NEUVIEME : Sa mère
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Artiste : K
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Le mois de janvier s'était finalement éteint, laissant la place au tout aussi froid mois de février. Les choses au sein de l'appartement du septième étage cependant semblaient de nouveau s'être apaisées.
Depuis ce fameux soir où Dynamight les avait trainés boire un verre, il n'y avait plus eu de doute sur la nature de leurs sentiments. Les trois, parfaitement conscient de ce qu'ils éprouvaient pour les deux autres. Un amour qu'ils laissaient simplement grandir à son rythme, n'ayant finalement pas besoin d'y mettre les formes pour l'instant. C'était même sans doute un peu compliqué de réellement lui donner une définition...
Et il fallait aussi être honnête, aucun des trois n'était prêt à éclater cette jolie bulle qui les enveloppait depuis lors.
Ils étaient heureux ! C'était tout ce qui comptait finalement...
- Tu sens quelque chose ? demanda Katsuki, le tirant de sa rêverie
- Non rien, mais il faut attendre que l'effet se dissipe totalement, elle m'a prévenu...
Izuku poussa un large soupir impatient pliant et dépliant les doigts tout en tentant de chercher les sensations dans ses souvenirs d'avant. Mais rien à faire, il ne sentait pas de différence pour l'instant.
- Ça va revenir, arrête de marmonner cinq minutes là ! Grogna le blond.
Izuku haussa les épaules, ne relevant même pas l'irascibilité de toute façon habituelle du héros. Il le regarda à moitié, tentant de changer le fil de ses pensées. Il avait sans doute raison, ça ne l'avancerait à rien de se morfondre là-dessus. Il se sourit donc à lui-même, ramenant ses mains en arrière pour s'appuyer dessus alors qu'il reprenait sa respiration.
Ce jours-là était assez particulier ! C'était aujourd'hui ! Juste ce matin, pour la toute première fois depuis si longtemps qu'il n'en avait plus le souvenir, il n'avait pas avalé cette maudite pilule. De tous les médocs dont il dépendait depuis tout ce temps, c'était bel et bien ce fichu bloqueur d'Alter dont il rêvait de se débarrasser. Et cela faisait plus de vingt-quatre heures maintenant, les premiers effets ne tarderaient pas...
Évidemment, il faudrait attendre quelques jours, si ce n'est une semaine, pour que l'effet se dissipe complètement. Il en était conscient. Mais il ne pouvait cacher une certaine impatience à l'idée de sentir à nouveau crépiter sous ses ongles, la douce chaleur de cet Alter si particulier.
- Elle m'a dit aussi que je devrais faire attention, qu'il pouvait y avoir des moments ou ça revient d'un coup !
- Fais gaffe que ce ne soit pas en caressant double-face !
- Katchan !
Ils avaient pris l'habitude de comparer leur animal à leur ami, provoquant bien souvent des fous rires chez eux. Katsuki avait d'ailleurs déjà éclaté de rire dès qu'il croisait ce qu'il appelait maintenant "Le vrai Todoroki". Les autres n'y comprenaient rien, pas même Shoto, mais au final plus personne à l'agence n'en disait rien. C'était Dynamight après tout ! Cependant Eijiro en avait eu vent et c'était lui qui en avait parlé avec Izuku, provoquant un nouveau fou rire à la maison, un nouveau "truc" rien qu'à eux...
- Tu t'es bien amélioré le nerd, à ce train-là tu vas vite revenir dans la course ! déclara soudainement son ami d'enfance
C'était totalement inattendu, d'autant plus qu'il plaisantait encore quelques secondes avant. Et il fallait bien avouer que c'était assez lourd de sens pour Izuku. C'était après tout son rêve. C'était aussi quelque chose qui les avaient rapprochés lorsqu'ils étaient petits, le début d'une histoire oh combien tumultueuse... Et se voir presque reconnaitre par cet homme si fier provoquait un immense sentiment de satisfaction.
Cela faisait déjà un moment qu'il se sentait à nouveau légitime dans sa propre vie. Il ne vivait plus dans la peur, il vivait tout simplement. Et son rêve qu'il touchait du bout des doigts lui semblait bien plus vivant si Katsuki l'approuvait de la sorte.
- Je vais y arriver Katchan !
- Ouais ouais, enfin tu seras toujours derrière moi ! Monsieur le numéro deux...
Izuku lui lança un regard de défi, gonflé à bloc.
- Ah ouais ?
Il se leva prestement, chauffant à nouveau tous ses muscles.
- Tch, ça y est, il se remet enfin ! Au boulot la crevette !
