CHAPITRE TREIZE ~Nori~
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La semaine s'est fait engloutir par mes révisions et je ne l'ai tout simplement pas vu passer ! Cependant, il me serait sans aucun doute possible de vomir tout un tas de formules mathématiques tellement je m'entrainais et il était certain que la nuit, je continuais de psalmodier en boucle mes notes de SVT ou d'étude de vie...
Enfermé dans ma chambre comme une prisonnière, je ne faisais que défiler un peu partout, faisant les cent pas alors que je récitais tout à voix haute. En lisant un livre sur la maternité, j'avais lu que les bébés entendaient tout de leur parent ! Alors je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que quelque part, ça pourrait l'aider pour ses études, même s'il est encore une petite crevette ! Alors je vadrouille, caressant doucement le léger renflement qui se dessine à peine.
On s'est très peu parlé avec Eijiro ! Déjà parce que lui aussi passe son examen, ensuite parce qu'il boude toujours pour la soirée de vendredi... Je l'ai appelé pour donner des nouvelles de la visite médicale, moment où il s'est montré très enthousiaste, pour très vite perdre son sourire ensuite.
Il a laissé entendre qu'en plus, il a sincèrement cherché à venir, pour être sur selon lui, mais qu'il commençait les patrouilles à partir de ce week-end. C'était drôle de le voir si jaloux, bien qu'en même temps, il se montrait distant, et ça, c'était nettement moins plaisant. Habituellement, il me disait à quel point il a hâte qu'on puisse se voir, soupirant bien souvent parce que je lui manque. Là, il a passé le peu de temps à grimacer à chaque fois qu'il me regardait, m'imaginant sans doute au bras d'un autre homme que lui !
Alors hier soir, j'ai craqué ! Je lui ai promis de parler de ma grossesse à mon ami, faisant entendre ainsi qu'il serait sincèrement malvenu de sa part de faire une quelconque approche dans mon état. Et il l'a eue, cette petite moue toute fière...
Et maintenant que j'attendais qu'il m'appelle avant que je ne parte justement, je stressais un peu. Je flippais, car, mine de rien, on commence à remarquer des rondeurs ! Fine et sans doute plus grassouillette qu'autre chose, mais évidement, il m'était impossible de voir les choses autrement. J'avais donc passé un temps fou à choisir une tenue qui, en plus de me plaire et de m'allait, devait aussi rassurer mon petit ami possessif ! Et mon choix s'était arrêté sur une robe mi-longue et tout simplement noire ! Elle me ceinturait la poitrine pour rester évasive sur le ventre et les hanches, totalement parfaits pour moi actuellement...
Il la connaissait en plus, je la portais à l'occasion et elle n'avait rien de sexy ou indécent. Je pensais que ça pourrait sincèrement aller... Mais chose que je n'avais pas remarquée jusque là, mon début de grossesse avait modifié mon corps, a commencé par ma poitrine qui semblait réellement plus gonflée, bombant mon buste d'une touche presque sensuelle. Et même si cet homme avait grandi aux côtés de deux personnes aux courbes et allures divines, il était certain qu'il n'avait jamais regardé sa mère ou sa soeur comme il me dévorait bien souvent des yeux...
Et donc quand mon téléphone sonna, je décrochais donc, légèrement anxieuse de le voir se fâcher de nouveau...
"Salut toi ! Vous allez bien ?"
Déjà en tenu de héros et semblant être dans une ruelle dans laquelle il s'était arrêté pour trouver un peu d'intimité, Eijiro me souriait doucement, étrangement serein.
"On va bien ! Mais... Tu me manques !"
J'osais le lui dire, parce que c'était vrai, mais j'avais envie de l'entendre de sa part aussi ! Je trouvais toujours qu'il avait largement exagéré dans sa réaction et que sa jalousie était totalement déplacée. Ça ne retirait pas que j'avais besoin de lui !
"Raaah si tu savais comme j'ai hâte ! C'est si proche, mais en même temps ça me file l'impression d'attendre des années !"
"Moi aussi ! J'ai complètement l'impression de ne pas t'avoir vu depuis trop longtemps. C'est dommage que tu ne sois pas là ce soir..."
