Chapitre 14 - Eijiro

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J'ai encore les muscles qui tirent ! On pourrait croire qu'après des années sur un terrain, à suivre mon entraînement quotidien sans broncher, mon corps s'habituerait. Pourtant j'ai l'impression d'être un vieux papy de quatre-vingts balais ! Juste devoir grimper les trois marches pour rentrer dans le hall de l'immeuble, le courrier qui s'est accumulé dans les mains, ça me semble insurmontable !

Deux semaines loin de mon lit aussi, je suis sûre que ça joue ! J'ai juste besoin de mon oreiller !

— Bonjour... Gareth-san

Je crois que c'est bien comme ça qu'il s'appelle le gars, c'est ce que Izu a dit non ?

— Oh, bonjour monsieur Kirishima. Ça fait plaisir de vous voir ! Félicitations pour votre victoire !

— Merci ! L'équipe a bien géré, on a gagné pas mal de place cette saison, c'est bien !

— Vous êtes quand même impressionnant sur un terrain !

— Merci.

J'appuie sur le bouton d'appel d'ascenseur et je le sens fort, l'homme hésite à me demander quelque chose. Je sais qu'il est prié, par le règlement intérieur, de ne pas nous importuner. Il serait donc malvenu de nous demander un autographe ou quoique ce soit, et j'ai vu ce type des tas de fois avant, il ne m'a jamais rien demandé. Mais je ne lui avais pas vraiment parlé avant non plus...

— Dites... Je me demandais, à propos de la personne qui vous rend visite, Monsieur Izuku... est-ce qu'il fréquente quelqu'un ?

Les portes s'ouvrent et j'ai presque l'impression que tout est calculé pour une mise en scène dramatique. Quoiqu'il en soit, j'entre dans la cabine, me redressant de toute ma hauteur et je lance un regard vers le pauvre gardien.

— Il fréquente quelqu'un qui peut être impressionnant ailleurs que sur un terrain !

— Oh pardon, bien sûr enfin... Je

Je me fiche bien de ses excuses, mais je n'arrive pas du tout à me défaire de l'énervement abyssal qui me creuse les nerfs. On n'est pas ensemble, en réalité, mais d'un autre côté on est exclusif non ? Donc je me dis que j'ai un tout petit peu le droit de dire ça...

Je sais que je dépasse un peu de mon rôle, je ne suis pas le petit-ami d'Izuku et je ne devrais pas l'empêcher de prendre intérêt auprès de ce mec s'il le souhaite. Mais je n'ai clairement pas envie de me restreindre à ce niveau et je suis sûre que Katsuki serait d'accord avec moi.

Bah, de toute façon il ne le saura pas...

Normalement !

Quoiqu'il en soit l'odeur de la maison me ravive d'un souffle ! Ça fait un bien fou d'être de retour à la maison bordel ! Chacun de mes muscles semble hurler au repos, et je m'étale dans le canapé sans même avoir lâché mon sac ou le courrier que j'ai remonté. Je me laisse tomber, soupirant d'aise, alors que je sais que je vais devoir me relever d'ici peu, mais qu'importe, je profite !

Je jette un rapide coup d'œil aux lettres, grognant de devoir m'en occuper moi-même. Clairement c'est bien mieux quand c'est Katsuki qui trie tout ça ! Puis je m'intéresse au colis, voyant alors le nom de Kats' dessus.

C'est assez étrange, mais en réalité je me souviens surtout qu'il y a peu, il avait déjà reçu un truc comme ça. Il n'en avait pas fait grand cas, mais il avait laissé entendre que ce n'était pas normal que ça arrive à la maison. Je me fais peut-être des idées, mais dans tous les cas, quelque chose me met mal à l'aise ! Je regarde l'expéditeur, me confortant dans mon impression, car il n'y en a tout simplement pas...

Je sors alors mon téléphone, photographie la boite et l'envoie à Katsuki. Il y répondra quand il pourra ! Je soupèse le colis et c'est sincèrement léger. La boite a même l'air étrangement grande pour son contenant !