Évidemment Dynamight ne refuserait jamais un petit affrontement purement amical, bien qu'il semblait en avoir une définition personnalisée ! Il se plaça alors face au vert, sortant ses mains de ses poches, frottant ses doigts chauds et moites entre eux sans en sortir une étincelle.
Cela resterait sans Alter de toute façon. Mais il était indéniable que le héros qu'il était restait sur le qui-vive, toujours prêt à réagir, surtout si c'était la victoire qui était en jeu.
Et alors son rival de toujours lui fonça dessus, tentant, d'un coup de coude, de le désarçonner sans y parvenir. Izuku était un adversaire très intéressant, stratégique ! Il rivalisait sans cesse d'ingéniosité pour essayer de toujours contrecarrer son adversaire.
Et cet adversaire était pareil, toujours plus hargneux, animé par la conviction que sa place était gravée d'un "1", réagissant d'instinct, observant chaque détail pour tenter de lire entre les lignes, peu tentées de se faire avoir. Encore moins face à lui. Sa peau, il la vendrait très cher !
Donc son coude, bien qu'il le surprit, il ne laissait pas faire mouche, le contrant de sa paume, tentant de déstabiliser Izuku qui, pourtant, tenta sa chance d'un coup de pied...
C'était des entraînements bien plus rigoureux qu'au début de sa reprise ! Maintenant que le vert avait repris quelques vieux réflexes et il fallait bien l'avouer, un peu de muscles, ces rixes entrainaient autant l'un que l'autre.
Après tout, à bien y regarder, avec Eijiro, Katsuki pouvait tester ses coups les plus puissants, ne regardant pas à la force qu'il mettait dans ses paumes. Abattre un tel mur, tentant de mettre au point une attaque encore plus explosive que la précédente pour mettre à mal la défense de son homme, était en soi une motivation des plus alléchantes pour lui. Eijiro, de son côté, n'avait pu que sans cesse devenir plus rapide et plus dur, forçant son corps à repousser encore et encore ses limites, brisant alors l'idée que son Alter était faible.
En ce qui concernait Izuku et son côté acharnés, c'était tout autre chose. Alors qu'il tapait de toutes ses forces sur Red Riot, Dynamight devait se montrer bien plus habile, analysant autant que son comparse aux cheveux vert, chacun des faits et gestes de son adversaire.
Le génie qu'il avait toujours été, était donc bien entouré. Il s'améliorait et il voyait les résultats sur le terrain, alors qu'il continuait de s'imposer dans le classement, frappant lourdement à la portée de son objectif ; obtenir la première place que Hawks occupait depuis trop longtemps selon lui.
Oui, ces après-midi de remise en forme n'avaient plus vraiment que cet objectif unique, et son temps, bien qu'il l'aurait mille fois donnée à Izuku, résonner plutôt comme un échange de bon procédé. Et il se montrait bien plus vigilant qu'il y a encore quelques semaines ! Car même s'il ne lui dirait jamais, Izuku le poussait vraiment, le forçant à rester sur ses gardes.
Sans doute, d'ailleurs, qu'il n'aurait pas eu le même réflexe si ça n'avait pas été le cas !
Car dès lors qu'il examinait furieusement l'homme qui osait se mesurer à lui, il vit alors la légère étincelle qu'il avait tant tellement épluchée quand il était plus jeune, cherchant à la connaître autant que son porteur.
Le One For All
Ce poing-là, il avait prévu de l'encaisser, pensant se créer une ouverture pour renverser la tendance en sa faveur. Mais à le voir ainsi, la question ne se posait plus du tout ! Il devait vraiment esquiver. Il n'avait pas d'équipement et aucun moyen de savoir la puissance du coup. D'instinct, il activa son propre Alter, se projetant une dizaine de mètres plus loin, se mettant hors de portée.
Ça s'était joué a si peu...
- Oi !
- Katchan !
Encore un peu étonné de ce qu'il venait de se passer, Katsuki regardait l'endroit où il se trouvait si peu de temps auparavant, un lourd impact gravant le sol. Il avait vraiment bien fait de l'éviter celui-là !
Izuku le rejoignit, la mine inquiète et grave, s'acharnant à parader son pardon, alors qu'il s'accrochait à présent à son tee-shirt, et que son corps tremblait comme une feuille. Visiblement, il était chamboulé.
- C'est bon, calme-toi ! Je vais bien ! Pas comme-ci un coup pareil pouvait m'atteindre !
Le vert n'ajouta rien de plus, posant simplement sa tête sur l'épaule du blond, cherchant simplement du réconfort.
