SIXIEME : Son indépendance
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Artiste : K
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Les yeux perdus dans le vague, Izuku Midoriya se sentait clairement vaseux. Il n'était évidemment plus question de remettre sa fatigue sur le coup des médocs, d'ailleurs il en avait arrêté la moitié ! Si on laissait de côté le bloqueur d'Alter, il ne prenait plus qu'un seul antidépresseur. Et ce dernier n'était pas assez puissant pour l'épuiser à ce point. Par contre, l'entrainement drastique auquel il s'adonnait chaque jour depuis une semaine, lui, expliquait bel et bien pourquoi il fixait la porte d'entrée d'un œil peu convaincant, complètement vannée, chaque fibre de son corps réclamant une intense cure de repos et de motivation.
Il savait que dans la cuisine, Eijiro préparait un délicieux Katsudon et que d'ordinaire il aurait voulu l'aider. Après tout, c'était toujours très amusant, de voir à quel point le ce héros un peu trop viril, presque gaffeur professionnel au quotidien, se transformait en master-chef dès qu'il s'agissait de choix des épices. La cuisine, c'était son art ! Et il adorait cuisiner avec quelqu'un, mais il fallait cependant suivre les directives... Il y avait une véritable différence entre les deux personnages qu'était le roux, entre le cuisinier hors pair et passionné qui adorait lire de recettes de cuisine et le démoniaque prof de sport, connaisseur, mais qui s'entretenait physiquement par nécessité.
Il l'entendait chantonner, dessinant sans problème les traits joyeux de son visage aux tons de sa voix. Ce gars était increvable ! Après tout ils s'étaient entrainés à deux ce jour-là et lui peinait à garder les idées cohérentes. Il était apparemment le seul affecté par la harassante liste d'exercice que les garçons lui avaient concocté. Et encore, lui se faisait une joie d'étaler sa virile endurance en s'ajoutant bien plus...
Il n'y survivrait sans doute pas...
Il se rendit compte alors que s'il entendait le roux dans la cuisine, c'était sans aucun doute, car les écouteurs avaient glissé de ses oreilles, le laissant là, somnolant, fixant le point lointain de l'œil de bœuf de la porte d'entrée. Bordel, il fallait bouger ? Et il était vrai qu'il se fait une brève introspection mentale avant de finalement bien se décider de les remettre, lourdement cependant.
Oui bouger était franchement compliqué ce soir-là.
Il grimaça de toute façon face au son bien trop agressif qui éclatait, à présent, ses tympans. Clairement, la chanson était bien trop enjouée pour lui en cet instant. Il s'apprêtait à changer de musique lorsqu'il vit du coin de l'œil la porte s'ouvrir sur Katsuki, qui rentrait de son dernier jour de travail avant une bonne semaine de vacances bien méritée. Évidemment, le vert était content ! Ils passeraient plus de temps à trois et les deux amoureux auraient plus d'occasions de se retrouver, cependant cela voulait dire aussi que les deux hommes seraient présents pour ses entrainements.
Red Riot était bien plus démoniaque que dans son souvenir, mais qu'en serait-il de Katchan ? Le premier jour, ils n'avaient fait que survoler. Mais depuis, chaque jour ou presque, l'infernal Héro Bouclier ajoutait encore et encore une couche d'exercices, impatient de passer à la musculation. Devait-il craindre une réaction similaire avec le diabolique Katchan ? Honnêtement il y avait matière à débattre. Cependant il restait impatient, ravi de juste partager ces moments-là avec les deux hommes.
Un léger frisson d'appréhension lui parcourra l'échine et il regarda la silhouette de son meilleur ami s'engouffrer dans la cuisine pour rejoindre son petit-ami alors qu'il lui lança un vague coup d'oeil. Alors il se redressa soudainement, arrachant presque les écouteurs de ses oreilles. Non pas qu'il voulait se montrait intrusif, évidement, il avait bien remarqué à présent que Katsuki mettait un point d'honneur a saluer son amant comme il se doit en premier lieu. Normal, selon lui.
Et là, alors qu'ils étaient seuls dans la cuisine, nul doute qu'ils en profitaient pour s'apprécier un peu plus intimement. Mais tout ceci était normal et même rassurant pour Izuku qui les avait vus retrouver peu à peu leur complicité normale, n'hésitant plus trop à se montrer câlin en sa présence. C'était apaisant...
