DOUZIEME : Sa famille
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Artiste : K
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C'était un temps considérable qui s'étiolait en silence avec une affreuse lenteur. L'on pouvait si facilement décrire une attente inquiète comme un long et incroyablement dur laps de temps pénible à supporter. C'était pourtant quelque chose qu'Izuku ne s'attendait pas à affronter avec tant de mal. Il pensait alors à tous ces médocs qu'il avait arrêtés petit à petit et qui, aujourd'hui, l'auraient sans doute aidé et dont il lui restait une ou deux gélules quelque part dans la salle de bain.
Il savait qu'il faisait face à une situation presque lambda, quelque chose que tout le monde pouvait rencontrer, brisant ainsi un quotidien si paisible. Il en avait lourdement conscience pour autant, il tentait de rester assis là ou son corps semblait vouloir exploser de l'intérieur.
Autour de lui, tout lui donnait l'impression d'être agressif ! Et pourtant il avait pris l'habitude des hôpitaux... Bien au-delà de nombreux souvenirs de lycée, il pensait au temps infini qu'il avait passé ici quand on l'avait retrouvé. Il ne s'en souvenait pas réellement... Enfin, si ! Il se souvenait parfaitement de tout, cependant ses souvenirs ne ressemblaient pas du tout à ceux qu'il construisait actuellement !
Alors qu'aujourd'hui il se sentait souvent vibrer quand il se remettait en tête l'un de ces si précieux moments qu'il avait gravés au fond de son esprit, l'époque où on l'avait emmené dans ce même hôpital y a de cela deux ans justement, il avait sincèrement l'impression de voir son corps bouger seul alors qu'il n'y a personne à l'intérieur.
Il se voyait vraiment regarder par la fenêtre, continuellement, et se souvenait tout aussi bien de ce qu'il pensait dans ces moments-là ! Il voulait voir le dehors autant que possible, résolu face à l'idée de devoir retourner dans cette maudite cellule. À son sens, ce n'était pas une situation dont il pouvait être sauvé ou extirper, sentant encore bien souvent la barre du métal froid de sa cage contre son front alors qu'il s'y était posé terriblement souvent. Donc, dans ces moments là où il avait eu la chance d'en sortir un peu, il admirait le parc du centre médical, s'apaisant du vert éblouissant qu'il n'avait pas vu depuis trop longtemps.
Alors oui, quand il y repensait parfois, il se voyait toujours de l'extérieur, se souvenant des conversations qui avaient lieu juste à côté de lui sans qu'il n'arrive à s'y intéresser... C'était un spectacle un peu particulier de percevoir deux entités bien distinctes alors qu'il avait parfaitement conscience qu'il était cette personne aussi...
Et puis, juste petit à petit, son héros avait eu les mots qu' il fallait, ceux qu'il avait réussi à entendre ! Alors, la forme silencieuse de cet homme qui l'avait fermement maintenu vivant pendant toute sa captivité et qu'il avait toujours imaginé de dos, s'était soudainement dressée devant lui. Katchan était là, et il lui tenait les mains et c'était la chose la plus réelle qui soit...
C'est ainsi qu'il avait retrouvé le chemin de son corps si l'on pouvait encore décrire cela comme ça.
Pensant donc à tous ces aspects, ce qu'il se passait présentement lui semblait terriblement différemment ! Il sentait tout son corps totalement, si lourd d'ailleurs, restant concentré à l'idée de faire intervenir son alter alors qu'il sentait son pied gauche lui gratter horriblement.
Il se souvenait de cette époque où il se grattait furieusement le pied, se griffant lourdement la peau, provoquant une douleur soutenable, mais qu'il lui semblait presque bienveillante. À chaque fois qu'il marchait ensuite, il se souvenait de cette légère brulure qu'il ressentait, l'aidant étrangement à rendre plus supportable le tumulte de son esprit ! C'était une sensation qui l'ancré dans son présent, lui rappelant qu'il n'y avait plus de barreau autour de lui à chacun de ses pas !
Quand Eijiro avait vu les stries qu'il avait gardées en souvenir sur sa peau et les plus fraîches qu'il lui arrivait de graver, il n'avait rien dit, poussant un large soupir alors qu'il avait juste passé ses doigts dessus comme-ci cela pourrait suffire à effacer les cicatrices et les soucis qui allait avec. Et Izuku s'était dit qu'il allait échapper à l'engueulade... C'était sans compter sur le fait que le roux en parle directement avec un certain héros aux caractères plus qu'explosifs !
Et dès lors où ils avaient vu Izuku déchaussé, l'un où l'autre, ils le fixait en silence, le surveillant totalement, allant jusqu'à regarder son pied quand ils pensaient qu'il dormait. Alors il avait appris à s'en passer aussi, trouvant alors du réconfort lors d'une étreinte avec eux...