Je plongeais moi-même le nez dans la mélasse, consciente du danger, pourtant je préférais affronter mon ourson à poil brut directement que d'ignorer le problème. Je lui lançais un coup d'œil en coin, visualisant son attitude et l'attente de sa réaction me semblait atroce. Pourtant je le vis se pincer les lèvres, soufflant soudainement d'un air complètement morose.
"On se croisera peut-être ! Je suis dans cette zone..."
Il lâcha cette info du bout des lèvres, comme s'il avait longuement bataillé pour que ceci se produise et aussitôt mon regard s'illumina. La lueur d'espoir de le voir vibra partout en moi, et je regardais mes pixels avec envie, priant pour qu'au final, je puisse au moins, juste un peu, m'enivrer de son odeur.
"Tu as la permission de quelle heure ?"
"Minuit..."
"Mmmmh... Figure toi que je termine à 22h30 ! L'appart est juste à côté si tu veux visiter !"
Mon coeur tambourinait fort dans ma poitrine, sentant fort mes doigts devenir moites alors que l'appareil pouvait presque glisser à tout instant. Et mes yeux s'embrumèrent
immédiatement, éprouvée par cette perspective oh combien alléchante !
"Une heure et demie hein..."
"Ce serait possible oui ! Ou je te rejoins à la soirée et..."
"Nan nan ! Enfin je veux dire, tu peux venir, mais si je peux choisir, j'aimerais juste pouvoir être contre toi, oui ça en fait ! N'importe où, mais je veux que tu me prennes dans tes bras... Ça me manque, tu sais ! Je suis malheureuse de pas pouvoir te voir, la sensation de vide est atroce Eijiro"
Les vannes étaient clairement ouvertes, me laissant presque sans voix devant l'incroyable et surprenant afflux de sentiments qui me submergeait. Évidement, j'avais conscience qu'il me manquait, mais à présent qu'il me parlait de le voir ce soir alors que ce n'étais clairement pas prévu, la brulure de son absence me semblait totalement invivable. Alors je ne contrôlais pas trop, les émotions coulant simplement sur mes joues sans que je ne puisse les contrôler ou me retenir ! Je me sentais principalement fragile, perdue par un cruel besoin d'être enfermé dans ses bras protecteurs juste fait pour moi...
"Je voulais pas te faire pleurer Nori ! Calme-toi !"
Sur l'écran, mon petit ami semblait presque s'affoler, ne sachant pas trop quoi faire de loin contre les larmes qui trahissent de tout. Je le regardais à travers les vagues qui envahissaient mes yeux, tentant de calmer ne serait-ce qu'un peu mon coeur qui tambourinait comme un fou dans ma poitrine.
"Tu me le promets ? Ce soir on pourra se voir ?"
"Je soulèverais des montagnes pour te voir ce soir ! J'espère juste ne pas avoir d'intervention de dernières minutes ! Le secteur est sur, mais on n'est pas à l'abri... Mais je te promets de faire tout ce que je peux pour venir, quitter à abandonner Bakubro !"
Je ris doucement, la scène se dessinant dans mon crâne sans que je ne puisse me retenir. Il n'avait rien dit grand-chose, et tout ceci restait du domaine du possible, mais je m'y accrochais fort, ne souhaitant cependant pas le faire culpabiliser s'il avait finalement un empêchement. Alors je repris mon souffle, coinçant dans ma gorge l'horrible sanglot que je sentais venir, et je frottais une première fois mes joues inondées.
"Je n'y peux rien, c'est la fatigue et les hormones !"
Je ne peux retenir un autre hoquet, grognant totalement contre ma faiblesse, et je n'arrivais pas à éviter une horrible grimace.
"Nori, je t'aime, tu sais ?"
"Ah, mais... Eiji..."
Incapable de me retenir, je le regardais à nouveau, éprise de tous nos moments à nous, ceux-là mêmes qui me soufflait qu'il m'aimait réellement. Tout cacher et jouer cet horrible rôle alors que je ressentais si fort cette alchimie avec lui ! Toutes ces semaines à tout barricader, cédant là, alors que j'étais déjà maquillé...