Il était encore un peu abasourdi, la respiration pleine de doute, ressentant encore au bout de ses doigts, les picotements si singuliers qui l'avait tant envahi et même rassurés lorsqu'il était plus jeune. Son Alter lui avait manqué ! C'était certain. Mais il était tout aussi certain qu'Izuku ne s'attendait pas à le retrouver comme cela. Il avait durement acquis une certaine maitrise de ce pouvoir si particulier, des années et des années d'entrainement intensif dont le simple souvenir pouvait encore lui filer des sueurs froides. Il pensait réellement pouvoir le manier comme à l'époque, sans doute un peu naïvement. Après tout, n'était-ce pas comme faire du vélo ? Il n'avait rien oublié de tous les précieux conseils de son mentor et avait pris la peine de relire très attentivement ses vieux cahiers.
Oui, il pensait réellement pouvoir retrouver sa pleine maitrise, ou pour le moins, à peu de choses près !
Pour autant, juste là, il ne l'avait pas sentie surgir ! Ses muscles bandés par la concentration, appelant presque d'eux-mêmes, toute l'aide disponible pour atteindre son but.
- Arrête de marmonner dans ta barbe Deku, ce n'est pas grave !
- J'ai failli te frapper Katchan...
- C'est généralement ce qu'on fait pendant un entraînement crétin !
- Oui, mais... pas comme ça...
- Arrête de t'en faire comme ça, elle t'a dit que ça pouvait arriver et tu dois juste réapprendre. C'est qu'un objectif de plus ! C'est pas comme-ci tu allais laisser tomber !
- Mmmh. Tu as raison Katchan ! Je ne dois pas me laisser abattre pour si peu ! Finit-il par s'apaiser un peu.
- Ouais, alors te détend pas trop non plus, encore un peu, et c'était mon bras que t'explosais, sale nerd !
- Katchan ! Se vexa-t-il faussement.
Katsuki se retint de rire, se permettant de donner un léger coup sur la tête du vert qui reposait toujours sur son épaule. C'est sans doute à cet instant que ce dernier comprit une chose assez désagréable. Et alors là, il se fichait bien des états d'âme de son ami ! Il pouvait bien encore s'en faire avec un sujet qui lui semblait si trivial, maintenant qu'il l'avait remarqué, la graine était plantée et il allait devoir l'exploser...
C'était stupide à n'en pas douter, et il le savait. Mais pour autant il acceptait qu'Eiji soit plus grand que lui, dans ses souvenirs, ce fut vite le cas de toute façon. Autant voir que le nerd l'avait bel et bien rattrapé de deux ou trois centimètres ne lui plaisait pas du tout !
- Mais depuis quand tu es si grand toi ?
- Hein ?
Alors que l'apprenti héros en était encore à se calmer, calculant mentalement chaque mouvement qu'il avait effectué avant de se rendre compte que son Alter s'était activé, que cette remarque fut pour le moins inattendue. Aussi il redressa la tête, se plongeant dans le regard rouge sang de Katsuki, faisant le cheminement pour comprendre son ami d'enfance. De son côté, il l'avait vu directement, bien que c'était peu flagrant. D'un ou deux centimètres, pas plus ! Et il comprenait alors, qu'en réalité, son était physique déplorant l'avait sans doute inconsciemment rapetisser aux yeux de son ami d'enfance.
- Tu ne l'avais pas remarqué ? Katchan ?
Son ton était clairement taquin, se tenant bien haut sur ses pieds pour que Dynamight mesure bien la très légère différence qu'il y avait à présent, prenant une pose héroïque histoire même de marquer le coup. Mais faire plus de commentaires à ce sujet ne ferait que satisfaire le vert, aussi Katsuki expira avant de lui fourrager les doigts dans les cheveux.
- Il est bien moqueur pour quelqu'un qui ne contrôle pas son Alter !
- Pardon Katchan...
Se plongeant dans son regard, Katsuki lui offrit un de ses rares sourires, le même qu'il donnait généralement à Eijiro.
Seulement à eux deux, pour être tout à fait honnête...
Il ne répondit pas nécessairement de suite, fixant son ami sous toutes les coutures, dessinant chacune de ses taches de rousseur qu'il connaissait pourtant si bien. Et si sa main s'accordait encore dans ses boucles, il se permit de redessiner son oreille du bout des doigts, avant de doucement les laisser s'échapper dans sa nuque, rapprochant leurs deux visages.
- Tu inquiètes le nerd.