Et à présent qu'il serrait le OFA entre ses doigts, empêchant de déclencher un pseudoséisme s'il se laissait aller a tapé du pied sur le sol, il retrouvait amèrement l'envie de s'arracher la peau et de hurler en même temps ! Il se sentait sincèrement épuisé du simple fait de rester calmement assis sur l'une des chaises de la salle des familles...
Alors qu'ils emmenaient Eijiro vers le Bloc opératoire, une autre demoiselle les avait conduit dans une salle d'attente plus confortable et isolée. Il y avait un certain réconfort ici et l'hôpital avait fait ce qu'il pouvait pour tenter de faire patienter les familles dans les meilleures conditions.
Les sièges étaient moelleux et l'on pouvait s'allonger sur plusieurs d'entre eux en cas de besoin. il y avait une télévision qui diffusait de vieilles séries familiales lambda, pouvant réellement tenter d'attirer l'attention des proches inquiets. Il y avait aussi une table ou l'aide-soignante avait déposé de quoi grignoter et boire, rien de bien extravagant, mais l'idée de pouvoir dévorer une madeleine bon marché et de boire un café froid restait une délicate attention.
Katchan était très vite repartie... Il souhaitait se changer et préparer des affaires pour Eijiro, le chargeant de rester sur place pour recevoir les nouvelles. Ils étaient une équipe, chacun d'eux étant un rouage important pour que tout tourne impeccablement. C'était l'impression qu'il avait eue à ce moment-là ! Il avait donc laissé Katsuki l'embrasser une seconde fois, avant de s'asseoir et patienter.
Il faut juste attendre inlassablement !
Et justement, attendre devenait la pire des choses à faire ! Son esprit vagabondait partout, se lamentant d'être à la traîne ! Il savait évidemment qu'il n'aurait pas forcément évité un pareil accident de se produire, il n'était pas tout puissant ni omniscient. Néanmoins, savoir qu'il avait ce train de retard, jusqu'ici, ça le motivait à avancer ! Là, il était juste furieux contre lui-même de prendre autant de temps !
Il voulait passer son maudit permis et rattraper son retard, il voulait, lui aussi, réaliser son rêve, et faire honneur à son héros modèle disparu aujourd'hui ! Il n'aurait pas l'occasion de rassurer All Might sur le sort de son Alter, pour autant, il avait bien l'intention d'en faire bon usage ! La mort de son idole ne l'avait pas surpris, déjà dans ses derniers souvenirs, Toshinori Yagi luttait terriblement. Cependant cet homme incroyable lui avait fait confiance, et il voulait sincèrement lui montrer à quel point il avait raison !
Pour cela il fallait qu'il passe sa maudite licence ! Il serait alors enfin sur le terrain, et il pourrait aider ses amoureux... Ils formeraient même une sacrée équipée !
Et l'image lui traversa l'esprit, lui colorant doucement les joues...
Il se voyait en tenue de héros, le sien fait sur mesure telle qu'il l'avait toujours imaginé, patrouillant aux côtés de Jiichan et de Katchan... Ils seraient tous égaux et fiers et ce fut cette certitude qui lui fit un bien fou ! C'était un potentiel "aprés" plein de tout, et il ne souhaitait que de le voir se concrétiser !
Il allait y arriver et c'est de toute façon en comptant sur eux que tout cela serait possible.
Il fallait donc qu'Eijiro aille bien...
Et il soupira largement, tout en reprenant le fil de ses moroses pensées...
De son côté, Katsuki revenait enfin vers le centre hospitalier, fraichement douché et portant un sac rempli de vêtements de son homme. Il connaissait, hélas, les lieux et n'avait pas vraiment besoin qu'on l'accompagne dans la salle d'attente des familles. C'était un héros, et les héros ne justifient pas de leurs allées et venues dans les couloirs, comme un pompier ou un agent de police... il espérait juste qu'il n'y avait personne d'autre qu'eux en attente, ne souhaitant sincèrement pas avoir joué les fiers, et faire bonne figure ! Enfin, à sa façon très personnalisée.
Ses pensées se bousculaient, et il avait beau avoir remis les idées en ordre tout à l'heure, expliquant à Izuku le pourquoi il n'avait pas plus réagi, cependant ça n'en restait pas moins compliqué ! En ce moment, l'un des hommes qu'il aimait, était opéré... Rien que les termes "anesthésie générale" lui filaient des maux d'estomac et pourtant il s'était largement renseigné sur la chose dès la première fois qu'il y avait été confronté lorsque son père avait eu un accident de voiture il y a quelques années.
