La couleur de l'ennui


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L'ennui qui semble rôder dans le petit studio du centre de Tokyo était intense. Katsuki était même clairement en train de s'emmerder ferme en ce samedi bien trop silencieux.

Allongé sur le vieux canapé deux places de "l'espace salon", il dépassait complètement de part et d'autre. Les pieds grattant presque lamentablement dans le vent, battant au rythme des aiguilles qui alourdissait l'air alors qu'il fixait d'un air neutre, la tête penchée en arrière, le réveil posé sur la table de nuit qui faisait aussi office de table basse.

Tout était diablement petit ici ! Minuscule même, mais bien trop propre. Oui, même s'il ne louait qu'un foutu appartement aux allures microscopique et évidemment encombré, faute de place, tout était pourtant parfaitement rangé et propre, aligné méticuleusement pour que rien ne dépasse . Il s'en faisait même un honneur, ayant une idée de la propreté assez particulière qui attisaient bien souvent les moqueries de ses amis d'ailleurs.

Mais il s'en fichait ! Il était maniaque, et alors ? Dans ce tout petit studio grouillant de vie, l'organisation était presque obligatoire de toute façon.

De son divan, il bascule alors la tête derrière lui, regardant son grand lit tiré à quatre épingles, qui trônait dans un coin, calé contre le mur et la bibliothèque où surplombait la télé et tous ses manuels scolaires, tous triés par ordre alphabétique. Et face au canapé il y avait une table, deux places en formica usé, preuve qu'il l'avait récupéré après déjà de très nombreuses années de dur labeur déjà. Puis enfin, il y avait la Kitchinette, minuscule où chaque espace libre est savamment pensé pour pouvoir être intelligemment utilisé. C'était chez lui, aussi petit soit-il, ça convenait parfaitement à l'étudiant en architecture qu'il était.

Ce n'était pas la meilleure disposition, il le savait. Ça donnait certes une légère impression de fouillis qui l'avait toujours un peu chiffonné, surtout depuis qu'il avait dû se résoudre à installer ce maudit canapé, usé de voir ses amis oser s'asseoir sur SON lit lorsqu'ils s'incrustaient chez lui. Au moins maintenant, ils pouvaient tout à fait éviter sa couche, seul meuble qu'il avait payé de lui-même cela dit en passant.

Mais malgré ce sentiment de désordre, il aimait être chez lui. De toute façon, il était casanier, c'était un fait ! Il détestait ignorer son train-train quotidien pour une soirée coup de tête, ayant, bien au contraire, besoin que tout soit finement programmé, rentrant dans les petites cases qu'il avait prévues pour ça, comme pour tout dans le fond. On pouvait bien le trouver bizarre, cependant ça lui correspondait. Et cette autorité qu'il s' était toujours imposée l'avait mené là où il était aujourd'hui.

Un gars de presque vingt-quatre ans dont l'avenir semblait tout tracé, sifflant sous la douce musique de la victoire !

Cet ennui qu'il ressentait ce jour-là n'était pas négatif. Au contraire même, cela prouvait sa réussite ! S'il trouvait le temps long, c'était justement, car il n'avait rien d'urgent à faire ! Ayant parfaitement arrangé son temps pour ses devoirs et projets scolaire, la plupart en avance même, ou pour, justement, l'entretien presque militarisé de son lieu de vie.

Alors oui, il était avachi sans trop de conviction, cependant apaisé par la sensation d'avoir le choix des armes. Son après-midi, il pouvait bien le passer à ce qu'il voulait ! C'était un luxe que ses potes n'avaient pas, bien trop souvent rappelé à l'ordre par un fâcheux oubli, hurlant un désarroi face à une date butoir tandis qu'il pouvait parfaitement s'abrutir devant la console si l'envie lui prenait...

Mais pour autant, il avisa alors son ordinateur portable posé sur la table qui faisait office de bureau selon son besoin, et se tenta à se laisser distraire dessus. Il aimait dessiner des plans, une bien étrange passion qu'il l'avait bien évidemment conduit à choisir cette carrière. Et ce qu'il adorait par-dessus tout, c'était lancer son logiciel de maquette en mode page blanche, pouvant bien après tout, se démesuré d'un projet totalement imaginé par ses soins.

