See You Soon

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6097 mots

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Même le vent est chaud ce jour-là. L'air filtre doucement par la fenêtre grande ouverte, se glissant aussi subtilement qu'un bruissement torride, aussi clair qu'une caresse sur la peau peu couverte, et s'impose avec reconnaissance sur les deux êtres qui occupe la pièce.

C'est grâce à elle qu'Izuku se rend compte qu'il a froid, frissonnant à son contact alors qu'il essaie de prendre une grande bouffée d'air, retenant autant qu'il le peut, cette énorme pierre qui s'impose au fond de sa gorge. Il n'a pas remarqué qu'il retenait sa respiration, c'est même horriblement la quatrième fois qu'il se reprend à se priver d'air, se fustigeant d'être un imbécile incapable de respirer, avant de replonger dans son enfer et de s'y perdre fatalement...

Le nuage passe, laissant de nouveau les rayons du soleil s'inviter, lui aussi, dans l'espace, réchauffant tout le monde bien plus facilement qu'une rafale caniculaire, même si cela semble impossible. Car l'homme assis sur son canapé tremble, passant sa main fatiguée sur son visage alors que la deuxième vient se perdre sur le pelage crème de son meilleur ami. Son seul ami !

Son plus vieil acolyte...

Katchan est un labrador qu'il a depuis dix-sept longues années, et le chien l'a accompagné depuis si longtemps. Ils sont terriblement inséparables depuis tout ce temps, si bien que quand le jeune homme a grandi, voulant prendre son indépendance, c'est presque naturellement que l'animal était dans ses cartons.

Nulle part sans Katchan, c'était un fait ! Quelque chose d'absolument impensable...

Mais Katchan a dix-sept ans justement, et le vétérinaire a été sans appel. Non, il n'est pas malade, et non, il n'a besoin de rien. Il doit juste se reposer et vivre ses vieux jours aux calmes auprès de ceux qu'il aime. Voilà ce dont il a besoin. Mais c'est ainsi que se déroule la vie du canidé, tous les jours Izuku est à ses côtés ! Mais le docteur a insisté...

"C'est pour très bientôt... Soyez auprès de lui..."

Ce n'est qu'en entendant ses mots que l'homme a finalement compris. Son meilleur pote allait partir. Il le savait, ce jour arriverait, c'était un fait, et il s'y est toujours préparé. Alors au début l'adulte a simplement soupiré en caressant la tête de l'animal, lui souriant d'un air chaleureux en lui disant que tout irait bien et qu'il serait avec lui.

Il le pensait évidemment, jamais il ne laisserait Katchan seul, surtout pour ces derniers instants ! Mais peu à peu, son chien s'est épuisé... Si au départ, le maître s'est surtout inquiété de le trouver moins vivace, il restait tout de même plein de vie ! Ils avaient clairement leurs petites habitudes, et Katchan répondait à l'appel. Mais tout ceci s'est très vite arrêté...

Katchan n'arrivait plus de rien, peinant terriblement pour se relever sur ses pattes. Gratter à la porte pour sortir faire ses besoins devenait tout aussi compliqué, tout comme parfois tout simplement se rendre jusqu'à la gamelle pour boire une lampée d'eau. Il ne venait plus l'accueillir le soir, ou du moins, l'animal se levait péniblement, arrivant lourdement vers lui sans jamais plus parvenir jusqu'à l'entrée... Katchan n'y arrive plus et Izuku l'a vu...

Mais terriblement ce matin, il a très vite appelé le travail pour prévenir de son absence, le ventre serré et le coeur lourd d'une certitude effroyable.

C'est pour aujourd'hui...

Il l'a deviné tout de suite en se levant, juste en posant un regard sur son ami. Il a lu la fatigue dans ses yeux et il a su. Katchan ne pouvait même plus se lever, restant juste allongé sur son plaid juste à côté du lit de son maître. Il a à peine ouvert la gueule, presque pour confirmer, le regard vitreux, mais pourtant toujours aussi chaleureux.

Parce qu'il était impensable d'estimer que l'animal n'éprouve pas un profond attachement pour son humain. Lui aussi n'a connu que lui dans sa vie et c'est bel et bien avec Izuku qu'il a tout vécu ! C'est même sans doute pour cette affreuse raison qu'il peine à lâcher prise, souhaitant forcer de toutes ses dernières forces parce qu'il ne faut pas laisser Izuku ! Le chien le sait, son maître sera seul sans lui, alors il ne peut pas ! Pourtant, malgré ses efforts, son corps s'est permis de lui faire comprendre qu'il n'y arriverait pas...

