PROLOGUE : Jouet usagé


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Artiste : Inconnus, Meihogeng, 09iu 

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C'était l'odeur qui aurait certainement dû les interpeller en premier. Même torchés comme ils l'étaient, ils se souvenaient tout de même d'une chose : les mannequins en plastique ne s'urinent pas dessus.

Pourtant les cinq gamins ne réagirent pas, le premier foutant un coup de pied dans la double porte vieillie, à moitié vitrée, faisant tomber le dernier morceau de verre tenant miraculeusement. Des années que les bâtiments étaient à l'abandon, entrepôt délabré logiquement totalement inaccessible, mais cela faisait bien longtemps que les anciennes salles de réunion étaient envahies de rongeurs et de squatteurs temporaires.

Tous les petits cons du quartier connaissaient l'endroit ! C'était un coin un peu malfamé pour la plupart, mais pour les âmes qui se la racontaient comme ceux-là, c'était plus un spot sympa pour se défoncer et faire tourner un joint à l'abri des yeux indiscrets.

Ils ne dérangeaient personne après tout, surtout pas leurs insupportables parents dont la moitié avaient oublié ou abandonné leurs rôles, au choix, un peu comme leurs profs à l'école d'ailleurs. Tant pis ! De toute façon, ils étaient des "sans avenirs", destinés à finir en taule ou crever à force de se shooter à la meth', le long de la rive du canal qui traversait la ville.

Alors ils s'en foutaient royalement, s'obstinant de noircir leurs idées avec cette connerie qu'ils sniffaient quand ils arrivaient à tabasser assez de grosses têtes dans leurs écoles, leurs piquants l'argent du bento, pour s'assurer un gramme chacun.

Mais ce soir-là ils n'avaient rien de tout ça. Ils s'étaient procuré un peu d'Amnésia, assez pour le tasser dans deux joints pas très convaincants, mais qui feraient sans doute l'affaire pour un jour de semaine.

Après tout demain, ils avaient lycée. Normalement en tout cas, mais peu d'entres eux feront acte de présence en cours. Sans doute une apparition peu avant midi pour leurs petites récoltes journalières. Mais ils ne s'y attarderont pas outre mesure, le lycée n'était à leurs yeux qu'une perte de temps et cela faisait bien longtemps qu'ils ne croyaient plus au système scolaire, encore moins pour avoir envie de réellement essayer.

Encore moins après ça d'ailleurs !

Par la suite, deux d'entre eux perdront pied, totalement médusés de cette découverte. Ils n'arriveront pas à traiter l'information et ne trouveront aucune main secourable. Alors ils chuteront, tombant si fort dans des engrenages d'alcool et de drogues qu'ils en oublieront leurs propres noms. C'est même sans leurs identités qu'ils finiront par être retrouvés ensemble, quelques années plus tard, dans un vieux spot connu des squatteurs.

Deux autres n'en auront strictement rien à foutre, ne laissant pas même une petite lueur de compassion envers le pauvre pantin amorphe ou envers son destin. D'ailleurs si ça n'avait tenu qu'à eux, ils ne l'auraient même pas aidé, et ils ne l'ont pas vraiment fait. Une vie de plus ou de moins, qu'est-ce que ça changerait de toute façon ? Et ces deux là se laisseront simplement emporter dans une Organisation de divers trafics plus que moralement discutable. Ils finiront leurs vies en taule. C'était prévu, ironiquement !

Mais au moins, cela eut le mérite de secouer le dernier, celui qui restera finalement pour aider. C'est ce gamin, quinze ans, pas plus, qui sera le sauveur de la marionnette si trivialement exposé sur une chaise pourrie de ce vieux local abandonné et qui, finalement, finir ambulancier.

Mais pour l'instant, aucun de ces cinq ados paumés n'ont encore rien vu. Ils rigolent juste comme des cons en entendant la porte qui claque lourdement contre le mur, résonnant partout dans la grande salle qu'ils connaissent déjà, shootant sans état d'âme sur l'une des seules chaises qui semblent encore en bon état.

