Pdv de Adélia Fallen.

L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn.

Le vol Exeter et Londres avait été étonnamment long. L'hôtesse avait été aux petits soins avec nous durant le voyage. J'avais du boire à bonne moitié du stock d'eau. J'étais tellement stressée ! À côté de moi, Tristan paraissait extrêmement calme. Il avait mis des lunettes de vue et se mit à lire un énorme dossier avec marquer " AFFAIRE NON CLASSE " en grosses lettres. Depuis ce qui s'était passé, il y a quelques heures, je n'arrivais pas à m'endormir ou même être sereine. J'avais quand même tué quelqu'un. J'avais encore les images du corps inerte de Clarisse par terre dans cette mare de sang. Rien ne pourrait me faire oublier ce que j'avais fait. Je reposais mon verre d'eau sur la table avec précaution.

- Dis moi qui tu es vraiment. Demandais je à Tristan.

Il releva la tête de ses dossiers, un peu décontenancé de ma question. Il reposa les documents et retira ses lunettes.

- Tu as raison de me poser cette question. Je te dois des explications. Je m'appelle Tristan Edgardwel. J'ai été sous les ordres de la famille Styles pendant des décennies en tant que garde du corps.

- Un garde du corps ? Pourtant, ils n'en ont pas vraiment besoin, non.

- A l'époque, ils en avaient vraiment besoin. Adam a toujours été quelqu'un de paranoïaque, surtout envers ses maîtresses. Il savait que l'un de ses fils allait devenir le futur roi des vampires, alors il a engagé des gardes pour protéger toutes ses maîtresses. Elles étaient presque toutes mortelles à par la mère de Niall qui était hybride. Je me suis donc occupé d'Anne, Harry, Ariana et leur frère jusqu'à ce qu'ils grandissent. Ensuite, j'ai suivi Harry discrètement jusqu'à Oxford pour le protéger. Je crois qu'il y est resté 4 ans.

J'avais tellement envie de savoir comment était Harry étant plus jeune, mais je me ravisais. Je voulais savoir qui était vraiment Tristan. Nous allions faire un bout de chemin ensemble et apprendre à vraiment bien le connaître ne me ferait pas de mal.

- J'avais beaucoup d'affection pour ses deux enfants. Ariana était une bonne personne. Il poussa un long soupir. Jusqu'à ce qu'elle change de camp. Quand j'ai appris son " décès ", j'étais à Londres avec Harry. Nous sommes revenus le plus rapidement possibles pour les aider à retrouver Ariana. Nous l'avons tous cherché pendant des heures et le soir même, Harry est revenu le corps de sa soeur dans les bras. Je crois que je me souviendrai toujours de ce moment. C'est à ce moment-là qu'Adam a envoyé tous les gardes qu'il avait pour un long stage dans les Carpates. Il a demandé à tous ses enfants et maîtresses de vivre auprès de lui au moins pour quelque temps.

- Tu as été renvoyé de ton poste ? Pourquoi dans les Carpates ?

- Je n'étais pas renvoyé définitivement. Nous sommes partis en stage pendant presque 10 ans. C'est là-bas qu'est le berceau des vampires. Le premier vampire est né dans ces montagnes. Depuis, beaucoup de membres du Conseil ont élu domicile là-bas pour l'éternité. En tant que garde, j'ai appris des techniques de combat rapproché, d'étude des forces et des faiblesses des vampires mais aussi les différences entre eux.

- Voilà pourquoi tu as reconnus, cette femme.

- Oui. Tu en apprendras beaucoup plus avec Lady Woodley. Cette femme est remarquable.

- Mais quelle sorte de vampire es tu exactement ?

- Je suis un hybride, tout comme toi.

Je l'observais, choquée. Il n'avait rien d'un humain, ni d'un vampire. Il ressemblait plus à une créature sortie de nulle part avec un charme fou. Avant, je n'avais jamais rencontré d'hybride ( enfin pas depuis que j'étais au courant que moi-même j'en étais une). Voyant que je ne répondais pas, il continua :

- Ma mère était une fille de noble grec. Mon père lui siégeait au Conseil depuis bien longtemps. Elle a rencontré mon père lors d'un voyage en Roumanie. C'est seulement à ma naissance qu'elle a découvert que c'était un vampire. Tellement morte de peur, elle est partie en me laissant avec lui. Pendant les 15 premières années de ma vie, j'ai été méprisé par mon père parce que je n'étais pas un vampire. J'étais juste hybride et non le futur héritier de son domaine et il cherchait à tout prix à ce que je prenne sa place au Conseil, sauf que je ne pouvais pas.