Non, ce qu'il redoutait ce soir-là par contre, c'était sa réaction lorsqu'il verrait ce qu'ils mangeaient !
- Ah, mais bordel ! DEKU !
Ce jour-là, ce fut un peu plus long ! Sans doute due au baiser qu'ils avaient pris le temps d'échanger avant que le blond ne remarque les ingrédients du Katsudon.
Katsuki était un héros entrainé ! Sur le terrain, c'était un fou qui neutralisait les vilains sans leur laisser une chance. Tout le monde devait ployer le genou face à Dynamight... Mais il y avait une chose qui fut bien plus rapide que la pseudo colère du héros en cet instant ; l'instinct ne survit d'Izuku Midoriya !
Le blond n'avait même pas franchi la porte de la cuisine que déjà celle de la salle de bain se refermait derrière le vert.
- Mais qu'est ce que tu fous ? se demanda Katsuki
Certes, Katchan allait lui tomber dessus pour le choix du menu, après tout c'était la troisième fois de la semaine qu'il choisissait, ramenant les ingrédients pour les mettre devant le fait accompli. Cependant, pas de quoi annoncer un tel retrait stratégique ! Il y avait autre chose ! Une autre raison pour qu'en cet instant, l'apprenti héros préfère se planquer derrière la porte de la salle de bain qui ne ferait pas franchement rempart si jamais son vieil ami le décidait vraiment...
Il y eut un blanc, moment de silence trop inquiétant, et c'était cela qu'il fallait craindre !
Il y avait donc le monde ou Katsuki rentrait chez lui, gueulant, car le menu ne lui convenait pas et puis la transition terrible ou il comprenait que quelque chose clochait. Hilare, Eijiro s'amusait de la situation quelque peu insolite, son immense sourire observant le changement très vif sur le visage furibond de son petit-ami, alors que ses yeux se posaient çà et là sur les nouveaux éléments apparus dans son salon.
- PUTAIN DE BORDEL DE MERDE QU'EST CE QUE T'AS FOUTU ?
- Katchan, je vais te présenter quelqu'un ! osa la voix amusée et pourtant toujours planquée dans la salle d'eau.
- C'EST HORS DE QUESTION ! ON VA RAMENER TON TRUC LA OU TU L'AS TROUVÉ ET ON EN PARLERA PLUS ! ET TOI, T'AS RIEN DIT ?
Le ton était certes agressif, mais la situation si ubuesque qu'Eijiro ne releva pas, préférant se phaser avec l'apprenti héros, peu valeureux pour le coup.
- Tu verras Kats, tu vas l'adorer ! Elle est trop belle ! Rit-il en s'approchant de son amant, imposant ses larges mains sur ses hanches, détournant son attention de la porte-rempart.
- Mais c'est hors de question, putain ! Pas de chat ! Ça pue, ça ne sert à rien et en plus c'est ingrat !
- Tu préfères un chien, Katchan ? S'amusa Izuku en entrouvrant la porte, encouragée par le fait qu'il ne criait plus.
- Alors toi !
La tentative du rouge avait fonctionné. Sa colère était détournée, se transformant alors en moment plus doux. Suivant la caresse discrète, mais ferme des mains du héros-bouclier qui se dirigeait indéniablement vers ses fesses, collant un peu plus leurs bassins. Mais, voir apparaître ce visage constellé de taches de rousseur, qui indéniablement se régalait de la situation, lui rappelait bel et bien qu'il ne voulait pas de chat !
Alors il laissa une très légère explosion se faire entendre de sa paume droite, alors qu'il la tenait a une vingtaine de centimètres des cheveux verts.
- Pas. De. Chat.
- Caméria est très douce, tu verras !
- Mais c'est quoi ce nom-là en plus ?
- C'est Izu qui l'a choisi !
- Tu étais d'accord Jiichan !
- Oui c'est mignon. Ça lui va très bien !
Katsuki poussa un large soupir, les regardant tous les deux. Ils savaient que la bataille était perdue depuis le début de toute façon. C'était trop tard, il avait un arbre à chat juste derrière son canapé ! Alors il ne pouvait sans nul doute se battre contre cette fatalité ! Dorénavant, il y aurait des poils partout...
- Vous n'auriez pas pu prendre un putain de poisson...
- Ah, mais ! Beurk ! Quelle horreur ! Ah non pas de poisson...
Izuku semblait chasser l'image dérangeante de son esprit, gommant d'un geste de la main la tête du poisson qu'il s'était imaginé tout seul, et qui apparemment le dégoutait.
