TROISIEME : Sa culpabilité

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Artiste : K

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Ce n'était pas vraiment qu'il n'avait pas remarqué que quelque chose clochait. Il n'était pas aveugle non plus ! En réalité ça l'avait surtout frappé quand il avait senti l'odeur de la crème hydratante dont Red Riot se tartinait sans cesse la peau. C'était une odeur à laquelle il avait dû s'habituer, lui qui n'aimait pas spécialement les parfums ou autres. Pourtant, la sentir "elle" signifiait qu'Eijiro n'était pas loin et il aimait Eijiro. Alors oui, il aimait aussi cette fragrance aux amandes. Seulement quand il était entré dans la salle de bain cette fois-là, il ne put que réaliser. C'était un parfum qu'il n'avait pas senti depuis longtemps. Quand était-ce la dernière fois ?

Il ne savait pas...

Il regardait alors Izuku endormit dans ses bras, sachant que la place de l'autre côté de lui était vide depuis des jours. Et oui, il ne savait pas depuis quand... Il réfléchissait là, dans le noir de sa chambre, berçait par la respiration calme de son vieil ami, dans son lit. Lit, qu'il était censé partager avec son homme. Lundi soir avait ouvert des vannes, ils s'étaient pris la tête, mais ça arrivait bien souvent ! C'était loin d'être étrange, ils se prenaient souvent le chou. Par contre, jamais ils ne laissaient une dispute en suspends comme maintenant. Si l'un des deux n'arrivait pas à passer au-dessus, il prenait sur lui et ils discutaient et inversément. Il le faisait, car il aimait Eijiro.

Il l'aimait comme un putain de malade !

Mais en ce moment...

En ce moment il y avait Izuku !

Izuku qu'on avait vraiment retrouvé ! Il était la, dans ses bras et il faisait tout pour redresser la barre, juste parce qu'il était là pour lui ! Son ami d'enfance avait bien des raisons de lui en vouloir, on pouvait même dire qu'il était une des raisons qui aurait pus le tirer vers le bas. Cependant c'était tout le contraire, il faisait partie des élus qu'il avait choisis pour l'aider à remonter. C'était un rôle important pour lui et il n'était pas près de l'abandonner. Après tout ce qu'il avait fait, c'était même la moindre des choses... 

Évidemment, il n'était pas là pour cette stupide raison. On pouvait bien lui admettre bien des défauts, l'hypocrisie n'en faisait clairement pas partie. Et il savait parfaitement qu'il avait eu des sentiments pour lui quand il était plus jeune. Sentiments déjà très compliqués à accepter à l'époque. Mais il n'était plus cet homme-là, il avait bien évolué. Et qu'importe ce qu'on pouvait en dire, il avait Eijiro et il n'avait jamais douté de la sincérité ou de la force de ses sentiments pour lui. Non, si aujourd'hui il était là pour Izuku, c'était parce qu'il avait fini par admettre qu'ils étaient amis. Et il ne fermait pas la porte à ses amis...

Mais est-ce que cela voudrait dire perdre Eijiro ? Parce qu'il était clair qu'il n'était absolument pas question d'envisager ce cas de figure non plus ! Eiji était un pilier dans sa vie, la seule chose qui l'avait fait tenir jusqu'ici. Si aujourd'hui il pouvait se tenir debout et droit sur le chemin qu'il avait choisi, c'était certainement principalement grâce à lui ! Sans parler du futur qui se dessinait uniquement avec sa main scotchée à la sienne. Oui il aimait Eijiro bien plus fort qu'il ne laissait paraître. Et il n'hésiterait pas à cramer bien des monts pour garder son petit cul entre ses mains, comme le putain de psychopathe qu'il était parfois. Il prenait conscience, évidement, d'avoir trop mis sa vie sentimentale sur pause. Mais il ne doutait pas. Il aimait Eijiro et non pas le nerd ! Et peut-être devrait-il le lui rappeler...

Son bras se perdit derrière lui, étirant presque douloureusement ses muscles. Ça ne lui plaisait pas de sentir cette place trop froide... Cela n'avait pas forcément de sens, car cette nuit encore, il travaillait et il n'était de toute façon pas à la maison. Mais l'image de son petit ami s'éloignant de lui n'en perdait pas moins de sens...