Mais il gardait tout de même la face, car il ne pouvait pas craquer, c'était aujourd'hui, une journée décidément bien difficile pour Izuku et ce baptême du feu ne devait pas être simple à gérer pour un homme ayant un tel passif, alors il devait être fort pour lui. Mais aussi pour la femme qui le suivait en silence, la tête haute alors qu'elle avait malgré tout les yeux légèrement rougis.
Mariko était sans doute ce que l'on pouvait appeler une mère poule. Elle n'avait eu qu'Eijiro, le père ayant pris la poudre d'escampette très tôt, reconstruisant sa vie ailleurs, et malgré la forte ressemblance avec ce dernier, Mariko lui avait consacré sa vie. Bien sûr, elle était heureuse ! Elle avait son petit quotidien, bossant dans une boutique de fleurs, lui permettant de gagner sa vie dans un domaine qui lui plaisait. Et même si elle ne s'était jamais remariée, elle ne se considérait pas comme seule, au contraire, elle avait un tas d'amies auquel elle tenait et surtout, elle avait son fils.
Elle était proche de son enfant, adorant quand ce dernier venait lui rendre visite à l'improviste, lui réclamant un chocolat chaud typique de ceux qu'elle lui préparait quand il était petit. Elle aimait sa relation avec lui, il ne lui avait jamais menti et il la soutenait, et elle le lui rendait et cette confiance s'était approfondie maintenant qu'il était adulte.
Quand Eijiro lui avait annoncé avoir retrouvé Izuku, et qu'ils allaient l'accueillir chez eux, elle s'en était un peu inquiétée. Cependant, Mitsuki lui avait assuré que son ancien petit voisin était un jeune homme adorable. Quelque temps plus tard, son amie l'avait rappelé, lui annonçant alors qu'il y avait quelque chose de "plus" entre les trois hommes et ça l'avait un peu troublée. Elle n'avait pas réellement imaginé ce genre de chose, bradant le drapeau de ce qu'on appelle "la vieille école". Mais encore une fois, elle ne voulait que le bonheur de son enfant, et si c'était le chemin qui le rendait heureux, elle le soutiendrait comme dans toutes ses autres décisions.
Pour autant, elle souhaitait alors rencontrer cet homme qui était apparu dans sa vie. Elle aimait beaucoup Katsuki qu'elle considérait comme son deuxième fils. Elle connaissait bien le caractère brulant de ce dernier, cependant le sourire de son tout petit n'était pas feint, il était plus qu'heureux. Alors ça lui convenait ! Mais elle devait veiller à ce que ce sourire reste le même... Elle devait s'assurer que cet Izuku plaquerait lui aussi cet inconsidérable sentiment de bien être qui creusait indéniablement cette large mimique qui laissait voir ses dents.
Et en poussant la porte de la salle d'attente, elle le vit tout de suite, ce troisième jeune homme qui ne les avait même pas remarqués.
Assis pourtant face à l'entrée, il tapait du pied sur le sol, surfant sur son téléphone, la mine sombre alors qu'il marmonnait des phrases sans queue ni tête.
La femme entendit son beau-fils soupirer, refermant la porte. Il désigna des sièges pour prendre place et posa le sac à ses pieds avant de se laisser tomber sur le siège, passant une main lasse sur son visage. Et devant la mine interrogatrice de sa belle-mère, il acquiesça, confirmant donc l'identité d'Izuku.
Il savait évidemment qu'il devait faire les présentations, et même si ce n'était pas dans les meilleures conditions, sans doute que cela les aiderait a passé un peu le temps ! Cela ne faisait que trois heures qu'Eijiro avait été emmené et ils en avaient encore pour un moment, alors autant s'occuper.
- Hey Deku ! DEKU !
- Ah ! Merde...
L'apprenti sursauta violemment, faisant tomber son téléphone alors qu'il fouinait sans honte toutes les informations qu'il pouvait trouver sur le chirurgien qui s'occuper de son amoureux en cet instant. Et bien qu'il connaissait le nom de son chien, Catapulte, ça ne l'aidait pas du tout à se rassurer sur l'état de santé ni sur les performances de l'homme à bien s'occuper de Red Riot.
- Katchan, tu m'as fait peur...
Il ramassa son téléphone, réalisant alors le retour de son ami d'enfance. Alors il se leva d'un bond.
- Tu as eu des nouvelles ? Personne n'est venu me voir, c'est sans doute normal, ça ne fait que deux heures et quarante sept minutes !
- Calme-toi, ça va prendre longtemps...
- Oui je sais... Mais j'aimerais qu'on vienne nous dire si tout va bien, ça fait long maintenant.
