DEUXIEME : Sa faute

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Artiste : K

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La colère était un sentiment qui n'allait décidément pas à Eijiro Kirishima. Il pouvait tenter de l'enrailler ou l'étouffer sous un oreiller, rien ne semblait pouvoir empêcher cette horrible sensation de s'infiltrer jusqu'au tréfonds de son quotidien... 

Pourtant il faisait des efforts ! Tous les moments qu'il passait avec Izuku étaient de véritable moment de paix. Il comptait même sur eux, persuadé qu'il pourrait tout à fait exploser s'il n'y avait pas ces pauses journalières ! Un petit répit qui l'aidait à supporter sa rancœur qui lui écrasait le crâne. C'était une ode qui le ravivait un peu plus tous les jours, et merde, il en avait besoin. 

Seulement voilà, il y avait aussi ces fois-là où il n'était qu'un putain de figurant aux yeux de son amant. Ou il était sans doute plus juste de dire qu'il était celui qui se retrouvait invariablement mis sur la touche...

Cette place, qui n'était pas la sienne, et à laquelle on semblait l'avoir bien gentiment rangé, le rongeait. Et si au début il avait souhaité retrouver celle qui lui revenait de droit, à présent, il exigeait qu'on la lui rende !

Il le pensait si fort qu'il en était certain, ça lui brulerait carrément la rétine ! Psalmodiant, en boucle, un tas et un tas d'injures balancé comme un crachat. À les voir assis tous les deux dans le canapé, face à la télé, le visage bien trop serein comparé à la putain de boîte à foutre qu'était sa tête. Pourtant il se taisait, se murant derrière ses doigts qu'il craquait sans cesse, contenant toute la consternation qu'il ressentait. 

Il lui en voulait, c'était de sa faute. Katsuki méritait franchement sa colère. Alors qu'il passait son temps à lui dire qu'il était un imbécile, ne ferait-il pas mieux de voir qu'il y avait un problème ?

Eijiro avait eu de nombreuses occasions, depuis sa rencontre avec son amant, de lui coller un pain ! Pourtant c'était bien la première fois où il devait littéralement se retenir de le faire. Il sentait ses fesses s'enfoncer dans le canapé, ressentant chaque putain de pli du cuir auquel il devait se raccrocher mentalement pour ne pas se lever et lui foutre son poing dans la gueule. Ça lui filait la migraine...

- Kirishima, tu vas bien ? tenta soudainement Izuku

- Ça va.

- T'inquiètes le nerd, on regarde un film, il va s'endormir devant comme d'hab !

Seulement il ne s'endormait pas.

C'était vrai, habituellement il serait incapable de raconter de quoi parler les films que Katsuki choisissait la plupart du temps. C'était clair que, dans tous les cas, le rouge n'arriverait même pas à tenir éveillées plus de vingt minutes. Alors son petit-ami le vannait, se moquant ouvertement de son peu de résistance face à la douceur de son plaid noir rayé de rouge. 

Mais c'était les bons moments ! Le genre de souvenirs qui aident à bien s'endormir le soir.

Là, il ne regardait pas plus le film qui passait qu'à l'accoutumée. Il se demandait surtout quelle serait la réaction de Katsuki si, d'un coup, il balançait cette putain de TV par la fenêtre ! Mais il se contenait. Apprenant tous les rouages de la patience, ayant plutôt la sensation de recevoir des grand coup canon dans la gueule. Mais bordel, on était dimanche. Demain la semaine reprendrait et, enfin, il pourrait souffler ! 

Il en avait tellement besoin, là...

Il leva les yeux vers eux, croisant encore une fois cette fumisterie qui se déroulait sous ses yeux. Izuku était assis sur le sol, les jambes repliées sur lui-même alors que Katsuki s'était approprié tout le canapé. Il aurait tellement préféré que ça s'arrête là... Mais rien que voir la main de son mec s'extasier dans les cheveux verts le hantait. Ces doigts-là... Ça le crevait de les voir caresser un autre que lui ! C'était lui qui les connaissaient par cœur, reconnaissant parfaitement chaque callosité laissée par son Alter un peu trop explosif parfois. C'était autour de sa putain de queue que ces mains-là pouvaient se refermer ! Bien qu'il fallait sans doute encore qu'il y ait du sexe entre eux pour ça... 

