Chapitre 29


Les cloches de l'église résonnaient dans les rues pavées de Édimbourg. La reine venait de mourir. La douce Marie était décédée. Toute la famille Standi avait assisté à ce triste événement. Arabella était au première loge accompagnée de ses deux enfants à ses côtés. Le visage impassible, elle consolait d'un geste affectif sa fille effondrée dans ses bras. Arabella ne pleurait pas. Le visage froid et direct, la tête haute, elle se leva et récita un discours pour les funérailles de sa mère faisant une éloge de celle ci. Elle avait toujours eu une forme de respect pour sa mère. Ce qu'elle lisait, elle le pensait vraiment. Marie avait continué à soutenir sa fille même en apprenant que celle ci était un vampire et Arabella lui en était reconnaissante.

Après son discours, elle quitta l'autel sous un tonnerre d'applaudissements. Une partie du royaume voulait la voir sur le trône d'Écosse. Elle méritait de droit cette place étant la fille légitime de Marie. Mais tout le monde n'était pas d'accord avec ça. Arabella avait quitté l'Écosse pour se marier avec un seigneur anglais, ce qui fit polémique. On ne voulait pas d'une traîtresse au sein du royaume d'Écosse ! C'était une honte pour eux.

Arabella ignora les critiques sur elle et quitta l'église avec ses deux enfants et son jeune frère. La famille marchèrent jusqu'à une calèche en direction du château. Le silence régnait dans la calèche. Personne n'osait parler en ce jour funeste. Elizabeth, sanglotait un peu dans son mouchoir en dentelle. Du coin de l'œil, elle regarda ses deux enfants. Thomas était maintenant âgé de 17 ans. Jeune homme grand, deux yeux verts pâles, des cheveux bruns coupés courts, il avait l'étoffe d'un roi. Il avait toutes ses chances pour succéder à Henri à la fois sur le trône d'Écossé et celui des vampires. Parce que oui, Thomas et Elizabeth étaient deux hybrides vampires. Ils avaient les traits d'un vampire que d'un humain. Peu de choses les rattachait à leur nature humaine en grandissant.

Arabella repensait souvent aux choix qu'elle avait du faire et celui de quitter l'Angleterre pour partir en Écosse était sa seule issue. Elle n'avait pas eu le choix. Ils l'auraient juste tué et ça, ce n'était pas son destin.

- Mère, nous sommes arrivés. L'interpella sa fille.

- J'arrive.

Arabella retira le voile noire qui cachait son visage et descendit. Tous les domestiques du palais faisaient une haie d'honneur pour la famille. Arabella les salua d'un signe de tête froid avant de leur dire de se remettre au travail. Avant sa mort, Marie avait donné le château et toutes les terres que le royaume avait en Écosse mais pas que. Comme Marie avait été marié à un Lord anglais, elle avait hérité à la mort de son époux à la guerre, une partie de ses terres dans le sud, à Ravenswest. Un très bon point pour Arabella. Elle avait besoin de ces terres. C'était là où était les documents les plus importants sur le couronnement. Elle n'avait rien prit avec elle lors de sa fuite vers l'Écosse et elle devait les retrouver avant que l'Église mette ses pieds là dedans. Heureusement pour elle, elle avait un crée une sorte de groupe d'espions postés dans des endroits stratégiques. Ils avaient choisi pour protéger les 9 couronnes du Cercle à l'abri de l'Église et de certains vampires qui entendaient dans l'ombre la mort de Arabella pour reprendre la couronne.

Arabella déposa sa longue traine en mousseline sur l'un des fauteuils du palais et elle sortit dans le jardin. C'était son refuge secret. Elle avait toujours aimé s'y promener quand elle était enfant ou même plus tard. Sa mère avait un certain goût pour les jardins et l'aménagement des extérieurs. Les buissons bien taillés, les allées de fleurs de toutes les couleurs, le coin des roses. Tout avait une certaine harmonie. Chaque chose était à sa place et personne ne pouvait changer les règles. Arabella aurait voulu que sa vie soit comme ça. Que personne ne puisse discuter ses dires, qu'elle était la protectrice d'un monde meilleur et toutes les autres utopies dont elle avait rêvé. Mais tous ses rêves n'étaient que des étoiles loin de tout. Tout ce qu'elle faisait s'anéantissait ou pourrissait de jour en jour.

Après plusieurs jours sans retenir ses larmes, l'une d'entre elles réussit à coller sur sa joue. Elle n'aimait pas craquer. Elle se sentait vulnérable dans ces cas là. Elle avait l'impression d'être la jeune fille fragile qu'elle était lorsqu'elle avait vu son père mourir devant ses yeux ou encore la femme qui avait perdu son mari de façon tragique. Sauf que cette fille n'existait plus. Elle devait rester forte, au dessus des autres pour assurer sa propre survie. Le monde fonctionnait ainsi maintenant. Il fallait écraser les mourants pour vivre.

Après un repas dans le silence, elle quitta la table demandant à son jeune frère, Charles, de la suivre dans ses appartements. Elle devait lui parler de la succession du royaume maintenant que sa mère était décédée. Il fallait un nouveau roi. Elle ne se portait pas volontaire pour endosser cette charge. Elle avait déjà beaucoup à faire avec sa réincarnation.