La fatigue et le stress s'érodaient un chemin plus que certain sur les traits du visage de l'apprenti, lui donnant l'air vieilli. Ce n'était qu'une seule journée, et elle se montrait rude et harassante, mettant à mal beaucoup de choses qu'il pensait pourtant acquises.
Et tout cela, Katsuki le voyait !
Alors il lui passa la main dans les cheveux, tentant de lui voler un peu de toute cette masse lugubre qui s'abattait sur lui et pendant un court moment justement, le visage du vert s'offusqua doucement.
- Arrête Katchan, je suis... Mais ! s'offusqua-t-il, ses joues se gonflant doucement pour lui rendre à nouveau sa vingtaine
C'était un peu plus respirable, juste un peu.
Et Izuku se permet de faire une moue boudeuse, un peu surpris de cette scène pendant un moment qu'il estimait assez grave. Il ne pouvait ignorer que pendant quelques secondes, il avait respiré pleinement, ses poumons prenant une large prise d'air dont ils se privaient depuis un long moment. Mais ça ne durait pas, malheureusement.
Dans tous les cas, l'image d'Eijiro était là...
- Fais pas ta sale tête, j'ai quelqu'un à te présenter !
Ça, par contre, ça l'étonnait sincèrement ! Comment ceci pourrait être un moment propice pour une présentation ? Et alors que Katsuki se tournait vers une femme qui les regardait en souriant.
Du coin de l'oeil, l'apprenti l'avait remarqué, mais il pensait sincèrement qu'il s'agissait d'une autre personne devant attendre un proche. Pas quelqu'un qui pouvait...
- Oh !
Et alors qu'il comprenait enfin qui pouvait être cette femme, le visage d'Izuku Midoriya vibra sous un nuancier des plus varié. Passant d'un blanc laiteux, puis d'un à un rouge des plus soutenu, il garda le silence, ne sachant absolument pas quoi faire face à la mère de son... conjoint !
Que devait-il dire ? Ils n'avaient rien prévu, tout cela était purement accidentel et jamais ils ne se seraient rencontrés dans de pareilles circonstances. Alors que devait-il faire ? Parce qu'ils n'ont même pas abordé le sujet, et même si Eijiro l'avait nommé comme son conjoint, il n'en restait pas que l'aspect présentation aux parents était une chose bien réelle et sérieusement engageante.
Il se sentait prêt ! Il ne voulait plus se laisser déborder par tout ce qui le faisait douter, il voulait donner à cette idée de couple une chance d'exister. Il n'en doutait pas, mais autant sa mère et Mitsuki semblaient avoir ricané de cette possibilité, que pouvait bien penser cette femme...
- Le nerd, je te présente Mariko, la mère d'Eijiro
Toujours le souffle coupé et les joues brulantes, il se courba rapidement, tentant de sortir un "enchantée" qui n'y ressemblait même pas, avant de se redresser.
- Mariko, je vous présente Izuku Midoriya, notre miraculé
Entendre Katsuki vouvoyer quelqu'un était assez particulier, et visiblement c'était habituel entre eux. Ça le rendait assez curieux sur le pourquoi, mais toujours épris d'une timidité étouffante, il ne s'imaginait pas poser la question, en tout cas pas maintenant.
- Je suis bien heureuse de te rencontrer Izu-chan, je peux t'appeler comme ça n'est-ce pas ?
- Euh, oh évidemment !
- Tant mieux ! J'aurais bien aimé d'autres circonstances, mais les choses sont ainsi ! Je le rencontre enfin... notre miraculé. J'aurais pensé que ce serait plus !
- Comment ça ? demanda-t-il perdu
La femme semblait douce et gentille, à l'image de Jiichan d'ailleurs. Mais alors qu'il peinait à savoir ce qu'il advenait d'être face à elle, il ne comprenait strictement rien au sous-entendu ! Cependant, Katsuki poussa un large soupir, qui n'aida pas du tout le pauvre à comprendre la situation.
- Oh non, c'est juste qu'il me semblait que vous étiez un peu plus proche ! Tous les trois... demanda alors la maman, une esquisse de sourire amusé.
Et alors que le diner avec leur parent, et donc la conversation remplie de guillemets de leurs deux mères, lui revenait en tête, il laissa son regard dévier vers Katsuki, cherchant visiblement à savoir ce qu'il advenait de faire alors qu'il sentait une nouvelle fois, toute trace d'afflux sanguin quitter son visage.
Mais pourtant, ce dernier ne faisait que le fixer en silence, apparemment pas décidé à le tirer de ce semblant de mauvais pas. Alors il déglutit, son esprit tournant à mille à l'heure, cherchant comment répondre à la mère de l'un des deux hommes dont il était sincèrement tombé amoureux.
