Un procureur pas très sympathique
Les deux collègues échangèrent un bref regard : Ben semblait étonné, tandis que Leo ne laissait transparaitre aucune émotion bien qu'il se sentît quelque peu angoissé. Leur supérieure avait été claire : ils risquaient de perdre leur travail, et c'était bien la pire chose que Leo pouvait imaginer.
Olivia se leva et sortit, suivie par les deux inspecteurs. Elle les conduisit jusqu'à une porte sur laquelle était accrochée une feuille de papier écrite : « Mr Davies », et partit en les regardant tristement, sentant que c'était la dernière fois qu'elle les voyait.
Leo toqua à la porte, et la voix tant redoutée du procureur leur dit d'entrer. Ben ferma la porte derrière eux. Mr Davies était un homme de petite taille à la forte corpulence, vêtu d'un costume gris accompagné d'une cravate de couleur violette. Ses cheveux noirs plaqués en arrière luisant de gel et ses petites lunettes rondes posées sur le bout de son nez lui donnaient un air peu commode. Leo avait déjà eu l'occasion de le rencontrer à plusieurs reprises, et il savait que c'était un homme détestable et sans pitié. Dès lors, il abandonna tout espoir, sachant très bien ce qui allait se passer. Mr Davies, avachi dans un fauteuil, dégustait tranquillement un thé, ne saluant même pas les nouveaux arrivants. Après plusieurs longues secondes, il posa délicatement sa tasse sur la table qui se trouvait à côté de lui, prenant tout son temps.
- Bon, bon, dit-il. Rappelez-moi pourquoi vous êtes ici.
- Eh bien, commença Ben, hier, nous sommes allés interroger une femme que...
- Soyez bref, je n'ai pas de temps à gâcher en votre compagnie, et j'ai des choses plus importantes à faire que d'écouter deux imb... euh, inspecteurs, me raconter leur petite journée de la veille.
« Des choses à faire, ou plutôt siroter des litres de thé et grignoter des pâtisseries en étant allongé dans un canapé moelleux ? », pensa Leo. Son collègue reprit donc :
- Du coup pour faire court, nous...
- Allez, dépêchez-vous enfin !
- Oui... Nous avons désobéi à notre supérieure car...
- Stop, ça suffit ! Je...
Mr Davies s'interrompit pour bailler la bouche grande ouverte, ce qui laissa un silence de plusieurs secondes.
- Donc je disais que je me fichais des circonstances, des raisons et tout et tout, parce que c'est la même chose. Vous n'avez pas suivi les instructions de votre supérieure, donc de moi, indirectement, alors vous êtes virés, point !
Les deux désormais anciens inspecteurs restèrent plantés là, mais le procureur les interpela :
- Quoi, qu'est-ce que vous voulez encore ? Ma photo ? Des biscuits ? Allez, partez, c'est fini maintenant, hors de ma vue !
Ben s'apprêta à dire quelque chose, mais aucun son n'eut le temps de franchir ses lèvres.
- Non ! Je veux rien savoir, sortez de cette pièce et laissez-moi tranquille ! De toute façon, c'est bien fait pour vous, ça nous fait deux incapables en moins dans les pattes...
Cette fois, Leo ne laissa pas passer de tels mots et, puisqu'il n'avait plus rien à perdre, intervint :
- Et vous ? Que croyez-vous être ? Un érudit, peut-être ? Non, je ne crois pas, vous êtes bien trop imbu de vous-même pour vous « réduire » à ce rang-là. Un génie ? Un dieu ? Oui, cela semble mieux vous convenir. Vous...
- Vous n'avez pas le droit de me manquer de respect comme ça, c'est inadmissible !
- Car vous, vous nous respectez ?
- Ce n'est pas une obligation car je suis hiérarchiquement en haut de l'échelle alors que vous êtes beaucoup plus bas.
- Je ne suis pas d'accord, vous ne pouvez point n...
- Sortez, ou j'appelle les gardiens, et là, ce sera beaucoup moins agréable !
- Nous pourrions régler ce problème à l'amiable, dit Leo avant de marquer une courte pause. À moins que, bien sûr, vous n'ayez plus de tasse propre pour votre thé, car en nettoyer serait bien plus urgent que d...
- Là, c'en est trop ! Vous vous fichez de moi ! Vous...
Avant que le procureur n'explose de rage, Ben tira Leo par les épaules et le conduisit dans le couloir en s'empressant de fermer la porte.
Après un bref échange entre eux, ils se dirigèrent vers leurs anciens bureaux pour récupérer leurs affaires. Ben avait l'air totalement abattu, marchant d'un pas lent et lourd en regardant ses pieds. Quant à Leo, il tâchait de masquer son désarroi et gardait la tête haute, s'efforçant de conserver un visage neutre malgré ce qui venait de se passer.
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