CHAPITRE DIX-SEPT ~Nori~

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Ce fut la semaine la plus longue et insupportable de ma vie !

Les examens semblaient être une immense chose qui se dressait devant moi, et je restais fortement consciente que je devais me concentrer là-dessus plutôt que sur autre chose. Pourtant, je pouvais bien me seriner tout autant que je le pouvais, cet « autre chose » me hantait horriblement !

Qu'importe à quel point je tentais de me concentrer sur mes études, rien n'y faisait ! J'étais incroyablement taclé par mon petit ami !

Rien ne s'arrangeait avec ma mère, prenant même une dimension désastreuse...

Le vendredi soir, elle n'avait plus rien dit, réfléchissant fort sans prononcer un seul mot. Le samedi fut insupportable ! Alors qu'elle continuait dans son mutisme, son visage se fermait de plus en plus. Pour ajouter une pincée de lourdeur, mes parents semblaient être en froid, ne s'adressant pas la parole !

Mais le pire fut la soirée de ce fameux samedi, à peine un jour après la présentation officielle d'Eijiro. Elle semblait déterminée au possible, faisant irruption dans ma chambre le regard bien trop décidé pour que quoique ce soit de bon en ressort. Elle m'avait pris mon téléphone, allant jusqu'à exploser l'appareil contre le mur, prenant même la peine de couper la puce en deux.

Totalement éberluée, j'avais fondu en larme alors qu'elle assurait faire ce qu'il fallait, et qu'elle allait prendre les choses en main à partir de maintenant. Si seulement elle s'était arrêtée là, finissant par dire la pire chose qui puisse, insinuant qu'elle ferait ce qu'elle peut pour faire adopter mon bébé...

Sans l'intervention de mon père, furibond, peut-être que les choses se seraient encore plus mal passées ! Prenant clairement position contre elle, il avait hurlé qu'il ne laisserait jamais une telle chose se faire et qu'elle ne se rendait pas des aberrations qui sortaient de sa bouche. À aucun moment elle n'avait émis un regret pourtant elle n'avait plus rien dit à ce sujet de la semaine. Mais je devais bien sûr avouer qu'elle conservait cet air invincible qui me donnait la chair de poule, me donnant l'impression de devoir me méfier constamment.

Mon père était bien sûr venu me parler, s'excusant une fois de plus tout en me serrant contre lui, précisant qu'il veillait vraiment à ce qu'une telle chose ne se produise. Il était resté avec moi jusqu'à ce que je m'endorme, totalement secouée par tout ce qu'il s'était passé !

J'aurais sincèrement aimé aborder cette dernière semaine de cours de la bonne façon, mais l'absence de nouvelle de mon petit ami rendait la vie impossible. J'étais au courant, bien sûr, mais n'ayant plus mes numéros je me retrouvais coupé de tout. J'avais hésité à partir dès le week-end passé, mais je préférais tenter ma chance jusqu'au bout pour faire entendre raison à ma mère. Mais dès le lundi, mon ami Myano n'avait pas hésité à envoyer un message à Eijiro pour le prévenir de la situation. Il m'avait après tout promis de vérifier son téléphone malgré la mystérieuse interdiction. Cependant nous étions vendredi, une très longue et silencieuse semaine venait de s'écouler et il n'avait jamais répondu. Je devais me rendre à l'évidence, je n'en pouvais plus...

Et même si mon confident s'était montré plutôt réconfortant en début de semaine, autant il m'avait avoué commencer à s'inquiéter lui aussi ! Alors, incapable de passer une semaine de plus sans nouvelle, j'avais bien l'intention de faire faux bond à ma mère ce soir...

Une fois de plus, l'heure de vie de classe était annulée et j'avais l'intention de me rendre à Yuei pour tenter de voir quelqu'un de sa classe. Si je ne croisais personne, je prendrais la peine de faire un bond jusqu'à chez lui ! Il avait dit qu'il serait de retour en fin de semaine prochaine maximum, mais je restais foncièrement mal à l'aise face à son silence qui ne lui ressemblait pas. Il me fallait donc des réponses...