- Oui c'est vrai. C'est un peu même beaucoup plus que ça. À trois ! C'est absolument et totalement à trois que c'est même au mieux !
C'était une déclaration des plus bancale et alors qu'il fixait Mariko aussi intensément, tentant de lui hurler toute la force et la sincérité de ses sentiments. Fallait-il crier haut et fort dans tout cet hôpital qu'il espérait vivre une telle relation avec deux autres personnes ou cela serait-il suffisant ? Sans doute qu'il lui faudrait du temps pour apprendre à le connaitre et accepter tout ceci, c'était même une certitude et il le comprenait fort bien ! Et alors, le visage de la mère se fendit d'un immense sourire et elle s'approcha de lui.
- Enchantée Izu-chan, tu pourras me tutoyer le jour où vous ferez de mon fils un homme honnête !
Dans un geste maternel, elle lui frotta la joue, lui donnant toute la chaleur d'une maman. Son regard doux et chaleureux semblait lui donner une force incroyable, lui rappelant alors à quel point, il avait terriblement vécu avec cet appui-là avec sa propre mère.
Mariko lui donnait confiance en lui d'une façon extraordinaire, comme pouvait le lire dans le regard d'une daronne maternant son fils, l'imaginant déjà président...
Et puis, dès que sa main quitta son visage, lui donnant même un peu froid, il réalisa ! Ne venait-elle pas de lui suggérer de demander la main de son fils ? Juste là ?
- Quoi ? Mais ! C'est impossible au Japon !
- Au Japon oui...
Et très sereinement, Mariko s'installa, poussant un petit soupir alors qu'un sourire un peu triste lui brisa les lèvres et le silence reprit ses droits, et avec lui, tout le stress de la situation.
Ce fut un court moment de récréation, bien trop court. Cela faisait à peine 2h58 maintenant...
Et le festival angoissant des secondes grignotant lentement les minutes pour finalement s'étaler sur l'heure n'en finissait pas... La nuit s'était aventurée dans la pièce, glaçant encore plus l'endroit alors que les ombres devenaient presque effrayantes. Et si l'on ajoutait à cela les murmures intarissables d'Izuku qui s'était de nouveau tourné vers son téléphone, scrollant à présent sur un article médical retraçant toutes les étapes de l'opération, l'on pouvait clairement dire que l'ambiance était tendue.
Cela faisait près de sept heures à présent qu'ils attendaient et une infirmière était venue une seule fois leur dire que pour le moment tout se déroulait à merveille et avait apporté du café chaud ainsi que quelques fruits. Depuis, plus rien.
Mariko avait observé en silence son nouveau gendre qui pouvait effectivement donner l'impression d'être fou dans la semi-obscurité alors que la lumière de l'écran illuminait son visage fatigué et concentré, et Katsuki avait haussé les épaules, désabusé, lui expliquant qu'il ne servait à rien de lui parler quand il était dans cet état.
Ils tentaient tous les trois de tenir le coup, rappelant pourtant qu'il s'agissait d'une opération importante, certes, mais sa vie n'était pas en danger. Pourtant, c'était ainsi, ils avaient peur... Parfois, un scénario catastrophe se jouait dans leur esprit, et il le chassait en soupirant.
Katsuki regardait la porte depuis un moment, sans vraiment bouger. Il avait posé sa main sur la cuisse d'Izuku sans faire réagir son ami d'enfance qui ne l'avait sans doute pas remarqué. Et il se tenait droit, le visage fier et sur de lui. Il était Dynamight...
Et c'est Dynamight qui se leva quand, enfin, le chirurgien vint les voir après sept heures et trente-deux minutes comme le précisait Izuku.
- Bonsoir, ne vous inquiétez pas, il est en salle de réveil. Il est déjà bien éveillé d'ailleurs, on va pouvoir le remonter assez vite en chambre. L'opération a pris moins de temps, nous avons rencontré un souci...
Et alors que ce mot lui donnait un peu l'impression de recevoir un coup au visage, il sentit les doigts chauds de Deku se glisser dans sa main, le faisant réaliser à quel point il avait froid.
Il jeta un coup d'œil vers son petit-ami, qui fronçait les sourcils en fixant le docteur, préférant sans doute garder le silence pour bien traiter toutes les infos.
- Nous avons pu connecter sans soucis l'annulaire, après du repos et de la rééducation, il n'y aura pas de séquelle. Cependant, la fumée a eu un effet imprévu, nous n'avons rien pu faire pour l'auriculaire, votre ami ne pourra plus le bouger, mais il ne ressentira aucune douleur.
Katsuki n'exprima pas son énervement pourtant probant quand l'homme définit Eijiro comme son "ami", mais n'en disait rien, assimilant la nouvelle alors que son cerveau traite l'information.
