DIXIEME : Son téléphone

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Artiste : K

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Il en avait mal au doigt ! Il insistait, ignorant son pouce endolori qui pourtant aimait se rappeler à son bon souvenir, brulant légèrement sans que cela ne soit réellement problématique. Juste assez pour le faire soupirer à intervalle régulier alors qu'il changeait de doigt, revenant bien vite à celui-là dans tous les cas. Il scrollait sur l'écran de son téléphone depuis des heures, lisant alors les nouveaux rapports d'enquête concernant son affaire...

Il n'avait, logiquement, pas le droit d'avoir accès à toutes ces informations, utilisant, sans trop de vergogne, l'accès qui était à sa disposition grâce à ses deux amis, pour voir et suivre l'affaire de près. Il en était arrivé à un stade où il pouvait lire ces informations et ces mises à jour régulières sans en souffrir ni replonger dans les méandres douloureux de ces souvenirs qui l'avait pourtant muré dans un mutisme profond. Il pouvait maintenant le faire, revisitant, au contraire, certains souvenirs qui pourraient selon lui contenir un indice intéressant. Ça n'avait l'air de rien, mais lui qui avait longtemps éludé l'enquête, voulant terriblement tout oublier et ne plus jamais revenir là-dessus, se sentait aujourd'hui capable d'appréhender tout cela sous le bon oeil.

C'était important ! Il ne replongeait pas dans une spirale infernale le statufiant sur place tout en revenant hanter ses nuits. Il pouvait se regarder dans une glace en y voyant l'homme qu'il était, et non pas l'expérience pathétique sur laquelle ils s'étaient acharnés ces cinq fameuses années. Il se voyait lui, fier et plein de projets, cherchant à avancer encore et encore sans jamais s'arrêter !

Alors il lisait, l'esprit vagabondant comme il le faisait toujours, tentant de voir s' il arrivait à voir plus clair. Peut-être pouvait-il aider !

Mais quoi qu'il en dise, Katchan ne mentait pas ! C'était clairement des gens compétents qui ne laissaient rien au hasard, et bien que les trois responsables de son incarcération forcée soient déjà derrière les barreaux, les enquêteurs travaillaient toujours à démanteler le petit réseau qu'ils avaient réussi à monter. Le dossier prenait peu à peu de l'ampleur, affublant quelques noms de grande fortune d'une surveillance assez stricte potentiellement impliquée.

L'ancienne fabrique dans laquelle il avait été retrouvé venait d'être détruite, ne laissant derrière elle que les clichés que les chargés d'affaires avaient faits et une partie de ses souvenirs qui resteraient gravés dans sa mémoire. Des photos, des cauchemars et un vieux prospectus, qui, il y a deux ans, avait mis Jiichan sur la bonne piste, était donc tout ce qu'il restait de cet endroit.

Izuku savait que ce n'était plus qu'une question de temps avant que tous les responsables ne tombent, il n'y avait qu'à voir la liste des suspects réduire de semaines en semaines, passant de soupçonné à en cours de jugement...

Il avait lu les noms d'ailleurs. Excepté la notoriété de certains, il ne les connaissait pas ! Et pire ! Ça ne le touchait pas. Même en lisant la liste des victimes ou son nom figurait pourtant, il ne ressentait rien. Il s'en était inquiété au début, en parlant directement avec sa psy, mais elle l'avait rassuré.

Après tout, il ne se sentait pas vide, mais simplement en paix. il avait surtout accepté l'idée de ce qu'on avait attendu de lui à ce moment-là. Même son pied qu'il avait longtemps gratté ne le chiffonnait plus que très rarement, laissant les cicatrices devenir blanches au fil des semaines qui continuaient de s'effilocher. Parfois il se tordait pour les voir, traçant presque affectueusement les lignes étranges qu'il avait lui-même gravées. Un peu comme s'il lisait un livre, il y voyait un message qu'il avait décidé de percevoir comme positif ! Si faire cela l'avait aidé à ce moment-là, aujourd'hui ce n'était plus le cas...

Donc il pouvait parfaitement fouiner autant qu'il le voulait, profitant de l'accès que lui offrait ses... "Ses" quoi ?

Qu'étaient-ils à présent ?

Izuku, calmement assis sur le canapé du salon soupira, reprenant appuie sur le coussin moelleux derrière lui.

