Deuxième partie

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Artiste : Youseim

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Katsuki ne dit plus rien à Shoto. Il lança un regard empreint de douceur qui ne lui ressemblait pas et ramassa la cannette qu'il avait laissée au sol un peu plus tôt avant de partir. À aucun moment il ne lança un regard en arrière pour voir si Deku le suivait. Il était juste là devant lui, s'éloignant doucement sous le soleil de l'après-midi qui se moquait bien de savoir si ces deux-là étaient vides. Et le choix se trouvait juste là justement. Symboliquement, laisser partir Katsuki, ou au contraire le rattraper. Rester dans le passé, ou avancer.

Shoto n'était pas de ceux qui s'exprimaient avec véhémence. Même lorsqu'il était en colère, il restait d'un calme désarmant. Leurs disputes, il les avait passés en regardant Katsuki et Izuku se hurler dessus avant de froidement les amener à l'écouter. En cet instant pourtant il était presque certain que Shoto serait totalement furibond. C'était si facile de se dire "Ce n'est pas ce qu'il aurait voulu" on le lui avait d'ailleurs tellement rabâché ! Ce n'était effectivement pas ce que Shoto aurait souhaité, mais lui voulait pourtant resté à ses côtés. Donc il était devant cette tombe, les pieds englués dans sa géhenne. Et tant pis pour la colère de Shoto. Mais la seule personne qui pouvait sans doute l'en sortir c'était bien son autre...

Il avait sans doute raison, c'était un putain de connard ! Encore maintenant il comptait sur lui.

Ses jambes le poussèrent en avant et il rattrapa le blond, se fondant parfaitement dans sa haute silhouette, le submergeant. Il avait toujours été si grand...

- Katch...

Il s'arrêta de nouveau, incapable de comprendre ce qu'il voyait.

C'était un monde qui venait de s'écrouler, dérobant sous ses pieds toute la réalité dans laquelle il pensait survivre. Katsuki était grand, fort et imperturbable. Katsuki n'avait pas besoin de lui.

Pourtant Katsuki, les yeux fatigués résolument tournés devant lui, s'effondrait juste là sous ses yeux. Sa large main était plaquée sur sa bouche, couvrant au maximum l'agonie qui se lisait sur chacun de ses traits. Il semblait serrer la mâchoire si fort, se concentrant pour ne pas laisser les larmes gagner. Non, Putain de merde, il ne pleurerait pas ! Il continuerait de mettre un pied devant l'autre, non pas parce que c'est ce qu'aurait voulu Shoto, mais bel et bien parce que c'était ce qu'il avait décidé. Mais par-dessus tout, malgré sa fiévreuse résolution, il était totalement submergé.

Il avancerait, rien à foutre du reste ! Il y arriverait, n'était pas né celui qui arriverait a le faire flancher ! Quand bien même si, derrière lui, Deku s'obstinerait a s'éteindre.

- KATCHAN !

- QUOI PUTAIN ?

Évidement, le blond savait qu'il était juste à côté de lui, ce stupide nerd à la con qui se la jouait solitaire depuis tout ce temps. Qu'est-ce qu'il pouvait l'énerver ! Mais si cet abruti avait décidé de stagner, alors tant pis, le grand Bakugo Katsuki n'en avait strictement pas le droit !

- Arrête-toi !

Il lui agrippa le bras, le forçant a s'arrêter et le blond explosa, se dégageant une nouvelle fois de son emprise. Là devant les tombes silencieuses, seules spectatrices de l'effondrement d'un héros.

- T'as qu'a t'arrêter toi si tu veux ! Moi j'ai bien l'intention d'avancer ! T'as qu'a resté là comme un con. Moi je rentre !

Et il reprit sa route, le visage tuméfié de douleur, mais déterminé. Katsuki ne ferait rien de plus. Il avait tout porté jusqu'ici, plus l'anéantirait.

