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Je crois que je pourrais redessiner, de tête, chaque foutu détail de ce mur de brique devant lequel je suis garé. Chaque petit interstice, ou la forme exacte des tags... Tout, sans le moindre mal ! Même la façon dont la peinture a légèrement coulé, je pourrais le refaire ! Parce que ça fait trop longtemps que je suis là...

Enfin peut-être que j'exagère un peu, ça fait à peine vingt minutes et c'est sans doute de ma faute. Je savais que j'allais clairement arriver en avance, trop sans doute, mais j'en avais marre d'attendre chez moi, à tourner en rond. Alors après avoir vérifié les retards possibles sur le trafic ferroviaire, je suis finalement parti ! Après tout, la ville est immense et nous sommes en pleine période de fêtes. Alors on est vite tombé dans un embouteillage, j'avais toutes les chances d'arriver en retard...

Pourtant me vla bien en avance, la tête sur le volant... J'attends en soupirant, fixant ce maudit mur comme s'il s'agissait de ma prison ! Je n'aime pas poireauter, c'est tout !

Je regarde ma montre et frémis une fois de plus en voyant qu'il reste encore dix très longues minutes ! J'aurais adoré appelé Mina pour m'aider a patienté, seulement voilà, c'est justement ce soir qu'elle a choisis pour passer un moment avec Hanta ! Je doute fortement qu'elle avance un tant soit peu, même si je l'ai grandement encouragé, mais dans tous les cas je n'ai pas l'intention d'aller lui gâcher ce temps-là !

J'ai passé pas mal de temps avec elle pendant cette semaine. Elle est restée en ville à cause de son travail et dès que j'en avais l'occasion, je suis allé à sa boutique. Après avoir promis de garder le silence, elle a pu connaitre mon humble point faible, mon allergie à la lavande. Difficile de dire qu'il s'agit d'une allergie d'ailleurs, juste l'odeur m'incommode au point de me rendre réellement malade. Eijiro s'est efforcé à trouver la fameuse plante que je ne supporte pas, et après avoir apparemment demandé conseil à Mina, elle a fini par me demander. Étant donné que la raison de cette aversion est liée à mon ex, je n'avais pas trop voulu en parler. Mon beau roux a pensé que je lui lançais une sorte de défi à découvrir, mais je n'ai rien dit. Heureusement, il a fini par, j'imagine, abandonner, car depuis il ne m'a plus demandé.

Dans tous les cas, j'ai profité avec ma nouvelle amie ! Alors, je n'ai pas l'intention de l'embêter juste parce que je suis incapable de rester tranquille plus de trois minutes.

Alors je patiente, fixant ma montre en comptant les secondes dans ma tête, vérifiant si la minute passe effectivement en même temps ! Et après avoir répété cinq nouvelles fois cette opération, je perds courage... Encore !

– Raaah ! Je n'ai jamais été du genre patient !

Je sors de ma voiture, continuant malgré tout de défiler les secondes dans ma tête, et tourne une fois autour de ma voiture. Totalement inutile, vrais, mais bon ! Il fait nuit, c'est le dernier train annoncé, et il fait un froid de canard déplumé ! Mes coups de cœur ont fait exprès, espérant éviter le trafic du jour, et les regards trop curieux ! En tout cas c'est ce qu'a dit Katsuki alors qu'Eijiro prétendait en profiter jusqu'au bout avec sa famille ! Moi ça m'importe peu, du moment qu'ils me reviennent !

Je vois au loin un train arriver en gare, le leur sans doute, et je trépigne d'impatience, me retenant d'aller les accueillir sur le quai ! Trop de passants possiblement curieux... Alors je me balance d'un pied sur l'autre en fixant au loin des passagers qui sortent peu à peu du bâtiment, très peu venant vers le parking finalement. Il y a pas mal de monde mine de rien, et j'ai l'impression qu'ils marchent tous au ralenti ! Je rêverais de les presser moi-même, bien qu'il n'y est aucune raison à cela. Ce n'est pas comme si un des passagers les retenait exprès pour qu'ils sortent en dernier ! Alors je scrute les visages, cherchant les leurs en ignorant mes mains moites... Et puis je les vois au loin !!