- Alors mon vieux, ça y est tu n'y arrives plus ?

Et son maître à raison, il n'y arrive vraiment plus... Il a essayé avec tout son coeur, mais ça n'a servis à rien, petit à petit, tout a lâché, et ses pattes n'arrivent plus qu'à le trainer ! Il n'y a plus rien à faire, c'est sin instinct qui lui siffle doucement cette lyre au creux des tympans et il n'a pas peur. Il a toujours compris que la vie était bordée par la mort et que tout le monde y passerait, lui n'y couperait pas ! La seule idée qui lui a brouillé son crâne poilu, c'est son humain...

Il ne faut pas ! S'il part, s'il suit le fil de la vie, se laissant emporter par la mort, qu'adviendra-t-il de son humain ? Izuku est seul, Katchan l'a bien trop souvent vu pleuré, perdu dans une tornade effrayante ou il n'avait clairement pas pied ! Il était incapable d'exprimer ce qui s'est caché au fond de son coeur, bredouillant en suppliant le chien de ne jamais jamais l'abandonner. Oui, Katchan se souvient de cette promesse-là, il l'a faite il y a longtemps, c'est vrai. Il est vrai aussi que son maître a beaucoup grandi depuis. Mais ce diable putride et terrifiant qui s'est effondré au fond des yeux du petit homme devenu grand reviendra-t-il s'il part ? Attend-il justement un moment de faiblesse de la part de l'homme pour revenir en force, capturant enfin Izuku pour le faire tomber dans une crevasse dont il ne remonterait pas ?

- Je t'aime mon gros, tu sais ? T'es absolument le meilleur de tout ! Merci d'avoir été là... Katchan merci pour tout...

Il geint, il le sait, c'est même sans doute pitoyable. Mais il ne peut faire que ça. Parce qu'il sent encore son coeur palpiter dans sa poitrine, complètement affolé à l'idée de ce "aprés" qui arrivera sans conteste. Il ne peut faire que cela, vibrant, une dernière fois, ses cordes vocales pour tenter d'aboyer son pardon. Parce que même s'il sait que son maître ne lui en veut pas, il aurait sincèrement voulu poursuivre ses aventures à ses côtés ! Il aurait voulu vivre toute la vie de son humain à ses côtés, sans jamais disparaitre, juste pour tenir cette belle promesse. Il l'aurait souhaité sans doute un millier de fois en scrutant les étoiles, espérant que quelqu'un entende sa prière ! Mais il clame miséricorde, conscient qu'il n'y a plus que cela, laissant son maître lui caresser le crâne comme s'il acceptait ses piètres excuses.

Oui, il aime fort son maître ! Aussi fort que l'homme aime son animal ! Car même si l'humain a aujourd'hui vingt-huit ans et qu'il se sent adulte et responsable, voir son vieil ami devenir si faible brisait peu à peu sa coquille, ramenant comme un coup de poing en plein visage, tout ce que le chien était capable de faire à l'origine ! Tout ce qu'ils ont appris ensemble, vivant des aventures incroyables !

En réalité, le chien et lui étaient frères !

Après tout, ils avaient tout vécu ensemble comme tel ! Plus jeune, le canidé était une force brute de la nature, rendant fous ses parents de tempérer ce nouvel enfant turbulent !

Là, il était obligé de le prendre dans ses bras pour descendre les escaliers...

Le chien n'a pas bougé, il s'est laissé faire léchant doucement le bras de son maitre comme un remerciement. Depuis lors, ils se sont installés dans le canapé, et l'animal a juste posé sa tête sur sa cuisse sans plus bouger, comme ci cette position lui convenait parfaitement pour finir proprement son chemin.

Dès lors, l'homme regarde son ventre se lever à chaque respiration, crispé au possible de ne plus voir ce mouvement si rassurant ! Il y pose parfois sa main, galvanisé par ce rythme sincèrement magnifique qu'il sent encore sous ses doigts. Le soleil chaud vient veiller sur eux, les aidant a passé ce moment, et il est vrai qu'au moins, Izuku se sentait un peu moins seul...

Le rayon était bouillant sur sa peau, chauffant aussi le pelage doré de Katchan, lui donnant presque l'impression de scintiller de mille feux. Son chien est radieux, tout simplement, le plus bel animal qu'il puisse voir. C'est son meilleur tout, simplement...

Et il ne peut pas le perdre...

- Tu te souviens ? Quand on jouait dans le bois derrière la cité ? De notre cabane secrète faite dans un tronc vide ? Je voulais en faire une dans un arbre, mais tu ne sais pas grimper hein !