Il regarda, d'un air un peu coincé, sa chatte descendre de la table, sur laquelle elle n'avait de toute façon pas le droit d'aller, pour se diriger vers sa litière. Charmant. Mis à part les pas feutrés de l'animal, il n'y avait pas d'autres bruits dans l'appartement, percevant presque trop fort, les tic tac de l'horloge en forme de fourchette qui trônait dans la cuisine. Après tout, il était seul et il n'avait pas allumé la télé pour mettre un bruit de fond ! Katsuki travaillait, logique ! Et Eijiro avait rendez-vous à l'agence. Il reprendrait très prochainement ses heures le jour et devait donc en discuter avec Shoto.

Cela voulait dire plusieurs choses !

D'une, que très bientôt, il se retrouverait définitivement seul pour ses entraînements, or cas particulier, mais il serait seul aussi la journée. Cela ne l'effrayait pas, en vérité il voyait cela comme un véritable souffle de quotidien. Et donc, le soir et la nuit, ils se retrouveraient à nouveau tous les trois bien plus souvent qu'à l'occasion et l'idée était des plus alléchante ! Il ne pouvait pas nier qu'il avait hâte !

La seule chose qui le turlupinait , c'était qu'il ne savait pas ce qu'ils étaient !

Le week-end était passé et ils n'en avaient pas parlé. Ils avaient largement préféré profiter le plus simplement du monde de cette harmonie qu'ils avaient retrouvé. Un petit nuage sucré sur lequel ils s'étaient reposés tous les trois ! À proprement parler, la seule chose qui avait changé, c'était le fait qu'ils dormaient de nouveau ensemble, bien qu'il restait évident qu'il y avait un réel "plus" à cette initiative, aucun des trois ne l'avait soulevée. Maintenant que ces deux jours de repos s'étaient éclipsés, la légère bulle venait d'éclater, lui envoyant un peu de savon dans les yeux.

Il avait lui-même réfléchi à plein de choses, tentant de mettre de l'ordre dans ses idées. Depuis ce qu'il avait osé faire, il avait eu un réel sentiment de culpabilité qui s'était emparé de lui, allant jusqu'à lui faire perdre un peu de la nouvelle confiance qu'il avait réussi à se reconstruire. Il ne voulait pas se tromper de chemin et surtout pas avec eux ! Il avait la force d'avancer parce qu'ils faisaient partie du paysage, et s'il avait des sentiments pour de mauvaises raisons et que tout cela éclate, il n'était pas certain de pouvoir s'en remettre !

Il avait eu beau se remettre en tête les mots de la psychiatre, qu'il commençait même à largement mettre en pratique. Sur le coup, il avait tout de même bien bloqué...

Pourtant, il ne s'était rien passé de plus. Ils avaient juste agi parfaitement normalement !

- Izu ?

Les yeux fixant l'écran pourtant éteint de son téléphone, il ne l'avait pas entendu rentrer. Son rendez-vous s'était passé bien plus rapidement que prévu.

- Jiichan ! Tu m'as fait peur, ça a été ?

L'homme immense trainait les pieds, clairement en manque de sommeil. Il n'avait dormi que trois petites heures le matin, se forçant ensuite à s'extirper pour se rendre à son rendez-vous. Il se traina donc vers Izuku, se laissant tomber sur lui, s'appropriant un calin.

Oui, ça aussi, c'était nouveau !

Ils avaient toujours été tactiles les uns avec les autres, et jusqu'ici Izuku l'avait vraiment ressentie comme s'ils répondaient à l'un de ses besoins. Après tout, lui avait été privé de contact physique pendant des années. Alors qu'il avait mis des semaines à accepter qu'on l'effleure, une fois la porte débloquée, il avait longtemps réclamé la chaleur de ses colocs pour se sentir vivant. Et les deux y avaient largement répondu, chacun à leur manière !

Mais cette étreinte-là ne faisait clairement pas partie du lot. Il n'avait pas peur, du tout même, ni n'avait besoin de réconfort. Par contre, la chaleur du souffle du roux dans son cou, il aimait ça, et il était clair que c'était bel et bien le héros qui avait besoin de ce calin. Alors il refermait ses bras autour de lui, fermant les yeux de bien-être, laissant son coeur se perdre à une vive allure dans sa poitrine. Contre lui, Eijiro soupira, se nichant un peu plus contre lui, ses lèvres se collant presque innocemment contre sa peau.

- Je reprends demain, mais pas avec Katsuki ! Shoto veut que j'aide Hawks et un nouveau avant.

Sa voix était étouffée, n'ayant pas bougé d'un pouce, le vert devait bien se concentrer et comprendre ce qu'il disait, tentant aussi de garder la tête froide alors qu'il sentait sa bouche bouger sur lui. Ne surtout pas rougir et encore moins imaginer des choses... Puis il comprit ce qu'il venait de dire et surtout toute l'ampleur d'une telle nouvelle !