- Et pour son Alter ? Il pourra l'utiliser sur son doigt ?
- C'est un point que nous allons devoir vérifier quand il sera en état, en attendant, il doit attendre la cicatrisation complète avant de l'expérimenter sur sa main.
- Quand est ce qu'on peut le voir ?
- Ma collègue va vous conduire jusqu'à sa chambre, je repasserai demain dans la matinée, n'hésitez pas à faire appel aux personnels si vous avez des questions !
- Merci
Et l'homme les salua une dernière fois avant de sortir, les laissant à nouveau seuls.
- Cet enfant me fait vieillir avant l'heure ! soupira largement la maman
Ils pouvaient largement entendre le soulagement empreint d'émotion qui sanglotait dans sa voix et Katsuki posa sa main sur son épaule.
- Il va bien Mariko, et on est tous là pour lui. Qu'importe la façon dont il prendra la nouvelle, vous comme nous, personne ne le laissera tomber.
Il était plus que surprenant d'entendre Dynamight se montrer si doux et réconfortant et Izuku ne put que poser son front sur son épaule, laissant une partie de toutes ses inquiétudes filer loin de lui.
- Et toi, ce n'est pas la peine de venir me rappeler que tu es plus grand enfoiré !
L'apprenti éclata de rire alors qu'une infirmière entrait pour les accompagner. Cette horrible journée touchait enfin à sa fin, Eijiro allait bien... Il était presque entier...
Et il les sentait bien, les doigts qu'Izuku serrés contre les siens, lui transférant encore plus de chaleur et de présence... Et il ne le dira pas, mais il en avait cruellement besoin ! Il était droit et fier, mais il se sentait tanguer là ! Et maintenant qu'il pouvait de nouveau respirer sans en crever de douleur, il voulait finir cette putain de journée, se plongeant dans ses draps avec eux deux.
Il savait évidemment que ce n'était pas ce soir qu'Eijiro pourrait lui souffler dans la nuque et lui donner des coups de pied dans son sommeil, mais il avait toujours Izuku pour murmurer des choses sans queue ni tête. Et il en avait terriblement besoin ! Car la seule chose qui l'empêchait encore de craquer, c'était justement cette main dans la sienne.
- Ça ne devrait plus être long, d'ici une petite heure on devrait pouvoir le remonter, il est très éveillé ! Cependant je dois vous annoncer que les heures de visites sont finies, et seule la famille proche peut rester dans ces circonstances...
Et il était évident que cette remarque ne s'imposait qu'à Izuku, encore...
- C'est le cas ! Intervint Mariko.
La maman s'avança alors vers la jeune infirmière, un sourire doux et aimable sur les lèvres alors que pourtant, elle venait se placer devant les deux hommes, le regard électrique, toisant la malheureuse qui devait sans doute se demander ce qu'elle avait fait de mal.
- Je suis la mère du patient, et ce sont ses deux futurs maris ! Je suppose que c'est assez proche pour les règles de cet hôpital !
Alors qu'Izuku s'étouffa avec sa propre salive, Katsuki soupira d'un air amusé, rassuré sans doute de ne pas avoir eu à répondre de lui-même.
- Pourriez-vous me montrer le distributeur à café ? Je pense que nous en avons grandement besoin !
- Bien sûr, c'est par ici, suivez-moi...
En sortant, elle leur adressa un clin d'oeil complice, refermant la porte pour leur laisser un peu d'intimité.
Izuku ne pouvait que s'étonner de cette femme, bien que c'était une situation étrange pour rencontrer les parents de la personne que l'on aime, il restait content. Elle ressemblait à Inko d'un certain côté, pourtant elle devait sans doute être bien plus féroce !
Il allait en rire avec Katsuki, mais ce dernier s'accrocha subitement à lui, lui faisant perdre le fil de ses pensées.
- Katchan ?
Le héros trop fier ne disait rien, resserrant ses bras autour de son cou alors qu'il avait plongé son nez dans son cou. Il venait de craquer, le stress et la pression des dernières heures lui abrutissant sa si grande confiance en lui...
Supporter tout cela, il aurait sans doute pu ! Attendre d'être chez lui pour jeter ses chaussures dans un coin, et nul doute qu'il avait prit un verre. Ou peut-être qu'il se serait arrêté à l'agence, se permettant d'aller suer des mains sur tout et n'importe quoi dans la salle d'entraînement. Il se serait défoulé et aurait sans doute hurlé sa rage jusqu'à ne plus avoir de voix. Mais ici, il pouvait compter sur Izuku, parce que le nerd était avec lui et vivait la même merde que lui...