Il jeta un coup d'œil vers le réveil, voyant qu'il avait encore deux bonnes heures de sommeil devant lui avant de devoir se préparer. Cependant c'était justement le moment idéal ! Eiji rentrerait d'ici une petite heure et il pourrait tenter de discuter un peu. Il lui manquait...

Il s'extirpa doucement des bras presque tentaculaires de son ami d'enfance, réussissant l'exploit de sortir du lit sans le réveiller. Il fit un rapide passage aux toilettes avant de préparer un café, l'esprit perdu dans ce qu'il devait dire ou faire. Il devait se montrer franc, lui demander d'attendre encore un peu, car il ne pourrait pas lâcher Izuku. Par contre il devrait s'ouvrir un peu à lui. Il fallait absolument qu'il lui rappelle à quel point il l'aimait et à quel point ils étaient forts à deux...

À cette pensée il sourit, se souvenant alors de la façon sauvage qu'il avait de lui caler des coups de reins comme déclaration d'amour. Son amour, jusqu'ici il l'avait toujours montré à sa façon et son homme le savait. Il commençait même à jeter un coup d'œil sur l'heure, se demandant s'ils n'auraient pas le temps pour une petite démonstration express. Putain ! Il crevait d'envie de lui montrer, se voyait déjà se masturber entre ses fesses...

Mais l'heure tourna encore, presque dans le vide et Eiji ne rentrait pas. Il n'y avait plus de désir qui régnait dans la cuisine à présent, Katsuki était rongée par l'inquiétude. Ce n'était pas dans ses habitudes... S'il rentrait plus tard, il faisait en sorte de lui envoyer un message. Ils avaient même un code en cas d'intervention de dernière minute. Mais là, rien...

- Il rentre tard depuis mardi... osa doucement la petite voix de son protégé

- Je n'avais pas remarqué. répondit-il en soufflant sur son café

Il allait en avoir besoin... S'il rentrait si tard, c'était tout simplement qu'il le faisait exprès. Il le fuyait...

Il repensa alors d'un coup aux quelques projets qu'ils avaient en commun. Katsuki n'avait jamais douté qu'un jour ils se réaliseraient. Enfin la plupart, il était évident qu'il n'était pas prêt à adopter une ribambelle de furets pour leur apprendre à danser dans un cabaret qu'ils géreraient pour leurs vieux jours. Projet sorti un soir, où il s'était endormi devant la télé et/ou il s'était réveillé tout excité ! Il avait fait un rêve génial...

Est-ce que tout ça disparaitrait ?

L'image de son petit-ami était trop floue dans son esprit, trop frêle. Il devait agir ! Et rapidement !

Fort de cette idée, il maugréa en se préparant pour le boulot, appliquant la crème d'Eiji sur ses mains pour y trouver une certaine dose de réconfort. Et effectivement alors qu'il était sur le point de partir. Eijiro rentra.

- À ce soir ! lança-t-il en partant.

Izuku le salua de son grand sourire, mais il ne reçut aucune réponse de Red Riot. Il devait véritablement se bouger le cul...

L'ambiance à la maison ce jour-là était légèrement pesante pour Izuku. Il assistait, toujours impuissant, à un véritable désastre. Il voyait l'ombre immense du héros bouclier qui se décomposé pourtant sous ses yeux.

Il était là, avachi sur lui même, passant une main dans ses cheveux un peu trop longs dont il fallait sans doute recolorer les racines. Il se disloquait sur son propre canapé, tentant de s'échapper dans des pensées futiles, mais agréablement reposantes sur le choix de teinture rouge qu'il voudrait cette fois.

- Kirishima ?

- Mmh ?

- Comment vous avez fini ensemble avec Katchan ? Je suis curieux...

Il était surpris qu'on lui pose la question. Il n'y avait rien de franchement secret à leur histoire, c'était même bien trop banal pour juste y trouver un intérêt. Cependant parler de cette réalité où ils étaient liés le soulageait bien plus que la possible teinture à faire.