Ils connaissent vraiment l'endroit, cette grande salle qui, jadis, devait servir régulièrement. Mais ils n'y restent jamais, pas à l'intérieur ! Il y fait bien trop humide et en plus ce soir là, l'odeur est bien trop forte. Il peut bien pleuvoir une marée là dehors, ils ne font toujours que la traversée, s'asseyant sur les marches extérieures, donnant sur une petite cour clôturée, à l'opposée de la seule entrée accessible depuis l'extérieur.

C'est ce qu'ils font toujours !

Et cette fois encore ne fera pas exception. Ils ont déjà allumé le joint, laissant tirer le plus jeune qui pourtant n'est encore qu'au collège, pourrissant un presque marmot qui, de toute façon, a déjà perdu espoir en son avenir. Tout comme eux de toute façon.

Ils sont complètement fous, les yeux hagards, traversant la vieille salle de réunion en jetant un oeil curieux, mais terriblement sot à la chaise qui trône en plein milieu qui, ils le savent bien, n'était pas là la veille.

Dans le foutoir présent, des chaises et des tabourets, il y en a des tas ! Mais ils sont si idiots qu'ils se demandent seulement pourquoi il y a une poupée attachée sur celle-là. Évidemment, l'envie de la taquiner, ce maudit jouet, leur brûlent les neurones, peut-être qu'ils pourraient, eux aussi, s'amuser d'aller la mettre en scène, le pendant devant chez un de leurs enseignants ! Ça pourrait être grave divertissant de voir le vieux prof de Math bader comme le vieux porc qu'il était. Seulement voilà.

Ça schlingue tellement fort !

Une odeur si forte et dégueulasse, que même dans la mélasse de leurs crânes complètement déchirés, ça leur retourne l'estomac. Ça a infecté la pièce tout entière quand bien même les fenêtres sont éclatées. Ils traversent donc, juste en grimaçant, lançant un regard plein de dédain vers le mannequin immobile.

Ils ont pitié après tout, en plus de l'urine, il s'est même vomi dessus...

Alors ouais, trop cons pour comprendre ce qu'il en est vraiment, ils ont juste rejoint leur emplacement préféré, continuant à taffer sur le premier pétard qu'ils ont déjà presque terminé, le faisant tourner entre eux.

Et quand le sauveur en prend une bouffée à son tour, il regarde ses potes assis sur les marches. Il est le seul debout, le seul qui aperçoit encore l'ombre funeste du colis abandonné.

Il n'arrive pas à dire ce qu'il le tracasse. Son cerveau craquelé et perdu dans un brouillard bien trop épais tente de lui faire comprendre quelque chose, le laissant fixer le spectre qui gargouille misérablement dans la pièce derrière ses amis.

Il entend bien les quatre autres parler, bradant une taffe avant de faire passer, mais il n'est pas du tout avec eux. Et même quand son pote de lycée commence à insulter le prof de SVT, celui qu'il déteste tellement, il n'arrive pas à réagir.

Il n'arrive tout simplement pas à décrocher les yeux du sinistre spectacle, voyant parfois un rat rôder autour de la poupée.

Et puis il comprend !

Ça lui prend d'un coup, juste comme ça ! Pourtant, tout était très clair et sans doute qu'il l'avait compris depuis le début sans qu'il ne puisse l'admettre ! Mais qu'importe le monde de fou dans lequel il essayait de survivre, les objets ne se "vidaient" pas. D'aucune manière, et ce, malgré tous ces jouets bizarres en forme de poupon dont raffolaient les gamines des riches. Un mannequin ne se pissait pas dessus ni ne vomissait ! Et les rongeurs s'en préoccupaient encore moins...

- Oh bordel ! C'est un gars !

Il a crié tellement fort, il s'en souvient diablement bien. Il revoit d'ailleurs l'horrible rat se barrer en courant alors que sa voix rauque craque sur les murs. Et sans réfléchir, de toute façon, il n'en est plus tellement capable, il rentre à nouveau dans le local, inquiet à présent d'y sentir tout cet horrible mélange d'effluves, chacune d'elles lui racontant maintenant une histoire effrayante. Il s'approche enfin de la silhouette qu'il espère endormie, mais bien que gazé, il n'est pas naïf, la vie lui a déjà pas mal appris.

