Abandonné... ou pas ?
Leo se trouvait dans un hall d'entrée très large où des vêtements pendaient encore des porte-manteaux. Le damier noir et blanc couvrait totalement le sol jusqu'aux escaliers doubles qui partaient des deux côtés du manoir, menant à l'étage supérieur. Un grand espace vide suivait le hall, plongé dans l'obscurité, car l'immense lustre placé au plafond était éteint. Malgré tout, Leo préféra ne pas appuyer sur les interrupteurs ; peu de personnes passaient par là, mais l'on ne sait jamais, peut-être qu'il pourrait se faire repérer en allumant la lumière, la demeure n'ayant pas de volets. Il s'avança dans l'espace central et regarda à gauche et à droite : il y avait deux salons couverts de parquet chevron brillant à la lueur de sa lampe torche, meublés de buffets sombres et de fauteuils anciens mais jolis, accompagnés de bibelots de porcelaine sans doute datés du XIX℮ siècle.
Mais la beauté de l'intérieur du manoir était trop parfaite, elle semblait même fausse, comme si tout cela n'était qu'illusion. En effet, pas un grain de poussière recouvrait quoi que ce soit, même les araignées n'avaient pas élu domicile dans les coins étroits.
Plus Leo avançait dans sa visite, plus la bâtisse lui semblait étrange, même suspecte. Notre protagoniste se trouvait maintenant au deuxième étage, qui précédait le grenier ; il s'agissait visiblement des appartements privés du comte de Brighthall, avec cette suite parentale gigantesque, ce dressing rempli d'habits chers plein à craquer, ainsi que cette bibliothèque et cette salle de sport. Il y avait au premier niveau tout ce dont un millionnaire a besoin : salles de jeux, bar, piscine intérieure chauffée, terrasse, chambres et salles de douches d'amis,... Le manoir était bien plus luxueux qu'il ne le laissait paraître, avec sa façade classique et ses jardins pas entretenus.
Leo se dirigea vers la bibliothèque : elle était grandiose, comme dans certains films mais qu'on ne voit jamais dans la vraie vie ; hauteur sous plafond d'au moins trois mètres, étagères de bois clair remplies de livres au complet couvrant le moindre centimètre carré de mur, échelles coulissantes pour accéder aux ouvrages placés trop hauts,... C'était un véritable paradis pour un libraire, ou juste un passionné de lecture.
Le regard aiguisé de Leo fut attiré par les livres placés tout en haut : ils semblaient avoir quelque chose de différent par rapport aux autres œuvres littéraires qui étaient exposées. Il attrapa une échelle et grimpa tout au bout de celle-ci. Encore heureux pour lui, il n'avait pas le vertige. En s'approchant, il remarqua que contrairement aux autres étagères, la dernière était poussiéreuse, et pas qu'un peu, comme si personne n'avait pris un livre de ces rayons depuis des années. Même les ouvrages étaient différents : on aurait dit de vieux grimoires satanistes rangés là pour être oubliés. Leo se saisit de l'un d'entre eux et se mit à le feuilleter. Surprise, celui-ci était vide, il n'y avait que des pages blanches. Il en tenta un autre : même situation, pas un seul mot d'écrit. Il examina ainsi plusieurs ouvrages : rien, toujours rien, toutes les pages étaient vierges. Décidément, ce manoir était de plus en plus bizarre.
Au bout de dix minutes, lassé de répéter la même action sans succès, l'inspecteur descendit de l'échelle et se mit à la recherche d'un livre relatant l'histoire du manoir. La tâche ne s'annonçait pas facile avec ces tonnes d'ouvrages, et ce fut d'ailleurs le cas, puisque Leo partit bredouille de la bibliothèque. C'était louche. Une pareille demeure dont ne subsisterait aucune trace écrite ? C'était suspect, et il n'y croyait pas.
Il ne lui restait désormais plus qu'un étage à visiter : le grenier.
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