Heureusement, il ne met pas longtemps à répondre, je pense que j'ai bien fait de demander !

Je ne réponds pas plus, réellement énervé et même tracassé par ce léger éclat de colère qui virgule en moi. Je connais ce sentiment ! Je le sais très bien et je sais aussi qu'il n'est pas à sa place. Pourtant il est là et je ne peux pas l'ignorer, je le ressens bien, je suis jaloux.

Pourtant ça ne me ressemble pas franchement, j'aimais pas trop l'idée de savoir que Izu pouvait avoir d'autres partenaires, car j'aime le sentir totalement recouvert de nos phéromones ! Mais je n'imaginais pas que le « nos » pouvait prendre une autre direction, encore moins avec Katsuki... Mais j'avoue que... Juste là, si j'imagine Izuku avec ce Gareth par exemple, bah ça me fait chier ! Et si je le vois avec Katsuki... Ça me fait tout aussi chier...

Je le sens vrombir au fond de moi, j'ai juste envie qu'ils ne soient qu'à moi ! Que rien ne change OK, restons justes comme ça, ça me va superbement. Mais qu'ils ne se passent pas de moi.

Katsuki est pourtant mon meilleur ami !

— Oh bordel le crétin !

Il faut vraiment que j'arrête ça de suite, c'est complètement fou. Je vais simplement enfermer cette presque idée dans une boite et la jeter à la mer pour qu'elle ne me revienne plus jamais en tête !

Et au moment où la sonnerie de l'interphone retentit, c'est déjà fait ! Je planque juste à la hâte le paquet mystère de Kats', le cachant dans une armoire de la cuisine, au hasard. Je ne veux pas alerter Izuku avec un truc potentiellement chelou !

Je suis éclaté et j'ai du mal à réfléchir posément, j'ai juste envie de dormir, pas de penser à des trucs chiants. Ou bien penser à cet ami si particulier qui rebondit si bien sur mes cuisses !

— Salut beau roux !

Aaaah ! Juste entendre sa voix ça fait un bien fou ! J'ai juste envie de combler la distance entre nous et d'aller contre lui, et me faire câliner. Je suis trop crevé pour du sexe, j'espère qu'il ne m'en voudra pas, mais juste à le voir, un large sourire, un pack de bière et deux pizzas, je crois qu'il a compris !

— Tu as mérité une récompense ! Félicitations pour cette victoire ! Tu étais hyper sexy !

— Pourquoi tu parles au passé, je le suis plus ?

— Trésor, tu as des cernes dégueux, on pourrait y ouvrir une station de ski miniature !

— Merci pour le soutien, ça fait plaisir !

— Mais je te soutiens, regarde...

Il pose le repas sur la table et me montre le sac qu'il a apporté duquel il sort un truc dont je ne suis pas certain de l'utilité.

— Ceci mon cher, est une cassette vidéo ! Quand tu as parlé des films que tu aimais, j'ai fini par y repenser. Voici la collection personnelle de mon père !

Dans ses mains, il agite une boite ou je lis « L'homme des hautes pleines » et je rugis mon plaisir !

— Oh bordel, j'adore ce film ! C'est une pépite du genre ! Clint Eastwood est un de mes réalisateurs favoris !! Mais ton père ne t'a rien dit que tu as pris ça ?

— Mon père est mort, je doute qu'il puisse te réclamer quoique ce soit et ça traine dans le placard. Je me suis dit que ça ferait un bon cadeau de Noël en avance et surtout... Un moyen de te détendre ce soir !

— Oh je..

Je ne savais pas pour son père, mais l'élan serein de sa voix me fait penser qu'il ne veut pas aborder le sujet ou qu'il ne s'agit pas d'un sujet douloureux, cependant je ne sais pas comment réagir. Il pousse nos victuailles qu'il avait posées sur la table, et montre le contenu de son sac. Il a apporté le matériel qui va avec pour pouvoir lire les cassettes, et qu'il espère que tout fonctionne encore, affirmant que chez lui c'était le cas. Puis il relève la tête vers moi et se fige.