- Ce n'est pas une bonne nouvelle ? demanda-t-il, tentant de freiner sa propre euphorie.

Le "truc" était sans conteste une affaire un peu plus particulière et il arrivait souvent que des héros filent un coup de main aux autorités. Lui-même l'avait souvent expérimenté pendant sa scolarité ! Et cela voulait surement dire qu'il n'avait pas vraiment la possibilité d'en parler.

- C'est une bonne nouvelle ! Hawks est...

C'était le numéro un ! L'homme à abattre d'après Katsuki. Mais c'était un héros, sans doute assez difficile à décrire, mais plein d'expériences. Une affaire jointe avec lui était donc une vraie bonne opportunité.

- Félicitations Jiichan ! Je suis...

Mais il fut bien vite coupé par cet homme immense qui se redressa soudain, captivant comme souvent, son regard émeraude de ses rubis. Il était près, trop et pas assez. Il sentait son souffle chaud s'écraser sur ses joues, les réchauffant encore plus alors qu'il se savait déjà rouge au possible. Les yeux du héros vrillaient, brillants d'une lueur cinabre fantasque qui le conduisait peu à peu à s'y perdre, l'invitant dans un univers lyrique que lui seul pouvait faire apparaître.

Et Eijiro n'en resta pas là, ramenant sa main juste sous son menton, remontant son visage vers lui, se rapprochant inexorablement, leurs bouches justes à quelques centimètres l'une de l'autre.

Ils allaient s'embrasser...

Et Izuku en crevait d'envie, malgré tout ! Malgré la nuance d'inquiétude qui lui nouait l'estomac ou les barrières de questions qui se bombardaient dans son esprit. Il le voulait tellement fort ! Il aimait Jiichan autant que Katchan et il ne voulait plus s'imposer des pensées parasites sur le fait d'aimer deux personnes. Non, tout cela, c'était définitivement derrière !

Mais pour autant, ne pas pouvoir définir à proprement parler sa relation actuelle avec les deux hommes l'inquiétait légèrement et bien qu'il tentait d'apaiser ses craintes en se rappelant des mots du roux lors de leur sortie au bar, cela restait dans un coin de sa tête.

"Laisse-toi porter par le courant et fais-nous confiance"

Il l'avait fait ! Et cette confiance l'avait amené jusque dans leur chambre. Et là, juste à ce moment-là, c'est aussi ce qui lui permettait de savourer pleinement cette étreinte, fixant les lèvres qui lui offrait un sourire sardonique pour ainsi dire satisfait espérant presque trop fort qu'elles viennent capturer les siennes. Il comprenait vraiment tout l'impact...

Il souhaitait juste ne pas tout brûler !

Alors oui, c'était aussi vrai, il redoutait un peu ce baiser juste parce qu'il ne savait pas quelle serait sa définition...

Et quand Eijiro amorça un geste vers lui, il sentit sa respiration se bloquer dans sa gorge, lâchant une plainte ayant la douce saveur de l'impatience gorgée d'angoisse. Son coeur se précipita dans une course effrénée, dévalant une falaise à cent à l'heure, à toute vitesse, ne pouvant même plus apercevoir le paysage autour de lui ! Totalement captivé par la palette vermeille qui s'amorçait graduellement à mesure qu'il approchait de lui.

Pourtant, ce fut au coin de ses lèvres, juste à la commissure, que le héros s'attarda, ni plus ni moins. Comme ayant suivis le fil de ses tourments, ou peut-être épris des mêmes incertitudes, il posa avec une douceur tendre, un long baiser sur le coin de sa bouche, savourant malgré tout l'échange.

Izuku ferma les yeux sans s'en rendre compte, se laissant aborder de la sorte, soufflant son plaisir sans le retenir. Elles étaient bien plus douces qu'il le pensait, ces fameuses lèvres, et surtout, bien plus chaudes qu'ils ne les avaient imaginés.

Le héros-bouclier s'éloigna enfin, lui souriant de son air confiant, sans doute bien satisfait de lui, il laissa ses doigts glisser sur sa gorge, avant de se relever complètement.

- Merci Izu ! Je vais me prendre une douche ! Il est tard, Kat's ne va pas tarder !

Il entra bel et bien dans la salle de bain et l'éternel apprenti héros se reprit quelques secondes avant de se souvenir de ce dont il pouvait bien le remercier pour finalement sourire à son tour. Après tout il avait adoré ce moment aussi...

