CHAPITRE DIX ~Nori

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Ma mère soupira, la moue clairement inquiète et légèrement en colère. Ça commençait tellement mal... Pour ajouter à mon petit malheur, mon père n'était pas présent ! Il aurait peut-être pu jouer dans ma cour, mais il était parti pour le travail. Il ne reviendrait que le lendemain. Et je ne voulais plus attendre ! Plus du tout. Pire, j'avais vraiment le besoin d'affronter ma mère sans l'aide extérieure de qui que ce soit.

Deux semaines étaient passées depuis lors et que ce soit lui ou moi, nous avions de quoi penser. Nous avions passé les fêtes loin l'un de l'autre, tentant de garder en tête que ce serait la dernière fois et on avait même décidé de s'offrir nos cadeaux une fois chez nous. Comme un objectif, j'avouais que ça me donnait un peu de courage, mais je le soupçonnai de n'avoir rien à m'offrir et de se laisser du temps ! Il avait entamé son dernier stage et il rentrait éreinté dans le logement de fonction qu'on leur avait prêté pour l'occasion, a lui et a Katsuki. Il n'était pas si loin que ça, à peine deux heures de route, mais il n'était pas prés non plus. Il prenait autant que possible le temps de m'appeler, mais il ne restait pas longtemps. Il n'en avait pas le temps, et je voyais bien que la mission sur laquelle il travaillait le préoccuper pas mal. C'était horrible... Il me manquait terriblement et je n'avais qu'une envie, le voir.

- Bon tu vas arrêter de tourner autour du pot comme ça, tu m'inquiètes Nori ! C'est grave ?

- Oui, enfin ça ne devrait pas. Mais ça l'est pour nous...

Elle me regarda encore plus perdue et je soupirais encore une fois, me triturant les mains entres elles. Je me relevais, allant regarder dans le couloir pour vérifier que Grand-mère était bien montée. Enfin elle était partie se coucher il y a un moment, mais... sait-on jamais. Je revins docilement m'assoir, toujours au summum du stress.

- Maman il faut que je t'avoue quelque chose. Je suis, depuis un moment maintenant, amoureuse.

Un sourire naquit presque instantanément sur les lèvres de ma mère et je savais à l'instinct que je ne devais pas lui laisser le temps d'exulter.

- C'est un héros. lâchai-je sans attendre

Et comme je m'en doutais, son visage s'affaissa, brulant rapidement dans une colère contre laquelle je m'étais préparé.

- Comment ça un héros ? Nori de quoi tu viens me parler là ? Il n'y a rien de drôle !

- Mais je ne plaisante pas, je suis amoureuse de quelqu'un et il est en passe de devenir un héros.

- Ça veut dire quoi, en passe de... Il est tard Nori !

Je ne savais pas trop ce que cherchait ma mère en cet instant. Elle se massa l'arête du nez, fermant les yeux. Son pied droit tapait rageusement le sol par intermittence et malgré la télé allumée, c'était ce bruit répété qui semblait hanter les lieux. Elle balaya alors de son autre main la conversation, comme pour l'effacer de sa mémoire. Je n'y comprenais rien ! Soit elle me laissait une chance de lui dire "poisson d'avril en avance". Dans tous les cas il était clair que ce que j'avais à dire, elle ne voulait pas l'entendre !

- Ça veut dire qu'il est actuellement en train de terminer sa dernière année de lycée à Yuei. Qu'il a déjà signé dans une agence et qu'il sera officiellement un héros d'ici avril...

- Yuei...

C'était là tout ce qu'elle semblait avoir retenu. Elle avait encore les yeux fermés et elle restait silencieuse, dans une ambiance aussi pesante que la mort. Je n'avais conscience de rien d'autre qu'elle, même le fond sonore des dialogues de l'écran semblait s'être tu. C'était lourd et oppressant et je déglutis, tentant de ne pas fondre en larmes. Je n'avais pas de raison de pleurer, je savais parfaitement comment tout cela allait se passer et je m'y étais préparé...

- Ils ont tué Oboro... glissa-t-elle d'une voix sombre

À cet instant, ma mère ouvrit les yeux, me scrutant d'un air furibond. Elle me dévisageait, me donnant l'impression de me voir pour la première fois de sa vie. Et clairement elle ne me plaçait pas dans la catégorie des "amis". Elle se leva, me surplombant alors, et je me perdais à la voir tenter de me dominer. Je savais depuis toujours qu'elle était incapable de voir les choses autrement...

