PREMIER : Sa place

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Artiste : K

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C'était un sentiment assez particulier que de ne pas se sentir à sa place dans sa propre maison ! Après tout, c'était lui qui avait décoré l'intérieur, arrivant même de convaincre son fichu petit-ami de ne pas laisser les murs de la location en blanc. Le blanc, c'était trop impersonnel ! Ça voulait juste dire "C'est propre !

Lui il voulait de la vie !

Alors, oui, Eijiro avait mis beaucoup de cœur dans l'agencement de ce petit appartement qu'il partageait avec Katsuki. Et jusqu'ici, il ne s'était jamais senti mal entre les quatre murs de son propre nid. Pourtant là, il ne pouvait ignorer le malaise presque malsain qui grandissait en lui alors que pourtant, tout devrait être au "mieux".

Il habitait avec celui qu'il aimait sincèrement. Il avait une place de rêve dans l'agence qu'il avait lui-même choisie. Il était entouré par des amis fidèles sur lesquels il pouvait compter. Sa mère n'était jamais bien loin pour lui offrir une tasse de chocolat chaud, exactement comme il les aime. Et par-dessus le marché, ils avaient vraiment retrouvé Izuku après cinq ans de recherches !

Et ça, c'était totalement inespéré !

Alors pourquoi ce matin-là, alors qu'il rentrait d'une nuit de garde de l'agence Todoroki, croissant et chocolatine en main, le regard rivés sur leurs silhouettes endormies dans le lit, c'était un sentiment de pur malaise qui semblait gratter une plaie toute neuve, la faisant suinter un peu plus chaque jour ? Il était là, le papier de la boulangerie pendouillant lâchement dans sa main, a juste regardé l'homme qu'il aimait serrer contre lui la personne dont il était amoureux ado...

La scène ne devait pas l'angoisser à ce point, il le savait. Il devait absolument se reprendre. Il était très important aujourd'hui pour Izuku d'être dans un environnement stable et pour ça, Katsuki lui était indispensable. La décision de l'inviter dans leur quotidien n'avait pas été faite sans son accord, au contraire même. Il le savait en s'engageant !

Pourtant, ces putains de viennoiseries, il n'avait plus tellement envie de les leur donner.

Il passa une main lasse sur son visage, se corrigeant de ce moment de faiblesse qui malheureusement se multipliait ces derniers temps. Il se savait plein de défauts, de failles. Il y a bien longtemps qu'il avait pris la décision de les accepter, que ce serait sa propre version du courage. Mais cela faisait aussi longtemps qu'il n'avait pas eu à leurs faire face... Il devait donc absolument se montrer fort ! Il savait que Katsuki l'aimait, c'était un homme droit et fidèle ! Il ne devait pas se laisser avoir par ce genre de sentiment totalement étouffant, ça n'avait rien de viril !

Il les laissa alors, se rendant directement vers le salon, abandonnant le sachet de douceur sur la table, juste derrière le canapé. Leur appartement n'était pas grand. Non pas qu'ils n'avaient pas les moyens, surtout deux héros pas trop mal classés comme eux. Ils avaient juste pris ce qui leur convenait pour eux deux, ni plus ni moins. À l'entrée, il y avait les toilettes sur la droite, le bureau qui aurait dû logiquement servir de chambre à Izuku sur la gauche. De la on suivait un couloir, pas très long, pour y retrouver la cuisine adjacente aux toilettes, petite, mais fonctionnelle ainsi que leur propre chambre juste en face. Ensuite il y avait une très grande partie ouverte, living-room avec accès sur un petit balcon à peine assez grand pour y installer une petite table et deux chaises longues. Et à côté de la télé du salon, on trouvait la porte de la salle de bain, son échappatoire !

Merde qu'il en avait besoin de cette foutue douche ! Il était tôt, il avait le temps avant de devoir réveiller Katsuki qui partirait alors pour le boulot.

Jetant pêle-mêle ses vêtements au sol, ouvrant l'eau chaude bien plus fort qu'habituellement, il enjamba la baignoire blanche et se glissa sous le jet, laissant ses muscles se détendre sous la pression presque bouillante. Cela faisait trois mois à présent qu'Izuku avait emménagé avec eux et au début Eijiro s'était surtout dit qu'il lui fallait du temps. Ils les avaient vus ensemble lorsqu'il était encore hospitalisé et il savait qu'il avait besoin de souvent se blottir contre Katsuki. Il l'avait accepté dès lors, car c'était pour le bien de son ami et il n'avait strictement aucun droit de se montrer jaloux après ce qu'il avait vécu. Alors il avait pris sur lui ! Se faisant violence de ne pas s'attarder sur les longues et insupportables taches noires que les doigts de son vieux pote de dortoir semblait laisser sur son mec.