Katsuki regarde son portable en marchant. Peut-être qu'il vérifie un message de ma part d'ailleurs. Ou alors il cherche à me joindre pour qu'on puisse se retrouver facilement sans savoir que moi, je les observe déjà. Je vois son visage doucement éclairé par son écran, et ma poche vibre, me faisant largement sourire. À ses côtés mon immense armoire à glace marche doucement, acceptant l'allure de Katchan qui a ralenti sans le faire exprès. Mais il scrute un peu partout dans la nuit, cherchant après moi j'en suis certain !

Je ne suis du tout pas patient !

Parce qu'ils vont terriblement trop lentement pour mes pauvres petits nerfs. Aussi parce qu'ils m'ont vraiment trop manqué... Je finis par leur courir droit dessus, absolument ravi de voir l'immense sourire d'Eijiro dès qu'il me voit. Je montre clairement que je ne vais pas m'arrêter, et même s'il est en plein milieu de la route, il lâche sa valise, et me réceptionne parfaitement.

Les phéromones en folie, je laisse tout échapper, ronronnant presque de les sentir enfin proches de moi... Leurs hormones me répondent avec la même impatience, et je n'ai plus envie de bouger de là. J'entends mon prénom, mon attention dérivant sur la droite pour voir Katsuki s'approcher. Les Alphas opèrent alors un transfert, tandis que je lui fonce dessus à son tour, ne patientant pas d'être à l'abri des regards pour me satisfaire de sa bouche...

Qui pourrait les reconnaitre ? On dirait des agents secrets alors leurs casquettes. Katchan porte même des lunettes de vue qui, il faut le reconnaitre, lui donne un air de prédateur divin ! Et dans tous les cas, je m'en contrefiche, actuellement je veux juste assouvir ma dose d'eux...

Mes coups de cœur m'ont terriblement manqué !

Toujours amouraché des lèvres du blond, je sens que l'on se remet en marche, me faisant rire tout contre sa bouche. Mais je finis par le laisser, juste un peu, redescendant même de mon perchoir même s'il ne semblait pas incommoder par mon poids.

– Vous avez passé de bonnes vacances ?

– Ennuyeux à crever !

– Tu m'as trop manqué

Une conversation qui ne compte presque pas tant on se fiche tous des réponses. Pourtant, je m'intéresse réellement à ce qu'ils ont fait durant leur congé, y a pas à dire. Il est certain qu'Eijiro a bien quelque chose d'amusant à me raconter à propos de l'un de ses frères ou sœurs, ou que Katchan ait rapporté une montre intéressante à démonter. Mais un autre besoin bien plus puissant me consume entièrement, et je sais que c'est pareil pour eux. Alors les politesses d'usages peuvent bien attendre, on doit juste combler le manque que cette absence a creusé !

Et sitôt arrivé près de ma petite voiture, l'acteur se met à empiler nos bagages tandis que je m'assure de dévorer le rugbyman... Au loin, j'entends bien que le blond nous vanne sur le fait qu'on ne décollera jamais d'ici, et sans m'en soucier je lui tends mes clés, grimpant à l'arrière avec Eijiro.

Toutes les minutes sont trop lentes ! J'ai trop attendu...

– Aucune Patien...

– Je n'aime pas attendre ! Ne va pas te plaindre !

Mes doigts se font torrides alors qu'ils inspectent tout ce qu'ils peuvent atteindre, m'amusant même à faire grogner mon Alpha quand je déboucle sa ceinture. Katsuki s'est mis derrière le volant sans rechigner, semblant si calme, alors que pourtant, mes phéromones hurlent des demandes indécentes et que les siennes, autant que celle d'Eijiro, y répondent sans sourciller.

– Tu n'as pas envie de faire une pause juste là ?