Et rendant ce moment presque habituel, il posa facilement ses lèvres sur son front, avant de finalement s'éloigner, prenant la direction des vestiaires, mettant fin à l'entrainement. Cela ne servirait à rien de prendre des risques si Izuku risquait de perdre le contrôle !
Sans un mot de plus, le vert le suivi, tentant de contrôler le sourire idiot qui lui tirailler le visage, se rappelant un tant soit peu à l'ordre.
Ce jour-là, les deux héros pros avaient pris leurs journées pour une raison bien précise. Autant Izuku et Katsuki avaient voulu mettre la main à la patte, autant ils s'étaient surtout vus envoyer paitre par le troisième.
Ce soir-là, les trois hommes avaient invité Inkô pour le repas. C'était assez spécial, car depuis tout ce temps, la maman s'était contentée de regarder son fils évoluer à travers la caméra. Izuku n'en voulait pas à sa mère, d'aucune façon. Il l'aimait comme le fils à maman qu'il était et rien ne pourrait lui enlever ça. Ce qu'il s'était passé dans sa chambre d'enfant, il arrivait parfaitement à le dissocier de sa précieuse figure maternelle.
Il avait eu un peu de mal à comprendre pourquoi, il avait préféré la garder un peu plus loin de lui durant tout ce temps. Après tout, c'était bizarre ! Il le sentait au fond de son crâne, il refusait de le voir "en vrai". Mais il avait finalement trouvé la réponse un soir où il avait assisté à l'une des incroyables et pourtant habituelle conversation téléphonique mère/fils entre Mitsuki et Katsuki.
Inkô était une mère protectrice, mettant à mal sans regarder son propre bien-être pour son fils adoré. Ces cinq ans avaient enlevé à cette maman bien des choses, la murant dans une prison terrifiante, eux qui ne savait même pas si son fils était vivant. Et donc la réponse était juste sous ses yeux, ce n'était pas qu'il refusait de la voir, mais plutôt le contraire. Il ne voulait pas qu'elle le voie "comme ça". Il voulait plus que tout qu'elle puisse constater qu'il allait bien, pour qu'elle aussi, elle puisse avancer.
Et c'est bien pour ça que ce jour-là, Eijiro mettait les petits plats dans les grands, invitant par la même occasion les parents de Katsuki. Les deux femmes étant amies depuis toutes ces années et Mitsuki et Masaru, avait eux-même vécu la disparition de leur jeune voisin a leur façon. La mère du héros explosif avait été d'un grand soutien pour la deuxième, se retrouvant de toute façon impliquée par son fils qui ne lâchait rien. Il était donc certain que cette soirée enterrait toutes les vieilles craintes pour construire un chemin bien plus doux.
Alors quand ce soir-là, Katsuki et Izuku rentrèrent, sans avoir pris de douche à l'agence, et en retard par-dessus le marché, ils se figèrent devant les sourcils froncés de l'armoire à glace à la tignasse rouge.
- Vous vous foutez de moi là ?
C'était bien là les paroles d'un homme passablement énervé, qui s'était appliqué à rendre cette soirée parfaite et qui, semblait-il, ne pouvait compter sur personne.
Et le blond n'y trouva rien à redire, n'usant pas les nerfs de son petit-ami, apparemment déjà mis à rude épreuve et s'exécuta sans un mot quand il l'envoya sous la douche, pas loin d'y envoyer Izuku en même temps. Il avait même levé les yeux au ciel en remarquant les pommettes cramoisies du vert quand il suggéra simplement l'idée. Ce n'était pas le moment d'être timide, les invités n'allaient pas tarder...
Heureusement pour tout le monde cependant, quand l'interphone bipa, les trois étaient prêts, zappant à la télé alors que Caméria semblait vouloir aller s'allonger sur la table dressée avec grand soin.
Équipé de son large sourire, Eijiro se leva pour répondre, chopant l'animal pour l'enfermer dans la chambre d'Izuku le temps du repas. Tout était parfait !
- Mon Saint Beau Fils ! Comment vas-tu ?
À n'en pas douter, c'était la voix de Mitsuki ! Et Izuku s'amusa de voir les yeux carmin de Katchan se lever vers le ciel, clairement agacé, retombant presque soudainement en adolescence. Qu'importe les années qui passent, jamais il n'avait vu ces deux-là avoir une conversation normale !
- Tu ne vas pas te mettre à hurler la vieille !
- Katsuki ne commence pas ! Je ne hurle pas, je remercie le ciel de t'avoir envoyé un homme pareil capable de prendre soin d'un enfant turbulent comme toi ! C'est différent et il a grandement besoin de l'entendre !