À nouveau alors, il le planta, le laissant exactement avec la même décision, mais pesant bien plus lourd encore. Cette fois, tout brulait autour ! Il n'avait pas le droit de faire marche arrière, ces pas-là, qui le mènerait vers L'Avenir, s'il décidait de les franchir, il devrait s'y tenir. Il devrait donc laisser ce magnifique bouquin qu'ils avaient écrit ensemble se refermer.

- Katsuki... implora-t-il une première fois

Mais rien à faire, il ne voyait que l'ombre de la voiture dans laquelle il grimpait. Effrayante au possible à présent.

Puis la portière claqua. Sec. Assourdissante.

Izuku ne bougea pas. Les yeux appelants à l'aide, effaré de se retrouver dans cette situation pourtant inévitable.

Le moteur gronda. Soufflant sa morbide litanie.

Après tout il pouvait tout aussi bien rester dans un cimetière à se lamenter des morts ou retourner du côté des vivants. Son crâne vibrait de tous les "Je t'aime" qu'il aurait voulu hurler à Shoto avant que tout ne s'éteigne, mais pourtant son coeur semblait affronter la réalité. Il ne le pourrait plus. Pas à Shoto.

Alors il le fit enfin, ce pas-là. C'était lui qui compterait.

Lorsque son pied frappa le sol, il sembla respirer d'un coup, la pierre qui se nourrissait de ses méandres éclata. Tout aussi facilement. C'était presque vulgaire.

Le numéro un arriva à son tour près du véhicule. Essoufflé par ce ridicule effort qui lui avait pourtant arraché les tripes. Il prit place à côté du blond qui le dévisageait en silence. Il l'avait tout de même attendu... Le blond avait réussi à reconstruire une façade et le scrutait d'un air neutre. Il acquiesça finalement et lâcha un long soupire. Et toujours sans dire un mot, Katsuki s'engagea sur la route. Izuku ne dit rien, incapable d'intervenir. Tout s'embrouillait, les yeux cramaient par la réalité qu'il affrontait enfin. Il voyait bien qu'ils étaient en chemin vers cette maison qui leur appartenait et que Katsuki habitait toujours, mais pas lui...

- Je...

- Ta gueule !

Bon... Il ne pouvait pas dire que le message n'était pas clair ! Il ne dit rien de plus alors, se laissant juste emporter.

Il observa le paysage qu'il connaissait pourtant d'un oeil nouveau. Ils avaient choisi ce quartier, car il était bien situé et Izuku avait adoré la vue du balcon. Les maisons étaient espacées, laissant un maximum d'intimité aux trois héros. Il n'y avait même pas de vis-à-vis dans le jardin ce qui avait permis à quelques reprises, de petits plaisirs intéressants.

Il laissa un sourire naitre sur son visage, c'était des souvenirs qu'il chérissait. Il lança un regard vers le blond, et lui sourit. Sincèrement et chaleureusement. Il put enfin lui sourire si librement que le blond en trembla lorsqu'il le vit. Il se racla la gorge et posa sa main sur sa cuisse. Troublant.

- Il faut qu'on parle toi et moi ! annonça-t-il.

Cette phrase sortant directement de la bouche de Katsuki c'était quelque chose ! L'homme n'était certainement pas connu pour s'épancher ! Mais en cette fin d'après-midi, il ne faisait que l'étonner. Alors il acquiesça, de toute façon il avait raison. Lui-même ne comprenait pas trop tout ce qui était en train de se passer. Alors il ne répondit pas, approuvant de par son silence.

Lorsqu'il gara la voiture dans l'allée de la maison, Izuku se crispa. Bien au-delà, il détestait revenir ici. Cette année le lui avait prouvé, chacune de ses visites n'avait été qu'infernale. Bien au-delà des disputes récurrentes avec Katsuki, les murs parsemés de souvenirs l'immolaient de l'intérieur. Il n'y avait pas fait face !