Et juste au moment où il se calmait un peu, retrouvant enfin un rythme cardiaque normal et récupéré son coeur en bas de cette fameuse falaise, il entendit un hurlement provenir de la salle de bain. La panique refit surface alors qu'il se leva d'un bond, prêt à intervenir, OFA activé à 15%. Il n'eut pas le temps de se demander ce qu'il pouvait bien se trouver dans la salle de bain pour provoquer pareil émoi que la porte de la salle d'eau s'ouvrit à la volée, claquant fort et sans retenue contre le mur, et l'homme en sortit, nu comme un ver

- Izu !!

Son visage n'était plus du tout serein ou séducteur, c'était même totalement l'opposée ! Une longue ride d'angoisse lui barrait le front, tandis que ses yeux semblaient être en proie à une panique incommensurable. Il semblait totalement affolé, incapable d'aligner deux mots pour se faire comprendre, déglutissant plusieurs fois alors qu'il ne tenait clairement pas en place. De son côté, le vert entendait les diverses alarmes sonner dans son crâne, toujours en tentant de comprendre ce qu'il se passait.

- Jiichan ?

Et le roux, aussi grand et invincible fut-il, aussi fort et inébranlable, déclara forfait. Il ne put que s'agripper fortement vers la seule âme secourable présente, Izuku donc, le secouant d'un côté alors qu'il collait son bras sur ses abdos bariolés de tatouages.

- Je ne comprends pas ! Explique-moi !

Mais il était clair qu'il avait peur, sa respiration saccadée et sa bouche caponne, incapable d'avouer ce qu'il se passait...

Et c'est évidemment à cet instant que la porte d'entrée claqua, laissant le troisième locataire des lieux faire son entrée, tombant nez à nez à un spectacle des plus atypique !

Lui rentrait simplement de sa journée de boulot... Fatigué ainsi que les mains légèrement engourdies ! Et même s'il ne l'avouerai pas directement, la voix un peu éraillée d'avoir hurlé toute la sainte journée sur tous les connards qu'il estimait incompétents... Un peu tout le monde donc, de cette foutue secrétaire d'agence incapable de retrouver son assignation ou du nouveau dispatcheur qui n'est pas fichu de lui donner une indication correcte et utile à travers son oreillette ! Alors trouver son amant totalement nu dans les bras d'un autre homme aurait certainement pu poser bien des soucis. Mais ce ne fut pas le cas.

Le grand Dynamight était un homme possessif et jaloux ! Red-Riot lui appartenait, les journaux le savaient et en avait longtemps parlé, s'épuisant face à leurs non-réactions. Ils s'en fichaient bien de toute façon, toute cette encre gâchée ne changerait rien à leur relation. Et ce jour-là, voir ces deux-là presque enlacer, Katsuki n'avait que le sentiment de retrouver ses deux hommes, les deux lui appartenant.

Les trois regards se croisèrent, et aucun des trois hommes ne pensa qu'il fallait éclaircir la situation, car pour les trois, rien n'était à expliquer. Il y avait sans doute des choses à définir, mais chacun connaissait sa place !

Et Katsuki n'eut pas besoin de réfléchir, la porte de la salle de bain grand ouverte et la panique d'Eijiro lui apprenaient tout ce qu'il fallait savoir. Il poussa un large soupir amusé.

- On a vu une grosse araignée ?

Le héros explosif posa le sac de nourriture qu'il avait rapporté sur la table de la salle à manger, s'approchant enfin de ses deux hommes. Le plus naturellement du monde, il s'approcha d'Izuku en premier, apposant un baiser léger au coin ses lèvres, le saluant comme-ci tout était normal, et qu'il avait eu vent de la petite scène seulement quelques minutes auparavant.

Le vert grogna sa surprise et aussi sa gourmandise, n'ayant pas eu le temps de toute façon de se laisser engourdir par toutes les questions qui semblaient se gonfler avec l'atmosphère qui flottait autour d'eux. Il regarda ensuite, silencieux, son ami d'enfance embrasser la commissure des lèvres du roux, toujours en pseudo-panique, sans approfondir la marque d'attention. Toujours avec ce naturel presque déroutant.

Izuku l'avait remarqué déjà. Depuis qu'il avait osé franchir le pas et retourner dans la chambre "conjugal", le couple "officiel" du logement ne franchissant plus certains paliers, s'imposant une forme de retenue comme pour s'équilibrer, calquant le comportement qu'ils avaient avec le vert entre eux. Alors le couple ne s'embrassait plus, n'avait plus de gestes plus osés l'un envers l'autre, ni ne se montrait plus intime.

Il aurait peut-être dû s'en méfier, même s'il sentait au fond de lui que tout allait bien et que tout était parfaitement normal, il s'était quand même permis de farfouiller sur internet, se rassurant un peu finalement. Il n'y avait pas de réponse à ses questions, cependant il n'y avait rien d'alarmant non plus et Eijiro et Katsuki semblaient toujours aussi complices.

