Rouge Amaryllis


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Le soleil qui s'apaise en cette fin de matinée s'enlise doucement, dessinant des ombres salvatrices à travers le champ coloré d'un rouge éclatant. Il y a ce vent bien sûr, taquin à bien des égards, qui secouent les pétales rougeoyants, griffonnant dans l'air, des vagues rousses qui rappellerait presque un éclat de rire.

C'est si calme pourtant. Même si la brise siffle joyeusement un air de printemps entre les tiges en les agitant de tous les côtés. Elles tournent alors, toutes ou presque, suivant le gré de ce chant, un peu comme une fille, belle à croquer, que l'on fait tourner en dansant.

Les Amaryllis ont cette faculté folle de se fondre sur le vert de l'herbe de la plaine, se mariant parfaitement en une sublime promesse, noyant totalement les autres esquisses colorées, bien trop fades en comparaison. Il n'y a rien de plus beau, sans l'ombre d'une supposition, que cet éclat rubis valsant au gré de la bise, se trémoussant timidement pour laisser, parfois, un peu de place à la verdure qu'elles cachent jalousement.

C'est indubitablement le plus beau spectacle qui puisse exister en cet instant, ces parterres si dessinés, un peu trop millimétrés, de fleurs vermillon présentant, en quelque sifflement de vent, l'ode olivâtre des pâturages qui les portent en quelques sortes.

Lui & Lui.

Oui, c'est exactement pour ça que lui-même est là ! Cet homme qui ne pense qu'à entretenir le panorama, s'appropriant le terrain isolé d'une vieille propriété familiale oubliée, s'assurant irrévocablement que les fleurs qu'il adule tant puissent encore resplendir l'endroit.

Il est totalement pris dans sa contemplation, totalement amoureux de ces corolles rubicondes qui le saluent un peu, heureuses de le voir là. Elles s'agitent librement dès que le vent s'anime, soulevant leurs robes carmin dont la nuance change en fonction de l'éclat de lumière dont elles bénéficient.

C'est un spectacle fantastique, alors que ses yeux ne savent pas réellement où se poser tant tout ce qui s'impose à lui semble lui louanger des merveilles. Il ne connaissait qu'un seul point de comparaison pour promettre un tel éclat, justifiant par la même occasion une telle admiration de sa part. Partout où s'était posé son regard ces quatre dernières années, il n'avait jamais perçu une telle intensité, et pourtant on ne pouvait douter d'à quel point il avait essayé !

Il aimait le rouge sombre, éclatant et sans doute presque sanglant de cette plante si spéciale qui s'éclatait juste pour lui, le draguant en souriant. C'était le même grain andrinople qui se fondait avec le dernier souvenir qu'il avait de "lui", cet homme qu'il avait aimé si fort et qu'il avait malheureusement perdu...

Tout était incandescent chez "lui" !

De la morsure dont il n'hésitait pas à l'affubler furieusement chaque fois qu'il le touchait.

De ses incroyables iris qui l'avaient tout de suite interpellé, terrorisant ses rêves dont il ne souhaitait de toute façon pas se soustraire.

Jusqu'à ses cheveux jais qui s'était noyé d'hémoglobine ce soir-là, colorant ses mèches d'un pourpre métallique absolument fascinant...

Eijiro Kirishima était comme ces Amaryllis ! Fier et alléchant, ne se laissant pas saisir facilement ! C'était l'homme qu'il avait aimé si fort durant ces années lycée sans jamais oser aller lui parler. En silence, comme ici finalement, laissant souvent son imagination dessiner ses lèvres sur les siennes.

C'était à la fin du lycée que le rêve avait pris fin, le plongeant dans une mélancolie cauchemardesque et sombre où Eiji n'était pas. Une petite vie bien trop triste qui manquait clairement de pigment et qu'il avait longuement endurée sans apercevoir la touche lie-de-vin qui faisait vibrer les battements de son cœur. Et quand il l'a revu, alors qu'il bossait dans une maison d'édition depuis trois ans, tout s'éclaira de nouveau. Un attrait volcanique qui avait juste explosé son univers morne d'un seul battement de cil, réanimant tout ce quotidien qu'il endurait lourdement.

Il lui était revenu !

Il avait une autre occasion...

Celle-là, il ne l'avait pas laissé passer ! Il était hors de question de ne pas tenter sa chance, admirant cet homme au sourire carnassier qui pourtant avait beaucoup changé...