Cependant, l'air semblait si différent ! La façade n'avait pas changé, mais la haie qui bordait la rue avait été taillée. Il y avait un parterre de fleurs qui avant n'existait pas et cela l'étonna grandement. Katsuki n'était pas de ceux qui plantaient des fleurs bien qu'il s'était toujours occupé de l'entretien du jardin.

- C'est Mina, ne cherche pas ! Dit-il en voyant sa mine interrogatrice 

- Tu as laissé Mina planter un parterre de fleurs ?

Oui il venait de lui dire, il avait bien compris, mais l'information restait absurde !

- Ouais, ils sont venus le week-end passé avec Kirishima. Leur gamin a cassé ta poterie en parlant de ça !

- Mon oeuvre d'art Katchan ! C'était de l'Art ! Incompris, apparemment !

Il leva les yeux au ciel et préféra ne pas répondre, grimpant les marches qui les menaient à l'entrée. C'était presque trop facile de revenir ! Lui qui s'attendait à se voir déchirer les entrailles, il se sentait presque... normal ! Serein. Pourtant rien n'avait changé ! Katsuki n'était pas de genre à se lancer dans une redécoration de toute façon, ça, ça avait toujours été de son domaine a lui. Tout était donc a sa place, comme il l'avait laissé en partant. Les mêmes cadres photos et bibelots, sa poterie en moins cela dit en passant...

Il traversa l'entrée pour aller s'asseoir directement sur un tabouret du bar de la cuisine, bien que restant côté salon. Il n'était plus chez lui, en tout cas il n'y avait pas dormi depuis un an ou presque, mais en cet instant, cet endroit l'apaisait. Comme avant. Katsuki posa les papiers du divorce sur le marbre du plan de travail, provoquant un bruit sourd. Il n'avait pas l'intention de les ranger maintenant de toute façon alors qu'ils s'imprègnent de la graisse de sa cuisine, tant pis ! De plus ce n'était que l'exemplaire provisoire...

- Ce soir, on va trinquer ! Lâcha-t-il

- Quoi ? Demain je travaille ! Je ne peux pas...

- J'ai dit, ce soir on va trinquer ! J'ai besoin d'un verre, voire même d'un bar en fait ! Je viens de divorcer et faut que j'évacue ! Tu vas me laisser encore ?

Son ton n'était pas accusateur, plutôt provocateur.

- Les Kirishima sont occupés avec leur gosse, Kaminari et Sero sont en patrouille dans leurs agences. Y a plus que toi et moi !

Evidement Izuku se garda bien de citer les autres amis qu'ils avaient. Étonnamment, le blond s'entendait à présent avec Tenya ! Cependant il comprenait son sentiment, présent. Il ne voulait pas être seul, tout comme lui, et qui mieux que l'autre pouvait comprendre en cet instant ce qu'il ressentait ? N'étaient-ils donc pas parfaitement normaux de se retrouver là à boire un verre ensemble finalement.

- Katchan ? appela-t-il doucement alors qu'il avala son verre d'une traite

- Mmmh ?

- Pourquoi tu dors dans le canapé ?

Surpris, il plongea ses fiers carmins dans les vertes, se demandant bien pourquoi il lui posait la question. Le fait qu'il ait de suite compris n'était à la limite pas forcément compliqué, surtout pour une personne observatrice comme Deku et au vu de l'état dudit canapé. Mais à quel moment la réponse ne s'imposait pas dans son esprit ?

Dormir dans un lit était normal. Il pouvait d'ailleurs le faire ailleurs sans soucis, les nuits de gardes à l'Agence, il n'avait aucun mal à utiliser les chambres et s'y poser. Mais leur lit était grand et vide. Leur lit ne pouvait pas être grand et vide ! Seul, il était incapable d'y trouver le sommeil, ça le rendait même carrément fou. Alors il dormait dans le canapé du salon, à présent défoncé, la télé en fond comme pour tenter de simuler une présence dans cette trop grande maison terriblement silencieuse.

