xii ; first look

FLUFF ; 1442 MOTS

Jisung était en train de débiter environ 300 mots à la minute quand il manqua une marche et failli dévaler le reste des escaliers. Heureusement, Hyunjin trottinait à ses cotés ; alors, il put glisser un bras autour de sa taille et le retenir dans sa presque chute. Minho, quelques marches plus haut et trois verres de vin rouge dans le nez se mit à ricaner.

« Ça sert à rien de courir. Il va pas s'enfuir. » s'amusa-t-il tandis que les deux autres l'assassinaient déjà de leurs yeux maquillés pour l'occasion.

Jisung, le coeur au bord des lèvres, sentit des larmes lui monter aux yeux et son cerveau lui sortir par les oreilles.

« Qu'est ce que t'en sais ? » il poussa Hyunjin d'un coup d'épaule et leva les bras en l'air, comme si il était un acteur de théâtre et se devait de prouver son désarroi par de grands gestes « Si ça se trouve, il a déserté et je vais me retrouver comme un con en bas à attendre tout seul. »

Hyunjin, après avoir épousseté ses cuisses et ajusté les manches de sa chemise, glissa une main au bas du dos de son ami stressé avant de l'intimer à continuer sa descente des marches. Ce que Jisung fit, bien qu'à contre coeur, après avoir de nouveau tourné le dos à Minho.

« Si c'était le cas, Seungmin nous aurait déjà appelé » raisonna-t-il en suivant ses amis.
- Puis, de toute façon, il ferait jamais ça. C'est pas son genre » ajouta Hyunjin alors qu'ils foulaient enfin le tapis du rez-de-chaussée.

À l'entente de ces mots, Jisung lui lança un regard indigné et Hyunjin crut qu'il allait bel et bien se mettre à pleurer. Une grande panique pris possession des traits de son visage alors qu'il ouvrait et fermait la bouche comme un poisson rouge dans un bocal trop petit. Le grand noiraud cherchait quoi dire, quoi faire pour éviter que son meilleur ami fasse couler des torrents de larmes — surtout pas aujourd'hui et pas maintenant.

« Tu pourrais au moins dire que c'est parce qu'il m'aime ! » geignit Jisung, de fins trémolos secouant sa voix légèrement enrouée par l'appréhension qui faisait frétiller son corps.

Hyunjin poussa un souffle qu'il avait retenu sans se rendre compte et son pouls affolé cessa de battre dans ses tempes brûlantes. Minho sauta de la dernière marche pour atterrir sur le tapis aux grandes arabesques criardes et déambula jusqu'à la paire. D'un geste fluide, il passa un bras autour des épaules de Jisung puis, il l'attira à lui. Jisung pouvait sentir l'alcool dans sa respiration. Il se dit qu'il n'aurait pas dû autoriser son ami à boire dès dix heures du matin.

« Bien sûr qu'il t'aime. Tu serais pas là aujourd'hui si c'était pas le cas, crois moi. » s'enquit-il.

Ça ne rassura pas vraiment Jisung mais il décida qu'il en avait assez fait pour aujourd'hui. Il voyait bien qu'il stressait Hyunjin, et ce, même s'il essayait de le dissimuler. Hyunjin était bon acteur mais il ne pouvait rien cacher à Jisung, ce qui lui avait d'ailleurs porté préjudice maintes et maintes fois.

Il voulut dire quelque chose ; remercier ses amis peut être ou bien leur demander de quoi il avait l'air même si il avait déjà posé cette question environ quarante fois au fil des dernières heures. Mais Minho l'en empêcha. L'aîné lâcha la prise qu'il avait autour de sa nuque et glissa ses paumes par dessus ses yeux (en prenant soin d'éviter de gâcher le maquillage que l'artiste avait réalisé peu de temps auparavant).

« Aller, on y va ! » s'écria-t-il, jovial.

Privé de la vue, Jisung sentit ses autres sens s'aiguiser. Son coeur se mit à s'emballer, ses mains se recouvrèrent d'une fine pellicule de sueur et il se demanda si il avait aspergé assez de parfum au gré de son torse. Il entendit les pas de Hyunjin sur le tapis, une poignée de porte s'abaisser et le battant grincer alors qu'il s'ouvrait lentement. Minho, pour l'intimer à avancer, planta ses genoux à l'arrière de ses rotules et Jisung manqua de s'étaler sur le parquet qui s'offrait devant lui.