Sans doute que ceux-ci ne verraient pas le jour, cela n'avait aucune importance dans le fond. Il aimait juste pouvoir taper un truc bien carré, bien conçu et viable, juste pour se satisfaire lui-même. Dans tous les cas, la maitrise de son logiciel qui pouvait filer le tournis aux non-initiés ne pouvait que s'accentuer à force de l'utiliser. Et la fin de ses études approchant, il avait bien en tête un plan bien particulier et sans doute personnel, qui lui traînait en tête.

Une maison à lui !

Un beau rêve qu'un jour sans aucun doute, il réaliserait. En attendant, qu'y avait-il de mal à imaginer un plan, même caduc ?

Le temps dehors semblait clément, situé au dernier palier d'un petit immeuble de cinq étages, il le voyait bien par l'unique velux de la pièce qui laissait filtrer un filet de lumière doux, typique d'un temps printanier encore un peu intimidé par la fin de l'hiver. Et même s'il n'avait pas l'intention d'y foutre le nez, il y avait tout de même une chose qu'il faisait tous les samedis.

Une petite visite dans le Konbini du quartier n'était sans doute pas dans le top des choses les plus agréables à faire pour la plupart des Japonais, pourtant lui adorait ça ! La journée sans doute un peu solitaire, se mouvementait un peu, juste ce qui lui correspondait finalement et il y avait ses petites habitudes. Le magasin n'était pas loin, juste six minutes à pied et pourtant comme dans tout 7Eleven digne de ce nom, on y trouvait de tout ! Surtout un petit caissier possédant un incroyable fessier...

Un léger ricanement s'échappa de sa bouche, le motivant d'un coup à se redresser pour enfiler son manteau, s'assurant qu'il avait sur lui son sac de course réutilisable ainsi que son portefeuille et il sortit, faisant claquer la porte derrière lui pour bien verrouiller la porte.

Le parquet vieilli du couloir grinça sous ses pas, alertant sans doute ses voisins du dessous de son escapade, et il parcourra l'obscur couloir qui le menait directement aux escaliers. Il n'y avait qu'un appartement à ce palier, et surtout, définitivement rien au-dessus, lui évitant donc les bruits de vie, raison pour laquelle il l'avait justement préférée cet endroit à un autre. Il n'y avait même pas d'ascenseur, le forçant donc à sa dose d'exercices quotidiens, et le prix lui avait toujours semblé exorbitant, même pour un plein centre-ville. Mais il s'en fichait, il terminait sa dernière année et il avait assez bien mené sa barque pour la suite, s'assurant plusieurs propositions plus qu'intéressantes.

C'était sa victoire...

Et c'est exactement cette pensée qui le fit sourire d'un air narquois, alors qu'il s'élança dans la rue, presque conquérant des lieux finalement.

Il aimait le quartier, presque triste de devoir le quitter sous peu, mais jamais il n'avait regardé en arrière pour autant, ce n'était pas aujourd'hui que cela allait commencer ! Cependant, sans doute un peu plus que les autres fois, il prend plaisir à laisser son regard se promener ci et là, se souvenant de tout ce qu'il a vécu ici durant ces cinq dernières années. De la fois où sa mère est venue lui rendre visite, une moue peu satisfaite comme toute mère digne de ce nom, et même de celle où il est stupidement tombé en pleine rue alors qu'il traversait...

La rue ne gardait aucun souvenir de son passage, et son absence ne se ferait pas sentir, pour autant lui se souviendrait de tout, même si cela restait insignifiant... puis finalement se dessine le magasin de quartier qu'il fréquente et affectionne tant. Les rayons ne changeaient jamais, le laissant donc choisir sans avoir à chercher partout, où avoir à réclamer l'aide d'un employé.