- Un jour j'ai été voir Kats, car j'avais eu vent d'une info, ça te concernait. Bref, du coup je suis arrivé et on a fait comme d'hab quand on a un truc juteux. On trace et on vérifie comme on peut. Donc on s'organise tous les deux, mais bon, clairement l'info c'était du flan. On se décourageait même plus tellement c'était tout le temps ça tu vois ! En vrai, je crois que ça nous motivait ! Mais du coup j'ai eu un drôle de sentiment. Comme un coup de pied au cul ! Ça faisait des semaines qu'on se tournait autour, ce n'était pas vraiment une surprise ! Et là, je sais pas. Je lui ai attrapé les mains pour le retenir, il voulait juste ranger les papiers. Il a commencé à s'énerver et j'ai sorti le truc le plus cliché de ma vie Izu !

Il se mit à rire de lui-même, les joues légèrement roses et une légère mimique attendrie. Les traits de son visage étaient clairement plus détendus alors qu'il semblait redessiner dans sa tête ce souvenir auquel il tenait.

- Je lui ai lâché un truc du genre "Avec toi je n'ai peur de rien !". La honte je te jure ! Mais là je laisse quelques secondes, heureusement je ne me suis pas rendu compte de ma connerie tout de suite et puis je me suis penché vers lui pour l'embrasser. Je pensais y aller mollo, tu vois. Voir s'il était d'accord, et tout, mais il s'est jeté sur moi aussi ! Donc voilà, on a commencé à sortir ensemble depuis ça !

Il eut alors un sourire, apparaissant juste comme ça, témoin d'un souvenir heureux. Il pouvait sembler presque dérisoire aux yeux de bien des personnes, après tout, la plupart des gens pouvaient le faire. Cependant Izuku était absolument certain que personne ne pouvait faire remonter autant d'émotion qu'Eijiro en cet instant... Sa bouche étirée dans une grimace adorable et animale en même temps, il semblait rassembler un monde dans lequel on rêverait d'habiter. C'était là, le Eijiro qu'il connaissait, serein et enjoué, qui pouvait motiver tout le monde. Alors oui Izuku ne put se retenir ! Très naturellement, il approcha sa main, nouant ses doigts aux siens et il laissa alors son sourire chaleureux répondre avec entrain à cet homme.

- Quand j'étais là-bas, le plus dur était de ne pas savoir ce que vous deveniez tous. Mais j'ai toujours su que tu étais là pour Katchan ! C'est peut-être bizarre, mais c'est même normal !

- C'était mon meilleur ami ! Évidemment que je ne l'aurais pas laissé tomber ! Tout comme je ne voulais pas lâcher l'affaire pour toi !

- C'est plus que ça Kirishima, tu es une personne incroyablement loyale et... Je crois que d'une certaine façon j'ai pu me reposer sur Katchan parce que je savais que quelqu'un veillait sur lui. Je n'avais pas à m'inquiéter pour lui !

- Même quand tu es dans une galère pas possible, tu continues de pensée aux autres hein !

- Ah ! Je ne disais pas ça pour ça...

Il serra doucement ses doigts dans un geste réconfortant.

- Ne t'inquiète pas Izu, je disais ça parce que je crois que je suis rien comparé à ta gentillesse ! Je suis heureux de te retrouver comme ça ! Je me doute bien que ce n'était pas simple ! Et encore je ne sais même pas le quart de ce qu'il t'est arrivé là-bas !

- Rien de glorieux... Je... Pour faire simple, on n'avait pas le droit de parler ou de faire du bruit en général. Je crois que je n'ai pas parlé pendant près de deux ans. Complet. Après je peux me tromper ! C'est pas comme ci on pouvait vraiment avoir de repère sur les jours qui passait ! Ah, on m'appelait "52". On n'était pas vraiment 52, donc je ne sais pas vraiment à quoi ça faisait référence, mais c'est comme ça qu'ils m'appelaient. Et c'est aussi le nombre de visites que j'avais par jours. Rien de bizarre, ils ne m'ont jamais violé heureusement. Ils venaient pour tout un tas de trucs. Y en a qui parlait, d'autres qui frappait. Ceux-là... Ils aimaient bien aussi voir jusqu'où je pouvais supporter la douleur sans crier. Je suis presque devenu bon à ça ! Mais du coup ils allaient plus loin... Drôle de concept ! Et je plains les chiffres plus grands que le mien, en tout cas s'il y en avait ! Ça aussi c'était dur, je dis "on", mais j'étais tout seul ou avec eux. Tout le temps ! Pardon ! Je parle là et je ne m'en rends pas compte ! C'est plus facile de discuter avec toi qu'avec ma psy !