Il n'avait pas du tout envie de se confier ainsi au nerd. Non par fierté, mais parce qu'il n'avait strictement aucune envie de changer d'habitude. C'était écrit, seul, il ne retournerait pas dans leur lit.

Alors il sourit doucement, bien décidé à ne rien en dire et resservit son ex-mari.

- Tu n'es pas censé être là pour me remonter le moral toi ?

- Je ne sais pas... Je viens de divorcer moi aussi ! Tu vas me réconforter ?

- T'es sérieusement en train de me chauffer là ? s'étonna Katsuki

- Ouais, désolé, c'est sorti sans y réfléchir

Mais en réalité le blond n'était pas en colère. Il était tout simplement surpris. Un an que tout avait éclaté et cette année, celui sur lequel il rêvait de se reposer pouvait à peine le regarder dans les yeux. Qu'importe les situations, ils en avaient systématiquement fini par se prendre la tête ou juste fuir. Entendre alors Deku lui faire du rentre-dedans était donc assez surprenant.

Il se souvenait trop fort de cette putain d'année ou il avait perdu l'un des amours de sa vie tout en regardant l'autre sombrer. Au début, Katsuki n'avait pas compris comment il faisait pour tenir debout. Shoto, son absence, avait absolument tout brulé sur son passage, le laissant à présent dans un froid totalement abominable. Quand on lui avait annoncé d'un putain de coup de fil qu'il y avait eu "un problème" sans trop en dire il n'avait même pas pris la voiture. Usant de son Alter jusqu'à la lie, s'en brûlant les mains, il s'était rendu à vol d'oiseau jusqu'a l'hôpital qu'on lui avait indiqué. Il faisait si chaud ce jour-là, vraiment très chaud.

Personne ne voulait mettre Dynamight en colère, tout le monde connaissant son caractère assez colérique. Les années l'avaient certes attendri, il n'en restait pas moins intransigeant et franc à l'excès. Mais pour le coup, tenu de héros ou pas, tout le monde savait qui il était et l'avait trainé dans les couloirs sans lui parler. Il n'y avait pas eu de mots échangés pour lui expliquer. En vérité, il n'avait pas demandé. Il n'avait pas pu le faire, car le chemin qu'on le faisait emprunter était parsemé de panneaux indicatifs, et le seul qui revenait à chaque fois, c'était bel et bien "Morgue".

Il avait donc bien compris. Chacun de ses pas l'emmenait vers un abyme qu'il ne voulait absolument pas vivre, mais pourtant il ne s'arrêtait pas une seule fois. Le chemin devant lui, il l'avait toujours affronté ! Ce jour-là n'avait pas exception. Il n'avait juste pas pu poser la question qui lui brulait les poumons. Qui ? Honteusement, il devait avouer qu'il avait espéré que ce soit l'un de leurs amis. Il ne pourrait sans doute jamais se l'avouer, mais l'idée l'avait pourtant bel et bien effleuré. Mais le silence de la jeune infirmière qui l'emmenait vers les étages inférieurs ne lui laissait décidément aucune place au doute. Izuku ou Shoto.

Voir les deux.

En arrivant dans le lugubre et silencieux couloir dans le sous-sol numéro 1, il l'avait vu. Deku. Le héros vert était assis sur l'une des chaises qui bordaient le couloir. Sans bouger ni parler, il avait simplement était "poser" là en pilote automatique. Totalement amorphe, il ne réagit pas en entendant le bruit de leurs pas qui pourtant semblait raisonner avec force et le coeur du blond se serra dans sa poitrine. Ce n'était pas à côté du numéro un qu'on l'emmenait...