"Pardon, c'est juste que j'ai l'impression d'être enfermé dans une prison et si tu savais ce que tu me manques ! Je crois que là, j'ai besoin de toi et que bon... Enfin c'est compliqué d'être dans cette situation et toute seule, j'imagine..."
Patient, il ne disait rien, me laissant poursuivre ma diatribe, libérant les ressentiments qui s'amusaient bien souvent à me tenir éveillé la nuit. Et même quand je finis par parler de lui et de sa maudite jalousie ou du peu de temps qu'on avait réussis à s'accorder, il ne rétorqua pas. Quand sa voix se fait de nouveau entendre, j'avais le sentiment d'être plus légère, et il me regardait avec toute la bienveillance du monde.
"Je suis désolé que les choses se passent ainsi, j'ai vraiment envie de vivre tout ça avec toi, et il est hors de questions que quelqu'un d'autre soit présent à ma place aux prochains rendez-vous médicaux ! C'est nous deux d'accord ? On va y arriver, car on est fort tous les deux... Nori ? Je ne te laisserais jamais tomber tu sais, toi et le bébé vous serez toujours ma priorité ! Je dois y retourner, et ce soir, je t'accorde le plus long calin que tu n'ai jamais eu ! Ne pleures plus, on arrive enfin sur la ligne d'arrivée la, dernier sprint... Et en plus tu es très belle"
"Ce n'est pas vulgaire ? On voit que ma poitrine... Je... Je n'étais pas sure que tu le prennes bien !"
"Rah ça va, c'est juste que... ça m'agace de ne pas pouvoir être là ! Lui il peut, mais pas moi, ça bouffe les nerfs ! Mais ce n'est pas viril d'être jaloux... Donc objectivement tu es magnifique ! Subjectivement, je vais clairement m'embrouiller avec le premier qui te tourne autour, en particulier lui..."
Au rez-de-chaussée, j'entendis quelqu'un sonner, et au vu de la tête de six pieds de long, Eiji aussi. Myano était certainement arrivé et j'allais donc devoir y aller ! Mais la perspective de le voir ce soir m'enchantait complètement.
"Eijiro, je t'aime !"
Je le fixais d'un œil brillant d'une larme oubliée, accusateur tout de même. Il ne pouvait que soupirer, en levant les yeux aux ciels, jurant dans sa barbe imaginaire que c'est l'unique fois où il laisserait "sa femme" au bras d'un autre et raccrocha sans oublier de me dire qu'il me trouvait belle et qu'il m'aimait.
Je me levais, passant ma veste qui ne mettait nullement pas ma tenue en valeur, mais me garderai au chaud ! Et empoignant mon sac à main offert par Ochako et Mina, je descendis enfin les escaliers, donnant sans doute l'impression d'être une quinzaine de personnes a dévalé l'escalier.
- Bonsoir Myano-kun ! Tu vas bien ?
- Très bien ! Un peu stresser pour lundi, mais ça nous fera du bien !
- Sans doute !
- Tu comptes faire des études après cela ? Tu auras très vite une bonne situation !
La remarque de ma mère était visible de loin et je ne pus réprimer une grimace. Mais je restais sur mes gardes à l'idée de la mettre en colère ou de la provoquer ! Elle pouvait encore changer d'avis et me priver de cette sortie et je n'aurais donc pas mon heure et demie... Alors je me taisais, laissant mon ami répondre tout sourire, parlant alors du restaurant de ses parents qu'il comptait bien reprendre par la suite... De plus en plus emballée par une perspective qu'elle estimait bien plus que celle que j'avais osé lui proposer, elle me laissa aux bons soins de ce jeune homme merveilleux, cédant même si facilement lorsqu'il demanda une heure supplémentaire, histoire de lui ramener en même temps, le dessert qu'il servait ce soir-là justement...
Une heure de plus auprès d'Eijiro valait bien tout le silence du monde ! J'espérais simplement que Murata ne m'en veuille pas trop de lui imposer mon petit-ami et je ne savais pas trop comment aborder le sujet ! Encore moins le dossier bébé... Allait-il mal le prendre ?