- Le nerd a un truc contre les poissons ! s'étonna le blond
- Faut avouer que c'est dégueux ! C'est tout visqueux et ça te regarde bizarrement là... Tu ne sais pas à quoi ils pensent...
À nouveau un tic totalement dégouté se grimaça sur son visage et Eijiro éclata de rire.
- Izu a peur des poissons ! Alors ça ! On pense tout savoir, mais... tu en as d'autres des conneries pareil ?
- Mais ce n'est pas des conneries Jiichan ! Tu imagines le nombre de poissons dans l'Océan ? Si un jour ils décident de...
- Il est complètement taré ! Le coupa le blond. Bon il est ou pustule ?
- C'est Caméria ! On l'a enfermé dans le bureau le temps que tu rentres. fit Izuku en faisant la moue
- Ouais c'est la même, pustule ou furoncle. L'un ou l'autre votre truc me feras chier ! Je vous préviens, si ça pus je la fous dehors !
- Oui promis Katchan ! On s'en occupera nous-mêmes.
- Ah, ça, c'est certain. Jamais de la vie je vide le bac à crotte !
Tout excité, le vert ouvrit la porte en grand, les dépassant pour aller chercher la petite chatte qui devait se terrer dans l'autre pièce. Eijiro en profita pour laisser un baiser tendre sur les lèvres de son amant, reprenant alors sa place dans la cuisine alors qu'Izuku revenait avec un machin poilu de deux couleurs bien distinctes qui le fixait d'un regard vairon blasé.
- Putain, mais ! Ce n'est pas pustule, c'est double-face ! Mâte-moi ça... C'est Todoroki tout craché !
Katsuki éclata d'un rire gras qu'on entendait bien trop rarement chez lui. Izuku le suivit de près, comme ci il s'y attendait.
- Tu vois ! Je te l'avais dit ! S'amusa Eijiro depuis son antre.
Et c'est ainsi que les trois colocataires accueillirent la chatte, Caméria ou le truc là-bas, même si clairement Katsuki n'était pas décidé à faire le moindre effort à son sujet. Cependant c'était assez naturel pour eux de se laisser porter l'un par l'autre, chacun jouant à son poste. Le quotidien qui s'était doucement mis en place avait de quoi les rendre heureux. C'était suffisant en tellement de choses ! Une pièce de théâtre, où chacun jouait son rôle à la perfection.
Eijiro se sentait largement compris par l'homme qu'il aimait. Depuis qu'ils avaient mis les choses au point, tout semblait s'être naturellement emboité. Le rouge se sentait d'ailleurs un peu bête d'avoir autant hésité à au moins en discuter, se donnant l'excuse de s'être laissé emporter par le stress et la fatigue. Mais il garda bien à l'esprit qu'il ne se laissera pas prendre une deuxième fois. S'il avait des choses à dire, alors il le ferait !
Katsuki de son côté s'était largement habitué à ces moments plus doux. Si, au départ évidement, cela lui avait semblé superflu, rassurer Eijiro lui semblait maintenant naturel et il n'hésitait même plus a faire fis de la présence d'Izuku pour lui voler des baisers si l'envie lui prenait. C'était parfait !
En tout cas pour les deux amoureux...
Car dans un coin de la tête du dernier membre de ce trio, et non pas des moindres, les choses ne se passaient pas tout à fait comme cela.
Izuku était certes bien plus heureux à présent que les soucis entre ses amis semblaient s'être calmés. Ils profitaient à présent de leurs vies ensemble et il se sentait pleinement chez lui ici. Il n'était plus simplement un invité, mais bel et bien intégré. Il avait sa place dans l'armoire ou ne se posait pas de questions à l'idée de se balader à moitié nu s'il oubliait d'emporter des affaires propres.
Lorsqu'il avait trouvé Caméria, dans un carton trempé, prés du Konbini, il ne s'était même pas posé la question. Il avait le droit ! Mais s'était surtout amusé de la colère du blond qu'il allait devoir affronter.
Cependant il y avait une chose qui avait changé et c'était lui !
Cela faisait plus de six mois qu'il vivait avec les deux hommes, s'étant directement invité dans leur lit. Il avait dormi collé/serré contre Katsuki et Eijiro et les deux ne portaient que peu de vêtements pour dormir ! Et jusqu'ici, jamais il ne s'était posé de questions. Il se sentait bien là. Ça le réconfortait et il n'y avait pas d'arrière-pensée.