Il se redressa sur son fauteuil, agitant sa main droite avant d'en faire craquer chacune des jointures, y cherchant un quelconque geste de réconfort sans le gouter dans tous les cas.

- Eiji, mets tes lunettes si tu as mal à la tête !

- Je vais me coucher.

C'était sans doute préférable ! 

Cette mascarade c'était un peu trop pour ses nerfs bien trop usés ce soir là. Il n'était qu'une voiture aux pneus trop lisses, prête à se cracher sur le premier connard venu. Vivement lundi, il avait besoin de se défouler. Et si les vilains ne lui donnaient pas son compte, il passerait une heure ou deux de plus dans la salle d'entrainement de l'agence. Ce n'était pas comme s'il était attendu chez lui.

Il se leva donc prestement, sans un regard vers son amant, hurlant pourtant de chaque fibre de son corps qu'il puisse le retenir, juste réclamer un baiser de bonne nuit. Il s'arrêta dans sa cuisine, se demandant s'il avait plus besoin d'un thé à la camomille ou de plusieurs shots de Tequila avant de trouver le sommeil, mais il était évident que l'alcool ne l'aiderait pas au final... *

La cuisine de leur appart n'était pas bien grande, pourtant Eiji l'adorait. Il s'était habitué cuisiner en s'organisant pour ne pas s'encombrer. Déjà ça le forçait à la tenir propre pour le plus grand bonheur de la fée du logis qu'était Katsuki, mais de plus c'était l'univers qu'il contrôlait. Sa cuisine. Il n'y avait qu'une petite table, à peine de quoi faire manger deux personnes. Depuis l'arrivée d'Izuku, ils utilisaient plus la table de la salle à manger, mais ils avaient quand même ajouté un tabouret de plus pour lui. Comme partout, c'était un de plus, un de trop...

- Tu n'es pas parti te coucher ? demanda sa voix derrière lui

- J'ai envie de thé.

Dynamight ouvrit le frigo d'un geste nonchalant, récupérant alors une bière. C'était rare que le blond se permette ce genre d'écart. Assez pour poser des questions. Mais son amant n'en fit rien ! Qu'il crame partout ailleurs sauf dans son champ de vision, il n'allait rien faire pour le retenir...

- Le nerd s'inquiète pour toi. Il dit que tu ne vas pas bien en ce moment. S'enquit son petit ami

juste derrière lui...

Il en aurait armé le poing...

Mais ce fut le mug qu'il tenait dans ses mains qui s'éclata au sol, lui servant de point d'ancrage. S'il n'y avait pas eu ce tout petit accident, il n'était pas sûr qu'il n'aurait pas éclaté sa rage ! Le bruit cristallin de la tasse s'écrasant sur le carrelage de la cuisine l'avait juste retenue comme une main secourable en plein milieu d'une tempête.

- Ah ! Mais tu ne peux pas faire attention ?! Attends...

- Nan, laisse. C'est bon, je m'en occupe.

Il mesurait chacun de ses mots, le pesant bien étrangement dans sa balance mentale, graduant s'il restait "correct" ou non. C'était encore plus étouffant, mais pourtant vital ! Que faire s'il se dispersait à lâcher un "truc" de trop ?

- Tch, fais gaffe, y en a sous le meuble. Attends.

- Mais lâche-moi Bakugo ! C'est bon, je t'ai dit, je peux ramasser un putain de mug cassé sans toi !

Il ramassa alors les morceaux, les jetant directement à la poubelle. Bon, bah, tant pis pour le thé, il n'en avait plus du tout envie. À l'inverse, il savait ou était rangé la Tequila...

- Mais qu'est ce que t'as bordel ? S'énerva le blond.

Le barrage aurait sans nul doute cédé à cet instant, inondant toute leur relation à présent bien trop bancale à ses yeux. Mais dans toute la fureur qui s'encrassait à l'intérieur de lui, il restait cet amour qu'il ressentait pour Katsuki. Les yeux rouges du héros explosif fulminaient pourtant, tentant sans conteste de se contenir. Ce mec il l'aimait ! Viscéralement même. Ça l'était si fort qu'il s'oubliait lui-même, se déchirant de l'intérieur de peur de le voir s'éloigner un peu plus chaque jour.

- Laisse tomber.

Ce fut tout ce qu'il put dire, alors qu'il crevait de simplement lui dire qu'il l'aimait.

