Adieu ?
Il pleuvait à verse ce jour-là, comme si le temps s'était lui aussi mêlé de leur petite vie et avait voulu les punir à son tour. Il était presque 11 heures, mais il faisait pourtant assez sombre, le soleil caché par d'épais nuages gris que poussait le vent dans le ciel. Des flaques d'eau qui s'étaient formées devant les escaliers de l'entrée du commissariat reflétaient un visage froid qui était encapuchonné dans un vêtement ample de couleur noire. Il guettait l'arrivée de Leo avec impatience, dissimulé par les buissons alentour. Il savait ce qui s'était passé, et il attendait ce jour depuis fort longtemps. Chaque nuit il en rêvait, c'était une véritable obsession, et il allait enfin pouvoir obtenir ce qu'il désirait le plus au monde. À son doigt était passée une bague dorée frappée d'un étrange sceau représentant une flèche pointée vers le haut. Leo ne connaissait pas ce curieux personnage, mais lui savait tout de sa vie, de son passé, de son histoire. Il était capable d'attendre là, sous la pluie pendant des heures pour le voir, pour le revoir une nouvelle fois.
Mais il n'eut pas à patienter davantage : voilà que Leo déboulait en hâte avec ses affaires de bureau, visiblement irrité. C'était le moment parfait. Le moment parfait pour prendre une photo, la vingtième de la journée. Leo ne s'apercevait de rien, il était discret. Il rangea ses affaires dans le coffre de sa voiture et s'apprêtait à prendre le volant, mais quelqu'un toqua à la vitre côté passager. C'était Ben. Il baissa légèrement la vitre pour qu'il puisse parler sans faire entrer de l'eau dans sa voiture.
- Que veux-tu ? Je rentre chez moi, je n'ai plus rien à faire ici et ne souhaite pas m'y attarder plus longtemps.
- J'ai pensé que tu voulais peut-être qu'on aille boire un coup, oublier un peu tout ça... C'est déprimant, je ne veux plus y penser.
- Tu peux y aller tout seul, tu n'as pas besoin de moi.
- Si, ça nous aidera tous les deux à tenir le coup. Ce sera plus facile de surmonter cette épreuve ensemble.
- Je t'en prie Ben, ne soit pas pathétique. Tu y arriveras très bien sans moi. Et puis de toute façon, ce n'est pas si grave, il est toujours possible de trouver du travail ailleurs.
- Ne te la joue pas avec tes airs de dur à cuire. Tu le montres peut-être pas, mais tu es aussi touché que moi, tu sais très bien que rien ne sera comme avant.
- Assez discuté, j'ai dit non, c'est terminé.
- Attends, on...
- Adieu, Ben.
- Adieu !? On est peut-être plus collègues, mais je suis toujours ton ami, ce n'est pas une raison pour couper les ponts !
- Si, je le crois. Pourquoi rester en contact ?
- Mais je viens de le dire ! Et je voulais au...
Leo ne le laissa pas terminer et ferma la vitre avant de démarrer rapidement et de prendre la route, laissant Ben, seul, dépité, sur le parking. Mais Ben avait raison. Leo était tout aussi affecté que lui, si ce n'est plus, sauf qu'il refusait de l'admettre et le cachait aux autres comme à lui-même. Il voulait continuer à croire que tout allait bien, que la vie continuerait et que la routine existait toujours. Mais ce n'était pas le cas. Tout avait changé en un instant, comme un coup du Destin que l'on ne voit pas venir. La vie est malheureusement imprévisible et peut parfois cacher des surprises, bonnes comme mauvaises.
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