À mes côtés, mon fidèle ami, incroyable comme toujours. Il m'avait assuré ne pas avoir la possibilité de rester pour la soirée étant donné qu'il aidait au restaurant le soir même, mais était prêt à m'accompagner jusqu'à Yuei. Je connaissais Myano depuis un moment à présent, mais je n'aurais jamais imaginé que l'on puisse devenir aussi proche ! Il faisait tout pour être présent pour moi, sans rien obtenir en retour vu l'amie des plus médiocre que j'étais. Je me savais égoïste, et j'avais même l'impression de profiter de sa gentillesse, mais je n'arrivais pas à trouver une façon de lui rendre tout ça. Il était trop bon dans tout ce qu'il m'apportait, sans compter le nombre de fois où il m'avait fait réviser...

On ne s'occupait que de moi !

Alors, tentant de m'ouvrir à lui et de le lui laisser un peu de place, je m'amusais à poser un tas de questions sur ses goûts en matière d'homme. Le stress me hantait, certes, mais j'étais contente de mieux en apprendre de mon ami. Les minutes de marches me parurent s'éclipser affreusement vite alors que je l'écoutais parler de sa crainte de parler de son homosexualité avec ses parents. Ce n'était que peu, mais je lui avais assuré mon soutien infaillible, lui proposant d'en discuter calmement pour trouver une solution à ce sujet, chose qu'il avait acceptée en souriant de son air serein.

Et sitôt en attente devant le lycée, le stress et le malaise m'a juste sauté à la gorge, surtout quand des élèves, visiblement en dernière année, passaient à côté de nous en nous toisant de haut en bas. Je ne reconnaissais personne pour l'instant, soupirant mon stress. Je tentais de me calmer en me rappelant que je pourrais tout aussi bien trouver des réponses avec sa famille ou même en allant directement à l'appartement...

Alors je glissais ma main dans ma poche, sentant avec un soulagement intense, mon jeu de clés. Qu'importe que le fait que j'avais dormi dans ma chambre de petite fille à regarder mon ventre s'arrondir, ma vie d'adulte commençait inévitablement bientôt !

Tout était à porter de mes doigts, je devais juste m'assurer que tout allait bien pour mon amoureux, lui briser une cote ou deux en fonction de son excuse, et passer ma semaine d'examen...

En priant d'abord pour que tout aille bien ! Bien que l'idée que ce n'était pas le cas continuait de me tourmenter...

— Shirakumo... ?

Je sursautai alors que je voyais Denki s'approcher de moi avec Momo et Kyoka... Je me souvenais difficilement des prénoms, enfin surtout du "à qui" attribuer quel prénom. Mais qu'importe l'ordre, l'une était Momo et l'autre Kyokka.

Et même si effectivement nous n'avions pas pu beaucoup discuter lors de la soirée, je ne comprenais pas du tout le regard méfiant ou furieux qui se lisait dans leurs yeux. Seul Momo, d'après moi, semblait tenter de se contenir et se plaça directement devant les deux autres, tout en me toisant cependant.

— Que veux-tu ?

Surprise, je ne comprenais pas cette tension et je serrais automatiquement les clés dans ma main, m'y raccrochant une fois de plus. Myano arriva aussi, posant sa main sur mon épaule, semblant percevoir lui aussi l'air sincèrement maussade, tentant sans l'ombre d'un doute d'apaiser les esprits.

— Excusez-nous, pouvez-vous nous aider ? Je suppose que vous êtes des amis de Kirishima kun ?

J'acquiesçai moi-même pour confirmer, irréfutablement inquiète, et les trois amis de mon homme restaient sur leurs gardes devant nous. Ils fixaient à présent Myano, attendant de lui une explication puisqu'il avait pris la parole, et heureusement le lycéen ne se laissa pas impressionner. Les deux demoiselles semblaient l'écouter, tandis que Denki me regardait intensément, les sourcils clairement froncés.

— Nous n'arrivons pas à le joindre depuis une semaine. Il nous avait bien prévenus que ce serait compliqué, mais...

— C'est seulement maintenant que tu t'inquiètes de lui ?

La voix du garçon aux cheveux d'or était sèche, complètement glaciale et je ne pus que le regarder, abasourdie, sans savoir quoi répondre ni ce qu'il sous-entendait.

— Si tu crois que je vais te laisser aller le voir...

— Mais de quoi tu parles ?