- Ne dis pas de conneries, je suis même content que tu te confies à moi !

- Tu sais ce qui me fait le plus mal...

Izuku déglutit difficilement, alors qu'il venait de balancer nonchalamment des vérités qui pouvaient en choquer beaucoup sans vraiment y penser, ce qu'il s'apprêtait à dire lui était presque plus compliqué.

- Quand j'en parle, j'ai l'impression de ne pas ressembler à ce que je devrais. De prendre ça à la légère. Alors je me dis que je dois faire des efforts pour avoir l'air plus touché de faire attention à mes mots, qu'ils ne soient pas trop vulgaires ou crus, mais je n'y arrive tout simplement pas. Je dis les choses comme ça et puis voilà. Pourtant à l'intérieur, parfois c'est... Je ne sais pas trop comment te dire ça, mais j'ai vraiment souvent l'impression d'avoir trop mal que ça me tache la peau. Je ne veux pas ressembler à une victime, je vais avancer, mais je suis complètement terrifié par le fait de ne pas être pris au sérieux... C'est un très gros bordel là-haut, tu sais !

Eijiro le regardait en silence et pourtant cela ne le dérangeait pas. C'était même le contraire, après tout il avait confiance en lui pour entendre ce qu'il avait à dire, acceptant la dimension particulière que ces mots-là avaient pour lui.

- Ce que tu as à dire Izu, je l'écouterais. J'écouterais tout ce que tu veux quand tu veux ! Avec tes mots à toi et jamais je penserais une seule seconde que tu dis de la merde ni rien. Je veux juste que tu puisses t'appuyer sur moi.

- Mais je le fais déjà Kirishima ! Tu m'es aussi important que Katchan ! Sans vous deux je n'y arriverais pas du tout ! Je serais certainement encore à l'hôpital même ! C'est plus que certain, je n'aurais pas pu retourner chez ma mère ! Tous les jours tu me donnes une place très grande et je... je ne pourrais jamais te remercier assez pour ça...

Ce qui était sur, c'était que le héros était largement touché par cette déclaration. Lui aussi aurait bien voulu pouvoir discuter de tout ce qui le tracassait. Seulement il était certain que son ami se sente coupable ! Alors il ne pouvait que s'épancher sur sa présence, gardant le silence. Red Riot savait que son ancien camarade serait l'oreille idéale pour accuser tous ses déboires. Si la situation était différente et que le vert n'était pas concerné, il se serait confié plus à lui qu'a Mina ou Denki. Mais il restait ravi d'être d'un réel soutien pour lui, carrément comparé à Katsuki... Il poussa un léger soupir heureux, comme pour dissiper sa gêne.

- Déjà si t'arrêtez de m'appeler par mon nom ce serait cool ! éluda-t-il

- Mais c'est toi hein ! Tu me l'as jamais demandé !

- Parce que tu attendais une invitation ? Je dois t'envoyer un recommandé avec accusé de réception ?

- Mais arrête de m'embêter et allons faire à manger ! J'ai faim, Eijiro-kun !

- Ah non, ne commence pas comme ça hein !

- Je plaisante Eijiro ! Mais j'ai quand même faim...

Le héros éclata de rire, mais se leva, cédant à l'appel du ventre. C'était vrai, il était déjà midi. Ce qui était bien, c'était qu'il n'avait pas forcément à se dépêcher, Izuku n'avait plus ses échéances de soutiens qu'une fois sur deux, et ce n'était pas aujourd'hui ! Mais cela n'empêcha pas les deux garçons de se montrer flemmards, réchauffant juste des restes du frigo. Ils pouvaient donc affirmer que le curry et les Yakitoris ne se mariaient pas forcément bien, encore moins avec les Takoyakis... Cependant ils avaient le ventre bien plein !