Il n'écouta pas la réponse de son petit ami, il n'en avait pas la force. Il rejoignit directement sa chambre, se glissant de son côté, prenant bien attention à bien tourner le dos aux restes du lit. Cette journée avait bien trop tiré, c'était sans doute mieux que de la laisser se terminer là...

heureusement pour lui, le sommeil n'était pas quelque chose de compliqué à trouver. En ce moment il enchainait les nuits, prenant le tour de son petit-ami pour lui permettre s'occupait d'Izuku la ou il en avait actuellement le plus besoin.

Les nuits de l'ancien captif restaient assez compliquées et il se réveillait souvent en panique et désorienté. Il avait déjà avoué à demi-mot que quand il était encore là bas, il imaginait toujours Katchan pour le rassurer et ça l'avait tellement aidé qu'avoir la version réelle à présent ne pouvait qu'être positif.

Alors oui Izuku dormait avec Katsuki, il en avait cruellement besoin. La nuit, c'était trop calme. Le silence était une chose qu'il trouvait extrêmement dérangeante. À la faveur de la nuit, cette partie de la ville restait paisible, offrant à ses habitants un endroit doux pour trouver le sommeil. À l'inverse total, si lui pouvait juste imaginer pouvoir s'endormir dans de pareilles circonstances, c'était bien parce qu'il était juste à côté de lui, son corps chaud et vivant collé contre lui, lui faisant oublier qu'il devait avoir peur. Il avait remarqué que lorsqu'il se réveillait en sueur, c'était principalement les moments où il bougeait dans son sommeil, s'éloignant alors de sa source de réconfort.

Oui maintenant, il ne supportait plus le silence et le froid !

Il n'y avait rien de plus. Il se souvenait bel et bien avoir ressenti quelque chose pour Katsuki, un quelque chose qui l'avait seulement fait réaliser qu'il était gay. Sans doute. C'était encore un peu flou, dans tous les cas, il avait été attiré par son ami d'enfance. Il savait qu'à l'époque leur relation n'était qu'a un battement de cil d'évoluer. Mais ces cinq dernières années avaient emporté ces sentiments avec elles...

Il n'était pas amoureux de Katsuki Bakugo ! Il avait besoin de lui, de son héros, mais il ne ressentait rien d'autre ! Les sentiments qu'il avait ressentis pour lui il était incapable de dire ce qu'ils étaient devenus. Il doutait seulement qu'ils eussent disparu sous un traumatisme de plus...

C'est ce qu'il rêvait de dire à son autre ami qui l'épaulait au quotidien dans toutes les encres de Chine bien trop sombre qu'il devait traverser au jour le jour. Il ne pensait pas à l'époque se sentir si proche de Kirishima. Pourtant il n'avait jamais douté de la gentillesse innée de ce dernier, il était quelqu'un de franc et loyal et il n'avait pas changé ! Bien qu'il ne lui avait pas collé une étiquette de héros pendant sa captivité comme il l'avait fait avec Dynamight, aujourd'hui il le pourrait sans doute. Dans ses journées souvent rythmées par une mélodie entêtante et pleines d'habitudes, il était sans conteste une des personnes qui le rassurait au quotidien. Sa présence lui était aussi vitale que celle de Katsuki, différemment sans doute, mais non pas des moindres.

Et ça le tuait de le voir subir tout ça par sa faute à lui...

Bien sûr il n'était pas fou ! Pas à proprement parler en tout cas bien qu'il se gavait de médocs comme l'on prendrait un café le matin. Alors malgré tout il voyait bien que Kirishima plongeait graduellement dans un univers qui le submergeait complètement, toujours plus bas, ignorant la loi des paliers de compression. S'il ne faisait rien, quelque chose de grave allait se produire !

Alors il ne pouvait que réfléchir au peu de solutions qui se présentait à lui... Et vite ! Les cernes sous les yeux rouges de Red Riot semblaient marquer un point de départ à son lâcher-prise. Alors quand ce lundi matin, le réveil sonna pour Katsuki et qu'Izuku le réveilla, l'exhortant de sortir du lit, il prit le temps, alors que l'ombre du blond s'effaçait dans l'embrasure de la porte, de passer sa main le long de la colonne vertébrale de l'immense ombre qu'Eijiro représentait. Une promesse dans un silence qui ne lui déplaisait pas.