- Je suis plus un gosse bordel !
L'échange des plus naturelles entre ces deux-là se poursuivit alors que la mère de famille les rejoignit dans la salle à manger, suivie de prés par Masaru et son éternel sourire indulgent. C'était un échange qui pouvait durer un certain temps. Bien heureusement, la blonde laissa son regard se poser sur son petit voisin de l'époque et aussitôt elle en oublia son fils bien trop arrogant.
- Izuku ! Viens là !
Évidemment, elle ne lui laissa pas le temps de venir à elle. Conquérante, elle s'affranchit rapidement le peu de distance qui les séparait et elle le serra contre elle. Elle le laissa cependant rapidement, lui lançant un regard qui ne cachait en rien sa joie de le revoir en forme et elle s'effaça, laissant Masaru lui offrir un large sourire et une poignée de main, cédant sa place à l'invitée la plus importante à ses yeux.
- Bonsoir maman ! lança Izuku, le sourire illuminant ses incroyables taches de rousseur
Et alors, dans les yeux de cette maman, on pouvait voir à quel point l'écran de l'ordinateur était si insuffisant. Elle semblait s'émouvoir devant ce petit garçon qu'elle avait tant de fois consolé enfant. Elle garderait ancré au plus profond de ses plus sombres cauchemars, l'image si vide du corps squelettique qu'il avait fallu requinquer quand il l'avait retrouvé. L'une des pires craintes s'était produite après tout ! Mais elle l'avait pourtant vu évolué, reprenant des couleurs et des joues. Mais ce qu'elle attendait réellement d'apercevoir, c'était sans nul doute la lueur étincelante qui définissait tellement son petit garçon.
Et devant elle, elle le voyait. C'était un homme, un vrai, qui lui souriait de toutes ses dents. Fier et fort, bien ancré dans ses baskets. Son petit bonhomme allait bien...
- Izuku...
Les lèvres pincées d'émotion, elle s'approcha vivement de lui, le plaquant contre elle, le consolant à sa façon si maternelle alors qu'il la dépassait de plus d'une tête, presque deux. Oubliant encore qu'il y a peu, il refusait catégoriquement qu'on le touche !
- Bonjour mon fils... Dit-elle finalement, en levant la tête, retenant les émotions qui perlait clairement au bord de ses yeux verts ?
Les deux regards forêt se regardaient, rassurant l'autre, démontrant tout le trajet qui avait été effectué. Et même si les deux restaient conscients qu'il restait encore du chemin à faire, à vie sans doute, les épaules bien plus larges et son sourire franc indiquaient clairement à Inko qu'il était sur la bonne route.
C'est ainsi que le plus classique des repas de famille commença ! Laissant à cette soirée un arrière-gout de normalité, oubliant qu'elle était pourtant chargée de retrouvaille ! Eijiro avait pensé à tout, véritable et étonnant, il fallait bien l'avouer maître dans l'art de recevoir, rien ne semblait être le fruit du hasard ! Jusqu'aux places à table, laissant les mamans profitez de leurs fils, l'une taquinant gracieusement son ingrat de gamin, tandis que l'autre le regardait avec toute la bienveillance du monde dans les prunelles alors qu'elle le regardait évoluer dans son environnement.
Son chez lui.
Son chez lui qu'elle ne pouvait que voir dans tous ses faits et gestes. Le regardant se servir ou proposer un verre de vin face aux coupes vide, discutant joyeusement et naturellement avec les deux hommes qui lui avaient ouvert leur porte. Oui il n'y avait rien à en redire face à ces regards et ses sourires, juste ces étoiles qui vivaient au fond de son regard. Izuku était à sa place.
Et quand les trois invités s'installèrent dans le salon pour s'offrir un dernier digestif avant leur départ, les parents pouvaient admirer cette harmonie qui se jouait juste là sous leurs nez.
Que ce soit en regardant Izuku et Katsuki empilait les assiettes, débarrassant naturellement avant que le roux ne se décide à tout faire tout seul, ou quand Izuku frotta doucement l'épaule du blond, le tee-shirt apparemment gratiné de poils de chat. Les trois hommes étaient juste naturellement bien intimes...
Les deux mamans se lancèrent alors un regard, se souriant face à une pensée qui venait de les fusiller, sous le regard presque désespéré de ce pauvre père de famille, devinant que sa femme et son amie allaient encore s'amuser de ce qui ne les regardait pas.