Mais sitôt dehors, ce dernier ne pouvait qu'hyperventilé, marchant à vive allure alors qu'il s'excusait platement envers ma maman bien qu'elle ne soit évidemment pas là. Je le regardais, dubitative, cherchant à comprendre ce qu'il se passait dans sa tête... Finalement, il m'apprend que son père a déjà préparé des portions exprès et qu'il cherchait juste à me donner plus de liberté. Incrédule devant sa façon d'agir suite à son mensonge, j'explosais de rire et le remerciais sincèrement. Mais il se stoppait pour me demander, les yeux dans les yeux si je lui en voulais de son audace auprès de mes parents...
- Non, je ne t'en veux pas ! Tu as bien voulu faire, je le sais. Tu es vraiment un très bon ami Myano-kun, vraiment ça me touche !
Ses pommettes rougissent et aussitôt, je regrette mes mots. C'est toujours aussi étrange avec lui, ayant toujours l'impression qu'il réagit plus avec moi qu'avec les autres sous pour autant chercher plus ! Je n'étais jamais sûre de ses attentions, aussi, très vite, je surenchéris, souhaitant être certaine de ne pas lui laisser d'occasion quelconque et surtout, il fallait que je tienne ma promesse...
- Je voulais savoir si c'était grave si nous terminions la soirée avec Eijiro ?
Je reste mutine une seconde, ne sachant pas trop comment mon ami, qui, j'en avais conscience, tentait sincèrement de me soutenir, allait le prendre. Pourtant il prit le temps de réfléchir à sa réponse, hésitant vraiment sur ce qu'il pouvait demander ou pas. Et les lèvres pincées, je le voyais se jeter à l'eau comme si elle était bouillante !
- C'est donc bien vis-à-vis de lui qu'il y a un souci avec tes parents n'est-ce pas ?
- Oui, c'est vrai ! Ma mère m'interdit de le voir !
Le voyant hésitant, je me suis empressée de répondre, le coupant directement pour lui éviter le couplet sur le fait que je n'étais pas obligée de répondre. Mais j'estimais qu'il avait le droit !
Il était mon ami !
- C'est un héros, ma mère déteste ça... Elle a peur, mon oncle est mort alors qu'il étudiait à l'Académie Yuei, donc c'est compliqué. Nous avons prévu d'emménager ensemble juste après l'obtention de nos diplômes, et ma mère pense qu'elle peut m'en empêcher... Mais c'est déjà décidé !
Il acquiesce en silence, mesurant le poids d'une telle décision qui peut sembler précipitée, même si cela faisait longtemps que nous étions en couple. Vivre ensemble directement n'en restait pas moins complètement prématuré pour la plupart des gens, et j'en avais conscience. Pourtant mon ami gardait son opinion pour lui, semblant se complaire dans le fait qu'il me jugeait capable de prendre une décision pour moi-même. Tout ceci me confortait totalement sur le fait que je pouvais sincèrement m'ouvrir à lui !
- On a une raison d'aller un peu vite. Ma mère ne le sait pas, parce qu'elle est déjà un peu folle comme ça, mais mon père est au courant... Je suis enceinte !
Malgré tout son self-contrôle, il s'arrête brusquement et me fixe, l'air grave, cherchant sans doute à me voir exploser de rire, chose qu'évidemment, je ne fais pas.
- Tu es vraiment "enceintre" ?
- Non je ne suis pas un cintre ! Mais je suis bien enceinte. Y a un petit bébé là-dedans...
- Mais ! Ton petit ami le sait ? Enfin je veux dire, y a beaucoup de choses à faire !
- Calme-toi... Il le sait oui, évidemment. C'est pour ça que je te dis qu'on déménage ensemble si vite. Il a déjà signé dans son agence, enfin... Voilà ! Il aimerait me montrer l'appartement tout à l'heure si ça te convient...
- Oh oui bien sûr ! Tu avais l'air déprimé ces derniers temps et... enfin tes parents viennent te chercher, je me doutais bien qu'il se passait quelque chose. C'est pour ça que je voulais intervenir.
- Je te remercie Myano-kun, tu es vraiment un ami incroyable ! Ça fait un long moment qu'on a pas pu se voir en réalité ! Ça fait des semaines et il travaille ce soir, mais il a fini à 22h30, alors il a suggéré de venir et de nous emmener visiter... Bien sûr si tu préfères que nous restions à la fête, ce n'est pas un problème !