La morgue de l'hôpital au nord de Musatafu où avait été emporté le corps froid et sans vie de Shoto Todoroki était un lieu qu'il ne pourrait sans doute jamais oublier. Comme on aurait pu s'y attendre de ce lieu si atypique, la lumière grésillait affreusement, rendant la peau blanche de son mari plus pâle qu'elle ne l'était encore. Les murs résolument gris de cet endroit sans fenêtre aggravaient son malaise, c'était une putain de film d'horreur ! Tout était propre, bien rangé, seule la table mortuaire laissée en plein milieu de la pièce semblait ne pas être à sa place. Et c'était peu de le dire, Shoto n'y avait pas sa place ! Surtout pas là...

Katsuki devait avouer qu'il éludait les souvenirs du reste de cette journée. Il se souvenait parfaitement avoir regardé son amant sans vie un moment, mais il y avait un trou par la suite. Il ne se souvenait pas forcément avoir parlé avec les médecins, ni personnes d'autres d'ailleurs. Il était rentré, mais s'il savait que c'était Kirishima qui les avait ramenés tous les deux, c'est surtout, car on le lui avait dit. Il n'avait pas pleuré. Il n'en avait pas eu le temps ! Il y avait tout à faire !

Le quotidien devant lui l'effrayait, mais il n'avait pas le temps de se poser des questions. Très vite, il avait fallu s'occuper des funérailles, mais il y avait aussi Izuku. L'homme n'était plus là, totalement éteint. Il n'avait pas parlé une seule fois au blond ni pour le choix des agencements, ni même le jour de la cérémonie. Il se contentait de hocher péniblement la tête, les yeux éternellement perdus dans le vague souvenir de cette sombre journée. Il n'avait jamais relevé la tête vers le blond, ses iris fuyant complètement le monde dans lequel on lui demandait de vivre à présent. Patient, Katsuki prenait sur lui. Izuku avait le droit, plus que quiconque sans doute, de lui demander plus. Alors pendant des semaines il avait tenu le coup. Il s'occupait de leur quotidien, s'assurant que le vert mange, dorme voir souvent même se lave. Il le forçait comme il pouvait de se remettre debout. Mais un jour pourtant, il avait craqué.

Trois semaines qu'il n'avait pas ouvert la bouche. Il s'en souvenait parfaitement, car il s'était fait la réflexion ce jour-là que les journaux commençaient enfin à parler d'autre chose. Il venait à peine d'emmener Izuku prendre une douche. Ça ne l'embêtait pas de faire cela, ce n'était pas le plus compliqué. Le plus dur était plutôt qu'il réalisait que son ami d'enfance ne supportait plus de le voir. Il l'avait pourtant harcelé des années et jamais le vert ne l'avait fui comme ça ! Et c'est donc dans leur salle de bain qu'il avait voulu redressé le visage D'Izuku vers le sien. Il avait terriblement besoin de lui...

Deku, totalement paumé dans ses propres méandres, s'était alors dégagé de son emprise, murmurant un "Non" ferme et rauque. Il s'était alors levé, clignant des yeux plusieurs et avait sans doute dit les mots les plus durs qui soit pour les oreilles de Katsuki.

"Je ne peux pas"

Il n'avait rien dit de plus en sortant de la salle de bain. Rien non plus quand il avait jeté à la va-vite des affaires dans un sac. Encore moins quand il avait claqué la porte d'entrée derrière lui. Il était juste parti comme ça, sur un coup de tête et ne s'était même pas retourné. Lui était juste resté dans la salle de bain, assis sur le carrelage soleil que Deku avait lui-même choisi. Le pire sans doute était le sentiment de profond soulagement qui l'avait envahi...

Il fallait être honnête, ce jour-là, Katsuki fut tout aussi délivré. Il avait besoin de temps...