Donc quand enfin les trois garçons les rejoignirent, armés de café et de thé, s'installant logiquement les uns à côté des autres, sans vraiment y penser, cette pensée s'accentua, se confirmant même. Au point où Mitsuki échappa une mimique appuyée, attirant l'attention sur elle.
- Qu'est-ce que tu as encore la vielle ?
Elles, après tout, n'avaient strictement rien suivi des élucubrations mentales de sa mère. Par contre il savait déjà ce qui se jouait dans son quotidien et il savait parfaitement ce qu'il ressentait.
Il n'en doutait plus de toute façon.
Mais pour autant, jour après jour, ce qui évoluait dans leurs quotidiens, il ne le voyait pas. Enfin pas tout. C'était un effet d'ensemble que les mamans, face à eux, avaient vu pendant le repas, sans doute en fronçant les sourcils d'abord puis en observant bien...
Ils étaient assez grands et ils avaient l'air heureux.
Les trois.
Alors bon...
Donc oui, Mitsuki Bakugo scinda le regard de son fils, bien décidée à mettre le doigt là où elle le voulait. Après tout, c'était son fils ! Et si l'envie lui prenait de se mesurer au grand Dynamight, qui la retiendrait, elle, cette femme qui l'avait berçait...
- Je me disais juste que vous aviez l'air bien ! Tous les trois...
Elle plongea alors ses lèvres dans sa tasse de thé fumante, adjugeant de chacune des réactions de son gamin. Celui-ci leva un sourcil, cherchant le sous-entendu, prêt, sans aucun doute, à lui dire de se mêler de ce qui la regarde. Mais, à côté de lui, Eijiro souriait doucement, les joues rosissant.
Bingo...
La blonde lança un regard furtif vers sa vieille amie qui couvait le tableau du regard, suivant le fil de chacune de ses pensées.
- C'est vrai que vous avez l'air en forme. Je suis heureuse de vous voir comme ça ! Tous les trois... lança-t-elle à son tour, bien plus douce, cependant.
Mais quoiqu'on en dise, les sous-entendus des deux femmes étaient visibles de bien des kilomètres et tous dans l'appartement s'en rendait compte. Même Masaru qui lança un sourire plein d'excuses vers Izuku, rouge de gêne.
- Tu te souviens Inko ? Quand ils étaient petits, on était persuadée que ces deux la finiraient ensemble !
- Oh oui je me souviens ! Ils étaient inséparables ! Enfin Izuku n'allait nulle part sans son Katchan !
- Oh tu parles, ça lui plaisait bien tiens !
Izuku et Katsuki regardèrent leurs mères, ne sachant pas réellement où se mettre au final. Mais que ce soit l'un ou l'autre, ils réagirent directement, exactement pareillement. Alors qu'Eijiro était assis à l'extrême droite, comme pour se tenir le plus près de la cuisine, prête, à se lever à la moindre demande d'un invité, les deux amis d'enfance se rapprochèrent d'une façon ou d'une autre, protégeant le contour de cette bulle où ils étaient tous les trois.
Izuku, assis au centre, glissa doucement sa main dans celle du roux, calée entre leurs deux corps, les cachant un peu finalement. Doucement, affectueusement, comme pour l'accrocher à lui, s'assurant de sa place à ses côtés. Katsuki de son côté passa un bras sur les épaules du vert, pavant à présent ses doigts sur la nuque du roux, lui attrapant presque fortement le coup, le retenant de beaucoup de façon.
Et ces gestes n'échappèrent à aucun des autres adultes... Masaru n'en dit rien, acceptant de toute façon les désirs de son enfant sans y regarder. Les deux mamans éclatèrent de rire. C'était assez clair !
- Mais je suis heureuse qu'il soit tombé sur toi Eijiro kun, un Saint parmi les Saints ! Avoir choisi cet imbécile !
- Oh ça va hein ! Tu ne peux pas t'en empêcher ! grogna Dynamight.
- Laisse-moi complimenter mon Saint Beau-fils ! Tu n'en trouveras pas deux comme lui ! Quoique...
- Oh je suis persuadée que Izuku aussi aurait "fais l'affaire" !
- Oui tu as raison... Mais pourquoi choisir ? Hein !
- Oui pourquoi ? Ça semble bien aller. Tous les trois...
Katsuki poussa un large soupir retenu, tentant de ne pas porter d'attention au petit jeu qui semblait amuser leurs mères. Eijiro faisait mine de ne pas comprendre, s'attardant bien trop longtemps sur le goût de son thé à la cerise alors qu'Izuku se raclait bien trop souvent la gorge, comme pour tenter de couvrir le bruit de leurs conversations trop gênantes.
