PROLOGUE
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Artiste : K
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Il était rare qu'il y ait autant de mouvement dans cet appartement en plein centre-ville. Les deux locataires n'étaient pas de ceux qui se montraient généralement bruyants. Les voisins n'avaient pas à s'en plaindre. Pourtant ils avaient eu toutes les raisons de se montrer méfiants !
Le jour de leurs arrivées, ils avaient entendu le plus grand chanter une impro sur les sept étages, hurlant son baryton que c'était un jour parfait pour emménager avec un homme parfait. Très vite ensuite c'était apparemment ledit homme parfait qui s'était fortement appliqué à lui faire comprendre qu'il devrait sans doute "la fermer". De plus ils les avaient reconnus ! Les deux héros faisaient partie de la nouvelle génération de héro et ils ne cessaient de faire parler d'eux, grimpant dans le classement aussi vite qu'ils alimentaient les journaux de leurs frasques. Cependant il n'y avait rien à dire, ces deux dernières années avaient été calmes. Alors ils pouvaient bien accepter le fait qu'actuellement, il y avait une réunion assez étrange dans la cage d'escalier.
Pour cause, c'était un jour spécial pour les deux héros ! Aujourd'hui, quelqu'un emménageait avec eux et pas n'importe qui.
Izuku.
Il était totalement incroyable qu'en ce jour, le jeune Midoriya soit réellement en train de s'installer avec son ami d'enfance et le petit ami de ce dernier. Outre la relation tumultueuse que Katsuki et Izuku ont longtemps entretenue, bien d'autres événements mettaient encore plus ce fait à mal.
Cela s'était passé il y a un peu plus de cinq ans. Une éternité de leur point de vue. Cinq très longues années où, une nuit brillant de sa banalité, il s'était endormi dans son lit dans la douce pénombre de la chambre qui l'avait vu grandir pour se réveiller dans cet endroit.
Inquiétant.
Sans un bruit, sans que sa mère dans la chambre d'à côté ne comprenne quoi que ce soit. Izuku Midoriya, élève en terminal au lycée Yuei n'était plus là.
Nombreux avaient été ceux qui s'étaient lancés à sa recherche. Personne n'était prêt à laisser Deku derrière !
Non.
Ce sont par contre les années qui ont écrasé les espoirs. Chacune d'entre elle emportant la conviction et les souvenirs...
Pourtant parmi toutes les personnes proches d'Izuku, il y en avait bien un qui n'avait jamais envisagé de renoncer. On pouvait lui chanter la Marseillaise dans toutes les langues, tant qu'il n'avait pas retrouvé son corps, Deku était vivant ! Et il y avait bien des choses à dire de Katsuki Bakugo, l'une des premières était qu'il était têtu. L'idée ne l'avait jamais lâché ! C'était putain d'impossible que le nerd ne soit plus là, juste derrière lui.
Intolérable dans le monde dans lequel il devait vivre.
Évidemment il avait beaucoup souffert de sa disparition, comme beaucoup. Soufflant le chaud dans sa bouteille en verre jusqu'à ce qu'elle éclate, sans doute presque tous les soirs, à l'abri des regards. Ça avait été un calvaire ! Il était tombé amoureux de cet imbécile et il disparaissait... Ne fallait-il pas être sacrément con pour oser lui faire un coup pareil ? Évidemment il savait que son raisonnement était totalement décousu, mais il ne pouvait faire autrement. C'était la première fois qu'il ressentait réellement quelque chose et ça n'avait pas été une mince affaire de se l'avouer. Alors, passer outre... C'était bien trop dur.
Son absence était une montagne qu'il ne pouvait ni franchir ni contourner, donc il ne l'avait pas fait.