- Pourquoi ?

- Pendant longtemps les hybrides n'ont pas été reconnus comme vampires. C'est depuis seulement quelques années que les hybrides sont enfin reconnus.

- Je ne savais pas.

- Lors de mes 16 ans, mon père a kidnappé et torturé par des humains. Un règlement de compte je pense. Lorsque je l'ai retrouvé, il était mourant. Il s'est excusé de m'avoir traité ainsi et m'a dit où vivait ma mère si je voulais la revoir, puis il est mort. Je crois qu'à ce moment là, j'ai souris. J'étais heureux d'être enfin libre et de ne plus regretter ses injures, ses coups et ses sauts d'humeur. J'ai pris mes affaires et je suis parti en direction de la Grèce. En chemin, j'ai rencontré d'autres hybrides et j'ai appris. J'ai appris à me battre, à connaître les autres vampires, à savoir m'en protéger mais aussi à les apprécier. C'est sur la route en direction d'Athènes que j'ai croisé par hasard Lady Woodley dans un bar. Apparemment, elle me connaissait. Il fit une pause et regarda dans le vide, un sourire niais sur le visage. C'était une femme ravissante comme tous les vampires. Elle m'avait appelé à sa table et nous avions discuté. Elle connaissait mes parents. Mon père avait été en quelque sorte un de ses amants de jeunesse. Puis elle m'a annoncé que ma mère était morte, elle aussi.  La maladie l'avait emporté quelques mois plutôt. J'avais fait tout ce chemin pour rien... Il poussa un soupir. C'est là qu'elle m'a proposé de venir avec elle en Écosse. Etant totalement seul, je n'avais pas vraiment le choix. Il s'arrêta et me fixa. Aller chez elle sera bénéfique pour toi, Adélia. Tu deviendra plus forte c'est certain. 
Ravenswest n'est plus un endroit sûr jusqu'au couronnement. Le pouvoir de la couronne n'existe presque plus.

-Qu'est ce que tu veux dire par là ?

- Les pierres précieuses que les membres du Cercle constituent une force d'énergie. Elles vous protègent. Comme toi par exemple. Ta pierre t'a permis de rester tranquille pendant 20 ans. C'est ce qu'on appelle le pouvoir de la couronne.

Voilà pourquoi on insistait tellement à ce que je la garde près de moi. Cette pierre m'avait gardé en vie pendant des années même si je ne la portais pas sur moi.

- J'ai l'impression d'être une novice. Tout ça m'effraie. Je cours toujours après les réponses... Murmurais je.

- Dans quelques mois, tout sera terminé. Tristan saisit ma main avec un petit sourire.

Je lui rendis son sourire poliment avant de me lever. J'avais besoin de me dégourdir un peu les jambes. L'avion n'était pas très grand. Il y avait un salon avec un bar, un coin pour se reposer et des toilettes.  Je m'assis près d'une des couchettes pour me détendre. J'étais épuisée mais je ne pouvais pas trouver le sommeil. En dessous de nous, des paysages divers et le soleil se levant derrière les collines luxuriantes du Devon. Je jetais un coup d'œil à mon téléphone portable. Il était presque 6h00 et selon les informations d'Adam, nous devrions arriver à Londres dans environ une heure et demie.

Je passais ma main dans mes cheveux en bataille. La chaleur de la boîte de nuit avait rendu mon corps totalement poisseux. Une bonne douche en arrivant allait me faire un bien fou ! Mes yeux se fermèrent doucement. La nuit avait été longue entre le meurtre de Clarisse, la partie révélation de Tristan, et mon voyage précipité pour l'Écosse. Je ressentais une sensation étrange d'y être déjà allée. Je n'aimais pas vraiment ça. Parfois, j'avais l'impression qu'Arabella prenait de plus en plus de place en moi. L'accident d'hier soir était en partie de sa faute, je le savais. Jamais je n'aurais osé tuer quelqu'un de sang-froid même si c'était de l'autodéfense. Son apparition dans le miroir, la couleur de mes yeux, mes sauts d'humeur, tout ça, c'était elle. Ce n'était plus moi.

Sur ces pensées, je tombais dans les bras de Morphée.