Ma voix tremblait, j'en étais consciente. Il était facile de comprendre que quelque chose n'allait pas, mais je n'étais pas vraiment sure de pouvoir entendre une mauvaise nouvelle à présent. J'étais terrifiée ! Je voulais les réponses, mais je ne pouvais pas les entendre... Cependant l'attitude de Denki à mon égard m'échauffait sérieusement, ce n'était horriblement pas le moment. Il me taclait avec tellement de véhémence qu'il m'était difficile de ne pas rester de marbre face à l'assaut verbal. Heureusement, une nouvelle fois Momo se plaça entre nous, me souriant presque.

— C'est-à-dire que nous avons cherché à te joindre toute la semaine, sans résultat. Quand nous avons finalement pu y parvenir, on nous a clairement fait comprendre que tu ne voulais plus rien savoir de Kirishima kun...

— Quoi ?

— Ouais, fais donc l'étonnée ! C'est pas parce que d'un seul coup tu regrettes que...

— Écoute-moi ! Je ne sais pas de quoi tu parles, mais là, il va falloir que tu m'expliques ce qu'il se passe et franchement, fais-le sur un autre ton !

— Ce qu'il se passe ?! Mais tu te fous de moi ?!

Les esprits s'échauffaient et je passais à présent une main sur mon ventre tendu par le stress et l'énervement. Mes nerfs lâchaient complètement, la semaine avait été rude et je ne demandais qu'à me retrouver dans un endroit rassurant dans les bras de mon homme si possible ! Au lieu de ça, je commençais sérieusement à avoir envie de noyer l'étudiant devant moi à coup de nuage trempé...

— Je t'ai dit de te calmer là !

— Stop ! Calmons-nous voyons ! Il doit y avoir une méprise ! Nous n'avons pas pu le contacter, et Nori chan n'a plus de téléphones depuis samedi. Nous ne sommes donc au courant de rien...

Méfiante, Momo semblait tenter de percevoir la vérité pendant que je m'impatientais complètement, les larmes me piquant les yeux.

— Bordel de merde ! On va me dire où il se trouve.

J'avais conscience que je criais complètement, semblant lourdement en colère alors que pourtant, je ne retenais pas non plus mes joues qui ruisselaient d'eau salée.

— Vla la naine ! ... Oi l'excité, à ta place j'arrêterais de parler comme ça à la naine ! Il va t'exploser s'il l'apprend.

Je me tournais, les deux mains plaquées sur mon ventre, le visage crispé dans une colère soudé à la panique intense, je le suppliais du regard.

— Elle n'est même pas venue quand on l'a appelé ! T'imagines que...

— Ferme là un peu bordel ! Chuis au courant. Elle est là maintenant.

- Katchan ? NORI-CHAN ! J'étais si inquiet !

— Izu-chan... Je ne comprends pas du tout ce qu'il se passe, expliquez-moi ! Où est Eijiro ?

Un malaise envahit clairement le petit groupe et je commençais à sincèrement m'inquiéter de tout cela. Je voyais bien qu'il y avait un quiproquo et surtout, je voyais bien qu'il était absent... Katsuki était son duo ! S'il était là, c'est qu'il n'était plus en mission...

— Bonjour Bakugo-san ! On est venu, car nous n'avions justement pas de nouvelles ! Kirishima-kun nous a prévenus, cependant cela nous inquiète quand même ! Nori-chan a eu un souci avec son portable, elle n'en a plus depuis samedi et est donc injoignable depuis...

— C'est moi qui ai appelé chez toi Nori-chan ! On m'a dit que tu étais sur le point de partir « ailleurs », que tu ne reverrais plus jamais ce "garçon" et que tu te fichais bien de ce qui pouvait lui arriver ...

— Partir ailleurs... Je ne comprends pas ! Qu'est-ce que...

Mais je comprenais surtout que ma mère avait intercepté l'appel. Je voulais tellement ne pas y croire, plus l'idée s'installait, plus je tentais de me persuader d'une possible incompréhension. Seulement, d'un autre côté, je me souvenais bien de certaines paroles de ma mère concernant mon bébé. Le malentendu me donnait l'impression d'être une affreuse vérité, et mon coeur se serra bien trop fort dans ma poitrine.

— Jamais je... Je ne suis pas au courant, je pense que tu as parlé à ma mère, et elle ne m'a pas informé de cet appel !

— Calme-toi Nori-chan ! Pense au bébé, on va éclaircir cette situation...

— Le bébé ?

