31; Clifford

"Comment a été ta soirée, hier soir?" Me demanda avec curiosité Ashton.

"Bien." Répondis-je dans un sourire narquois en haussant mes épaules.

"Tu l'as sauté?" Je le regardai droit dans les yeux, bluffant.

"Yep."

"Dans les toilettes publics?"

"Et la grande roue."

"Elle a hurlée?"

"Tellement."



Ashton se figea un instant, les yeux grands entrouverts.

Je mordillai aussi férocement que je pouvais l'intérieur de ma joue pour ne pas éclater de rire.



"Et tu nous reviens en un morceau!" S'exclama-t-il. "Sans même être défiguré!?" Ajouta-t-il toujours aussi surpris.

"Que veux-tu? Je suis irrésistible, Irwin." Me vantai-je fièrement en me tortillant les sourcils.

"Ah oui?" Il sourit au coin. "Et tu seras capable de me re-confirmer tous que tu viens de me dire, si je te disais que Delly est juste derrière toi?"



Et là, ce fut à mon tour de me figer sur place.

Je déglutis difficilement, sentant un frisson d'horreur parcourir désagréablement mon échine. Mes paupières se clos quelques fractions de secondes, avant de s'entrouvrirent, puis fit instinctivement mentalement le décompte à partir de trois.

Trois,

Deux,

Un...



"Bonjour, tous le monde!"



Je me retournai brusquement pour tomber nez à nez face à un Luke endormi, près de l'encadrement de la porte de la cuisine. Il écarquilla doucement ces paupières, tandis qu'Ashton et moi, le saluons d'un mouvement de la main et vint prendre place sur l'un des tabourets de libre près du comptoir.

Ashton espèce de sale..



"Je savais bien que tu ne l'avais pas sauté!" Ricana-t-il, en me gratifiant d'une tape contre mon épaule.

"Sauté, qui?" S'enquit Luke en croquant dans MA biscotte.

"Ton Doudou." Répondit simplement Ash et j'ai bien cru que Luke allait finir par s'étouffer avec MA biscotte.

"Tu prends tes rêves pour la réalité, la grenouille?"



Qu'est-ce que.. ?

Je grimaçai face à ce nouveau - et ridicule - surnom suite à ma nouvelle teinture de cheveux.



"Attends que je t'attrape.." Sifflai-je entre mes dents. "Et on va voir lequel de nous deux est la grenouille, blondie!"



Je bondis sur lui, mais Luke semblait avoir déjà prévu le coup et m'évita sans difficulté. Il réussit à courir jusqu'à la sortie, profitant de la présence de Calum pour le pousser sur moi. Ne m'étant pas préparé à ce que le Néo-Zélandais m'écrase, je perdis mon équilibre, l'entraînant avec moi dans ma chute et tomba à califourchon sur lui.



"Je te conseil de ne pas rentrer à l'intérieur, Doudou!" Entendis-je Luke hurler à Schtroumpfette. "Cal et Mike font des choses pas très catholique là-dedans!"



Qu-Quoi.. ?

J'essayai au plus vite de me redresser sur mes jambes, mais ce fut trop tard. Schtroumpfette venait de passer l'encadrement de la porte, ces pupilles gris/bleu furent écarquillés en grand et emplis de choc. Je décidai de suivre son regard, le laissant ainsi tomber sur Calum, qui avait fait exprès d'entourer ces bras autour de ma taille pour me serrer contre lui.

"N'ai pas honte, allons, ma laitue toute fraîche!" Chantonne joyeusement Calum, en baladant ces mains à travers mon dos.



Arrgh, c'est pas vrai !

Décidément, je vis avec trois dégénérés !



**

Bien que j'aurais voulu éviter Jordan encore un moment, juste le temps de diminuer assez ma colère pour avoir une conversation civilisée, il était impossible pour moi de le faire plus longtemps :

- Premièrement, car il était mon manager, qui plus est notre seul intermédiaire - le groupe et moi - de communication avec le monde extérieur, avec les professionnels ou bien encore avec les différents acteurs de l'industrie musicale.

- Deuxièmement, malgré le fait qu'il soit un parfait connard, je ne peux pas nier le fait qu'il était un excellent manager.

- Et enfin, Jordan était mon ami.


J'ai donc attendu que notre séance de photoshoot s'achève pour m'isoler dans ma loge avec mon manager, loin des regards et des oreilles indiscrètes. Les murs avaient des oreilles et je devais au maximum garder au plus bas de décibel. Ce qui, de plus, n'arrangeait rien, c'était le fait que ma voix était naturellement rauque et cassante.

Je pris soin de refermer délicatement la porte derrière moi, m'adossant contre.



"Tu t'ai enfin décidé à venir me parler." Dit-il doucement.

"Je ne vais pas m'excuser pour ce que j'ai fais." Rétorquai-je froidement en posant mon regard sur son nez. "En fait, je suis plutôt fier. Si c'était à refaire, je le.."

"Je ne m'attendais pas à des excuses." Il marqua une courte pause. "Surtout venant de toi." J'arquai un sourcil, le regard interrogateur.

"Qu'est-ce que c'est supposer vouloir dire 'ça'?"



Il ne répondit pas immédiatement.

Je l'observai adosser son fessier contre le bord de ma coiffeuse, croisant fermement ces bras contre sa poitrine.



"Que tu es têtu, borné, vaniteux, arrogant et lunatique, Michael." Je levai les yeux au ciel et ne pris même pas la peine de le contredire, tous qui disais là après tout était vrai. "Mais pourtant, si talentueux, créatif et vif d'esprit."

"Je sais." Finis-je par admettre.

"Tu sais qu'on.. Qu'on a un contract.. ?" Quand il ne me vit pas réagir, il soupira. "Hein?" Insista-t-il et je hochai positivement la tête. "Syco attend juste que les One Direction deviennent obsolètes pour pouvoir mieux vous mettre tous les quatre en avant et en particulier sa 'botte secrète'." Pointa-t-il en me désignant.

Se rendait-il seulement compte qu'il s'adressait là à des êtres humains et non pas à des produits de consommation ?

Ne me voyant toujours pas réagir, Jordan poursuit.

"Mike, tu es l'avenir musical, celui qui va permettre de rendre votre style de musique actuel populaire et faire totalement oublier à ces jeunes ados écervelés la pop!" Il me regarda droit dans les yeux. "Je vous ai averti les garçons et toi qu'il y aurait certains inconvénients, lorsque je vous ai pris sous mon aile."

"Je sais." Répétai-je sur un ton las.

"Rappelle-moi quels sont les mots que je t'ai dit quand tu as accepté de signer le contrat."



Stupide morceau de papier !

J'inspirai profondément, avant de lentement expirai, pinçant le coin de ma lèvre.



"Le seul moyen de bien gagner dans ce milieu est de vendre son âme." Il acquiesça, emboîtant doucement le pas jusqu'à moi.

"Et toi? En signant le contrat, qu'as-tu fais?" Se pressa-t-il de me demander, bien qu'il connaissait déjà parfaitement la réponse.

"J'ai vendu le mien."

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top