Alors qu'eux même ne définissaient pas leurs relations, c'était assez particulier d'obtenir une pseudobénédiction sur quelque chose qui n'existait pas encore concrètement ! Mais pour autant, les trois hommes comprenaient à présent de ce qu'ils avaient l'air de l'extérieur...
- Il faudrait d'ailleurs que vous veniez dîner à la maison ! Je te présenterais Mariko, la mère d'Eijiro kun ! Ça fait un moment qu'elle veut rencontrer Izuku, elle serait ravie de les voir. Tous les trois !
- Oh ce serait un plaisir ! Et puis il faut qu'elle aussi voie à quel point ils sont heureux ! Tous les trois...
- Bon ça va ! On a compris votre cinéma là ! s'impatienta finalement Katsuki, ne pouvant dignement pas supporter plus.
C'était déjà exceptionnel qu'il se soit tenu jusque là, et ça, toutes les personnes présentes dans la pièce pouvaient en témoigner !
Mais les mamans ne relevèrent pas, pas même Mitsuki. En réalité elle était juste heureuse. Elle ne s'y attendait pas, elle n'avait même pas envisagé ce cas de figure d'ailleurs. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle avait vu son fils s'obstiner à chercher Izuku, ne baissant jamais les bras, emmenant avec lui, son petit-ami qu'elle adorait. Elles qui avait eu du mal à faire face à l'homosexualité de son petit garçon, tentant de prendre exemple sur son mari qui en avait presque haussaient les épaules. Elle avait cependant totalement accepté tout ça quand elle avait rencontré celui qui deviendrait son beau-fils. Alors les voir tous les trois, comme ça, c'était certes particulier, mais ils avaient l'air de gérer ! Alors elle accepterait, c'était sans doute son rôle à elle.
Alors les parents n'ajoutèrent rien de plus, obtenant simplement une promesse d'une rencontre avec la famille du roux et reprirent la route, laissant de nouveau les trois hommes dans leurs petits cocons.
Et ces trois-là n'avaient rien à en dire conscient pourtant de ce qu'il s'était passé. Aucun des trois n'en parla cependant, rangeant malgré l'heure tardive, simplement pour ne pas avoir à le faire le lendemain. Mais quoiqu'il en soit, quand Katsuki entra dans sa cuisine, trouvant Eijiro rangeant ses poêles, il s'accorda un moment de douceur, l'invitant dans ses bras.
Le plus grand ne se fit pas prier, souriant à son homme avant de fondre sur lui. Et quand le troisième arriva à son tour, les mains chargées d'assiettes, il fit une moue, posant sa charge pour finalement se faire une place entre eux.
C'était tout ce qu'il fallait comme point final à cette soirée au final ! Il n'y avait rien à dire de plus. Que leurs mères en pensent ce qu'elles veulent après tout, eux, continueraient sans doute de construire ce dont ils avaient envie, au rythme qu'ils leur convenaient. C'était cependant agréable de savoir que leurs familles les soutiendraient !
- Je vais me coucher ! bâilla de toute façon le blond, mort de fatigue et bien décidé de sortir la carte de la normalité
- Je te suis ! acquiesça Eijiro, tout aussi fatigué
Et c'est comme ça que le couple, après un dernier coup d'oeil vers Izuku, rejoignit leur chambre, le laissant seul dans la pièce qui, quelques secondes auparavant seulement, lui semblait bien plus accueillante. Il les regarda simplement sortir, soupirant sa solitude malgré la fatigue qui lui murmurait d'en faire de même. Lui aussi devrait aller se coucher dans son lit aux draps bien trop froid, se retournant dans tous les sens dans sa literie bien trop grande.
Il sortit finalement dans le couloir, ayant presque l'impression d'être resté à réfléchir bien trop longtemps dans la cuisine, et le calme de l'appartement le frappa. Les garçons avaient éteint les lumières en rejoignant leur chambre, ne laissant alors que la lampe de la cuisine brillant derrière lui. La seule chose qu'il percevait nettement était le faible faisceau de lumière qui tremblait encore sous la porte de leur antre, dessinant furieusement son contour aussi fort que s'il s'agissait d'un objectif.
Alors oui, là, tout seul et planté comme un imbécile depuis l'entrée de la cuisine, il fixait cette porte qui semblait presque l'inviter, les contours brillant si fort qu'il avait l'impression de les entendre bredouiller, amabile, juste au creux de son cœur tambourinant. Il hésitait, le crâne terni par toutes les convocations de cette pièce si spéciale qu'il avait longtemps définie comme un refuge.