Denki sursauta presque à la nouvelle, la fixant à présent comme une bête curieuse. Silencieuses, les deux jeunes femmes s'approchèrent aussi, préférant garder le silence, comprenant qu'elles n'avaient pas toutes les informations.

— Oui andouille, tu penses que j'ai pris autant de poids à cause du stress des examens ? Je suis enceinte de cinq mois ! Et là, je ne sais pas où est le père de mon bébé !

Certes, je ne me baladais pas comme une baleine, la bedaine en avant, mais clairement mon ventre se voyant un peu. Mais mon uniforme semblait ample, aussi je n'étais pas surprise qu'il ne le sache pas.

— Tête d'ortie a eu un problème. Lors d'une intervention, il est resté dans un bâtiment au moment de l'effondrement. Ça ne pose pas de soucis avec un Alter comme le sien, mais on a mis beaucoup de temps à le retrouver, et il a dû conserver son Alter actif pendant tout le déblayage. Pour le coup, son corps a subi un grave contrecoup. Il est à hôpital ! Il est... Ils l'ont mis dans le coma le temps de retrouver des forces !

— Le coma ?

Incapable de contenir, tout lâcha brutalement...

Trop d'un coup, et tout autour de moi vacilla dangereusement et d'un coup je me retrouve dans les bras d'Izuku alors que j'explose sincèrement.

— C'est pas possible...

Deku ne dit rien, me laissant m'accrocher à lui de toutes mes maigres forces alors que je tentais de rassembler mes idées, sans savoir ce qu'il fallait faire à présent. J'assemblais un puzzle géant, dont les pièces restaient peu nombreuses, certes, mais terriblement lourdes à bouger entre mes doigts.

Les larmes affluaient, coulant partout sur mes joues sans que cela puisse s'arrêter, et je suppliais que tout ceci ne fût qu'une affreuse méprise ! J'étais totalement certaine d'ailleurs que je ne pourrais jamais m'arrêter !

— On va t'emmener le voir d'accord Nori-chan ? On en profitera pour vérifier ta tension et tenter de t'apaiser un peu ! Tu es d'accord ?

Mais dans tout cet enfer dégoulinant et sombre, m'épuisant alors que j'appréhendais à peine cet abysse dans laquelle on venait de me plonger, la voix d'Izuku était une lyre réconfortante... Aussi, incapable de plus, j'acquiesçai simplement.

- Katchan ?

— Ouais, vas-y Deku

— Je vais te soulever, ne panique pas surtout ! On y arrivera plus vite comme ça !

Délicatement, le Héros passa ses mains sous mes genoux, me portant doucement comme une princesse. Je ne savais pas trop ce qu'il comptait faire, mais très vite, la sensation de flotter devenait vraiment évidente.

M'extirpant douloureusement de mon crâne, je remarquais qu'effectivement, nous volions littéralement ! Je bredouillais mentalement, me rendant compte que l'effet n'était pas forcément désagréable et je regardais alors le visage du héros, me concentrant uniquement dessus. Heureusement, grâce à mon Alter, je connaissais déjà cette sensation de flottement, ne me donnant aucun maux supplémentaire à ce sujet. Cependant j'évitais absolument de vérifier à quel point le sol était loin de moi à présent...

— Ne t'inquiète pas, en vol, on y sera en même pas cinq minutes !

Il me sourit, semblant apparemment habitué à la proximité obligatoire. Le vent était frais, et ça faisait un bien fou ! M'aidant totalement à reprendre du poil de la bête ! L'air me frappait le visage, glaçant le bout du nez. Et pile quand cela devenait vraiment glacial, Izuku amorça la descente.

— Tu ne t'inquiètes pas d'accord. Je vais te conduire ! Je vais aussi pouvoir dire que tu fais partie de la famille si la sienne n'est pas présente, ne t'en fais pas. Il va bien aller ! C'est juste temporaire, mais les médecins t'expliqueront mieux que moi...

— Très bien, merci beaucoup, Izu-kun

Et pile devant, il nous posa, me laissant toucher terre, non sans prendre le temps d'être certain que je ne titube pas avant de s'éloigner. Il ne tarda pas non plus à me montrer le chemin, marchant doucement, me ménageant au maximum, et je reconnaissais bien là la gentillesse innée de l'homme. Et enfin, il m'emmena directement au service de soins intensif qui me fit frissonnant d'effroi.