Il s'apaise de remonter sa main près de sa tête, lui grattant l'oreille, le coeur explosant en un millier de morceaux, car de toute façon, c'est trop... Les souvenirs affluent à une vitesse fulgurante et il se revoit gosse, courant dans le bois avec son chien sur les talons.

Izuku était un gamin solitaire, ayant terriblement du mal à se lier avec les autres. Pourtant il n'avait jamais ressenti de manque ou juste le fait d'être seul. Katchan était toujours là ! Quoi qu'il dise ou fasse, son chien l'avait accompagné dans toutes ses guerres ! Avec Katchan, il avait affronté toutes les sentinelles de la vie ! De ses premiers émois amoureux avec sa première et seule petite amie, au divorce de ses parents puis mêmes leurs décès. C'est en discutant sérieusement avec lui qu'il avait pris la décision de devenir professeur des écoles, enseignant aujourd'hui dans une petite école de la ville à sa classe de CE2.

Sans doute que personne ne peut si bien comprendre le jeune homme qu'il est, mais Katchan peut se vanter de tout connaitre de lui ! C'est à lui seul qu'il n'a jamais rien caché !

- J'aimais aller me balader avec toi les soirs d'été où il fait trop chaud le jour. Mais la nuit c'est réconfortant ! J'adore quand on va au parc le soir d'ailleurs... J'adore aussi voir le boulanger te garder un croissant ou le boucher chez qui je ne vais même pas, te filer un os à moelle ! J'aime t'entendre ronfler la nuit, j'aime t'entendre dégringoler les escaliers, car tu n'es pas foutu d'y parvenir même après des années... j'aime ma vie avec toi Katchan...

Il sait très bien que les larmes coulent à flots, car il ne voit rien d'autre à présent que le reflet du soleil sur le poil de son chien, et honnêtement il n'a pas envie de s'en préoccuper. Il compte les secondes entre chaque souffle, et quoi qu'il en dise, tout est toujours plus long. Mais depuis qu'il s'est mis à parler, il a l'impression qu'il se sent mieux...

Alors il poursuit, la voix cassé, tentant pourtant si fort de rester cohérent et de ne pas se laisser emporter par le sol qui, juste la sous ses pieds, va juste s'ouvrir en deux pour l'engloutir...

C'est indéniable que cela arrive, d'une façon très brutale et très prochainement. Lui aussi regarde la mort lui tomber dessus, car il n'y a rien après son frère ! Ce n'est sans doute qu'un animal de compagnie pour tout le monde, mais pour lui, c'est Katchan ! Et c'est, d'une force incroyable, terriblement vibrant, totalement de celle dont on ne survit pas l'absence...

Alors il remonte le temps, les souvenirs brillant dans un coin de sa tête ! D'abord l'un, puis l'autre, et sa main reste plaquée devant la gueule de son ami, juste parce que l'humidité de son souffle régulier le rassure si fort !

- La fois où on est parti se promener jusqu'à la Chapelle ! Il s'est mis à pleuvoir donc on a cherché à rentrer à travers champs pour aller plus vite, et je suis tombé dans une trombe d'eau. Heureusement tu m'as repêché...

Il le voyait encore si fort ! Il devait avoir une douzaine d'années quand c'est arrivé ! Et il se souvient que sa mère avait hurlé pendant de longues minutes sans lui laisser placé une. Elle avait même été fâchée de voir son tee-shirt déchiré parce que Katchan avait tiré trop fort...

- Et une fois, Maman nous avait préparé un goûter, mais on a été trop loin. Alors on s'est perdu dans le bois, et on a fini par tomber sur un camp, où quelque chose comme ça. Franchement je ne sais pas ce que c'était ! Mais je pensais vraiment qu'on allait finir par passer la nuit là ! J'étais mort de trouille, tu sais. Mais tu étais là... Dès que je me suis mis à pleurer, tu as compris ! Et tu m'as trainé à travers les feuilles et BOUM on est arrivé derrière le jardin de la maison, je n'y croyais pas...

C'était même ainsi qu'ils avaient trouvé leurs campements ! Il avait tout retapé sur ce tronc, justement pour que son chien puisse lui aussi avoir un accès à son fort ! Il aurait même aimé y passer une nuit finalement, mais jamais sa mère ne l'aurait laissé, même s'il n'était qu'à dix minutes de la maison et qu'elle pouvait apercevoir les lueurs des lampes depuis la fenêtre de sa chambre.

Mais quoiqu'il en soit, il avait abandonné son château pour ce fort-là, bien plus confortable pour son animal ! L'autre étant de toute façon trop haute pour lui ! Mais il avait tout autant adoré le construire, il ne pouvait pas le nier !