Il avait décidé de sortir de cet espace, car il ne se sentait pas du tout légitime. C'était vrai, surtout à ce moment-là ! Et de plus, il n'avait plus besoin de se reposer sur eux pour ses terreurs nocturnes. Il n'en faisait plus tant que ça et dans tous les cas, se gérait parfaitement seul.
Il ne faisait plus de crise de panique depuis un moment...
Ce n'était pas ce besoin-là qui lui soufflait d'y aller ! Loin de là. C'était plutôt son cœur qui semblait supplier ses pieds de les rejoindre, quémandant à ses mains de frapper à la porte pour oser demander qu'on lui donne une place.
Non pas qu'on la lui rende ! Car il était clair que ce ne serait pas pareil, il n'avait plus besoin de celle-là... Il en voulait une toute nouvelle, une qui ressemblerait à ce qu'ils étaient à présent, même si tout était encore si incertain.
Alors il déglutit lourdement, serrant les poings, sentant sous ses ongles les grossières cicatrices qui lui ciselaient la paume. Il en avait vu d'autres, et nul doute qu'il en verrait encore ! Alors cette barrière de bois...
Il fronça les sourcils, exaspéré par sa propre lâcheté, se mangeant presque les lèvres. Il n'aimait pas se sentir si stupidement froussard. Il poussa donc un large soupir encourageant, comme pour sonner le top départ, s'approchant de son objectif pour s'arrêter juste devant, regardant la faible lueur lui dessiner l'ombre de ses pieds.
Il fallait juste frapper ! Ça n'avait rien de compliqué dans le fond...
Il leva donc la main, ne se préoccupant pas d'avoir laissé la lumière de la cuisine allumée, plus déterminée que jamais.
Et il osa...
De trois coups, sans doute un peu timides. Mais rien de plus pour se faire entendre ! Et presque comme s'il s'était fait attendre, Eijiro lui ouvrit la porte.
- Izu...
- Katchan... Jiichan... Je peux ?
Il y avait tant à dire sur cette demande, tant à comprendre aussi et pourtant les mots ne lui venaient pas. Si loin d'être anodine, lourde de plein de sentiments que les trois comprenaient parfaitement...
Sa voix tremblait, ses yeux tentant de soutenir l'éclat brûlant de ces rétines rouges si particulières. Tout en lui s'ébranlait face au poids de cette décision, s'effrayant sans doute de la réponse aussi, quelle qu'elle soit finalement. Et le héros-bouclier face à lui en était tellement conscient.
Alors il s'effaça simplement, le laissant voir Katsuki, déjà allongé, lui montrer l'oreiller du milieu comme pour l'approuver à son tour.
Les deux hommes le lui avaient bien fait comprendre après tout, il pouvait totalement leur faire confiance !
Izuku n'hésita pas plus alors, traversant cette arche pleine de lumière où il était assidûment attendu, le cœur débordant presque. Il entendit la porte se refermer derrière lui, le rassurant définitivement.
Devant lui se trouvait Katchan, l'encourageant sans un mot à le rejoindre, alors que juste derrière, Jiichan s'assurait de couper toute forme de retraite. Il se défit bien vite de son pantalon, se contentant de son caleçon et de son éternel tee-shirt, grimpant sur le lit, prenant place au centre, comme on le lui avait demandé.
Sa nouvelle place !
Il était vraiment à sa place, et le soupir d'aise qu'il échappa sans s'en rendre compte ne pouvait le contredire. Et il se laissa totalement envelopper par les bras des deux hommes qui le coincèrent entre eux, enfin prêt à dormir convenablement.
Merde alors, ça lui avait tellement manqué ! Et au vu des grognements satisfaits des deux hommes, c'était un sentiment partagé. Il sourit alors, remerciant tous les astres, ou n'importe qui finalement, de lui offrir une chance pareille.
Il était couché sur le côté, le souffle chaud d'Eijiro grimpant sur son épaule alors que l'homme était dans son dos, sa large main s'affranchissant sur ses abdos alors qu'il l'attirait à lui. Lui-même s'apaisait de l'odeur enivrante de Katsuki, le nez dans sa nuque, leurs doigts noués ensemble sur le ventre musclé du blond.
C'était la nouvelle normalité à laquelle ils aspiraient ! Enlacé les uns contre les autres, chacun profitant de la respiration calme et apaisée qu'ils percevaient, s'en servant, sans contexte, comme une berceuse.
Comme d'un "bonne nuit"
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