— Bah quoi ?

— Non, je suis désolé pour ton père !

— Mon père est mort depuis longtemps, je ne l'ai pas connu d'ailleurs, ma mère était enceinte. C'est elle qui a gardé tout ça toutes ces années. Au final quand elle aussi est morte, j'ai trié pour ranger, mais je n'ai rien jeté.

— Mais...

— Ce ne sont pas des cassettes qui me relient à mes parents. Et je crois... Bah ça me fait plaisir de te les offrir à toi ! Tu es... Tu es quand même un peu... Enfin tu n'es pas n'importe qui, tu vois ! Tu es particulier !

Il est terriblement mal à l'aise et je sais pourquoi ! Il marche constamment sur des œufs pour ne pas outrepasser des limites qu'il voit aussi énormes qu'une baleine sur un cure-dent ! Mais en cet instant il est aussi la chose la plus précieuse qui soit et je ne réfléchis absolument pas à la suite !

Je m'avance rapidement vers lui, faisant le tour de la table dans un silence presque dérangeant, mais qu'aucun de nous ne comble. Il me fixe dans les yeux, la bouche légèrement entrouverte, semblant presque incertain de ce que je vais faire et c'est un peu particulier ! Izuku est un homme qui ne manque pas de confiance en lui, alors le voir dans l'attente de ce que l'autre va faire sans contrôler les bords est un peu particulier. Je ne suis même pas sûr de quelle sera sa réaction, pourtant rien ne me vient à l'esprit ni ne m'arrête !

C'est même presque avec l'impression que j'ai mis une année complète pour traverser la pièce et le rejoindre ! Juste obsédée par cette idée, l'attirant contre moi pour plonger sur sa bouche.

Ce n'est pas une chose qu'on s'interdit ou qui n'est pas acceptée entre nous. On peut complètement se permettre de petites marques d'attention, comme un merci volé. Il m'a déjà dit bonjour de la sorte et même quand il m'amène au stade, j'aime l'embrasser pour le saluer ! On s'embrasse vraiment souvent à proprement parler, même si j'essaie de laisser Izuku gérer cet aspect sans en réclamer...

Celui-ci est pourtant terriblement particulier et je ne sais pas s'il le sent !

Habituellement, nos échanges sont animés par une espèce de jeu, de la souris qui s'amuse du chat, roulant des hanches en enflammant son regard ! Habituellement, il y a cette lyre somptueuse, ce chant de sirène qui se moque de ma volonté, me soumettant trop facilement à la sienne. Izuku est une souris impitoyable.

Ici c'est un merci exquis qui se pose sur ses lèvres, doux et empreint d'une touche de retrouvaille. Il y a aussi cette impatience, ce manque tranquille qui bouillonne à présent. C'est un instant où je respire alors que paradoxalement, il me coupe le souffle. Et Izuku n'est pas en reste ! Lui aussi s'éprend de cet instant, glissant ses bras autour de ma nuque alors qu'il fond contre moi. Il me semble presque fragile, plongé dans mes bras, comme pour se servir de mon corps pour le protéger.

C'est une rencontre unique, une bulle de nous et juste de nous. Il n'y a personne pour se complaire de notre échange secret, laissant notre baiser nous rendre complètement ivre. Le monde tangue autour de nous, devenant presque flou, car il n'y a que nous qui comptons. Toutes les sensations sont époustouflantes, transportées par nos phéromones déboussolées complètement liées. Les siennes ou les miennes, il est impossible de distinguer la frontière entre elles tant elles dansent sur le même fil de pêche...