— Ne t'inquiète pas ! Il est ici, car ils l'ont endormi, sinon son état est sous contrôle, vraiment !

— D'accord...

À l'accueil, l'infirmière qui nous accueillit, puisqu'on ne pouvait pas avoir accès à ce service sans raison, reconnut directement le héros. Facile vu qu'il portait son uniforme de Yuei. Cependant il tira son permis de sa poche et sourit d'un air rayonnant.

— Bonjour, Héro Deku, je viens inscrire quelqu'un sur la liste des personnes autorisées pour la chambre 407 du patient Kirishima Eijiro.

Lui rendant son sourire, elle finit cependant par me toiser. Elle se tourna de nouveau vers l'homme sans même m'adresser la parole et lui lança un sourire désolé qui sembla presque sincère.

— Je suis désolée, mais seuls les proches sont admis en visite, vous le savez ! On ne peut pas...

— Ne vous inquiétez pas, je suis parfaitement au courant des règles. Il s'agit de la fiancée du patient. Sa famille aussi pourra le confirmer ! Mais je pensais suffire...

— Le... oh ! Hé bien, bien sûr voyons, j'ai besoin du nom et du prénom et il faudra apporter la carte d'identité pour pouvoir entrer.

— Bien sûr ! Je vous remercie sincèrement !

Izuku me fit un signe de tête et je déglutis alors avant de soutenir le regard de cette femme qui me semblait sympathiquement antipathique...

— Shirakumo Nori, j'ai bel et bien ma carte avec moi...

— Merci beaucoup, je l'imprime et ce sera tout !

J'acquiesçai et la femme glissa ma carte d'identité dans la photocopieuse derrière elle, tapant ensuite les informations dans le dossier d'Eijiro.

— J'aurais quelque chose à vous demander ! Mon amie ici présente vient tout juste d'apprendre ce qui est arrivé à son fiancé. Pour le coup, je voudrais m'assurer qu'elle va bien, le bébé et elle !

De nouveau, elle me toisa, fronçant les sourcils de haut en bas, remarquant enfin le renflement sous mon uniforme.

— Bien sûr, venez par ici, je vais prendre votre tension ! Vous semblez avoir froid aussi... Ressentez-vous une quelconque douleur ou gêne ?

— Euh non... Tout à l'heure par contre, je sentais mon ventre... "tendu", j'imagine !

— Mmmh... Je vais prévenir mes collègues de mat', je pense qu'un monito ne serait pas du luxe ! Vous êtes suivis par un praticien de notre établissement ? Sinon je ferais une demande pour avoir accès à votre dossier !

— Ah, mais je... j'aimerais m'assurer de l'état d'Eiji avant ! Je vous en prie, je... c'est le docteur Jinseo qui s'occupe de moi, mais...

— Très bien, je vais les prévenir et je vous accompagnerai quand elles pourront vous recevoir, en attendant vous aurez le temps de visiter votre fiancé. Je ne pense pas qu'il ait de quoi s'inquiéter pour vous, ce ne sont que des précautions !

— Je vous remercie sincèrement !

Et pendant cette conversation, l'infirmière avait changé radicalement d'attitude ! Passant de surveillante sévère à maman poule en deux secondes. Elle m'avait fait asseoir sur sa chaise, vérifiant ma tension et passe même sa main sur mon front. C'était surprenant !

— J'aimerais vous donner un petit quelque chose, vous ne me semblez pas en grande forme ni très couverte pour cette période de l'année !

— Je ne pensais pas que... enfin c'est une drôle de période !

— Je vois... En plus des examens si proches ! Prenait bien soin de vous, nous nous occupons bien de votre fiancé ! Son état est stable ! Il aura besoin de vous retrouver en forme et votre enfant aussi a besoin que vous le soyez ! Soyez forte, tout va s'arranger !

Elle m'avait attrapé la main, la serrant doucement comme si elle essayait de me transmettre un peu de courage et cela me fit sincèrement chaud au cœur. C'était une totale inconnue, mais son soutien était plus que bienvenu et il était impossible de ne pas y voir la sincérité... Alors je lui souris fort, pouvant réellement sentir mon stress disparaitre un tout petit peu ! Directement, elle me sourit à son tour et griffonna sur une feuille blanche ses observations me concernant.