Les deux premiers mois, il n'avait pas réellement eu à s'en plaindre. Il s'était même habitué à partager son lit, touchant souvent cette main intruse sur le ventre de son homme. Ça allait encore, car Dynamight n'avait pas encore repris du service ! Alors quand lui-même rentrait du boulot, il était accueilli par son homme. C'était sans doute idiot, mais c'était ce qui l'avait rassuré pendant ces foutus deux mois. Juste parce que son petit-ami lui lançait un sourire, se permettant un geste tendre en se dérobant du regard du troisième colocataire. Un petit moment juste pour eux ou cet homme si fier et arrogant se montrait sous un jour plus doux, baissant ses nombreuses barrières, juste pour lui alors que pourtant il l'écrasait sous son regard brulant.

Il était à sa place, il ne lui en avait pas fallu plus...

Aujourd'hui, il n'y avait plus rien ! Quand il rentrait du boulot, c'était Katsuki qui partait, lui donnant alors les consignes et différentes remarques concernant Izuku comme s'il était un enfant bas-âge dont ils avaient la garde. Alors il le regardait franchir la porte, comme tous les matins, sans qu'il ne lui lance un regard, le sommant seulement de "faire gaffe au nerd".

Alors la pierre qui roulait dans son estomac s'alourdissait, défiant toujours Eijiro d'arriver à suivre son funeste rythme, jurant sans l'ombre d'un doute d'un jour se balancer si fort, qu'il tanguerait à son tour sous sa hargne. 

Et ça arriverait !

Oui évidemment, il ferait attention, comme tous les jours... Il restait totalement conscient des besoins un peu plus particuliers de son ancien camarade de classe à la tignasse verte, et ce malgré les terribles efforts qu'il faisait au quotidien pour avancer. Et le pire était sans doute que l'intrus dans son appartement était totalement adorable et qu'il l'adorait...

Se retrouver seul avec lui l'avait un peu stressé au début. Évidemment, Izuku avait facilement accepté sa présence, car il était rattaché à son Katchan. Alors il s'était tout de même demandé si ça pouvait vraiment le faire ! Après tout, il avait juste laissé Katsuki gérer le côté crise d'angoisse et terreurs nocturnes, se contentant d'aller chercher un verre d'eau la plupart du temps. Il ne savait trop comment réagir face à son ami lorsqu'il le voyait se gratter le pied avec insistance, semblant se battre avec lui-même de se contenir contre de vieux démons.

Eijiro n'était pas observateur ! Il était de ceux qui oubliaient les dates importantes si on ne lui rappelait pas, arrangeant bien souvent Katsuki d'ailleurs. Se montrer mesuré n'était pas pour lui, semblant plutôt agir sans trop réfléchir, surfant sur la vague de sa spontanéité naturelle. Alors, dans ce cas-là, comment pourrait-il aider cet homme incomplet qui avait besoin de lui ?

Mais pourtant, il n'avait eu aucun souci. À l'opposé de ses inquiétudes, les journées avec Izu étaient faciles et naturelles. Il n'avait strictement rien à dire de son nouveau colocataire. Il était rempli de bonnes intentions et de bonnes volontés, lui disant clairement ce dont il avait besoin. Il était bel et bien Izuku !

Les jours où Eijiro ne travaillait pas, Izuku prenait bien attention à l'aider dans les tâches ménagères. Il avait encore peur de l'aspirateur sans évidemment qu'il n'en donne de raisons particulières, mais personne n'avait cherché à comprendre. Il passait alors le balai et il s'évertuer à mettre la main a la patte. Il avait appris à faire une bonne infusion, préparant souvent le thé à la cerise préféré qu'Eiji adorait. Et lorsqu'on lui demandait son avis sur le menu, il répondait souvent qu'il avait envie de viande sachant que son hôte adorait ça. Oui il était franchement rempli de sentiment positif qu'il était incapable de rendre. Il n'avait rien à en dire, le plus détestable de tous était sans nul doute lui-même...

- Eiji putain ! Grouille-toi, je dois partir ! hurla une voix derrière la porte.

Il sursauta violemment, sortant de sa léthargie, les idées encore un peu embrouillées. Il attrapa son portable posé près du meuble ou ils rangeaient les serviettes, se moquant bien de l'eau qui pouvait l'abimer plus qu'il ne l'était déjà et vit l'heure. Effectivement, il ne s'en était pas rendu compte, mais il était resté longtemps.