Je comprends tout de lui, me filant presque l'impression de le voir plus nu que jamais ! Si férocement ancrée en moi, chacune de ses pensées me semble diablement accessible, les apercevant presque flotter au creux de mes oreilles. Si une question me vient à l'esprit, c'est son odeur qui y répond d'une certaine façon... Et je sais que c'est exactement la même chose pour lui, que même à travers ses yeux clos, ou sa langue sur la mienne, il me voit fatalement.

Ça devient vraiment difficile de faire semblant... Mais je continue malgré tout, dans cet instant perdu, me laissant simplement m'adorer de lui sans réfléchir à tout...

Je sais que je ne devrais pas, que cette dangereuse frontière est franchie. Mon instinct devient de plus en plus difficile à contrôler, mortellement blessé de devoir juste se la fermer. L'Alpha en moi devient complètement fou, aussi dingue qu'un animal en cage qui se graille la patte faute de pouvoir vivre en paix. Izuku est dans mes bras, et je souhaite simplement qu'il y reste, je voudrais faire perdurer ce court moment toute notre vie. La bête en moi s'ébroue atrocement, la bave aux lèvres. Une idée pour laquelle il se battrait sans relâche, lui explosant le crâne. Une unique pensée, celle où il peut le réclamer à ses côtés.

Jusqu'ici, Alpha ne signifiait pas grand-chose à mes yeux. Fonder une famille n'était pas spécialement dans mes projets, en réalité c'était une chose que je repoussais. Un peu comme un gosse qui refuse de grandir, j'avais juste le temps pour y penser ! Je voyais à peine ce qui pouvait me différencier des Bêtas, pas loin de me dire qu'au bout d'un moment, il n'y aurait même plus cette appellation bien trop vieillotte. Cette stupide histoire de phéromones était bien trop étrange, au mieux je n'avais senti que des odeurs et je reconnaissais mieux les autres Alpha ou Oméga ! Ça s'arrêtait là...

Ça ne pouvait pas être plus !

Puis je l'ai rencontré. Lui et cette fragrance ne ressemblaient déjà pas à celle des autres. Elle était tout simplement plus forte et envoûtante ! Izuku est exactement comme ça, c'est ce qui le définit parfaitement ! Et à force de la LIRE, elle s'est révélée en bien des mots... J'aime traduire tout cela, comprendre les moments où il se perd quand on s'envoie en l'air à l'air acidulé qu'il libère lorsque les choses ne lui plaisent pas... Des moments sans importance qu'il me laisse deviner de lui qui est pourtant inaccessible ! Juste là, il m'ouvre beaucoup plus que ça, ronronnant de cet instant si fort sans fuir cette transe tout en me livrant ses secrets. C'est loin d'être banal de juste mentionner sa famille, et je dessine bien mieux les contours de ses réactions !

Izu semble continuellement intrigué lorsque je parle de mes frères et sœurs, parce qu'il n'en a pas ! Il sourit d'un air étrangement intéressé quand on raconte à quel point nos mères sont amies, et qu'elles ont la fâcheuse manie de se retrouver une fois par mois pour picoler comme des ivrognes. Chacun des tics que j'ai ramenés de ma maison d'enfance, il s'en intéresse, riant souvent de comprendre l'origine, le regard frétillant d'une lueur curieuse formidable. Il connaît des moments de partages, cela se voit, sa mère et lui étaient proches. Il l'a d'ailleurs déjà dit, partageant cette même passion pour la danse. Mais ils n'ont jamais été plus de deux, et même ainsi, des barrières existaient.

Sa définition de "famille" est différente de la mienne. Il a aimé sa mère et elle l'a adoré, mais il restait des murs immenses entre eux qui ont fait beaucoup d'ombres, le rendant parfois malheureux... Et quand sa gorge vibre de bien-être quand il se coule contre moi, juste parce qu'il est bien, il me le fait savoir. Il pousse un peu les frontières parce que c'est moi ! Il entrouvre une porte, se laissant guider lui aussi par son instinct tandis qu'il glisse son doigt sur ma glande, palpant simplement comme pour se calquer sur mes phéromones. Même lorsque l'on finit par s'ébattre du bout du nez, la jungle étouffante me fixe dans ses iris, m'appâtant impitoyablement alors qu'il me reconnaît comme Alpha.