Mais le "gars" respire. C'est un fait ! De cette espèce de bave blanchâtre qui coule et sèche sur son menton, il aperçoit des bulles d'air, bien peu cependant pour être suffisante, juste assez pour bien lui faire comprendre que le mec attaché juste devant ses yeux, est en train de crever d'une overdose.

- Appelez les urgences ! il va y rester ! peina t'il à articuler, encore trop flou finalement

Et il n'a pas encore conscience de sa solitude face à cette décision. Il a bien vu que ses quatre amis sont dehors, et seul l'un d'entre eux le regarde depuis l'extérieur, surveillant tout autant le plus jeune qui semble bien trop s'enquiller avec l'Amnésia qu'il s'est infligée, le regard totalement paumé vers les étoiles.

- Laisse ça abruti ! J'ai autre chose à foutre que d'aider tous les clochards du coin.

Mais le bienfaiteur n'a pas du tout l'intention de rester les bras ballants comme un connard. Il sait ce qu'il va se passer s' il ne fait rien, après tout sa mère est bien plus torchée que ce gars la moitié du temps. Mais putain ! Là, tout de suite, il n'arrive pas à réfléchir correctement ni se souvenir de ce qu'il faut faire. Il a bien dit d'appeler les urgences, mais malgré tout, il n'arrive pas à faire le tri, quand sa mère s'est retrouvée par deux fois tout aussi mal en point, il a appelé la voisine...

Là, il fixe les quatre enfoirés qui l'accompagnent et il comprend vite qu'ils ne feront rien. Autant certains semblent tétanisés, autant les autres sont juste en train de planer. Cette fois, il n'aura pas d'aide, c'est à lui de bouger...

Il regarde à nouveau celui qu'il doit aider, hébété par ces yeux ouverts qui le fixent lui, et qui pourtant sont complètement absents. Les pupilles en mydriase lui rappellent tellement de mauvais souvenirs avec un arrière-goût de cocaïnes et c'est sans doute ce qui l'a foutu, lui aussi, dans cet état. Pourtant il aperçoit une légère couronne rouge sang un peu atypique, l'iris si peu visible, mais pourtant bel et bien là.

Mais il n'aime pas deviner le message mortel qu'il entrevoit dans ces yeux hagards, aussi il s'en détache, soufflant largement alors qu'il se frotte le nez. Et alors il la voit, un truc dégueux et vieilli sur lequel le macchabée a bavé. Une carte de héros professionnel donnant une identité propre à la poupée.

- Dynamight...

Ouais voilà, il va crever Dynamight... Ils n'ont toujours pas appelé à l'aide.

Mais c'est tout ce qu'il fallait pour qu'une panique assourdissante l'assaille et la réelle dimension de la situation s'abat sur lui d'un seul coup. Si le camé attaché à un nom, c'est qu'il existe vraiment, tout comme sa mère.

Il en a les mains moites d'un coup alors qu'il cherche frénétiquement son téléphone dans sa poche, n'arrivant même pas à le déverrouiller. C'est con, mais son code, là de suite, il ne s'en souvient pas du tout et il a les doigts définitivement trop suintants pour que le capteur digital le reconnaisse. Heureusement, il arrive à lancer une demande d'appel de secours, se retournant vers les quatre autres enfoirés qui n'auraient rien fait.

- Barrez-vous, c'est bon je m'en occupe !

Et heureusement, car, oui, ils sont lâches ses potes, et ils ont couru sans se retourner. Se barrant comme des enfoirés sans voir s'il les suivait. Ils n'auraient juste rien fait pour le blond ligoté, adjugeant bien trop facilement de l'inutilité d'intervenir pour aider un mec qu'ils ne connaissent pas. Mais grâce à lui, cette nuit-là, et bien que dans un très mauvais état, le déchu héros pro Katsuki Bakugo, présumé mort, mais toujours recherché malgré les années, est finalement sauvé...



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Prochaine chapitre : Le jugement des cochons

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Juste le merci du siècle pour _Onyx_20 Kilsica, Kiirolyss __Aiko_San__ et claire06640

Vos avis m'ont plus qu'aidés et je vous remercie d'avoir tant contribué a cette histoire ! <3

Et un gros clin d'oeil a CreajuOtaku car j'ai écris ce passage en écoutant Lunagirl de Krazee as Hell clubmix spécialement recommandé <3

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