— Bon, 15 de tension c'est beaucoup ! On va surveiller d'accord... Ménagez-vous au maximum ! Allez, venez, je vais vous emmener auprès de lui ! Sa famille est présente.

— Oh ! Attendez ! Izu-kun ?

— Ah je suis désolée Nori-chan, je boss ce soir, je ne peux pas rester ! Mais tu peux joindre Katchan si tu as besoin, il est en stand-by du coup...

— D'accord ! Merci beaucoup ! Vraiment !

Il sourit de son air bienveillant sans répondre, semblant tout à fait normal pour lui, et disparut. De son côté, ma nouvelle gardienne m'attendait et me fit entrer alors dans un long couloir qui semblait assez calme.

— C'est un service fermé au public, nous avons souvent des patients qui ont besoin de soins sévères et d'intimité pour se remettre. Donc nous sommes très vigilants ! Mais l'état de votre compagnon est un peu plus particulier. J'imagine que vous aimeriez parler avec son médecin pour en savoir plus ?

— Oui si c'est possible !

Le service était étonnamment grand, je restais quand même impressionnée par toutes les installations autour de moi. Il s'agissait du centre le plus réputé des environs, donc rien d'étonnant non plus ! Tournant à l'angle du couloir, le service se poursuivait au moins sur quatre chambres supplémentaires, mais ce n'est ça qui attira mon regard...

Trois personnes étaient assises sur des sièges, semblant attendre sagement. Je les reconnaissais évidemment sans mal et les larmes montèrent de nouveau si vite. Lorsque Rina leva les yeux vers moi, elle se leva, le visage mi-figue mi-raisin, ne sachant pas interpréter mes larmes. J'espérais vraiment pouvoir leur faire entendre la vérité...

— Je suis désolée ! Sincèrement ! Je n'étais pas au courant de ce qu'il se passait ! Ma mère m'a... Ma mère m'a pris mon téléphone. Je n'avais aucun moyen de joindre Eijiro ! Il m'avait dit que ce serait difficile pour lui de répondre, donc j'ai surtout tenté de m'accrocher à cette idée. En plus, ma mère m'a privé de sortie et vient me récupérer au lycée... Donc j'ai attendu patiemment aujourd'hui, parce que je finis plus tôt et elle ne le sait pas ! Je suis terriblement désolée, jamais je n'aurais abandonné Eijiro ! Je ne sais pas ce qu'elle vous a dit, mais je ne suis au courant de rien ! Rien du tout, et jamais je n'aurais... Encore moins en sachant ce qu'il lui arrive ! Enfin, je veux dire... Je l'aime tellement ! Comment aurais-je pus...

Je venais de lâcher ma diatribe, tentant de rester cohérente et compréhensible ! Brouillés de larmes, je pensais que c'était ma meilleure amie l'infirmière qui me serrait la main, mais au lieu de cela, c'était bel et bien Rina qui s'était rapprochée, pleurant à son tour.

— Viens là petit coquelicot ! Ne t'en fais pas, on se doutait que quelque chose clochait !

À leurs tours, mes beaux-parents arrivèrent pour m'enlacer doucement, me retirant une centaine d'épines du pied. Doucement, les trois adultes prirent le temps de me calmer, parlant calmement. Puis Aoi m'accompagna vers les sièges, me faisant m'asseoir au milieu d'eux alors qu'elle me gardait dans ses bras.

— On s'est douté de quelque chose ma chérie ! Simplement, c'est une drôle de période et il n'y a rien à faire d'autre à part attendre pour lui. Alors on s'est tout simplement dit qu'on attendrait vendredi prochain. Nous serions venus nous-mêmes te chercher, tu sais !

— Ça, c'est vrai ! Je n'aurais jamais cru à un seul de ses mots sans t'avoir vu toi ! Vu comment vous baisez comme des lapins et vous regardez comme des amoureux transis, je n'y crois pas un seul instant !

— Merci Rina... Merci à vous tous ! Vraiment, je suis rassurée !

— Tu fais partie de notre famille tu sais, nous n'avons pas beaucoup à offrir, mais notre famille est soudé ! Vous pourrez toujours compter sur nous !

— Merci beaucoup Monsieur et Madame Kirishima ! Vraiment votre soutien pour tout d'ailleurs...