C'était normal !
Mais à présent, il ne comptait plus le nombre de fois ou il s'était réveillé embrouillé, l'esprit tiraillé sur sa propre main posée sur les abdos bien trop aguicheurs de son ami d'enfance. Il n'avait aucun droit d'y glisser le doigt, histoire d'en profiter un peu. Pourtant son esprit le réclamait, emportant dans ses élucubrations, son sexe dressé a son paroxysme qui semblait tenter de le convaincre du contraire !
Bordel, il n'avait strictement aucun droit !
Alors il se levait et filait sous la douche, refusant de céder à ce que son corps semblait réclamer. Il ne pouvait absolument pas "faire ça" ! C'était son ami d'enfance et sans doute son meilleur ami ! Juste par respect, c'était une chose totalement inadmissible ! Et qu'on ne vienne pas lui parler de fantasme... Il n'y avait pas d'univers ou Izuku pensait que c'était quelque chose de normal que d'avoir des idées déplacées pour son ami...
Mais tout semblait être rattaché à Katsuki ! Alors Izuku s'était plutôt tourné vers Eijiro.
Après tout, lui aussi arrivait à le calmer de la même façon. Seulement voilà, c'était pareil ! Lorsqu'il se réveillait, le nez collé a son pectoral, il se sentait si à l'étroit dans son caleçon que ça lui était physiquement douloureux.
C'était sans issu ! Et il avait bien sûr essayé divers stratagèmes, allant jusqu'à porter deux couches de vêtements de plus pour tenter de cacher son honteux petit secret. Il se réveillait, à présent, bien avant les deux hommes, son subconscient lui indiquant qu'il devait aller compter les carreaux du carrelage de la salle de bain pour tenter de retrouver un semblant de calme... Ainsi que d'une certaine "souplesse"
Il avait réussi à tenir comme cela pendant quelque temps, se remerciant au final de ne pas se souvenir des rêves qui le mettaient dans cet état. Ce n'était que la nuit et pour l'instant il arrivait à gérer.
Mais la situation s'était empirée...
Juste avant que son corps ne décide d'avoir sa propre volonté, les gestes tendres étaient, à ses yeux, de pur moment de bonheur, ou il se sentait même en sécurité. Mais petit à petit, les choses étaient devenues plus... tendues ! Quand il sentait maintenant les doigts d'Eijiro lui caressait la nuque, comme il l'avait toujours fait jusqu'ici, son esprit s'aventurait souvent, seul, et il imaginait cette main-là, chatouillant ses côtes, frisant finalement de lui empoigner les fesses. Et bien plus encore.
Et c'était pareil avec Katchan !
Il fallait indéniablement qu'il trouve une solution ! Et ce, avant que ses amis ne remarquent quoique ce soit !
C'est comme ça qu'il s'était retrouvé, dès le lendemain, veille de Noël qui plus est, à embarquer ses deux amis dans une virée shopping.
Il avait pris son courage à deux mains, et leur avait demandé, franchement. Il voulait dormir dans le bureau à présent. Au début, il avait bien vu qu'en face de lui, ni Jiichan ni Katchan ne comprenait cette décision ! C'était devenu si naturel pour eux de dormir à trois ! L'un comme l'autre n'imaginait même plus se retrouver rien qu'à deux... C'était pourtant logique qu'ils arrivent à ceci et ils n'avaient aucun argument contre ! Alors, le vert tentait de jouer la carte subtilité pour les convaincre sans attirer leurs attentions. Il ne fallait pas qu'il les inquiète ou que leurs liens changent ! Mais de toute façon, c'était mieux pour eux en tant que couple après tout; et ça, il n'y avait rien à dire là-dessus...
Cependant en parler avec eux ne fut pas une mince affaire, Izuku craignant beaucoup leurs réactions. Les deux s'étaient lancé un regard surpris, cherchant alors dans la prunelle de l'autre la bonne chose à dire ou à faire, mais s'étaient finalement contraints d'accepter, bien qu'ils avaient du mal à savoir quoi en penser dans le fond. Alors ils étaient là, choisissant un lit convenable pour leur ami aux cheveux vert...
- Il y a trop de monde ! Grogna Katsuki, fusillant un gamin qui allait lui rentrer dedans, mais qui l'évita au dernier moment, effrayé par sa mine renfrognée.