– Et après c'est moi l'impatient ?

Le sportif grogne, bien trop fort, sentant mes doigts glisser dans son caleçon.

– Kats' putain, je vais pas tenir, cale-nous quelque part, et rejoins-nous !

– Certainement pas ! Dix minutes. Alors garde ta queue à l'ombre ! Déjà que vous n'êtes pas attaché !

– Ça, ça ne dépend pas de moi...

– Je veux bien que tu m'attaches si tu veux Katchan !

Je ris, mais moi aussi je n'ai pas envie de me priver de la présence du blond, j'ai besoin d'eux deux ! Alors je ronge mes nerfs, ondulant sur ses jambes, et dix très longues minutes passent bien trop lentement. Mais enfin, Katchan gare ma voiture, et c'est tout ce dont j'ai conscience. Je ne me vois même pas sortir de la voiture ! Je ne sais comment d'ailleurs, ma carlingue reste une trois-portes donc il faut passer par devant pour sortir... Mais je crois que c'est bel et bien Eijiro qui nous a extirpés de là sans pour autant me lâcher !

– Vous cassez les couilles putains !

Katchan est assez énervé, mais je sens que c'est complètement parce qu'il a du mal à conserver son self-contrôle... Je devine bien fort son air sévère et grognon qui figerait d'effroi n'importe qui de saint d'esprit. Mais son odeur est si limpide, m'ébouillantant presque tant ils m'appellent. D'ailleurs il ne récupère que son petit sac dans le coffre, laissant tout le reste, et une fois dans l'ascenseur, il se mêle complètement à nous. Enfin !

Il y a des caméras de surveillance partout dans cet immeuble... Lorsque j'ai tiré Eijiro pour un microplaisir dans la cage d'escalier, c'est après m'être assuré ne pas être filmé justement. Mon petit gardien me sifflant justement cette info entre deux œillades intéressées ! Pour autant, les ascenseurs en sont truffés...

Je suis presque sure qu'il n'y a pas de son, heureusement sinon je crois qu'ils auraient capté mes longs gémissements complètement paumés. Sous les doigts de mes deux Alpha, j'ai juste perdu pied !

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans la cabine de métal. En réalité, je me souviens de tout ce que nous avons fait, juste pas de "où" nous l'avons fait ! Je me suis perdue avec eux, sans me préoccuper du reste ! Savoir qu'on me voit, ce n'est terriblement pas un souci pour moi. C'est même quelque chose qui m'excite terriblement et ils le savent évidemment ! C'est par pudeur pour eux, mes deux p'tits coups de cœur que je me tiens à carreau de ne pas nous montrer. Mais là j'ai bien peur d'avoir joui au moins une fois avant que la porte de l'entrée ne soit refermée...

Mais mieux que tout, alors qu'on vibrait complètement de pouvoir se retrouver, je l'ai remarqué !

Nos phéromones dansaient d'une façon si forte, bien trop puissamment mélangé pour que je puisse le comprendre de suite. Pour autant, alors qu'on était déjà nu et royalement enhardit les un des autres, je l'ai vu !

Eijiro est entré en rut...

Il ne m'avait pas prévenu. Les Alpha peuvent calculer facilement leur cycle, car il est très régulier, à contrario des Oméga, mais qu'importe ? Là je le vois juste complètement sauvage, me dévorant la nuque, alors qu'il n'arrive pas à décrocher son regard de Katchan ! Ils se sont fixés en silence, leurs doigts se nouant ensemble pour découvrir ma peau...

Et même si ça n'a duré qu'une journée, étrangement d'ailleurs, on a simplement fini par se sentir comblé ! Si simplement, c'était suffisant d'être nous trois juste comme ça. Et presque comme une habitude, après s'être lâché dans nos retrouvailles, on s'est juste lavé. Enfin, après trop d'attente, j'ai pu faire ce que j'adore, me lover entre eux pour dormir, troublé par ce nid de phéromones qui est tout simplement le mien !