- Il n'a strictement rien à voir avec l'accident qui a causé la mort d'oncle Oboro, maman. Je sais que pour toi c'est...

- Tais-toi ! Juste, tais-toi ! Ce garçon, tu ne le reverras plus et le sujet est clos !

Elle s'approcha de moi, tentant une nouvelle fois de m'intimider. Tout cela allait beaucoup trop loin ! Je me levais alors, retenant les larmes qui menaçaient clairement d'inonder mon visage. Je ne devais cependant pas céder comme elle. Je savais parfaitement que c'était bien LE sujet ou elle ne pouvait se montrer rationnelle. Elle n'avait jamais fait son deuil et c'était plus facile pour elle de continuer à se voiler la face. Après tout, sa vie avait littéralement basculé après cet incident et notre famille avait retrouvé un semblant de normalité que depuis quelques années. Je devais donc me montrer forte, malgré la bile qui me remontait l'oesophage. Je m'approchais alors d'elle, la suppliant du regard.

- Maman, je suis désolée, mais... Ce n'est pas possible. On doit en discuter, s'il te plait maman.

- À partir d'aujourd'hui, tu es interdite de sortie ! Je m'arrangerais pour t'amener au lycée et au musée. Plus de connexion internet, d'ailleurs donne moi ton portable !

- Quoi ? Non, vraiment non, maman... Calmons-nous ! Écoute-moi, je n'arrêterais pas de le voir et je suis désolée, mais je ne suis pas en train de te demander la permission ! À la fin de l'année, je... J'irais vivre avec lui et..

- Arrête tes conneries Nori, tu n'iras nulle part, j'ai dit non ! Tu es qu'une enfant qui ne sait pas ce qui est bon pour elle ! Je t'ai donné un ordre, va me chercher ton portable et monte dans ta chambre.

Je fulminais, sentant la colère me bruler les doigts. C'est bien ce que je pensais, elle me prenait encore pour une petite fille. Mais j'étais certes jeune, mais non pas moins majeure ! J'avais l'âge qu'elle avait quand elle m'avait eu... Une nouvelle fois je voulus tenter de l'apaiser, mais ce fut plus fort que moi. La nausée qui me prit fut violente et le gout âcre envahit ma bouche sans me prévenir. Je plaquais alors mes deux mains sur mes lèvres, totalement surprise et courue jusqu'aux toilettes, vomissant tout ce que mon estomac pouvait bien contenir. Ma mère ne me suivait pas, je l'entendais monter les escaliers et je sus de suite qu'elle se rendait dans ma chambre.

- Maman... Arrivai-je à clamer, la voix tremblante, avant de remettre une couche, m'intimant au silence.

Qu'importe que Grand-mère dorme, ma mère semblait retourner mes affaires. Je savais cependant ce qu'elle cherchait et je me remerciai presque de ne pas l'avoir laissé là-haut, mon téléphone dans ma poche. Il était hors de question qu'elle me prenne le seul moyen de communication ou presque que j'avais avec lui !

Je restais coincée aux toilettes un moment, je ne vomissais plus, mais je réfléchissais surtout. La réaction de ma mère m'estomaqua, j'avais du mal à comprendre un tel déferlement. Le stress et la tension me comprimaient l'estomac jusqu'à m'en faire tourner la tête. Lorsque bien plus tard je me décidai enfin à rejoindre ma chambre, je n'y trouvais qu'un fouillis indescriptible. Mais je ne m'en préoccupais pas le moins du monde, j'étais épuisée, déçue et complètement vidée de tout. Je rangeais mon chargeur de téléphone dans mon sac, préférant ne pas prendre le risque. Ma mère serait elle capable de se glisser ici pour me le prendre ? J'en avais bien l'impression ! Je le chargerais discrètement à l'école... J'envoyais alors un message à Eijiro, lui expliquant vaguement ce qu'il s'était passé et finit par m'endormir avant de l'envoyer !