Alors il ne s'inquiétait pas de cela, laissant Katsuki se suffire de cela avec l'autre homme, s'éloignant sans plus.

- C'est bon, je m'en occupe.

Et le blond s'engouffra dans la salle de bain, laissant Eijiro pousser une plainte dégoutée et fâchée que l'horrible bestiole lui ait coupé ainsi son envie de douche. Mais soulagé cependant, il allait s'en débarrasser pour lui.

- Elle est où ta.. Ah ! Merde... FOUTU CHAT !

Et la chatte paniqua, sortant en courant de la salle d'eau, la gueule laissant voir une patte dégoutante et selon l'avis du roux, totalement gigantesque. Détail qui n'échappa pas du tout aux yeux rouges du héros viril et tatoué qui hurla une nouvelle fois.

- BORDEL ! Kats... ATTRAPE-LA !

Dynamight arriva enfin, les sourcils froncés de frustration, énervé qu'on lui file des ordres et de devoir courir après la boule de poils. Il ne releva pas pour autant, laissant Izuku servir de bouclier au très courageux héros roux qui se laissait totalement submergé par la panique alors que la chatte sautait partout, affolée à souhait, atterrissant sur la télécommande de la télé qui s'alluma. De son autre patte, elle appuyait sans le vouloir sur le volume, laissant alors un présentateur déluré s'énerver devant le concours de mangeurs de pastèque qu'il présentait avec un enthousiasme débordant et singulièrement bruyant.

- CAMERIA PUTAIN ! hurla Katsuki

Il était presque ironique que la seule fois où Katsuki appelait leur animal par son prénom fût cet instant où il tentait désespérément de l'attraper...

C'était une scène totalement surréaliste il fallait bien l'avouer, Izuku n'aurait certainement pas réussi à l'imaginer ou la trouver cohérente, surtout en ayant un tel rôle. Pourtant, bien qu'il n'y avait rien pas à en rire, mais alors qu'il continuait son rôle d'armure, il éclata de rire, ajoutant encore plus un brouhaha à toute cette scène ubuesque.

- Mais aide-moi au lieu de te bidonner !

- Mais... Tu vois bien que... Je suis déjà utilisé !

- Ah non, ne te fous pas de moi toi non plus hein ! s'égosilla Eijiro, toujours derrière lui

Il riait tellement qu'il en avait du mal à parler, ses côtés tressaillant douloureusement tout en s'accaparant sa respiration, la rendant compliquée.

- Ouais et je préférerais être à ta place !

- Tu déclares forfait Katchan ?

- Oh bordel...

Son rire redoubla quand l'explosif se tourna de nouveau vers le félin qui lâcha enfin la télécommande qui de toute façon hurlait à plein poumon le nom du meilleur mangeur de pastèque et il sentit Eijiro se rapprocher inexorablement de lui.

Ils regardaient alors le courageux futur numéro un bondir avec une agilité nouvellement motivée sur leur pauvre compagnon à quatre pattes.

- Il est sexy hein... Murmura la voix grave derrière lui.

Les joues de l'apprenti se teintèrent doucement alors qu'il laissait son regard dériver vers les fesses de son ami d'enfance alors qu'il emmenait la chatte dans la cuisine. Et mue par la confiance qu'il ressentait sincèrement, il acquiesça du bout des lèvres. Car il était légitime de le ressentir et de le dire et surtout, c'était vrai.

Katsuki était honteusement sexy...

Ce qui rappela au vert que Jiichan l'était tout autant, et qu'il était actuellement nu, collé dans son dos.

- Et... tu peux aller prendre ta douche maintenant... tenta-t-il

Il ne pouvait nier qu'il se sentait à présent bien trop conscient de la présence de cet homme qui l'attirait terriblement. Collé à lui, il ne se reculait pas, l'entendait presque sourire dans son oreille alors que l'homme roux posa finalement ses deux mains sur ses bras, comme pour accentuer la pression qui se nourrissait déjà autour d'eux.

Et il fallait bien l'avouer, Izuku sentait sa respiration dérailler, l'esprit embrouillé par un tas de perspective qui semblait l'embourber un peu plus dans son incertitude. Et quand il vit Caméria passer devant lui, fâchée au plus haut point, il tourna la tête vers la cuisine, croisant le regard de Katsuki, adossé sur le mur, qui les dévorait des yeux, son regard andrinople s'alléchant de ces deux-là...

Et si peu avant sa respiration lui semblait saccadée, c'était une histoire bien différente à présent ! Il devait bien avouer qu'il paniquait un peu, même en ayant conscience de ses sentiments et de tout ce qui se construisait autour d'eux, il venait à peine de penser à quelque chose de déplaisant.