Exception faite de l'étudiant en art qui travaillait ici et qu'il adorait sincèrement taquiner, prenant l'habitude de venir pendant ses heures pour le voir, appréciant ce petit rendez-vous du week-end. Pour un peu, il s'y rendait uniquement pour le voir, lui, et ses joues toutes rondes qui accentuaient son côté rêveur. C'était un homme du même âge qui fréquentait la même université que lui, dans un autre programme. Il représentait sans doute l'exact opposé de lui, avec ses fringues mal accordées et sa tignasse verte désordonnée. Et alors que cela aurait dû énerver Katsuki, le forçant à prendre ses distances, il était bien au contraire totalement sous le charme de cette bouille d'angelot.

Il prenait un malin plaisir à venir le taquiner quand il travaillait, le brulant d'un regard plein d'invitation à chaque visite, regardant ses joues tachées rougir, alors que ses immenses yeux verts ne pouvaient se défaire de ses prunelles rubis. Il était conscient de l'effet qu'il faisait au petit caissier ! À vrais dire, il l'aurait sans doute dévoré, là, sur sa caisse enregistreuse, se fichant bien des caméras de surveillance qui les filmerait ou bien du boss toujours trop curieux qui ne cessait d'épier son employé. Il lui inspirait bien des choses... Des choses sur lesquelles il n'avait aucun contrôle d'ailleurs, mais Katsuki en était venu à s'en fiche, se le permettant juste pour lui, s'impatientant de ses visites pour le voir...

Et il sourit franchement en entendant un large "Irasshaimase" piqué de lassitude dès qu'il entre. Il se tourne automatiquement vers la caisse. Il sait que l'autre étudiant ne l'a pas encore remarqué, et il se délecte déjà de voir ses pupilles se rétracter, bradant la sensation adynamique affligée contre un long frisson au creux des reins. Et ça ne manque pas ! Sitôt l'employé le remarque lui, et personne d'autres, son air se fait tout, sauf embêté, bien au contraire même ! Alors Katsuki lui lance un fier sourire, laissant ses iris rouges flamboyer de luxure que l'employé ne pouvait que voir ! Il se sent fort de voir son vis-à-vis réagir, se mordant si indécemment les lèvres, parfaitement réceptif à ce petit jeu. Rien n'était calculé ni prémédité, le vert ne réagissait pas ainsi, car c'était ce qui était attendu de lui. Il se laissait simplement aller, saluant inconsciemment ses propres envies.

Et pourtant, même s'il semblait que l'on pouvait lire si facilement en lui, il y a bien une chose qu'il avait comprise d'Izuku Midoriya, c'était qu'il était doté d'une timidité incontrôlable et Katsuki s'amusait à penser que la pudeur elle-même prenait exemple sur lui. Alors c'était d'autant plus amusant, le voir se tourmenter contre sa volonté, se laissant attendrir par son client régulier.

Et il fallait sans doute se renouveler, cherchant sans cesse une façon de le regarder fourrager sa tignasse verte foncée, admirant la multitude de nuances que l'on pouvait presque dessiner sur chacun de ses cheveux, et ce, malgré l'éclairage pourri qui ne lui rendait pas hommage.

Izuku était la vie, justement. Trop coloré et surprenant, bernant totalement cet endroit lugubre d'un simple sourire. Alors que l'éclairage pourrait presque enliser l'atmosphère du magasin dans des méandres totalement effrayante, la seule présence d'Izuku derrière sa caisse, quand bien même il lui arrivait de bailler son ennui, ne pouvait qu'illuminer la pièce d'un million de pigments fascinants faisant capituler le futur architecte. C'était tout simplement son fantasme dessiné à la main, à la volée, sans doute. Une perfection floutée d'une multitude de taches de rousseur dont il aurait bien pris la peine d'en relier quelques-unes entre elles, histoire d'y écrire son prénom.

Il se retint de rire quand il le vit éviter son regard, devinant parfaitement après des années de sous-entendu scabreux et à peine voilé, ce que le blond avait en tête. Et même si le vert était parfaitement conscient qu'il ne pourrait échapper au blond, il tenta tout de même de se tenir, sachant que Katsuki ne se laisserait pas faire...

Alors le presque architecte ricana de son idée, soudain apparue alors qu'il se délectait déjà de le voir se triturer les manches entre chaque client, tirant dessus pour se cacher maladroitement les mains. Il savait parfaitement comment il s'y prendrait, ravi de son génie qui n'était plus à prouver.