Plusieurs jours passèrent et j'aurais pu avoir l'espoir que le temps et mon père puissent arriver à la faire réfléchir, mais rien à faire. Ma mère avait toujours été bornée, têtue. Mais cette fois, c'était carrément l'apothéose ! À son retour dès le lendemain, mon père avait tenté de comprendre la situation. Je savais qu'ils en avaient évidemment parlé à deux, mais je ne pouvais que constater qu'il ne pouvait rien faire contre ma mère et son obstination. À vrais dire, je pensais surtout qu'il tentait surtout de maintenir debout notre famille. Depuis la mort de grand-père, c'était la première fois de nos liens étaient ainsi éprouvé.

Je n'en pouvais plus, je savais qu'elle restait sur ses positions pour tenter de me faire plier avant elle. C'était puéril ! Mais je ne flancherais pas, quoiqu'elle puisse en penser, Eijiro était celui avec lequel je voulais construire mon avenir. Je pensais fermement que ce choix était le mien, et certainement pas le sien. Je pensais que ce serait dur, mais que je pourrais y arriver...

Seulement voilà, les jours défilaient et autre chose venait me titiller l'esprit. Un détail qui m'avait effleuré vaguement pour venir s'incruster dans mon coeur pour fleurir doucement. Si au début j'avais chassé l'idée en pensant que c'était clairement impossible, c'était maintenant une certitude qui me rendait encore plus malade. Je n'avais pas eu mes règles depuis plus d'un mois. Avec toutes ces histoires, je n'y avais pas trop prêté attention, mais l'application de mon téléphone me l'avait brutalement rappelé.

"Vous avez une semaine de retard"

Honnêtement, je n'avais jamais été très régulière, je tenais à jour mon application par sécurité. Il n'empêche que cette fois, cette notification m'avait refroidie. Une semaine, ça pouvait passer... Mais je n'avais eu aucun symptôme prémenstruel habituel, que des nausées que j'avais remises sur le dos du stress. Que des putains de nausées...

Évidement, je voulais aller acheter un test seulement voilà, ma mère n'avait pas mentit et s'arrangeais pour me suivre absolument partout... De la sortie du lycée ou au musée, mon père ou elle était bel et bien présent... Je n'avais aucune fenêtre... Si ce n'est évidemment demander à la seule presque amie avec qui j'étais encore en contact; Tsubaki.

Je l'avais toujours adorée, elle et sa gentillesse. Et je n'hésitais donc pas à lui en parler ce samedi-là et sa réaction ne se fit pas attendre. Elle qui avait bien remarqué que je n'avais décidément pas le moral en ce moment ou bien que mes parents s'amusaient à me récupérer le soir, elle n'avait rien dit. Mais sitôt confier qu'elle se leva, se rendant directement à la pharmacie sans même que je ne lui donne de l'argent. Lorsqu'elle revint avec ses achats, je ne savais plus où me mettre et mon estomac, déjà tordu depuis des jours, ne demandait qu'à finalement ne plus exister.

- Il faut prendre les choses en main de suite, Nori-chan, alors fais-le maintenant ! Je suis là !

Je n'avais strictement aucune envie de m'y confronter là de suite, je pensais même prendre le temps de faire les choses, seule... Mais son regard intransigeant m'amenait à penser qu'elle ne laisserait pas ça passer et finalement, ce n'était sans doute pas plus mal. En fonction de la réponse, son soutien me serait primordial. En ce moment j'en avais terriblement besoin. Je me dirigeais donc vers les toilettes, me disant que je n'avais pas envie d'y aller, mais qu'il faudrait bien m'y forcer un peu.

Du coin de l'oeil je vis l'adulte fermer la porte des vestiaires à clé, me faisant un large sourire rassura qui me permit de mieux respirer. J'entrais alors dans les toilettes, tirais le verrou et soufflai. Je m'installai sur les toilettes, tirant du sac plastique qui me semblait bien trop léger pour ce qui s'y trouvait, deux boites différentes. Deux tests, deux marques, deux chances...

J'inspirais furieusement, me disant que je pouvais aussi affronter ça ! Je sortis alors les deux bâtonnets et me préparait mentalement après avoir vaguement regardé les dessins de la notice. Rien de compliqué. Et avec une facilité déconcertante, je refermais les deux bouchons, les posant calmement à côté de moi pendant que je me rhabillais et me lavai les mains.