S'il poursuivait dans cette voie, un jour, il finirait certainement par coucher avec eux ! Et autant il avait fantasmé à leurs sujets, autant l'idée que cela arrive réellement était terriblement bien autre ! Katsuki et Eijiro étaient amants depuis longtemps, se connaissant sur le bout des doigts ! Lui n'était qu'un simple puceau, totalement ignorant de ce genre de plaisir ! Il n'avait jamais partagé ce genre de moment avec qui que ce soit et il trouvait cette perspective quelque peu effrayante...

Mais Eijiro se détacha sans plus, le faisant presque frissonner de froid. La porte de la salle de bain se ferma une nouvelle fois et le blond s'approcha à son tour, lui ébouriffant les cheveux.

- Tu te poses trop de questions ! lança-t-il, t'inquiète pas, on ira toujours à ton rythme !

Son ton était dur, mais pour autant il ne l'était pas. Il se voulait encourageant et rassurant et Izuku le définit comme tel ! Son ami d'enfance posa un simple baiser sur le front, reprenant le sac qu'il avait rapporté du traiteur un peu plus tôt, miraculeusement épargné par toute la pagaille et baissant enfin le son d'une publicité.

Et comme une simple habitude, ils préparèrent la table, Izuku reprenant finalement pied, rassuré de ces mots qui lui venait réellement de faire éclater toutes traces d'inquiétudes, lui soufflant de sincèrement se laisser porter par tout ce qu'ils représentaient à ses yeux. Il avait le temps d'appréhender cette idée et de le faire à son rythme, et c'était très bien comme cela.

Eijiro les rejoignit bien vite, boudant quand même d'imaginer cette satanée bestiole dans la salle de bain, réclamant une séance de grand nettoyage le week-end même pour s'assurer qu'il n'y en avait plus et ils mangèrent.

Un peu plus de normalité pour lui prouver qu'il était chez lui après deux ans revenus dans sa vie...

- J'ai envie d'organiser une fête ! dit-il soudain alors qu'ils s'étaient installés devant la télé

- Hein ?

- Une fête ou ça ?

- Ici ! J'ai envie d'organiser quelque chose avec... nos amis.

Il avait foncièrement rougi à la mention de "leurs" amis, mais il n'avait pas fait demi-tour, sentant les doigts d'Eijiro se serrer dans sa main, l'encourageant de poursuivre.

- À la maison ! Avec nos amis. Ce serait pour fêter les deux ans.

À la mention de cette date, les deux autres hommes ne pouvaient que comprendre ce dont il s'agissait ! Le roux se tendit, resserrant sa prise sur les doigts chauds du vert qu'il tenait entre les siens, s'assurant alors de sa présence.

- Pas question ! Trancha Katsuki.

Il était vrai qu'il n'aimait pas recevoir des gens chez eux ! Ils foutaient le bordel, envahissaient son espace personnel qu'il n'acceptait de partager qu'avec ces deux-là, car ils faisaient partie de sa vie personnelle. Pour autant, Eijiro estimait qu'il y allait fort ! Izuku avait besoin de ça, tout comme ils avaient reçu Inko à manger. Il pensait comprendre que l'apprenti héros se sentait capable et en réelle rémission pour s'accorder une telle chose et donc cette demande semblait parfaitement normal et le refus était bien trop rude et sans retour...

- Kat's...

- Ah non, tu t'y mets pas ! Ils fouinent, le chat a peur et va chier à côté des toilettes, Denki nous vides la réserve d'alcool et je ne te parle même pas de...

- Mais je voudrais le faire Katchan !

- Raaah, mais on en parlera une autre fois, je suis crevé !

Ils avaient réussi l'exploit incroyable de s'empiler les uns sur les autres. Katsuki était assis au milieu, les pieds reposant sur un coussin qu'il mettait sur la table basse. Izuku était allongée sur le côté droit, la tête reposant sur la cuisse du blond alors que sa main se liait toujours a celle d'Eijiro, couchée à son opposée.

Et sitôt les mots prononcés par Katsuki se firent entendre, les deux autres se lâchèrent, se relevant pour se lancer un regard rempli d'accord.

- Katchan, tu n'es pas juste...

- Raah Deku non ! Chuis vraiment fatigué en ce moment et Eiji va reprendre le taf en journée avec l'autre piaf là, on verra ça plus tard...

- C'est que des excuses ça Kats...

- Oui, je peux organiser tout ça sans Jiichan ! J'y arrive maintenant !

- Vous me faites chier !