- Non, il n'y a pas de soucis Nori-chan, c'est très bien si tu peux en profiter. Hé bien... Si je m'y attendais !
- Tu choisis mal tes amis moi je dis ! Je t'attire que des soucis !
- Je ne sais pas lesquelles ! Et tu sais, je pense que tu es quelqu'un d'extraordinaire. Donc ça vaut la peine ! Mais j'ai horreur de mentir !
Il n'arrivait pas à retenir une grimace de dégoût, pire que s'il venait d'avaler un mets horrible, lui filant un air absolument hilarant et j'éclatais de rire ! La conversation a très vite repris sur un ton plus léger, et même lorsque nous sommes arrivés ensemble faisant taire bien des langues, on a continué de rire sans s'en soucier.
C'est d'ailleurs ainsi qu'on a passé le reste du temps ! Et même si j'ai passé anxieusement mon temps à regarder ma montre pour surveiller l'heure, comptant finalement les minutes qui me séparaient de lui comme ci j'allais obtenir le pouvoir d'avancer le temps, j'en profitai aussi avec mon ami. Il me racontait ses frasques en cuisine, faisant hurler son père pour les dégâts bien qu'il riait toujours à gorge déployer. On s'amusait vraiment, ignorant les regards en coin des élèves qui nous connaissaient, nous collant bien fort ensemble comme si nous étions un couple...
Nous n'avons cependant pas réussi à nous contenir quand Hanae s'est installé à côté de Tenruki et les trois autres garçons avec qui j'avais fait ma scolarité depuis toute petite. Esseulée, elle s'était montré au bout d'un moment alors qu'elle se faisait draguer par plusieurs groupes de garçons d'autres lycées, mais dont au moins l'un d'entre eux était avec nous au collège. À présent que plus personne ne semblait lui prêter de l'importance, le petit groupe que nous étions lui semblait une bonne solution. Mais quand Tenruki lui demanda si son fameux rencard avec Red Riot n'avait pas pu se faire et qu'elle avait largement soupiré, théâtrale à souhait, en disant qu'il n'avait pas pu se libérer malheureusement, car il travaillait ce soir, je ne pus retenir mon rire, suivi de près par Myano qui, bien qu'il avait tenté de ne pas le faire, ne pouvait que se morfondre de mon, selon lui, rire communicatif.
Que ce soit cet imbécile de Tenruki ou cette cruche de Hanae, les deux m'ont juste lancé un regard meurtrier que j'ai simplement évité au possible. Il me restait si peu de temps avec eux de toute façon, et ça, c'était bonheur !
- Et toi alors, quand est-ce que tu nous montres ton petit copain fantôme !
- Ah désolé, ce soir il travaille !
- Tu m'en diras tant !
- C'est tellement troublant comme hasard ! Le jour ou ton fameux héros boss, mon petit-ami fais exactement la même chose ! Tu imagines... Naaaan impossible que ce soit la même personne !
- En attendant, moi je le retrouve plus tard, quand vous serez tous au lit ! J'imagine que tu ne peux pas dire autant ! argua-t-elle avec tellement de fierté.
Je ris de nouveau, imaginant alors arriver d'ici une vingtaine de minutes, avec justement le héros en devenir qu'il était et surtout MON officiel petit copain ! La tête qu'elle ferait serait à photographier, et mince, si ça arrive un jour, il faudrait réellement que je pense à prendre un souvenir !
Mais Hanae ne répond pas à ma pique, laissant l'autre étudiant regarder à tour de rôle Myano qui lui me sourit largement, pour revenir vers moi, fronçant les sourcils.
- Vous deux vous sortez ensemble ?
- Quoi ? Mais non Tenruki-san ?! Nous ne sommes qu'amis !
- Si t'es son ami, alors tu dois avoir déjà vu son fameux copain !
De nouveau, la peste se mêlait de la conversation, remontant sa jupe aux yeux des garçons comme pour leur demander de participer. Et ça fonctionnait !
- Oui... euh oui c'est vrais ! Je l'ai déjà vu. Une fois, bah par hasard en plus ! Je les ai vus se promener ensemble.