- Ça va ? demanda une voix derrière la porte

- Oui oui... c'est bon...

Je repris en main les deux bâtonnets, sans trop les regarder. Il fallait de toute façon attendre...

- Ah... hé bien... ça n'aura pas été long...

Francs et précis, les deux tests se montraient d'accord l'un avec l'autre. Deux barres bien distinctes étaient visibles à des kilomètres. Je sortais alors des toilettes, la mine indéchiffrable. Je ne savais pas du tout quoi en penser...

- Bon, alors c'est comme ça. Maintenant, prends ton téléphone et appelle-le ! me demanda fermement ma collègue.

- Quoi ? Non ! Attends, je... Je vais y réfléchir quelques heures et je l'appellerais ce soir, au plus calme...

- Non, certainement pas ! Ce n'est pas à toi d'y réfléchir toute seule ! Appelle-le, maintenant !

- Il travaille ! tentai-je encore

- Essaie ! C'est très important ! Lui aussi il faut qu'il sache !

Je me mordis la lèvre et sortais mon téléphone qui ne quittait plus ma poche. Je lançai l'appelle, persuadée qu'il ne répondrait pas. J'ignorais d'ailleurs si je voulais qu'il réponde... Mais pourtant à la quatrième sonnerie, sa voix ensommeillée se fit entendre et il bailla.

- Salut ! fit-il l'air de rien

- Je suis enceinte ! paniquai-je

Il eut un blanc et je me mis brutalement à tousser. Comme une imbécile, j'avais attendu sa réaction en retenant ma respiration.

- Ça va ?

- Oui oui, pardon

- Bon, explique-moi

- Sérieux Eijiro, tu veux que je t'explique comment je suis tombée enceinte.

- Mais non, tu le sais depuis quand et tu...

- À l'instant, je viens juste de faire deux tests... Les barres sont apparues de suite.

- Tu es où ?

- Je suis au musée, avec Tsubaki... C'est elle qui m'a aidé.

Je comprenais à peine ce qu'il se passait, ne réalisant pas vraiment à quel point je pouvais me montrer inerte en cet instant.

Derrière lui j'entendis un bruit sourd et je ne comprenais pas trop, je l'entendais juste s'agiter. Était-il énervé par la nouvelle ? Les larmes menaçaient et je me mordis furieusement la lèvre.

- Tu finis à quelle heure ?

- Je finis à 17 h.

- J'arrive !

- Quoi ? Mais Eiji tu es a plus de deux heures de route !

- Je serais là à temps, attends moi !

Je restai estomaquai, complètement éberlué, mais la simple idée qu'il puisse vraiment venir la me rassurait tellement. Je réprimais une nouvelle fois un sanglot alors que je l'entendais prévenir précipitamment Katsuki qu'il avait une urgence.

- Mes parents seront là... soufflai-je

- Ce n'est pas un souci pour moi. Mais je dois te voir. Je file, attends moi ! Nori ?

- Oui ?

- Je t'aime !

Cette déclaration empreinte de certitude me réchauffa le coeur et je ne pus m'empêcher de sourire, sentant le froid qui m'avait envahi depuis le début de cette conversation fondre totalement.

- Je t'aime aussi Eiji. Merci...

Il ne répondit pas, mais raccrocha et je baissai le téléphone.

- Alors ? me demanda Tsubaki avec un petit sourire

Il était évident qu'elle avait entendu une partie de la conversation et qu'elle ne pouvait que deviner que tout se passait le mieux possible compte tenu des circonstances.

- Il arrive... Je ne sais pas comment ça va se finir ce soir, mais...

- Mais tu verras ! C'est une bonne chose, je ne pensais pas qu'il viendrait, mais au moins il réagit.

- Oui je... Non pas que je doutais de lui, mais c'est encore un peu...

- Allez Nori, vous allez vous voir et en discuter ! Vous aviserez ensemble ! Il faudrait aussi prendre rendez-vous chez un médecin rapidement... Laissa-t-elle entendre cela faisait beaucoup d'informations d'un coup, et j'étais vraiment perdue, mais je la laissais pourtant m'emporter avec elle vers son bureau. En pilote automatique, je calculais mentalement le temps qu'il lui faudrait pour arriver, à présent impatiente de le voir, presque persuadé que seule sa présence pourrait m'aider à y voir plus clair. Je triais donc les papiers sur le bureau de ma collègue qui me surveillait du coin de l'oeil.