- Ouais c'est bon, je sors ! répondit-il sans savoir s'il était toujours derrière la porte.

Il coupa l'eau et se passa rapidement une serviette partout, ne prenant pas la peine de sérieusement se sécher. Il s'emmêla les pieds dans son jeans, toujours au sol et grommela en le lançant dans la panière au linge sale. Il n'avait strictement aucune envie de se serrer dans un jeans. Il était crevé, la nuit avait été longue et il ne pourrait pas dormir de suite ! Il accrocha la serviette autour de sa taille, sortant alors dans le salon.

Ils étaient là, tous les deux. Et bien qu'Izuku leva vers lui un visage souriant pour le saluer, Katsuki grogna simplement qu'il allait finir par le foutre en retard. Alors le héros aux cheveux rouges l'ignora, souriant plutôt à la personne plus agréable de la pièce.

- Tu as bonne mine Izu. La nuit a été bonne ? demanda t'il, priant pour qu'on ne remarque pas l'agacement qui lui brûlait les doigts

- Ah ! Oui merci ! Et la tienne Kirishima ?

- Mouais ça va, trois arrestations ! Mais rien de fou non plus, à croire que les vilains ont oublié d'être cons !

- Ça veut ne rien dire imbécile ! Réfléchis un peu quand tu parles ! grogna son petit ami depuis la salle de bain, articulant merveilleusement bien malgré la brosse à dents dans sa bouche

Il fallait simplement l'ignorer ! Rien de plus... 

- Mais attends... ah ouais nan ! Enfin tu m'as compris Izu ! Ils sont un peu cons, zéro challenge !

Izuku lui sourit de nouveau, indulgent et l'ayant de toute façon parfaitement compris.

- Je te remercie pour les croissants !

- Ouais ils n'avaient pas de chaussons aux pommes ce matin !

C'était faux... Il n'avait même pas demandé !

- Va t'habiller, tu es encore à poil !

Eijiro faisait partie de ses gens qui parlaient sans réfléchir. Les mots sortaient d'entre ses lèvres, traitresses qui délivraient bien trop souvent à son gout un déluge de bêtises. En cet instant donc, la première chose qu'il eut envie de répondre fut bien un très acerbe "Au moins tu me regardes encore un peu !". Heureusement pour lui, sa bouche semblait avoir des limites...

- Et en plus tu coules sur le parquet bordel !

- Ah oui merde !

Il fila alors vers la chambre, fermant la porte derrière lui. Il avait l'impression d'avoir fui la pièce et c'était ridicule ! Mais lorsque ses yeux se posèrent sur le lit encore défait, ce fut pire. Il poussa un large soupir, ignorant encore une fois le malaise plus que certain qui l'habitait, préférant ouvrir son armoire. Il enfila un caleçon et un short et s'attela ensuite à faire le lit. Hors de question de laisser ça comme ça... C'était sale et dérangeant autant que ça lui semblait stupide et hypocrite. De loin il entendit la porte d'entrée claquer, Katsuki sans aucun doute. 

Pas un mot, rien, comme d'habitude... 

Juste rien

Il ressortait alors de sa chambre, éludant un bâillement, et retournait dans le salon où il se laissait tomber sur le canapé.

- Katchan te dit à ce soir ! annonça doucement le disciple d'All Might

Il en doutait presque. Il était même possible qu'Izuku dise ça parce qu'il voyait bien plus loin que Katsuki.

- Tu veux faire quoi de beau aujourd'hui Izu ?

- Mmmh... Je n'ai rien de prévu ce matin, je suis en thérapie à partir de treize heures.

Comme tous les jours... C'était même à cette heure-là ou il dormait enfin ! Il se retourna sur le dos, admirant le plafond, seule chose encore blanche ici.

- Je vais m'endormir Izu... Parle-moi par pitié !

- Oh ! Tu devrais dormir, c'est bon tu sais, je ne suis pas un bébé ! Je viendrais te réveiller si quelque chose ne va pas.

- Maman Katsuki n'aimera pas ça Izu, tu le sais aussi bien que moi ! Tu ne veux quand même pas que papa et maman divorce !

Il ne reçut aucune réponse et il crut même avoir dit une bêtise. Inquiet, il s'étira pour regarder derrière lui. Mais il était bien loin de l'imaginer en plein fou rire contenu. Les deux mains plaquées sur sa bouche, il semblait faire ce qu'il pouvait pour se faire discret. Pourtant il voyait les larmes perler au coin de ses yeux, brulant sa volonté de ne pas rire.