Dynamight repris du service une semaine après ça, tentant toujours de garder pied. Il ne pouvait nier que la présence de ses amis l'avait maintenu fermement au sol et il avait dès lors surveillé son mari, du coin de l'oeil. Tenya Iida s'était révélé étrangement utile, prenant le relais auprès d'Izuku. Deku était revenu deux mois après la mort de Shoto. Pas forcément en forme, mais assez pour le travail. Ils s'étaient vite fait parlé à travers l'oreillette ! Après tout, ils travaillaient dans la même agence. Au boulot, le mur que dressaient leurs fonctions les avait protégés. Ils n'avaient jamais donc réellement parlé dans ces moments-là.

Katsuki avait attendu, se montrant plus que patient alors que le vert ne faisait qu'annuler le rendez-vous du notaire. Il n'avait rien dit ! Écoutant simplement les mots de Tenya qui lui assurait qu'il allait de mieux en mieux. En vérité, il pouvait même dire que cette attente lui avait carrément été bénéfique à lui aussi ! Un an, c'était aussi le temps qu'il lui avait fallu pour enterrer au plus profond de son coeur cette folle histoire d'amour qu'il avait vécu avec eux. Un an, c'était aussi ce dont il avait besoin pour réfléchir à ce qu'il voulait par la suite...

- Après tout ce qu'on a vécu ensemble Deku, que tu me chauffes n'est pas franchement le plus étonnant !

Le blond vida son verre et le remplit de nouveau. Il avait choisi le Scotch, car il détestait ça ! Au moins, il ne ferait pas d'excès. Normalement ! Il releva ensuite les yeux vers son ex, affrontant l'éclat émeraude qui ne se défilaient plus.

- Je t'ai laissé tomber hein ? Affronta-t-il d'une petite voix.

- Complètement !

- Je suis désolé.

- Je sais.

- Je ne sais pas quoi dire d'autre.

- Que t'es un putain d'abrutis

- Je suis un putain d'abrutis !

- C'est pas si compliqué !

Il but une gorgée de son verre pourtant si petit et se tourna finalement vers le frigo. Il avait faim ! Il ouvrit donc ce dernier, faisant rapidement l'inventaire de ce qu'il s'y trouvait. Il avait été pas mal stressé par le rendez-vous et n'avait pas forcément fait des courses décentes et ils ne s'étaient pas arrêtés en chemin. Et merde ! Il maugréa mentalement qu'il pouvait sans doute préparer des Onigiri, ça tenait au moins l'estomac ! Il se dirigea vers l'évier, sortant tout le nécessaire avant de se mettre à laver le riz, le tout sous l'oeil curieux du numéro un qui n'avait pas bougé.

- Tu sais, ce soir on peut enfin dire qu'on est séparé !

- Divorcé Katchan !

- Ouais c'est la même ! Mais ce que je veux dire c'est que tout est officiellement terminé entre nous.

Le riz lavé, il prit soigneusement le temps de lancer son cuiseur. Il avait bien dans l'idée de commencer à sortir et préparer les ingrédients qui accompagneraient ses boulettes de riz, mais il tourna le visage vers le vert qui n'avait plus rien dit. Il le regardait sans bouger, un éclat brillant au fond de ses yeux. Il était perdu !

- Hey le Nerd ça va ?

- Oui oui... pardon ! Tu as raison, tout est fini entre nous.

- Ouais !

Il posa la converse de thon et celle de prunes salées qu'il tenait et se dirigea une nouvelle fois vers le bar, s'enfilant le reste du liquide absolument dégoûtant qui s'y trouvait. C'était clairement immonde ce truc... Il n'en dit rien, se fondant une nouvelle fois dans le visage toujours paumé de son ex-mari.

- À ce titre, je dois donc te préciser que je suis libre comme l'air ! lâcha-t-il dans un sourire charmeur

Izuku s'étrangla alors qu'il n'était même pas en train de boire ! S'étouffant à moitié des mots qui venaient à peine de franchir ses lèvres. Il n'était pas assez stupide pour ne pas comprendre le sous-entendu pas si sous-entendu que ça et il tentait surtout de suivre, éberlué, la conversation qu'il lui imposait sans tact.