— Ah ! Je suis si jeune pour être grand-mère ! Mais le bon côté c'est que j'aurais à peine l'air de sa tante !

Je ris à nouveau, totalement détendue tandis que ma belle-mère me demandait si elle pouvait toucher mon ventre.

— Ça ne se voit pas encore, mais quand on y regarde ? Il est là ! Tu l'as déjà senti bouger ?

— Non pas que je sache...

— Ça va très vite arriver !

Elle me caressa le visage d'un geste très maternel que j'aurais rêvé recevoir de ma mère et je m'y perdis. Puis la porte de la chambre s'ouvrit et deux médecins en sortirent avec deux autres infirmières.

— Docteur, alors, comment va-t-il aujourd'hui ?

— C'est très bon, ne vous inquiétez pas ! Son corps reprend bien ses fonctions petit à petit. Il semble faire « point par point » ce qui prend beaucoup plus de temps, mais en laisse justement assez au reste pour se réadapter. Et puis si quelque chose ne va pas, nous allons très vite savoir d'où vient le souci ! Je pense qu'il en a encore pour une petite semaine malheureusement, en tout cas s'il en garde ce rythme ! Avez-vous des questions ?

— C'est gentil, mais tout va bien. Par contre voici ma belle-fille qui vient d'arriver et j'imagine qu'elle aimerait comprendre ce qu'il se passe.

— Ne vous inquiétez pas, c'est un coma artificiel, donc que nous gérons totalement le moment où il se réveillera. Mais grâce à ce sommeil forcé, son corps se préoccupe seulement de recouvrer ses forces, plutôt que du reste, et la guérison va plus vite ! Ce qu'il s'est passé c'est qu'il a activé son Alter sur une très longue période, forçant au-delà de ses limites. Nous pensons qu'il a tellement forcé, que sans s'en rendre compte, il s'est solidifié de partout, y compris les organes internes, chose qu'il ne fait pas en temps normal. Actuellement, nous suivons donc l'évolution de son état en restant vigilants. Mais son corps semble parfaitement savoir ce qu'il doit faire, comme s'il était adapté à cette possibilité, ce qui est sans doute le cas. Mais nous ne voulons écarter aucun risque ! Donc nous restons sur nos gardes et aidons son corps en le laissant se concentrer que sur ce point, mais globalement il fait tout, tout seul !

C'était un long discours, mais je comprenais enfin ce dont il se passait et remerciait le médecin qui me serra la main avant de finalement partir. Je poussais un large soupir, passant mes doigts sur mon jeu de clés.

— Tu veux aller le voir ma chérie ? Nous pouvons entrer maintenant !

— Attendez je... Je pourrais utiliser l'un de vos téléphones ? J'ai une dernière chose à faire avant...

Ma poche semblait peser une tonne, et me donnait l'impression de rassembler ce qui signifiait mon avenir. Je voulais de cette relation avec ma mère, mais certainement pas de cette façon ! Elle avait voulu me couper d'Eijiro, outrepassant toutes les limites. Je ne voulais même pas savoir ce qu'elle espérait me faire avaler comme excuse pour tenter de m'expliquer l'absence de mon amoureux...

Je pouvais comprendre ses craintes, d'autant plus que de savoir où il était en ce moment même ne pouvait que renforcer ses convictions ! Moi aussi, j'étais mortifiée ! Mais ma décision était prise... Je voulais faire ma vie avec cet homme, qu'elle soit d'accord ou non ! Et non, je ne la laisserais pas se mettre en travers de cela ! Alors quand Aoi me tendit son portable déverrouillé, je composais sans hésiter le numéro de la maison, celle où je n'avais plus l'intention de rentrer !

Bien sûr j'avais une énorme boule d'appréhension qui m'écrasait de l'intérieur, roulant partout alors que je n'étais surement pas loin de vomir tout ce que j'aurais pu avaler ces derniers jours. Mais ce n'était pas de la peur, loin de là... J'étais furibonde !

Et quand ma mère décrocha, semblant elle aussi folle de rage, je ne lui laissais même pas le temps de parler ! Je ne l'avais jamais défié, car j'estimais son jugement juste et sage, mais cela faisait bien longtemps que je le pensais erroné. J'estimais qu'elle s'en était prise à mes proches et je me devais de les protéger moi aussi ! Alors, malgré tout le respect et l'amour que je pouvais malgré tout ressentir pour ma maman, j'étais remontée à bloc, prête à gagner cette dernière bataille !