- Ça te dirait d'aller faire les courses pour ce soir ? demanda-t-il, comme à chaque fois d'ailleurs.

- Je ne me sens pas de sortir, mais... Je pense pouvoir rester seul !

- Quoi ? Attends Izu, ce n'est pas... alors la je ne sais pas...

La psy leur avait bien spécifié d'y aller par étape, ne pas forcer les choses, d'autant plus qu'il n'y avait pas de raison, Izuku se montrait très entreprenant sur sa propre thérapie. Cependant elle mentionnait aussi d'écouter les besoins de son patient...

- On peut essayer ! Je me sens vraiment bien et puis tu ne seras pas partie longtemps !

- Je ne veux pas avoir l'air d'insister, mais... tu es sure de toi ? Je veux bien essayer, mais...

- ça s'est bien passé avec Shoto, Ochaco et Tenya non ? Non vraiment, j'aimerais essayé ! Si ça ne fonctionne pas, je dirais à maman que tout est de ma faute !

Le héros éclata de rire, l'écho de la pourtant étroite et encombrée cuisine le faisant même raisonner sur les murs, décuplant son effet hilarant.

- Bon très bien, je vais y aller alors. Je vais partir avant de dormir, on va profiter que tu sois dans le positif hein !

- Je t'en pris... Ça va aller papa, je suis assez grand pour surveiller la maison !

- On va te priver de sucrerie, tu vas voir...

Mais Eijiro rit de nouveau, préférant poursuivre cette conversation sur la touche humoristique plutôt que de se laisser dominer par la pointe d'inquiétude qu'il ressentait pourtant. Il ne fallait pas polluer Izuku avec son mauvais feeling et puis de toute façon, s'il devait être honnête il ne l'était pas tant. Il pensait sincèrement qu'Izuku était prêt. Alors il enfila sa veste et ses chaussures, glissant son portable et son portefeuille dans sa poche arrière et sortie. Il lança un royal "Sois sage ou papa te prive de dessert !" avant de claquer la porte.

Il était habité par deux sentiments très opposés ! L'idée de profiter un peu de ce moment de normalité tout en voulant se dépêcher pour vite s'assurer que tout allait bien. Ça semblait bête, mais Izuku Midoriya n'avait jamais été seul depuis qu'ils l'avaient retrouvé ! Même à l'hôpital il était sous surveillance caméra, la porte grande ouverte donnant directement sur le bureau des infirmières. Il arrivait à pas mal contenir ses angoisses, il y en avait cependant deux qui le dominaient encore et sur lesquels il travaillait activement. L'appréhension du silence et celle de la solitude. Et ça, Eijiro le savait ! De plus, après s'être autant rapproché de lui, il avait beau en rire, mais il ne pouvait qu'approuver le comportement protecteur souvent extrême de Katsuki.

Alors il s'engouffra dans le Konbini sans répondre à la caissière pourtant chaleureuse et il remplit son panier d'algues, une bonne soupe miso, qu'il détestait pourtant, mais qui ferait parfaitement l'affaire là ! Il attrapa deux boites de sushi déjà tout prêt, de toute façon il était fatigué, autant rester simple. Il choisit ensuite un dessert glacé avec des têtes de nounours, typiquement ce qu'on donnerait a un enfant pour le récompenser et enfin il salua la pauvre employée qui obtint finalement son bonjour. Vingt minutes ! C'était le temps qu'il avait mis pour faire un aller-retour !

Vingt minutes c'est aussi le temps qu'il avait fallu à Izuku pour perdre le contrôle de ses nerfs.

Lorsqu'il rentra, il sut tout de suite que quelque chose n'allait pas. Entre la télé qui hurlait son vacarme d'un film d'action bas de gamme, les portes de toutes les pièces ouvertes, laissant apercevoir que les lampes étaient elles aussi allumées... Il n'y avait vraiment pas de quoi en douter. Et merde !

- Putain. IZUKU ?