- Qu'est-ce que tu racontes Katchan ?

- On était bien à trois, on pourra jamais reprendre notre vie comme avant ! C'est pas possible ! Cette histoire-là est définitivement finie.

- Oui tu l'as déjà dit !

- Qu'est ce qui nous empêche d'en commencer une nouvelle ?

- Quoi ?

Katsuki ne prit même pas la peine de faire le tour du bar pour se rapproche du vert ! Agile, il sauta par-dessus le meuble qui le séparait et atterrit lestement de l'autre côté. Il surplomba totalement Izuku qui semblait bien petit face à son ombre tant il se ratatinait sur lui-même. Ce que s'apprêtait à faire Katsuki était clairement un pas vers quelque chose. Il n'était pas de ceux qui se lançaient dans de longs monologues romanesques, encore moins de ceux qui montraient leurs faiblesses ! Mais dans leurs trouples, il avait été le pilier ! Les deux autres se reposant sur lui. Sans bouger, il avait tenu ce rôle. Aujourd'hui, il voulait fonder quelque chose d'autres avec Izuku, quelque chose qu'il n'y avait pas avant.

Il en avait besoin...

Alors Katsuki alla chercher les doigts du vert posé prés de son verre et les enchaina aux siens, se grisant de leurs chaleurs pour y trouver du courage. Ce n'était pas son genre de se dégonfler !

- J'ai besoin de toi dans ma vie Izu. Je me suis retrouvé seul, sans vous deux. Shoto n'est plus là, je sais. Mais toi, oui ! Toi et moi, je sais que c'est possible... Je vis un putain d'enfer et aujourd'hui, la seule chose à laquelle je peux encore me raccrocher c'est toi. En fait tu es la seule personne avec qui je veux l'être ! On était trois, car on s'aimait comme ça ! À trois, on a fait en sorte que ça marche ! À deux aussi, on peut y arriver. Autrement, d'accord, mais on peut le faire. Izuku, je t'aime depuis des années et c'est pas près de changer. Mais je t'en pris, ne me laisse plus... Je suis à bout là...

À bien des égards, cette déclaration lui était presque insupportable. C'était même complètement paradoxal, ses mots reflétant un terrible appel à l'aide alors que son regard l'incendiait durement. Izuku était juste la, assis sur le tabouret du bar, le fixant sans savoir quoi faire. Il comprenait bien tout ce que Katsuki lui disait et il était parfaitement conscient de ses propres sentiments à son égard. Cependant ça lui faisait terriblement peur ! Il ne pouvait que se perdre dans ce rouge si grave, y cherchant les réponses qui semblaient le fuir.

- Je t'aime Katchan... souffla-t-il presque malgré lui

Il n'avait pas vraiment à réfléchir là-dessus, c'était la pure vérité et il le lui avait déjà dit plus tôt dans la journée. Mais cette deuxième affirmation eut le don de faire briller quelque chose qu'il n'avait plus vu depuis si longtemps...

Si Shoto et Izuku n'avaient jamais douté de l'amour inconditionnel de Katsuki, c'était parce qu'ils avaient tous deux appris à lire dans ses yeux. L'incroyable reflet rubis brillait d'une lueur stupéfiante lorsque le blond posait son regard sur eux. Il n'avait pas à souffler des "je t'aime" le matin quand ils se levaient, il n'avait pas non plus à le faire le soir en se couchant. Ils le lisaient clairement dans ses prunelles et cela suffisait complètement. Il n'y avait pas besoin de plus, cela faisait partie de leurs équilibres.