Alors qu'en cours, il s'était évertué à se teindre les cheveux, les mèches fièrement cinabre, il arborait à présent sa couleur naturelle, d'un noir strict, rentrant totalement dans les cases.

Il s'était rangé...

Mais fort heureusement, il lui restait un vestige radieux de cette présence flamboyante ! Ses yeux...

Et il adorait ce regard depuis toujours, lui vénérant un véritable culte plus que justifié...

Il s'était alors rapproché de lui, osant enfin franchir le cap, se contentant d'une simple amitié, se laissant une chance de la voir évoluer.

C'était parfait ! Tout l'était après tout. Ça aurait sans doute pu le rester encore s'il n'y avait pas eu cet accident, cette abîme, juste ouvert sous ses pied, sous l'éclat de l'aube, ou ses liens, qu'il pensait pourtant si serré, comme ceux ancré dans sa propre âme, mais qui pourtant n'avait pas réussis à le retenir à ses côtés...

Quatre ans...

L'homme passe une main dans ses cheveux aux reflets verdâtres, secouant l'éclat particulier de jade qui brillait sous le filtre solaire, chassant cet horrible souvenir bien trop douloureux...

Il déteste fort quand ces fichus souvenirs se tannent dans sa tête, encore plus alors qu'il est en train de contempler cet endroit si particulier. Il préfère largement quand son esprit divague sur l'intensité avec laquelle "il" l'abrutissait d'un seul regard, le mettant au défi, sans l'ombre d'un doute, alors qu'il venait de lui mordre les lèvres pendant un baiser enflammé, lui maquillant la bouche de sang.

Oui, Eijiro était un feu incontrôlable qu'il n'avait pu contenir ni retenir. C'était bien trop fort et il n'avait pas réussi à le garder auprès de lui. Et parce qu'a nouveau, cette truculence* avait disparu avec Eiji, aujourd'hui alors, Izuku est obligé d'en payer les frais, devant se contenter des ébauches que les autres représentent à ses yeux. Il devait absolument raviver cet nuance abrutissante qu'il avait si souvent vu dans ses sourires

Malgré tous ses efforts, rien ne valait Eijiro ni cette chaleur incandescente qui brulait dans ses iris...

Izuku soupire longuement, suivant le souffle frais malgré les arbres qui le cache et le protège, balbutiant dans le champ qui continue de faire danser ses si précieux parterres de fleurs. Il aime en voir fleurir de nouveau, en général un par an, bien qu'il ne se limite plus réellement ! Il aime tant découvrir une nouvelle frasque, un coloris inédit qui lui est uniquement destiné ! A lui seul, dans cet peinture féerique, planqué loin des hétérodoxes* incapable de se suffire de cette amorce de pureté, le gâchant si fort de pouvoir juste s'en approcher. Et pour cela il restait vigilant, s'assurant de repaître cet éclat qui semblait sans cesse en réclamer davantage, brouillant le chemin de feuille que lui seul connaissait.. 

Il baissa alors les yeux vers le tapis d'engrais enroulé à ses pieds, soupirant son désaccord face aux cheveux d'or qui dépassaient de son fardeau.

Son nouvel échec...

Denki était un jeune homme vibrant de vie ! Alors il avait réellement espéré ! Il fallait que ce dernier soit celui qui accepterait son amour, et au début, tout était parfait. Mais, très vite, le véritable visage écœurant qu'il cachait sous son sourire mielleux et ses horribles mèches blondes qu'il avait refusé de teindre l'avait rattrapé et alors la comédie avait pris fin.

De la même façon que les autres fois !

Du pied, il pousse le fertilisant aux yeux d'or, meilleur des ingrédients pour obtenir cette ardente fragrance visuel, dans l'immense trou qu'il a pris soin de creuser, comme tous les autres de toute façon. Et alors que Denki touche le fond dans un horrible bruit sec, expression d'un corps en rigor mortis qui se surprend déjà de s'estomper, Izuku se dégoute rapidement de cette atroce cassure que ce trou dessine dans son parfait tableau ! Alors rapidement, sans doute même furieux de ce constat, il recouvre enfin ce nouveau fiasco de terre meuble qui, bientôt il l'espère, pourra lui enjoliver cet ahurissant spectacle mutin aux mille nuances grenat s'amusant des bourrasques un peu trop coquines...