Son Alpha.

Et ce n'est strictement pas anodin ! Il est un homme trop fier pour abattre cette carte-là, il ne se montrerait pas de la sorte sans raison, lui qui rêve de vivre sa vie sans attache ! Il se laisse porter, tremblant de finalement se faire attraper, et il est certain que je dois y aller doucement. Alors mes phéromones se réchauffent, douces et accueillantes, soufflant un « Izuku » attentif et patient, plutôt qu'un simple "Oméga" dominant !

— Merci pour ce cadeau, je suis vraiment très touché. J'en prendrai vraiment soin !

Il sourit paisiblement, semblant juste heureux d'avoir pu faire cela. Il pousse une dernière fois sur ses jambes pour poser un léger baiser sur ma bouche, saluant une dernière fois ma glande, de son pouce cette fois, avant de s'éloigner.

Il a ensuite tout installé, lançant la première « cassette » en tentant de m'expliquer à peu près comment ça fonctionne sans que rien n'entre dans le circuit de ma compréhension. Mais il a fini par soupirer en riant légèrement, disant que j'étais sans doute trop fatigué. Je suis quasiment certain que je n'aurais rien compris même bien éveillé !

Le film a commencé et nous avons mangé devant, m'écoutant parfois commenter sur des scènes que je trouvais intéressantes. Il a fini par sortir un dictionnaire, du moins son roman en fait la taille, qu'il a appelé « excellente distraction » et c'était juste la plus parfaite des soirées !

Ses doigts s'entortillent parfois dans mes cheveux alors qu'il dévore son livre. Il ne détache ses phalanges que pour tourner une page, puis revient à ce léger massage... Moi j'ai fini par lancer un deuxième film. A contrario de ne pas comprendre comment ça fonctionne, je sais comment le faire fonctionner ce qui est le plus important sans doute. Et juste là, dans mon salon, la tête sur sa cuisse, sans un mot. Juste nous.

Je sais que ça aurait été parfait sur Katsuki avait été là, je pense que c'est réellement ainsi que cette soirée ne pourrait rien proposer de mieux !

— Izu... Je veux pas être seul ce soir, tu veux pas dormir avec moi ?

Ses gestes sur ma tête s'arrêtent un instant, et je sais qu'il réfléchit vraiment. J'ai toujours eu la certitude que cela pouvait sembler « peu » ! Malgré tout, Izuku n'aime pas avoir l'impression de trop tisser, je suis certain qu'aller trop loin est tout aussi synonyme de mettre en péril ce qu'il chérit ici. Il continue de ne pas vouloir s'engager ou parler de relation, il souhaite juste s'amuser sans penser aux conséquences...

Moi je veux juste me rassasier de lui !

Ses phéromones sont acides, il tergiverse comme il le fait à chaque fois, alors j'y noue les miennes veillant à juste le rassurer sans le forcer.

— J'ai le cafard tout seul...

— Mais tu dois dormir Eijiro, tu as l'air vraiment fatigué !

— Justement, tu pourras veiller sur moi comme ça !

— Irrécupérable ! Bon très bien...

— La chambre d'ami n'est pas près du coup, ça te dérange de dormir dans mon lit ?

— Non, ça me va.

— Super alors !

Et dès que le générique du film se lance, il ne laisse pas le choix, m'assurant que je ferais fuir Dracula en personne, et on s'est tout simplement couché dans mon lit. Il s'est naturellement blotti contre moi, me laissant loger mon nez au creux de son cou, humant son odeur. Et au bout d'un moment, il se laisse finalement aller, relâchant des phéromones de bien-être.

Ses cheveux me chatouillent le visage, amenant cette fragrance de menthe qui semble le suivre partout. Puis le souffle doux et réconfortant de sa respiration apaisée devient une berceuse et je m'endors juste là-dessus...