Et alors la macabre comédie du matin débuta... Sur les mêmes oppressantes notes que la semaine d'avant. Katsuki se préparait, saluait vaguement Izuku et sortait de l'appartement, armé pour sa journée de travail. Alors Eijiro sortait de la chambre, se dirigeant directement vers les toilettes, prenait ensuite une douche, refusant d'avaler quoique ce soit le matin et s'affala sur le canapé.

Alors quand il le vit se laisser durement tomber sur le pauvre divan, il prit son courage à deux mains. C'était à lui qu'il avait décidé d'en parler. Evidement Katchan serait rapidement au courant, mais il voulait plus que tout inclure le héros aux cheveux teints dans l'équation. C'était peu, sans nul doute, mais Izuku était perdu sur ce qu'il pouvait réellement faire pour eux !

- Kirishima... ?

- Mmh...

- J'ai discuté avec Dr Grey et... on trouve que ce serait une bonne idée de tenter un contact avec mes proches...

Rapide, le héros se redressa, le jaugeant de haut en bas, cherchant à démanteler le piège.

- Tu te sens prêt Izu ? Je veux dire, tu sais que tu dois y venir à un moment, mais est-ce que tu penses que c'est le moment ?

- Je pense que je dois le faire maintenant ! Que c'est un peu comme la prochaine étape ! J'ai suffisamment repoussé Ochaco et Tenya sans parler de Shoto.

- Alors c'est non ! fit-il, le visage fermé

- Mais pourquoi ?

- Je me fiche bien de savoir que le temps se fait long pour Uraraka, Iida ou Todoroki ! Ma question est : est-ce que toi, tu te sens vraiment prêt ?

- Oui. Je veux vraiment essayer, je ne garantis pas d'y arriver, mais j'ai envie d'avancer !

Le visage alors sombre et méfiant d'Eijiro se transforma alors en une demi-seconde, son sourire carnassier enjoliva chaque trait de son visage, soulignant parfois une vieille cicatrice.

- Alors on va faire un truc sympa !

- Tu penses que Katchan sera d'accord ? demanda-t-il doucement

- Ah tu connais maman, il va s'énerver et grogner, mais au final si tu lui demandes gentiment il ne te dira pas non !

Au début, quand il avait commencé a l'appelait "Maman" c'était drôle et léger ! Maintenant il y avait des notes de reproches suintantes qui bafouaient les murs.

Le reste de la matinée, ils la passèrent à discuter de la meilleure approche concernant Katsuki. À savoir qu'en plus de protéger Izuku comme une lionne, il détestait recevoir des gens chez lui, préférant largement sortir. Alors lorsque midi arriva, Eijiro sortit son téléphone, s'attachant à la présence d'Izuku juste à côté de lui pour supporter la pression qu'il ressentait à l'idée d'appeler son petit ami.

"Se passe quoi ?"

"Rien de grave Kats, écoute, on se demandait avec Izu si tu pouvais inviter Todoroki a manger ce soir, Izu aimerait le voir avec Uraraka et Iida"

"qu'est ce que c'est que cette merde ? On en reparlera OK ?" tenta le héros alors qu'il semblait retenir son impulsive colère.

"Arrête de faire ta tête de cochon, Izu se sent prêt-à-faire ça ! Laisse-le respirer un peu !"

"Ne te fous pas de ma gueule, il sera prêt quand je le dirai !"

"Même sa psy pense que c'est une bonne idée ! C'est Izu qui décide aussi de son rythme ! He bah là, il est prêt ! Tu devrais être fier, il avance ! Soutiens-le là-dessus aussi !"

"Quand il arrêtera de me chialer dessus à 3h du matin parce qu'il a peur de l'ombre du placard, on en reparlera ! En attendant ce n'est pas question ! Fin de la discussion !"

"Mais c'est qu'il va arrêter de se croire roi de la basse-cour ! Bakugo, ce soir j'invite ses amis à manger, je vais cuisiner un bon Katsudon et tu seras là pour soutenir ton pote !"

"Kirishima, je te jure quand je rentre je vais t'étriper !"

"La bonne nouvelle c'est que tu sais encore qu'on habite ensemble !"

Il sentait ses doigts se refermer durement sur son téléphone dont l'écran accusait déjà de multiple fracture. Mais une main inquiète se posa sur son bras, le ramenant vers le droit chemin. Ce n'était pas le moment...

