tes notes. » Fit Dušan en souriant face à l'expression de stupeur affichée sur le visage du plus petit.

Celui-ci redressa à peine la tête pour que son regard puisse croiser celui du plus grand, assis près de lui. Il avait envie de lui sauter au cou comme un gamin jusqu'à ce qu'ils basculent tous les deux sur le canapé.

Il ne se souvenait pas d'avoir déjà parlé à Dušan de son envie d'un jour essayer d'écrire avec un stylo à plume. Peut-être il ne l'avait jamais fait, et il s'agissait juste d'une ultérieure confirmation du faite qu'ils n'avaient pas besoin de mots pour communiquer.

« Dušan... je suis sans mots vraiment. Merci. Merci vraiment. Tu es un fou. » Bégaya presque Federico, en s'efforçant de ne pas trop sautiller sur le canapé, et en s'approchant à peine pour pouvoir serrer le serbe dans ses bras.

Celui-ci laissa échapper un rictus en le serrant à peine contre lui et en le laissant se blottir dans ses bras. Ils se séparérent un instant après lorsque l'italien recula à peine, par peur d'être une nouvelle fois trop collant.

« Mais il n'y a pas de quoi. Je suis content que ça te plaise. On va manger notre repas de Noël ? » Proposa-t-il en lui souriant d'un air doux, tout en se redressant à peine sur le canapé.

Federico lui rendit son sourire, moins timidement qu'auparavant, en hochant la tête et en se levant pour suivre le plus âgé lorsque celui-ci se redressa en se dirigeant vers la cuisine.

Leur soirée venait de débuter, mais elle était déjà le réveillon de Noël préféré du plus petit depuis qu'il était arrivé à Turin, cette ville qui lui avait offert tant de choses y compris l'homme qui pouvait peut-être être la pièce manquante du puzzle de sa vie.

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And if I may just take your breath away,
I don't mind if there's not much to say.

Sometimes the silence guides a mind,
to move to a place so far away.

The goosebumps start to raise,
the minute that my left hand meets your waist.

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Leur soirée de Noël se déroula en toute tranquillité, dans une atmosphère apaisante que Federico n'avait pas vécu depuis qu'il avait quitté Gênes cet été après avoir passé trois mois avec sa famille.

Cela lui était arrivé très peu de fois, de pouvoir se sentir réellement à sa place, n'importe où. Même à l'université, alors qu'il restait dans son coin, il avait l'impression d'être hors place et tellement différent de ceux qui l'entouraient.

Depuis qu'il connaissait Dušan, grâce à tous les messages qu'ils s'étaient échangés et les sorties qu'ils avaient fait ensemble, Federico s'était toujours senti à l'aise, comme si il avait trouvé sa place dans le monde, aux côtés du plus grand.

Ils avaient mangé ensemble les pâtes au pesto préparées par celui-ci, et l'italien n'avait pas arrêté de le complimenter. Ce qu'il avait mangé était milles fois meilleur que les nouilles près-confectionnées qu'il mangeait souvent le soir.

Leur repas de Noël s'était composé donc de ce plat de pâtes et de deux steck hachés que Dušan avait préparé sur le moment, lorsqu'ils avaient eut un petit creux juste après avoir mangé le premier plat.

À table, ils avaient une nouvelle fois parlé de tout et n'importe quoi, en riant et plaisantant ensemble et en abordant également des sujets plus sérieux et profonds.

Federico appréciait la manière dont ils arrivaient à parler absolument de tout, sans éprouver aucune gêne à faire part de leurs ressentis sur un argument particulier. Il savait que dans tous les cas, il n'y aurait eut aucun jugement entre eux.

Dans les nombreux sujets de leurs discussions, cependant, il n'y avait jamais eut le football. Le brun se sentait en partie coupable, car il imaginait que Dušan devait mourir d'envie de pouvoir parler de celle qui semblait être sa passion principale.

Une partie de lui lui disait qu'il aurait dû essayer d'aborder l'argument avec tout le courage qu'il avait dans le corps. Car peut-être que un jour il aurait réussi à lier ce sujet à un souvenir plus joyeux. Un jour.

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And then I watch
your face.

Put my finger on your tongue,
'cause you love to taste, yeah.

These hearts adore,
everyone the other beats hardest for.

Inside this place is warm,
outside it starts to pour.

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« Ça te dérange si je fume ? » Demanda Dušan vers 23h30, lorsqu'il eut fini de déposer leurs assiettes dans l'évier, en remettant probablement cette tâche à plus tard, lorsque Federico serait parti.

« C'est ton appartement Dušan, tu peux faire ce que tu veux. » Lui rappela Federico avec un petit sourire, avant de se raviser en remarqant la note taquine qu'avait pris involontairement sa voix.

Le serbe ne sembla pas le remarquer pourtant, car il s'empressa d'aller récupérer un parquet de cigarettes posé sur un meuble près de l'entrée, avant de revenir dans la cuisine ou Federico s'était assis à la table.

« J'ouvre la fenêtre, en espérant que le froid ne te dérange pas. » Fit le plus grand en sortant une cigarette avant de poser le paquet sur la table en s'approchant de l'assez grande fenêtre qu'il y avait près du comptoir.

Le regard de Federico s'attarda un instant sur le paquet, en silence. Il n'avait jamais essayé de fumer, car l'odeur de la fumée l'avait toujours dérangé, au point qu'il n'arrivait pas à s'imaginer inhaler cette substance.

Il se retourna un instant sur la chaise où il était assis au moment où le serbe ouvrit la fenêtre, et qu'un élan d'air froid entra dans la pièce avant de se dissiper peu à peu.

Le plus petit réajusta un instant son col roulé, avant de laisser son regard se poser sur le ciel sombre visible à travers la fenêtre ouverte. De où il était, il n'arrivait pas à voir grand choses, à part les quelques lumières artificielles des réverbères.