Et quand il sentit son ami d'enfance glisser ses bras autour de ses hanches, le ramenant fermement contre lui, partageant une étreinte si intime, il se laissa aller.
Fermant doucement les yeux alors qu'il humait le parfum rassurant de l'homme qui le soutenait en cet instant. Il sentait ses lèvres bien audacieuses, juste là, dans son cou, lui tremper une dose de courage.
- On va aller bien maintenant.
Et il avait raison ! Ils allaient soutenir Eijiro, trouver les bons mots et passer tout cela. Ils y arriveraient à trois !
- Ouais...répondit-il
- Je t'aime Katchan
Un peu surpris de cette déclaration, il rouvrit les yeux, souriant franchement. Il se redressa, de nouveau fier, et planta son regard de vainqueur vers son plus vieil ami. Et Izuku ne se déroba pas, les joues rouges et tatouées d'étoiles qui semblaient fermement s'accentuer de son teint vermeil, le charmant de son éternel sourire. Et pour la seconde fois de la journée, ils s'embrassèrent, s'apaisant avec la force de l'autre alors que leurs langues se découvraient enfin.
C'est aussi à ce moment-là, perdu dans les sensations que lui offrait Katsuki, que l'apprenti se rendit compte d'une chose étonnante qu'il n'avait jamais remarquée.
Dynamight avait la langue percée !
Il la sentait sur la sienne, cette boule en métal qui donnait à ce baiser une sensation bien particulière, sensualisant tout cet échange au possible, lui coupant le souffle. C'était un baiser profond et sauvage, digne de l'image que l'on pouvait avoir de cet homme au caractère orageux et Izuku s'y perdait totalement, laissant Katsuki mener cette danse.
S'il y avait prêté un peu d'attention,Izuku aurait certainement remarqué que le héros n'en perdait pas une miette, le toisant avec son air suffisant alors qu'il lui mordait la lèvre. Mais il n'était dignement pas en état de s'attarder sur ces détails, grognant de satisfaction, se sentant surtout dépassé par cette experte qui lui léchait les lèvres, le faisant vibrer sous l'insidieuse bille métallique.
Le souffle débordé du vert lui frappait le visage alors qu'il lui embrassait la mâchoire, finissant par arriver près de son oreille pour lui mordiller le lobe.
- Tu bandes, I-Zu-Ku...
S'étranglant complètement de surprise, le pauvre apprenti se dégagea rapidement, éberlué de s'être laissé perdre et surtout ici !
- Katchan c'est... Enfin... ce n'est pas drôle !
- J'ai l'air de rigoler ? Tu veux faire un tour dans la salle de bain ? Tu veux que je t'aide ?
Le visage plus rouge que les yeux du héros, il se retourna, esquivant à sa vue alors qu'il préféra aller s'asseoir, faisant un grand geste mesuré pour croiser les jambes, faisant regretter de ne pas y avoir plaqué la main !
Mais Katsuki ricana sans rien ajouter, préférant le laisser tranquille, après tout, la journée avait été lourde pour tous les deux !
Et à peine quelques minutes de silence somnolent plus tard, la porte se rouvrit, laissant Mariko revenir, souriante et sans café, sans doute oubliée.
- Regardez qui j'ai croisé !
- Jiichan !
Poussé par deux infirmiers, le lit médical prenait une place monstre. Eijiro y était allongé, semblant un peu ailleurs. Tout le monde attendait, debout, poireautant patiemment que le personnel médical installe le tout autour d'Eijiro qui continuait à fixer le plafond sans trop de conviction.
- C'est tout pour vous Red-Riot, merci pour l'autographe !
- Yeppe !
- Bonne nuit ! Et n'hésitez pas à appuyer en cas de besoin !
Les deux hommes ne firent pas plus attention, sortant de la pièce sans un mot de plus.
- Jiichan ? Tu vas bien ?
Alors que Mariko restait contre le mur du côté droit, les deux hommes debout s'approchèrent, impatients de voir comment il allait. Le vert lui prenant directement la main non bandé alors que le blond lui touchait l'épaule, comme pour l'interpeller.
- Ouais, ça va. Je crois que je suis surtout fatigué ! Ils vous ont dit ?
- Ouais on sait...
- Comment tu te sens Jiichan ?
Eijiro ne semblait pas réellement présent avec eux, fixant sa mère qui lui souriait doucement. Puis le héros-bouclier poussa un large soupire, faisant rouler son épaule de son bras mutilé.
- Ça fait hyper bizarre je vous dis pas !
Enfin il tourna les yeux vers eux, plongeant à tour de rôle son regard fatigué vers les deux autres qui commençaient à s'inquiéter. Et c'est son large sourire aiguisé qui les rassura d'un coup.