Et même s'il reste cet horripilant tas de gâchis et de terreau qui vient complètement brutaliser son paradis pour le moment, il se rassure d'une certitude ! L'année prochaine, une folle fleuraison écarlate accompagnera ses consœurs à cet emplacement. Et peut-être même qu'il aura fini par trouver la perle rare...

Alors il soupire et pardonne à Denki de le décevoir ! Un peu indulgent maintenant qu'il accepte l'idée qu'il pourra réellement s'excuser. Après tout, personne n'est parfait !

Pas même lui...

Et maintenant que sa besogne est finit, il peut sans doute se permettre de le visiter "lui".

Il s'avance entre les parcelles fleuries, s'approchant d'une bien particulière, la toute première, celle qui a tout déclenché. Du bout des doigts, il aimerait caresser le cramoisi des pétales, brûlant d'impatience de saluer sa source d'inspiration qui mesure tout dans sa vie. Mais ses mains sont sales à bien des égards ! Répugnant de Denki, et de terre. Crasseux d'un naufrage supplémentaire...

Il ne peut pas se permettre de souiller Eiji qui fleurit ici !

Alors il se retient fort, et préfère sortir son téléphone de sa poche, un peu en colère de le sentir vibrer pendant son moment reclus. Pourtant son agacement se dissipe bien vite, laissant même un sourire lutin agrémenter ses traits, surjouant ses taches de rousseurs de son petit côté angelot qui faisait fondre, il le savait !

Il gratifia son écran de sa tolérance, impatient de répondre à ce prochain spectacle ! Il l'avait peut-être trouvé ! Cet homme qui pourrait réellement le bruler de ses vices ! Après tout, d'une simple photo, il avait réussi à l'accabler, effaçant presque le souvenir délicieux du regard fascinant d'Eijiro. À bien des égards, il devait admettre qu'il le surpassait en intensité ! Le roux de ses yeux tapageurs pouvant empourpré sans mal tout ce dont il alloue d'un regard ! Et qui, il l'espère, l'engouffrerait prochainement dans son univers incarnat*.

Il l'a de suite deviné, ce pouvoir hypnotisant légèrement cuivré, juste à travers son écran pixellisé !

Alors oui il répond à son invitation, un peu honteux de faire ça devant sa muse, mais la tentation que procurent ces notifications-là l'enivre bien trop pour qu'il y résiste...

Il a réellement hâte de pouvoir découvrir toutes les facettes pigmentées de Katsuki...

Il rit un peu, maintenant complètement enjoué, mais n'ose cependant pas en profiter pour l'annoncer à Eiji, juste de peur de bien trop s'avancer. S'il s'avère être un nouvel échec, il ne pourrait définitivement plus le regarder en face...

Donc il se recule un peu, s'excusant encore de l'attente qu'il fait subir. Après tout, il sait que c'est douloureux, même s' il s'assure sans cesse de faire de son mieux ! Il balaie du regard la scène érubescente*, accueillant avec un grognement rauque cette nouvelle fraîcheur qui souffle dans ses cheveux, faisant encore danser les Amaryllis gorgées de sang.

Il admire ses précieuses parcelles orgueilleuse et purpurines. Six en tout, seulement finalement !

Un nuage passe, blessant la coulée du soleil sur les pétales et la tempête gronde d'un coup, faisant fuir l'amarante de sa vue, ne lui laissant alors que l'émeraude de l'herbe. C'était une bien affreuse punition, mais il le mérite après tout. Alors il baisse la tête, courbant l'échine en fermant les yeux, prêts à s'absoudre de sa cuisante débâcle.

C'est vrai, il n'a pas le droit de rester ici ! Il doit se repentir après tout, il l'a encore déçu, il en est sûr !

Alors il s'en va sans oser jeter un nouveau regard à son jardin si particulier, il ne s'en donne définitivement pas la permission ! Il a bien des choses à prouver et il espère surtout ne pas avoir à s'affranchir d'un septième parterre corallin dont, pourtant, il prendrait grand soin...



~~~~~~ wWw ~~~~~~

Je vais juste me permettre de lâcher une ou deux définitions, juste au cas ou ^^ 


A savoir donc, comme vous vous en doutez, que "Cinabre, Andrinople, Incarnat et Erubescente" sont des synonymes de la couleur "Rouge"

Pour autant

Truculence :  Haut en couleur, qui étonne et réjouit par ses excès.

Hétérodoxe : Qui s'écarte du dogme d'une religion

Voilà <3 
Merci d'avoir lu ! 

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