— Comment as-tu osé ? Mais qu'est ce qui ne va pas chez toi pour... Tu as osé me cacher qu'il était à l'hôpital ? Tu te rends compte de ce que tu fais ? Ce n'est pas ta vie maman, c'est la mienne et ma décision ! Je ne te laisserais plus faire quoique ce soit !

— Nori, je t'interdis de...

— Non-maman, c'est toi qui dois m'écouter là ! Et je vais être clair, c'est moi qui t'interdis de t'approcher de ma famille ! Si c'est avec tes maudites intentions malsaines ou idées farfelues, tu n'as plus le droit de te montrer devant moi ! Tu voulais faire quoi ? Me faire accoucher en secret et donner mon bébé en me faisant croire qu'Eijiro m'avait abandonné ? Sérieusement ! Jamais, qu'il soit là ou pas, je ne me séparerais de mon enfant, qu'est ce qui te ferait croire un truc pareil ?! Qu'est-ce qui ne va pas chez toi pour penser pouvoir faire ça, ce n'est pas un maudit drama !? Qu'importe le crédit que tu donnes à notre histoire, je n'ai pas besoin de ton approbation ! Je suis majeur !

— Mais enfin c'est toute ta vie que tu mets en danger pour un héros Nori ! Un héros qui va mourir à la première occasion !

— Mais ferme là bon sang ! Je t'interdis de dire des choses comme ça ! Jamais, tu m'entends, jamais je ne te permettrais de dire une chose pareille de lui ! Tu ne le connais pas et tu n'as jamais cherché à le connaitre ! C'est l'homme le plus courageux et aimant que je n'ai jamais rencontré ! C'est juste lui, et tu n'as rien à dire à ce sujet, mais je t'interdis de dire ça ! Lui non plus n'est pas Oncle Oboro ! Il faut que tu te fasses soigner maman ! Je ne suis pas ton frère et Eijiro non plus !

— Tu ne comprends pas que je..

— C'est toi qui ne comprends rien ! Je ne veux plus rien entendre de toi à présent ! Tu as clairement dépassé les bornes et je n'accorde plus aucun crédit à tout ce que tu peux dire ou penser actuellement ! Je te laisserais une chance de parler le jour ou tu respecteras mon futur mari et mon bébé ! En attendant, tu ne seras ni plus ni moins qu'une inconnue a nos yeux ! C'est tout ce que tu as gagné ! Mon enfant ne te connaitra pas, je ne sais pas si tu te rends compte !

— C'est ridicule comment comptes-tu...

— Je ne rentrerais plus chez toi ! Je ne passerais plus une minute de plus là-bas ! Ne va pas penser que je suis restée parce que je n'avais pas d'autres alternatives, j'espérais encore et encore que tu te réveilles ! Eijiro est un homme fiable, il s'est occupé de tout pour que l'on puisse vivre. Il a fait tout ça avec sa famille pendant que toi, tu te demandais où me cacher ou comment me mentir... Quoiqu'il en soit, ça n'a plus d'importance maintenant, comme tu restes sourde, soit ! Fais ce qui te plait, je vais construire ma vie, mais sans toi ! Je demanderais à papa de m'apporter mes affaires. Sur ce, je n'ai plus rien à te dire, Akiko...

Je ne m'en étais pas rendu compte, mais les larmes me brouillaient complètement la vision ! Ma belle-mère me serra de nouveau contre elle, tentant sincèrement de me soutenir. Alors oui, je me lâchais une bonne fois ! Car en cet instant je sentais complètement ma belle relation que je voulais tant retrouver avec ma mère, se briser. Je pensais avoir fait le meilleur choix pour nous trois, mais cela restait difficile. Devoir me montrer forte pour cet avenir que je souhaitais, tout en ayant envie de me morfondre comme une ado incomprise... Mais j'avais vraiment besoin de tout balancer une bonne fois pour toutes !

Alors juste cette fois, je versais ces larmes pour ça ! Car ensuite, je n'aurais plus le temps de m'en préoccuper ! Je ferais face pour mon homme dans le coma, pour mon avenir qui se jouerait tout au long de la semaine à venir, et pour mon bébé qui grandissait dans mon ventre... 

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