Charles n'était qu'un jeune homme timide, gringalet, laid, qui ressemblait plus à un valet qu'à un futur roi. Arabella le savait très bien. Même son fils, Thomas, était plus apte que son frère pour devenir roi mais elle ne pouvais pas changer le testament si précieux de sa défunte mère. Charles entra dans le bureau de sa soeur et s'assit. Il avait toujours eu peur de sa soeur. Elle était si impressionnante. Elle avait la posture d'une lady et d'une reine aussi. Après quelques minutes de contemplations, Arabella le coupa dans son admiration :

- Charles, tu vas devoir devenir roi comme tu le sais. Dans un mois, tu vas devoir devenir roi d'Écosse, tu le sais ?

- C'est une trop grosse responsabilité, Arabella. Répondit le jeune Charles tremblant comme une feuille.

- Tu n'as pas le choix. Mère l'a décidé ainsi. Tu seras couronné à l'église comme prévu.

- Mai...mais je ne peux pas devenir roi ! Je suis tétanisé rien que de parler à une domestique.

Arabella soupira. Elle savait qu'il n'avait pas l'étoffe pour devenir roi. Il n'avait pas hérité de l'assure et la bravoure de son père hélas. Charles n'était qu'un imbécile fini, bon pour aller dans une campagne écossaise. Arabella n'avait jamais aimé son jeune frère. Elle le trouvait trop idiot, et si elle avait pu, elle aurait reprit elle même la succession du royaume pour assurer sa survie. Sauf qu'elle ne pouvait pas, alors il lui fallait une solution et au plus vite.

- Fais un effort Charles. Deviens un homme, je ne sais pas moi ! Prouve au peuple que tu as le pouvoir de régner.

- Mais même le peuple ne me voulait pas comme roi. S'écria t-il au bord des larmes.

- Et ils ont raison. Tu es incapable de prendre de décisions, tu ne sais pas parler en publique et tu sais encore moins te battre. Hurla Arabella de colère.

Un sourire sarcastique se dessina sur le visage du jeune homme à travers ses larmes. Il savait très bien que tout le monde le détestait dans ce fichu royaume. Que même son propre père avait dit que sa soeur méritait plus d'être reine. Mais pour une fois, il n'allait pas se laisser faire par les critiques de sa prétentieuse de soeur.

- Et toi, tu es mieux ? Regarde toi Arabella. Tu ne seras pas reine non plus. Jamais tu ne monteras sur le trône. Tu es maudites depuis ta naissance. Tu es une enfant illégitime et non désirée. Regarde toi dans un miroir et vois que tu n'es qu'une bâtarde, voilà pourquoi maman ne t'a jamais couché sur son testament. Parce que tu es, et ne seras jamais de sang royal. Même incapable de garder un mari.

Arabella était sous le choc. Les paroles froides de son frère lui allait droit au cœur ( même si techniquement, il ne battait plus ). sa colère bouillonnait en elle. Elle savait que les paroles de Charles, elle ne pourrait pas les effacer mais lui, elle était en pouvoir de l'éliminer. Elle récita quelques paroles en latin avant d'approcher de son frère d'un pas décidé. Celui ci recula, apeuré en voyant les yeux dorés de sa soeur et ses deux canines sorties. Il allait s'en aller quand Arabella lui sauta dessus et planta ses canines dans son cou. Charles étouffa un cri de douleur lorsqu'il sentit les crocs s'enfoncer dans sa peau. Des jets de sang giclèrent sur la robe noire d'Arabella et sur les habits en or de son frère, mais elle était heureuse. Un sentiment d'euphorie s'empara de la vampire. Voir tout ce sang dégouliner ne la dégoutait pas au contraire. Elle voulait continuer jusqu'à ce qu'elle en ait assez. Elle était comme droguée. Ce sentiment la mettait dans un état de transe, de bonheur extrêmement, d'envie de plus. Pendant ce temps là, Charles se débattait comme il le pouvait mais l'emprise du vampire était trop forte. Une douleur lui broyait les os, déchiquetait les muscles et lui faisait perdre la tête. C'était tellement intense qu'il s'évanouit. Après quelques spasmes de la part de son frère, Arabella arrêta. Elle se releva et essuya sa bouche et sa robe.

- Maintenant qui fait le malin ? Dit elle à l'intention de son frère couché par terre, le corps rempli de spasmes, les yeux blancs et du sang partout.

Elle ferma le bureau à clé et attrapa une cape en velours noir et elle sauta par la fenêtre. Elle partit en direction des écuries et sélectionna un cheval avant de partit au galop dans la nuit sombre. Après avoir traversé la fille déserte de Édimbourg, elle arriva dans un espèce de petit château à l'écart de la ville. Elle déposa son cheval et entra dans la maison. Un valet l'accueillit et lui fit signe de monter à l'étage.

Au bout de quelques marches, elle arriva devant une porte en bois avec des torsades. Elle entra avec hésitation. Tout le monde était déjà là. Chacun avec un capuchon en velours noir. À la lumière des bougies, distingués les visage était dur mais Arabella savait exactement qui était ici. Ils se levèrent tous en direction de celle ci. La jeune reine arbora un sourire victorieux.

- Bienvenue à tous. Aujourd'hui est un jour particulier. Dans 1000 ans, jour pour jour, je serai votre reine. Et vous mes fidèles lors de cette réincarnation. Nous régnerons enfin sur le monde mes amis. Les humains payeront enfin pour leurs injustices. Le sang sera la solution. Des applaudissements retentirent dans la salle. Commençons l'assemblée.

Elle sortit de sa poche un sceau en argent avec une couronne et un aigle dessus. Au milieu de ce collier, une inscription :

Cruore ducit ad victoriam.

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