C'était sans compter sur son meilleur ami, Eijiro Kirishima ! Dés le début, le garçon aux dents de requin l'avait approché, cherchant sans cesse a se rapprocher de lui et il y était parvenu, petit à petit. Lorsque Katsuki s'était obstiné face à tous dans ses recherches, ce fut bien le seul à le soutenir, s'obstinant aussi fort que lui. Ils avaient même fini par devenir totalement dépendant du soutien l'un de l'autre dans cette quête qui perdait peu à peu de ses adeptes. Puis c'était arrivé et ils avaient fini par se trouver. Ils étaient tombés amoureux, ni plus ni moins. Trois ans après la disparition d'Izuku, ils avaient même fini par emménager ensemble.
Et malgré leur idylle, les recherches d'Izuku étaient toujours une de leurs priorités et c'est même dans leur bureau, chez eux, qu'ils avaient fini par enfin trouver le Graal. Née d'une info qui ressemblait à toutes celles qu'ils avaient chopées ces dernières années, c'est pourtant celle-là qui les avaient menés droit vers lui. Ils l'avaient vraiment retrouvé ! Pas seulement un indice ou même les restes funestes de son corps sans vie.
Il était vivant et ils l'avaient retrouvé...
Le dossier de ses séquelles physiques se portait dans un carton, celui des problèmes mentaux dans un autre. Izuku n'était qu'une poupée désarticulée qui en avait même oublié son prénom ! Mais pourtant, cinq années n'avaient pas enlevé deux choses. Sa volonté de protéger le One For All, raison pour laquelle il s'était d'ailleurs retrouvé dans cette situation et Katchan. Et c'est bien Katchan qui avait réussi à ramener, petit à petit, un semblant de vie dans ses iris émeraude devenus trop sombres.
L'enquête était encore en cours, mais ils avaient bon espoir ! Les pistes sérieuses étaient dans les mains des inspecteurs. Les deux héros avaient été écartés de l'enquête, leur implication étant devenue bien trop personnelle. Mais ça n'avait plus trop d'importance. Izuku avait besoin d'eux ! Il avait besoin de lui...
Car dans le monde qu'Izuku s'était forgé pour se protéger, Katchan était son héros ! C'était celui qui lui apparaissait mentalement pour continuer de le pousser en avant, lui souriant doucement de tenir bon et de garder espoir. Il en avait oublié tous les autres, Katsuki lui était tout ce qu'il lui fallait. Après tout, son ami d'enfance était inébranlable et si, par hasard, il posait le genou au sol, il avait su s'entourer des bonnes personnes. Alors oui, pour lui, ces cinq dernières années, il s'était juste obstiné, s'accrochant de toutes ses forces à cette idée, à son héros de toujours...
On peut dire que cela avait fonctionné !
Être le point commun qui ralliait l'univers imaginaire d'Izuku et la réalité dans laquelle il devait revenir, offrait une place de choix dans sa reconstruction. Un point d'ancrage certain qui les liait l'un à l'autre. Il avait fallu remettre des mots perdus sur biens des choses, mais Izuku n'était pas de ceux qui jetaient l'éponge. Alors il avait avancé, encore et encore, poussé par l'ombre rassurante de ce Katchan qui se dressait devant lui, le protégeant du soleil souvent bien trop éblouissant. Petit à petit alors, "52", comme il avait été mentionné durant ces années perdus, redevenait Izuku Midoriya ! Il avait donc passé plus d'un mois en hospitalisation, puis était directement entré dans un centre psychiatrique ou il était suivi assidument.
C'était maintenant qu'il sortait. Un peu près plus de six mois plus tard. L'idée qu'il retourne chez sa mère avait bien évidemment été soulevée. Mais c'était une chose bien intolérable pour l'éternel apprenti héros. C'était là que tout avait commencé et lorsqu'il avait seulement remis les pieds dans cet endroit, il s'était bloqué.