C'était la pure vérité, me rappelant totalement de cette fois où nous étions tombés sur lui devant le lycée alors que je venais de déposer mon CV au Musée. Seulement mon pauvre ami et seul soutien semblait tellement mal à l'aise que personne ne pouvait le croire ! Bien au contraire, tout le monde me lança un soudain regard noir, m'accusant sans doute de forcer d'une façon ou d'une autre, ce pauvre Murata de mentir pour moi.
Clair comme de l'eau de roche !
- Laisse tomber Myano-kun, de toute façon ils n'ont aucune envie de nous croire alors bon !
Agacée, je me levais, prête à partir même s'il était encore tôt. Dans tous les cas, je n'avais aucune envie de rester avec les pauvres rabat-joies ignobles qu'ils étaient et j'étais impatiente de me débarrasser d'eux une bonne fois pour toutes.
Mais à peine debout, que Myano m'emboita le pas, et une main m'agrippa le bras, serrant sa prise tandis que je grimaçais.
- Mais, lâche là !
Mon confident s'interposa alors qu'un garçon d'un autre lycée, visiblement éméché, avait voulu m'arrêter dans mon élan, me fixant d'un oeil hagard.
- Shira... kumo... kun ?
- Euh... Oui ?
- Oooooh ! Je le savais ! T'es trans !
- Hein ?
Il eut un long blanc et tout le monde autour de nous éclata de rire, tandis que je fixais le jeune homme devant moi, totalement perplexe.
- Comment ça je suis trans ?
- Bah t'étais un mec quand on était petit ! Mais la t'es une nana, vachement bonne en plus même si t'as pas de nichons. Logique du coup... Mais je t'ai reconnu ! Tes cheveux !
Il expliquait sa déduction; presque fier de m'avoir percée à jour selon lui, et je restais dubitative, me souvenant alors qu'enfant, ma mère me "déguisait" souvent comme un petit garçon, faisant un peu revivre oncle Oboro à travers moi. Ça s'était même accentué quand mon Alter s'est révélé similaire au sien. Je me souvenais aussi que même Eijiro m'avait avoué qu'il se souvenait de moi, gamin, mais qu'il était persuadé que j'étais un mec, puisque maman m'envoyait à l'école de la sorte, s'amusait bien souvent à m'acheter des tenues qui lui faisait penser à mon oncle et me coupant les cheveux...
Je ne pouvais pas en vouloir ni à lui, devant moi que je ne reconnaissais pas, ni a mon amoureux qui ne voyait pas forcément les choses plus loin que le bout de son nez. Mais je savais que le comportement de ma mère n'était pas approprié, même si elle n'avait clairement pas voulu quelque chose de négatif et qu'elle avait très vite arrêté !
- Hé bien non, je suis bel et bien une fille !
- Oh ? Prouve-le alors !
Derrière moi, les quatre garçons de ma classe se levèrent et j'espérais que ce serait pour m'aider avant de me souvenir qu'il était sans doute inutile d'espérer quoique ce soit de bon de leur part. Je reculais d'un pas, soupirant en faisant mine de ne pas craindre la situation tout en jetant un coup d'oeil pour repérer la porte de sortie. Mais encore une fois ce fut mon infaillible soutien qui fit barrage, se plaçant directement devant moi, me faisant signe de partir de la main.
- Je crois que tu es bien trop éméché pour savoir ce que tu dis, mais si on t'entendait demander ça a une femme, tu pourrais perdre ton entrée en fac, t'en es conscient ?
Je me retournais doucement et avançais vers la sortie sans faire de vague, laissant mon ami qui avait réussi à capter l'attention du pauvre gars complètement bourré, sur lui. Et sitôt dehors, l'air frais me frappa les joues, et je poussais un large soupire...
J'étais vraiment soulagée, ayant réussi à fuir l'ado qui n'aurait pas dû apporter de boisson alcoolisée, sans faire attention au fait que je me retrouvais seule, dans une petite rue déserte, à cette heure-ci ! Ni au temps fou qu'a mis la porte à claquer, un peu comme si quelqu'un qui se fait discret l'avait retenu un instant pour sortir derrière moi...
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