Alors il prit soin de faire ses courses, jetant son dévolu sur un curry qu'il épicerait à sa manière pour satisfaire son appétit et il passa ensuite dans un rayon un peu plus atypique, pas intimidité pour un sou.

Après tout, son plus gros péché était sans doute sa fierté dont il ne se dépeignait jamais, agaçant la plupart des gens autour de lui, mais qui pourtant l'aidait aussi bien souvent. Il n'avait honte de rien ! Alors ça ne lui faisait ni chaud ni froid de glisser à la vue de tous, un magazine presque innocemment appelé "Les Séquoias", parlant de bien des choses, mais au vu de l'homme totalement nu exposant ses parties intimes sur la couverture, certainement pas d'arbre, ne lui faisait absolument rien ! On pouvait bien le dévisager de long en large, c'était bien là le cadet de ses soucis ! Par contre, la réaction de son sexy petit caissier, ça, il voulait voir !

C'est donc tout sourire qu'il arriva près de sa proie qui encaissait, tout sourire, une vieille dame et ses croquettes pour chat. Un autre homme était devant lui, même âge ou presque apparemment, mais il n'y prêtait aucune intention, faisant bien sagement la queue. Il grogna imperceptiblement son plaisir dès que les iris verts ne pouvaient se résoudre à l'ignorer plus longtemps et qu'ils se heurtaient à la pression écrasante de Katsuki. Et quand, enfin, ce fut son tour, il se fichait bien de voir un autre homme derrière lui ou qu'il soit pressé ou pas. C'était bien loin de ses préoccupations et puis de toute façon, au vu de son air naturellement renfrogné, on lui cherchait peu des noises finalement.

Il sortait donc ses articles avec une lenteur presque exagérée, les yeux remontant régulièrement vers cette bouche qu'il rêvait presque de s'approprier en cet instant.

Doucement, il déposa les différents ingrédients de son futur curry. Basique.

Il déposa ensuite deux bouteilles de Shochu. Normal.

Et pour finir, il prit soin de poser le magazine porno, exposant l'homme, toujours aussi nu, à la vue de tous.

Il fixa l'homme derrière le comptoir, lui lançant un regard carnassier, lui souriant honteusement en signant sa mimique, clairement tentatrice, de ses deux fières canines légèrement plus accentuées qu'elles ne le devraient, creusant des traits de chasseur dont l'étudiant en art était clairement la proie.

Et l'effet était réussi !

Le pauvre Izuku scanna les articles, les yeux baissés sur sa tache alors qu'il semblait marmonner pour lui-même, s'obstinant, rivant sur les articles.

Mais Katsuki était patient ! Il savait pertinemment quand lorsqu'il verrait son immense clin d'oeil, il ne pourrait s'empêcher de réagir ! Il en mangerait sa chemise ! Alors il était patient, s'amusant presque des bips agressifs de la caisse.

Un homme rondouillard sortit soudainement du bureau du fond, faisant mine de vérifier quelque chose derrière les caisses, alors qu'il ne lisait même pas l'étiquette de l'article qu'il avait dans les mains, surveillant sans l'ombre d'un doute son employé. Le petit jeu perdurait depuis si longtemps entre ces deux-là, que le directeur du Konbini venait souvent s'assurer que tout se passe le plus normalement du monde, sans aucun dérapage, prés à fondre sur son employé à la moindre incartade.

Cela agaçait un peu Katsuki, le froissant de ce ridicule petit manège hiérarchique, mais en tout cas, cela devenait surtout encore plus gênant pour le vert. Et sans lui apporter des ennuis, il pouvait bien utiliser cette oppressante présence à son avantage. Alors il ignora le pauvre petit homme, aussi insignifiant qu'il fût, reportant son attention sur son fantasme ambulant qui scannait les ingrédients...

Et quand enfin il en arriva au fameux magazine, enfin, il croisa ses prunelles émeraude qui lui lançaient un regard rempli de question, les lèvres clairement plissées comme pour retenir les interrogations qu'il semblait retenir de toutes ses forces... Mais Katsuki n'en avait pas fini avec lui, bien décidé à l'achever d'une manière ou d'une autre !