- Fallait s'y attendre ça ! Allez, ils ne restent pas grand-chose à prendre. On se prend des Takoyakis en passant ? S'il faut monter les meubles, je n'ai aucune envie de cuisiner après...
- Faut aussi prendre un portable pour le nerd ! J'en ai ras le cul d'avoir les messages de double-face ou de tête d'oeuf !
- Moi je n'arrive pas à croire que tu n'avais même pas son numéro de portable alors que tu bosses dans son agence... soupira Izuku
Il savait évidemment que les deux hommes n'étaient pas "amis" à proprement parler, mais du moins ils s'entendaient bien mieux qu'avant. C'en était même surprenant de voir que parfois, on pouvait lire un peu de respect dans les mots de Katchan à son égard. Seulement voilà, Katsuki semblait avoir donné des cartes "Amitié" à un nombre très limité de personnes et cela se voyait au nombre désespérant de contacts qu'il avait dans son portable. Qui avait dans sa liste, moins de dix personnes enregistrées, comptant même ses parents ?! Il avait, certes, était touché de constater que "Inko Deku" était présente, mais cela restait presque insultant pour d'autres. Après, comme bon nombre de héros pro, il possédait un portable de fonction, bien plus fourni, accusant là des années de contacts sur le terrain. C'était là que figurait le reste de ses camarades de classe et donc son patron, ainsi que de nombreuses ficelles qu'il avait tissées au fil de son enquête.
- Hey ! J'ai choisi son agence, car c'était la meilleure, et je n'avais pas le temps de me préoccuper de ça ! C'était plus simple pour te chercher, alors ferme-la !
Clairement, l'humeur du héros explosif s'en ressentait grandement, elle qui détestait faire les magasins. C'était son premier jour de congé et il se retrouvait coincé avec tous les badauds qui couraient partout pour les derniers préparatifs. Alors qu'il avait été content de ne pas avoir à faire un truc de particulier avec son amant pour l'occasion, y échappant au moins une année. Il aurait largement préféré passer son premier jour ailleurs qu'ici ! D'autant plus qu'il ne comprenait pas la demande soudaine du gamin insupportable qui lui collait les Basques depuis tout petit.
- Oh ! Regardez !
Ils passaient devant une boutique de jeux vidéo, et il était évident que le nerd qu'il était pétillait devant sa vitrine. Il regardait alors une vieille console rétro, celle qui faisait fureur pendant leurs années lycée. Ils n'avaient jamais pu y jouer ensemble bien que les deux l'avaient eu à l'époque.
- Ah ouais ! ça remonte... Les branlées que je t'ai mises sur Smash Bross. Je crois que c'est comme ça que tu as même explosé ta console.
- Tu dis de la merde Eiji, tu trichais !
Eijiro aussi sentait que son homme n'était pas vraiment au top de sa forme, aussi, il prit le partit de ne pas trop le chatouiller. Mais c'était entendu, il en discuterait avec lui plus tard ! Le sujet n'était pas un mystère, après tout il était tout autant impacté par ce brusque changement. Alors, oui, autant qu'ils parlent tous les deux de ce revirement qu'ils ne comprenaient pas !
- Je veux trop vous mettre la pâtée ! Les coupa, de toute façon, Izuku.
Trépignant devant la console derrière l'inaccessible vitre, l'apprenti semblait en proie à un combat intérieur. Être ici, aujourd'hui, était déjà un exploit en soi, surtout face à tant de monde. Certes, c'était lui qui les avait emmenés ici ce jour-là, et il pensait avoir d'excellentes raisons. Il fallait cependant qu'il soit conscient de ce qu'il était capable de faire ou pas.
Il avait bien sûr, été tenté de s'engouffrer joyeusement, presque naturellement, dans la boutique pour s'acquérir de ce petit cadeau qu'il se ferait. Cependant, ses pieds n'avaient pas obéi !
Il y avait eu une multitude d'idées qui l'avait envahi, l'emplâtrant devant la porte de la boutique sans pouvoir en bouger. Et si ?
Et si Katchan et Jiichan n'étaient plus là son retour ? Et s'il faisait une crise d'angoisse à l'intérieur du magasin ? Où qu'il y est trop de gens pour lui ? Et si tout simplement, il perdait le contrôle de tout... Alors il fixait cette porte comme une étape bien trop grande pour lui actuellement, un monde dans lequel il ne se dessinait pas !