Cette chambre, c'était la sienne ! Il le savait. C'était exactement pareil que dans ces souvenirs, tout était propre et parfaitement rangé, sa mère y avait veillé. Mais lui rêvait au contraire de tout foutre en l'air, déchirant jusqu'aux derniers dessins d'enfants qui s'y trouvaient. Il ne supportait pas cette pièce ! C'était étrange à dire, mais c'était un peu comme-ci l'endroit l'avait trahi. Ce qui s'était produit ici n'aurait pas dû avoir lieu... Et c'était sans parler du fait qu'il avait encore bien du mal à rester seul en présence de sa propre mère. Il savait qu'il l'aimait, il ne lui en voulait pas de ce qui était arrivé. Mais elle n'était pas son héros.
Et parmi tout ce foutre bordel, la seule chose qui restait immuable c'était donc Katchan. Il était venu tous les jours avec Eijiro, ces deux-là le rassuraient, chacun à leurs façons. C'était inné pour Katsuki. La confiance qu'il lui accordait était presque effrayante. Pour Eijiro c'était passé par plusieurs phases. Partant du fait qu'il avait au départ simplement accepté sa présence auprès de l'explosif, il avait fini par trouver dans le sourire carnassier quelque chose de réconfortant auquel il pouvait se raccrocher.
Oui c'est auprès de ces deux-là qu'il avait réussi à retrouver un début d'équilibre ! Et c'est aussi ces deux-là qui avaient spontanément parlé de le faire venir vivre chez eux... C'est comme ça qu'il se retrouvait, quinze jours plus tard, assis sur le fauteuil face à l'entrée, surveillant les allées et venues alors qu'il somnolait clairement, ses cheveux verts retombant inlassablement devant ses yeux à chaque fois qu'ils les fermaient trop longtemps. Il observait d'un oeil vitreux Eijiro qui récupérait les cartons que Denki déposait devant la porte sans pénétrer dans l'appartement. C'était devenu une tanière pour l'homme en rémission de presque vint-trois ans qu'il était encore ! Et dans son antre, il ne pouvait pas réellement accepter tout le monde pour l'instant. Alors voir ses anciens camarades de lycée respecter son nouvel espace lui faisait beaucoup de bien, bien qu'il ne pouvait s'empêcher de surveiller quand même. Cela expliquait donc pourquoi Hanta Sero, Ashido Mina et Denki Kaminari se contentaient des escaliers pour crapahuter leurs bonnes humeurs, rappelant leurs présences aux voisins indulgent.
Le retour de leur camarade longtemps disparu avait suscité bien des changements auprès de tous. Il y avait tant à dire ! Mais pour autant, eux qui n'avaient pas pu aider leur ami, ils respectaient tous la distance dont il avait besoin pour l'instant. Même ses amis proches avaient compris qu'il lui faudrait du temps. Ce n'était pas encore le moment. Izuku avait bien des choses à dire sur ces cinq ans, et majoritairement, on avait tenté de le briser en utilisant ses relations. Ses amis étaient donc encore un sujet sensible au même titre que sa mère. Mais personne ne doutait que ça finirait par aller, après tout il n'avait fait que des pas en avant...
Tout était une question de temps...
- Tu penses qu'on doit le porter jusqu'au lit ? murmura doucement la voix grave du héros à l'Alter de durcissement
- Nan, s'il se réveille il risque même de paniquer. Laisse-le. répondit celle de son ami d'enfance
Izuku avait fini par sombrer plus qu'il ne le pensait. Il entrouvrit doucement les yeux, tentant de se faire discret, et repéra directement que le soleil avait cédé sa place, le salon étant plongé dans une semi-obscurité. Devant lui les deux hommes étaient là, Katsuki adossé au mur qui séparait la cuisine fermée du salon, savourant ce qu'il devinait être une bière et Eijiro, à présent torse nu, s'étirant devant lui.
- Je ne sais pas si je vais prendre ma douche avant ou après de faire a mangé. Je suis crado là !