Une main qui me secouait me réveilla. Je sursautais d'un seul coup. Mince, je m'étais vraiment bien endormie. Tristan et une hôtesse étaient au dessus de moi.

- J'ai dormi combien de temps ? Demandais je en frottant mes yeux.

- Environ deux heures. Je te réveille parce que nous sommes à Londres. Nous devons changer d'avion.

- Oh d'accord ! Je vais récupérer mes affaires alors.

- C'est déjà fait. Intervenu l'hôtesse. Toutes vos affaires sont rangées. Vous pouvez profiter pendant quelque temps de Londres. L'avion ne partira pas avant 9h00 à cause d'un problème de météo.

Je regardais par la fenêtre. Londres était totalement sous la neige. Au loin, s'étendaient les grands grattes ciels de la City. J'attachais rapidement mes cheveux en un chignon et aidais Tristan à reprendre quelques-unes de ses affaires. Il avait dû rester la nuit au petit salon parce qu'une bonne partie de ses affaires étaient éparpillées par terre. La table était envahie de papier et plusieurs photos qui attirèrent mon regard. Sous des documents, il y avait des photographies de moi sortant de cours et une avec Harry lorsque nous sortions de son appartement. En dessous des photos, il y avait quelque chose de noté mais je n'arrivais pas à lire. Pourquoi il avait ça ?

Voyant que je regardais en direction la table basse, Tristan se précipita vers celle ci et rangea tout dans le document AFFAIRE NON CLASSÉE. Je ne posais pas de question et je repris mon sac à main.

En descendant de l'avion, le froid me réveilla comme une bonne baffe dans la figure. À Ravenswest, il ne faisait pas très chaud mais là, c'était glacial. Un vent froid accentuait cette impression. Heureusement que grand père avait eu l'idée de me prêter sa veste parce que ma robe ne me tenait pas chaud du tout. Je ne pensais pas qu'il faisait aussi froid dans la capitale.  Nous sortîmes de l'aéroport pour nous rendre en ville.  L'hôtesse nous avait dit qu'il y avait au moins deux bonnes heures d'attente avant de rendre notre vol pour l'Écosse.  Il y avait eu une tempête de neige près de Leeds.

Un taxi noir nous attendait devant le hall pour nous guider.  Au fond de moi, j'avais l'impression d'être une enfant totalement folle de joie. Le quartier de la City était juste impressionnant, plus qu'en photo. J'étais fascinée. Le passage sur le London Bridge était presque obligatoire ! Tristan me jeta plusieurs regards et un sourire attendrit s'afficha sur son visage. Après un bon quart de visite dans les rues de Londres, le taxi nous arrêta dans le quartier de Notting Hill. J'avais toujours voulu y aller. Depuis le film " Notting Hill " j'avais eu envie d'y aller. Au coin de la rue, un groupe de musique rock jouait même sous le froid glacial de Londres. Je restais quelques minutes à les écouter, un sourire béat sur mes lèvres. Voyant que je commençais à avoir froid, Tristan m'invita à rentrer dans un café. C'était très simple à l'intérieur. Tout était en bois foncé, des petites lampes étaient située un peu partout donnant une ambiance plutôt chaleureuse. Un serveur nous indiqua une table pour deux devant une grande baie vitrée donnant sur la rue. J'étais beaucoup plus détendue que tout à l'heure. Dormir un peu et visiter Londres m'avait changé les idées. Même si au fond, j'avais encore beaucoup d'interrogations auxquelles je voulais avoir des réponses. Tristan commanda un irish coffee et moi un café latte.

- J'aime beaucoup cet endroit. Merci de m'y avoir emmené. Le remerciais je.

- Notting Hill est l'un des quartiers les plus agréable de Londres.Et surtout à voir. Je savais aussi que ça allait te plaire.

- Comment tu le sais ? Je fronçais les sourcils.

- Je te connais plus que tu ne le crois, Adélia. Il me fit un clin d'œil et n'ajouta rien de plus.

Je lui répondis par un faux sourire et je finis mon café. Je savais très bien que lui parler des photos maintenant n'était pas la bonne solution. Je devais être plus subtile que ça, attendre le moment venu pour lui demander. Ensuite, il me parla de notre programme pour les prochaines heures : l'avion décollait pour Edimburg dans environ, une heure et demie et sur place, on nous attendrait à l'aéroport.