Il était certain qu'il ne remarquait même pas avoir laissé tomber son sac à l'entrée, laissant même la porte claquer seule. Il se précipita à l'intérieur tentant tant bien que mal de percevoir un son sur la localisation de son ami. L'appartement n'était pas bien grand pourtant... Mais il eut peur ! Il savait qu'Izuku avait une drôle d'histoire avec la cicatrice sur son pied gauche et bien qu'il n'en avait que vaguement parlé, il n'était pas franchement chaud à l'idée de voir ce qu'il en était réellement.

Le cœur cherchant clairement à s'enfuir de sa cage thoracique, il arracha la prise de la télé, l'intimant brutalement au silence. Et alors il l'entendit...

La respiration sifflante et saccadée se trainait dans la chambre... Évidemment ! Il se précipita vers la pièce, se cognant le pied à la table basse en passant et le trouva alors assis par terre. À moitié recroquevillée sur lui-même. L'une de ses mains était plaquée sur le lit, comme s'il cherchait à se rattacher à du concret sans y parvenir, tandis qu'il se triturait brutalement les lèvres de l'autre, tentant de le soumettre au silence.

Et quand Eijiro l'appela plus doucement, s'approchant doucement de lui, comme un animal effrayé qu'il cherchait a apprivoisé.

- Je peux te toucher ?

Il lui tendait une main sans pour autant franchir la limite, attendant le plus calmement possible la permission. Mais Izuku n'en avait strictement rien à foutre. En cet instant il lui fallait son havre de paix ! Il poussa alors sur ses jambes, se projetant presque sur le héros qui le réceptionna sans trop de mal, l'enfermant directement dans ses bras.

- Cale-toi sur ma respiration, écoute simplement comme elle vient...

Ce n'était certainement pas une bonne idée de lui conseiller de prendre exemple sur lui étant donné que son coeur continuait ses projets d'escapade, rendant son souffle incertain et paniqué. Mais en cet instant il ne savait pas trop quoi faire d'autre. Il ne pouvait que se contenter de ce qu'il avait vu Katsuki faire avant lui. Et ça semblait fonctionner... Izuku récupérait peu à peu reprenant haleine, bien qu'il se mit alors à trembler comme une feuille...

- Écoute Izuku, je vais te porte dans le lit. Ne panique pas, je viens avec toi, je ne te lâche pas ! Je suis là... berça-t-il au creux de son oreille.

L'homme dans ses bras ne put lui répondre, grappillant toujours ses poumons de reprendre un souffle plus régulier, mais il se laissa faire lorsqu'il quitta le sol, se blottissant un peu dans les bras chauds de son héros du jour. Eijiro se coucha dans le lit, l'enlaçant tout contre lui. Il se fit violence avec la couette pour la remonter vers eux sans trop utiliser ses mains, recouvrant enfin son protégé. Il le serra ensuite un peu plus fort, son pouce opérant des points de pression sur sa nuque pour tenter de le détendre.

- Ce n'est pas grave Izu, tu es sur la bonne voie... Laisse-toi juste le temps !

Et alors petit à petit, sous la douce teneur de la voix grave d'Eijiro, Izuku retrouva un semblant de calme, finissant alors par s'endormir, très vite suivi par le héros, dans cette drôle d'ambiance qui régnait encore dans l'appartement.

Lorsque Katsuki rentra, avec toujours l'idée bien ancrée de discuter avec son petit-ami il paniqua directement, trouvant le sac de course abandonné et l'idée de désordre inhabituel que suggéraient toutes les portes ouvertes. Mais son inquiétude fut bien vite remplacée par le soulagement et la tendresse. Les voir endormis tous les deux, le visage clairement serein était une vision qui avait l'art de l'attendrir totalement, lui le grand Bakugo au coeur de pierre. Alors il les laissa dormir, s'attelant lui-même à la préparation du repas. Après tout, lui aussi pouvait le faire, bien que le menu ne lui plaisait pas non plus.

Lorsqu'il fut l'heure de réveiller Eijiro, Katsuki tenta bien de se montrer plus agréable, faisant un pas sur lui. Ils n'avaient pas le temps de réellement mettre les choses à plat, mais peut-être pourraient-ils au moins engager une pseudoréconciliation.