Le temps s'écoula doucement, mais inexorablement, son ombre finit par se dessiner à travers les portes vitrées. Il entra dans l'espace ouvert du Hall du musée avant d'aviser de ses yeux rouges si particuliers, espérant me voir.

- Eiji ! L'interpelai-je du bureau.

Il sourit et se dirigea directement vers moi et je ne me retins pas de fondre dans ses bras. Il m'accueillit doucement, embrassant le haut de mon crâne. J'avais raison, sa présence m'était totalement indispensable maintenant !

- Je ne pensais pas que tu viendrais... lâchai-je

- Je crois que je m'en serais voulu toute ma vie ! dit-il. Il y a moyen que je te kidnappe pour le restant de l'après-midi ?

- Quoi ?! Mais !

- Nori, tu dois aller voir un médecin et je me suis arrangé.

- Je te libère ! intervint Tsubaki

- Mais c'est un gag ou quoi ?

J'avais beaucoup de mal à bien saisir toute la situation, ça allait dramatiquement trop vite pour moi ! Mon esprit était si embrouillé qu'il voulait résolument rester dans l'inconscience de l'incertitude bien plus facile à affronter. Mais quoi que j'en dise, Tsubaki affirma s'occuper de justifier mon absence et je me laissais emporter par Eijiro vers une voiture.

- Mais attends, là je... Tu n'as même pas le permis ! fis-je éberluée bien que cela explique le fait qu'il ait pu arriver si vite.

- Je suis majeur maintenant ! répondit-il

- Mais tu n'as pas le permis

- Laisse-moi m'occuper de ça. On n'a pas beaucoup de temps...

Je soupirais, grimpant alors dans le véhicule et éluda donc la question du permis et du héros hors la loi qui s'installait derrière le volant. Mes yeux tentaient de trouver des réponses en inspectant l'habitacle et je compris rapidement au logo qu'il s'agissait d'une voiture de l'agence de héros, supposément celle d'Eijiro.

- On va où ?

- Voir Recovery Girl. Je lui ai demandé si elle pouvait te voir. Elle pourra nous dire tout de suite.

- Qu'est-ce qu'on va faire Eijiro... ?

La question selon moi n'était pas réellement si j'étais enceinte ou non, après tout j'avais fait deux tests qui s'étaient tous les deux révélés positifs. Je m'inquiétais surtout du reste. Il poussa un large soupir, semblant peser chacun de ses mots, choses rares chez lui qui définissait la spontanéité.

- C'est très tôt, ça, c'est vrai. Moi, mes études se finissent, j'ai signé un bon contrat. À ce niveau-la, ça aurait pu être pire. Ce qui m'emmerde ce sont tes études à toi...

Je restais totalement muette à côté de lui, remarquant silencieusement qu'il n'avait absolument pas soulevé une autre solution. Je ne pouvais pas vraiment me prononcer sur le fait de vouloir envisager l'avortement, mais je pensais qu'au moins nous en parlerions. Ça ne semblait pas être à l'ordre du jour cependant... Je me demandai alors si je devais de moi-même aborder la question et je regardai donc son profil, les mots perdus sur les lèvres.

- Je sais à quoi tu penses...

Je levai un sourcil, toujours muette, incapable de répondre autre chose.

- Je vais te dire ce que je pense. Je suis contre cette idée, je ne peux pas me dire que c'est la solution. Par contre, je ne suis pas con non plus, je respecterai ta décision et je serais à tes côtés ! C'est tôt, tu as tes études à faire, on ne vit même pas ensemble... Il y a plein de trucs qui font qu'on est loin de la situation rêvée pour ça. Je ne peux pas te dire non plus "à nous deux on va y arriver" j'en sais rien Nori ! Mais pour moi, ce n'est pas la chose à faire ! Et ce que je peux te dire, c'est que je sais qu'on fera de notre mieux.

Il gardait les yeux rivés sur la route et il semblait si calme que je ne pouvais qu'en être apaisé et je prenais en compte ce qu'il me disait. Sans y réfléchir, ma main se réfugia sur le pan de son tee-shirt, discrète, pour ne pas gêner sa conduite. Il avait sans doute raison, sa présence la maintenant changeait tout.