Un petit sourire amusé s'étira sur les lèvres d'Eijiro, se sentant invariablement poussé des ailes quand il croisait le regard espiègle de l'homme à la tignasse verte dont il était tombé amoureux.

Ils se redressèrent tous les deux, s'accoudant entre ses jambes alors qu'ils étaient complètement allongés sur le ventre, levant la tête vers Katsuki qui tentait d'éluder leurs regards lourds, évitant de baisser les yeux vers eux.

- Jiichan... Je crois qu'il ne nous écoutera pas !

- Ta raison Izu...

Et alors qu'ils avaient tous deux le menton posé doucement sur le ventre du blond, se laissant un peu bercer par sa respiration qui semblait s'effriter à mesure que sa patience pliait bagage. Mais Eijiro le connaissait mieux que quiconque; le faire craquer était sa spécialité !

Il releva doucement la tête, glissant ses doigts sous son tee-shirt, faisant mine d'avoir un point pour y poser la tête alors qu'il effleurait doucement les abdos, ses yeux corallins s'amusant de dessiner la courbe de sa mâchoire qu'il adorait mordiller en bien des occasions.

Et à ses côtés, il sentit Izuku bouger subtilement aussi, attirant son attention quelques secondes pour le faire sourire davantage. Parce que le vert faisait de même, bien qu'il n'avait pas l'audace d'ajouter sa main avec la sienne, il n'hésitait à éclairer d'une nuance pomme bien mûre, brillant d'un rayon de soleil, son regard remplit de malice qu'on lui connaissait si peu...

Un regard qu'il réservait qu'entre eux...

Et quand Katsuki se perdit sur cet attirail des plus alléchants qui se jouait près de son ventre. Il grogna alors fortement, râlant encore plus, frustré et peu amène de se laisser avoir alors qu'il s'avait que rien ne se passerait.

- Je vais aller me coucher, c'est tout ce que vous aurez gagné ! grinça-t-il

Mais c'était sans doute déjà perdu sans qu'il ne le sache ! Car d'un mouvement commun, comme un ballet qu'ils avaient répété, Izuku et Eijiro se levèrent finalement, se dressant devant le blond, toujours assis, qui ne comprenait pas trop ce qui se tramait !

- Donc tu es décidé à ne pas être d'accord pour organiser une fête de retrouvaille ?

- Vous allez me lâcher avec ça ! On en parlera plus tard, je suis... hey !

Mais les deux n'écoutaient plus, bien décidés à jouer le jeu jusqu'au bout. Le roux s'appropria la main de l'apprenti, souriant comme un gamin trop heureux de sa boutade.

- On va dormir dans l'ancienne chambre d'Izu !

- Quoi ?

Ils étaient à présent près de la porte de la cuisine, ayant effectivement dépassé la porte de la chambre...

- Vous vous foutez de moi ?

- Non pas du tout Katchan !

- Tu ne veux pas nous écouter Kats ... Alors on boude !

- Oui, on boude... Tu peux rester tout seul.

- En mode grincheux même !

Ils le saluèrent une dernière fois, laissant le troisième chanter que, bien sûr, ça ne lui faisait strictement rien de dormir seul ! Au contraire, il aurait enfin le loisir de s'étirer et de bouger librement ! C'est évidemment avec cette idée qu'il tentait de se convaincre tandis qu'Izuku et Eijiro s'étalaient dans le lit qu'ils avaient acheté il n'y a pas si longtemps.

- Jiichan ? Tu crois qu'il va nous en vouloir ?

- MMmh... Je pense plutôt qu'il va bouder, mais céder ! Au pire, il ne va rien se passer de mal Izu... Ce qu'on a ne peut pas se défaire si facilement...

Izuku sourit, se tournant vers lui alors qu'il ramenait la couverture vers lui, s'emmitouflant dedans bien qu'il tendait le pied pour le toucher, histoire de se rassurer juste un peu.

- Y a pas longtemps, je voulais plus dormir ici, mais en fait je me rends compte que ce n'était pas le lit le soucis, mais vous qui n'étiez pas dedans...

- Tu n'avais pas tes doudous ?

Il rit légèrement, fermant les yeux pour se laisser cueillir par le sommeil.

- je tiens tellement à vous... souffla-t-il

Il ne dormait pas encore, n'avait rien dit d'extraordinaire, mais cela ressemblait étrangement à un je t'aime dans les oreilles de l'homme aux dents aiguisées. Il se permit alors de s'apaiser devant l'éclat serein qu'il percevait sur le visage de Deku et alors il repensa rapidement à la raison de son envie de fête.