Alors il sourit un peu, reniflant en passant la main sur tout le dos de son chien, lui montrant dans un geste de réconfort qu'il était juste là à ses côtés. Il était juste emporté par toutes "ces fois là" remontant si loin dans les souvenirs ! Il ne réfléchissait plus, partageant le plus simplement du monde de tout ce dont il se souvenait avec lui, une dernière fois...

- Quand on grimpait pour monter dans notre château secret, j'avais toujours une trouille bleue de tomber ! Je détestais grimper là-haut, mais toi, tu étais toujours là pour m'aider ! Tu faisais attention de grimper derrière moi et si tu étais déjà en haut tu me tendais la main en souriant pour me rassurer.

Il se souvient si fort d'ailleurs de cette mimique adorable qui avait toujours eu l'art de faire battre son coeur, lui chauffant même doucement les joues de petit garçon qu'il était a l'époque. Il n'a pas réellement conscience que les souvenirs se bousculent bien trop, arpentant à présent une époque bien trop lointaine où Katchan ne courait pas encore à ses côtés ! À une époque où l'animal ne faisait pas encore partie de sa vie, mais qui explique pourquoi il est arrivé par la suite...mais pour l'instant, il n'a pas encore vu ! Il tente juste d'aider son pote alors qu'il ramène à la surface une multitude de couleurs et de sensations qu'il pensait avoir oubliée ou presque ! Il repense à tout cela, nostalgique et brulé par la force de tout, revoyant dans sa tête tout ces moments où il y avait ce "quelqu'un d'autre"

- On a fait tellement de plans là-haut, c'est là aussi que tu m'as montré comment me défendre contre Shigaraki, le grand de CM2. On devait avoir huit ans non ?

Il passe une main sur son visage, comme pour s'aider à se souvenir en fuyant ce douloureux moment, même s'il était impossible de ne pas être présent pour lui maintenant. Sa paume emporte une rivière de larmes, sitôt remplacée par d'autres de toute façon, mais il ne fait définitivement plus attention à cela. Tous les souvenirs de gosse se mélangent sans qu'il n'en ait conscience, remontant à bien plus loin !

- Heureusement que nos mères nous laissaient toujours dormir l'un chez l'autre ! J'avais vraiment du mal les week-ends ou l'une d'elles disait non... Même quand je faisais des cauchemars, tu ne te moquais jamais de moi ! Tu me tenais par la main et tu me rassurais comme tu pouvais...

C'est presque comme s'il sentait encore ces petits doigts emmêlés aux siens, accroché si fort que les sentiments qui bourdonnent en écho dans son coeur tambourinent dangereusement. Il revoit terriblement cet ami si précieux qu'il a déjà perdu. Cela fait tellement longtemps qu'il n'a plus pensé à lui et à présent qu'il tente d'accepter le départ de Katchan, il se souvient alors de tout cela. Brutalement d'ailleurs !

Étrange, car il n'a pas l'impression d'avoir oublié ! Comme-ci tout ceci était juste là, dans une boite placée en évidence, mais qui attend juste d'être ouverte. Des souvenirs de cette époque où il courait partout derrière son meilleur ami qu'il connaissait depuis le jardin d'enfants.

"Katsuki ! "

C'était lui qu'il appelait Katchan...

- Oh merde...

Il est surpris par tout ça, c'est totalement fort et trop ! Fatal en cet instant. Katchan est dans ses bras, soupirant ses derniers moments, et il se souvient à présent pourquoi ses parents lui ont offert l'animal.

- Katsuki est tombé malade et en quelques semaines il a disparu. Je me souviens maintenant... J'ai perdu Katsuki et comme je n'arrivais à rien, mon père s'est inquiété et a essayé de m'aider. Il voulait que je me trouve un nouvel ami !

Il se résume les choses à haute voix, leur donnant vie à présent qu'il les a clairement énoncés. C'est assez spécial, il a réellement l'impression de toujours avoir pensé à cela, de n'avoir jamais oublié toute cette époque, mais pourtant il n'en menait plus du tout la mesure. Les sentiments qui sont collés avec, eux, lui étaient complètement inaccessibles, enfermés tout au fond de cette boite qu'il ne voulait pas vraiment ouvrir. En tout cas, pas jusqu'à maintenant ! Katchan l'a protégé !

Il se penche, embrassant la tête de l'animal, conscient du rôle incroyable qu'il a joué pour lui. Mais bien qu'il soit conscient de ça, même s'il continue d'apaiser son chien, son regard est perdu dans le vague, inquiet de voir ces souvenirs revenir à la vie en cet instant si durs.