- Ah ! C'est l'effet Katsuki avec un tablier qui te fait cet effet-là ? Je vais devoir lui en référer...

Ses épaules tressautèrent un peu plus au fur et à mesure sans doute que son esprit intégrait l'image. Mais bien que son visage continuait de se tordre de rire, il mettait un point d'honneur à ne pas faire trop de bruit. Il aurait voulu lui dire de se laisser aller, de rire à gorge déployée s'il le voulait. Mais au final cela ne ferait que le ramener dans sa réalité, là où il avait encore bien du mal à intégrer l'idée qu'il pouvait juste parler et faire du bruit sans en subir les conséquences.

- C'est toi qui a le tablier Kirishima, donc ce serait toi la maman !

C'était vrai en un sens, le cuisinier après tout c'était lui !

- Oh ! j'ai une idée ! Tu me mets du vernis ?

- Hein ?

- Du vernis ! Je n'arrive pas à le mettre tout seul !

Il se releva sous le regard un peu circonspect du pauvre Izuku qui ne comprenait pas réellement le rapport. Mais après tout il n'y en avait pas tellement. Il avait juste envie de mettre du noir comme il le faisait souvent. Il y avait juste pensé comme ça et au mieux ça l'empêcherait de s'endormir sur le canapé !

Izuku ne dit rien de plus, s'évertuant donc de lui coloré les ongles à présent charbon, laissant le salon s'imprégner de l'odeur forte de la couleur. Ils finirent par discuter un peu de tout, principalement de sujet léger permettant à Izu de s'échapper un peu. À midi Eijiro réchauffa les restes et il put enfin aller se coucher quelques heures, le temps que son colocataire puisse prendre place au sein de ses rendez-vous thérapeutiques en visioconférence. Ce n'est que vers dix-sept heures qu'il sentit une main encore bien trop frêle à son gout se poser sur son bras.

- Kirishima-kun ? Désolé... Je sais que tu as besoin de dormir...

- Ça va Izu ? fit il, la bouche pâteuse de sommeil

Le rouge se redressa doucement dans son lit, avisant rapidement l'heure sur le réveil.

- Ça va... c'est juste que, comment dire...

- Il n'y a pas de bruit ?

Dans un sourire timide, il acquiesça et Eijiro lui sourit à pleine dent. Il n'y avait sincèrement rien à dire, il passait de bons moments avec lui ! Pas moyen de faire un quelconque reproche à un mec en or comme ça. Cette journée avait encore été bonne, même agréable, mais encore une fois il savait que tout recommencerait une fois Katsuki de retour. Alors là il pourrait tout aussi bien aller vivre ailleurs que cela passerait totalement inaperçu.

- Tu veux qu'on sorte faire des courses pour ce soir ? demanda-t-il cependant

- Je... Je ne suis pas vraiment sure que ce soit une bonne idée !

- D'accord pas de soucis ! Ne t'inquiète pas Izu.

Ce n'était pas nouveau, Izu refusait encore de sortir pour le moment. C'était encore quelque chose de trop inconcevable ! Il préférait se murer dans son cocon, ne voyant ses proches qu'en visio. Seulement la psy avait été claire, il était bon de lui proposer ! Il fallait lui rappeler qu'un jour, il faudrait franchir cette étape, ne pas le laisser croire qu'il y échapperait toujours sans pour autant le presser. Alors tous les jours, il lui demandait, nonchalamment, n'accordant jamais d'importance a ses refus.

Il bâilla presque vulgairement et attrapa son téléphone sur sa table de chevet. S'ils ne sortaient pas faire des courses, alors ce serait à Katsuki de le faire. Sans trop réfléchir alors il jeta son dévolu sur un Gyudon, énumérant alors la liste des ingrédients à ramener pour le soir.

- Gyudon ce soir !

- Oh ! j'adore ça !

- Kats a dit que tu préférais le Katsudon...

- Oui, mais je ne mange pas que ça Kirishima...

- Maintenant que tu le dis... Bon allez, je me lève !

Il poussa les couvertures et s'extirpa du lit qui pourtant lui manquait déjà pas mal ! Il était content qu'il soit venu vers lui, c'était une preuve de confiance de plus et il s'en voulait tellement de ressentir tout ça en le voyant avec Katsuki que cette franchise lui faisait du bien. C'était même sans doute l'une des seules choses qui le rassurait actuellement...

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