Cette étincelle si particulière, le vert ne l'avait plus vue depuis tout ce temps. Évidemment, il n'avait rien fait pour la voir, il l'avait même très égoïstement rangé dans un coin de sa tête, l'étouffant comme il l'avait fait pour tous ses sentiments. Et là de suite, la regardant suinter sur lui, il n'était pas prêt ! Il ne pouvait la décevoir, c'était même la seule chose qui pouvait encore provoquer sa fin alors qu'il se relevait à peine...

Il avait besoin de lui. Maintenant !

Laissant son corps agir tout seul, il se leva d'un coup. Il ne lui laissa pas le temps de réagir, il ne le fallait pas sinon lui aussi commencerait à douter ! Et ce n'était absolument pas le bon moment ! Brusquement, il empoigna le haut de la chemise blanche que Katsuki portait et tira dessus, le tirant inexorablement vers lui.

Cela faisait un an qu'ils ne s'étaient pas embrassés, une trop longue année... Ils s'étaient manqués de bien des façons et ils en avaient conscience. Mais lorsque leurs lèvres se rencontrèrent après s'être tant attendu, tout céda.

Oui c'était vrai, avant lorsque deux s'embrassait, il donnait systématiquement un autre baiser à l'autre s'il était la.

C'était vrai que les gestes étaient tous partagés, parfaitement diviser en trois bien égales.

C'était toujours vrai quand ils faisaient l'amour ou encore pour la distribution des tâches ménagères. Tout était un putain de Trois. Un puzzle dont les pièces s'emboitaient juste parfaitement entres elles, juste comme ça.

Là par contre, les sentiments refoulés ne ressemblaient en rien à ce trois qui les avaient pourtant largement accompagnés. Ils n'étaient que deux et désiraient partager ce baiser qu'à deux. À aucun moment ils ne voulaient se détacher de l'autre, l'idée même d'un troisième était totalement incongrue ! Katsuki voulait se perdre dans tout ce qu'il avait tenté d'affronter, Izuku voulait le protéger. C'était un tout nouveau deux qu'ils découvraient avec plein de tendresse !

Les bras du vert se glissèrent doucement sur la nuque blonde, l'encerclant complètement, comme pour le défier de s'éloigner. Mais c'était bien loin de l'envie de Katchan qui céda, totalement harassé par son propre combat. Il en avait tellement besoin... Ses faiblesses qu'il n'arrivait plus à porter seul, il était bien décidé à les partager avec Izuku. Alors dans ses bras il ne pensait plus, il n'en était de toute façon plus capable.

Izuku ne doutait plus. À la mort de Shoto, il avait clairement vu le chemin devant lui, si sombre et répugnant. Ce chemin-là, il n'avait clairement rien fait pour l'affronter ou l'embellir. En fait, il savait déjà qu'il ne pourrait pas le suivre, il peinait juste à donner le change. Mais il n'avait cependant jamais eu conscience qu'il lui faudrait les iris de Katsuki pour lui montrer du bout des lèvres, le sentier qu'ils pouvaient parfaitement entretenir ensemble. Oui en vérité, à deux, c'était très bien aussi.

Et donc petit à petit, suivant leur rythme, ces deux-là reconstruisirent une nouvelle relation. Les fondations toutes neuves pouvaient parfois trembler, l'un comme l'autre les protégeaient assidument. Katsuki avait besoin de pouvoir se reposer sur les épaules d'Izuku et le vert mettait un point d'honneur à le laisser s'y perdre. Il était revenu vivre dans cette maison à peine deux semaines après cette soirée ! Après tout, Dynamight en avait marre de passer ses nuits sur ce canapé pourri. Ils eurent cependant besoin de plus quatre mois pour se retrouver plus intimes encore. Non pas qu'ils n'en avaient pas eu envie ou que les occasions avaient manqué, juste "ce n'était pas le bon moment", et puis ils avaient bien l'intention de faire comme ils l'entendaient. Ils marchaient sur ce sentier à leurs rythmes, supportant l'absence souvent sourde de Shoto ensemble. À présent, deux étaient le chiffre qui convenait le mieux...

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