Parce qu'il ne gère plus rien, toutes ces images et ses odeurs le taclent brutalement, abrutissant complètement tous ses sens. Il revoit ce sourire arrogant et sent sa main dans la sienne ! Chaude et puissante d'ailleurs, de celle qui l'emmène partout ailleurs ! Puis c'est son parfum qui lui crame les neurones, lui rappelant si fatalement que son ami grimpait tellement aux arbres qu'il en embarquait l'odeur partout où il allait ! Puis le silence se fait assourdissant, il l'entend sincèrement éclater de rire. Juste là, tout autour de lui, tout ceci résonne avec force ! Katsuki était lumineux en tout point !

Mais c'est horriblement le goût de ses larmes dont il se souvient le plus, celle qu'ils ont versée ensemble quand cette affreuse vérité leurs est tombée dessus...

Pourtant il ne les fuit pas, où pour être totalement franc, il les accepte si fort et brutal qu'ils soient !

Il se revoit, tout gosse, exaspérant son copain parce qu'il voulait toujours lui faire des câlins et que le petit garçon blond n'aimait pas ça ! Il le faisait uniquement pour faire plaisir à l'autre, bien qu'il ne retenait jamais ses soupirs grognons. Dans ses oreilles d'ailleurs, il se souvient fort de tout les moments où ils se sont disputés ! Car Katsuki a toujours eu mauvais caractère et il ne perdait jamais un moment pour lui rappeler qu'il avait toujours raison. De plus, il était très jaloux, et Izuku se souvient franchement des inquiétudes de sa mère, car il n'avait pas d'autres amis. Le blond n'aimait pas ça, quelqu'un d'autre dans leur petit cercle, alors il ne le faisait pas !

En réalité, le garçon a changé d'attitude justement quand tout a changé !

Personne n'a rien dit à Izuku, il a pourtant très vite vu qu'il y avait un souci !

Déjà, Katsuki n'est plus venu à l'école. Au début, il a vaguement dit qu'il était malade, mais n'a jamais voulu en dire plus, éludant comme ci tout cela n'avait pas d'importance. Mais il s'est mis à lui demander avec qui il aimerait être ami, lui lançant des défis stupides tels que "j'aimerais que tu joues avec lui ce midi" et Izuku ne comprenait pas. Il y avait une lueur qui ne brillait plus dans les yeux étrangement carmin de son meilleur ami, et il ne savait pas ce qu'il devait faire !

Du haut de ses dix ans, tout ceci lui semblait tellement compliqué, pourtant Katsuki était la personne chère à son coeur. Alors il cherchait sincèrement à l'extirper de tout ça pour qu'enfin il puisse briller de cet incroyable nuancier cinabre qui étincelle dans son regard quand il est joyeux. Mais rien ne fonctionnait, Katsuki était éteint...

D'ailleurs, il avait l'air fatigué et il pouvait le voir de plus en plus rarement ! Il avait posé des questions à sa mère, mais celle-ci se fermait terriblement dès qu'il était question de l'autre petit garçon. Il l'avait même vu pleurer elle aussi, sans qu'il ne comprenne la raison.

Puis, Katsuki l'a invité à dormir chez lui et il était fou de joie ! Cependant il était bien décidé à poser la question à son ami. Ils ont passé la soirée à jouer aux jeux vidéo, comme avant, et c'était une bouffée d'air frais qui lui avait donné du courage ! Il s'en souvenait tellement... Cependant, ils avaient étés au lit tôt, car Katsuki s'était plaint d'être fatigué, et même si Izuku ne l'était pas, il ne pouvait pas le nier, même dans ses yeux à lui il le voyait.

Katchan semblait au bout du rouleau !

Alors il n'avait rien dit, et l'avait suivi au lit. Mais une fois allongé, il avait pris son courage à deux mains, inspirant très fortement et lui avait posé la question. Il s'était lancé dans une tirade exceptionnellement longue, expliquant le pourquoi et le comment il en était venu à penser ça. Le blond n'avait rien dit, s'étant simplement redressé pour le regarder alors qu'il écoutait sincèrement les méandres qui habitaient l'esprit de son meilleur ami. Puis, à la fin il lui avait pris la main, soupirant à son tour.

"Si tu fais une chose pour moi, je te dirais la vérité"

C'est ce qu'il a dit ! C'est très clair dans son esprit d'aujourd'hui, et il se voit encore acquiescer, avide d'enfin comprendre ce qu'il se passait.

Puis son copain lui avait demandé de fermer les yeux, et alors qu'il s'exécutait, il a très vite senti la bouche de Katsuki se poser sur la sienne !