- Pourrais-je avoir le lubrifiant à la cerise ? Et une boîte de capotes, s'il vous plait. Les grandes tailles...

La moue qui surplomba d'un seul coup les lèvres du vert le fit presque ricasser de plaisir, l'amusement s'accentuant largement lorsque ce dernier sembla prendre un temps fou avant de se retourner pour choper les autres articles demandés, retenant un bien large soupir quand il scanna les préservatifs semblant retenir si fort le "frimeur" qui se tatouait pourtant en gros sur son front. Mais l'étudiant en art garda le rythme, tentant encore une fois de ne pas répondre à la provocation bien trop évidente de cet homme qui ne le laissait clairement pas indifférent...

- Merci ! Poursuivit le blond, laissant un silence pesant s'installer quelques secondes alors qu'il emballait ses achats, lustrant mentalement son coup de grâce, j'espère avoir une soirée assez intéressante ce soir...

Le regard effaré que le caissier lui lança valait clairement de l'or ! Le rouge pigmenta sa peau, du menton jusqu'à la racine des cheveux, surjouant alors clairement chacune des taches foncées qui bariolait son visage, accentuant si fort l'air adorable de l'artiste en herbe.

Mon Dieu c'était indéniable, ce gars-là lui plaisait si fort...

Un toussotement réprobateur fendit l'air, faisant sursauter le vert qui termina enfin de l'encaisser, réclamant 5100 yens en contrôlant sa voix autant que possible, les lèvres se triturant du bout de ses dents laissant parfois découvrir sa langue.

Le blond sortit sa carte, payant sans contact, tentant d'éluder les images de cette bouche luxuriante adorant ses abdos, récupérant ses articles sans rien ajouter de plus. Après tout, il ne voulait pas que l'employé finisse avec des ennuis, ce n'était pas le but de la manœuvre et il était clair que le patron du jeune homme n'était pas patient.

Il sortit alors sans rien ajouter, presque nostalgique cependant.

C'était bientôt fini ! Ses années d'études prenaient fin et il allait bientôt partir vivre ailleurs, plus près de son prochain poste où il se spécialiserait encore. La vie active lui ouvrait définitivement les bras et bientôt, il n'y aurait plus de moment hors du temps comme celui-là où il pourrait draguer le charmant petit employé. Ce jeu du chat et de la souris qu'ils avaient longuement disputé s'arrêterait brusquement après cinq ans.

Mais qu'y pouvait-il ? Sa vie, toute dessinée, lui ouvrait les bras, et il était inutile de tergiverser avec ce genre de ressenti totalement inutile. Il avancerait, même si le souvenir de ses joues se colorant de rouge alors qu'il le dévorait des yeux allait vraiment lui manquer...

Il y penserait encore longtemps à Izuku le petit caissier...

Mais fidèle à lui-même, Katsuki passa à autre chose, rentrant dans son minuscule antre toujours aussi bien rangé, l'esprit fléchant déjà son prochain croquis qu'il prendrait plaisir à imaginer. Il s'appliqua toute l'après-midi, une playlist d'ambiance légèrement electro en fond sonore, à imaginer une belle maison familiale aux larges façades qui serait la sienne.

Ce n'est que lorsqu'il se surprit à plisser ses étonnants yeux rouges qu'il comprit qu'il était temps pour lui de préparer le repas, s'alléchant déjà d'un bon curry qui finit par parfumer l'appartement. La playlist s'était arrêtée depuis un moment, mais il venait de s'en rendre compte quand, une nouvelle fois, il se prit d'ennui, seul, dans cet appartement trop petit dans lequel il se sentait pourtant si bien.

Mais ce fut alors que le soleil s'était totalement retiré, piégeant l'appartement dans une pénombre presque inquiétante, que le blond se figea à l'entente de sa porte d'entrée s'ouvrant doucement, grinçant douloureusement.

- KATCHAN !