Le lendemain il n'y a plus rien de tout ça ! Et mes doigts peuvent vaguement tâter à côté de moi, c'est bel et bien froid !

— Zu...

J'aurais presque l'impression d'être aveuglé par un soleil pétant, mais l'hiver offre cette merveilleuse couverture nuageuse qui protège mes petits yeux. Pourtant j'ai tout de même l'impression d'être absolument ébloui ! Les rideaux n'ont pas été tirés hier, il faisait déjà largement sombre quand nous sommes partis nous coucher et je n'y ai pas pensé ! Chose que je regrette à présent, me rappelant presque douloureusement que ma chambre donne du côté du soleil justement...

— C'est ce que j'avais dit ! C'est rempli de beau gosse là-bas !

J'ouvre malgré tout un œil pour trouver mon oméga debout devant l'un des murs de ma chambre parsemé de photo. Il est nu, comme la moitié du temps de toute façon, et passe d'une photographie à l'autre, marmonnant parfois.

— Ah Hanta et Mina aussi sont magnifiques ! Mais bordel c'est décidé, je vais y déménager !

— Tu ne bouges pas de là !

À la manière du plus élégant mollusque qui soit, je me traîne de mon lit jusqu'à lui, enroulant finalement mes bras autour de sa taille.

— Tu as vu, les plus intéressants sont venus d'eux-mêmes jusqu'à toi ! Même pas besoin de te déplacer...

— Oh je ne sais pas, ce sont les mêmes joueurs de ton équipe ? Parce que le numéro 11 est du rang de monstre de la séduction même sur papier glacé !

— Tamaki : marié !

— Mmmh... et le numéro 5 ?

— Monome ? Tu plaisantes tu le détesterais !

— Bah, si c'est pour une heure ou deux de bon temps...

Il sait pertinemment que cette conversation m'emmerde sérieusement. Je déteste au plus haut point qu'il parle d'autres hommes ou femmes. Je sais qu'Izuku est libre, et que je n'ai strictement rien à en dire, et juste là, ça me brûle complètement la langue de devoir me la fermer.

— Je reconnais aussi Hanta... Il est aussi très mignon !

Bon, vraiment, ma vessie est bien plus importante que de poursuivre cette conversation de merde ! Je grogne, clairement mécontent, et je relâche mes bras autour de sa taille, prêts à me redresser pour filer droit aux toilettes. Mais il me force à me recoucher dans mon lit, se couchant sur moi alors qu'il tient encore le cadre de la photo.

— Mais tu as raison, y'a que le numéro 3 et de ce que je vois, le 10 qui sont vraiment intéressant...

Le « dix » est Katsuki lorsqu'il jouait dans l'équipe du lycée, et j'ai toujours porté le numéro 3, c'est même presque une exigence de ma part... Je ne dis rien cependant, parce que je ne suis pas certain de ce que je peux espérer de cette phrase et ce n'est sans doute pas grand-chose pour lui.

Je ne dois pas avoir de sentiments pour lui.

Pour eux...

Et nos phéromones s'éloge ensemble une fois de plus. Je sais que les miennes ne lui cachent pas réellement mon intérêt bien trop poussé, mais il n'en dit jamais rien malgré ses craintes. Je ne sais pas s'il n'a juste pas compris les choses, ou s'il préfère les ignorer et jouer le jeu...

Ce n'est pas comme ci j'étais fou amoureux de lui ! C'est surtout qu'il m'intéresse clairement ! J'envisage réellement une relation avec cet homme sans vraiment y réfléchir !

Parce que de base, tout est bizarre entre nous ! Rien que la présence de mon meilleur ami rend cette perspective complètement délirante ! Je n'ai jamais rien vu d'autre en Katsuki qu'un pote loyal et franc. M'envoyer en l'air avec Izuku est une chose, mais je sais que la présence de Kats' rend nos ébats puissants. Mes phéromones s'allongent diablement avec celle de Katsuki, pouvant alors, grâce à la présence de l'Oméga, répondre et comprendre aussi ce que dégage mon ami...