Mais il n'était pas seul, et ne l'avait plus été depuis son retour... Alors à nouveau, il sentit cette force qu'il tirait sans doute un peu trop d'eux. Alors que Katsuki lui tendait ton téléphone et ses écouteurs, et qu'Eijiro lui offrait le sourire le plus encourageant qui soit, il sentit ses pieds décoller.
En vérité, oui il pouvait le faire ! Il engouffra alors un écouteur dans son oreille, lançant un sourire pas réellement sur de lui, mais presque convaincant, et il franchit alors le seuil de la porte, seul.
Les deux autres n'avaient pas eu besoin de mots pour comprendre ou, du moins, imaginer ce qu'il s'était passé dans la tête du vert. Ils avaient juste suivi leurs instincts, tentant de voir s'il se lancerait en solo ou si finalement il leur demanderait de l'accompagner. Mais il y était allé ! Alors les deux héros, confiants, l'attendaient, gardant la porte ouverte pour tenter de surveiller et rassurer les yeux émeraude qui les avaient cherchés plusieurs fois du regard, alors qu'il s'approchait du comptoir au fond sans rebrousser chemin. Ils n'avaient rien dit, juste sourit, rassurant si fort leur colocataire. Et il était ressorti de la, tout fier, un sac dans les mains, au comble du bonheur ! Ravi de dépenser un peu de son argent qui dormait depuis des années et d'avoir un tel sentiment de liberté qu'il n'avait pas senti si fort depuis de trop nombreuses années.
- Vous allez souffrir ! Fit-il, les étoiles dans les yeux.
Voir Izuku si emballé pour un truc aussi naturel aida largement à détendre un peu l'atmosphère. Non pas qu'ils étaient en froid. Pas du tout ,même. Mais il fallait bien avouer que les deux autres avaient un peu de mal à imaginer que le troisième ne partage plus leurs nuits. Même s'ils n'en avaient rien dit, ils n'avaient pas pu s'empêcher de se poser des questions, se demandant même s'ils avaient fait quelque chose qu'il ne fallait pas. Alors cette réaction ordinaire les rassurait un peu. Ils s'étaient fait des films, tout était normal.
L'après-midi montage de meuble se passa donc dans le meilleur des mondes, le couple, habitué au travail d'équipe, travaillant efficacement et ce fut rapidement plié ! Ils avaient pu alors profiter du restant d'un début de soirée tout à fait habituel. Et quand l'heure de se coucher arriva, personne ne fit de commentaires ! Les deux hommes rejoignirent leur lit et Izuku s'enferma avec joie dans son nouvel espace.
Il avait attendu toute la journée ce moment, grappillant comme il pouvait un sourire rassurant de plus pour dissiper le malaise. Il était désolé de remettre ainsi cette atmosphère lourde, mais il avait besoin de faire le vide. Il fallait qu'il comprenne le fond du problème et le règle rapidement !
Alors qu'il avait l'impression de voir le bout du tunnel en s'installant dans sa propre chambre, le sentiment de ne plus rien contrôler s'était bien au contraire renforcé. Il pensait se connaître un minimum ! Lui et son corps surtout, après tout l'apprentissage du One For All avait été à l'époque bien rude et il avait dû se montrer patient avec lui-même. Ici évidemment il ne s'agissait pas de ça, c'était bien plus intime et gênant.
Après tout, il avait pu observer ses deux amis, les muscles bandés par l'effort, se taquinant en se dévorant du regard pendant une bonne partie de l'après-midi, le doute s'était glacé dans son coeur.
Son corps avait réagi au contact de ces deux personnes.
Juste eux deux.
Évidemment, il était un mec normal, ou presque ! Ado, comme tout le monde, il s'était offert le luxe de se laisser à la masturbation, découvrant donc une partie presque innocente de ses gouts en matière d'homme ou de son plaisir personnel. Ces cinq ans ne lui avaient absolument pas donné l'opportunité de se découvrir plus en profondeur. C'était certain. Et il n'y avait même pas pensé ! Tout ce temps-là, enfermé dans cette cellule si sombre, a fixé la seule et bien trop faible source de lumière qui encadrait la pancarte "52" qui ornait "sa" porte de ferraille. À quel moment cela aurait-il pu être le cas, alors qu'il subissait ces "cinquante-deux" visites journalières pour tenter de le convaincre de transmettre son Alter ? Alors qu'il perdait toutes perceptions de lui-même, devenant fou sous les effets des substances qu'on le forçait à boire, torturé des images de ses proches à l'agonie...