- Je partage ton avis, je n'ai pas envie de faire "ca". Mais je reste totalement perdue ! Ça s'enchaine là et j'ai du mal voir comment les choses vont se présenter ou ce que ça implique réellement !

Le haut bâtiment de Yuei se dessinait devant moi à présent, m'enfermant dans la sensation de n'être que toute petite. Je ne les avais jamais vus, cependant le fier emblème brulait de tous les côtés !

- Il faut voir les choses qu'on peut gérer maintenant. Ta santé en priorité ! On s'occupe déjà de s'assurer que tu ne risques rien. Ensuite on s'occupe de trouver un appartement et de parler a ta famille.

- Putain de merde ma famille...

- Qui vient te récupérer ce soir ?

- Je ne sais pas...

- Je vais leur parler !

- Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée !

- Il faut au moins essayer.

Il stoppa le véhicule devant une large porte double, présentant son PASS étudiant devant un appareil qui bipa son consentement. Les portes s'ouvrirent et il s'engouffra dans les sous-sols de l'académie. Un deuxième barrage le força de s'arrêter et cette fois il présenta une autre carte avec une photo de lui en costume de héros.

- Mais qu'est ce que tu fous à poil là-dessus Eiji ?

Sans lui laisser le choix, je m'emparais de la carte, l'examinant de plus près. Il ne fit rien pour m'en empêcher, reprenant simplement sa route pour finalement se garer sur le parking.

- Je ne suis pas à poil, c'est mon...

- Mais la décence Eijiro !

Il éclata de rire alors que je regardais la photo sous tous les angles. La photographie se coupait au niveau de ses larges épaules, ne laissant deviner que la suite, mais indéniablement il était à moitié nu...

- Le but de mon Alter c'est d'être un bouclier, je suis la protection ! On est jalouse, miss Shirakumo ?

- Tsss, ne dis pas de bêtises ! J'ai confiance en toi. Mais tout le monde te mate !

Une nouvelle fois il éclata de rire et je l'ignorais. Je m'intéressais à présent aux autres détails de la carte. Son nom de héros était écrit dessus accompagné de l'emblème de l'académie, une large mention "PROVISOIRE" barrant presque tout le PASS.

- C'est mon permis héroïque provisoire. Comme je ne suis pas diplômée, on ne peut avoir que ça pour pratiquer. Ça... nous donne quelques libertés, comme conduire une voiture agrémentée par une agence en cas d'urgence...

- Oh ! Tu veux que je hurle pour simuler l'urgence ?

Il laissa un large sourire prendre possession de ses lèvres et sortit de la voiture, fermant doucement sa portière. Je fis de même, me retrouvant donc dans l'enceinte même de son école que je ne connaissais absolument pas.

- Suis-moi !

Il passa sa main sur mon épaule, me poussant doucement vers les ascenseurs un peu plus. Je le suivais en silence, mes yeux se posant un peu partout, m'imprégnant de l'ambiance qui le voyait évoluer depuis trois ans. Il m'arrêta à un moment alors que nous étions dans un large couloir vitré. Il pointa le Bâtiment en face.

- Tu vois le balcon avec le punching-ball rouge là-bas ? C'est ma chambre !

Je regardais dans la direction qu'il m'indiquait, remarquant alors effectivement le balcon en question. Il était encombré et même de là je pouvais voir tous les ustensiles de muscu qu'il y avait entreposés. Même pas étonnée ! Mais je remarquais alors que ce n'était pas le seul ! Au final, à bien y regarder, peu de balcons restaient "vide".

Il me laissa quelques secondes d'inspection supplémentaire avant de reprendre notre route. Ce n'est que lorsque je vis l'écriteau "INFIRMERIE" me bruler la rétine que je me rappelais brutalement de la raison de ma présence ici. Je recommençais à paniquer, mais Eijiro ne me laissa pas le temps de me reprendre, poussant la porte d'un air assuré. Je lui lançai un coup d'oeil, toujours du côté du couloir. Je savais que je vivais là mes derniers instants de lycéenne insouciante, car d'ici quelques minutes c'était certain, tout allait prendre radicalement une autre dimension... 

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