Izu me comprend aussi bien qu'il ne comprend Kats', comme un parfait équilibre. Par la force des choses le lien qui se tisse entre lui et moi me permet de me rapprocher de cette façon avec l'autre Alpha et je n'aurais pas cru cela possible. Je sais qu'il la sentit lui aussi ! Je le sens aussi bien que ceux de Izu, qu'importe combien je tente de l'ignorer... C'est pareil pour lui, j'en suis sûre.

Je ne suis pas amoureux de Kats' non plus, mais j'aime ce que nous partageons !

— Eijiro ?

Nos regards vrillent finalement ensemble, écumant les vagues pendants qu'il me surplombe. Il tient encore la photo, mais n'y prête plus d'attention, laissant le cadre abandonné sur sa cuisse. Sa main s'abroge des limites, voyageant sur mon ventre. Et son regard se teinte de cette fabuleuse lueur viridien, passant par un nombre de verts incroyable, tous sertis dans ces iris.

Et puis tout s'enchaîne une fois de plus, alors qu'il me retient sous lui tandis qu'il s'assoit sur moi, venant cueillir mes lèvres dans une passion dévorante qui vise terriblement à me rassurer.

Le cadre est oublié plus loin et s'éclate même sur le sol pendant notre ébat. Aucun de nous n'y a prêté d'attention et il n'y a aucune raison pour qu'on y jette un œil. À la fin, l'oméga rassasié a finalement ramassé le verre cassé et a commencé à poser plein de questions sur le "nous" lycéens...

C'est juste sur cette note qu'on a fini par passer la journée ! Parce qu'il est resté avec moi, profitant de son jour de congé dans mes bras ! Il s'est intéressé à mon sport, finissant même par dessiner un plan sur une feuille, alors qu'on parlait stratégie...

Le soir il insiste pour manger « sain », et surtout léger. Car même si on a passé une partie de notre temps libre au lit à transpirer, selon lui ce n'est pas assez d'exercice ! J'accepte donc honteusement de me priver de viande, et me contente d'un plat de salade et de tomate...

— Demain je vais à la salle, et le soir je travaille.

— Mmh, je reprends que lundi moi

— Au stade ?

— Ouaip

— Je t'emmène

— Ouais, ce serait cool.

— Pas de soucis, demande à Hanta s'il souhaite que je passe le prendre aussi.

— Ouaip

J'ai terriblement l'impression de vivre avec lui en cet instant, exaltée par ce sentiment de prévoir si simplement de petits bouts de notre quotidien. Si naturellement bon, pour rien au monde je ne souhaiterais que ce sentiment disparaisse... Et je crains quand il s'envolera pourtant.

La soirée semble prendre la même direction que la veille, et Katsuki appelle Izuku, annonçant qu'il rentre en début de semaine. C'est donc le plus simplement du monde qu'on a fini par activer les caméras chacun de notre côté pour donner l'illusion d'être ensemble, complets.

Katsuki s'est couché tôt, nous saluant très simplement. Et on a pas tardé à faire pareil, rejoignant mon lit comme ci tout était normal. Je n'ai rien demandé cette fois, il est juste resté le plus naturellement du monde. Alors on s'est couché et il s'est blotti contre moi, comme la veille, me berçant dans cette sensation abrutissante de bonheur. Quand les choses se déroulent de la sorte, il est difficile de me dire que cette histoire n'a pas une chance d'exister...

C'était simplement la roue du bonheur pour moi.

Et tout éclate si facilement pourtant dès le lendemain matin.

— Tu ne trouves pas qu'il avait l'air fatigué ?

— Ouais, je trouve aussi. Ça fait un moment qu'il est parti, il doit avoir tiré.

— Mmmh... Ça te dérange si on prend la matinée pour ranger ?