Au début, il n'a pas su comment réagir, sans doute qu'il ne comprenait même pas ce qu'il se passait. Mais il ne pouvait pas ignorer tout ce qu'il se passait à l'intérieur de lui. Principalement, il a senti ses joues chauffer et un tas de papillons se déchainer dans le ventre. Ce n'était sans doute pas très agréable, les lèvres de Katsuki étaient un peu sèches, impitoyablement givrées sur les siennes, ne sachant sans doute pas ce qu'il fallait faire non plus.

Mais il avait tout de même envie de plus ! Tout du moins que ce moment ne s'arrête jamais ! Car il comprenait à présent, il était amoureux de lui...

Alors il a désobéi, rougissant encore plus tandis que son coeur bataillait dans sa poitrine pour s'en échapper, il a rouvert les yeux, se figeant sur place. Katchan était bel et bien devant lui, les yeux clos. Pourtant, même s'il gardait les paupières fermées, les perles d'eau saline qui s'en échappe tombaient en trombe, coulant doucement sur ses joues exactement comme elles tombent en ce moment même sur les siennes. C'était un instant qui lui brisait le coeur, où il s'est accroché à ses mains, le surprenant sans doute, car il a lui aussi ouvert les yeux. Et leurs iris se sont abordés.

D'un oeil nouveau, ils ont hurlé un trop-plein de sentiments, se murmurant très timidement qu'ils s'aimaient fort fort. Mais il y avait fatalement plus dans les yeux andrinople. Il y avait une demande de pardon...

"Pourquoi Katchan, je..."
"Je vais mourir Izuku. Je suis malade et ils peuvent ne rien faire."

De but en blanc, l'information était d'une incroyable force, le frappant comme un coup de batte en pleine tronche alors qu'il tentait juste de comprendre le sens de ses mots. Mais qu'importe comment ils les plaçaient, tout résonnait de la même façon.

Katchan allait mourir !

C'était ainsi qu'il avait appris qu'il allait perdre son meilleur copain et sans doute son tout premier amour. Il l'avait regardé longuement ce soir-là, illuminé par la pénombre de la chambre et la lueur de la veilleuse qu'Izuku trimballait toujours pour lui dormir.

Il avait tout eu d'un coup ! Chaud et froid, faim comme envie de vomir... C'était déroutant, mais tout ceci ne pouvait pas arriver. Bien sûr, il a essayé ! Il a murmuré un "non" cassé, se penchant de nouveau pour embrassé son ami, comme ci tout cela pouvait être effacé de la sorte !

Le petit garçon blond avait de nouveau fermé les yeux, semblant s'ancrer très fort dans ce moment. Lui aussi devait avoir envie de s'y perdre et de tout laisser tomber. Mais dès qu'ils s'éloignaient de nouveau, la réalité leur riait au nez.

"Ce n'est pas possible hein"
"Si ça l'est."
"Quand ?"
"Bientôt, j'ai comme une bombe dans le cerveau. Elle est sur le point d'exploser et elle va le faire, ils ont dit quelques semaines voir six mois, pas plus."

Izuku ne s'était pas retenu, écroué par cette nouvelle, et s'était jeté sur lui. Il l'avait épris dans ses bras, l'imbriquant en lui comme ci cela pouvait suffire a le sauver. Il l'a serré si fort, et cette fois, Katsuki n'a pas soupiré d'ailleurs, ni ne semblait exaspéré. Il a continué à pleurer contre lui, semblant lâcher tout ce qu'il retenait jusqu'ici.

"Tu ne peux pas mourir Katchan, je t'aime ! Je ne veux pas ! S'il te plait"

Évidemment c'était égoïste ! C'est une évidence qu'il n'avait pas eu le droit de demander cela à son meilleur copain qui avait, bien au contraire, besoin de lui. Cependant les mots s'étaient échappés de sa bouche, s'affolant de voir tout ceci disparaitre.

"Je ne veux pas partir Izu... J'ai peur d'être tout seul ! Je veux être avec toi..."
"Je vais rester avec toi c'est promis !"
"Je t'aime aussi Deku"

C'était une déclaration poignante sortant de la bouche d'une personne bien trop fière pour pouvoir les assumer ! Tout ceci montrait à quel point c'était une situation qui était bien trop compliquée à vivre pour ce petit garçon qui n'arrivait pas à comprendre pourquoi tout ceci lui arrivait à lui.

Après tout, il n'avait rien fait de mal...

Mais malgré sa promesse, Izuku n'a pas pu rester aux côtés de son ami. Sa mère avait voulu le protégé, sans doute, mais n'avait plus permis de se voir. Par contre, ils se sont échangés des mots jusqu'à la fin et Izuku se souvient du moment ou il s'est éteint.