Il voulait fêter son retour, deux ans seulement... Il y a si peu de temps finalement, ils n'avaient aucune idée d'où il était et encore moins dans quel état ! Et à présent qu'une telle relation s'était installée, il percevait cette perspective avec une terreur horrifiante...

Izuku avait disparu des années ! Et si jamais cela recommençait...

Il se rapprocha d'Izuku, ayant un réel besoin de le sentir à ses côtés, sans doute même rassuré qu'il vienne de lui-même s'écraser contre lui, alors que le vert somnolait plus que clairement. Il prit alors la peine de bien le lover contre lui, le faisant grogner de désappointement lui qui n'avait pas suivi le fil inquiet de ses idées, mais se laissa faire, de toute façon ravi de se faire câliner.

- Katchan manque quand même... murmura l'apprenti

- C'est toujours bizarre quand l'un de nous manque...

- C'est vrai...

Mais Katsuki partageait tout autant ce sentiment et ne tarda pas à les rejoindre, plus grognon que jamais. Il annonça lourdement, comme pour justifier sa présence, que c'était finalement "d'accord" avant de se glisser de l'autre côté du vert, se collant aussi naturellement à son ami d'enfance, ne pouvant se retenir de chercher le contact avec la main de son autre petit-ami, nouant ses doigts aux siens.

Tout était au mieux et la dernière pensée d'Eijiro fut bien qu'avec eux deux dans les parages, personne ne viendrait chercher des noises à leur Izu...

Tout était parfait !

C'est douloureusement dès le lendemain que la vie s'amusa à leur donner une autre leçon de morale ! Alors que les deux héros étaient partis ce matin-là, sourire aux lèvres, c'est en début d'après-midi que le téléphone d'Izuku sonna...

Il était seul, mais gérait parfaitement, ayant installé un tapis là où il avait de la place dans le salon pour lâcher quelques exercices d'étirement, faisant grésiller sous ses doigts, son Alter qu'il retrouvait de plus en plus naturellement.

Ce n'était pas vraiment habituel qu'il reçoive des appels, mais ce n'était pas non plus inhabituel ! Cela pouvait être un ami, sa mère ou même l'un des deux élus de son coeur qui pour une raison ou une autre, utilisait un autre numéro.

Pourtant à l'autre bout du combiné, c'était une voix de femme, neutre et bien trop impersonnelle à son gout, qui lui parla d'un ton bien trop solennel pour être agréable.

- Monsieur Midoriya ?

- Oui ?

- Bien, je me permets de vous appeler, car vous figurez sur la liste des personnes à prévenir en cas d'accident. Je vous annonce donc que le héros Red Riot est arrivé inconscient un peu plus tôt dans la journée, accompagné par le héros Hawks !

Et alors qu'il avait parfaitement compris tout ce qui venait de lui être annoncé, il n'arrivait pas à formuler à haute voix le ras de marée qui s'abattait soudainement sur lui.

- Monsieur Midoriya ?

Cette voix si calme lui semble terriblement incohérente ! Son corps entier paraît vibrer, bourdonnant d'un lourd appel terrifiant bourré de point d'interrogation. Le sourire d'Eijiro, son rire ou l'infinie palette rubis dont il apprenait encore toutes les nuances, tout cela qui lui importait tant, était mis en danger ! Et cette maudite bonne femme qui le rappelait a l'ordre parce qu'il ne répondait pas alors qu'elle n'était pas foutue de comprendre son désarroi... Et puis d'un seul coup, son corps suffoqua, lui rappelant qu'il avait besoin de respirer maintenant et il déglutit avant d'enfin pouvoir répondre à son interlocutrice...

- Comment va-t-il ?? Que s'est-il passé" ??

- Je ne peux pas vous le dire par téléphone, monsieur Midoriya, nous n'arrivons pas à joindre son conjoint ! Je ne sais pas si...

- Je vais m'occuper de Katchan ! Dites-moi où est Jiichan ! Où est Red Riot !

Katsuki n'était pas au courant et Eijiro se retrouvait seul... Il n'en fallut pas plus pour qu'il sente le sol devenir bien plus dur sous ses pieds. C'était à lui d'assurer et de se montrer solide. Il raccrocha sans prendre la peine de saluer la femme, regardant son téléphone pour tracer le parcours. Il n'y avait pas une minute à perdre !

Alors il s'élança dehors, ayant visualisé le trajet avant de laisser un message vocal à son ami d'enfance pour lui dire ce qu'il savait, lui demandant de le rappeler quand il pourrait. Il prit la peine de rassurer aussi, lui signifiant qu'il se rendait à son chevet et qu'il lui enverrait des messages lorsqu'il en saurait plus... 

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