- Est ce que ça sera Lady Woodley qui sera là ? Lui demandais je.

- Sûrement. Elle aime accueillir en personne ses nouveaux visiteurs et surtout notre future reine.

- Arrêtez avec ça. Je poussais un long soupir. Je ne suis pas celle qui doit monter sur le trône et vous le savez tous. Ets ce que vous pouvez accepter l'idée que ça sera Perrie et non moi ?

- Je connais Victoria et je sais très bien que c'est elle qui a donné les documents à propos du couronnement à Harry. Je connais ses intentions et la plupart de ses projets.

- Voilà pourquoi tu traînais avec elle en début d'année ?

- C'est ça. Je n'avais pas vraiment le choix. Je devais les infiltrer pour savoir ce qu'elle et Ariana avaient décidé de faire afin de vous protéger. Et surtout de prouver que Perrie ne sera pas la future reine.

- Les documents disent le contraire.

- Il y a eu le lien physique et mental avec Harry. Un vampire ne peut en avoir que deux dans sa vie et c'est avec certaines conditions et là, les conditions n'y sont pas. C'est impossible rien qu'avec ça que Perrie puisse être la future reine. J'ai besoin de plus de preuves pour pouvoir en démordre au Conseil. Il y a une audience dans quelques semaines et j'ai pour but de te rendre ton titre.

- Je pense que tout ça est inutile, Tristan. Ce n'est plus mon combat maintenant. Je vais quand même partir en Écosse mais ça s'arrête là. Il ouvrit la bouche pour parler mais je l'arrêtais d'un geste de la main. Les choses vont se tasser, je vais rentrer chez moi, finir mes études et ça sera tout.

- Et pour Arabella ? Vous ne faites toujours qu'une seule et même personne.

- C'est à moi de le régler seule. Je n'ai pas les réponses qu'il me faut et je tiens à comprendre ça en  Écosse sur ses terres. Normalement, à la fin de ce séjour je pourrais enfin vivre tranquille.

Tristan me regarda, sans rien ajouter. Il était aussi sceptique que moi. Je ne croyais pas à mes propres paroles. Je savais qu'Arabella ne me lancerait pas. Elle était comme l'oeil qui poursuivait Caïn même dans la tombe?. Elle était ma conscience et je savais que je ne pourrais y échapper. Après avoir terminé, nous repartîmes jusqu'à Heathrow. Je jetais un dernier regard nostalgique à cette ville que je n'avais connu que quelques heures. Je savais que j'allais y retourner plus tard et je m'en étais faits la promesse. Londres allait m'apprendre beaucoup de choses....

Nous étions enfin arrivés. Le voyage en Écosse avait passé plus rapidement que celui pour Londres. Edimbourg était totalement blanche et la température était encore plus froide que la capitale anglaise. Et dire que je me plaignais du temps de Ravenswest ! Je pris toutes mes affaires avant de suivre Tristan. J'avais l'étrange sensation de connaître cet endroit. Il m'était familier alors que je ne connais pas du tout l'Écosse et encore moins sa capitale. Sur le haut de la ville, le château d'Édimbourg surplombait la ville. La couleur sombre de ses pierres contrastait avec la blancheur du paysage. J'avais l'impression d'avoir déjà vécu tout ça. Une sensation de malaise s'empara de moi. Une superposition d'image sans vraiment de sens apparut dans mon esprit. On y entendait des cris, des bruits de pas, il y avait du sang, une pleine lune, une cave sombre, une forêt éclairée aux rayons de lune, un corps ensanglanté, des roses rouges partout. Une dernière image me laissa de marbre. Une femme, les cheveux blonds coupés plutôt courts, la peau claire, une trace de sang au coin des lèvres et des yeux dorés. J'avais l'impression que c'était moi. En fait, je crois que c'était plus qu'une impression. C'était bien moi.

- Tout va bien Adélia ? Me demanda Tristan en passant sa main autour de ma taille.

- Je..oui, ne t'en fais pas. Allons y, nous sommes déjà en retard.

Il hocha juste la tête. L'aeroport était bondé à cette heure. Retrouver Lady Woodley allait être plus difficile que prévu. J'essayais de suivre Tristan tant bien que mal à travers la foule, quand une femme debout face aux portes attira mon attention. Elle ne ressemblait pas aux autres. Elle était juste ravissante. Tristan avait raison, elle était superbe. Et cf'est là que je compris. C'était Lady Woodley.