- Il s'est passé quoi avec Deku ? demanda-t-il en mesurant le ton quand il vit son ombre sortir de la chambre

Eijiro lui lança un regard neutre, semblant réfléchir à sa réponse et cela le mit mal à l'aise. Ce n'était pas dans ses habitudes...

- Il a voulu essayer de rester seul. Il n'a pas pu ! Mais il s'est calmé assez facilement finalement. Ça devrait aller.

- Mmh. J'ai préparé le diner. Tu avais l'air fatigué.

Étonnant... Cependant Eijiro n'en pouvait décidément plus ! Il voyait le mur de sa relation avec voler en éclat dès qu'ils se retrouvaient dans la même pièce.

- Ouais, mais j'ai pas le temps, j'ai oublié de rendre un rapport à Miruko-chan. Je dois y aller.

Alors cette fois encore il s'enfuyait sous le regard à présent colérique de Katsuki. Il n'aimait Usagiyama... Encore moins depuis qu'elle était proche de son petit ami bisexuel. Mais il n'en dit rien, ce n'était pas vraiment le moment de faire une nouvelle crise de jalousie.

- Tu diras à Izu de ne pas laisser tomber. À demain !

- Eijiro ! L'interpella-t-il

Il le fallait... Tout lui échappait...

- Quoi ? Je t'ai dit que je devais y aller ! insista-t-il un peu brutalement.

La bile lui montait clairement à la gorge, lui faisant presque tourné la tête. Lui qui avait fulminait de ne pas avoir d'attention du blond, le voila incapable de lui faire face. 

- Il faut qu'on parle toi et moi ! Annonça-t-il directement.

Red Riot s'arrêta net, la bile remontant lourdement le long de son oesophage. Putain de merde. C'était quoi ça ?

- Tu veux me quitter ? demanda-t-il à brûle-pourpoint, les yeux résolument fixés sur la porte d'entrée alors qu'il commençait a voir des point blanc partout dans son champ de vision.

- Quoi ? Mais non ! Qu'est ce que c'est que ces conneries ? S'emporta le héros explosif.

- Alors ça attendra ! Je peux pas là...

C'était pas forcément faux, la journée avait été forte en émotions. Il n'avait fait que passer d'une sensation à une autre sans franchement avoir de transition digne de ce nom. Et puis le courage n'avait jamais été son fort, héros ou pas héros. C'est donc comme ça qu'il planta son petit ami qui pourtant faisait quelque chose ! Il avait fait un pas ! Tout n'était peut-être pas perdu.

Mais il avait peur ! Assez pour qu'il continue de le fuir toute la semaine...

Le vendredi arriva donc bien trop rapidement au gout du héros aux cheveux rouges. Ce week-end il ne pourrait y couper. Et Putain il ne voulait pas ! Toute la semaine il avait fait abstraction de son regard lourd et pesant braqué droit sur lui. Et ce regard-là il le connaissait bien !

Alors quand Denki, grand génie de la semaine, lui proposa de sortir boire un verre cette nuit-là, il sauta sur l'occasion !

Finir bourré à sept heures du matin... Check...

Et il était sans doute bienheureux de savoir que Denki était assez sobre pour savoir qu'ils ne pouvaient rentrer seul, que ce soit lui ou son meilleur ami. C'était alors évident qu'il appelle Katsuki, prenant une voix suppliante pour lui expliquer qu'ils avaient sans doute abusé.

- Attends... Il est 7h37 là... ça veut dire quoi ton "on a abusé, viens nous chercher".

- On est dans le bar en face de mon agence. Pas la tienne hein, la mienne. Parce que sinon tu seras pas dans le bon bar et on y sera pas ! Attends, c'est quoi le nom déjà... ?

- Eiji est avec toi ?

- Ah ça oui ! Il s'est mis à chanter une berceuse pour enfant ! Je n'ai pas compris pourquoi, mais d'après lui c'est important ! Faut vraiment que tu viennes le chercher !

Katsuki n'en revenait pas ! Il savait évidemment que son petit-ami avait reporté encore et encore la conversation, rendant l'ambiance insupportable au final. Mais il avait pris sur lui, car il savait que ce week-end-là, il pourrait lui en parler sans le laisser fuir. Il n'avait pas envisagé que le papy Eiji irait jusqu'à se bourrer la tronche pour le fuir...