En pénétrant dans la nouvelle pièce, il remarqua d'abord que la luminosité était totalement différente. Le couloir avait été plongé dans une sorte d'obscurité mystérieuse mais, ici et malgré les mains délicatement posées sur son visage, Jisung pouvait deviner la lumière dorée du soleil matinal qui perçait au travers des grandes baies vitrées qu'il avait eu le plaisir d'observer quelques jours plus tôt. Alors que Minho le menait jusqu'à un endroit bien précis, il entendait quelques gloussements s'élever dans l'air, comme timides. Une tension agréable pesait sur sa poitrine, lui donnant le souffle court alors qu'il écoutait les halètements de surprise qui émanaient aux alentours.

Soudain on le fit s'arrêter. Minho souffla contre son oreille de fermer les yeux et Jisung s'exécuta. Les mains quittèrent la surface de sa figure. Puis, la présence de son aîné s'évanouit. Ou plutôt, elle s'éloigna, et Jisung sentit son corps se tendre.

« Tu es là ? » demanda celui qui se tenait debout devant lui.

La voix plus que familière fit trembler les jambes de Jisung. Il pinça les lèvres comme pour s'empêcher de pleurer (encore une fois) et acquiesça. Or, il se rappela que l'autre avait aussi les yeux clos. Alors, il s'éclaircit la gorge avant de prendre la parole.

« Oui, je suis là. »

Son coeur se gonfla tandis qu'un sourire décora sa bouche d'un arc subtil. D'une part, jamais Jisung ne s'était senti aussi anxieux. Mais de l'autre, il n'avait jamais connu un bonheur aussi pur et simple que celui là. Son corps se détendit, lentement mais sûrement, et son vis à vis brisa une seconde fois l'agréable silence.

« Tu es prêt ? »

Jisung sourit un peu plus fort.

« Je suis prêt. »

À l'unisson, comme si ils avaient répété au préalable, les deux jeunes hommes comptèrent jusqu'à trois. Et, doucement, ils ouvrirent les yeux. Ils ne durent même pas chercher le regard de l'autre. Comme un automatisme, leurs iris se captèrent et ils se sourirent mutuellement. Leurs figures rayonnaient de joie tandis que le soleil les embrassait à l'aide de ses rayons tièdes. Ils n'étaient pas seuls, leurs amis proches participant à cet instant magique qu'ils voulaient partager, mais ils ne se voyaient qu'eux deux.

Jisung ne voyait que Felix et Felix ne voyait que Jisung.

Il ne s'intéressaient pas des caméras capturant le moment qu'ils voudraient revoir encore et encore. Jisung laissait ses pupilles glisser du visage doré de celui à qui il allait dire "oui" jusqu'au costume sombre qu'il portait. Felix, quant à lui, ne trouvait même pas la force de regarder ailleurs que vers la figure de sa moitié. Il ne pouvait détourner les yeux. Même si son ensemble trois pièces gris lui allait parfaitement et accentuait joliment sa taille fine, il ne pouvait observer autre chose que la magnificence qui émanait des traits de son visage.

Ce fut lui qui fit le premier pas, d'ailleurs. Felix avança et l'autre l'imita avant de se saisir des mains qu'il tendait. Mais Felix voulait plus. Alors, d'un geste tendre, il attira Jisung à lui avant de l'entourer d'une étreinte délicate. Il enroula ses bras autour de sa silhouette menue comme il l'avait déjà fait des centaines et des milliers de fois. Cependant, aujourd'hui, c'était différent et tous deux le savaient. Leurs amis, présents avec eux lors de ce premier regard un jour de fête, le savaient également.

« Tu es magnifique. dit Felix, rêveur.
- Parle pour toi. » répondit Jisung, tentant de camoufler les émotions qui le submergeaient.

D'ici quelques heures, Jisung et Felix allaient entamer un grand voyage le long d'une route qu'ils n'avaient encore jamais empruntée auparavant. Un chemin auquel ils n'avaient même pas songé avant que l'un pose la question.

« Tu penses quoi du mariage ? » avait dit Jisung, trois ans auparavant.

Felix avait haussé les épaules et répondu qu'il n'en savait trop rien. Qu'il était jeune et qu'il n'y avait pas vraiment pensé jusqu'à maintenant et Jisung avait dit la même chose. Mais au fur et à mesure que le temps passait, que leur couple se renforçait et que les choses évoluaient une évidence avait commencé à se construire. Ils en avaient de nouveau discuté et décidé de le faire.

Felix avait posé la fameuse question une nuit d'automne. Jisung avait accepté et les voilà aujourd'hui un beau matin de printemps : l'un retenant ses pleurs contre le torse de l'autre sous les yeux de leurs amis les plus proches.

Aujourd'hui, leurs doutes envolés et leurs craintes étouffées sous les multiples couvertures de joie qu'ils avaient tricotées au fil des ans passés côte à côte, Jisung et Felix allaient se marier.

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