Absolument jamais, sans l'ombre d'un doute ! Et de toute façon, c'est exactement ce qu'il s'était passé, l'idée ne l'avait plus jamais traversé.
Il n'avait plus jamais ressenti ce besoin depuis, l'oubliant même ! Et même de toutes ces fois où il avait surpris bien malgré lui ses amis durant ces moments intimes, il n'avait pas fait le rapprochement avec sa personne. Oui, pour lui, le sexe était normal dans un couple ! Il n'avait aucun mal à le comprendre. Seulement, un jour, peut-être qu'il serait alors concerné par ça et misérablement, il n'y arrivait pas...
Il se regardait, désabusé via l'application photo de son téléphone, totalement perdu, sans, ne serait-ce que comprendre ce qui pouvait bien bloquer, cherchant des réponses sur son visage qui se reflétait sur le petit écran pixellisé. Il en avait vécu des choses durant ses années de captivités, mais jamais des choses liées au sexe ! L'humiliation de vivre tous les jours presque nu, juste avec ce foutu caleçon sale qu'il lui glissait indéniablement de ses hanches affamées et qu'il avait tenté, jour après jour, de tenir propre en utilisant une partie de l'eau qu'on lui donnait a boire, oui. Mais pas plus...
Pourtant son corps réagissait ! Totalement, contre sa volonté, mais il réagissait tout de même !
Il réagissait quand il était proche de ces deux-là, et c'était sans doute pire !
Pourquoi ?
C'était après tout une question légitime ! Il avait plus que le droit de se la poser. Pourquoi son organisme semblait s'être ainsi lié à eux ? Bien qu'il avait l'esprit ouvert, mais c'était franchement trop pour lui ! Il avait beau se souvenir parfaitement des sentiments qu'il avait nourris pour Katchan avant, il ne s'était pas menti quand ils les avaient pensés enterrés. Cependant, il se rendait compte qu'il ne pouvait plus affirmer la même chose à présent ! Pire ! C'était exactement pareil pour Jiichan !
C'était juste inconcevable qu'il soit amoureux de deux personnes ! Impardonnablement impossible...
Il n'avait jamais entendu parler de ça et de son point de vue, c'était presque quelque chose d'immoral. Il avait donc cherché d'autres explications, reniant cette possibilité en bloque. Et alors qu'il fixait le plafond du bureau, ou de sa chambre à présent, son nouveau téléphone abandonné sur le lit, une pensée, d'abord furtive puis envahissante, l'avait étreint.
Et si c'était une forme de "reconnaissance" ?
Un truc bizarre auquel il ne comprenait pas vraiment, mais qu'il ne contrôlait pas ?
Et si, tout simplement, il se sentait si reconnaissant envers ses deux amis qui l'avaient tant aidé depuis le début de "tout", que son corps n'arrivait plus à faire la part des choses, ne dessinant plus correctement les limites, confondant la définition de certains sentiments ? Parce que c'était totalement vrai, ces deux-là lui avaient sans doute sauvé la vie, d'une façon ou d'une autre ! Que ce soit dans leurs investigations qu'ils n'avaient jamais lâchées, s'assurant encore aujourd'hui, sans en dire un mot, de pousser l'enquête de se poursuivre avec l'acharnement dont ils avaient fait preuve jusqu'ici. Même s'ils avaient été mis sur la touche, Izuku savait qu'ils continuaient à pousser leurs contacts et collègues là-dessus, le téléphone de Katchan vibrant encore sous-vend de messages auquel il répondait sans tact en guise de motivation. Où que ce soit ici, dans cet appartement, offrant au vert tout le réconfort et la protection dont il avait eu cruellement besoin.
Il leur devait littéralement tout.
Et lui ? Il les remerciait en les trahissant de la sorte ? C'était purement pathétique ! Il n'avait strictement pas le droit ! C'était sans conteste les deux personnes qui comptaient le plus pour lui et il osait tout gâcher comme ça... Alors oui, son corps, il pouvait bien aller se faire voir ! Il allait bien trouver une solution pour régler ça, quitte à devoir être radical ! C'était déjà assez honteux de devoir subir de tels assauts de son organisme, mais à présent qu'il pensait salir ses deux chers amis, c'était pire. Alors oui, c'était même urgent, il allait devoir résoudre ce problème avant de tout gâcher...
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Clin d'œil à ma petite bulle et la virgule !
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