Alors son adorable petit fantasme aux cheveux vert s'engouffra dans la pièce sans même avoir pris la peine d'enlever ses chaussures, une expression mutine mélangée à un air furibond. Tout cet endroit bien trop ordonné éclata soudainement d'une couleur sapin incroyable, débordant sur chacun des meubles, comme pour les tacher de vie. L'émeraude si chaude et qui le représentait tant, bourré de facette différente et alléchante, glissa doucement vers l'architecte, brulant d'un coup tout l'ennui qui l'avait habitait cette journée.

La vie de Katsuki avait réellement toujours été trop tracée, trop prédite. Il aimait l'ordre et le fait d'absolument tout contrôler. Mais il était certain que sa vie n'aurait été d'une source d'ennui sans cette touche colorée qu'était son ami d'enfance...

- Devant le Manager en plus... Je t'avais dit de ne plus faire ça !

Il s'approcha de lui, ignorant ses chaussures toujours à ses pieds quand bien même ça l'emmerdait prodigieusement qu'il n'ait pas pris la peine de les enlever à l'intérieur, et il l'attira à lui, l'incendiant d'un baiser qui aurait suffi à le déshabiller sur place. Cependant il finit par s'éloigner, prenant le temps de s'accommoder de ce coloris exquis qui se lisait en diverses nuances dans ce regard de jade.

- Plus qu'un mois, et on s'en va ! Se justifia-t-il

- Mais il n'y a pas de rapport ! Katchan, je...

- Il aurait pu garder son tablier mon dessert...

À nouveau, il fut coupé par une bouche bien trop tentatrice qui couvrit ses plaintes, lui faisant oublier d'un coup de langue, toute la gêne de l'après-midi, l'amenant même à le convaincre de le suivre sur le lit qu'ils partageaient depuis toutes ces années...

Entre ces deux-là, ça a toujours été "normal" ! D'ailleurs, accrocher l'un à l'autre depuis tout petit, leurs parents n'ont jamais réellement vu les choses autrement non plus, ayant parfaitement conscience de cette incroyable osmose qui s'étaient doucement installée entre leurs fils n'était pas anodine ni à prendre à la légère. Alors quand, à la fin du lycée, les deux garçons ont annoncé faire leurs études dans un grand complexe universitaire leur permettant de poursuivre chacun leurs rêves sans avoir à se séparer, les deux familles n'avaient pas cherché à les en dissuader.

Ils venaient d'un milieu particulier, Katsuki avait la chance d'avoir des parents qui s'en sortaient bien dans la vie et qui, en plus de sa bourse, l'aidaient à payer les factures, contrairement à la mère d'Izuku qui l'avait élevé seule. Alors quand ils avaient trouvé ce petit appartement, c'était parfait ! Le loyer était cher pour ce petit studio, mais cela permettait au vert de partager les frais de la vie, comptant sur sa bourse durement obtenue. Le petit boulot au Konbini du quartier c'était pour pouvoir s'acheter les fournitures qu'ils souhaitaient, visant toujours de pouvoir se lancer dans des projets aux mille couleurs. Et pour ça, il lui était impensable de s'acquérir de n'importe quelle gouache ! Non, il voulait le meilleur...

Alors oui, l'étudiant en art travaillait pour parfaire ses tableaux, mais quelque part, il préférait largement ça au fait de laisser son petit-ami payer ou pire, dégueulasser ses oeuvres avec un coloris fade qui ne s'estomperait pas comme il le voulait.

Il savait très bien qu'il avait choisi une voie difficile et que percer dans le domaine serait un enfer ! Mais quoiqu'il en soit, il savait aussi qu'il pouvait compter sur Katsuki. C'était son pilier, comme il l'avait toujours été. Et s'il y avait bien une chose qui l'inspirait beaucoup, c'était l'idée de pouvoir étoiler de couleur les larges façades que son amant aurait imaginée signant d'un "Deku" dont le blond l'avait toujours affublé. Une parfaite association de leurs deux univers.

Ils étaient un mélange parfaitement équilibré. Izuku rêveur et lumineux, tandis que Katsuki représentait la stabilité, les deux trouvant en l'autre la touche qui les complétait finalement.

Une parfaite alliance qui chassait l'obscure couleur maussade de l'ennui...

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