Tous ces bouts de papier, il sait en plus qu'il les a gardés enfermés dans une boite dans sa propre chambre, sans même y penser. Ce sont des trésors, certes, auxquels il n'a plus songé alors qu'il aurait été incapable de les jeter ou oubliés.

- Pardon Katchan, je n'ai pas tenu ma promesse ! Je n'étais pas avec toi...

Doucement, la tête du chien remua doucement à l'entente de son nom et l'homme assis sur son canapé a laissé le souvenir de ces deux petits garçons s'effacer. Il se souvient vraiment à présent ! De tout et si simplement...

Il l'a appelé Katchan, car il voulait qu'il soit de nouveau son seul ami, ayant l'horrible impression de ne pas réussir à discuter avec les autres, encore plus au collège. Il s'était fermé, n'ayant plus Katsuki à ses côtés alors qu'il était persuadé de vivre tout cela avec lui !

Sans doute qu'ils se seraient aimés... Oui c'est vrai ! À bien y penser, il avait eu une petite amie une fois. Rencontré sur internet, adorable et jolie. Mais rien à ses yeux ! Parce qu'Izuku n'aimait pas les filles... Ça le frappait en cet instant du haut de ses vingt-huit ans.

Il était gay ! Bien trop longtemps amoureux de son meilleur ami d'enfance qu'il avait perdu il y a si longtemps ! Comment n'avait il rien vu, depuis tout ce temps, c'était un mystère. Mais quoiqu'il en soit, il le comprenait à présent alors qu'il continuait à gratter la tête de l'animal, sa vie venant de prendre un virage des plus étonnant.

De toute façon, c'était un chagrin d'amour qu'il n'arrivait pas à surmonter...

C'était ainsi que le chien était arrivé dans sa vie ! Dépourvu de tout ce qui faisait de lui un petit garçon souriant, son père n'avait pas trouvé de meilleure idée. Mais pour autant, il a très vite choisi son nom et il s'est attaché à lui, retrouvant peu à peu, le sourire malgré tout !

C'est grâce à Katchan qu'il est arrivé là où il était aujourd'hui !

- Je n'ai pas réussi à tenir ma promesse, mais je la tiendrais cette fois ! Merci pour tout Katchan, tu as été le meilleur ami dont je pouvais rêver. Sans toi, je ne serais pas là ! Merci...

Il embrasse une fois de plus son chien, sans pouvoir se redresser cette fois, le serrant sur son cœur alors qu'il sent sincèrement l'animal s'endormir doucement...

C'est ainsi qu'à son tour, Katchan l'a quittée.

C'était une très belle journée ensoleillée, et il est resté un moment avec lui, assis sur son canapé, sentant que malgré le soleil chaud et apaisant, le corps sur lui devenait frais...

Il l'avait emmené chez le vétérinaire, par la suite, juste quand il fut capable de conduire. Et dans un dernier baiser, il avait laissé son ami, bien conscient qu'il devait avancer ! Parce que son animal n'avait pas veillé sur lui pour qu'il s'effondre maintenant... Alors il a repris la route, se dirigeant directement vers un endroit bien particulier, le collier de son pilier enroulé autour du poignet, talisman bourré de courage dont il peut s'abreuver longuement.

Bien qu'il lui fallut une heure pour y arriver, il ne s'est pas dégonflé ! Il n'a même pas songé qu'ils ne puissent plus être là quand il a frappé à la porte. Malgré tout, c'est bien la mère de Katsuki qui lui a ouvert la porte, il l'a reconnu de suite malgré le temps qui a filé et les rides qui marquent malgré tout son magnifique visage. Lui qui a perdu sa mère voilà des années, il ne peut nier que revoir cette figure maternelle qui a aussi bercé son enfance, le marque ! Il laisse un temps d'arrêt, la fixant sans pouvoir parler en espérant qu'au moins, elle ne le prenne pas pour un fou ! Mais elle aussi l'a reconnu, finissant si rapidement par l'attirer dans ses bras...

- Seigneur, mon Izuku... Je n'y crois pas, mon tout petit Izuku !

Et ça lui a fait du bien ! Bordel, que ça libère... Qui mieux qu'elle peut comprendre ses sentiments diamant brut ?

- Bonjour Mitsuki... Je suis désolée, j'ai des années de retard !