Ma bulle a explosé en commençant par cette simple conversation ! Katsuki est sur un tournage éprouvant et ça se voit à sa mine de déterré qu'on aperçut la veille à travers l'écran de la caméra. Et le connaissant, Izu a raison, il va rentrer pour marmonner que je ne sais pas tenir un intérieur et tout ranger de lui-même, et cela, même s'il est sur le point de s'évanouir.

Alors évidemment j'ai dit oui ! On a passé deux bonnes heures à nettoyer, m'attelant alors à faire les poussières sur les étagères du salon, que j'estime pourtant niquel, alors qu'il s'occupait plus consciencieusement de la cuisine. C'est vrai que je ne faisais pas ce genre de truc, je passais l'aspirateur et ramassais les oreillers du canapé s'ils étaient tombés, mais pas plus. Izuku semble avoir une définition du mot "propre" qui ressemble plus à celle de Kats' que la mienne, car il trouve vraiment des trucs à faire alors que la vaisselle est pourtant faite... Même la poubelle est vidée !

Mais je l'ai écouté et j'ai fait ce qu'il me demandait, ayant déjà nettoyé la salle de bain et les w.c. tandis qu'il faisait les vitres de l'immense baie vitrée du salon. On terminait tout simplement quand il m'a appelé.

— J'ai trouvé ça sous le placard, à côté de la poubelle. J'en fais quoi ? C'est a jeté ou... ?

— Oh... Non attends laisse moi m'occuper de ça ! Je l'ai oublié là

— Oublié ? Tu ne voulais pas la jeter ?

— Non... enfin ce n'est pas à moi de la jeter, je pense, bref t'occupes pas de ça, je gère.

Il m'a tendu la boite, le regard terriblement neutre et je voyais bien que ce n'était pas fini. Izuku est terriblement intelligent...

— C'est à Katchan non ? ... La dernière fois aussi il a reçu un colis comme ça...

— Mmmh... Ouais on peut dire ça ! Écoute laisses nous gérer ça, c'est notre problème.

Et voilà ma plus grande erreur ! Je sais pertinemment ce qu'il a interprété et l'horrible façon dont les pièces se sont calées ensemble dans sa tête. Il ne peut d'ailleurs pas en être autrement...

J'ai peur de sa réaction, car je ne sais pas trop ce qu'il pourrait penser de tout ça ! Moi je n'ai jamais fait face à ce genre de conneries, on reçoit aussi nos lettres, mais tout comme Kats', ce sont nos agences qui gèrent, et on vient à peine de monter en grade avec l'équipe. Mais je sais ce qu'on nous en dit et c'est toujours inquiétant. On peut toujours attirer l'attention d'un fou et être sur le devant de la scène comme nous augmente plus cette probabilité !

Les fous sont capables de tout et celui-là semble vouloir le payer pour l'épouser ?! À aucun moment je ne veux qu'Izuku soit mêlé à un truc glauque comme ça...

— Je vois ! Je vais te laisser alors !

— Nan attendu Izu, tu m'as mal compris.

— Oh non, je suis certain d'avoir bien entendu !

— Non je t'assure, laisse-moi t'expliquer.

Son air affreusement neutre me trouble complètement, ne me laissant aucune façon de deviner ce qu'il se passe dans sa tête. Même ses phéromones me chassent complètement, rejetant presque tout Alpha que je suis.

— Hé bien j'écoute

— C'est compliqué d'accord, je ne préfère pas t'en parler...

— Tu ne me fais pas confiance ?

— Si bien sûr que si, c'est juste que... Je veux... raaah je peux pas !

— Très bien, tu as fait ton choix, si tu changes d'avis tu sais où me trouver ! À plus tard Kirishima !

Le silence qui suit son départ me bouffe complètement et je fixe la porte comme si elle allait se réouvrir sur lui. Mais évidemment, il ne l'a pas fait, me laissant avec le son de la porte qui claque derrière lui résonner en boucle dans mes oreilles comme une claque qu'il m'aurait donné.

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