- Putain ! Vous me cassez tellement les couilles...

- Mais oui, mais oui ! Dépêche-toi de venir ! Eijiro a déjà enlevé sa ceinture !

He merde, lui et sa fâcheuse manie de se dézapper quand il était bourré. Ce mec était un paradoxe, il se baladait à moitié à poil tout le temps, perdait mystérieusement ses vêtements dès qu'il avait un coup dans le nez, mais le soir... Il s'endormait comme un petit vieux enroulé dans un plaid bien chaud.

- Je vais vous envoyer quelqu'un ! Surveille-le Pikachu !

- Oui, mais tu sais, il chante bien finalement, enfin je dirais que les paroles sont jolies ! C'est un bon point non ? Hein que j'ai raison ? Bakugo ?

Mais évidement, Dynamight avait déjà raccroché, peu amène de faire la conversation avec un mec bourré. Il ne pouvait pas sortir ! Cela signifierait laisser Izuku seul ! Et merde quoi ! Il allait devoir emmerder quelqu'un de bon matin...

Hanta ou Ashido ? Bordel heureusement qu'il avait de bons potes...Il ne leur dirait certainement absolument jamais, mais il n'en pensait pas moins. Ce fut donc Mina qui fut appelé à la rescousse, affirmant sans soucis que ça ne la dérangeait pas d'être tirée du lit un samedi matin, juste pour aller récupérer deux inconscients. Inconscients qui avaient réussi à dégoter un bar ouvert de bon matin et qui n'avaient pas de scrupule de servir de l'alcool si tôt.

Et lorsqu'il ouvrit la porte sur les deux coupables et le bob de secours, il retint de justesse une remarque acerbe. Pourtant ce n'était pas loin ! D'ailleurs quand son amant passa à côté de lui pour directement aller se coucher, il lui lança un regard lourd de reproches.

Totalement incompréhensible pour le blond !

- Merci la martienne !

- Wouah ! Tu m'as dit merci !

- Tch, n'exagère pas ! Je dis merci quand c'est mérité ! Pas ma faute si ça n'arrive jamais ! Allez je te laisse ramener celui-là...

Denki n'avait pas ouvert la bouche, fixant, pour une raison qui ne regardait que lui, l'œil de boeuf de la porte d'entrée comme ci ce dernier recelait bien des secrets inavouables. Valait sans doute mieux l'ignorer ou c'était migraine assurée.

- Oui je m'en occupe ! Oh Bakugo... Il était en colère que ce soit moi qui vienne le chercher. Il pensait que tu viendrais !

- Impossible avec Deku !

- Oui je sais, mais lui... Bah je crois qu'il n'était pas en état de... enfin tu vois !

- Ouais ouais je vois. Je m'en occupe t'en fais pas.

Il disait ça, mais il n'était pourtant pas certain de pouvoir gérer ça...

- Ça va aller Bakugo ! Tu sais comment il fonctionne, son carburant a lui, c'est toi ! Si tu lui donnes un peu de toi, il va redémarrer ! Je n'en doute pas une seconde moi !

- Ouais on verra, merci...

- Oh bah deux fois ! Je suis émue ! Serais-je devenue enfin un être...

Il ne sut jamais la fin de sa phrase, car il prit grand soin de claquer la porte, poussant Denki, toujours en adoration devant son oeil de boeuf au passage. Il entendit bien le petit "Aie"', mais il s'en fichait totalement ! Il avait bien d'autres chats à fouetter... 




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BON ! 

Ce chapitre est plus long qu'a l'accoutumée, mais comme j'en parle beaucoup, je n'arrives jamais a me restreindre. Par contre j'entends que ce n'est pas forcément le format que l'on attend d'une FF !  J'espère par contre que ca ne dérange pas a la lecture ni ne donne une impression de "trop" ! 

Désolée donc pour ca...

Je remercie en passant mon super béta Onyx, qui a une patience de fou avec moi ainsi que ma mère, Kilsica, qui me relit elle aussi trés patiemment ! 

Merci a tous les deux ! <3


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