Et la femme explose, son rire cristallin calqué de larmes heureuses lui donnant à lui aussi, envie de rire à gorge déployée. Elle se recule, pourtant, bien avant qu'il ne puisse réagir, et le regarde sous tous les angles. Elle semble tout apprendre de lui, les mêmes iris andrinople que son fils troublé de de bonheur qu'elle ne pensait surement pas arriver.

- Mon chat, je vais te dire, je t'ai longuement attendu ! Que je suis heureuse de te voir... aller viens, entre...

Avec elle, il a partagé une dizaine de tasses de thé, partageant les souvenirs et les douleurs de cette perte. La femme est devenue veuve, vivant seule à présent au milieu de cette maison pleine de souvenirs, et semble croire sincèrement que son mari et son fils l'attendent, chose qu'au fond, il espère aussi. Puis elle l'a embrasse comme un fils, et lui a promis de passer la voir, la faisant fondre en larmes.

- Tu n'as pas à perdre de temps avec une vieille pie telle que moi, mais sois heureux trésor. S'il te plait, ne passe pas ce temps seul...
- Mitsuki je... Je crois que j'ai toujours été amoureux de lui.

La femme se tait, le regardant en silence, toujours chaleureux. Elle a gardé une main dans la sienne, la serrant contre la sienne pour l'encourager à se livrer. Alors il lui raconte tout, tout ce que sa petite vie lui a gravé sur le coeur. Tout cet amour qu'il a gardé pour Katsuki. Elle n'a rien dit, caressant parfois la paume de sa main. Puis quand il a eu finis elle s'est à son tour laissé tourmenté par cet affreux jour ou cette mère à dit au revoir à son enfant...

- Il faisait si chaud... Il souhaitait plus que tout courir partout avec toi à ses basques. Il ne t'aura lâché pour rien au monde ! Je ne sais pas comment on a traversé tout ça, voir son bébé devenir l'ombre de lui-même, incapable finalement de marcher... Ce jour-là, j'étais avec lui. Il était avec moi tu sais, je ne l'ai pas laissé une seule minute. Il n'arrivait plus à parler depuis quelques jours... Mais même si rien ne l'indiquait, je le sentais, tu sais. C'était ce jour-là ! Alors j'ai chanté sa berceuse d'enfant, celle que j'avais inventée quand il était tout petit et qu'il tenait encore dans mes bras. J'ai chanté pour mon bébé jusqu'à ce qu'on me le retire des bras...

Les deux adultes ne mènent clairement pas large, Izuku les yeux clos alors qu'il tente de retenir le hurlement qui lui crame les tripes ainsi que Mitsuki qui serre son poing si fort contre son coeur, souhaitant sans doute se l'arracher si cela peut l'aider a moins souffrir. Puis ils finissent par se prendre dans leurs bras, atténuant légèrement cette brulure jointe, joignant cette douleur infecte en une seule bien plus facile à supporter à deux...

- Il n'était pas seul, j'étais là ! Je suis restée auprès de lui pour Masaru et pour toi... Il a toujours su qu'on l'aimait... N'en doute jamais, il ne l'a pas fait ! Il n'avait que dix ans, mais il n'a jamais douté...
- Katchan est quelqu'un de fort... Et de têtu !
- Oui, il tient ça de moi ! ... Izuku, j'ai une chose pour toi...

Elle lui a pris les mains, le fixant alors qu'elle scrute son visage puis lui a demandé de l'attendre. Elle est revenue ensuite avec une lettre portant son prénom, semblant lui demander pardon sans qu'il ne comprenne réellement la raison. L'encre est vieillie, rappelant une autre époque, et il est évident qu'elle vient de Katsuki...

Et alors qu'il fixe l'enveloppe, le coeur bataillant, battant à tout rompre dans sa poitrine tout en faisant un bruit infernal. Il a écouté la femme s'excuser de l'avoir lu, expliquant qu'elle n'a pas résisté à savoir ce que son fils a eu besoin de dire... Mais il lui a souri, les larmes lui brouillant la vue, encore, lui assurant que ce n'était sincèrement pas grave...

Puis il a sorti son contenu, fixant d'abord l'écriture de cette personne si importante, lui rappelant que tout ceci date d'il y a si longtemps, malgré la misère si vive encore aujourd'hui...

- C'est promis Katchan...

Cette fois, il a tenu sa promesse ! Passant rendre visite à Mitsuki tous les dimanches, nouant cette belle complicité d'une mère avec son deuxième fils. Il lui a même ramené son futur mari lorsque, cinq ans plus tard, il a finalement rencontré Shoto et que les choses sont devenues sérieuses. Mais surtout, il lui a présenté Kazuki, le petit garçon qu'ils ont adopté, laissant sa grand-mère Mitsu lui chanter sa belle berceuse...

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