Du coin de l'oeil toujours mi-clos, il vit alors son ami d'enfance tendre la main vers son petit ami, retraçant du bout des doigts les formes géométriques tatouées sur le torse qui ombrageait les muscles d'Eijiro, les mettant clairement en valeur. Il laissa planer quelques secondes pleine de sous entendu, continuant d'apprécier du bout du doigt, la peau dorée et imberbe de l'homme qui partageait sa vie.
- J'ai faim ! lâcha-t-il comme une réponse plus qu'explicite
- C'est parti pour le diner alors ! Sourit le roux sans percevoir l'invitation
La grande masse aux cheveux rouge s'engouffra dans la cuisine tandis que le blond bâillait, sans relever. Cela ne servirait a rien, de toute façon ce n'était pas le moment.
C'était une scène banale dans laquelle l'apprenti héro allait baigner maintenant. Il avait encore un peu de mal à réaliser et ça le stressait un peu. Son pied gauche le démangeant furieusement... Durant ces cinq ans, il y avait aussi une chose qui l'avait aidé d'une certaine manière. Il n'y avait rien de positif là-dedans, il le savait parfaitement. Pourtant dès qu'il se sentait incertain, ça le reprenait. Il se voyait encore attraper n'importe quoi pour l'enfoncer durement dans son pied. La douleur qui assourdissait ses membres l'avait pas mal aidé à garder la tête froide, se souvenant alors qu'il était putain de vivant. Mais il n'avait strictement pas le droit de céder à ses envies malsaines ! Plus maintenant. Ce serait un retour en arrière totalement prohibé !
- Tu vas faire semblant de dormir encore longtemps le nerd ?
Il sursauta légèrement alors que son ami d'enfance s'approchait doucement de lui et il ne put que se plonger dans ce regard si particulier dans lequel il avait vu tant de nuance différente. Il se souvenait bien de ce qu'il ressentait "avant". Il savait qu'il avait ressenti quelque chose de particulier pour lui, quelque chose qu'il avait accepté comme étant de l'amour. Mais c'est bien une chose à laquelle il ne pensait plus. Katsuki avait été beaucoup de choses pendant sa captivité. Indéniablement il lui avait sauvé la mise de bien des façons sans en avoir conscience. Mais il savait aussi que cela faisait bien longtemps que l'adolescent qu'il était à l'époque était mort depuis longtemps.
- Je suis désolé de m'être endormi. murmura-t-il d'une voix pâteuse
- Tu dors tout le temps de toute façon !
- Ce sont les médicaments... se justifia-t-il
- Ouais ouais, c'est ça !
Il se moquait de lui, mais il n'en doutait pas. Une chose était sure, le nouveau colocataire arrivait avec sa batterie de traitement en cours. Katsuki l'avait déjà vu remplir son pilulier du jour.
Epharant !
Entre l'antidouleur ou la pilule qui bloquait son Alter en passant par les deux antidépresseurs, c'était un sacré bazar ! Et quoi qu'on en dise, il ne comprenait pas l'utilité du somnifère étant donné qu'il ne supportait pas l'un des antidépresseurs et qu'il passait son temps à dormir. Mais après tout, ce n'était rien. Il était là ! Ce putain de nerd était juste là ! Alors il pouvait en prendre des médocs, ce n'était qu'un foutu détail.
- Katchan ?
- Quoi ?
- Merci...
Le blond poussa un large soupir exaspéré, n'appréciant clairement pas d'être remercié pour quoique ce soit. Il ne dit cependant rien lorsqu'Izuku se leva et se glissa contre lui, s'imprégnant avec soulagement de sa chaleur. Il avait bien compris que le nerd avait besoin de se sentir proche de lui, alors il le laissait. De toute façon il ne pouvait nier les faits, lui aussi ça l'apaisait ! Ça rendait sa présence bien plus réelle que de simplement l'avoir sous les yeux. Alors il referma ses bras autour de lui, l'enfermant dans une étreinte censée le protégé de tout ce monde trop ingrat.
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