Dušan s'était mis debout près de la fenêtre ouverte, en s'appuyant légèrement au comptoir de la cuisine, alors qu'il prenait sa cigarette entre ses lèvres et qu'il levait le briquet vers celle-ci.

Federico garda son regard discrètement rivé sur son ami alors que celui-ci allumait sa cigarette, d'un geste extrêmement fascinant qui semblait lui conférer une allure presque élégante, avec sa mâchoire parfaitement linéaire qui délimitait son profil hypnotisant.

L'italien le regarda reposer le briquet sur le comptoir, avant qu'il ne se décolle de celui-ci pour rester totalement debout face à la fenêtre ouverte, dos à Federico, alors qu'il commençait à fumer en toute tranquillité.

Le brun hésita un instant, avant de décider de se lever pour s'approcher de Dušan et s'appuyant à peine contre la fenêtre, de manière à pouvoir avoir une vue complète sur le paysage visible.

Le serbe lui adressa un regard en coulisses, alors qu'il ôtait un instant la cigarette de ses lèvres en la tenant entre deux doigts, en laissant un nuage de fumée s'échapper de sa bouche.

Federico balaya du regard ce qu'il pouvait voir de là où il était. Les hauts bâtiments où presque toutes les fenêtres étaient illuminées, les routes parsemées de réverbères, et enfin le ciel sombre au dessus de leurs têtes.

L'italien ne se serait jamais lassé de contempler la voûte céleste noire, avec quelques étoiles argentées qui brillaient comme si il s'agissait des étincelles visibles de temps en temps au creux des iris de Dušan.

« Tu sais... depuis qu'on s'est rencontrés, je n'ai jamais arrêté de faire le rapprochement entre tes yeux et le ciel de Turin à minuit. » Fit Federico d'une petite voix, possédé par un courage dont il ne savait même pas d'être capable.

Le serbe, qui n'avait pas détourné le regard, lui adressa un air légèrement surpris. Il rapporta la cigarette à ses lèvres pour fumer un autre coup alors qu'il fixait la silhouette de l'italien qui avait les avant-bras posés sur le rebord de la fenêtre près de lui.

« J'aime la nuit. Il y a quelque chose d'extrêmement apaisant dans l'idée qu'un jour vient de se conclure, et qu'il y a toujours la possibilité de se renouveler le landemin. » Continua le brun sur le même ton, avec le regard rivé vers le ciel étoilé.

« Et qu'est-ce que tu voudrais faire, dans un possible landemin ? » Lui demanda Dušan en décalant un instant sa cigarette et en acceptant ainsi de rentrer dans le délire philosophique du plus petit.

« Je sais pas. Peut-être réussir à rendre fiers ceux que j'aime. À m'améliorer d'une certaine façon. Ou simplement à trouver la motivation pour arriver jusqu'à la fin de l'hiver. » Répondit Federico avec un petit sourire triste, en tournant la tête vers le plus grand.

« À t'améliorer ? Moi je te trouve déjà parfait comme ça. » Fit ce dernier avec une désinvolture qui toucha particulièrement le brun, au point qu'il dut détourner la tête à cause du léger rougissement sur ses joues.

L'odeur de l'épaisse fumée grise des cigarettes ne semblait pas le déranger tant que ça dans cette situation, car elle se dissipait immédiatement dans l'air froid. Il profitait juste de la proximité avec Dušan, sans prêter attention à la fumée ou à l'air gelé qui pénétrait dans la pièce depuis la fenêtre ouverte à laquelle ils étaient.

L'ambiance était différente à présent, toujours chaleureuse comme quand ils avaient mangé et ri tous les deux à la table, mais avec une pointe de tension qui tordait l'estomac de Federico sans qu'il réussisse à y trouver une explication logique, en plus du battement accéléré de son cœur.

« Peut-être que je devrais réussir à faire le tri dans mes ressentis. Pour réussir à comprendre ce que j'éprouve réellement. Toi comment tu fais à savoir quoi faire dans ces cas ? » Fit l'italien en relevant finalement les yeux vers le plus grand, qui le regardait déjà.

« Je ne sais pas, justement. Pour vérifier parfois je me dis que je dois juste me lancer, agir, sans réfléchir, et voir ce que ça donne. » Lui répondit ce dernier en esquissant un sourire, qui fit augmenter le battement du cœur du plus petit.

« Et comment est-ce que tu fais ? » Demanda Federico après avoir déglutit lourdement, d'une voix qui ne semblait même plus lui appartenir, car guidée uniquement par le manque de bon sens de son cœur.

Cependant, à présent il n'y avait pas de moyen de retourner en arrière. Il n'aurait même pas voulu le faire en réalité, ni s'obliger à avoir un mouvement de recul lorsque Dušan posa délicatement sa cigarette sur le cendrier près de la fenêtre, en se tournant vers lui.

Federico se redressa à peine pour rester à son tour debout près de la fenêtre et ainsi faire face au serbe qui avait à peine penché la tête pour laisser leurs regards rester ancrés. Le cœur de l'italien semblait avoir cessé de battre, à présent, et il avait l'impression d'être ancré sur place.

Le temps s'était figé, désormais. Et sa tête semblait être ailleurs, avec son esprit plongé dans la noirceur des iris sombres de Dušan. Il s'y perdit, avec l'impression de plus pouvoir en sortir, jusqu'à l'instant où leurs lèvres entrèrent en contact.

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One love, two mouths,
one love, one house.

No shirt, no blouse,
just us, you find out.

Nothing that I wouldn't wanna
tell you about, no, no, no.

'Cause it's too cold,
for you here.

And now, so let me hold,
both your hands in the holes of my sweater.

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