"Ah, mais putain ! Qu'est-ce que tu me fais chier là avec tes conneries ?"

"Rien, laisse tomber... Pour en revenir à ce soir, j'ai déjà arrangé le coup avec Shinso pour me remplacer, Mina va me faire les courses et je vais m'assurer de ramener tout le monde à ce petit dîner. Toi, tu ferais mieux de réfléchir un bon coup, arrêter de pisser dans ton violon et ramènes une bonne bouteille avec ta bonne humeur si possible. C'est pour Izu alors fais pas le con ! À ce soir Bakugo".

Il ne lui laissa pas le temps de répondre et raccrocha.

- Je suis désolé Kirishima ! Je t'avais dit de me laisser faire !

- T'inquiètes pas va, ça arrive et puis ce n'était pas grand-chose ! On en a vu des pires !

C'était vrai et faux à la fois. Ces petites rixes étaient fréquentes quand on vivait avec quelqu'un avec le caractère de Katsuki, mais quand on tentait de camoufler un bon gros tas de colère sous le tapis du salon, c'était un peu plus grave qu'il ne le laissât entendre...

Mais en réalité l'idée du diner égayait l'humeur de Red Riot ! Lui, définitivement le casanier de la paire, qui adorait recevoir ses amis pour une bonne petite soirée sympa ! Alors oui, effectivement cette petite perspective l'enchantait. Ça sortait complètement de son actuel quotidien morbide. Alors il s'occupa de tout, rangeant légèrement le peu de désordre qu'il pouvait y avoir. Forçant un peu les choses pour que les invités ne se désistent pas. Serrant Mina contre lui quand elle arriva avec les victuailles, surpris même qu'Izu la salue lui aussi chaleureusement en l'invitant à entrer...

C'était une vraie bonne journée et l'idée d'un Katsuki ruminant sa colère était loin derrière eux. Finalement la jeune héroïne aux cheveux rose s'était laissé distraire par la bonne ambiance et s'incrusta elle aussi, pour le plus grand bonheur d'Eijiro. Et quand le premier invita arriva, ce fut presque trop facile pour le vert de se laisser porter par l'air léger et enjoué qui lui avait sifflé les oreilles toute l'après-midi... Il accueillit alors Shoto et Tenya, arrivé pile à l'heure, d'un immense sourire légèrement marqué par l'émotion, acceptant même de leur serrer la main. Ochaco arriva avec vingt minutes de retard, se faisant houspiller gracieusement par l'ancien délégué de classe bien qu'elle l'ignora. Prévenante elle avait demandé à Izuku si elle pouvait le serrer contre elle et il s'y était essayé, dans une brève accolade un peu maladroite et pourtant annonciatrice d'un futur plus glorieux. Katsuki, bon dernier, montra finalement le bout de son nez, deux bouteilles dans les mains. Il salua à peine son petit ami qui éluda parfaitement, soutenu par l'aura puissante et rassurante de sa meilleure amie.

Et il n'y avait rien à dire de négatif sur la soirée entre amis ! Izuku s'était installé en bout de table, entouré par Eijiro et Katsuki, comme un rempart entre ses angoisses et ses amis. Ils avaient ri, bus un peu pour la plupart, et tous étaient repartis dès que l'horloge du salon afficha vingt-deux heures trente, laissant enfin un peu de répit aux trois locataires. Et dès que la porte se referma sur Mina, l'air frais qui semblait s'être éparpillé partout retomba lourdement.

Impuissant, il assista à la scène de trop...

Le sourire doux et intime de Katsuki en disait long, il était fier. Fier d'Izuku. Il le regardait avec une tendresse qu'il n'avait plus vu sur son visage depuis des semaines alors qu'ils discutaient juste tous les deux. Rien qu'à deux...

Alors ce soir-là il jeta son masque au loin. C'en était trop ! Il s'enferma dans sa cuisine, s'attelant à faire la vaisselle avec une lenteur exagérée. Cela faisait bien longtemps que les deux autres étaient partis se coucher, éreintés par les émotions qu'il avait fallu comprendre et contenir et la longue journée de travail. Lui de son côté il ne pouvait pas les rejoindre et continuer ce petit manège. Alors cette nuit-là, il se coucha dans le canapé, incapable de savoir ce qu'il devait réellement faire par la suite...

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