- Arrêtez avec vos têtes là, je vais bien. Je suis crevé !
- Mais, ta main !
- Bah... c'est le petit doigt ! Je veux dire... Ça devrait aller non ? J'espère surtout que ça ira pour mon Alter !
- Le médecin a dit que tu devais attendre le total rétablissement de ta main avant d'essayer
- Ouais je sais...
- Ne fais pas le con, idiot !
Katsuki ferma son poing, frappant doucement son épaule comme pour appuyer ce qu'il venait de dire.
- Mais vas-y, ne frappe pas un infirme !
- Bon les garçons, je vais rentrer !
La maman s'approcha de son fils, laissant Izuku qui lui cédait la place, tirant son visage à elle alors qu'elle tentait vaillamment d'éviter le bras immobilisé.
- Mais arrête maman !
- Tais-toi ! Ah, mais... rase-toi !
Elle posa un énorme smack dans ses cheveux, passant affectueusement sa main sur son front et fit le tour du lit, se plantant devant Izuku qui rougit sans rien dire.
- Je suis ravie de t'avoir rencontré mon chat, j'ai hâte de prendre le thé avec toi !
- Oui moi aussi j'ai été ravie de vous rencontrer, Madame Kirishima !
- Oh tu es doux mon chat, j'ai hâte
- Euh de quoi ?
- OH non Izu ! ne la lance pas sur le sujet ! Intervint Eijiro en riant.
- Oh tu n'es pas drôle mon fils !
Elle embrassa la joue de l'apprenti un peu perdu et fit de même avec Katsuki qui ne broncha pas d'un poil.
- Faites attention à vous trois, mes amours...
Elle n'en dit pas plus, sortant de la chambre pour les laisser finalement à trois.
- Dors un peu, tu es épuisé.
- Ouais je vous vois double... Mais ça, ce n'est pas si désagréable...
- Tu vas vraiment bien Jiichan ?
- J'ai meilleure mine que toi en tout cas ! Tu as l'air plus crevé que moi.
- Le nerd supporte mal la pression !
Katsuki lui lança un sourire rempli de sous entendu, rappelant de quel type de "pression" il parlait et l'apprenti vira brique avant de froncer les sourcils, abordant un tout autre sujet.
- Non c'est juste... Je crois que je suis prêt !
- Prêt à quoi ?
- Mon permis ! Je veux passer mon permis, et pas le provisoire !
- Tu te précipites trop ! Tu n'es pas prêt !
- Si je le pense... Je peux y arriver ! Je veux plus rester sur la touche comme ça !
- Tu dois d'abord en parler avec ta psy ! C'est pas parce que, d'un coup, t'en parles que ça va se passer comme tu veux !
- Tu ne comprends pas Katchan...
Izuku se planta devant le héros, le toisant avec toute l'assurance dont il était capable.
- Je veux avancer ! Je suis prêt !
La tension entre les deux pouvait sans nul doute se toucher du doigt ! Leurs yeux se lançaient des éclairs et Kaminari aurait sans doute pu s'en recharger s'il avait été présent. La fatigue se lisait sans mal sur leurs deux visages et même Eijiro qui devait sans doute être celui qui avait le plus vu ce jour-là, semblait cependant être le plus calme.
- Bon ça suffit ! Kats à raison Izu, tu ne peux pas foncer comme ça ! Tu dois en parler au docteur Grey ! Ne va pas trop vite !
- Mais Jiichan...
- Attends Izu, juste... Attends... Prends ce temps-là ! Tu y es presque, te précipiter juste avant la ligne d'arrivée, ce n'est pas la chose à faire.
Izuku ne disait plus rien, mais les regardait à tour de rôle dans le silence le plus complet. Il ne pouvait sans doute s'avouer vaincu, pour autant, il était clair qu'il comprenait qu'ils avaient raison au moins sur un point ! Puis il saisit la main de Jiichan qui la lui tendait, cherchant à créer un contact pour l'apaiser un tant soit peu.
Leurs doigts s'emmêlèrent doucement et le héros roux tira pour attirer l'homme vers lui, invitant Katsuki du regard. Le vert s'assit sur le lit, posa sa tête dans le creux de son cou alors que le blond posa son front contre les mèches vertes, le nez frôlant la joue de l'autre.
Ça n'avait rien de confortable, mais c'était la meilleure étreinte du monde ! Eijiro les entourait avec sa main valide, fermant les yeux pour imprimer cet instant qui serait court au vu du caractère explosif et de cette satanée position qui filerait des courbatures à n'importe qui. Puis le bouclier poussa un soupir et rit doucement, venant sans doute de penser une bêtise.
- Puis je vais avoir besoin de toi à la maison ! Qui prendra soin de moi sinon ?
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